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sur une étendue quelque peu grande; une trouée de plus d'une dizaine d'ares
faite dans un peuplement ne se regarnira jamais en essences de même nature que
celles exploitées, quelque vigoureuse que puisse être la végétation. Les arbres
dont le bois est utilisé en ébénisterie, en menuiserie ou dans la construction,
sont à croissance lente; les semis qui pourraient s'installer immédiatement après
abatage seront rapidement dépassés et finalement étouffés par de nombreux
arbustes ou petits arbres à larges feuilles et à bois tendre, par des bambous ou
même par le Longozo. Tous ces végétaux, avides de lumière, prennent possession
des vides, s'y installent et aucune opération culturale ne peut ensuite leur faire
quitter la place, qu'ils conquièrent ainsi de façon définitive. C'est alors la brousse
qui se substitue à la forêt.
La régénération en essences utiles exige donc impérieusement qu'après
exploitation le sol ne soit pas complètement découvertoù qu'il ne le soit que sur
une étendue aussi réduite que possible. C'est cette règle générale qui doit guider
l'exploitant soucieux de laisser derrière lui une forêt susceptible de se reconsti-
tuer. C'est la règle à suivre pour que l'exploitation soit conduite en bon père de
famille. Cette préoccupation ne semble pas guider la majorité des concession-
naires forestiers ; mais, par la force des choses ils n'en observent pas moins la
règle qui vient d'être posée. Il est, en effet, bien rare de rencontrer à moins de
20 ou 25 mètres l'un de l'autre deux arbres avantageusement exploitables ; la
coupe de chacun d'eux ne déterminera pas ce qu'on appelle une trouée, ce ne
sera qu'un faible desserrement du massif ; le découvert sera insuffisant
pour permettre un envahissement pour les végétaux composant habituellement
la brousse.
D'ailleurs, en suivant cette bien simple méthode de n'abattre que des sujets
distants d'une vingtaire de mètres les uns des autres, on se rapproche des condi-
tions de régénération naturelle qui font se perpétuer. la forêt vierge. Les coupés
ainsi conduites ne peuvent, il est vrai, améliorer la nature du boisement ni aug-
menter la proportion des essences de valeur ; mais on peut penser que l'avenir
de la forêt se trouve ainsi sauvegardé.
Il est bien rare de rencontrer sous le couvert ou même dans le voisinage
d'un arbre des semis auquel il aurait donné naissance ; on ne saurait donc
compter sur la préexistence de jeunes brins pour voir se substituer à l'arbre
abattu des sujets de même essence, mais la grande majorité des espèces fores-
tières possède à un haut degré la faculté de rejeter de souches (1) ; les repousses
émises sont vigoureuses et peuvent, dans une large mesure, contribuer au rem-
placement des arbres abattus, elles y pourvoieront d'une façon à peu près com-
plète si l'abatage a été effectué de façon rationnelle, c'est-à-dire au ras du sol et
à l'aide d'instruments suffisamment aiguisés pour ne pas broyer ou décoller
l'écorce.
Dans les pays de civilisation ancienne, où l'industrie a acquis un grand dé-
veloppement, les bois sur pied prennent une valeur considérable ; une coupe
se vend couramment 1.000 francs l'hectare, tandis qu'à Madagascar les conces-
sions sont généralement consenties à raison de 0 fr. 05 par hectare et par an.
Cette comparaison montre que le bois sur pied est, dans une jeune colonie, consi-
déré comme étant de valeur à peu près nulle : l'abatage, le débit, le transport
sur le lieu d'emploi ou à un port d'embarquement sont indispensables pour lui
donner droit au titre de marchandise. On comprend aisément que, dans ces con-
ditions, la sylviculture ne peut être en grand honneur à Madagascar et y tenir la
même place que dans la Métropole. Les mêmes règles culturales ne peuvent,
bien qu'il s'agisse d'une même production, être mises en pratique à la fois dans
nos futaies francaises et dans les forêts vierges de la Grande Ile. Une raison
d'ordre économique, on pourrait même dire de bon sens, interdit d'engager des
dépenses forcément considérables en vue d'une amélioration de boisements qui
sont à peu près dénués de valeur tant qu'ils restent sur pied. Donner des règles
en vue d'un aménagement rationnel ou de balivages judicieux, fixer la façon
dont doivent être entrepris les regarnis en essences précieuses, les repeuple-
ments de vides ou les reboisemenis de clairières, sont autant de questions qui
restent théorie pure et ne sauraient, dans l'état économique actuel de la Colo-
nie, présenter aucun intérêt pratique.
(1) Des comptages effectués dans des tranchées de 40 mètres de largeur, ouvertes au centr
de la grande forêt effectués dans des tranchées de 40 mètres de largeur, ouvertes au centre
de la grande forêt' pour l'établissement de lignes télégraphiques, ont montré que 75 à 90 des
arbres mesurant plus de 1 m. 50 de tour à leur base avaient vigoureusement rejeté de souche. Des
comptages semblables effectués le long d'étroites pistes ouvertes sous bois ont donne un pourcen-
tage sensiblement égal. -
sur une étendue quelque peu grande; une trouée de plus d'une dizaine d'ares
faite dans un peuplement ne se regarnira jamais en essences de même nature que
celles exploitées, quelque vigoureuse que puisse être la végétation. Les arbres
dont le bois est utilisé en ébénisterie, en menuiserie ou dans la construction,
sont à croissance lente; les semis qui pourraient s'installer immédiatement après
abatage seront rapidement dépassés et finalement étouffés par de nombreux
arbustes ou petits arbres à larges feuilles et à bois tendre, par des bambous ou
même par le Longozo. Tous ces végétaux, avides de lumière, prennent possession
des vides, s'y installent et aucune opération culturale ne peut ensuite leur faire
quitter la place, qu'ils conquièrent ainsi de façon définitive. C'est alors la brousse
qui se substitue à la forêt.
La régénération en essences utiles exige donc impérieusement qu'après
exploitation le sol ne soit pas complètement découvertoù qu'il ne le soit que sur
une étendue aussi réduite que possible. C'est cette règle générale qui doit guider
l'exploitant soucieux de laisser derrière lui une forêt susceptible de se reconsti-
tuer. C'est la règle à suivre pour que l'exploitation soit conduite en bon père de
famille. Cette préoccupation ne semble pas guider la majorité des concession-
naires forestiers ; mais, par la force des choses ils n'en observent pas moins la
règle qui vient d'être posée. Il est, en effet, bien rare de rencontrer à moins de
20 ou 25 mètres l'un de l'autre deux arbres avantageusement exploitables ; la
coupe de chacun d'eux ne déterminera pas ce qu'on appelle une trouée, ce ne
sera qu'un faible desserrement du massif ; le découvert sera insuffisant
pour permettre un envahissement pour les végétaux composant habituellement
la brousse.
D'ailleurs, en suivant cette bien simple méthode de n'abattre que des sujets
distants d'une vingtaire de mètres les uns des autres, on se rapproche des condi-
tions de régénération naturelle qui font se perpétuer. la forêt vierge. Les coupés
ainsi conduites ne peuvent, il est vrai, améliorer la nature du boisement ni aug-
menter la proportion des essences de valeur ; mais on peut penser que l'avenir
de la forêt se trouve ainsi sauvegardé.
Il est bien rare de rencontrer sous le couvert ou même dans le voisinage
d'un arbre des semis auquel il aurait donné naissance ; on ne saurait donc
compter sur la préexistence de jeunes brins pour voir se substituer à l'arbre
abattu des sujets de même essence, mais la grande majorité des espèces fores-
tières possède à un haut degré la faculté de rejeter de souches (1) ; les repousses
émises sont vigoureuses et peuvent, dans une large mesure, contribuer au rem-
placement des arbres abattus, elles y pourvoieront d'une façon à peu près com-
plète si l'abatage a été effectué de façon rationnelle, c'est-à-dire au ras du sol et
à l'aide d'instruments suffisamment aiguisés pour ne pas broyer ou décoller
l'écorce.
Dans les pays de civilisation ancienne, où l'industrie a acquis un grand dé-
veloppement, les bois sur pied prennent une valeur considérable ; une coupe
se vend couramment 1.000 francs l'hectare, tandis qu'à Madagascar les conces-
sions sont généralement consenties à raison de 0 fr. 05 par hectare et par an.
Cette comparaison montre que le bois sur pied est, dans une jeune colonie, consi-
déré comme étant de valeur à peu près nulle : l'abatage, le débit, le transport
sur le lieu d'emploi ou à un port d'embarquement sont indispensables pour lui
donner droit au titre de marchandise. On comprend aisément que, dans ces con-
ditions, la sylviculture ne peut être en grand honneur à Madagascar et y tenir la
même place que dans la Métropole. Les mêmes règles culturales ne peuvent,
bien qu'il s'agisse d'une même production, être mises en pratique à la fois dans
nos futaies francaises et dans les forêts vierges de la Grande Ile. Une raison
d'ordre économique, on pourrait même dire de bon sens, interdit d'engager des
dépenses forcément considérables en vue d'une amélioration de boisements qui
sont à peu près dénués de valeur tant qu'ils restent sur pied. Donner des règles
en vue d'un aménagement rationnel ou de balivages judicieux, fixer la façon
dont doivent être entrepris les regarnis en essences précieuses, les repeuple-
ments de vides ou les reboisemenis de clairières, sont autant de questions qui
restent théorie pure et ne sauraient, dans l'état économique actuel de la Colo-
nie, présenter aucun intérêt pratique.
(1) Des comptages effectués dans des tranchées de 40 mètres de largeur, ouvertes au centr
de la grande forêt effectués dans des tranchées de 40 mètres de largeur, ouvertes au centre
de la grande forêt' pour l'établissement de lignes télégraphiques, ont montré que 75 à 90 des
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