LES FORÊTS DE MADAGASCAR
Rapport de l'inspecteur-adjoint des eaux et forêts à Tananarive à M. le Général
commandant en chef du corps d'occupation et Gouverneur Général de Ma-
dagascar et Dépendances.
MONSIEUR LE GOUVERNEUR GÉNÉRAL,
En deux précédents rapports, j'ai eu l'honneur de vous rendre compte
d'observations recueillies au cours de la mission forestière dont vous avez bien
voulu me charger et qui s'est effectuée dans la région Nord-Est de l'île.
Ces rapports ne visaient que certains points spéciaux m'ayant paru présen-
ter le plus d'intérêt immédiat, ils traitaient notamment des plantes à caout-
chouc et soumettaient à votre haute approbation un programme de recherches
et d'expériences à tenter dans la région d'Analamazaotra, qui se prête particu-
lièrement bien à ce genre de travaux.
J'ai l'honneur de vous adresser aujourd'hui le compte rendu général de ma
tournée et de vous exposer l'état actuel des massifs forestiers du Nord-Est.
1. — Les massifs boisés du Nord-Est de Madagascar
La zone littorale, formée de sable siliceux presque pur, ne constitue pas un
terrain favorable à la végétation : les éléments constitutifs des tissus végétaux et
indispensables à la nutrition des plantes ne s'y rencontrent qu'à l'état de sim-
ples traces. Seules, les vallées alluvionnaires ont un sol riche, parfois même très
riche et propre à presque toutes les cultures ; aussi, ces parties privilégiées
sont-elles toujours déboisées ; les indigènes s'y sont installés et tirent parti du
sol, soit par des plantations de manioc, de patates, de saonjo, soit par la créa-
tion de rizières. C'est aussi dans les vallées fertiles, plus particulièrement dans
celles de l'Onibe, de la Soamianina, de l'Anove, de la Mananara, de la Sambava,
que se sont installés la plupart des planteurs qui s'adonnent aux cultures du
caféier, du cacaoyer, de la vanille.
Les parties purement sablonneuses sont, par contre, assez souvent couvertes
d'une végétation broussailleuse ou arborescente qui, malgré un sol ingrat,
se maintient assez active, gràce à un climat chaud et humide essentiellement
favorable. Sur certains points, l'apport de détritus végétaux a complètement
modifié la nature du sol superficiel ; l'humus y atteint une épaisseur de 12 à 15
centimètres, suffisante pour permettre la plantation de vanille sous bois.
, Cette bande sableuse, souvent entrecoupée de lagunes et dont la largeur ne
dépasse jamais quelques kilomètres, ne s'élève que très peu au-dessus du niveau
de la mer ; elle fait place sans transition à un terrain argileux et compact, dont
l'origine et la composition élémentaire ne diffèrent pas sensiblement de celles
de la terre rouge de l'Imerina, mais dont la fertilité est néanmoins supérieure,
ce qui s'explique aussi bien par la conformation orographique et le climat plu-
vieux que par l'état boisé de cette partie orientale de l'île. Les pluies ne dégra-
dent pas le sol; les eaux de ruissellement s'écoulent avec lenteur, retardées par
l'humus qui forme éponge et peut retenir jusqu'à trois fois son poids d'eau ; le
rocher nu n'apparaît pas, ainsi qu'on le voit en Imerina et même sur certains
Points de la forêt de Manjakandriana. C'est seulement sur les berges des ruis-
seaux encaissés que l'on remarque certains blocs de granit ou de gneiss, parfois
de leptinite, qui a l'aspect de marbre blanc.
La région est peu peuplée, la colonisation n'en a pas encore pris possession,
ce qui tient plutôt au manque de communications qu'au peu de qualité des
Rapport de l'inspecteur-adjoint des eaux et forêts à Tananarive à M. le Général
commandant en chef du corps d'occupation et Gouverneur Général de Ma-
dagascar et Dépendances.
MONSIEUR LE GOUVERNEUR GÉNÉRAL,
En deux précédents rapports, j'ai eu l'honneur de vous rendre compte
d'observations recueillies au cours de la mission forestière dont vous avez bien
voulu me charger et qui s'est effectuée dans la région Nord-Est de l'île.
Ces rapports ne visaient que certains points spéciaux m'ayant paru présen-
ter le plus d'intérêt immédiat, ils traitaient notamment des plantes à caout-
chouc et soumettaient à votre haute approbation un programme de recherches
et d'expériences à tenter dans la région d'Analamazaotra, qui se prête particu-
lièrement bien à ce genre de travaux.
J'ai l'honneur de vous adresser aujourd'hui le compte rendu général de ma
tournée et de vous exposer l'état actuel des massifs forestiers du Nord-Est.
1. — Les massifs boisés du Nord-Est de Madagascar
La zone littorale, formée de sable siliceux presque pur, ne constitue pas un
terrain favorable à la végétation : les éléments constitutifs des tissus végétaux et
indispensables à la nutrition des plantes ne s'y rencontrent qu'à l'état de sim-
ples traces. Seules, les vallées alluvionnaires ont un sol riche, parfois même très
riche et propre à presque toutes les cultures ; aussi, ces parties privilégiées
sont-elles toujours déboisées ; les indigènes s'y sont installés et tirent parti du
sol, soit par des plantations de manioc, de patates, de saonjo, soit par la créa-
tion de rizières. C'est aussi dans les vallées fertiles, plus particulièrement dans
celles de l'Onibe, de la Soamianina, de l'Anove, de la Mananara, de la Sambava,
que se sont installés la plupart des planteurs qui s'adonnent aux cultures du
caféier, du cacaoyer, de la vanille.
Les parties purement sablonneuses sont, par contre, assez souvent couvertes
d'une végétation broussailleuse ou arborescente qui, malgré un sol ingrat,
se maintient assez active, gràce à un climat chaud et humide essentiellement
favorable. Sur certains points, l'apport de détritus végétaux a complètement
modifié la nature du sol superficiel ; l'humus y atteint une épaisseur de 12 à 15
centimètres, suffisante pour permettre la plantation de vanille sous bois.
, Cette bande sableuse, souvent entrecoupée de lagunes et dont la largeur ne
dépasse jamais quelques kilomètres, ne s'élève que très peu au-dessus du niveau
de la mer ; elle fait place sans transition à un terrain argileux et compact, dont
l'origine et la composition élémentaire ne diffèrent pas sensiblement de celles
de la terre rouge de l'Imerina, mais dont la fertilité est néanmoins supérieure,
ce qui s'explique aussi bien par la conformation orographique et le climat plu-
vieux que par l'état boisé de cette partie orientale de l'île. Les pluies ne dégra-
dent pas le sol; les eaux de ruissellement s'écoulent avec lenteur, retardées par
l'humus qui forme éponge et peut retenir jusqu'à trois fois son poids d'eau ; le
rocher nu n'apparaît pas, ainsi qu'on le voit en Imerina et même sur certains
Points de la forêt de Manjakandriana. C'est seulement sur les berges des ruis-
seaux encaissés que l'on remarque certains blocs de granit ou de gneiss, parfois
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