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Le « Paka » ou ramie sauvage
Au mois de juin dernier, M. le chef de la province de Nosi-Be informait le
Gouvernement Général que des colons établis dans la vallée du Sambirano se
livraient depuis quelque temps à l'exploitation d'une plante textile que l'on
rencontre en abondance dans cette région, où elle est désignée sous le nom de
« paka » ou « sikilenjy ». Cette plante, que l'on trouve dans d'autres parties de l'ile,
est plus communément appelée « ramie sauvage ».
La fibre qu'elle renferme s'obtient par immersion pendant trois semaines
dans l'eau courante. Les matières gommeuses se dissolvent et l'écorce se détache
facilement.
Des échantillons de ce produit ont été envoyés en France pour y être exa-
minés. Les planteurs du Sambirano fondent les plus grandes espérances sur cette
nouvelle plante textile, dont ils espèrent retirer de sérieux profits si, comme il v
a lieu de le croire, il est possible de l'utiliser dans l'industrie.
Des renseignements complémentaires ont été fournis par M. Titeux sur cette
fibre et principalement sur l'exploitation dont elle est actuellement l'objet dans
sa circonscription.
D'après les informations recueillies auprès des colons, un homme ayant la
plante à proximité peut préparer 5 kilos de fibre par jour, soit 125 kilos par
mois. Considérant que le salaire mensuel d'un ouvrier est de 25 francs par mois,
soit 1 franc par jour (le dimanche n'entrant pas en ligne de compte), il en
résulte que huit hommes peuvent préparer une tonne de « paka » par mois. Le
kilo de fibre préparée reviendra donc à 0 fr. 20 et la tonne à 200 francs. Mais
on peut espérer qu'un homme bien exercé arriverait à préparer 10 kilos de fibres
par jour, soit 250 kilos par mois.
Il y a tout lieu de supposer que la culture de cette plante dans des lieux
appropriés, et surtout à proximité des cours d'eau, permettrait @ d'obtenir un bon
rendement et des produits de meilleure qualité. Aucun essai sérieux, en ce sens,
n'a encore été tenté dans cette partie de l'île où la plante, à l'état sauvage, existe
en quantités presque inépuisables. Le « paka » pousse partout, même dans les
plus mauvais terrains. Cependant, il croît beaucoup plus vite lorsque le sol a
été remué et dans les lieux humides et déboisés. En semis, il sort presque
immédiatement de terre et les graines se renouvellent annuellement.
Nous ne devons pas cacher cependant que le prix plus haut indiqué de
200 francs la tonne nous parait être un minimum qui ne semble pas devoir être
atteint dans la plupart des provinces. La ramie sauvage, qui a fait l'objet d'études
très consciencieuses de la part de M. l'administrateur Bénévent, tant dans la
province de Majunga que dans celle de Farafangana, a déjà été l'objet dans
plusieurs circonscriptions de l'île de l'attention des colons qui se sont heurtés à
des prix d'achat sensiblement plus élevés.
En avril 1902, l'administrateur de la province de Farafangana fit un envoi
d'échantillons de ramie sauvage à M. le Dr Heckel, directeur du musée et de
l'Institut colonial de Marseille, qui les soumit a l'appréciation de plusieurs
industriels. Ceux-ci émirent l'avis que les produits présentés à leur examen se
rapprochaient beaucoup plus du jute que de la ramie, et cela au double point de
vue de la qualité des fibres et de leur utilisation possible dans l'industrie.
Deux grandes maisons de filature et de tissage, travaillant surtout le jute,
demandèrent à tenter un essai du textile précité, mais sur des quantités assez
importantes, afin de pouvoir en estimer exactement la valeur industrielle.
L'administration locale s'est empressée d'accéder à ce désir et un envoi de ramie
a été fait à ces deux établissements.
A Vatomandry, une maison de commerce étrangère achète toute la ramie
récoltée dans ce pays. Mais, malgré le prix élevé qu'elle paie, elle ne peut arriver
à acquérir qu'une faible quantité de ce produit. Les Betsimisaraka montrent peu
Le « Paka » ou ramie sauvage
Au mois de juin dernier, M. le chef de la province de Nosi-Be informait le
Gouvernement Général que des colons établis dans la vallée du Sambirano se
livraient depuis quelque temps à l'exploitation d'une plante textile que l'on
rencontre en abondance dans cette région, où elle est désignée sous le nom de
« paka » ou « sikilenjy ». Cette plante, que l'on trouve dans d'autres parties de l'ile,
est plus communément appelée « ramie sauvage ».
La fibre qu'elle renferme s'obtient par immersion pendant trois semaines
dans l'eau courante. Les matières gommeuses se dissolvent et l'écorce se détache
facilement.
Des échantillons de ce produit ont été envoyés en France pour y être exa-
minés. Les planteurs du Sambirano fondent les plus grandes espérances sur cette
nouvelle plante textile, dont ils espèrent retirer de sérieux profits si, comme il v
a lieu de le croire, il est possible de l'utiliser dans l'industrie.
Des renseignements complémentaires ont été fournis par M. Titeux sur cette
fibre et principalement sur l'exploitation dont elle est actuellement l'objet dans
sa circonscription.
D'après les informations recueillies auprès des colons, un homme ayant la
plante à proximité peut préparer 5 kilos de fibre par jour, soit 125 kilos par
mois. Considérant que le salaire mensuel d'un ouvrier est de 25 francs par mois,
soit 1 franc par jour (le dimanche n'entrant pas en ligne de compte), il en
résulte que huit hommes peuvent préparer une tonne de « paka » par mois. Le
kilo de fibre préparée reviendra donc à 0 fr. 20 et la tonne à 200 francs. Mais
on peut espérer qu'un homme bien exercé arriverait à préparer 10 kilos de fibres
par jour, soit 250 kilos par mois.
Il y a tout lieu de supposer que la culture de cette plante dans des lieux
appropriés, et surtout à proximité des cours d'eau, permettrait @ d'obtenir un bon
rendement et des produits de meilleure qualité. Aucun essai sérieux, en ce sens,
n'a encore été tenté dans cette partie de l'île où la plante, à l'état sauvage, existe
en quantités presque inépuisables. Le « paka » pousse partout, même dans les
plus mauvais terrains. Cependant, il croît beaucoup plus vite lorsque le sol a
été remué et dans les lieux humides et déboisés. En semis, il sort presque
immédiatement de terre et les graines se renouvellent annuellement.
Nous ne devons pas cacher cependant que le prix plus haut indiqué de
200 francs la tonne nous parait être un minimum qui ne semble pas devoir être
atteint dans la plupart des provinces. La ramie sauvage, qui a fait l'objet d'études
très consciencieuses de la part de M. l'administrateur Bénévent, tant dans la
province de Majunga que dans celle de Farafangana, a déjà été l'objet dans
plusieurs circonscriptions de l'île de l'attention des colons qui se sont heurtés à
des prix d'achat sensiblement plus élevés.
En avril 1902, l'administrateur de la province de Farafangana fit un envoi
d'échantillons de ramie sauvage à M. le Dr Heckel, directeur du musée et de
l'Institut colonial de Marseille, qui les soumit a l'appréciation de plusieurs
industriels. Ceux-ci émirent l'avis que les produits présentés à leur examen se
rapprochaient beaucoup plus du jute que de la ramie, et cela au double point de
vue de la qualité des fibres et de leur utilisation possible dans l'industrie.
Deux grandes maisons de filature et de tissage, travaillant surtout le jute,
demandèrent à tenter un essai du textile précité, mais sur des quantités assez
importantes, afin de pouvoir en estimer exactement la valeur industrielle.
L'administration locale s'est empressée d'accéder à ce désir et un envoi de ramie
a été fait à ces deux établissements.
A Vatomandry, une maison de commerce étrangère achète toute la ramie
récoltée dans ce pays. Mais, malgré le prix élevé qu'elle paie, elle ne peut arriver
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