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Quelques plantes à latex de Madagascar
Par MM. Constantin, professeur au Muséum d'histoire naturelle de Paris,
et Galland, stagiaire au Muséum
Parmi les plantes intéressantes de Madagascar, les espèces à latex doivent
être citées en première ligne, à cause du rôle économique important qu'elles
jouent à l'heure actuelle ou qu'elles sont appelées à jouer dans l'avenir de la
Colonie. Un assez grand nombre d'entre elles sont déjà bien connues ; plusieurs
même ont été l'objet d'une exploitation assez intense, comme le Voahena et
l'Intisy.
Les unes sont des lianes ou plantes grimpantes, appartenant à la famille
des Apocynées ou des Asclépiadées (Landolphia, Cryptostegia, Marsdenia,), les
autres des aibres ou arbustes appartenant aux Euphorbiacées ou aux Apocynées
(Euphorbia, Mascarenhasia).
Les régions où croissent ces plantes ne sont pas indéterminées ; chaque
espèce correspond à une zone spéciale, car chacune exige, pour sa croissance,
des conditions climatériques précises qu'il faut connaître exactement, si l'on ne
veut pas s'exposer à des mécomptes dans les entreprises culturales. Le voahena
(Landophia Madagascariensis) s'étend le long de la côte orientale, dans la région où
réussit la vanille et le cacaoyer, depuis Vohemar jusqu'à Farafnngana. L'intisy
(Euphorbia intisy) est, au contraire, localisé dans la région sud-ouest, dans les
pays des Antandroy et des Mahafaly, tribus qui habitent une brousse où il y a
encore beaucoup à explorer.
Cette dernière région a d'ailleurs été déjà parcourue par M. Alfred Grandi-
dier et récemment par MM. Guillaume Grandidier, ALluauçl et Décorse. M. Geay,
qui a obtenu une mission du Muséum, vient encore d'explorer ces districts en
1904 et ce sont les résultats de cette exploration dont nous voudrions dire ici
quelques mots préliminaires.
Cette brousse à intisy est intéressante à un douple point de vue : d'abord, à
cause de la présence de cette espèce précieuse au point de vue du caoutchouc,
en second lieu, au point de vue biologique, à cause des caractères spéciaux de la
végétation de ces contrées arides.
Intisy. — L'intisy est une plante très importante qui a contribué, lors de sa
découverte (en 1901), à faire augmenter tout à coup, d'une manière prodi-
gieuse, les exportations de caoutchouc de Madagascar. Ce caoutchouc est,
d'ailleurs, de première valeur et, d'après un renseignement qui nous a été
fourni par M. Michelin, ce produit est un de ceux qui, à l'heure actuelle, don-
nent le plus de satisfaction pour la fabrication des enveloppes des pneumatiques.
Il est connu sous le nom de «Niggers ou kiloa ». «Débarrassé de ses impuretés,
« nous écrivait M. Michelin, c'est la plus belle sorte de Madagascar. L'unité de
« caoutchouc lavé s'y paie jusqu'à 14 francs le kilogramme à l'heure actuelle
« (mai 1905). La valeur marchande des lots qui perdent au lavage de 45 à 65
« de terre, sable, débris ligneux, etc., va de 7 fr. 50 et 8 francs jusqu'à
« 4 fr. 50 et même moins. On en rencontre des parties dont le rendement en
« caoutchouc lavé ne dépasse pas 27 à 28 ». La préparation à laquelle M. Geay
a soumis ce caoutchouc l'a singulièrement amélioré ; M. Michelin l'a constaté :
« Il est bien conservé à l'étuve, dit-il, il est possible que le deuxième procédé
« de coagulation l'ait débarrassé d'une partie de ses résines ». Ce deuxième pro-
cédé de coagulation, M. Geay ne nous l'a pas communiqué; cependant, les quel-
ques renseignements qu'il nous a donnés nous ont laissé entrevoir qu'il a dû
s'arranger de façon à détruire les oxydases, ferments ou zymases qui contri-
buent à l'oxydation de certains produits du latex et à l'altération du caoutchouc.
