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A propos du diagnostic de quelques maladies infectieuses
du bétail
Je ne parlerai pas de la tuberculose pour le diagnostic post-mortem, dans
lequel le microscope n'est nullement nécessaire, l'aspect des lésions visibles
à l'œil nu étant très suffisant pour que l'on sache à quoi l'on a affaire.
Mais il y a d'autres maladies pour lesquelles le microscope est d'une très
grande utilité. Par exemple le charbon (tomboka en Imerina et bearika dans le
Sud). Combien d'éleveurs attribuent la mortalité de leurs troupeaux au charbon,
alors qu'il ne s'agit nullement de charbon, et combien de fois, d'autre part,
le charbon passe-t-il inaperçu ! C'est que si d'ordinaire les traces de sang aux
orifices naturels, le sang incoagulé, les ganglions hypertrophiés entourés d'un
œdème gélatineux et la rate énorme permettent d'affirmer le charbon, d'autres
fois l'homme le mieux averti s'y trompe. Des animaux peuvent mourir très
rapidement et l'on trouve une rate extrêmement grosse, gonflée, diffluente,
noirâtre. On jurerait qu'il s'agit de charbon ; pas du tout, alors que. dans le
charbon la rate est bourrée de bacilles au point qu'ils se touchent tous, dans
ces rates, auxquelles je fais allusion, on ne voit aucune bactérie. Il est évident
que, dans des cas de ce genre, la vaccination charbonneuse sera bien inutile.
La piroplasmose existe dans l'Afrique du Sud, où les chevaux ont la fièvre
bilieuse due au Piroplasma equi, et où les bœufs ont deux sortes de piroplas-
mose : la redwater, due au P. bigeminum, et l'East coast fever, que l'on appelle
également Rhodesian redwater, due au P. parvum, cette dernière maladie étant,
entre parenthèses, avec la peste bovine, la plus terrible des maladies du bétail.
Or, à Madagascar, on en est à ne pas savoir exactement si les deux premières
piroplasmoses existent ou non.
Pour ce qui est de la piroplasmose du cheval, Thiroux, étudiant le sang de
chevaux ostéomalaciques, a vu, en 1903, de très rares piroplasma. Laveran a
confirmé cette découverte. Depuis, sur des James que nous lui avons envoyées,
Laveran a retrouvé deux ou trois fois un ou deux exemplaires de ce parasite.
L'autorité incontestée qui est attachée au nom de Laveran en pareille matière
.ne permet pas la discussion: le P. equi existe à Tananarive. Mais existe-t-il
ailleurs ? dans les régions basses et chaudes où on s'attendrait mieux à le
trouver? S'il'existe, quelle est sa distribution ? On n'en sait rien.
La piroplasmose du bœuf existe-t-elle à Madagascar ? M. Seguin l'a vue dans
le Nord : « Sur le bœuf je n'ai eu à constater ici que quelques cas très isolés de
« charbon bactéridien. La piroplasmose a sévi ici dans la plaine de Bobaomby
« et dans les pâturages compris entre Antongobato et la montagne d'Ambre.
« Elle fait toujours son apparition à la suite de très grandes sécheresses. Le
« charbon n'a été constaté que deux fois à Ankorika, » (Bulletin économique
3e trimestre 1905, p. 494.)
Les autres vétérinaires d'ordinaire ne la signalent pas. M. Dorat, de Vohemar,
constate expressément son absence : « Le pays est donc privilégié et n'a pas à
« craindre les épidémies décimant des troupeaux entiers, telles que la peste bovine,
« les piroplasmoses, la nagana, etc., et somme toute le pâturage tel qu'il est peut
« être classé parmi les bons. » (Bulletin économique 3e trimestre 1905, p. 398.)
M. Grandmougin, à Tulear, n'a pas encore, que je sache, démontré d'une façon
péremptoire la présence de la piroplasmose bovine, mais il croit à son existence.
CI La où le redwater existe depuis longtemps, les races indigènes jouissent d'une
« immunité suffisante, en règle générale, pour maintenir la morbidité et la
« mortalité dans des limites raisonnables, alors que les sujets d'une race im-
« portée, ou venant d'une région où cette maladie n'existe pas, peuvent être
« fort éprouvés. C'est presque sûrement parce que nous devons avoir à Mada-
