Les êtres vivants, dont l'étude constitue la biologie, sont des machines chi- miques, formées essentiellement de substances colloïdes où dominent les phos- pho-protéides, qui possèdent la triple propriété de grandir, de présenter des réactions préservatrices, et de se multiplier ('). On appelle adaptation, l'une des réactions de l'être vivant au milieu, ou plutôt tout un ordre de réactions, dont'le sens paraît finalement utile aux espèces. L'étude de l'adaptation est la recherche des rapports de causalité entre l'action du milieu et la réaction pré- sentée par les êtres vivants.
11 y a autour de cette question un tel amas de travaux, d'observations et de documents divers, qu'il est devenu impossible d'en parler, sans préciser d'abord le sens de certains mots importants tels que variation, hérédité, darwinisme, etc. Les préciser n'est pas les définir; une pareille tâche serait à la fois ardue et inutile. Il suffit seulement de s'entendre et de se faire comprendre, en indi- quant une fois pour toutes, l'acception la plus habituelle de termes qui ont eu la mauvaise fortune de devenir trop petits pour ce qu'ils contiennent. C'est d autant plus nécessaire que, sans être synonymes, ces mots qui sont la char- pente de la biologie, n'ont pas de frontières fixes, et empiètent les uns sur les autres d'une façon constante et d'ailleurs inévitable. On ne peut rien dire sur l'héridité sans parler de la variation; et il est impossible d'écrire dix lignes sur la variation, sans employer le mot adaptation.
On peut considérer l'adaptation comme le résultat final du phénomène de variation. Cette distinction entre le processus évolutif, et l'état stable qui en est la conséquence, est peut-être un peu factice, mais elle est très commode, et permet d'aborder avec méthode un sujet trop vaste.
Les animaux qui habitent les cavernes ont un certain nombre de caractères communs, par exemple des yeux en voie de dégénérescence (2). Si ce sont des insectes, ils possèdent des antennes plus longues, des pattes plus développées et généralement des colorations moins vives, que leurs congénères des mêmes
C) Cuénot. La génèse des espèces animales.
(2) Cependant les salamandres « Spelerpes Stejnegeri et maculicanda » ont des veujc normaux et sont colorées en jaune ou en rouge. Mais les insectes présentent de nombreux exemples de troglobies typiques tout à fait décolorés, et sans trace d'yeux.
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