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L'ÉLEVAGE DANS LE NORD EST
1. — A DIEGO-SUAREZ
A vrai dire, il n'existe, dans la circonscription de Diego-Suarez, aucune
méthode d'élevage. L'indigène laisse errer son troupeau pendant six mois, un
an, puis compte ses bêtes sans s'inquiéter de la nature des produits. En somme,
il ne fait pas de sélection, qui est la base fondamentale de tout élevage bien
compris.
Bœuf. — La race est excellente ; il suffirait, à mon avis, de faire de la sélec-
tion pour arriver à un très bon résultat. Point n'est besoin d'introduire, au
moins pour le moment, des races européennes ; quand l'éleveur malgache aura
obtenu chez lui la perfection, peut-être pourra-t-il tenter d'améliorer la race du
pays, mais je doute même qu'il arrive à un résultat heureux. Le bœuf de Mada-
gascar est robuste, se contentant de peu souvent; conservons-le tel, mais
n'essayons pas de lui substituer un bœuf qui exigerait beaucoup plus.
Si l'éleveur malgache ne s'inquiète pas beaucoup du sujet, il ne s'occupe
pas davantage, pour la reproduction, de l'âge des animaux. Il arrive alors que
des taureaux saillissent trop jeunes et, de même, que des génisses sont fécondées
bien trop jeunes également.
Je sais bien qu'un auteur des plus autorisés, M. le professeur Sanson, pré-
tend, contrairement aux autres auteurs, qu'il n'y a aucun inconvénient à laisser
s'accoupler des animaux jeunes. Mais, pour Madagascar au moins et après de
nombreuses observations, je ne me rangerai pas aux idées du professeur Sanson
Je croirais volontiers que c'est entre 2 ans et demi et 6 ans que le taureau
serait le plus apte à la reproduction, et entre 3 ans et 8 ans que la vaches
donnerait ses meilleurs produits.
Comme il ne faut pas perdre de vue que les troupeaux sont presque btou-
jours nomades, il y aurait lieu aussi de fixer, dans un troupeau, le nomre de
reproducteurs. A mon avis, il devrait être porté à 5 0/0'
Reste à savoir, maintenant, quels sont les soins que l'éleveur malgache
donne au veau naissant? Là, comme toujours, pas de soins spéciaux; aussi
arrive-t-on à une mortalité de 25 0/0' Les vaches mettent bas généralement au
commencement de la saison des pluies et, par suite, les je unes suje sont
exposés à toutes les intempéries de la mauvaise saison, C'est plutôt le sol oueux
que la pluie elle-même qui cause un déchet si considérable.
Une chose s'impose pour éviter cette grande mortalité : mettre la vache et le
veau à l'abri de ces intempéries et leur préparer alors un parc bien sec, couvert,
mais non clos, où ils pourraient se réfugier pendant la saison des pluies.
La période de sécheresse, qui commence au mois de juillet our finir en
novembre, est très dure pour les animaux dans la province de Diego-Suarez, ils
trouvent à grand peine leur ration d'entretien, aussi la mortalité est très grande
à cette époque. Les éleveurs pourraient bien avoir une réserve de foin du pays
qui, bien récolté, est de bonne qualité, mais, malheureusement, le prix du
bœuf, actuellement surtout, n'est pas suffisamment élevé pour permettre de tels
sacrifices.
En somme, pour le moment, il y a lieu de faire simplement une sélection
parmi les animaux adultes dans les conditions que j'ai dites plus haut et veiller
aux parturitions pendant la saison des pluies.
Mouton. — Le mouton viendrait bien ici, placé dans de bonnes conditions.
Au lieu de préférer le plateau du Sakaramy et la montagne d'Ambre, climat
(1) Sur l'élevage à Madagascar. Voir le Bulletin Economique des 4e trimestre 1902 ; 3e et 4"
trimestres 1904, 1er trimestre 1905.
