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bœuf ne peut prendre de la graisse que pendant la saison des pluies et les pre..
miers mois de la saison sèche ; l'exportation est donc, jusqu'à nouvel ordre, à
peu près condamnée à être intermittente.
Le remède à cette situation rie peut être que dans une évolution grâce à
laquelle l'indigène se préoccuperait d'éviter, à tous ou partie de ses animaux,
les misères de la mauvaise saison, c'est-à-dire, en faisant consommer par son
bétail les produits du sol que la situation économique du pays ne lui permet
pas d'utiliser autrement.
C'est donc au Gouvernement à être son éducateur, à l'orienter progressive-
ment dans cette voie, s'il veut que l'avenir soit ce qu'il peut être. Il faut que
nous arrivions à substituer, aux procédés primitifs actuels, héritage du passé,
des méthodes plus rationnelles destinées à devenir la tradition des générations
à venir. On a justement écrit que « comme tout bon instituteur, l'Autorité doit
travailler à se rendre utile ». C'est assez dire que nous ne devrons pas nous
borner à édicter des règles, mais que nous devrons aussi les appuyer sur des
arguments, chercher à leur donner toute l'autorité de la vérité reconnue. Le
meilleur de tous serait, évidemment, le courant commercial qui, en s'établissant,
assurerait à l'indigène des bénéfices qui seraient la sanction, la plus probante
pour lui.
Et alors, mais alors seulement, lorsque les bœufs du Sud seraient, partout
où la chose est possible, mis définitivement à l'abri des périodes de disette, la
Colonie pourrait songer, à défaut de l'initiative privée, à faire faire un pas de
plus à cet élevage indigène ainsi transformé, en favorisant l'amélioration, la
précocité, par les méthodes qui seront indiquées par les circonstances.
Tout ce qui précède se rapporte plus spécialement au bétail entretenu par
les indigènes. Ce sont eux, d'ailleurs, qui détiennent la presque totalité des
bœufs et constituent, par conséquent, l'élément le plus intéressant pour nous. Il
n'y a pas lieu d'accorder une mention spéciale aux quelques tentatives d'élevage
ayant à leur tête des Européens. Aucun de ceux-ci n'a rien innové et nous
retrouvons les mêmes méthodes culturales primitives, le même abandon des
troupeaux aux hasards des saisons. Faut-il s'en prendre aux circonstances seules,
de cet état de chose regrettable, ou incriminer aussi plus ou moins le manque
de vocation réelle, de connaissances et d'aptitudes spéciales des hommes,
l'insuffisance des capitaux aussi. Je n'ai pas à préciser; Il est un fait certain,
c'est qu'on ne s'improvise pas agriculteur et celui qui veut entreprendre le
métier de colon sans y avoir été préparé par une instruction pratique et théori-
que suffisante, risque fort de faire à ses dépens l'apprentissage qui lui manque.
L'Européen ne pourraitprendre d'avantages marqués sur les indigènes, arriver
à les concurrencer, qu'en sachant se placer dans les conditions voulues pour
obtenir de plus forts rendements, mieux entretenir son bétail, etc. Il lui faudrait
donc, tout d'abord, faire intervenir l'embryon indispensable d'outillage agricole
lui permettant d'améliorer les méthodes culturales et de n'avoir plus besoin
que d'un minimum de main-d'œuvre indigène. L'amélioration du bétail suivrait
ensuite celle de la production du sol. Et alors nous aurions ainsi des tentatives
rationnelles qui pourraient être d'un excellent exemple pour la masse des
indigènes. Au contraire, ceux-ci ne voient, dans toute demande de concession,
qu'une expropriation de plus, à leur détriment, des meilleurs terrains de
culture et des pâturages de choix, puisque le concessionnaire n'entreprend
jamais rien qui puisse être, à leurs yeux, une justification de l'éviction dont ils
sont ainsi les victimes.
L'indigène comprendrait plus facilement le métayage s'il pouvait se con-
vaincre que, tout en travaillant pour le compte d'un autre, tout en n'ayant droit
qu'à une partie seulement des produits de son travail, la part qui lui revient se
trouve néanmoins égale, sinon supérieure, à la totalité de ce qu'il aurait pu
produire, abandonné à ses propres moyens, sur un sol lui appartenant. Dans le
métayage ainsi compris, les produits qui reviendraient à l'Européen seraient le
fruit légitime des innovations heureuses qu'il aurait introduites dans les modes
d'exploitation du sol, des troupeaux, etc. ; mais, jusqu'ici, au contraire, lé
métayage, tel qu'ont semblé le comprendre certains, ne pouvait signifier qu'une
chose pour les indigènes : l'obligation de partager avec l'Européen des produits
qu'ils auraient obtenus tout aussi bien sans lui, sur un sol libre. On comprend
sans peine que le recrutement de main-d'œuvre, pour ce genre d'exploitation,
soit devenu de plus en plus difficile. Il n'aurait pu être assuré que grâce à une
pression administrative soutenue, qui eût équivalu à un rétablissement déguisé
de l'esclavage en faveur du colon et sans avoir l'excuse d'une évolution
économique intéressante à favoriser. ,.
bœuf ne peut prendre de la graisse que pendant la saison des pluies et les pre..
miers mois de la saison sèche ; l'exportation est donc, jusqu'à nouvel ordre, à
peu près condamnée à être intermittente.
Le remède à cette situation rie peut être que dans une évolution grâce à
laquelle l'indigène se préoccuperait d'éviter, à tous ou partie de ses animaux,
les misères de la mauvaise saison, c'est-à-dire, en faisant consommer par son
bétail les produits du sol que la situation économique du pays ne lui permet
pas d'utiliser autrement.
C'est donc au Gouvernement à être son éducateur, à l'orienter progressive-
ment dans cette voie, s'il veut que l'avenir soit ce qu'il peut être. Il faut que
nous arrivions à substituer, aux procédés primitifs actuels, héritage du passé,
des méthodes plus rationnelles destinées à devenir la tradition des générations
à venir. On a justement écrit que « comme tout bon instituteur, l'Autorité doit
travailler à se rendre utile ». C'est assez dire que nous ne devrons pas nous
borner à édicter des règles, mais que nous devrons aussi les appuyer sur des
arguments, chercher à leur donner toute l'autorité de la vérité reconnue. Le
meilleur de tous serait, évidemment, le courant commercial qui, en s'établissant,
assurerait à l'indigène des bénéfices qui seraient la sanction, la plus probante
pour lui.
Et alors, mais alors seulement, lorsque les bœufs du Sud seraient, partout
où la chose est possible, mis définitivement à l'abri des périodes de disette, la
Colonie pourrait songer, à défaut de l'initiative privée, à faire faire un pas de
plus à cet élevage indigène ainsi transformé, en favorisant l'amélioration, la
précocité, par les méthodes qui seront indiquées par les circonstances.
Tout ce qui précède se rapporte plus spécialement au bétail entretenu par
les indigènes. Ce sont eux, d'ailleurs, qui détiennent la presque totalité des
bœufs et constituent, par conséquent, l'élément le plus intéressant pour nous. Il
n'y a pas lieu d'accorder une mention spéciale aux quelques tentatives d'élevage
ayant à leur tête des Européens. Aucun de ceux-ci n'a rien innové et nous
retrouvons les mêmes méthodes culturales primitives, le même abandon des
troupeaux aux hasards des saisons. Faut-il s'en prendre aux circonstances seules,
de cet état de chose regrettable, ou incriminer aussi plus ou moins le manque
de vocation réelle, de connaissances et d'aptitudes spéciales des hommes,
l'insuffisance des capitaux aussi. Je n'ai pas à préciser; Il est un fait certain,
c'est qu'on ne s'improvise pas agriculteur et celui qui veut entreprendre le
métier de colon sans y avoir été préparé par une instruction pratique et théori-
que suffisante, risque fort de faire à ses dépens l'apprentissage qui lui manque.
L'Européen ne pourraitprendre d'avantages marqués sur les indigènes, arriver
à les concurrencer, qu'en sachant se placer dans les conditions voulues pour
obtenir de plus forts rendements, mieux entretenir son bétail, etc. Il lui faudrait
donc, tout d'abord, faire intervenir l'embryon indispensable d'outillage agricole
lui permettant d'améliorer les méthodes culturales et de n'avoir plus besoin
que d'un minimum de main-d'œuvre indigène. L'amélioration du bétail suivrait
ensuite celle de la production du sol. Et alors nous aurions ainsi des tentatives
rationnelles qui pourraient être d'un excellent exemple pour la masse des
indigènes. Au contraire, ceux-ci ne voient, dans toute demande de concession,
qu'une expropriation de plus, à leur détriment, des meilleurs terrains de
culture et des pâturages de choix, puisque le concessionnaire n'entreprend
jamais rien qui puisse être, à leurs yeux, une justification de l'éviction dont ils
sont ainsi les victimes.
L'indigène comprendrait plus facilement le métayage s'il pouvait se con-
vaincre que, tout en travaillant pour le compte d'un autre, tout en n'ayant droit
qu'à une partie seulement des produits de son travail, la part qui lui revient se
trouve néanmoins égale, sinon supérieure, à la totalité de ce qu'il aurait pu
produire, abandonné à ses propres moyens, sur un sol lui appartenant. Dans le
métayage ainsi compris, les produits qui reviendraient à l'Européen seraient le
fruit légitime des innovations heureuses qu'il aurait introduites dans les modes
d'exploitation du sol, des troupeaux, etc. ; mais, jusqu'ici, au contraire, lé
métayage, tel qu'ont semblé le comprendre certains, ne pouvait signifier qu'une
chose pour les indigènes : l'obligation de partager avec l'Européen des produits
qu'ils auraient obtenus tout aussi bien sans lui, sur un sol libre. On comprend
sans peine que le recrutement de main-d'œuvre, pour ce genre d'exploitation,
soit devenu de plus en plus difficile. Il n'aurait pu être assuré que grâce à une
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