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celle des résultats, j'avais mieux à faire qu'à me laisser tenter par la petite
satisfaction d'amour-propre consistant à mettre des gens dans l'embarras, à les
amener à reconnaître, sans enthousiasme, leur erreur ou leur parti-pris, car, dans
le cas présent, nous n'avions absolument rien à gagner à entrer en lutte ouverte,
puisque Lourenço-Marques s'approvisionne quand même en bœufs de Madagas-
car et que c'est le Transvaal lui-même qui refuse tout chargement d'animaux
passant par Lourenço-Marques. La Colonie se trouve ainsi dans la situation d'une
maison de commerce qui aurait deux comptoirs sur la même côte: Va-t-elle
chercher noise à des clients parce qu'ils préfèrent se fournir au comptoir A
plutôt qu'au comptoir B ? Surtout si, comme c'est le cas actuel, puisque les
bœufs sont payés plus cher à Majunga que dans le Sud de l'île, les sommes
encaissées par le comptoir A pour une même fourniture sont supérieures à celles
qui auraient été versées au comptoir B ?
Autre argument : si la raison tuberculose est seule cause de la mesure prohi-
bitive actuelle, le temps se chargera de la détruire. Au prochain congrès de
Buda-Pesth, la question sera probablement traitée de façon à rendre toute
nouvelle équivoque impossible. Par contre, supposons que, derrière le prétexte
tuberculose, se cache un autre mobile. La raison d'être de celui ci serait
évidemment d'ordre économique. Aussi, en admettant que nous ayons réussi à
amener les Portugais à retirer, à contre-cœur, leur arrêté, il leur aurait été
extrêmement facile de tourner la difficulté en saisissant systématiquement,
sous n'importe quel prétexte, un nombre tel de ces bœufs du Sud que les
bouchers s'en approvisionnant auraient vite dû y renoncer. Nous aurions tort,
aussi, d'oublier que les Portugais sont les maîtres chez eux.
D'ailleurs, si j'ai évité de choquer leurs idées sur cette question spéciale,
j'ai cependant placé les miennes au cours de conversations purement privées.
Le docteur Amaral Real m'a même déclaré : « Je vous avoue franchement que
c'est moi qui ai provoqué la mesure concernant les bœufs du Sud de Mada-
gascar. Tant qu'à manger du bœuf malgache, j'ai préféré mettre les bouchers
dans l'obligation de prendre leurs bœufs dans une région de l'île où la tuber-
culose n'existe pas. Mais, toutefois, si nous avions de la tuberculose parmi les
bœufs de notre pays, vous pourriez être certain que je ne m'amuserais pas à en
rendre impossible la consommation ».
J'estime donc encore qu'il eût été maladroit d'insister davantage.
Ce qui précède semblera n'être qu'un long plaidoyer en faveur de la réalisa-
tion, dans le plus bref délai, d'une combinaison nous permettant, enfin, d'espérer
un écoulement régulier, si faible fût-il au début, de bœufs vers l'Afrique du
Sud. C'est, en effet, ce que j'ai voulu faire, car j'estime que, hors de là, il n'y
a pas d'issue possible.
J'avais essayé, dans mon rapport de février 1905, « de faire ressortir que
« l'avenir des exportations de bœufs me paraissait lié à la mise en pratique
« progressive d'un programme de réformes, dont partie aurait trait à la produc-
« t on bovine proprement dite, et dont le reste serait affaire d'organisation
« mieux comprise des opérations de l'avenir ».
III. - Amélioration des produits de l'élevage malgache
Je suppose maintenant cette organisation réalisée. Nous serons alors en
mesure de pousser, avec chances de succès, à l'amélioration de plus en plus
grande des produits de l'élevage malgache, de sortir, enfin, du dilemme qui, pour
moi, résumait jusqu'ici la situation : Devions-nous attendre que les bœufs
malgaches fussent d'une vente facile pour songer à les améliorer, ou devions-
nous, au contraire, chercher à précipiter cette amélioration afin de les rendre
d'un placement plus facile, plus rémunérateur ?
J'ai longuement traité, dans le rapport de lévrier 1905, cette question, si
intéressante pour nous, des moyens à préconiser pour rapprocher, progressive-
ment et le plus possible, nos bœufs du vrai type du bœuf de boucherie, et je
juge superflu de reproduire ici tout ce que j'écrivais alors. Je crois cependant
devoir revenir encore sur un point qui a une importance très grande, ainsi que
j'en ai eu la démonstration éloquente dans l'Afrique du Sud : celle de la
castration. -
Un des reproches relevés partout est celui relatif a la castration tardive de
beaucoup trop de bœufs malgaches, à la non-castration systématiqne des mâles
dans l'espèce bovine. Les bœufs à silhouette de taureau, parce que castrés à un
âge trop avancé, trouvent d'abord difficilement preneur, et toujours a des prix
«
celle des résultats, j'avais mieux à faire qu'à me laisser tenter par la petite
satisfaction d'amour-propre consistant à mettre des gens dans l'embarras, à les
amener à reconnaître, sans enthousiasme, leur erreur ou leur parti-pris, car, dans
le cas présent, nous n'avions absolument rien à gagner à entrer en lutte ouverte,
puisque Lourenço-Marques s'approvisionne quand même en bœufs de Madagas-
car et que c'est le Transvaal lui-même qui refuse tout chargement d'animaux
passant par Lourenço-Marques. La Colonie se trouve ainsi dans la situation d'une
maison de commerce qui aurait deux comptoirs sur la même côte: Va-t-elle
chercher noise à des clients parce qu'ils préfèrent se fournir au comptoir A
plutôt qu'au comptoir B ? Surtout si, comme c'est le cas actuel, puisque les
bœufs sont payés plus cher à Majunga que dans le Sud de l'île, les sommes
encaissées par le comptoir A pour une même fourniture sont supérieures à celles
qui auraient été versées au comptoir B ?
Autre argument : si la raison tuberculose est seule cause de la mesure prohi-
bitive actuelle, le temps se chargera de la détruire. Au prochain congrès de
Buda-Pesth, la question sera probablement traitée de façon à rendre toute
nouvelle équivoque impossible. Par contre, supposons que, derrière le prétexte
tuberculose, se cache un autre mobile. La raison d'être de celui ci serait
évidemment d'ordre économique. Aussi, en admettant que nous ayons réussi à
amener les Portugais à retirer, à contre-cœur, leur arrêté, il leur aurait été
extrêmement facile de tourner la difficulté en saisissant systématiquement,
sous n'importe quel prétexte, un nombre tel de ces bœufs du Sud que les
bouchers s'en approvisionnant auraient vite dû y renoncer. Nous aurions tort,
aussi, d'oublier que les Portugais sont les maîtres chez eux.
D'ailleurs, si j'ai évité de choquer leurs idées sur cette question spéciale,
j'ai cependant placé les miennes au cours de conversations purement privées.
Le docteur Amaral Real m'a même déclaré : « Je vous avoue franchement que
c'est moi qui ai provoqué la mesure concernant les bœufs du Sud de Mada-
gascar. Tant qu'à manger du bœuf malgache, j'ai préféré mettre les bouchers
dans l'obligation de prendre leurs bœufs dans une région de l'île où la tuber-
culose n'existe pas. Mais, toutefois, si nous avions de la tuberculose parmi les
bœufs de notre pays, vous pourriez être certain que je ne m'amuserais pas à en
rendre impossible la consommation ».
J'estime donc encore qu'il eût été maladroit d'insister davantage.
Ce qui précède semblera n'être qu'un long plaidoyer en faveur de la réalisa-
tion, dans le plus bref délai, d'une combinaison nous permettant, enfin, d'espérer
un écoulement régulier, si faible fût-il au début, de bœufs vers l'Afrique du
Sud. C'est, en effet, ce que j'ai voulu faire, car j'estime que, hors de là, il n'y
a pas d'issue possible.
J'avais essayé, dans mon rapport de février 1905, « de faire ressortir que
« l'avenir des exportations de bœufs me paraissait lié à la mise en pratique
« progressive d'un programme de réformes, dont partie aurait trait à la produc-
« t on bovine proprement dite, et dont le reste serait affaire d'organisation
« mieux comprise des opérations de l'avenir ».
III. - Amélioration des produits de l'élevage malgache
Je suppose maintenant cette organisation réalisée. Nous serons alors en
mesure de pousser, avec chances de succès, à l'amélioration de plus en plus
grande des produits de l'élevage malgache, de sortir, enfin, du dilemme qui, pour
moi, résumait jusqu'ici la situation : Devions-nous attendre que les bœufs
malgaches fussent d'une vente facile pour songer à les améliorer, ou devions-
nous, au contraire, chercher à précipiter cette amélioration afin de les rendre
d'un placement plus facile, plus rémunérateur ?
J'ai longuement traité, dans le rapport de lévrier 1905, cette question, si
intéressante pour nous, des moyens à préconiser pour rapprocher, progressive-
ment et le plus possible, nos bœufs du vrai type du bœuf de boucherie, et je
juge superflu de reproduire ici tout ce que j'écrivais alors. Je crois cependant
devoir revenir encore sur un point qui a une importance très grande, ainsi que
j'en ai eu la démonstration éloquente dans l'Afrique du Sud : celle de la
castration. -
Un des reproches relevés partout est celui relatif a la castration tardive de
beaucoup trop de bœufs malgaches, à la non-castration systématiqne des mâles
dans l'espèce bovine. Les bœufs à silhouette de taureau, parce que castrés à un
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