— 211 -
ne tenir aucun compte des appréciations systématiquement défavorables four-
nies par quantité de gens mal renseignés, ou intéressés à médire du bœuf
malgache. En tout cas, en admettant — ce que nous ne saurions contester — que
la viande de nos bœufs abattus sur le territoire ud-Africain soit inférieure à
celle des bœufs du pays ou de ceux amenés de l'Argentine, il est incontestable
qu'elle est très supérieure à la viande frigorifiée. Nous pourrions donc entrevoir
comme possible le placement d'un nombre de plus en plus considérable de
nos bœufs, voire même de tout notre excédent, si nous réussissions à les
imposer à l'attention des bouchers et du public.
La situation ne comporte donc pas encore de chiffres. C'est un courant
commercial qu'il faut créer, un marché qu'il faudra savoir étenire progres-
sivement, avec la conviction bien arrêtée que la réussite est au bout si l'affaire
est menée avec suffisamment de méthode et d'esprit de suite.
Or, il ne faut pas se dissimuler que le bœuf malgache a actuellement une
mauvaise presse dans l'Afrique du Sud. Cela n'a rien d'étonnant pour qui sait
comment ont été menées les exportations antérieures. L'impression produite a
été telle, dans certains centres (Johannesburg, Prétoria, Capetown, par exemple),
les déceptions si grandes, que la seule réponse faite à tout plaidoyer tendant à
réhabiliter le bœuf malgache est invariablement : « Exhibez-nous des
« échantillons, et nous verrons si nous pouvons les utiliser et quel prix nous
« pourrions en offrir. Assurez-nous ensuite un certain nombre d'envois régu-
« liers, conformes à l'échantillon primitif, et alors, mais alors seulement, nous
« croirons que l'on peut désormais compter sur une fourniture régulièrement
bonne de bœufs malgaches, et faire des affaires suivies avec vous ».
Cet état d'esprit est assez justifié. Les quelques bouchers qui se sont laissé
tenter par les premières offres qui leur furent faites ont été complètement
déçus, tant parce que les bœufs présentés furent réellement de qualité médiocre,
que par suite de la non exécution des engagements pris par les expor-
tateurs. Et c'est ainsi que, ne pouvant compter sur un approvisionnement
suffisamment régulier de bœufs sur pied, tant de bouchers sont devenus les
clients et, aussi, les débiteurs, du « Cold Storage », qui les tient par la menace de
suppression de tout crédit en cas d'infidélités.
D'ailleurs, le boucher supporte assez volontiers ce joug. Le « Cold Storage »
lui fournit la viande à un prix de gros qui lui permet de trouver un bénéfice
suffisant en la débitant à sa clientèle. Il n'a pas ainsi à se préoccuper d'acheter
des animaux, de les abattre, les dépecer, les transporter ensuite à son étal : les
voitures du « Cold Storage » déposent devant sa porte les quartiers de viande
dont il croit avoir besoin et viennent même reprendre ceux qu'il n'a pas
réussi à débiter.
Comme le « Cold Storage » verrait d'un mauvais œil nos bœufs le concur-
rencer, on comprend sans peine l'influence qu'il peut avoir sur l'esprit des
bouchers, ses débiteurs, qui pourraient être tentés d'en abattre ; ces bouchers,
qui ont pu se convaincre que les envois de bœufs malgaches étaient par trop
intermittents, ou de qualité souvent trop inférieure, ne veulent pas courir le
risque de se brouiller avec leur puissant fournisseur de viande frigorifiée.
Nous ne pourrons donc nous créer une clientèle de bouchers que si nous
les rassurons d'abord sur la régularité, la qualité de la fourniture, et surtout
sur la stabilité de l'entreprise d'exportation qui viendra leur faire ses offres de
service. Car il ne faut pas oublier que les bouchers de l'Afrique du Sud savent
remarquablement s'entendre pour imposer leur prix chaque fois qu'ils ont
l'intuition que l'exportateur, n'étant pas organisé pour pouvoir résister long-
temps, devra, tôt ou tard, subir leurs exigences..
, D'où la nécessité d'une affaire qui aura des moyens de transport à elle, sera,
à la fois, rationnellement et solidement organisée sur le sol malgache et le
continent africain, où elle aura des hommes à elle installés à demeure, con-
naissant à fond tous les besoins du marché, toutes les ficelles du métier,
s'imposant petit à petit aux bouchers. Elle devra suffisamment avoir de capi-
taux derrière elle ou être suffisamment soutenue pour pouvoir assumer les
frais considérables de première organisation et les pertes qui résultent presque
fatalement des premières opérations.
II. — Service régulier de navigation. — Subvention
C'est le moment de poser une question un peu délicate et, cependant, d'un
intérêt pratique considérable : la Colonie doit-elle aider pécuniairement les
ne tenir aucun compte des appréciations systématiquement défavorables four-
nies par quantité de gens mal renseignés, ou intéressés à médire du bœuf
malgache. En tout cas, en admettant — ce que nous ne saurions contester — que
la viande de nos bœufs abattus sur le territoire ud-Africain soit inférieure à
celle des bœufs du pays ou de ceux amenés de l'Argentine, il est incontestable
qu'elle est très supérieure à la viande frigorifiée. Nous pourrions donc entrevoir
comme possible le placement d'un nombre de plus en plus considérable de
nos bœufs, voire même de tout notre excédent, si nous réussissions à les
imposer à l'attention des bouchers et du public.
La situation ne comporte donc pas encore de chiffres. C'est un courant
commercial qu'il faut créer, un marché qu'il faudra savoir étenire progres-
sivement, avec la conviction bien arrêtée que la réussite est au bout si l'affaire
est menée avec suffisamment de méthode et d'esprit de suite.
Or, il ne faut pas se dissimuler que le bœuf malgache a actuellement une
mauvaise presse dans l'Afrique du Sud. Cela n'a rien d'étonnant pour qui sait
comment ont été menées les exportations antérieures. L'impression produite a
été telle, dans certains centres (Johannesburg, Prétoria, Capetown, par exemple),
les déceptions si grandes, que la seule réponse faite à tout plaidoyer tendant à
réhabiliter le bœuf malgache est invariablement : « Exhibez-nous des
« échantillons, et nous verrons si nous pouvons les utiliser et quel prix nous
« pourrions en offrir. Assurez-nous ensuite un certain nombre d'envois régu-
« liers, conformes à l'échantillon primitif, et alors, mais alors seulement, nous
« croirons que l'on peut désormais compter sur une fourniture régulièrement
bonne de bœufs malgaches, et faire des affaires suivies avec vous ».
Cet état d'esprit est assez justifié. Les quelques bouchers qui se sont laissé
tenter par les premières offres qui leur furent faites ont été complètement
déçus, tant parce que les bœufs présentés furent réellement de qualité médiocre,
que par suite de la non exécution des engagements pris par les expor-
tateurs. Et c'est ainsi que, ne pouvant compter sur un approvisionnement
suffisamment régulier de bœufs sur pied, tant de bouchers sont devenus les
clients et, aussi, les débiteurs, du « Cold Storage », qui les tient par la menace de
suppression de tout crédit en cas d'infidélités.
D'ailleurs, le boucher supporte assez volontiers ce joug. Le « Cold Storage »
lui fournit la viande à un prix de gros qui lui permet de trouver un bénéfice
suffisant en la débitant à sa clientèle. Il n'a pas ainsi à se préoccuper d'acheter
des animaux, de les abattre, les dépecer, les transporter ensuite à son étal : les
voitures du « Cold Storage » déposent devant sa porte les quartiers de viande
dont il croit avoir besoin et viennent même reprendre ceux qu'il n'a pas
réussi à débiter.
Comme le « Cold Storage » verrait d'un mauvais œil nos bœufs le concur-
rencer, on comprend sans peine l'influence qu'il peut avoir sur l'esprit des
bouchers, ses débiteurs, qui pourraient être tentés d'en abattre ; ces bouchers,
qui ont pu se convaincre que les envois de bœufs malgaches étaient par trop
intermittents, ou de qualité souvent trop inférieure, ne veulent pas courir le
risque de se brouiller avec leur puissant fournisseur de viande frigorifiée.
Nous ne pourrons donc nous créer une clientèle de bouchers que si nous
les rassurons d'abord sur la régularité, la qualité de la fourniture, et surtout
sur la stabilité de l'entreprise d'exportation qui viendra leur faire ses offres de
service. Car il ne faut pas oublier que les bouchers de l'Afrique du Sud savent
remarquablement s'entendre pour imposer leur prix chaque fois qu'ils ont
l'intuition que l'exportateur, n'étant pas organisé pour pouvoir résister long-
temps, devra, tôt ou tard, subir leurs exigences..
, D'où la nécessité d'une affaire qui aura des moyens de transport à elle, sera,
à la fois, rationnellement et solidement organisée sur le sol malgache et le
continent africain, où elle aura des hommes à elle installés à demeure, con-
naissant à fond tous les besoins du marché, toutes les ficelles du métier,
s'imposant petit à petit aux bouchers. Elle devra suffisamment avoir de capi-
taux derrière elle ou être suffisamment soutenue pour pouvoir assumer les
frais considérables de première organisation et les pertes qui résultent presque
fatalement des premières opérations.
II. — Service régulier de navigation. — Subvention
C'est le moment de poser une question un peu délicate et, cependant, d'un
intérêt pratique considérable : la Colonie doit-elle aider pécuniairement les
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.93%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.93%.
- Auteurs similaires Madagascar Madagascar /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Madagascar" or dc.contributor adj "Madagascar")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 249/709
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k65301225/f249.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k65301225/f249.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k65301225/f249.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k65301225
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k65301225