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Le Corticium Javanicum au Tonkin. - M. Patouillard, Président honoraire de la
Société Mycologique de France, qui avait été consulté par M. le Gouverneur Général au sujet
de l'opportunité du traitement de désinfection des graines d'Hevea importées, avait émis l'avis
que les principaux parasites de l'Hevea, bien que non encore signalés, existaient vraisemblable-
ment sur divers arbres de la Colonie. La note suivante, que M. Patouillard a bien voulu nous
adresser, confirme, d'après de récents envois d'échantillons, la présence du Corticium
Javanicum sur les caféiers du Tonkin.
« Le Corticium Javanicum est un champignon supérieur qui croît en Extrême-Orient, sur
les branches d'un certain nombre de végétaux ligneux. Il s'attaque fréquemment au Caféier,
on l'a signalé sur le Théier, sur l'Hevea, etc. Sous son influence, les rameaux envahis se -
dessèchent et meurent.
Indiqué d'abord sur le Caféier à Java, où il a reçu le nom de Djamœr œpas (Champignon
vénéneux), il a été observé ensuite dans un grand nombre de localités. Jusqu'ici, sa présence
n'avait pas été constatée au Tonkin, mais dans ces derniers temps, il a été recueilli en beaux
exemplaires, dans les plantations de Chi-Né, par un sagace naturaliste de la direction d'Agri-
culture d'Hanoi, M. L. Duport.
Ce curieux champignon, dont on doit la description à Zimmermann, appartient à l'ordre des
Basidiosporés, c'est-à-dire, à ceux dont les organes reproducteurs, ou spores, sont portés à
l'extérieur de cellules spéciales ou basides.
Il débute sur les rameaux, sous la forme d'une petite tache blanche, arrondie, fine pellicule
à contour fimbrié; cette tache s'allonge peu à peu et arrive à entourer presque complètement
le support. Celui-ci est alors recouvert d'une couche mince, lisse, de couleur blanchâtre, lavée
de rose ou de rose-jaunâtre, plus ou moins foncé. ;
Si on examine le champignon à la loupe, on remarque que sa surface paraît floconneuse, ou
fragmentée en une intinité de petits glomérules, séparés par des dépressions, ou de très fines
craquelures : cet aspect est caractéristique.
Si nous étudions sa constitution, nous voyons qu'à la surface de l'écorce, rampent des fila-
ments ou hyphes à peu près incolores, cylindracés, peu serrés, coupés ça et là par des
cloisons transversales et dépourvus de boucles. Ces hyphes sont dirigées sensiblement dans la
direction du rameau ; elles forment une sorte de soubassement, sur lequel s'élève la charpente
qui supporte la fructification.
Cette charpente est composée d'hyphes nées des premières, mais dirigées verticalement,
distantes les unes des autres, droites ou plus ou moins courbées, larges de 6 à 8 µ, plusieurs
fois ramifiées, entrelacées en une trame très lâche et se terminant par des bouquets de basides
allongées, avec le sommet arrondi. Sur ces basides, qui mesurent 15 — 18 x 8 — 10 µ, naissent
deux ou quatre spores, sur des pointes très courtes, ou stérigmates.
Ces spores, corps reproducteurs du champignon, sont extrêmement petites (10 — 12 X 8 µ),
incolores, ovoïdes avec un mucron à peine marqué au point d'insertion.
Par une légère dessication, les glomérules de basides se disjoignent et donnent l'aspect
tourmenté de la surface.
Quelques mycologues placent ce champignon dans le genre Hypochnus, à cause de la texture
lâche et peu serrée de sa trame : Hypochnus et Corticium, sont les deux termes extrêmes
d'un même groupe de formes, entre lesquels on observe tous les états intermédiaires.
Corticium Javanicum croît indifféremment sur le tronc, les branches et les petits rameaux ;
il a même été indiqué sur les fruits.
Il est très vraisemblable qu'il existe naturellement sur les arbres des forêts, d'où les spores'
emportées par les vents, par la pluie, par les insectes, etc., sont venues, contaminer les arbres
abris, puis les plantations.
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