Je me suis rendu à La-Pho, dans le but d'étudier sur place les procédés de raffinage de la gomme-laque. Pendant ma présence, la petite usine montée il y a quelques années par M. Hautefeuille a fonctionné d'une façon presque nor- male, j ai donc pu y suivre une à une les diverses phases des opérations subies par la matière première avant sa transformation en produits épurés tels qu'on s trouve sur les marchés d'Europe. Ma tâche a d'ailleurs été grandement cihtee par les nombreux renseignements et observations intéressantes, donnés par M. Hautefeuille, au cours de chacune des opérations.
Je ne crois guère utile de dire ici comment M. Hautefeuille a été amené à ap- porter des Indes les procédés de raffinage du sticklac. Il y a une dizaine d'an- nées environ, au cours d'une mission qui lui avait été confiée aux Indes, M.
autefeuille a fait entr'autres une étude presque complète sur la gomme-laque e cette région, puis sur la façon de transformer la matière première. Il réussit, O? sans quelques difficultés, à ramener une équipe d'ouvriers hindous, spécia- les dans ce genre de travail et, enfin, avec le concours de l'Union Commer- ce Indochinoise, à monter une petite usine à La-Pho, sur la Rivière Noire, qui draine le majeure partie de la gomme-laque récoltée en Indochine (Nord- pj,st du Tonkin et Nord-Ouest du Laos). Cette usine a fonctionné d'abord avec équipe d'hindous, puis avec les indigènes de la région de La-Pho, que nous voyons encore actuellement au travail, après une interruption de plusieurs années. Le procédé que nous allons décrire est donc celui pratiqué aux Indes, avec très peu de modifications.
D'après les échantillons de gomme-laque, rapportés par M. Hautefeuille en cours de sa mission et qu'il nous a été donné de voir, la matière première produite ici diffère sensiblement de celle récoltée dans la possession anglaise.
Le sticklac d'Indochine se présente en morceaux beaucoup plus gros, la gom- me est plus épaisse. Celui des Indes, cultivé sur des branches secondaires plus petites, est au contraire moins régulier, plus grenu restant très adhérent au bois.
Cet état naturel de la gomme donne à notre produit indochinois une supériorité marquée, pour deux raisons : difficulté moins grande ici de séparer les matiè- res ligneuses de la marchandise utile, que l'on est obligé dans l'Inde, de broyer ensemble ; puis obtention forcée, dans l'Inde, d'éléments à traiter plus fins, lesquels nécessitent l'emploi de résine pour faciliter la fusion, au cours des opérations de raffinage. Par contre, notre sticklac est beaucoup plus foncé et, par suite, donne des produits marchands plus colorés que ceux de l'Inde, ce qui est un inconvénient pour leur placement sur nos marchés d'Europe où l'on exige de ces produits le moins de teinte possible, pour les vernis neutres.
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