Même par les faibles cours de la gomme-laque et de ses dérivés pendant l'année 1913, on voit, d'après les chiffres qui précèdent, que le gros acheteur qui aurait payé 0 fr. 3o par kilog. de produit fabriqué, pour la transformation de sa matière première, aurait accru son bénéfice de 0 fr. 08, pendant le cours de l'année, sans préjudice des avantages énumérés plus haut, savoir : placement Plus facile de sa marchandise, transport et frêt moins onéreux et conservation en magasin de son produit. Evidemment ce bénéfice de 0 fr. 08 par kilog. est insuffisant pour justifier l'installation d'une usine ; il n'en reste pas moins avéré que, d'après ces chiffres, qui sont exacts, l'exportateur aurait eu un avantage Pécuniaire, même dans les conditions de rendement exceptionnellement défavo- rables de 70 %, à faire traiter sa matière première à forfait. D'un autre côté, cela aurait permis à une petite usine de vivre et de faire travailler une certaine quantité d'ouvriers pendant huit mois de l'année. Or le rendement de 70 ° ° est presque toujours dépassé et n'est applicable qu'à de très mauvais lots. De plus, il convient d'y ajouter un reste de dabugala, qui vient en diminution sur le prix de revient.
M. Hautefeuille compte importer le procédé de raffinage chez le producteur même, ou plus exactement chez le premier intermédiaire. Est-ce possible? Il serait prématuré de donner dès à présent une affirmation. En tout cas, aucune impossibilité matérielle n'existe : le travail et les manipulations de la matière brute exigent certainement un tour de main, une pratique du métier assez délicate, mais que l'indigène, de quelque nationalité qu'il soit, apprendra facilement en peu de jours, aussi bien d'ailleurs que les habitants de La-Pho et les ouvriers du Musée agricole et commercial, envoyés par M. Crevost. Pour faire du button-lac par exemple, seul produit qui serait à conseiller dans le début aux indigènes, l'uniformité des grains en poudre n'a pas d'importance, l'installation des fourneaux ne souffrirait aucune difficulté et les dépenses d'outillage seraient relativement faibles.Cet outillage et les accessoires : couteau, charbon de bois, toile, bananier, se trouvent dans tous les villages. L'indigène, traitant sa matière première aussitôt après la récolte, obtiendrait sûrement un Produit de la plus belle qualité, de conservation assurée, qu'il pourrait vendre quand bon lui semblerait, sans être à la merci des acheteurs qui savent qu'il ne peut laisser vieillir sans amoindrissement la gomme-laque brute.
, Evidemment pour qui connaît l'apathie et l'insouciance des Laotiens et des Thaïs producteurs de stick-lac, il semble difficile de prévoir d'ici encore longtemps l'installation d'une usine proprement dite à Muong-Hôt ou à Tuan- iao ; mais il est peut-être possible que les intermédiaires chinois de Cho-Bo, uyut et autres points de la Rivière Noire, ne se désintéressent pas tout à fait de la petite démonstration faite à La-Pho par M. Hautefeuille et qu'ils profitent e la leçon, si toutefois ils y voient un avantage probant, en créant de petits ateliers.
B. PIDANCE, Inspecteur des Services Agricoles el Commerciaux.
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