78 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE o 69 — MARS 1907
ganisée aux Hawaï, on n'en éprouve pas
moins une admiration mêlée d'envie
lorsqu'on lit, p. 39 du rapport, qu'il y
existe actuellement trois organisations en-
tomologiques distinctes, ayant chacune son
personnel.
Le Département d'Entomologie de la
Station agronomique, créé en 1902 (M. VAN
DINE, chef de service); la Division d'Ento-
mologie du Board of Agriculture, créée en
1903 (chef M. A. CRAW, trois spécialistes
dont M. KOEBELE, une célébrité); enfin, la
Division d'Entomologie de la Station de
l'Association des Planteurs, créée en 1904
(chef, M. PERKINS, et quatre spécialistes,
dont MM. CRAW et KOEBELE qui constituent
ainsi un lien entre les deux organisations).
Il ne semble pas qu'on puisse citer au
monde une autre colonie disposant d'un
pareil luxe. Il serait instructif de relever
un jour ce que l'entomologie agricole a
coûté aux Hawaï et ce qu'elle a économisé
de pertes à la colonie; le bilan serait, à
n'en pas douter, une démonstration triom-
phale de l'utilité de la science.
Parmi les sujets que M. VAN DINE traite
dans son rapport, relevons : une liste des
plantes mellifères, des expériences de séri-
ciculture, une liste raisonnée d'insectes
nuisibles, classés par plantes attaquées
(suite de celle de 4904, 4 pp.); enfin, un
essai de Bibliographie entomologique des
Hawaï, relevé précieux dont 3 pp. de Sys-
tématique et Généralités et 4 pp. d'Ento-
mologie agricole et forestière.
Du rapport de M. HIGGINS, nous appre-
nons que la Station a entrepris depuis
1904 la constitution, à Hilo, d'une collec-
tion de cacaoyers qu'elle veut aussi com-
plète que possible. Un certain nombre de
variétés ont été fournies par M. E. W. GuRR,"
de Tutuila, Samoa; le Département fédéral
se charge de procurer les autres.
Comme le cacao a besoin d'ombre, et
que les jeunes pieds poussent mieux sous
les bananiers, la Direction en a pris pré-
texte pour faire à la fois, de la succursale
de Hilo, un champ d'essais sur la banane.
Cette dernière est, du reste, largement
cultivée déjà, dans la localité et aux envi-
rons, pour l'exportation à San-Francisco.
Des expériences onl été entreprises sur la
multiplication, la culture, la fumure, mais
aucune encore n'est achevée.
On va également étudier les moyens de
faire parvenir à San-Francisco dans des
conditions commerciales, la banane, dite
du Brésil, que M. HIGGINS croit identique
au « pisang radjah » ou au « p. medgi » de
Java; voilà une expérience que les étran-
gers suivront avec intérêt. Cette banane est,
lisons-nous, la plus savoureuse, la plus
parfumée et la plus jolie des Hawaï; en
même temps réfractaire, semble-t-il, à cer-
taines maladies; malheureusement les ba-
nanes mûres se détachent bien facilement
du régime; c'est pourquoi les exportateurs
ne veulent pas s'en occuper et s'en tiennent
au bananier nain de Cavendish, dit aussi
de Chine, la variété classique des bana-
neraies commerciales.
C'était, jusqu'à ces dernières années, la
seule que nous recevions en Europe. Au-
jourd'hui, les Anglais consomment en
même temps beaucoup de bananes plus
grossières de la Jamaïque. Mais c'est
surtout aux États-Unis que cette variété,,
qui est aussi celle de Bluefields (Nicaragua),
domine; on s'explique donc que la Station
s'applique à la propager à titre d'essai et de
comparaison, malgré son infériorité re-
connue. C'est là encore une expérience dont
le résultat intéressera bien des lecteurs
étrangers.
La banane a déjà fait l'objet d'un Bulletin
spécial de la Station, que nous avons ana-
lysé en son temps.
Nous nous imaginions que les Hawaï
exportaient des oranges et autres Citrus. Il
se trouve (p. 61) qu'ils en importent, pour
60.000 $ par an. Un Bulletin spécial (n° 9) a
été publié sur cette classe d'arbres; nous
l'analyserons prochainement.
P. 63, nous apprenons avec quelque sur-
prise que les litchis secs sont de plus en
plus recherchés sur le marché nord-amé-
ricain; nous n'avons jamais pu comprendre
l'intérêt que_ ce fruit peut offrir dans cet
