à retenir surtout le point de vue strictement juridique.
L'Institut Colonial, de création plus récente, a un objet
moins déterminé ; il s'inspirerait davantage des formes plus
modernes de propagande. Il s'efforce par des réunions
périodiques de créer des relations entre les personnalités
de mondes divers s'intéressant à la chose coloniale. La
Ligue Maritime et Coloniale fait preuve d'une louable
activité ; elle a surtout le mérite par son titre même
d'unir les deux aspects du même problème : Pas de colonies
sans marine ; des colonies, mais pour justifier l'existence
d'une marine. Il ne semble pas qu'elle ait recruté autant
d'adhérents qu'elle le méritait.
L'Académie des Sciences Coloniales, institution véné-
rable bien que récente, groupe des noms, des compétences.
Peut-on conclure de cette brève énumération que
si des institutions de propagande existent, elles n'ont
touché que des publics déjà avertis. Jusqu'ici il apparaît
que la propagande coloniale a surtout atteint les coloniaux.
Cette remarque, d'une pénible banalité, vaut surtout si l'on
considère la Presse Coloniale. Il y a des journaux colo-
niaux, d'une façon générale très bien faits, bien composés,
bien écrits ; quelques-uns par la qualité du papier, la
variété des illustrations, l'intérêt des articles sont infini-
ment supérieurs aux journaux métropolitains. Mais s in-
cèrement, dites-moi si, dans la rue, au restaurant, dans
l'autobus, vous avez vu un lecteur de journal colonial
qui ne soit pas un colonial ? C'est même un des moyens
de savoir à qui on a à faire. On note bien de temps en temps
une manifestation grandiose en Sorbonne ou ailleurs à
l'occasion d'un anniversaire. Mais l'écho en meurt le len-
demain même.
Deux ordres d'institutions se sont efforcés de réaliser
une propagande plus constante, moins uniforme : les
Agences Economiques, les Comités de propagande. Les
quatre Gouvernements Généraux, les deux Commissariats
des Territoires Africains sous' Mandat, ceux-ci groupés,
ont un office à Paris. Formule de décentralisation logique
semble-t-il. Le ministère est absorbé par une lourde beso-
gne d'administration supérieure, de contrôle; il était nor-
mal que pour l'exécution de certaines mesures d'ordre
pratique, expositions, recrutement du personnel subal-
terne, surveillance de petites commandes,
les Gouverneurs Généraux eussent sur place
des représentants plus malléables, moins
tenus au respect d'un certain formalisme.
Peu à peu ces agents sont devenus les
commis-voyageurs de la colonie qui les délé-
guait; il n'y a dans ce rôle rien qui puisse
les diminuer, au contraire. Ils ont _vanté
avec plus ou moins de bonheur, plus ou
moins de résultats la maison dont ils étaient
les employés. Ils ont fait des conférences,
participé à des Foires, écrit des articles,
publié des bulletins, des tracts, des brochu-
res ; ils ont présenté des films, des projec-
tions. Ils ont été un peu des prospecteurs.
Par eux, l'idée coloniale a débordé les mi-
lieux des spécialistes. Mais les Agences Economiques ont
leur siège à Paris et de ce fait leur action se 'trouve limitée
dans l'espace. Les* Comités coloniaux récemment créés sur
l'initiative de M. Gaston Joseph, dans diverses villes de
province, marquent un nouvel effort de décentralisation.
Grâce à l'activité de leurs dirigeants, Le Havre, Lille, La
Rochelle, Troyes, vingt villes ont eu leurs expositions ;
les ouvriers, les négociants, tous les curieux de ces cités
ont vu l'idée coloniale matérialisée. Mais deux leviers
restent inemployés : l'Enseignement et la Grande Presse.
Tous les coloniaux savent la lamentable ignorance des
gens même cultivés, en matière coloniale. Qui n'a entendu
la question fatidique ? « J'ai un fils, je n'en peux rien
faire, pourriez-vous lui trouver un emploi à la Colonie ? »
Les colonies pour l'homme de la rue sont des bagnes où
l'on souffre indiciblement à moins que ce ne soit des
Eldorados où l'on finit toujours par épouser la fille du
Roi Nègre. Imagerie d'Epinal, souvenir de Bobillot. Et
pour que ces idées absurdes, puériles n'aient plus cours,
il convient que dans tous les programmes, à tous les
degrés de l'Enseignement, des cours soient faits, que des
notions géographiques, ethnographiques, économiques,
soient distribuées, que l'imagination des enfants, la
réflexion des étudiants soient sollicitées. Une entente
s'est faite récemment entre les deux ministres de l'Instruc-
tion Publique et des Colonies. Les autorités chargées
de l'application devront veiller afin que cet accord ne soit
pas simplement de style.
Mais l'aide puissante, irrésistible, doit être donnée par
la Grande Presse. Or, il semble qu'ignorante encore de
sa mission sur ce point, elle ne s'occupe des colonies
que pour en décrire des aspects anecdotiques, d'une signi-
fication douteuse. Or, j'en appelle aux spécialistes ; jus-
qu'à ces derniers temps, il était à peu près impossible de
faire passer dans un des grands organes un article traitant
une question coloniale. La pratique s'est récemment éta-
blie des pages coloniales. La question pourrait se poser
de savoir si cette forme massive et périodique de présen-
tation ne devrait pas être remplacée par une distribution
quotidienne de nouvelles, d'échos, de communiqués.
Quoi qu'il en soit, il n'y a encore que quelques journaux
qui soient entrés dans cette voie. Ce serait cependant
une besogne honorable et peut-être fruc-
tueuse que de développer certaines idées,
de les implanter dans l'esprit public. Par
exemple, que notre empire colonial est un
élément primordial de notre grandeur, que
nous sommes la deuxième puissance colo-
niale du monde, que les colonies, contrai-
rement à l'opinion courante nous rappor-
tent et ne nous coûtent pas, qu'elles ont
l'autonomie budgétaire, qu'elles doivent être
dans les luttes futures un élément de force
et d'influence, qu'elles furent au lendemain
de 1870 le vaste champ dans lequel s'af-
firmèrent les vertus de la race, qu'à travers
les sables, les marais, le long des pistes,
ceux qui devaient être les chefs eurent l'oc-
— 4 —
L'Institut Colonial, de création plus récente, a un objet
moins déterminé ; il s'inspirerait davantage des formes plus
modernes de propagande. Il s'efforce par des réunions
périodiques de créer des relations entre les personnalités
de mondes divers s'intéressant à la chose coloniale. La
Ligue Maritime et Coloniale fait preuve d'une louable
activité ; elle a surtout le mérite par son titre même
d'unir les deux aspects du même problème : Pas de colonies
sans marine ; des colonies, mais pour justifier l'existence
d'une marine. Il ne semble pas qu'elle ait recruté autant
d'adhérents qu'elle le méritait.
L'Académie des Sciences Coloniales, institution véné-
rable bien que récente, groupe des noms, des compétences.
Peut-on conclure de cette brève énumération que
si des institutions de propagande existent, elles n'ont
touché que des publics déjà avertis. Jusqu'ici il apparaît
que la propagande coloniale a surtout atteint les coloniaux.
Cette remarque, d'une pénible banalité, vaut surtout si l'on
considère la Presse Coloniale. Il y a des journaux colo-
niaux, d'une façon générale très bien faits, bien composés,
bien écrits ; quelques-uns par la qualité du papier, la
variété des illustrations, l'intérêt des articles sont infini-
ment supérieurs aux journaux métropolitains. Mais s in-
cèrement, dites-moi si, dans la rue, au restaurant, dans
l'autobus, vous avez vu un lecteur de journal colonial
qui ne soit pas un colonial ? C'est même un des moyens
de savoir à qui on a à faire. On note bien de temps en temps
une manifestation grandiose en Sorbonne ou ailleurs à
l'occasion d'un anniversaire. Mais l'écho en meurt le len-
demain même.
Deux ordres d'institutions se sont efforcés de réaliser
une propagande plus constante, moins uniforme : les
Agences Economiques, les Comités de propagande. Les
quatre Gouvernements Généraux, les deux Commissariats
des Territoires Africains sous' Mandat, ceux-ci groupés,
ont un office à Paris. Formule de décentralisation logique
semble-t-il. Le ministère est absorbé par une lourde beso-
gne d'administration supérieure, de contrôle; il était nor-
mal que pour l'exécution de certaines mesures d'ordre
pratique, expositions, recrutement du personnel subal-
terne, surveillance de petites commandes,
les Gouverneurs Généraux eussent sur place
des représentants plus malléables, moins
tenus au respect d'un certain formalisme.
Peu à peu ces agents sont devenus les
commis-voyageurs de la colonie qui les délé-
guait; il n'y a dans ce rôle rien qui puisse
les diminuer, au contraire. Ils ont _vanté
avec plus ou moins de bonheur, plus ou
moins de résultats la maison dont ils étaient
les employés. Ils ont fait des conférences,
participé à des Foires, écrit des articles,
publié des bulletins, des tracts, des brochu-
res ; ils ont présenté des films, des projec-
tions. Ils ont été un peu des prospecteurs.
Par eux, l'idée coloniale a débordé les mi-
lieux des spécialistes. Mais les Agences Economiques ont
leur siège à Paris et de ce fait leur action se 'trouve limitée
dans l'espace. Les* Comités coloniaux récemment créés sur
l'initiative de M. Gaston Joseph, dans diverses villes de
province, marquent un nouvel effort de décentralisation.
Grâce à l'activité de leurs dirigeants, Le Havre, Lille, La
Rochelle, Troyes, vingt villes ont eu leurs expositions ;
les ouvriers, les négociants, tous les curieux de ces cités
ont vu l'idée coloniale matérialisée. Mais deux leviers
restent inemployés : l'Enseignement et la Grande Presse.
Tous les coloniaux savent la lamentable ignorance des
gens même cultivés, en matière coloniale. Qui n'a entendu
la question fatidique ? « J'ai un fils, je n'en peux rien
faire, pourriez-vous lui trouver un emploi à la Colonie ? »
Les colonies pour l'homme de la rue sont des bagnes où
l'on souffre indiciblement à moins que ce ne soit des
Eldorados où l'on finit toujours par épouser la fille du
Roi Nègre. Imagerie d'Epinal, souvenir de Bobillot. Et
pour que ces idées absurdes, puériles n'aient plus cours,
il convient que dans tous les programmes, à tous les
degrés de l'Enseignement, des cours soient faits, que des
notions géographiques, ethnographiques, économiques,
soient distribuées, que l'imagination des enfants, la
réflexion des étudiants soient sollicitées. Une entente
s'est faite récemment entre les deux ministres de l'Instruc-
tion Publique et des Colonies. Les autorités chargées
de l'application devront veiller afin que cet accord ne soit
pas simplement de style.
Mais l'aide puissante, irrésistible, doit être donnée par
la Grande Presse. Or, il semble qu'ignorante encore de
sa mission sur ce point, elle ne s'occupe des colonies
que pour en décrire des aspects anecdotiques, d'une signi-
fication douteuse. Or, j'en appelle aux spécialistes ; jus-
qu'à ces derniers temps, il était à peu près impossible de
faire passer dans un des grands organes un article traitant
une question coloniale. La pratique s'est récemment éta-
blie des pages coloniales. La question pourrait se poser
de savoir si cette forme massive et périodique de présen-
tation ne devrait pas être remplacée par une distribution
quotidienne de nouvelles, d'échos, de communiqués.
Quoi qu'il en soit, il n'y a encore que quelques journaux
qui soient entrés dans cette voie. Ce serait cependant
une besogne honorable et peut-être fruc-
tueuse que de développer certaines idées,
de les implanter dans l'esprit public. Par
exemple, que notre empire colonial est un
élément primordial de notre grandeur, que
nous sommes la deuxième puissance colo-
niale du monde, que les colonies, contrai-
rement à l'opinion courante nous rappor-
tent et ne nous coûtent pas, qu'elles ont
l'autonomie budgétaire, qu'elles doivent être
dans les luttes futures un élément de force
et d'influence, qu'elles furent au lendemain
de 1870 le vaste champ dans lequel s'af-
firmèrent les vertus de la race, qu'à travers
les sables, les marais, le long des pistes,
ceux qui devaient être les chefs eurent l'oc-
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