Propagande, propagande ! le mot est à la
mode depuis la guerre. Forme d'activité nou-
velle s'appliquant à tous les domaines et jusqu'à
ces jours confinée dans les milieux commerciaux
où" elle s'appelait d'une façon moins abstraite:
réclame. Le tout n'est pas de produire, ni même
de produire à meilleur compte que le concurrent;
il s'agit d'attirer le chaland, de le retenir, de
s'imposer à lui en sorte que, sollicité de toutes
parts, en des formes renouvelées, inattendues,
il tombe dans une sorte d'hypnose et victime
consentante, succombe aux exigences du ven-
deur. Ce qui est nécessaire c'est de ne pas attendre
le bon vouloir de l'acheteur. Jadis, les clientèles
se constituaient peu à peu ; elles étaient fidè-
les; leurs exigences étaient réduites; elles se dé-
veloppaient sous le signe de l'habitude satisfaite.
Les temps étaient faciles et les heures longues.
Aujourd'hui, les collectivités sociales, les pro-
vinces, les Etats même ont dû adopter certaines
formules commerciales. Un pays de quarante
millions d'hommes fera de la réclame pour sa
marine, ses colonies, ses sites, la pureté de l'air
qu'on y respire, comme un industriel vante ses
rivets ou ses engrenages. Le sens de la mesure que
chacun porte en soi se trouve peut-être offensé
de ces pratiques nouvelles ; il nous faut les admet-
tre sous peine d'être méconnu ; et entre nations
le droit n'est autre chose que son affirmation.
*
* *
Nous avons des colonies depuis longtemps déjà ; la
masse des Français commence à peine à s'en douter.
Nous avons sous la main des terres, des hommes, des pro-
duits qui peuvent servir à augmenter notre puissance,
notre facilité à vivre, nous affranchir de certaines tutelles.
L'homme de la rue passe dans une insouciance paresseuse,
ignorant ces grandes réalités nationales. Nous sommes
comme une vieille dame qui serait propriétaire d'une vaste
maison et s'obstinerait à vivre dans la pièce principale
cependant que des voyageurs sans toit frappent à la porte.
Et cependant l'Afrique du Nord, l'Afrique Occidentale,
Madagascar, l'Indochine valent qu'on s'y intéresse autre-
ment qu'à l'occasion d'un scandale. Toutes ces terres
fécondées par l'héroïsme, la ténacité des meilleurs d'entre
nous, sont les plus sûres manifestations de notre vitalité.
Par elles nous échappons à la décadence des nations dont
l'histoire fut trop glorieuse. La guerre a montré qu'une
nation n'était pas circonscrite par les limites que tracèrent
la nature ou la fantaisie des diplomates. L'esprit conti-
nental est mort ; le sens cosmique doit vivifier nos con-
ceptions, inspirer nos actes. Il ne s'agit pas d'établir
entre la métropole et ses dépendances une assimilation
artificielle que condamnent la géographie et le bon sens.
Mais il serait également inexact de considérer nos colonies
comme des soultes. Il faut faire comprendre à la masse
que peu à peu, irrésistiblement, l'économie nationale doit
se compléter de l'économie coloniale et sans tomber dans
les excès du Pacte Colonial il est normal que les marchés
d'outre-mer soient principalement alimentés par la métro-
pole pour être efficace.
Une propagande doit être constante, adaptée aux
divers milieux qu'il convient de toucher, elle doit être
multiforme et luxueuse. Il faut surtout qu'il y ait une
pensée directrice qui coordonne toutes les activités.
*
* *
Depuis de longues années déjà des groupements privés
se sont occupés d'étudier les modalités de l'effort colonial,
de les faire connaître. Le Comité de l'Afrique Française,
le Comité de l'Asie Française, le Comité de l'Océanie
Française sont des institutions actives. Les collections des
Bulletins qu'elles éditent sont toujours consultées avec
fruit. Les personnalités éminentes qui les dirigent, les en-
couragent font de ces comités de véritables centres de
rayonnement. Mais est-il permis de dire sans manquer à la
déférence qu'impose leur désintéressement que ces mêmes
personnalités se sont peut-être trop attachées à une pré-
sentation austère des faits coloniaux ? Le public ainsi
touché est réduit en nombre ; les bulletins publiés sont
des sources de documentation précieuse, mais seuls peuvent
s'y abreuver des initiés. L'Union Coloniale a toujours
apporté aux Ministres successifs une collaboration utile.
Elle est née d'une pensée judicieuse : grouper les com-
merçants établis aux colonies, exprimer leurs vœux
auprès des bureaux qui, du fait même qu'ils proposent
des règlements, travaillent sur rapportset sont parfois portés
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mode depuis la guerre. Forme d'activité nou-
velle s'appliquant à tous les domaines et jusqu'à
ces jours confinée dans les milieux commerciaux
où" elle s'appelait d'une façon moins abstraite:
réclame. Le tout n'est pas de produire, ni même
de produire à meilleur compte que le concurrent;
il s'agit d'attirer le chaland, de le retenir, de
s'imposer à lui en sorte que, sollicité de toutes
parts, en des formes renouvelées, inattendues,
il tombe dans une sorte d'hypnose et victime
consentante, succombe aux exigences du ven-
deur. Ce qui est nécessaire c'est de ne pas attendre
le bon vouloir de l'acheteur. Jadis, les clientèles
se constituaient peu à peu ; elles étaient fidè-
les; leurs exigences étaient réduites; elles se dé-
veloppaient sous le signe de l'habitude satisfaite.
Les temps étaient faciles et les heures longues.
Aujourd'hui, les collectivités sociales, les pro-
vinces, les Etats même ont dû adopter certaines
formules commerciales. Un pays de quarante
millions d'hommes fera de la réclame pour sa
marine, ses colonies, ses sites, la pureté de l'air
qu'on y respire, comme un industriel vante ses
rivets ou ses engrenages. Le sens de la mesure que
chacun porte en soi se trouve peut-être offensé
de ces pratiques nouvelles ; il nous faut les admet-
tre sous peine d'être méconnu ; et entre nations
le droit n'est autre chose que son affirmation.
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Nous avons des colonies depuis longtemps déjà ; la
masse des Français commence à peine à s'en douter.
Nous avons sous la main des terres, des hommes, des pro-
duits qui peuvent servir à augmenter notre puissance,
notre facilité à vivre, nous affranchir de certaines tutelles.
L'homme de la rue passe dans une insouciance paresseuse,
ignorant ces grandes réalités nationales. Nous sommes
comme une vieille dame qui serait propriétaire d'une vaste
maison et s'obstinerait à vivre dans la pièce principale
cependant que des voyageurs sans toit frappent à la porte.
Et cependant l'Afrique du Nord, l'Afrique Occidentale,
Madagascar, l'Indochine valent qu'on s'y intéresse autre-
ment qu'à l'occasion d'un scandale. Toutes ces terres
fécondées par l'héroïsme, la ténacité des meilleurs d'entre
nous, sont les plus sûres manifestations de notre vitalité.
Par elles nous échappons à la décadence des nations dont
l'histoire fut trop glorieuse. La guerre a montré qu'une
nation n'était pas circonscrite par les limites que tracèrent
la nature ou la fantaisie des diplomates. L'esprit conti-
nental est mort ; le sens cosmique doit vivifier nos con-
ceptions, inspirer nos actes. Il ne s'agit pas d'établir
entre la métropole et ses dépendances une assimilation
artificielle que condamnent la géographie et le bon sens.
Mais il serait également inexact de considérer nos colonies
comme des soultes. Il faut faire comprendre à la masse
que peu à peu, irrésistiblement, l'économie nationale doit
se compléter de l'économie coloniale et sans tomber dans
les excès du Pacte Colonial il est normal que les marchés
d'outre-mer soient principalement alimentés par la métro-
pole pour être efficace.
Une propagande doit être constante, adaptée aux
divers milieux qu'il convient de toucher, elle doit être
multiforme et luxueuse. Il faut surtout qu'il y ait une
pensée directrice qui coordonne toutes les activités.
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Depuis de longues années déjà des groupements privés
se sont occupés d'étudier les modalités de l'effort colonial,
de les faire connaître. Le Comité de l'Afrique Française,
le Comité de l'Asie Française, le Comité de l'Océanie
Française sont des institutions actives. Les collections des
Bulletins qu'elles éditent sont toujours consultées avec
fruit. Les personnalités éminentes qui les dirigent, les en-
couragent font de ces comités de véritables centres de
rayonnement. Mais est-il permis de dire sans manquer à la
déférence qu'impose leur désintéressement que ces mêmes
personnalités se sont peut-être trop attachées à une pré-
sentation austère des faits coloniaux ? Le public ainsi
touché est réduit en nombre ; les bulletins publiés sont
des sources de documentation précieuse, mais seuls peuvent
s'y abreuver des initiés. L'Union Coloniale a toujours
apporté aux Ministres successifs une collaboration utile.
Elle est née d'une pensée judicieuse : grouper les com-
merçants établis aux colonies, exprimer leurs vœux
auprès des bureaux qui, du fait même qu'ils proposent
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