petit que l'autre et en retire le poisson qui s'y serait éven-
tuellement fourvoyé.
Le pêcheur construit aussi, quelquefois n'importe où
dans la lagune une paillote ronde de i m. 25 environ de
diamètre (dite Amédjroti) cet abri, douze ou vingt jours
après, entouré d'un filet est détruit et la capture des pois-
sous qu'il renferme opérée sans difficulté. Très fructueuse,
cette pêche est prohibée dans certains endroits.
5° La pêche au harpon (Eka-Houan) et à la ligne
« Epooun » est rarement pratiquée en lagune.
Pêche aux crevettes. — La crevette peuple les eaux sau-
mâtres et dormantes de la lagune. Sa pêche rémunératrice
(sa chair étant très appréciée) se fait d'ordinaire à la saison
des pluies. Les lagunes grossies à cette époque par les pluies
torrentielles couvrent les marais avoisinants lui permettant
ainsi de s'aventurer à travers herbes et joncs de la berge
où elle est ensuite aisément capturée. Elle est prise la nuit
soit au filet, à l'épuisette, ou à la nasse dormante.
Le filet à crevettes « Bouloudoh » dont le prix atteint
1£10, de 5 m. de long sur i m. 25 de large, est traîné par
deux individus. Une lanterne allumée dans l'intention d'at-
tirer le crustacé éclaire en même temps l'action du pê-
cheur. Cette lumière est parfois portée à la main, parfois
fixée au bout de la pirogue que traînent les hommes en
se déplaçant.
Epuisette ou « Achouen ». — Maniée d'ordinaire par les
femmes et enfants chalutant le soir les bords de la lagune,
à la lueur des torches enflammées, elle constitue, avec le
filet, la seule façon de pêcher activement la crevette qui se
prend principalement à la nasse dormante plongée le soir
et relevée au petit jour.
*
* *
Pêche aux crabes. — Le crabe d'eau est à citer au nombre
des crustacés peuplant la lagune. La pêche est pratiquée
au moyen du carrelet (Eglé). Cet engin, constitué par un
filet de petite dimension, affecte la forme d'un carré de
o m. 50 X o m. 50. Noyé après avoir été appâté de chair
d'escargot, le carrelet repose au fond de la lagune et est
relié à un flotteur au moyen d'une corde. De temps en
temps le pêcheur va soulever ses carrelets qu'il amène
lentement vers lui, sans déranger le crabe en train de
manger, peu préoccupé de cette manœuvre.
*
* *
Pêche à la main. — A côté des façons de pêcher énu-
mérées ci-dessus et qui ne se pratiquent qu'avec l'aide d'en-
gins, il en existe d'autres qui s'opèrent sans le secours
d'aucun outillage.
C'est ainsi que e l'Assikpê » et l'Akotomé, l'une pêche avec
la main, l'autre, pêche par surprise, se réalisent d'une façon
toute particulière.
Pour procéder à la première, hommes, femmes, enfants,
en bandes pressées rentrent dans l'eau à mi-corps, battent
des mains et obligent ainsi le poisson apeuré à piquer une
tête dans le fond vaseux, d'où il est ensuite saisi sans peine.
Pratiquer l'Akotomé, consiste à élever des barrages
d'argile au déversoir des petits cours d'eau. Lors du reflux
les poissons qui ont remonté un peu trop loin le cours de la
rivière essaient de regagner le lit de la lagune, arrêtés par
les barrages, leur capture devient aisée. Ce sont des pêches
collectives se faisant avec un luxe d'agitation et de cris,
réclamant quelquefois la collaboration de tout un village.
Huîtres. — Elles peuplent les bancs du fond de la lagune
et sont fort appréciées par l'indigène de la côte qui après
les avoir fait bouillir, les agrémente d'une sauce pimentée.
Leur absorption provoque, paraît-il chez l'européen et
chez certains indigènes des symptômes d'empoisonne-
ment.
*
* *
Le barrage (Eha). — Construits en rachis de palmiers et
en tiges de palétuviers, il n'est pas rare de voir la lagune
coupée de barrages transversaux. Ils sont d'ordinaire éle-
vés en avril, mai, par des collectivités de pêcheurs spécia-
lisés qui leur donnent le nom de leur chef.
Le barrage a pour but de réserver à l'association ainsi
formée, l'exclusivité de la pêche dans un rayon déterminé
de la lagune, chaque associé en vue de son édification a versé
sa quote-part mais celle du chef étant supérieure lui confère
sur son exploitation un privilège. C'est ainsi que celui-ci
peut en user consécutivement pour lui seul pendant trois
jours et trois nuits, les autres associés ne pouvant le faire
que pendant deux jours et deux nuits, 2 par 2 et à tour de
rôle. L'une des sœurs du chef la « Tassinon » bien que
n'ayant versé aucune cotisation a néanmoins un droit de
priorité dans la pêche au barrage, parce qu'elle a présidé
aux prières récitées à l'inauguration.
Cette institution tend à se démocratiser et de plus en plus
l'inégalité différenciant les droits du chef de ceux de la
collectivité semble s'aplanir. Elle paraît être une atteinte
assez sérieuse au droit des usagers riverains, tenus dans la
quasi impossibilité de pêcher dans les eaux réservées aux
barrages. Aussi l'emploi de ces derniers, soulève-t-il des
difficultés, bien que résultant de la survivance d'une très
vieille coutume.
*
* *
Pêche jluviale. — Les indigènes établis le long des fleuves
ne s'adonnent que rarement à la pêche, considérée par eux
comme un délassement à leur rude métier d'agriculture.
L'outillage et les procédés de capture qu'ils emploient alors
sont les mêmes que ceux du pêcheur en lagune.
— 22 —
tuellement fourvoyé.
Le pêcheur construit aussi, quelquefois n'importe où
dans la lagune une paillote ronde de i m. 25 environ de
diamètre (dite Amédjroti) cet abri, douze ou vingt jours
après, entouré d'un filet est détruit et la capture des pois-
sous qu'il renferme opérée sans difficulté. Très fructueuse,
cette pêche est prohibée dans certains endroits.
5° La pêche au harpon (Eka-Houan) et à la ligne
« Epooun » est rarement pratiquée en lagune.
Pêche aux crevettes. — La crevette peuple les eaux sau-
mâtres et dormantes de la lagune. Sa pêche rémunératrice
(sa chair étant très appréciée) se fait d'ordinaire à la saison
des pluies. Les lagunes grossies à cette époque par les pluies
torrentielles couvrent les marais avoisinants lui permettant
ainsi de s'aventurer à travers herbes et joncs de la berge
où elle est ensuite aisément capturée. Elle est prise la nuit
soit au filet, à l'épuisette, ou à la nasse dormante.
Le filet à crevettes « Bouloudoh » dont le prix atteint
1£10, de 5 m. de long sur i m. 25 de large, est traîné par
deux individus. Une lanterne allumée dans l'intention d'at-
tirer le crustacé éclaire en même temps l'action du pê-
cheur. Cette lumière est parfois portée à la main, parfois
fixée au bout de la pirogue que traînent les hommes en
se déplaçant.
Epuisette ou « Achouen ». — Maniée d'ordinaire par les
femmes et enfants chalutant le soir les bords de la lagune,
à la lueur des torches enflammées, elle constitue, avec le
filet, la seule façon de pêcher activement la crevette qui se
prend principalement à la nasse dormante plongée le soir
et relevée au petit jour.
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Pêche aux crabes. — Le crabe d'eau est à citer au nombre
des crustacés peuplant la lagune. La pêche est pratiquée
au moyen du carrelet (Eglé). Cet engin, constitué par un
filet de petite dimension, affecte la forme d'un carré de
o m. 50 X o m. 50. Noyé après avoir été appâté de chair
d'escargot, le carrelet repose au fond de la lagune et est
relié à un flotteur au moyen d'une corde. De temps en
temps le pêcheur va soulever ses carrelets qu'il amène
lentement vers lui, sans déranger le crabe en train de
manger, peu préoccupé de cette manœuvre.
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Pêche à la main. — A côté des façons de pêcher énu-
mérées ci-dessus et qui ne se pratiquent qu'avec l'aide d'en-
gins, il en existe d'autres qui s'opèrent sans le secours
d'aucun outillage.
C'est ainsi que e l'Assikpê » et l'Akotomé, l'une pêche avec
la main, l'autre, pêche par surprise, se réalisent d'une façon
toute particulière.
Pour procéder à la première, hommes, femmes, enfants,
en bandes pressées rentrent dans l'eau à mi-corps, battent
des mains et obligent ainsi le poisson apeuré à piquer une
tête dans le fond vaseux, d'où il est ensuite saisi sans peine.
Pratiquer l'Akotomé, consiste à élever des barrages
d'argile au déversoir des petits cours d'eau. Lors du reflux
les poissons qui ont remonté un peu trop loin le cours de la
rivière essaient de regagner le lit de la lagune, arrêtés par
les barrages, leur capture devient aisée. Ce sont des pêches
collectives se faisant avec un luxe d'agitation et de cris,
réclamant quelquefois la collaboration de tout un village.
Huîtres. — Elles peuplent les bancs du fond de la lagune
et sont fort appréciées par l'indigène de la côte qui après
les avoir fait bouillir, les agrémente d'une sauce pimentée.
Leur absorption provoque, paraît-il chez l'européen et
chez certains indigènes des symptômes d'empoisonne-
ment.
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Le barrage (Eha). — Construits en rachis de palmiers et
en tiges de palétuviers, il n'est pas rare de voir la lagune
coupée de barrages transversaux. Ils sont d'ordinaire éle-
vés en avril, mai, par des collectivités de pêcheurs spécia-
lisés qui leur donnent le nom de leur chef.
Le barrage a pour but de réserver à l'association ainsi
formée, l'exclusivité de la pêche dans un rayon déterminé
de la lagune, chaque associé en vue de son édification a versé
sa quote-part mais celle du chef étant supérieure lui confère
sur son exploitation un privilège. C'est ainsi que celui-ci
peut en user consécutivement pour lui seul pendant trois
jours et trois nuits, les autres associés ne pouvant le faire
que pendant deux jours et deux nuits, 2 par 2 et à tour de
rôle. L'une des sœurs du chef la « Tassinon » bien que
n'ayant versé aucune cotisation a néanmoins un droit de
priorité dans la pêche au barrage, parce qu'elle a présidé
aux prières récitées à l'inauguration.
Cette institution tend à se démocratiser et de plus en plus
l'inégalité différenciant les droits du chef de ceux de la
collectivité semble s'aplanir. Elle paraît être une atteinte
assez sérieuse au droit des usagers riverains, tenus dans la
quasi impossibilité de pêcher dans les eaux réservées aux
barrages. Aussi l'emploi de ces derniers, soulève-t-il des
difficultés, bien que résultant de la survivance d'une très
vieille coutume.
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Pêche jluviale. — Les indigènes établis le long des fleuves
ne s'adonnent que rarement à la pêche, considérée par eux
comme un délassement à leur rude métier d'agriculture.
L'outillage et les procédés de capture qu'ils emploient alors
sont les mêmes que ceux du pêcheur en lagune.
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