C'est à un bien joli spectacle d'images d'Épinal que nous convie le Châtelet, avec « Sidonie Panache » — oui, joli et puéril avec des couleurs vives, des détails burlesques et des moments sentimentaux, de l'amour, et du danger juste ce qu'il faut pour que celui-ci donne du prix à celui-là, des contours et des âmes simplifiés et naïfs.
Il y a quelques mois de cela, il m'était arrivé de dire un peu sévèrement ce que je pensais d'une aventure historico-philoso- phique à la fois prétentieuse et vide montée par le même théâtre et que le luxe de l'interprétation et des décors ne sauvait pas devant une salle déconcertée et parfois houleuse, où ni parents, ni enfants ne reconnaissaient le bon vieux théâtre du merveilleux qui les avait charmés si souvent autrefois. Aujourd'hui, j'avoue que j'ai suivi avec beaucoup de plaisir la série d'images cente- naires déjà, et pourtant si pimpantes, avec lesquelles M. Willemetz, sur les rythmes de M. Zluc, a tenté de reconstituer, pour la jeunesse d'aujourd'hui, la conquête de l'Algérie.
Voyez l'avantage du style bon enfant et sans prétention des auteurs. Il ne viendra à l'idée de personne de les chicaner sur l'exactitude d'une ou deux dates, de quelques paroles quasi historiques placées dans des bouches célèbres, sur pas mal d'ana- chronismes et quelques glissades malencontreuses infligées à la vérité documentaire. Et pour tout dire, au fond, nous ne prenons qu'un intérêt mitigé aux déboires amoureux de la jeune blanchisseuse, Sidonie Panache, faisant campagne sous un déguisement parmi les zouaves de Bugeaud, pour sauver de la conscription celui qu'elle aime en secret et sans espoir. Inutile d'ailleurs de préciser qu'au Châtelet, le mot « sans espoir » n'a pas tout-à-fait la signification qu'il aurait dans la vie courante et que nous savons bien que le bel insensible, étant parti malgré Sidonie pour la terre neuve de bataille et de gloire, tout est destiné à s'arranger pour le mieux. Beaucoup d'héroïsme de
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