Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-11-12
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 novembre 1927 12 novembre 1927
Description : 1927/11/12 (A28,N166). 1927/11/12 (A28,N166).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451160g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-HUITIEME ANNEE No 166
LE NUMERO : 30 CENTIMES
SAMEDI SOIn. 12 OVEMRRE 1î»7
JOURMLJPOTIDIEII
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14, .1
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Les Annales Coloniales
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Le* Annales Coloniales ne publient que des arti-
oke tnédus, qui sont leur propriété exclusive.
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avec le supplément illustré :
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France et
Colonies - - 120. 65 » 35.
Étranger ISO » 100 » 50 »
On s'abonna uu frôle dm
tom les bureau de porte.
Le rapport de M. Archimbaud
..8
M. Archimbaud vient de consacrer au bud-
get des colonies un volumineux et intéressant
rapport. C'est d'ailleurs son habitpde.
M. Archimbaud tient, à propos de l'exa-
men des crédits, à faire de notre domaine
colonial un tableau d'ensemble susceptible
d'éclairer, d'instruire ceux de ses collègues
qui, dans l'agitation et l'activité un peu inco-
hérente de la v ie parlementaire, n'ont pas le
temps de suivre de près l'évolution politique
et économique de nos possessions d'outre-mer.
Le rapporteur ne se borne pas à nous don-
ner une monographie des territoires qui ressor-
tissent au Ministère de la rue Oudinot : terri-
toires sous mandat ou colonies proprement
dites, il juge, en outre, utile d'esquisser à
notre intention les grandes lignes de la poli-
tique coloniale. Et, de cela, il convient de
en féliciter.
- M - Archimbaud s'élève avec raison contre
Kabsence de politique coloniale. La France,
dit-il, qui est la seconde puissance coloniale
du monde, n'a pas de politique coloniale.
Ole hésite entre la politique de l'ancien
régime, celle de Colbert, celle du pacte colo-
nial, et celle qui parait imposée et par notre
évolution politique et économique et par celle
des pays dont nous avons pris la charge.
La Révolution, après l' ancien régime, la
Restauration, la Monarchie de juillet, le Se-
cond Empire, ont eu une doctrine coloniale,
ta troisième République n'en a pas, ou, plus
exactement, ne veut pas ou ne sait pas pren-
dre parti entre les doctrines opposées. Elle
n'ose pas en formuler à son tour une nouvelle.
Nous vivons dans le désordre, l'incertitude, et
nous acceptons, au lieu de quelques principes
nets, « un tissu d'erreurs, de contradictions,
de non-sens ».
Cette sévérité n'est pas excessive. Mais,
aussitôt après, M. Archimbaud nous explique
que la matière est délicate et qu'il n'est pas
facile de prendre une détermination et de
choisir une méthode unique.
C'est, qu'en effet, notre domaine colonial
est encore plus varié que vaste. Il renferme
des peuples différents entre e- par la race
et la civilisation, et différents aussi de la
métropole. Que si. dans certains pays, comme
la Réunion, la population est toute d'impor-
tation étrangère l'ile était, en effet, déserte
quand les Français y abordèrent, sous Riche-
lieu, dans - d'autres, au contraire, nous
avons trouvé, au moment de notre établisse-
ment, le sol occupé par des habitants nom-
breux et déjà en possession d'une civilisation
qui, pour n'être pas semblable à la nôtre, n en
était pas moins aigne de la plus grande consi-
dération et avec laquelle nous devons compter.
Entre ces deux cas extrêmes, que dé cas inter-
médiaires et qui demandent chacun une solu-
tion différente ! Des tâtonnements, une cer.
taine incohérence étaient donc inévitables,
mais devait-on les pousser au point qu'ils ont
atteint ? M. Archimbaud ne le pense pas, ni
nous non plus.
a. , 1 1- _! -' - -A- -.J - --
Mais là où Je me séparé oe lUI c est aam
son admiration à l'égard de la politique an-
glaise. Je ne suis pas un détracteur systéma-
tique de ce que font nos amis d'outre-Manche
et nul n'est plus disposé que moi à rendre
hommage à certains de leurs actes et à cer-
taines de leurs méthodes. Mais ne croyons pas
qu'ils n'ont jamais erré et que, du premier
COUD. ils ont atteint le but.
Leur tâche a été relativement facile dans
les pays de peuplement presque exclusivement
les pays de p.
européen : 1 Australie, la Nouvelle-Zélande,
le Canada, l'ne Maurice, etc. Mais, avec
l'Afrique du Sud, les difficultés commencent
et elles sont loin d'être résolues. Le problème
noir se pose et je ne sais de quelle façon les
blancs, boers et anglo-saxons, résisteront à la
formidable poussée qui les menace et devient
chaque jour, par l'afflux des Indiens unis aux
noirs privés de droits politiques, plus puis-
sante, partant, plus dangereuse. Leur situa-
tion n'est pas sensiblement différente de celle
des Européens qui, dans l'Afrique du Nord,
sont en contact avec les populations musul-
manest qui les dominent par le nombre et ris-
aiwnt (L Im vetoDDer-
.,. -- --- -"---1("1("---
Quant à l' Inde, les efforts faits pour adaptet
le nouveau régime politique à 1 évolution des
esprits et de la vie économique ne vont pas
sans quelque déception. L'Indta Bill de
1919, que nous admirons peut-être parce que
tous le connaissons superficiellement, ne
donne satisfaction ni à ceux des Anglais qui
ne peuvent consentir à une diminution de leur
prépondérance politique, ni aux Indiens de
différentes races ou religions. La récente en-
quête qu'a faite M. Maurice Pemot dans la
lléninsule. et que nous avons déjà eu l'occa-
sion de s ignaler, est tout à fait instructive sur
ce point-là.
Mais si la politique anglaise n est pas
exempte d'erreurs, et si elle n'a pas toujours
atteint les buts qu'elle se proposait et apporté
aux problèmes auxquels eUe s'était attachée les
solutions définitives, elle peut, * en revanche,
être pour nous un excellent sujet d études.
Nous risquons d'y trouver peut-être quelques-
uns des éléments de la politique coloniale que
BOUS voulons définir.
M. Archimbaud, nous nous hitons de le
déclarer, a, du sujet, une vue d'ensemble. il
el marque les différents aspects : aspect poli-
tique, aspect humain, aspect économique.
Il souhaite que l'élément européen devienne
plus nombreux dans nos possessions. L'afflux
de population blanche faciliterait, à son avis,
tà solution de certaines difficultés. C'est pos-
sible, encore que j'en sois beaucoup moins
certain que lui-même. Mais je suis sceptique
sur l'écho que trouvera son appel à 1 émigra-
tion. Je crois que, pour des pays comme la
France, et même l'Angleterre, les grandes
p&iodea d'émigration sont passées. L Alle-
magne, l'Italie, pour nous en tenir aux pays
européens, sont appelées à alimenter ces mou-
vements de peuples. Mais ce sont à peu près
lès seuls. L imipian espagno l e diminuera
du jour où la mise en valeur de la pémmule
ibérique se poursuivra avec méthode et éner-
gie, grâce à l'apport des capitaux étrangers et
au concours de la technique extérieure.
M. Archimbaud compte beaucoup sur la
propagande coloniale pour déterminer nos
compatriotes à quitter la métropole pour les
colonies et aussi pour créer une mentalité im-
périale. J'ai eu, l'an dernier, l'occasion de le
chicaner sur cette expression et je n' y revien-
drai pas. Je lui ferai seulement observer qu'il
incrimine à tort notre enseignement. Je ne
saurai dire exactement ce qui se passe dans
l'enseignement primaire, mais, en ce qui
regarde l'enseignement secondaire, je puis
regar d l' ense i gnement fucnoe n expér i ence assez
apporter le témoignage d'une expérience assez
longue et qui contredit les allégations de M.
Messimy aussi bien que les siennes. Je ne
pense pas qu'il soit possible de donner dans
nos programmes une place plus grande à l'en-
seignement de l'histoire coloniale. Les heures
qui y sont consacrées suffisent pour éveiller les
vocations coloniales qui sommeillent chez quel-
ques-uns de nos enfants. - -
La complexité du problème politique
n'échappe pas au rapporteur. Il nous semble,
d'autre part, gagné aux conceptions raison-
nables. Bien qu'il emploie l' expression dont
nous lui avons fait grief à de certains mo-
ments, il est hostile à la doctrine impériale
proprement dite. Il pose « le principe que
l'autonomie de nos possessions doit être le but
plus ou moins lointain de notre politique colo-
niale ». Voilà qui est bien. « Indigènes et
colons doivent un jour s'administrer eux-
mêmes. C'est, ajoute-t-il, inévitable et c'est
aussi souhaitable. » Nous sommes absolument
de son avis et nous estimons que l'effort de
notre administration doit tendre à ce but.
L'on devine déjà la réponse qu'il fait à la
question de la représentation des indigènes au
Parlement, que M. Diagne a posée récem-
ment à la Chambre des députés. M. Archim-
baud v est hostile autant que les colons français
du Maroc, de la Tunisie, de l'Indochine.
« Lorsque tous nos colons auront leur repré-
sentant au Parlement, nous pourrons examiner
le problème de la représentation indigène.
Mais alors - seulement. » -
M. Archimbaud m excusera de ne pas être
d'accord avec lui. Il faut examiner le pro-
blème de la représentation des indigènes. Car
il est urgent de le faire. Mais, pour ce qui
est de la solution, nous verrons. Pour ma
part, je suis hostile à ce qui ressemblerait au
geste fait en 1846. Je ne veux pas maintenir
i indigène dans une situation inférieure. Loin
de là. Mais je considère qu'il y a d'autres
moyens de travailler à sa libération que celui
qui consiste à lui donner le droit d envoyer un
député au Parlement français. D, si l' on veut,
ce qui est fort défendable, créer un lien poli-
tique entre la métropole et ses possessions,
pourquoi ne pas envisager la création d'un
organisme permanent ou temporaire qui grou-
perait les représentants de toutes nos colonies ?
M. Archimbaud semble, d'ailleurs, songer à
une solution de ce Renre.
C'est un principe semblable qu'il place à la
base du développement économique des colo-
nies. Il s'élève contre l'idée de faire d'elles
un complément de la métropole et préconise
le projet de leur donner une vie sinon indé-
pendante, tout au moins autonome ou, pour
être plus exact, de les laisser à leur génie pro- !
pre, produisant ce qu' elles peuvent produire
dans les meilleures conditions possibles. C'est
une vue exacte des choses comme il est juste
de se débarrasser des vieilles doctrines du
pacte colonial que contredit l'évolution du
monde moderne.
Il me semble pourtant que quelques contra-
dictions se sont glissées dans le rapport de
M. Archimbaud et que, dans certains pas-
sages, il incline vers les thèses dont il avait
auparavant montré les erreurs.
Mais je m'aperçois que cet article est déjà
long et qu'il me reste encore des observations
assez nombreuses à présenter. Ce sera pour la
prochaine fois.
Henry Fontanier
Député du Cantal.
La Fête du Il Novembre
--0-0--
L'anniversaire de l' Armistice a été fêté,
hier, dans toutes les colonies françaises, avec
la même joie mélangée de deuil qui régnait
il y a neuf ans.
A Sfax, a eu lieu, à 10 heures, une pris*
d'annes devant le monument aux morts de la
Grande Guerre.
Au Maroc, toutes les villes ont manifesté
avec éclat, malgré des pluies torrentielles.
Le matin, à Rabat, a eu lieu une grande
revue passée par le général, Vidalon, com.
mandant supérieur des troupes, en présence de
M. Steeg, résident général, de tous les hauts
fonctionnaires du protectorat, du grand vizir
représentant le Sultan et des ministres chéri-
fiens. A Meknès, la revue a été passée par le
général Freydenberg, en présence du Sultan,
de ses fils et de sa cour.
Partout, des réceptions ont eu lieu, suivies
de banquets organisés par les anciens combat-
tants. Toutes les villes sont décorées et pavoi-
- » •
sées aux couleurs françaises et chênnennes.
A Beyrout h, le haut commissaire de France
en Syrie, le représentant de la République
libanaise, les consuls des puissances alliées,
sont allés déposer des couronnes aux cime-
tières militaires catholique, protestant, musul.
man, indochinois et boudhiste.
Signalons encore (que l'ancien sultan du
Maroc, Moulay Hafid, a fait un don de 1.200
francs aux deux principales associations de
mutilés et ancieaa combattants, à l'occasion de
l'anniversaite.
Au Salon nautique
00
M. Léon Peniet. ministre des Colonies,
arrivé au Grand-Palais à 14 h. 30, a visité»
cet après-midi, le Salon Na\jtiqoe.
Une politique des ports en A.O.F.
Il faut un port
à la Côte d'Ivoire
----0-0-
Grand- - Bassam - Mossou, Port-
Botiet-Abidiait ou Vridi-Abidjan,
le choix d'un de ces Points p-our la
construction du port de la Côte d'Ivoire est,
au fond, assez secondaire. Ce qui est abso-
lument nécessaire et urgent, c'est l'exécution
rapide du port. Ce qui est également indis-
pensable, c'est l'exécution de cet ouvrage en
zone lagunaire, zone dans laquelle existe un
magnifique réseau navigable parallèle au
littoral et où aboutissent, avec le chemin de
fer venant du Nord, les fleuves Comoë et
Batidama et nombre de rivières secondaires
utilisées pour le flottage des bois. La per-
cée du canal des lagunes, près de Grand-
Lahou fait communiquer le système des la-
gunes de l'Ouest avec la grande lagune cen-
trale ou lagune Ebrié et l'on envisage par
ailleurs la possibilité de relier également à
cette dernière, par Vintermédiaire du fleuve
Comoë et d'un canal d'une trentaine 'de ki-
lomètres, la lagune Aby qui se trouve en
arrière d'As si nie et tout le système lagu-
ttaire de l'Est. Le port drainera ainsi très
facilement, avec ceux venant de la I/allle-
Volta, ou du Nord de la Côte d'Ivoire, tous
les produits fournis par la moitié Est de
cette dernière colonie, partie qui est de beau-
- coup la plus développée, économiquement. Il
permettra aussi de supprimer en fait les es-
cales d'Assinie et de Grattd-L.ahou, puisque
ces centres commerciaux seront en communi-
cation avec lui et trouveront plus d'avan-
tages à lui envoyer leur frêt qu'à le charger
directement, même s'ils devaient être munis
de wllarfs, ce qui n'est pas le cas actuelle-
ment et n'est pas non plus, que nous sa-
chions, dans les projets du Gouvernement de
la colonie.
Un port à Bassam ou Abidjan ne pourra
résoudre toutefois toute la question outil-
lage maritime d'un pays comme la Côte
d'Ivoire qui a plus de 500 kilomètres de
dites, qui est appelé à un vaste essor éco-
nomique et dont toute la partie Ouest res-
tera pratiquement isolée de celle desservie
par le chemin de fer actuel et le réseau la-
gunaire. Il faudra envisager avant long-
temps la construction d'un second ouvrage
et tout le monde paraît d'accord pour en-
treprendre celui-ci à Sassandra, centre com-
mercial situé à l'embouchure du fleuve du
mime nom et d'où devra partir tôt ou tard,
une voie ferrée traversant la forêt, dans sa
plus grande frofondeut. Cette voie ferrée
pourrait être dirigée sur Daloa puis, de ce
point, par des cmbrandlemults, vers Man,
à l'Ouest de la colonie et vers Bonaké, à
l'Est, où elle rejoindrait la ligne venant
'd! Abidjan.
La zone forestière qui se trouve en ar-
rière de Sassandra couvre une superficie
considérable et les quelques prospections
faites tendent à la présenter comme extrê-
mement riche en bois exploitablcs. Cettet
zone est au surplus la plus peuplée de la
colonie. La culture du kolaticr y est en hon-
neur depuis longtemps, mais elle y a pris
ces dernières amtées. concuremment avec la
culture du cacaoyer et du caféier, une exten-
sion très illtéressanfe.
La voie ferrée amorcée, le trafic du port
de Sassandra peut donc subitement voir son
trafic se développer dans une proportion
tout à fait imprévue. Nous estimons, en
conséquence, que l'outillage de ce point
d'embarquement devra marcher de pair avec
la construction du chemin de fer projeté.
Il ne s'agira pas, du reste, d'engager im-
médiatement dans cet outillage des sommes
bien considérables. Sassandra est beaucoup
moins battu Par la barre que les autres
points de la côte. La baie qui se trouve de-
vant la ville et à qui est duc cette situation
favorisée est probablement trop petite pour
servir à l'aménagement d'un Port accessible
aux grands lIavires. Par contre, avec quel-
ques travaux pour la protéger contre l'ensa-
blement, elle peut être Ittilisée pour l'édi-
fication, soit de quais accessibles aux embar-
cations effectuant le transit, soit de wharfs
dont le rendement, à outillage égal, serait
certainement très supérieur à celui des
wharfs de Cotonou ou de Grand-Bassam,
car leur fonctionnement serait assez rare-
ment entravé par le mauvais temps. La cons-
truction d'un port véritable en ce point
fourrait ainsi être différée.
Restera, à l'extrême Ouest de la colonie,
Vescale de Tabou, avec ses moyens d'em-
barquement excessivement précaires. Le ton-
nage transité à Tabou est toutefois assez ré-
duit et ne paraît pas susceptible d'augmelt-
tation rapide. On peut donc laisser momen-
tanément cette escale dans son état atturl
et réaliser en premier lieu ce qui est abso-
lument indispensable. Or, pour la Côte
d'Ivoire, cet indispensable consiste, attuel-
lement, au point de vue de l outillage mari-
time, dans la construction d'un port mo-
derne, en eau calme, à Bassam Mossou on
Port-Bouet ou Vridi-Abidjan; fuis, pour la
zone Ouest, l'édification, dans la baie de
Sassandra, ae quais ou wharfs destinés à
faciliter le transit d'un tonnage qui se dé-
veloppe rapidement et s'avérera très impor-
tant dès que pourra être amorcée la ligne de
chemin de fer appelée à desservir les rê-
vions du centre et du Nord-Ouest de
la Colonie.
Pierre Valude,
Député du Cher,
Ancien mmtetre.
-– «t!
A TANGER
--0-0--
Deux contre-torpilleurs anglais ont fait
relâche en rade de Tanger.
Au Ministère des Colonies
Cet après-midi, à 4 h. 1/2, une délégation
des anciens combattants est venue dans le
salon d'attente du Ministère des Colonies
déposer une gerbe devant la stèle élevée dans
la sa lle d'attente à la mémoire des anciens
combattants de l'Administration centralè du
Ministère des Colonies.
M. Léon Perrier, ministre des Colonies, a
fait, à la même heure, un geste semblable.
Les jetonsaoaaaie ta A. 0. F.
00
La Section de l'Afrique Occidentale, au
cours de sa dernière séance, a examiné la
question des jetons-monnaie dans les diffé-
rentes colonies de l'A.O.F : il a été décidé
que les Chambres de Commerce dèS colo-
nies du groupe seraient priées de faire une
enquête sur les besoins dé ces colonies en
monnaie divisionnaire afin que l'excédent
puisse être rapatrié sans inconvénient pour
les opérations commerciales.
La Section a pris connaissance des derniè-
res mesures adoptées par le Gouverneur Gé-
néral de l'Afrique Occidentale en vue de lut-
ter contre l'épidémie de fièvre jaune qui sé-
vit actuellement au Sénégal : ces mesures,
excellentes, ne sauraient qu'être unanime-
ment approuvées.
Enfin, la Section a entendu les doléances
des commerçants français installés en Guinée
portugaise : l'attention du Ministère des
Affaires étrangères sera appelée sur les diffi-
cultés considérables qu'ils éprouvent pour le
rapatriement de leurs devises en vue d'une
démarche ultérieure auprès du Gouverne-
ment de Lisbonne.
AU CONSEIL D'ETAT
0-0
Rejet d'une requête des instituteurs
et institutrices de la Guyane
Le Conseil d'Etat a annulé la requête quj
M. Elizé et les dames Uoris, Stanislas, ins-
tituteur et institutrices à la Guyane,
avaient introduite, contre un arrêté en
date du 23 juillet 1U2G par lequel le gou-
verneur de la Guyane Française a abrogé
les dispositions de l'art. 3 de l'arrêté du S
mars 1024, fixant le traitement du person-
nel dl' l'enseignement primaire cm: Guyane
Et cette décision de rejet a été prise pour
le motif qu'aux termes de l'art. 8 du décret
du 8 septembre 1921, « les suppléments co-
loniaux attribués par les règlements anté-
rieurs aux fonctionnaires de 1 enseigne-
ment secondaire et de l'enseignement pri-
maire, en service dans la colonie de la
Guyane, sont supprimés ;
.Qu'en fixant, par l'arrêté attaqué les
traitements du personnel de l'enseigne-
ment primaire, sans y comprendre un sup-
plément colonial, le gouverneur de lu
Guyane n'a fait qu'assurer l'application du
décret précité, qui n'avait pas été InudnL:
sur ce point par le décret du 21) juillet 19i3
que, par suite, les requérants ne sont pas
fondés à soutenir que le Gouverneur a ex-
cédé ses pouvoirs,dès lors leur requête doit
être rejetée.
Dans les territoires africains à mandat
Au cours de sa dernière séance, )a Sec-
tion du Togo-Cameroun a examiné les tarifs
de transport sur les chemins de fer du Ca-
meroun par comparaison avec les tarifs en
vigueur sur le chemin de fer de Thiès l
Kayes et au Niger.
Elle a également étudié la situation juri-
dique des Sociétés anonymes françaises éta-
blies dans les territoires africains sous man-
dat. Elle a enfin examiné le récent décret
du 26 octobre relatif à la recherche et à
l'exploitation des substances minérales au
Togo.
Dépêches de l'Indochine
----()()--
Mouvements du port de Saigon
Au cours du mois d'octobre 1927, 44 na-
vires sont entrés, d'une jauge. brûle totale
de 193.642 tonnes. 44 navires sont sortis,
d'une jauge brute totale de 175.0Q7 tonnes,
savoir :
Importations Tonnes
17 français auec. 13.583 tonnes
6 anglais 1. 7ffi
5 japonais.,.,.,. 3.081
8 norvégiens 3.730
4 chinois 2.210 –•
4 Iwll.andais.,..,.,. 3.377
Exportations :
20 français avec 47.209 tonnes
4 anglais 10.391 -
1 américain 3.119 _e
3 iaponais , , 713-
8 norvégiens .,.,. 14.201 -
3 chinois : 3.784 _8
R hollandais ». 5.568
.---. -.-.-.--- _---
Les exportations de riz par Haïphong
Elles ont atteint en octobre un total de
8.146 tonnes, savoir -
lliz blanc :
Sur l'Etranger 7.703 tonnes
Brisures. , 4e -
Le total des sorties de riz du Tonhin de-
puis le 1er janvier 1927, atteint 129.433 ton-
nes.
Mouvements du port de Haïphong
45 navires sont entrés en octobre d'une
jauge brute totale de 111.825 tonnes ;
40 navires sont sortis, d'une jauge brute
totale de 116.843 tonnes, savoir :
Importations Tonnes
20 français avec 5.429 tonnes
8 anglais .., ,. , ..,. :1.286 --
7 japonais 2.405 -
.¡. norugiens :, ..;" ,. 217 –•
1 hollandais 1.978
1 américain ..,.,.,.", 2.086 –•
Exportations Tonnes
19 français avec o 21.746 tonnes
6 anglais .,:.-.,,'u 1.447 -
6 japonais ,.,., 17.691 –•
b norvégiens ..t.*..»«..* 10.105 -
4 chinois ..,..,. 5.399 -
Les bois de nos colonies
00
Qu'en fait-on ?
Que deviennent les bois de nos colonies
après leur débarquement dans les ports de la
métropole ? Quelles transformations subissent-
ils ? Leur emploi est-il en progression ? Enfin,
l'utilisation d une de nos plus sûres richesses
d'outre mer suscite-t-elle un peu de curiosité
(il serait vain de demander davantage pour le
moment) dans le public ?
C'est à cette dernière question que mon
enquête a fourni dès l'abord une réponse.
Une réponse franchement négative.
Le boit colonial devient-il « dieu, table ou
cuvette » ? Le public s'en soucie aussi peu
que de savoir si le riz qu'il mange arrive de
Saigon ou si le pneumatique sur lequel il roule
provient du latex cambodgien. Il a grande-
ment tort, à plusieurs points de vue que nous
examinerons au chapitre des « moralités ».
Voici, pour le moment, quelques aperçus de
l'ignorance générale.
Un grand magasin
Le quartier est populeux. Le magasin, très
vaste, vend à peu près de tout et pour tous les
goûts. Parmi ses rayons où l' on perd aisément
le sens de l'orientation «c'est ce qu'il faut »,
disait un jour un magnat du commerce : « le
client doit entrer facilement, comme dans une
nasse, et. une fois dedans, ne olus savoir com-
ment sortir » on trouve du pauvre article
et de l'article riche, du clinquant et du so-
lide, du faux luxe et, ma foi, du vrai. Les
meubles, notamment, sont très divers. Ils occu-
pent un vaste espace. La maison, je crois,
place en eux son orgueil, car un orchestre,
d'ailleurs excellent, attire dans leurs parages
la foule mi-ouvrière, mi-bourgeoise qui cons-
titue la clientèle de la maison. Ici règne l' ar-
moire à glace à un, deux ou trois corps, le
premier objet par lequel le peuple théorique-
ment le plus égalitaire du monde s'empresse
de témoigner, dans la pratique, qu'il a dé-
passé le niveau commun. C'est bien le diable
si, au milieu de ces armoires, lits, tables à
manger, buffets, fauteuils, chaises, canapés et
bibliothèques, je ne wis pas trouver l'odeur,
tout au moins, de la forêt gabonaise et la cou-
leur de -ses acajous.
Mais. déception !
Le chef de service à qui je m'adresse ne
saurait me guider dans mon exploration, heu-
reusement moins périlleuse que celle de la
forêt tropicale. Il ignore la provenance de la
matière, belle, passable ou pire que ses subor-
donnés, sous son œil vigilant, célèbrent avec
une chaleur de bon ton. « Au reste, me con-
fie-t-il, bois colonial ou bois d'Europe, c'est
tout à fait égal à l' acheteur. »
Il a bien entendu parler des bois coloniaux
et croit qu'ils figurent çà et là ; mais il ne
peut dire exactement en quel canton de son
fief, en quels meubles ils sont offerts à l'émo-
tion patriotique des visiteurs.
Ce n est d'ailleurs pas de sa faute, on le
verra plus tard, et je ne voudrais pas que ce
haut employé prît en mauvaise part ma cri-
tique- J' en serais d'autant plus contrit qu'il
mit la plus grande obligeance à m'indiquer les
fabricants aptes à satisfaire mes curiosités..
Mais cette critique, je la crois nécessaire.
Un autre grand magasin
Pas plus grand, celui-ci, que celui-là, mais
plus luxueux, plus lumineux, avec je ne sais
quoi de léger, de féminin : les odeurs qui
flottent peut-être, ou la quantité incroyable de
jeunes et jolies femmes qui font l'atmosphère
capiteuse. Mais ne nous attardons pas et éle-
vons-nous (par l'ascenseur) au-dessus des ten-
tations du siècle. Nous ne sommes pas ici poui
nous complaire au spectacle des mains soignées
qui tripotent les combinaisons ou essaient les
limes à ongles. Le temps de m' apitoyer sur le
sort du garçon de la cabine, condamné à des
travaux forcés éternellement verticaux, aéro-
naute sans horizon, goélan en vase clos qui ne
s'envole vers les cieux que pour retomber sans
répit plus bas que terre. et je débarque au
quatrième étage.
Là, une jaquette noire me guide vers une
autre jaquette noire entourée de déférence.
u M. l'administrateur de l'ameublement »,
à qui j'ai affaire, m'écoute et me répond avec
la meilleure volonté du monde-
Mai s, hélas ! bois clairs et gais comme un
matin de mai, et vous leurs voisins, voire leurs
reflète nts, bois aux sombres lueurs d'étang qui
conjo i
te l'automne, ce n'est pas encore aujour-
d'hui que je saurai si vous vous appelez Avo-
diré, Makoré, Bilinga ou Maidou.
Mon administrateur, sans doute, administre
fort hin- rar il a la bouche lovale et l'oeil
intelligent, mais il ne sait si ses meubles ont
d'abord poussé il a bien fallu, n'est-ce pas,
qu'ils commencent par là en Europe, en
Asie, en Afrique ou en Amérique.
Ne croyez-vous pas que certains acheteurs
apprendraient avec plaisir que, par exemple,
cette séduisante bibliothèque, de couleurs et
de forme si heureuses, a été fabriquée avec des
bois de nos colonies ?
- Mais, monsieur, nous ne pouvons tout de
même pas exiger de nos venoeurs qu'ils sui-
vent des cours spéciaux !
Non, évidemment, ai-ie répondu, mais il
y a quelque chose à tenter dans ce sens.
Avant de me diriger vers le faubourg Saint-
Antoine troisième étape de mon enquête, je
contemplai une altière colonne, d un noir
d'ébène, une sorte de fuseau élégant et ro-
buste, surmonté d'un marbre, et résolument
anonvme.
-- Fallait-il être fier d'être Français en regar-
dant cette colonne > le ne voulus pas m'attar-
der à cette pensée. Reprenant l'ascenseur, je
préférai me demander si le garçon libellait
ainsi sa profession sur ses cartes de visite :
X.
Ludion.
R. B 4e Laromiguière
L'Aviation Coloniale
Casablanca-Toulouse
Le 10 novembre, à il heures, un accident
s'est produit à l'aérodrome de Lailaba-
nère.
Un avion postal faisant le service Casa-
blanca Toulouse, pris par une rafale de
vent au moment de l'atterrissage, a été com-
plètement rctourné. Le pilote est indemne,
mais deux passagers ont été blessés ; l'un
d'eux, grièvement atteint, a dû être trans-
porté à l'hôpital.
Bruxelles-Congo
Les aviateurs Medaets et Verhaegen, à
bord de leur avimi Heine-Elisabeth, ont
décollé de l'aérodrome de Wevelgaem liie"
matin à 7 h. 46, pour tenter le raid Belgi-
que-Congo. Ce départ s'est effectué dans
d'excellentes conditions. Malheureusement.
à y h. 50, près (le la Ferté-sur-Aube, entre
Chaumont et Uar-sur-Aube. par suite de la
mauvaise visibilité, les aviateurs, qui
luttaient contre les élément s i. t notamment
contre une forte tempête de neige, durent
descendre très bas. Uno butte de terre qui
surplombait la ferme du Val, près de la
Ferté-sur-Aube, les arrêta. L'avion vint pi-
quer au sol. Les aviateurs furent projetés
hors de la carlingue et l'appareil, conti-
nuant sa course, alla capoter cinquante
mètres plus loin.
Medaets est le plus grièvement atteint. Il
porte des blessures à la tète et & la poitrine.
Verhaegen corte également une blessure A
la tête et se plaint de commotions à la poi-
trine. Cependant, la vie des aviateurs ne
parait pas en danger.
Quant à l'avion, il est complètement dé-
truit.
A Bruxelles, l'annonce de l'échec des
aviateurs Medaets et Verhaegen a produit
une profonde émotion.
France-Amérique du Sud
En raison d'une légère indisposition, les
aviateurs Gestes et Le lirix ont retardé leur
départ pour Montevideo, (lui devait avoir
lieu aujourd'hui.
Raid africain
Lady Cobham accompagnera son mari,
sir Alan Cobham, dans la formidable ran-
donnée aérienne de 12.000 kilomètres qu'il
doit entreprendre le 17 courant au-dessus de
l'Afrique et qui doit durer environ treize
mois et demi.
A LA CHAMBRE
DEBATS
Emprunt du Congo
An début de la seconde séance do jeudi,
la Chambre a voté sans discussion le projet
de loi, complétant la loi du J:! juillet 11KHJ
autorisant le Gouvernement général (lu,
Congo, à contracter un emprunt de 21 mil-
lions de francs pour exécuter divers tra-
vaux d'utilité publique et d'intérêt général,
modifiée par la loi du :11 mars 1014.
L article unique ainsi conçu :
L'objet de l'article premier de la loi du
12 juil/et lîKJO, mudiliéo par celle du 31
mars 1014, dont l'énoncé est :
« Cfibles Libreville à Loango, 2.7UO.OOO
francs, est modifié comme suit :
« Cubes Libreville h Luungo et Brazza-
ville à Kmshassa (Congo belge), 2.700.00!>
francs », mis aux voix a été adopté.
Versement au Trésor public, par la Banque
de la Guadeloupe, de la contre-valeur des
billets des émissions antérieures à 1907
non encore présentés au remboursement.
Ce projet de loi dont l'article premier est
ainsi rédigé. :
Il La banque de la Guadeloupe uevr-i,
dans les trois mois qui suivront la promul-
gation de la présente loi dans la colonie,
verser en numéraire, au Trésor public, une
somme, représentant le IHulIlm,t des billets
de toutes les émissions de cet établissement
de crédit, antérieures à celles de 1907, qui
n'auront, pas été échangées contre des cou-
pures (tu nouveau type >> mis aux voix a été
adopli".
Organisation judiciaire de la Guadeloupe
La Chambre a voté sans débat un pro-
jet de loi relatif à l'organisation judiciaire
de la Guadeloupe et créant ur.' tribunal d
commerce à la Pointe-ii-Pitre.
En voici le texte :
( Article prenne v. - La justice est ad-
ministrée dans les colonies de la (iuadf.
loupe, <10 la Martinique et de la Réunion,
par des tribunaux de paix, des tribunaux
de première instance, des tribunaux mixtes
de commerce, des cours d'appel et des
cours d'assise^, -
« Art. 3, 2. - Les tribunaux mixtes
de commerce sont créés, suivar.t les be-
soins, par des décrets pris sur bi propo-
sition du ministre des Colonies et contre-
signés par le ministre de la Justice, qui
en fixpnt, pour chaque colonie, !<• nombre et
le ressort.
« Ils se composent du président du tti-
bunal civil, président ; de deux juges élus
pour deux ans par l'assemblée des éle'c-
teurs des chambres de commerce suivart,
le mode et les conditions d'éleetorat et
d'éligibilité adoptés pour l'élection des
membres de ces chambres : de trois juges
suppléants élus dans les mêmes formes et
mêmes conditions que les juges consulai-
res (H qui sont chargés de les remplacer
en cas d'absence ou d'empêchement ; d"
procureur (h la République du ressort ou
de son substitut : d'un greffier IIll commis
greffier du ressort.
Il En cas d'absence on d'empêchement du
président du tribunal. il sera remplacé, de
droit par le plus ancien des juges du ln-
lmnnl de première illstni1:cc,
« Les juges consulaires et leurs sup-
pléants continueront leurs fonctions jusqu':\
la nomination de leurs successeurs. Leur
mandat est gratuit et indéfiniment renouve-
lable.
« Avant d'entrer en fonctions, les juge3
consulaires et leurs suppléants prêteront
serment devant la oour d'appel de la colonie
dans les conditions prévues par farticta
229 du code de commerce.
« La compétence des tribunaux mixtes
LE NUMERO : 30 CENTIMES
SAMEDI SOIn. 12 OVEMRRE 1î»7
JOURMLJPOTIDIEII
Réfaction & Administration :
14, .1
PARIS on
TIILDH. s LOUVRI IMf
- ItlCHKLIKU «7-M
Les Annales Coloniales
lit annonces et rlelAme..cm. repa au
bureau du journal
Dimctwm. MftrMl RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Le* Annales Coloniales ne publient que des arti-
oke tnédus, qui sont leur propriété exclusive.
ABONNEMENTS
avec le supplément illustré :
Un en 6 Moi. 3 Mo:.
France et
Colonies - - 120. 65 » 35.
Étranger ISO » 100 » 50 »
On s'abonna uu frôle dm
tom les bureau de porte.
Le rapport de M. Archimbaud
..8
M. Archimbaud vient de consacrer au bud-
get des colonies un volumineux et intéressant
rapport. C'est d'ailleurs son habitpde.
M. Archimbaud tient, à propos de l'exa-
men des crédits, à faire de notre domaine
colonial un tableau d'ensemble susceptible
d'éclairer, d'instruire ceux de ses collègues
qui, dans l'agitation et l'activité un peu inco-
hérente de la v ie parlementaire, n'ont pas le
temps de suivre de près l'évolution politique
et économique de nos possessions d'outre-mer.
Le rapporteur ne se borne pas à nous don-
ner une monographie des territoires qui ressor-
tissent au Ministère de la rue Oudinot : terri-
toires sous mandat ou colonies proprement
dites, il juge, en outre, utile d'esquisser à
notre intention les grandes lignes de la poli-
tique coloniale. Et, de cela, il convient de
en féliciter.
- M - Archimbaud s'élève avec raison contre
Kabsence de politique coloniale. La France,
dit-il, qui est la seconde puissance coloniale
du monde, n'a pas de politique coloniale.
Ole hésite entre la politique de l'ancien
régime, celle de Colbert, celle du pacte colo-
nial, et celle qui parait imposée et par notre
évolution politique et économique et par celle
des pays dont nous avons pris la charge.
La Révolution, après l' ancien régime, la
Restauration, la Monarchie de juillet, le Se-
cond Empire, ont eu une doctrine coloniale,
ta troisième République n'en a pas, ou, plus
exactement, ne veut pas ou ne sait pas pren-
dre parti entre les doctrines opposées. Elle
n'ose pas en formuler à son tour une nouvelle.
Nous vivons dans le désordre, l'incertitude, et
nous acceptons, au lieu de quelques principes
nets, « un tissu d'erreurs, de contradictions,
de non-sens ».
Cette sévérité n'est pas excessive. Mais,
aussitôt après, M. Archimbaud nous explique
que la matière est délicate et qu'il n'est pas
facile de prendre une détermination et de
choisir une méthode unique.
C'est, qu'en effet, notre domaine colonial
est encore plus varié que vaste. Il renferme
des peuples différents entre e- par la race
et la civilisation, et différents aussi de la
métropole. Que si. dans certains pays, comme
la Réunion, la population est toute d'impor-
tation étrangère l'ile était, en effet, déserte
quand les Français y abordèrent, sous Riche-
lieu, dans - d'autres, au contraire, nous
avons trouvé, au moment de notre établisse-
ment, le sol occupé par des habitants nom-
breux et déjà en possession d'une civilisation
qui, pour n'être pas semblable à la nôtre, n en
était pas moins aigne de la plus grande consi-
dération et avec laquelle nous devons compter.
Entre ces deux cas extrêmes, que dé cas inter-
médiaires et qui demandent chacun une solu-
tion différente ! Des tâtonnements, une cer.
taine incohérence étaient donc inévitables,
mais devait-on les pousser au point qu'ils ont
atteint ? M. Archimbaud ne le pense pas, ni
nous non plus.
a. , 1 1- _! -' - -A- -.J - --
Mais là où Je me séparé oe lUI c est aam
son admiration à l'égard de la politique an-
glaise. Je ne suis pas un détracteur systéma-
tique de ce que font nos amis d'outre-Manche
et nul n'est plus disposé que moi à rendre
hommage à certains de leurs actes et à cer-
taines de leurs méthodes. Mais ne croyons pas
qu'ils n'ont jamais erré et que, du premier
COUD. ils ont atteint le but.
Leur tâche a été relativement facile dans
les pays de peuplement presque exclusivement
les pays de p.
européen : 1 Australie, la Nouvelle-Zélande,
le Canada, l'ne Maurice, etc. Mais, avec
l'Afrique du Sud, les difficultés commencent
et elles sont loin d'être résolues. Le problème
noir se pose et je ne sais de quelle façon les
blancs, boers et anglo-saxons, résisteront à la
formidable poussée qui les menace et devient
chaque jour, par l'afflux des Indiens unis aux
noirs privés de droits politiques, plus puis-
sante, partant, plus dangereuse. Leur situa-
tion n'est pas sensiblement différente de celle
des Européens qui, dans l'Afrique du Nord,
sont en contact avec les populations musul-
manest qui les dominent par le nombre et ris-
aiwnt (L Im vetoDDer-
.,. -- --- -"---1("1("---
Quant à l' Inde, les efforts faits pour adaptet
le nouveau régime politique à 1 évolution des
esprits et de la vie économique ne vont pas
sans quelque déception. L'Indta Bill de
1919, que nous admirons peut-être parce que
tous le connaissons superficiellement, ne
donne satisfaction ni à ceux des Anglais qui
ne peuvent consentir à une diminution de leur
prépondérance politique, ni aux Indiens de
différentes races ou religions. La récente en-
quête qu'a faite M. Maurice Pemot dans la
lléninsule. et que nous avons déjà eu l'occa-
sion de s ignaler, est tout à fait instructive sur
ce point-là.
Mais si la politique anglaise n est pas
exempte d'erreurs, et si elle n'a pas toujours
atteint les buts qu'elle se proposait et apporté
aux problèmes auxquels eUe s'était attachée les
solutions définitives, elle peut, * en revanche,
être pour nous un excellent sujet d études.
Nous risquons d'y trouver peut-être quelques-
uns des éléments de la politique coloniale que
BOUS voulons définir.
M. Archimbaud, nous nous hitons de le
déclarer, a, du sujet, une vue d'ensemble. il
el marque les différents aspects : aspect poli-
tique, aspect humain, aspect économique.
Il souhaite que l'élément européen devienne
plus nombreux dans nos possessions. L'afflux
de population blanche faciliterait, à son avis,
tà solution de certaines difficultés. C'est pos-
sible, encore que j'en sois beaucoup moins
certain que lui-même. Mais je suis sceptique
sur l'écho que trouvera son appel à 1 émigra-
tion. Je crois que, pour des pays comme la
France, et même l'Angleterre, les grandes
p&iodea d'émigration sont passées. L Alle-
magne, l'Italie, pour nous en tenir aux pays
européens, sont appelées à alimenter ces mou-
vements de peuples. Mais ce sont à peu près
lès seuls. L imipian espagno l e diminuera
du jour où la mise en valeur de la pémmule
ibérique se poursuivra avec méthode et éner-
gie, grâce à l'apport des capitaux étrangers et
au concours de la technique extérieure.
M. Archimbaud compte beaucoup sur la
propagande coloniale pour déterminer nos
compatriotes à quitter la métropole pour les
colonies et aussi pour créer une mentalité im-
périale. J'ai eu, l'an dernier, l'occasion de le
chicaner sur cette expression et je n' y revien-
drai pas. Je lui ferai seulement observer qu'il
incrimine à tort notre enseignement. Je ne
saurai dire exactement ce qui se passe dans
l'enseignement primaire, mais, en ce qui
regarde l'enseignement secondaire, je puis
regar d l' ense i gnement fucnoe n expér i ence assez
apporter le témoignage d'une expérience assez
longue et qui contredit les allégations de M.
Messimy aussi bien que les siennes. Je ne
pense pas qu'il soit possible de donner dans
nos programmes une place plus grande à l'en-
seignement de l'histoire coloniale. Les heures
qui y sont consacrées suffisent pour éveiller les
vocations coloniales qui sommeillent chez quel-
ques-uns de nos enfants. - -
La complexité du problème politique
n'échappe pas au rapporteur. Il nous semble,
d'autre part, gagné aux conceptions raison-
nables. Bien qu'il emploie l' expression dont
nous lui avons fait grief à de certains mo-
ments, il est hostile à la doctrine impériale
proprement dite. Il pose « le principe que
l'autonomie de nos possessions doit être le but
plus ou moins lointain de notre politique colo-
niale ». Voilà qui est bien. « Indigènes et
colons doivent un jour s'administrer eux-
mêmes. C'est, ajoute-t-il, inévitable et c'est
aussi souhaitable. » Nous sommes absolument
de son avis et nous estimons que l'effort de
notre administration doit tendre à ce but.
L'on devine déjà la réponse qu'il fait à la
question de la représentation des indigènes au
Parlement, que M. Diagne a posée récem-
ment à la Chambre des députés. M. Archim-
baud v est hostile autant que les colons français
du Maroc, de la Tunisie, de l'Indochine.
« Lorsque tous nos colons auront leur repré-
sentant au Parlement, nous pourrons examiner
le problème de la représentation indigène.
Mais alors - seulement. » -
M. Archimbaud m excusera de ne pas être
d'accord avec lui. Il faut examiner le pro-
blème de la représentation des indigènes. Car
il est urgent de le faire. Mais, pour ce qui
est de la solution, nous verrons. Pour ma
part, je suis hostile à ce qui ressemblerait au
geste fait en 1846. Je ne veux pas maintenir
i indigène dans une situation inférieure. Loin
de là. Mais je considère qu'il y a d'autres
moyens de travailler à sa libération que celui
qui consiste à lui donner le droit d envoyer un
député au Parlement français. D, si l' on veut,
ce qui est fort défendable, créer un lien poli-
tique entre la métropole et ses possessions,
pourquoi ne pas envisager la création d'un
organisme permanent ou temporaire qui grou-
perait les représentants de toutes nos colonies ?
M. Archimbaud semble, d'ailleurs, songer à
une solution de ce Renre.
C'est un principe semblable qu'il place à la
base du développement économique des colo-
nies. Il s'élève contre l'idée de faire d'elles
un complément de la métropole et préconise
le projet de leur donner une vie sinon indé-
pendante, tout au moins autonome ou, pour
être plus exact, de les laisser à leur génie pro- !
pre, produisant ce qu' elles peuvent produire
dans les meilleures conditions possibles. C'est
une vue exacte des choses comme il est juste
de se débarrasser des vieilles doctrines du
pacte colonial que contredit l'évolution du
monde moderne.
Il me semble pourtant que quelques contra-
dictions se sont glissées dans le rapport de
M. Archimbaud et que, dans certains pas-
sages, il incline vers les thèses dont il avait
auparavant montré les erreurs.
Mais je m'aperçois que cet article est déjà
long et qu'il me reste encore des observations
assez nombreuses à présenter. Ce sera pour la
prochaine fois.
Henry Fontanier
Député du Cantal.
La Fête du Il Novembre
--0-0--
L'anniversaire de l' Armistice a été fêté,
hier, dans toutes les colonies françaises, avec
la même joie mélangée de deuil qui régnait
il y a neuf ans.
A Sfax, a eu lieu, à 10 heures, une pris*
d'annes devant le monument aux morts de la
Grande Guerre.
Au Maroc, toutes les villes ont manifesté
avec éclat, malgré des pluies torrentielles.
Le matin, à Rabat, a eu lieu une grande
revue passée par le général, Vidalon, com.
mandant supérieur des troupes, en présence de
M. Steeg, résident général, de tous les hauts
fonctionnaires du protectorat, du grand vizir
représentant le Sultan et des ministres chéri-
fiens. A Meknès, la revue a été passée par le
général Freydenberg, en présence du Sultan,
de ses fils et de sa cour.
Partout, des réceptions ont eu lieu, suivies
de banquets organisés par les anciens combat-
tants. Toutes les villes sont décorées et pavoi-
- » •
sées aux couleurs françaises et chênnennes.
A Beyrout h, le haut commissaire de France
en Syrie, le représentant de la République
libanaise, les consuls des puissances alliées,
sont allés déposer des couronnes aux cime-
tières militaires catholique, protestant, musul.
man, indochinois et boudhiste.
Signalons encore (que l'ancien sultan du
Maroc, Moulay Hafid, a fait un don de 1.200
francs aux deux principales associations de
mutilés et ancieaa combattants, à l'occasion de
l'anniversaite.
Au Salon nautique
00
M. Léon Peniet. ministre des Colonies,
arrivé au Grand-Palais à 14 h. 30, a visité»
cet après-midi, le Salon Na\jtiqoe.
Une politique des ports en A.O.F.
Il faut un port
à la Côte d'Ivoire
----0-0-
Grand- - Bassam - Mossou, Port-
Botiet-Abidiait ou Vridi-Abidjan,
le choix d'un de ces Points p-our la
construction du port de la Côte d'Ivoire est,
au fond, assez secondaire. Ce qui est abso-
lument nécessaire et urgent, c'est l'exécution
rapide du port. Ce qui est également indis-
pensable, c'est l'exécution de cet ouvrage en
zone lagunaire, zone dans laquelle existe un
magnifique réseau navigable parallèle au
littoral et où aboutissent, avec le chemin de
fer venant du Nord, les fleuves Comoë et
Batidama et nombre de rivières secondaires
utilisées pour le flottage des bois. La per-
cée du canal des lagunes, près de Grand-
Lahou fait communiquer le système des la-
gunes de l'Ouest avec la grande lagune cen-
trale ou lagune Ebrié et l'on envisage par
ailleurs la possibilité de relier également à
cette dernière, par Vintermédiaire du fleuve
Comoë et d'un canal d'une trentaine 'de ki-
lomètres, la lagune Aby qui se trouve en
arrière d'As si nie et tout le système lagu-
ttaire de l'Est. Le port drainera ainsi très
facilement, avec ceux venant de la I/allle-
Volta, ou du Nord de la Côte d'Ivoire, tous
les produits fournis par la moitié Est de
cette dernière colonie, partie qui est de beau-
- coup la plus développée, économiquement. Il
permettra aussi de supprimer en fait les es-
cales d'Assinie et de Grattd-L.ahou, puisque
ces centres commerciaux seront en communi-
cation avec lui et trouveront plus d'avan-
tages à lui envoyer leur frêt qu'à le charger
directement, même s'ils devaient être munis
de wllarfs, ce qui n'est pas le cas actuelle-
ment et n'est pas non plus, que nous sa-
chions, dans les projets du Gouvernement de
la colonie.
Un port à Bassam ou Abidjan ne pourra
résoudre toutefois toute la question outil-
lage maritime d'un pays comme la Côte
d'Ivoire qui a plus de 500 kilomètres de
dites, qui est appelé à un vaste essor éco-
nomique et dont toute la partie Ouest res-
tera pratiquement isolée de celle desservie
par le chemin de fer actuel et le réseau la-
gunaire. Il faudra envisager avant long-
temps la construction d'un second ouvrage
et tout le monde paraît d'accord pour en-
treprendre celui-ci à Sassandra, centre com-
mercial situé à l'embouchure du fleuve du
mime nom et d'où devra partir tôt ou tard,
une voie ferrée traversant la forêt, dans sa
plus grande frofondeut. Cette voie ferrée
pourrait être dirigée sur Daloa puis, de ce
point, par des cmbrandlemults, vers Man,
à l'Ouest de la colonie et vers Bonaké, à
l'Est, où elle rejoindrait la ligne venant
'd! Abidjan.
La zone forestière qui se trouve en ar-
rière de Sassandra couvre une superficie
considérable et les quelques prospections
faites tendent à la présenter comme extrê-
mement riche en bois exploitablcs. Cettet
zone est au surplus la plus peuplée de la
colonie. La culture du kolaticr y est en hon-
neur depuis longtemps, mais elle y a pris
ces dernières amtées. concuremment avec la
culture du cacaoyer et du caféier, une exten-
sion très illtéressanfe.
La voie ferrée amorcée, le trafic du port
de Sassandra peut donc subitement voir son
trafic se développer dans une proportion
tout à fait imprévue. Nous estimons, en
conséquence, que l'outillage de ce point
d'embarquement devra marcher de pair avec
la construction du chemin de fer projeté.
Il ne s'agira pas, du reste, d'engager im-
médiatement dans cet outillage des sommes
bien considérables. Sassandra est beaucoup
moins battu Par la barre que les autres
points de la côte. La baie qui se trouve de-
vant la ville et à qui est duc cette situation
favorisée est probablement trop petite pour
servir à l'aménagement d'un Port accessible
aux grands lIavires. Par contre, avec quel-
ques travaux pour la protéger contre l'ensa-
blement, elle peut être Ittilisée pour l'édi-
fication, soit de quais accessibles aux embar-
cations effectuant le transit, soit de wharfs
dont le rendement, à outillage égal, serait
certainement très supérieur à celui des
wharfs de Cotonou ou de Grand-Bassam,
car leur fonctionnement serait assez rare-
ment entravé par le mauvais temps. La cons-
truction d'un port véritable en ce point
fourrait ainsi être différée.
Restera, à l'extrême Ouest de la colonie,
Vescale de Tabou, avec ses moyens d'em-
barquement excessivement précaires. Le ton-
nage transité à Tabou est toutefois assez ré-
duit et ne paraît pas susceptible d'augmelt-
tation rapide. On peut donc laisser momen-
tanément cette escale dans son état atturl
et réaliser en premier lieu ce qui est abso-
lument indispensable. Or, pour la Côte
d'Ivoire, cet indispensable consiste, attuel-
lement, au point de vue de l outillage mari-
time, dans la construction d'un port mo-
derne, en eau calme, à Bassam Mossou on
Port-Bouet ou Vridi-Abidjan; fuis, pour la
zone Ouest, l'édification, dans la baie de
Sassandra, ae quais ou wharfs destinés à
faciliter le transit d'un tonnage qui se dé-
veloppe rapidement et s'avérera très impor-
tant dès que pourra être amorcée la ligne de
chemin de fer appelée à desservir les rê-
vions du centre et du Nord-Ouest de
la Colonie.
Pierre Valude,
Député du Cher,
Ancien mmtetre.
-– «t!
A TANGER
--0-0--
Deux contre-torpilleurs anglais ont fait
relâche en rade de Tanger.
Au Ministère des Colonies
Cet après-midi, à 4 h. 1/2, une délégation
des anciens combattants est venue dans le
salon d'attente du Ministère des Colonies
déposer une gerbe devant la stèle élevée dans
la sa lle d'attente à la mémoire des anciens
combattants de l'Administration centralè du
Ministère des Colonies.
M. Léon Perrier, ministre des Colonies, a
fait, à la même heure, un geste semblable.
Les jetonsaoaaaie ta A. 0. F.
00
La Section de l'Afrique Occidentale, au
cours de sa dernière séance, a examiné la
question des jetons-monnaie dans les diffé-
rentes colonies de l'A.O.F : il a été décidé
que les Chambres de Commerce dèS colo-
nies du groupe seraient priées de faire une
enquête sur les besoins dé ces colonies en
monnaie divisionnaire afin que l'excédent
puisse être rapatrié sans inconvénient pour
les opérations commerciales.
La Section a pris connaissance des derniè-
res mesures adoptées par le Gouverneur Gé-
néral de l'Afrique Occidentale en vue de lut-
ter contre l'épidémie de fièvre jaune qui sé-
vit actuellement au Sénégal : ces mesures,
excellentes, ne sauraient qu'être unanime-
ment approuvées.
Enfin, la Section a entendu les doléances
des commerçants français installés en Guinée
portugaise : l'attention du Ministère des
Affaires étrangères sera appelée sur les diffi-
cultés considérables qu'ils éprouvent pour le
rapatriement de leurs devises en vue d'une
démarche ultérieure auprès du Gouverne-
ment de Lisbonne.
AU CONSEIL D'ETAT
0-0
Rejet d'une requête des instituteurs
et institutrices de la Guyane
Le Conseil d'Etat a annulé la requête quj
M. Elizé et les dames Uoris, Stanislas, ins-
tituteur et institutrices à la Guyane,
avaient introduite, contre un arrêté en
date du 23 juillet 1U2G par lequel le gou-
verneur de la Guyane Française a abrogé
les dispositions de l'art. 3 de l'arrêté du S
mars 1024, fixant le traitement du person-
nel dl' l'enseignement primaire cm: Guyane
Et cette décision de rejet a été prise pour
le motif qu'aux termes de l'art. 8 du décret
du 8 septembre 1921, « les suppléments co-
loniaux attribués par les règlements anté-
rieurs aux fonctionnaires de 1 enseigne-
ment secondaire et de l'enseignement pri-
maire, en service dans la colonie de la
Guyane, sont supprimés ;
.Qu'en fixant, par l'arrêté attaqué les
traitements du personnel de l'enseigne-
ment primaire, sans y comprendre un sup-
plément colonial, le gouverneur de lu
Guyane n'a fait qu'assurer l'application du
décret précité, qui n'avait pas été InudnL:
sur ce point par le décret du 21) juillet 19i3
que, par suite, les requérants ne sont pas
fondés à soutenir que le Gouverneur a ex-
cédé ses pouvoirs,dès lors leur requête doit
être rejetée.
Dans les territoires africains à mandat
Au cours de sa dernière séance, )a Sec-
tion du Togo-Cameroun a examiné les tarifs
de transport sur les chemins de fer du Ca-
meroun par comparaison avec les tarifs en
vigueur sur le chemin de fer de Thiès l
Kayes et au Niger.
Elle a également étudié la situation juri-
dique des Sociétés anonymes françaises éta-
blies dans les territoires africains sous man-
dat. Elle a enfin examiné le récent décret
du 26 octobre relatif à la recherche et à
l'exploitation des substances minérales au
Togo.
Dépêches de l'Indochine
----()()--
Mouvements du port de Saigon
Au cours du mois d'octobre 1927, 44 na-
vires sont entrés, d'une jauge. brûle totale
de 193.642 tonnes. 44 navires sont sortis,
d'une jauge brute totale de 175.0Q7 tonnes,
savoir :
Importations Tonnes
17 français auec. 13.583 tonnes
6 anglais 1. 7ffi
5 japonais.,.,.,. 3.081
8 norvégiens 3.730
4 chinois 2.210 –•
4 Iwll.andais.,..,.,. 3.377
Exportations :
20 français avec 47.209 tonnes
4 anglais 10.391 -
1 américain 3.119 _e
3 iaponais , , 713-
8 norvégiens .,.,. 14.201 -
3 chinois : 3.784 _8
R hollandais ». 5.568
.---. -.-.-.--- _---
Les exportations de riz par Haïphong
Elles ont atteint en octobre un total de
8.146 tonnes, savoir -
lliz blanc :
Sur l'Etranger 7.703 tonnes
Brisures. , 4e -
Le total des sorties de riz du Tonhin de-
puis le 1er janvier 1927, atteint 129.433 ton-
nes.
Mouvements du port de Haïphong
45 navires sont entrés en octobre d'une
jauge brute totale de 111.825 tonnes ;
40 navires sont sortis, d'une jauge brute
totale de 116.843 tonnes, savoir :
Importations Tonnes
20 français avec 5.429 tonnes
8 anglais .., ,. , ..,. :1.286 --
7 japonais 2.405 -
.¡. norugiens :, ..;" ,. 217 –•
1 hollandais 1.978
1 américain ..,.,.,.", 2.086 –•
Exportations Tonnes
19 français avec o 21.746 tonnes
6 anglais .,:.-.,,'u 1.447 -
6 japonais ,.,., 17.691 –•
b norvégiens ..t.*..»«..* 10.105 -
4 chinois ..,..,. 5.399 -
Les bois de nos colonies
00
Qu'en fait-on ?
Que deviennent les bois de nos colonies
après leur débarquement dans les ports de la
métropole ? Quelles transformations subissent-
ils ? Leur emploi est-il en progression ? Enfin,
l'utilisation d une de nos plus sûres richesses
d'outre mer suscite-t-elle un peu de curiosité
(il serait vain de demander davantage pour le
moment) dans le public ?
C'est à cette dernière question que mon
enquête a fourni dès l'abord une réponse.
Une réponse franchement négative.
Le boit colonial devient-il « dieu, table ou
cuvette » ? Le public s'en soucie aussi peu
que de savoir si le riz qu'il mange arrive de
Saigon ou si le pneumatique sur lequel il roule
provient du latex cambodgien. Il a grande-
ment tort, à plusieurs points de vue que nous
examinerons au chapitre des « moralités ».
Voici, pour le moment, quelques aperçus de
l'ignorance générale.
Un grand magasin
Le quartier est populeux. Le magasin, très
vaste, vend à peu près de tout et pour tous les
goûts. Parmi ses rayons où l' on perd aisément
le sens de l'orientation «c'est ce qu'il faut »,
disait un jour un magnat du commerce : « le
client doit entrer facilement, comme dans une
nasse, et. une fois dedans, ne olus savoir com-
ment sortir » on trouve du pauvre article
et de l'article riche, du clinquant et du so-
lide, du faux luxe et, ma foi, du vrai. Les
meubles, notamment, sont très divers. Ils occu-
pent un vaste espace. La maison, je crois,
place en eux son orgueil, car un orchestre,
d'ailleurs excellent, attire dans leurs parages
la foule mi-ouvrière, mi-bourgeoise qui cons-
titue la clientèle de la maison. Ici règne l' ar-
moire à glace à un, deux ou trois corps, le
premier objet par lequel le peuple théorique-
ment le plus égalitaire du monde s'empresse
de témoigner, dans la pratique, qu'il a dé-
passé le niveau commun. C'est bien le diable
si, au milieu de ces armoires, lits, tables à
manger, buffets, fauteuils, chaises, canapés et
bibliothèques, je ne wis pas trouver l'odeur,
tout au moins, de la forêt gabonaise et la cou-
leur de -ses acajous.
Mais. déception !
Le chef de service à qui je m'adresse ne
saurait me guider dans mon exploration, heu-
reusement moins périlleuse que celle de la
forêt tropicale. Il ignore la provenance de la
matière, belle, passable ou pire que ses subor-
donnés, sous son œil vigilant, célèbrent avec
une chaleur de bon ton. « Au reste, me con-
fie-t-il, bois colonial ou bois d'Europe, c'est
tout à fait égal à l' acheteur. »
Il a bien entendu parler des bois coloniaux
et croit qu'ils figurent çà et là ; mais il ne
peut dire exactement en quel canton de son
fief, en quels meubles ils sont offerts à l'émo-
tion patriotique des visiteurs.
Ce n est d'ailleurs pas de sa faute, on le
verra plus tard, et je ne voudrais pas que ce
haut employé prît en mauvaise part ma cri-
tique- J' en serais d'autant plus contrit qu'il
mit la plus grande obligeance à m'indiquer les
fabricants aptes à satisfaire mes curiosités..
Mais cette critique, je la crois nécessaire.
Un autre grand magasin
Pas plus grand, celui-ci, que celui-là, mais
plus luxueux, plus lumineux, avec je ne sais
quoi de léger, de féminin : les odeurs qui
flottent peut-être, ou la quantité incroyable de
jeunes et jolies femmes qui font l'atmosphère
capiteuse. Mais ne nous attardons pas et éle-
vons-nous (par l'ascenseur) au-dessus des ten-
tations du siècle. Nous ne sommes pas ici poui
nous complaire au spectacle des mains soignées
qui tripotent les combinaisons ou essaient les
limes à ongles. Le temps de m' apitoyer sur le
sort du garçon de la cabine, condamné à des
travaux forcés éternellement verticaux, aéro-
naute sans horizon, goélan en vase clos qui ne
s'envole vers les cieux que pour retomber sans
répit plus bas que terre. et je débarque au
quatrième étage.
Là, une jaquette noire me guide vers une
autre jaquette noire entourée de déférence.
u M. l'administrateur de l'ameublement »,
à qui j'ai affaire, m'écoute et me répond avec
la meilleure volonté du monde-
Mai s, hélas ! bois clairs et gais comme un
matin de mai, et vous leurs voisins, voire leurs
reflète nts, bois aux sombres lueurs d'étang qui
conjo i
te l'automne, ce n'est pas encore aujour-
d'hui que je saurai si vous vous appelez Avo-
diré, Makoré, Bilinga ou Maidou.
Mon administrateur, sans doute, administre
fort hin- rar il a la bouche lovale et l'oeil
intelligent, mais il ne sait si ses meubles ont
d'abord poussé il a bien fallu, n'est-ce pas,
qu'ils commencent par là en Europe, en
Asie, en Afrique ou en Amérique.
Ne croyez-vous pas que certains acheteurs
apprendraient avec plaisir que, par exemple,
cette séduisante bibliothèque, de couleurs et
de forme si heureuses, a été fabriquée avec des
bois de nos colonies ?
- Mais, monsieur, nous ne pouvons tout de
même pas exiger de nos venoeurs qu'ils sui-
vent des cours spéciaux !
Non, évidemment, ai-ie répondu, mais il
y a quelque chose à tenter dans ce sens.
Avant de me diriger vers le faubourg Saint-
Antoine troisième étape de mon enquête, je
contemplai une altière colonne, d un noir
d'ébène, une sorte de fuseau élégant et ro-
buste, surmonté d'un marbre, et résolument
anonvme.
-- Fallait-il être fier d'être Français en regar-
dant cette colonne > le ne voulus pas m'attar-
der à cette pensée. Reprenant l'ascenseur, je
préférai me demander si le garçon libellait
ainsi sa profession sur ses cartes de visite :
X.
Ludion.
R. B 4e Laromiguière
L'Aviation Coloniale
Casablanca-Toulouse
Le 10 novembre, à il heures, un accident
s'est produit à l'aérodrome de Lailaba-
nère.
Un avion postal faisant le service Casa-
blanca Toulouse, pris par une rafale de
vent au moment de l'atterrissage, a été com-
plètement rctourné. Le pilote est indemne,
mais deux passagers ont été blessés ; l'un
d'eux, grièvement atteint, a dû être trans-
porté à l'hôpital.
Bruxelles-Congo
Les aviateurs Medaets et Verhaegen, à
bord de leur avimi Heine-Elisabeth, ont
décollé de l'aérodrome de Wevelgaem liie"
matin à 7 h. 46, pour tenter le raid Belgi-
que-Congo. Ce départ s'est effectué dans
d'excellentes conditions. Malheureusement.
à y h. 50, près (le la Ferté-sur-Aube, entre
Chaumont et Uar-sur-Aube. par suite de la
mauvaise visibilité, les aviateurs, qui
luttaient contre les élément s i. t notamment
contre une forte tempête de neige, durent
descendre très bas. Uno butte de terre qui
surplombait la ferme du Val, près de la
Ferté-sur-Aube, les arrêta. L'avion vint pi-
quer au sol. Les aviateurs furent projetés
hors de la carlingue et l'appareil, conti-
nuant sa course, alla capoter cinquante
mètres plus loin.
Medaets est le plus grièvement atteint. Il
porte des blessures à la tète et & la poitrine.
Verhaegen corte également une blessure A
la tête et se plaint de commotions à la poi-
trine. Cependant, la vie des aviateurs ne
parait pas en danger.
Quant à l'avion, il est complètement dé-
truit.
A Bruxelles, l'annonce de l'échec des
aviateurs Medaets et Verhaegen a produit
une profonde émotion.
France-Amérique du Sud
En raison d'une légère indisposition, les
aviateurs Gestes et Le lirix ont retardé leur
départ pour Montevideo, (lui devait avoir
lieu aujourd'hui.
Raid africain
Lady Cobham accompagnera son mari,
sir Alan Cobham, dans la formidable ran-
donnée aérienne de 12.000 kilomètres qu'il
doit entreprendre le 17 courant au-dessus de
l'Afrique et qui doit durer environ treize
mois et demi.
A LA CHAMBRE
DEBATS
Emprunt du Congo
An début de la seconde séance do jeudi,
la Chambre a voté sans discussion le projet
de loi, complétant la loi du J:! juillet 11KHJ
autorisant le Gouvernement général (lu,
Congo, à contracter un emprunt de 21 mil-
lions de francs pour exécuter divers tra-
vaux d'utilité publique et d'intérêt général,
modifiée par la loi du :11 mars 1014.
L article unique ainsi conçu :
L'objet de l'article premier de la loi du
12 juil/et lîKJO, mudiliéo par celle du 31
mars 1014, dont l'énoncé est :
« Cfibles Libreville à Loango, 2.7UO.OOO
francs, est modifié comme suit :
« Cubes Libreville h Luungo et Brazza-
ville à Kmshassa (Congo belge), 2.700.00!>
francs », mis aux voix a été adopté.
Versement au Trésor public, par la Banque
de la Guadeloupe, de la contre-valeur des
billets des émissions antérieures à 1907
non encore présentés au remboursement.
Ce projet de loi dont l'article premier est
ainsi rédigé. :
Il La banque de la Guadeloupe uevr-i,
dans les trois mois qui suivront la promul-
gation de la présente loi dans la colonie,
verser en numéraire, au Trésor public, une
somme, représentant le IHulIlm,t des billets
de toutes les émissions de cet établissement
de crédit, antérieures à celles de 1907, qui
n'auront, pas été échangées contre des cou-
pures (tu nouveau type >> mis aux voix a été
adopli".
Organisation judiciaire de la Guadeloupe
La Chambre a voté sans débat un pro-
jet de loi relatif à l'organisation judiciaire
de la Guadeloupe et créant ur.' tribunal d
commerce à la Pointe-ii-Pitre.
En voici le texte :
( Article prenne v. - La justice est ad-
ministrée dans les colonies de la (iuadf.
loupe, <10 la Martinique et de la Réunion,
par des tribunaux de paix, des tribunaux
de première instance, des tribunaux mixtes
de commerce, des cours d'appel et des
cours d'assise^, -
« Art. 3, 2. - Les tribunaux mixtes
de commerce sont créés, suivar.t les be-
soins, par des décrets pris sur bi propo-
sition du ministre des Colonies et contre-
signés par le ministre de la Justice, qui
en fixpnt, pour chaque colonie, !<• nombre et
le ressort.
« Ils se composent du président du tti-
bunal civil, président ; de deux juges élus
pour deux ans par l'assemblée des éle'c-
teurs des chambres de commerce suivart,
le mode et les conditions d'éleetorat et
d'éligibilité adoptés pour l'élection des
membres de ces chambres : de trois juges
suppléants élus dans les mêmes formes et
mêmes conditions que les juges consulai-
res (H qui sont chargés de les remplacer
en cas d'absence ou d'empêchement ; d"
procureur (h la République du ressort ou
de son substitut : d'un greffier IIll commis
greffier du ressort.
Il En cas d'absence on d'empêchement du
président du tribunal. il sera remplacé, de
droit par le plus ancien des juges du ln-
lmnnl de première illstni1:cc,
« Les juges consulaires et leurs sup-
pléants continueront leurs fonctions jusqu':\
la nomination de leurs successeurs. Leur
mandat est gratuit et indéfiniment renouve-
lable.
« Avant d'entrer en fonctions, les juge3
consulaires et leurs suppléants prêteront
serment devant la oour d'appel de la colonie
dans les conditions prévues par farticta
229 du code de commerce.
« La compétence des tribunaux mixtes
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