Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-10-25
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 octobre 1927 25 octobre 1927
Description : 1927/10/25 (A28,N157). 1927/10/25 (A28,N157).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451151h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
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Les Annales Cotùitiales
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Ce n'est pas seulement parce que les pro-
du Pacifique peuvent entraîner le
teoâe entier dans des malheurs épouvanta-
mes que l'Europe n'est plus a le centre du
IJIOQde, à la fois cœur et cerveau P. C'est
parce que d'ores et déjà les courants com-
fnerciaux changent de direction, et que, sui-
vant la prédiction du président Roosevelt,
Une fois close l'ère de la Méditerranée, celle
de l'Atlantique décline visiblement et celle
u Pacifique commence, pour qui examine
, les mouvements des échanges internationaux.
Les Services Economiques du Secrétariat
de la Société des Nations ont rapproché les
chiffres des importations et des exportations
du commerce international, pendant l'année
qui a précédé la guerre et en 1925. Je ne
m'arrête pas aux procédés statistiques qui
ont été employés, aux méthodes qui ont per-
mis de ramener à une unité de mesure les
iverses monnaies nationales, jugées suffi-
samment stables, etc., etc. Je me contente
de mettre en lumière les conclusions que l'on
peut tirer avec une sage prudence, des chif-
fres qui ont déjà été l'objet de commen-
taires nombreux. Les nôtres seront brefs et
aussi exacts que possible. - -
Trois nombres sont à retenir : ceux du
commerce total en 1913, en 1924 (aux prix
de 1913), en 1925; ce sont, en millions de
dollars, 37.900 ; 37.070; 39.600. Le volume
du commerce international est donc sensi-
blement supérieur en 1925 à ce qu'il était
avant la guerre. Hâtons-nous d'observer :
il, que le nombre des nations commerçantes
est plus élevé en 1925 qu'en 1913; 20 que
l'ensemble du commerce des nouvelles na-
tions européennes commerçantes n'atteint pas
4 du volume du commerce international.
Les dix premieres nations commerçantes
sont en 1925, d'après leur chiffre total
exprimé en millions de dollars : Le
Royaume-Uni (9-375) > les Etats-Unis
d'Amérique (8.997); (l'Allemagne 5.047);
la France (4.262); l'Inde (2.332); le Ca-
nada (2.256); le Japon (1.929); l'Italie
(1.77#); l'Argentine (1.598); la Belgique
(1.536).
Quelques remarques : si l'Angleterre passe
de 5.771 en 1913 à 9-375, Itrs Etats-Unis
passent de 4.223 à 8.997; l'Inde de 1.359
A 2.332; le Canada de 1.05 t à 2.256; le
lapon de 678 à 1.929. Le Japon s'élève du
>3® au 78 rang, malgré la crise. Mais les
changements de courants apparaissent plus
nets si, au lieu d'examiner les nations une
n une, on examine les groupes continentaux.
Voici les proportions des importations et
Oes exportations en 1913 et 1925 :
Importation ,Expol'tution
1913 1925 >9'3 1925
- - -
F urope Centrale et
Orientale 21,2 16,2 21,5 13,4
luropo .61,655 55,2 44,7
Amérique du Nord 12,4 16,2 15,8 20,6
Amérique Centrale 1,9 2,2 2,4 3,0
Amérique du Sud 5,7 5,2 6,7 6,2
Afrique 4,0 3,9 4,5 4.3
Asie 11,9 J 4, 1 12,7 17,9
Océanie 2,5 3,2 2,7 2,6
Le tableau suivant permettra de comparer
la répartition en pourcentages du commerce
total par groupes commerciaux :
1913 1925
Europe Centrale et Orientale 21,4 14,8
Europe 58,5 50,0
Amérique du Nord .,.. 14,0 18,3
Amérique Centrale. 2.1 2,6
,:An)érique du Sud. 6,1 5,7
Afrique 4>3 4»1
Asie 12,3 16,0
Océanie 2,6 3,3
Le commerce de 1 Europe tient donc une
place moins grande dans l'ensemble du com-
merce international : 55 en 1913, 45
environ en 1925; voilà pour les exporta-
tions; 62 en 1913, 55 en 1925, voilà
pour les importations. L'Amérique du Nord,
l'Amérique Centrale, l'Asie, l'Océanie im-
portent et exportent davantage. Passons aux
pourcentages et directions du commerce des
groupes internationaux; il serait utile, si
flous en avions la place, de transcrire ici un
* certain nombre des tableaux 'dressés par les
Services Economiques de la Société des Na-
tions. Pour qui les examine, il est évident
que l'Europe a moins importé et moins
exporté en 1925 qu'en 1913 et que ses rela-
tions commerciales avec l'ensemble du
inonde ont diminué depuis l'avant-guerre;
par exemple, elle exporte des Etats-Unis
53,0 au lieu de 60,4 et importe 29,3 au
lieu de 48,2; elle exporte du Japon 6,6 au
lieu de 23,3 et importe 17,4 au lieu de
30,7; elle exporte de Chine 20,4 au lieu de
26,4 et importe 18,6 au lieu de 26,4, etc.,
etc.
Les Etas-Unis exportent de plus en plus
en Asie (9,9 au lieu de 6,2) et y importent
de plus en plus (31,2 au lieu de 16,7).
Le Japon exporte davantage dans l'Amé-
rique du Nord (44,5 au lieu de 30,0) et y
Importe davantage (15,5 au lieu de 6,4).
La Chine exporte dans r Amérique nu
Nord 18,7 au lieu de 9,2 et elle en importe
15,5 au heu de 6,4, et dans l'Amérique du
Nord l'Australie exporte 6,1 au lieu de 3,6
et elle en importe 26,9 au lieu de 14,9,
l'Australie exporte en Asie 12,2 au lieu de
9,3 et elle en importe 12,5 au lieu de 8,8.
Des observations analogues pourraient
être faites, qui nous conduiraient aux mê-
mes remarques : le commerce international
tend de plus en plus à déplacer son centre
de l'Atlantique vers le Pacifique; l'Europe
n'a plus la maîtrise des échanges commer-
ciaux, les grands courant? se dirigent ail-
leurs. Vérité profonde et qui fait réfléchir.
J'ai avancé qu'il était nécessaire de l'in-
culquer aux générations qui viennent, afin
qu'elle se répandit irrésistiblement dans les
masses. Au mot fameux : il faut avoir l'es-
prit européen, il est temps de substituer ce-
lui-ci : il faut avoir l'esprit international.
Et le premier stade, pour y arriver, c'est de
comprendre que tout ne se déroule pas,
comme on a une tendance générale à le
penser, autour de nos pays de la vieille
Europe, que tous les courants n'en partent
pas, que tous n'y viennent pas aboutir.
Rappelons-nous le portrait du prince
Jali, dans a le Bouddha Vivant 9, tel que
Paul Morand l'a tracé, avant que son héros
fût venu affronter la civilisation occiden-
tale. t Jali possédait des atlas allemands,
mais ne comprenait pas très bien la forme
de la terre. Il disait, comme les Pères le lui
avaient enseigné, qu'elle était ronde, mais
il n'était pas choqué d'entendre les bonzes
affirmer qu'elle a la forme d'une omoplate
de mouton et que Karastra en est le cen-
tre. - Nous comprenons très bien la forme de
la terre et nous ririons au nez d'un bonze
oui nous dirait qu'elle a la forme d'une
omoplate de mouton. Mais combien. d'Euro-
péens mériteraient qu'on leur rie au nez,
quand ils continuent à s'imaginer que la
terre est le centre de l'univers, que leur pays
est le centre de la terre, et leur intérêt na-
tional le centre des intérêts des autres pays !
Cette "forme si répandue de l'égoïsme na-
tional ne peut résister à la poussée des
faits : heureusement car il y aurait eu d'ef-
froyables réveils.
Mario Roustan,
Sénateur de l'ilérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colonies.
Les enlèvements de Beni-Mel'al
Les pourparlers se poursuivent afin d'ob-
tenir la reddition des prisonniers de Beni-
Aleltat. Des tractations d'agents sont en-
gagées, mais il parait qu'il faut compter
avec le caprice du grand marabout Si lio-
ceïn Ou Temgu qui domine toute la mon-
tagne.
tlocein Ou Temga est un vieillard mara-
bout, type du berger fanatique, se relusant
à toute conversation, il a déjà fait massa-
crer deux membres de sa famille qui étaient
venus parler avec nos officiers de rensei-
gnements. Il sera donc très difficile d'arri-
ver à une transaction avec lui, car il pré-
férera garder les prisonniers comme otages
I pour être assuré qu'aucune action ne sera
entreprise contre lui.
Les deux fillettes du drame de Khenifra
sont déjà en sa possession et les négocia-
tions traînent. Un émissaire est venu dire
que les prisonniers sont bien traités dans
une maison, mais réclament des vêtements
cliawls, des cigarettes et des vivres. On a
immédiatement envoyé ce qu'ils deman-
daient.
Voici comment eut lieu le rapt :
Les Djicheurs qui ont enlevé les quatre
Européens étaient au nombre de sept. Toute
défense était inutile, car MM. Steeg et Mail-
let, confiants dans la paix de la région,
n'avaient emporté en tout qu'un fusil de
chasse et quatre cartouches. Surpris à
courte portée pendant qu'ils goMaient, ils
durent se laisser emmencr.
Iai première nuit se passa en des mar-
ches à pied ilans la montagne pour arriver
le lendemain, chez le cheiU, des Hami ou
Said, fraction de la tribu des AU ou Saïd.
Le clieil., qui s'appelle Khellah Outljtla, pa-
rut contrarié de l'affaire ; il convoqua la
| Djemaa, qui déclara qu'elle ne garderait
pas les captifs.
Alors, le chetk fourmi quatre mutes aux
captifs pour leur faciliter l'étape suivante.
Celle étape les mena au pays de leurs ra-
visseurs, à Affali, où ils sont encore.
Les tlerniers renseignements parvenus
cette nuit confirment que les prisonniers
des Béni Mellal sont toujours prisonniers
du même chef ; MM. Maillet et Steeg, les
fers aux pieds seraient étroitement gardés
dans le douar par des sentinelles.
Des arrestations sont imminentes parmi
les indigènes lieni Mellal ayant participé
à l'enlèvement.
Des. renseignements venant de Rabat et
flont nous n'avons pu avoir confirmation
indiquent qu'un bataillon de Sénégalais est
parti en camion-autos de Rabat pour Déni
Mellal.
Le conseiller chérifien Surdon est parti
également pour suivre les négociations.
L'Aviation Coloniale
Toulouse-Sénégal
Par suite de la fièvre jaune qui sévit à
Dakar, les lignes aériennes Latécoère ont
ramené leur tête de ligne à Saint-Louis. Le
courrier est apporté de Dakar en auto avec
de grandes précautions sanitaires.
Paris-Indochine
Les aviateurs (Italie et Hapin, nprès
avoir visité Angknr, comptent repartir
dans la matinée du 29 pour Bangkok où
ils prolongeraient leur séjour alln de faire
une exhibition sur leur appareil.
Marseille-Beyrouh
L'hydravion du commandant. Noffuès a
dû nmérir hier à 16 heures à Beyrouth, ve-
nant de Chypre.
Les aviateurs qui se trouvaient à bord et
qui devaient effectuer le voyage de retour
en France ont dû interrompre celui-ci et
revenir à Beyrouth pour effectuer quel-
ques réparations.
Un congrès de navigation aérienne
Hier 'matin, a été inauguré au Capitole,
en présence de M. Mussolini, des membres
du gouvernement, du corps diplomatique,
des hautes autorités et des déflégués de 40
pays, le congrès international de la navi-
gation aérienne.
Une politique des port. en A O.F.
AU DAHOMEY
: --.--
Les autres colonies côtières de
l'Afrique Occidentale rfançaise,
Côte d'Ivoire et Dahomey (1), sont
bien plus mal partagées encore que le -Sénégal
ou la Guinée au point de vue des moyens
'd'embarquement. Ni l'une ni Vautre de ces
deux colonies ne possèdent, à proprement
parler, de port. La côte rectiligne ne pré-
sente aucune baie naturelle, aucun promon-
toire rocheux qu'il eut été possible d'utiliser
pour construire des ouvrages de protection
contre les courants, contre la houle et la
barre venant du large, tous phénomènes qui
rendent d'autre part absolument impratica-
bles, à la navigation maritime, les. embou-
chures des fleuves ou rivières qui se jettent
dans le Golfe du Bénin. Et l'on n'a pas cru
devoir jusqu'ici engager 'des dépenses assez
élevées (100 à 200 millions de francs-pa-
pier, peut-être davantage) que nécessiterait
la création d'un port purement artificiel
dans ces parages.
Il est incontestable cependant que l'ab-
sence de tels ouvrages fait grandement dé-
! faut et nuit considérablement à la mise en
valeur des colonies.
-- -.
ôf nous examinons par exempte la situa-
tion du Dahomey, nous voyons que le trafic
extérieur de la colonie atteint, pour l'expor-
tation seulement, environ 90.000 tonnes et
que ce trafic s'eflectue presque exclusive-
ment à Cotonou où a été construit un wharf
métallique. Cet ouvrage, sorte de jetée à
claire-voie s'avançaitt dans la mer, m cons-
titue en aucune façon un port. Il rend néan-
moins d'appréciables services en ce sens qu'il
permet aux marchandises importées et aux
produits exportés de ne pas avoir à traverser
la zone la plus dangereuse, où déferle la
barre, et d'être transités, sauf par trop
mauvais temps, avec une certaine sécurité.
Les navires ne peuvent pas accoster ce
wharf; ils doivent mouiller au large, à une
distance d'au moins 500 mètres de l'ouvrage.
Les opérations de transit se font donc par
baleinières et nécessitent une double mani-
pulation. Elles sont forcément assez lentes
et, dès qu'il est plusieurs bateaux en rade,
le tonnage embarqué ou débarqué par'cha-
cun d'eux est excessivement réduit.
Le wharf de Cotonou est muni d'un cer-
tain nombre de grues à vapeur et porte plu-
sieurs voies Decauville. A terre, des maga-
sins assez vastes complètent l'outillage de
transit.
Cotonou, bâtie sur le cordon de sable qui
sépare la mer de la lagune, est reliée au
centre commercial de Ouidah et aux villes
de l'intérieur par un chemin de fer à écarte-
ment d'un mètre. Les communications avec
Porto-Novo se font par la lagune, où fonc-
tionnent des services réguliers de transport.
Grand-Popoy centre commercial assez im-
portant de la zone ouest, expédie générale-
ment directement ses produits et les embar-
que par des moyens de fortune. Il a cepen-
dant la faculté de les diriger sur Ouidah,
par la lagune et, de ltl, par voie ferrée sur
Cotonou.
C'est donc sur Cotonou que doit être por-
tée principalement Vattention. Son insuffi-
sance d'outillage maritime n'est pas sans
exercer sur les tarifs de fret une influence
détestable, ces tarifs sont d'autant plus éle-
vés en effet que les délais d'embarque me ut
sont plus longs. La proximité du port de La-
gos, accessible aux navires de fort tonnage et
relié à la lagune de Porto-Novo par des ca-
naux naturels qui sont le débouche de celle-
ci, ainsi que du fleuve Ouémé, peut faire
redouter d'autre part un détournement du
trafic dahoméen au profit du port allglllh.
La production agricole du Dahomey ne
parait pas toutefois appelée à se développer
immédiatement d'une façon extraordinaire
et, en l'absence de gisement minier connu et
susceptible de procurer un supplément de
trafic considérable, on ne peut guère envi-
sager, pour l'instant, la construction à Co-
tonou, d'un port véritable dont le coût serait
certainement disproportionné avec les res-
sources de l'A.O.F. et surtout avecm le ton-
nage qui pourrait être transité. L.a priorité
d'un ouvrage de ce genre doit être réservée
à la côte d'Ivoire, dont nous parlerons dans
un prochain article. Cela ne veut pas dire
qu'on ne doit- rien faire pour améliorer l'ou-
tillage maritime du Dahomey. J estime au
contraire qu'il est de toute urgence de doter
Cotonou d'un wharf supplémentaire. Les
o,pérations de transit seront accélérées sen-
siblement de ce fait et la réduction des ta-
rifs 'de frêt qui peut en résulter ne pourra
qu'être profitable au développement écono-
mique de la colonie.
Pierre Valude,
Député du Cher,
Ancien ministre.
(1) I.e Togo est dnns la môme situation.
Le départ de M. Lucien Saint
Go-
M. Lucien Saint, Résident Général de
France à Tunis, quitte Paris demain en au
tomobile, se rendant dans sa famille.
-U-- -
M. STEEG A TANGER
--n-o--
Le paquebot Marrclwl-I.uautey est arrivé
hier à midi trente dans la baie de Tanger,
avant ii hord M. Stceg, Bésident Général,
et le général Mougin, chef de son cabinet
militaire.
M. Stecg est en excellente santé et s'est
déeflaré très satisfait de sa traversée. Il a
reçu à bord M. Witasse, consul général de
France ; M. Alberge, administrateur, et
M. Carpentier, capitaine du port.
M. Steeg s'est rembarqué A 16 h. 30 sur
le Ktarèchal-Lijautcij qui a continué sa route
sur Casablanca.
A propos de la fièvre jaune
f.. 0_ 'L"
Cette terrible maladie fait couler, en
France. beaucoup d- eoae. et malheureusement
en Aniaue, fait succomber un trop grand
arinbre d'Européens.
Le très vieil Africain qui signe ces lianes
te permettra quelques réflexions.
La fièvre jaune existait de temps immémo.
rial, sous la paternelle et nonchalante adminis-
tration des Espagnols à Cuba. Tous les ans,
elle était cause de nombreux décès, et parfois
le réveillant brutalement, occasionnait de véri-
tables hécatombes.
Survint la domination des Etats-Unis. On
dira ce qu'on voudra des Anglo-Saxons. Ils ne
sont pas parfaits, c'est entendu. Il n'en est
pas moins vrai que, lorsqu'ils veulent quelque
chose, ils le veulent bien, et font le nécessaire
chose, l'avoir. Ils décidèrent d'affranchir Cuba
pour
de ce terrible fléau, la fièvre jaune. Et la fièvre
jaune a disparu de Cuba.
Il est vrai que, pour en aniver là, ils n hési-
tèrent pas devant les moyens les plus énergi-
ques. Destruction des maisons insalubres,
anéantissement des foyers de pestilance où se
reproduisaient les moustiques : pouvoirs draco-
niens donnés aux agents chargés de faire ap-
pliquer les ordonnances de police et de salu-
brité, ayant droit de pénétrer à toute heure par-
tout et chez tous : sanctions impitoyables contre
tous réfractaires aux ordres donnés ; il y eut
des pleurs et des grincements de dents. Mais
la fièvre jaune fut vaincue.
On peut donc venir à bout de cette horrible
maladie. Il suffit de vou loir, de mater les résis-
tances, d'où qu'telles viennent.
Le remède est tonnu : il faut simplement de
l'énergie et une forte dose de volonté avec un
parfait mépris des résistances intéressées. Les
palabres, les demi-mesures, les circulaires, les
démarches collectives ou individuelles. fu-
misterie. Quand on le voudra, on supprimera
la fièvre jaune au Sénégal comme on l'a vain-
cue à Cuba. Voilà la vérité.
D'ailleurs, il nous souvient de Conakry il y
a 25 ou 30 ans. Tous les ans, il y avait des
cas de fièvre jaune. Vint un jeune médecin qui
sut faire comprendre au Gouverneur d'alors
l'importance des mesures qu'il préconisait. Il
y eut résistance des Européens. Nécessité de
nettoyer le quartier indigène. Le nécessaire fut
fait, sans faiblesse, malgré toutes les récrimi-
nations, et, pendant de longues années, Co-
nakry ne connut plus ce cauchemar annuel.
Tout cela revient à dire que, si l'on veut, en
quelques mois, on expulsera la fièvre jaune de
Dakar et de tous les centres plus ou moins
contaminés actuellement. Mais il faut vaincre
les oppositions de quelque côté qu'elles se
produisent, et après un premier effort donné,
veiller à ce que les fâcheux errements ne re-
naissent pas. Du courage et de la ténacité, c'est
suffisant. Mais il en faut.
aLwMM Le Barbier
lu comité sipfhenr tfhyaiÉM a te salubrilè pnblique de l'i. O. F.
-–
Le Comité supésrieur d'Hygiène et de Sa-
lubrité Publique de l'Afrique Occidentale
Française, s'est réuni le lo octobre pour
examiner un projet d'urrûtô destiné a ren-
forcer les moyens do protection de la Colo-
nie, vis-ù-vis de la lièvre jaune sur tout le
territoire de l'Afrique Oecidentule Fran-
çoise.
Ce texte repose sur deux notions essen-
tielles :
1° Lu nécessité du dépistage rapide et de
l'isolement immédiat des fébricitants sus-
pects qui représentent pendant les premiers
jours un réservoir redoutable de virus ;
2° La destruction de l'insecte transmet-
teur, les stégomya et la protection contre
ses piqûres
Il est prévu selon la gravité de la situa-
tion trois régimes :
A La régime de danger imminent pour
la santé publique qui est appliqué dans les
régions où certains indices et certaines con-
ditions spéciales font redouter un réveil
amaryl. 1 comporte pour tous les habitants
sens distinction l'intensification de toutes
les mesures relatives à la destruction des
n'oustiques ; ensuite l'obligation d'une
chambre grillagée par appartement ; l'isole-
ment immédiat sur place sous grillage ou
moustiquaire de tout fébricitant suspect ;
l'obligation jKnir tous les voyageurs en
xonc de danger imminent d)lrc munis
d'un ¡).fissc-port sanitaire et de se soumet-
tre pendant toute la durée de leurs dépla-
cements a une visite médicale tous les trois
jours. Ces dernières mesures sont apppli-
coblcs au personnel de race blanche.
B - Le régime de la surveillance sani-
taire qui est appliqué lorsque dans un centre
ou un quartier nettement isolé il se pro-
duit quelques cas sporadiques de fièvre
jaiine ne constituant pas de foyer.
En sus des mesures précédentes il en-
traîne la fermeture des lieux de réunion à
21 heures ; l'obligation d'une protection gril-
lagée pour le personnel de race blanche
employé dans les bureaux, magasins ou ate-
liers du coucher au lever du soleil, des
moyens de protection individuels pour le
personnel des chantiers à ciel ouvert pen-
dant le même temps ; l'obligation de la
moustiquaire pendant la nuit ; l'isolement
immédiat sur place de tout fébricitant ;
l'obligation pour tous les voyageurs en
de la zAne sous surveillance, d'un passe-
port impliquant une visite journalière pen-
dant. six iours. »
-- -- - -.- - - -
C - Le régime de l'observation sanitaire
qui est appliqué lorsque se produisent plu-
sieurs cas constituant ou menaçant de
constituer foyer.
Les mesures ci-dessus sont aggravées par
la fermeture des lieux de réunion de 18 à G
heures, exception faite des restaurants qui
sont protégés par des grillages ; t'interdic-
tion du travail de nuit pour le personnel de
rcee blanche sur tous les chantiers et en
te us les endroits non protégés à moins que
le dit personnel soit pourvu de moyens de
protection individuels ; l'interdiction des
réunions de nuit en des endroits .non proté-
gés ; la recommandation et au besoin
l'obligation des moyens de protection indi-
viduels aux personnes ayant à circuler la
nuit ; l'obligation de six jours d'observa-
tion sanitaire poar pouvoir sorUr de la zône
interdite sauf pendant le jour où des laissez
passer valables de 6 heures à 18 heures
pourront être exceptionnellement délivrés
dans des cas d'urgence, la démoustication
des wagons de voyageurs, celle des navi
res ayant accosté à quai et enfin l'interdic-
tion ou la démoustication des marchandises
susceptibles ele transporter des moustiques.
C-
Les mesures d'ordre général sont appli-
cables à toute la population sans (Ustine.
tion, celles qui se rapportent À la sensib,
llté particulière des races blanches vis-à-vis
du virus amaryl sont applicables à celles-ci
y compris les syriens et les marocains.
Il est veillé à leur stricte exécution d'abord
par le personnel de l'administrntion, les
médecins et agents assermentés du Service
d'ï Santé, ensuite par des commissions de
contrôle spécialement créées dans lesquel-
les figureront les notables représentant les
divers groupements de la population.
e •
l.es pénalités prévues par le décret du 27
septembre dernier varient de TiOO a 1.000 fr.
et de 1.000 h 5.000 franes en cas de réci-
dive : l'emprisonnement est de 3 mois à un
nn et de 1 à 2 ans en cas de récidive. Les
étrangers contrevenants peuvent être expul-
sés par arrêté du Gouverneur général pris
en Conseil de Gouvernement ou en Com-
mission permanente.
En raison de l'ouverture prochaine de la
traite et des nombreux déplacements de
race blanche auxquels elle va donner lieu,
le Gouverneur Général a décidé de mettre
en imminence de danger tout le territoire
du Sénégul. Quant au régime de l'observa-
Lion sanitaire, il va èlrt; appliqué avec les
mesures ci-dessus dans tous les centres où
il a déjà été déclaré par le Lieulenunl-Goll-
verneur de' la Colonie et par l'adminislra.
teur de la Circonscription de Dakar ; c'est-
à-dire Dakar, Thiès, N'Bande, Kébémer,
Kolle, Mecké, et les camps de Sébiko et
de Huflsquc.
Les étudiants de l'Ecole de Médecine, ac-
luellement en vacances, ont été rappelés et
dès leur retour ils seront répartis pour ai-
der à la surveillance de tous les points sus-
pects ainsi qu'aux mesures de prophylaxie.
Le docteur Laigret, qui vient de suivre à
l'Institut Pasteur de Paris les questions de
vaccin et traitement par les sels de bismuth
est arrivé hier par le Caramanie avec un
lot de 300 cobayes pour les expériences à
mettre en train. Mais déjà les difficultés
commencent car 225 sont morts pendant la
traversée.
Le docteur Sorel, nouveau chef de Ser-
vice de Santé de la Circonscription de Da-
kur, est attendu lundi par le Méduana en
môme temps tlUC le professeur Pettit, char-
gé de diriger les recherches scientifiques
que le Gouverneur Général a demandé à
l'Institut Pasteur et qui seront poursuivies
à l'Institut de Biologie de Dakar avec la
collaboration de son directeur le docteur
Mnthis.
Quant à la situation générale, elle n'a pas
empiré ; la maladie continue à procéder par
des poussées de quelques cas qui corres-
pondent vraisemblablement à de nouveaux
apports de virus et s'éteignant quand les
mesures de protection sont devenues suffi-
santes, et que la démoustication a été assez
complète. La plus grande vigilance reste
nécessaire pour déceler et isoler dès leur
début tous les cas suspects et pour ne se
départir en rien d'aucune des mesures de
défense.
«
Le total des cas signalés au Sénégal de-
puis le 13 mai, début à Tivflouflne, jusqu'au
14 octobre, est de 142 dont 95 décès et 47
guérison sur une population blanche de
9.495 personnes, soit une proportion d'at-
teinte de 1 50 Sur ce nombre, Tfi ville de
Dakar a eu 56 cas dont37décès et 19 guéri-
sons ; les dépendances (Ouakam, Gorée,
Thiaroye) ont compté 13 cas dont 9 décès
et 4 gtiérisons. A la dale du 16 octobre, il
reste en traitement 8 cas confirmés et 3 cas
douteux en observation.
Le Transsaharien
automobile
10 a---
Le Transsaharien est un fait accompli.
Il n'est qu'automobile, il est vrai, mais c'est
tout de même un événement d'importance.
Nous sommes informés, en effet, que la
Compagnie Générale Transsaharienne vient
d'organiser la liaison de Colomb-Béchar à
Gao Csur le Niger) par un service automo-
bile régulier. Ce service aura lieu d'octo-
bre en avril, une fois par mois, avec départ
le 1er du mois de Colomb-Béchar. Le trajet
durera six jours et s'accomplira en cinq éta-
pes. Le voyage de retour s'effectuera dans
les mêmes conditions, le départ de Gao aura
lieu entre le 20 et le 25 du mois.
Certes, ce ne sont pas les autobus de la 1
C. G. T. (ne pas faire une confusion d'ini-
tiales) qui vont amener aux ports algériens
les produits de la boucle du Niger.
Mais une liaison régulière qui met Gao a
six jours de Colomb-Béchar, peut contribuer,
plus efficacement qu'il n'apparaît d'abord,
à la mise en valeur du Soudan français. Les
touristes, c'est très probable et, peut-être en
aussi grand nombre, les grands manieurs
d'affaires ne manqueront pas d'utiliser les
facilités nouvelles de déplacement ou d'in-
vestigation qui leur sont offertes.
L'établissement de cette ligne, à notre
avis, entrainera, indirectement, d'importan-
tes conséquences économiques.
R. B. L.
Dépêches de l'Indochine
La session annuelle du Conseil
du Gouvernement
L'ouverture de la session annuelle dit
Conseil du gouvernement, a eu lieu à Hanoi
le 21 courant..
M. Alexandre Varenne, gouverneur gén.
ral de l'Indochine, a prononcé un important
discours; où il a retracé l'œuvre accomplie
depuis sa prise de fonctions et exposé la
situation actuelle de l'Indochine. Il a lail
justice d'abord de la campagne systémati-
que de calomnies dont il fut l'objet, comme
tous ses prédécesseurs. A ce sujet, il a "a p.
pelé le cri d'indignation de M. Albert Sar-
raut, quittant VIndochine en 1919.
Il a démontré notamment l'absolue pro-
bité de la procédure suivie dans l'affaire
des concessions qui lit l'objet d'une inter-
pellation à la Chambre des députés le 18
mars dernier.
Il a dressé le bilan copieux des réformes
accomplies dans tous les domaines, admi-
nIstratif, économique, social. Il a enregis-
tré les simplifications opérées, notamment
la suppression de la direction des affaires
économiques, les mesures prises pour amé-
liorer la situation des fonctionnaires inlil-
aônes et les. conditions de leur carrière,
l'organisation du crédit agricole et l'ouver-
ture prochaine des banques provinciales,
la création d'une caisse d'épargne postale,
le développement de l'œu.vre d'assistance
médicale, la campagne massive de vacci-
nation contre le choléra appliquée d 8 mil-
lions d'individus, ce qui constitue une dé-
fense sanitaire sans précédent dans. aucun
paus.
Il fait l'exposé du revirement financier
opéré depuis 1926, où la caisse de réserve
réduite à 9 millions de piastres par suite
des prélèvements annuels montant à 21 mil-
lions en cinq ans ne pouvait plus suffire à
couvrir les dépenses normales. Le redres-
sement financier notamment par l'instiLUr
tion de la taxe intérieure de 2 %, permet
d'escompter l'équilibre certain de l'exercice
1927 avec un excédent probable de trois mil-
lions : dans les prévisions de 1!>28 l'excé-
dent assuré est de cinq millions de piastres
pouvant faire face aux dépenses d'un pro-
gramme de grands travaux ou gager un
emprunt de 00.000.000 de piastres. Ainsi le
régime fiscal restauré et assaini a rendu
au budget général son élasticité perdue en
le méfiant en mesure de répondre à tout
les besoins et à loules les éventualités. Mal-
gré le prélèvement sur le budget 1928 de
3.800.000 piastres pour des dépenses de pre-
mier établissement non renouvelables con-
sacrées uniquement à la mise en état de la
défrnse de l'Indochine, la situation de la
caisse de réserve restera à la clôture de
l'exercice, à un niveau supérieur à celui de
1926.
Après avoir indiqué les grandes lignes
des projets soumis à t'examen. du conseil
dit gouvernement pour la présente session,
le gouverneur général a conclu en disant
que « d'autres pourront être plus heureux
ou plus habiles et nous le souhaitons de
grand cœur dans l'intérêt de ce beau pays,
nul n'aura eu d'intentions meilleures, nul
ne se sera donné à sa tâche avec plus de
conscience et de sincérité Il.
(Indopatifi.)
1 –-
A propos des éteelioos
à la Guyane
-(H)--
Nous avons reçu à propos d'un récent écho
paru dans nos colonnes la lettre suivante de
M. Eugène Lautier, député de la Guyane.
Cher confrère et ami,
J' ai lu dans les Annales Coloniales l'entre-
filet que vous avez consacré à la situation élec-
torale en Guyane.
Contrairement aux bruits que certaines per-
sonnes avaient fait circuler dans un but facile
à comprendre, il est inexact que j'aie, un seul
moment, envisagé le projet de me présenter
dans une circonscription de la métropole.
Toutes les fois que j' ai été interrogé à ce
sujet, j'ai répondu que j'entendais rester fidèle
à mes électeurs.
L'œuvre que j'ai commencée en Guyane,
et qui a trait au développement économique de
cette colonie si longtemps délaissée, dépasse
la durée d'une législature, surtout d'une légis-
lature qui avait à résoudre tant de problèmes
issus de la guerre.
S'il s'agissait simplement de vous dire que
je n'ai pas le moindre doute sur le verdict que
je solliciterai l'an prochain, je ne vous. infli-
gerais pas la lecture de cette lettre ; mais il y
avait dans l'entrefilet des Annales un détail
que je vous demande la permission de rectifier.
Votre collaborateur a dit que j' avais été élu
à une petite majorité. J'ai obtenu 2.600 voix
contre 2.000. C'est une majorité qui représente
Il ou 12 des suffrages exprimés. La plu-
part de mes collègues de la Chambre actuelle
se sont contentés de beaucoup moins.
Dans le cas d'une population électorale plus
nombreuse, supposons 9.200 suffrages exprimés
au lieu de 4.600. Pour avoir une majorité
équivalente à la mienne. l'élu aurait dû obte-
nir 5.200 voix contre 4.000. On dirait alors
qu'il a été élu à une majorité considérable.
J'ajoute que, dans la plupart des circons-
criptions métropolitaines, mes collègues ont été
élus au quotient, c'est-à-dire avec quelques
centaines de voix de moins que certains de leurs
concurrents.
Je suis donc un des rares députés qui ait
obtenu une majorité absolue et une majorité
notable dont je reste très fier.
Mais pour contenter votre collaborateur, je
vous annonce qu'au mois de mai 1928. cette
majorité sera plus forte encore. Je n'ai rien à
refuser à mes confrères des Annales Coloniales,
Votre bien cordialement dévoué.
Eugène LAUTIER.
Acceptons-en l'augure avec joie et regret-
tons seulement que la collaboration de notre
éminent confrère se cantonne seulement dam
la zone gupanaise et ne devienne pas plus géné-
ralement coloniale, comme nous l'avons souhaité
au début de h législature.
M NUMERO : 90 CENTIMES
MAHDI SOin, 2u - OCTonnK 1927
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Les Annales Cotùitiales
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On a'ikowN mm frais teaf
lm loi Innaa
acire Il moi sur lu priiiomm il FICHIIII
Ce n'est pas seulement parce que les pro-
du Pacifique peuvent entraîner le
teoâe entier dans des malheurs épouvanta-
mes que l'Europe n'est plus a le centre du
IJIOQde, à la fois cœur et cerveau P. C'est
parce que d'ores et déjà les courants com-
fnerciaux changent de direction, et que, sui-
vant la prédiction du président Roosevelt,
Une fois close l'ère de la Méditerranée, celle
de l'Atlantique décline visiblement et celle
u Pacifique commence, pour qui examine
, les mouvements des échanges internationaux.
Les Services Economiques du Secrétariat
de la Société des Nations ont rapproché les
chiffres des importations et des exportations
du commerce international, pendant l'année
qui a précédé la guerre et en 1925. Je ne
m'arrête pas aux procédés statistiques qui
ont été employés, aux méthodes qui ont per-
mis de ramener à une unité de mesure les
iverses monnaies nationales, jugées suffi-
samment stables, etc., etc. Je me contente
de mettre en lumière les conclusions que l'on
peut tirer avec une sage prudence, des chif-
fres qui ont déjà été l'objet de commen-
taires nombreux. Les nôtres seront brefs et
aussi exacts que possible. - -
Trois nombres sont à retenir : ceux du
commerce total en 1913, en 1924 (aux prix
de 1913), en 1925; ce sont, en millions de
dollars, 37.900 ; 37.070; 39.600. Le volume
du commerce international est donc sensi-
blement supérieur en 1925 à ce qu'il était
avant la guerre. Hâtons-nous d'observer :
il, que le nombre des nations commerçantes
est plus élevé en 1925 qu'en 1913; 20 que
l'ensemble du commerce des nouvelles na-
tions européennes commerçantes n'atteint pas
4 du volume du commerce international.
Les dix premieres nations commerçantes
sont en 1925, d'après leur chiffre total
exprimé en millions de dollars : Le
Royaume-Uni (9-375) > les Etats-Unis
d'Amérique (8.997); (l'Allemagne 5.047);
la France (4.262); l'Inde (2.332); le Ca-
nada (2.256); le Japon (1.929); l'Italie
(1.77#); l'Argentine (1.598); la Belgique
(1.536).
Quelques remarques : si l'Angleterre passe
de 5.771 en 1913 à 9-375, Itrs Etats-Unis
passent de 4.223 à 8.997; l'Inde de 1.359
A 2.332; le Canada de 1.05 t à 2.256; le
lapon de 678 à 1.929. Le Japon s'élève du
>3® au 78 rang, malgré la crise. Mais les
changements de courants apparaissent plus
nets si, au lieu d'examiner les nations une
n une, on examine les groupes continentaux.
Voici les proportions des importations et
Oes exportations en 1913 et 1925 :
Importation ,Expol'tution
1913 1925 >9'3 1925
- - -
F urope Centrale et
Orientale 21,2 16,2 21,5 13,4
luropo .61,655 55,2 44,7
Amérique du Nord 12,4 16,2 15,8 20,6
Amérique Centrale 1,9 2,2 2,4 3,0
Amérique du Sud 5,7 5,2 6,7 6,2
Afrique 4,0 3,9 4,5 4.3
Asie 11,9 J 4, 1 12,7 17,9
Océanie 2,5 3,2 2,7 2,6
Le tableau suivant permettra de comparer
la répartition en pourcentages du commerce
total par groupes commerciaux :
1913 1925
Europe Centrale et Orientale 21,4 14,8
Europe 58,5 50,0
Amérique du Nord .,.. 14,0 18,3
Amérique Centrale. 2.1 2,6
,:An)érique du Sud. 6,1 5,7
Afrique 4>3 4»1
Asie 12,3 16,0
Océanie 2,6 3,3
Le commerce de 1 Europe tient donc une
place moins grande dans l'ensemble du com-
merce international : 55 en 1913, 45
environ en 1925; voilà pour les exporta-
tions; 62 en 1913, 55 en 1925, voilà
pour les importations. L'Amérique du Nord,
l'Amérique Centrale, l'Asie, l'Océanie im-
portent et exportent davantage. Passons aux
pourcentages et directions du commerce des
groupes internationaux; il serait utile, si
flous en avions la place, de transcrire ici un
* certain nombre des tableaux 'dressés par les
Services Economiques de la Société des Na-
tions. Pour qui les examine, il est évident
que l'Europe a moins importé et moins
exporté en 1925 qu'en 1913 et que ses rela-
tions commerciales avec l'ensemble du
inonde ont diminué depuis l'avant-guerre;
par exemple, elle exporte des Etats-Unis
53,0 au lieu de 60,4 et importe 29,3 au
lieu de 48,2; elle exporte du Japon 6,6 au
lieu de 23,3 et importe 17,4 au lieu de
30,7; elle exporte de Chine 20,4 au lieu de
26,4 et importe 18,6 au lieu de 26,4, etc.,
etc.
Les Etas-Unis exportent de plus en plus
en Asie (9,9 au lieu de 6,2) et y importent
de plus en plus (31,2 au lieu de 16,7).
Le Japon exporte davantage dans l'Amé-
rique du Nord (44,5 au lieu de 30,0) et y
Importe davantage (15,5 au lieu de 6,4).
La Chine exporte dans r Amérique nu
Nord 18,7 au lieu de 9,2 et elle en importe
15,5 au heu de 6,4, et dans l'Amérique du
Nord l'Australie exporte 6,1 au lieu de 3,6
et elle en importe 26,9 au lieu de 14,9,
l'Australie exporte en Asie 12,2 au lieu de
9,3 et elle en importe 12,5 au lieu de 8,8.
Des observations analogues pourraient
être faites, qui nous conduiraient aux mê-
mes remarques : le commerce international
tend de plus en plus à déplacer son centre
de l'Atlantique vers le Pacifique; l'Europe
n'a plus la maîtrise des échanges commer-
ciaux, les grands courant? se dirigent ail-
leurs. Vérité profonde et qui fait réfléchir.
J'ai avancé qu'il était nécessaire de l'in-
culquer aux générations qui viennent, afin
qu'elle se répandit irrésistiblement dans les
masses. Au mot fameux : il faut avoir l'es-
prit européen, il est temps de substituer ce-
lui-ci : il faut avoir l'esprit international.
Et le premier stade, pour y arriver, c'est de
comprendre que tout ne se déroule pas,
comme on a une tendance générale à le
penser, autour de nos pays de la vieille
Europe, que tous les courants n'en partent
pas, que tous n'y viennent pas aboutir.
Rappelons-nous le portrait du prince
Jali, dans a le Bouddha Vivant 9, tel que
Paul Morand l'a tracé, avant que son héros
fût venu affronter la civilisation occiden-
tale. t Jali possédait des atlas allemands,
mais ne comprenait pas très bien la forme
de la terre. Il disait, comme les Pères le lui
avaient enseigné, qu'elle était ronde, mais
il n'était pas choqué d'entendre les bonzes
affirmer qu'elle a la forme d'une omoplate
de mouton et que Karastra en est le cen-
tre. - Nous comprenons très bien la forme de
la terre et nous ririons au nez d'un bonze
oui nous dirait qu'elle a la forme d'une
omoplate de mouton. Mais combien. d'Euro-
péens mériteraient qu'on leur rie au nez,
quand ils continuent à s'imaginer que la
terre est le centre de l'univers, que leur pays
est le centre de la terre, et leur intérêt na-
tional le centre des intérêts des autres pays !
Cette "forme si répandue de l'égoïsme na-
tional ne peut résister à la poussée des
faits : heureusement car il y aurait eu d'ef-
froyables réveils.
Mario Roustan,
Sénateur de l'ilérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colonies.
Les enlèvements de Beni-Mel'al
Les pourparlers se poursuivent afin d'ob-
tenir la reddition des prisonniers de Beni-
Aleltat. Des tractations d'agents sont en-
gagées, mais il parait qu'il faut compter
avec le caprice du grand marabout Si lio-
ceïn Ou Temgu qui domine toute la mon-
tagne.
tlocein Ou Temga est un vieillard mara-
bout, type du berger fanatique, se relusant
à toute conversation, il a déjà fait massa-
crer deux membres de sa famille qui étaient
venus parler avec nos officiers de rensei-
gnements. Il sera donc très difficile d'arri-
ver à une transaction avec lui, car il pré-
férera garder les prisonniers comme otages
I pour être assuré qu'aucune action ne sera
entreprise contre lui.
Les deux fillettes du drame de Khenifra
sont déjà en sa possession et les négocia-
tions traînent. Un émissaire est venu dire
que les prisonniers sont bien traités dans
une maison, mais réclament des vêtements
cliawls, des cigarettes et des vivres. On a
immédiatement envoyé ce qu'ils deman-
daient.
Voici comment eut lieu le rapt :
Les Djicheurs qui ont enlevé les quatre
Européens étaient au nombre de sept. Toute
défense était inutile, car MM. Steeg et Mail-
let, confiants dans la paix de la région,
n'avaient emporté en tout qu'un fusil de
chasse et quatre cartouches. Surpris à
courte portée pendant qu'ils goMaient, ils
durent se laisser emmencr.
Iai première nuit se passa en des mar-
ches à pied ilans la montagne pour arriver
le lendemain, chez le cheiU, des Hami ou
Said, fraction de la tribu des AU ou Saïd.
Le clieil., qui s'appelle Khellah Outljtla, pa-
rut contrarié de l'affaire ; il convoqua la
| Djemaa, qui déclara qu'elle ne garderait
pas les captifs.
Alors, le chetk fourmi quatre mutes aux
captifs pour leur faciliter l'étape suivante.
Celle étape les mena au pays de leurs ra-
visseurs, à Affali, où ils sont encore.
Les tlerniers renseignements parvenus
cette nuit confirment que les prisonniers
des Béni Mellal sont toujours prisonniers
du même chef ; MM. Maillet et Steeg, les
fers aux pieds seraient étroitement gardés
dans le douar par des sentinelles.
Des arrestations sont imminentes parmi
les indigènes lieni Mellal ayant participé
à l'enlèvement.
Des. renseignements venant de Rabat et
flont nous n'avons pu avoir confirmation
indiquent qu'un bataillon de Sénégalais est
parti en camion-autos de Rabat pour Déni
Mellal.
Le conseiller chérifien Surdon est parti
également pour suivre les négociations.
L'Aviation Coloniale
Toulouse-Sénégal
Par suite de la fièvre jaune qui sévit à
Dakar, les lignes aériennes Latécoère ont
ramené leur tête de ligne à Saint-Louis. Le
courrier est apporté de Dakar en auto avec
de grandes précautions sanitaires.
Paris-Indochine
Les aviateurs (Italie et Hapin, nprès
avoir visité Angknr, comptent repartir
dans la matinée du 29 pour Bangkok où
ils prolongeraient leur séjour alln de faire
une exhibition sur leur appareil.
Marseille-Beyrouh
L'hydravion du commandant. Noffuès a
dû nmérir hier à 16 heures à Beyrouth, ve-
nant de Chypre.
Les aviateurs qui se trouvaient à bord et
qui devaient effectuer le voyage de retour
en France ont dû interrompre celui-ci et
revenir à Beyrouth pour effectuer quel-
ques réparations.
Un congrès de navigation aérienne
Hier 'matin, a été inauguré au Capitole,
en présence de M. Mussolini, des membres
du gouvernement, du corps diplomatique,
des hautes autorités et des déflégués de 40
pays, le congrès international de la navi-
gation aérienne.
Une politique des port. en A O.F.
AU DAHOMEY
: --.--
Les autres colonies côtières de
l'Afrique Occidentale rfançaise,
Côte d'Ivoire et Dahomey (1), sont
bien plus mal partagées encore que le -Sénégal
ou la Guinée au point de vue des moyens
'd'embarquement. Ni l'une ni Vautre de ces
deux colonies ne possèdent, à proprement
parler, de port. La côte rectiligne ne pré-
sente aucune baie naturelle, aucun promon-
toire rocheux qu'il eut été possible d'utiliser
pour construire des ouvrages de protection
contre les courants, contre la houle et la
barre venant du large, tous phénomènes qui
rendent d'autre part absolument impratica-
bles, à la navigation maritime, les. embou-
chures des fleuves ou rivières qui se jettent
dans le Golfe du Bénin. Et l'on n'a pas cru
devoir jusqu'ici engager 'des dépenses assez
élevées (100 à 200 millions de francs-pa-
pier, peut-être davantage) que nécessiterait
la création d'un port purement artificiel
dans ces parages.
Il est incontestable cependant que l'ab-
sence de tels ouvrages fait grandement dé-
! faut et nuit considérablement à la mise en
valeur des colonies.
-- -.
ôf nous examinons par exempte la situa-
tion du Dahomey, nous voyons que le trafic
extérieur de la colonie atteint, pour l'expor-
tation seulement, environ 90.000 tonnes et
que ce trafic s'eflectue presque exclusive-
ment à Cotonou où a été construit un wharf
métallique. Cet ouvrage, sorte de jetée à
claire-voie s'avançaitt dans la mer, m cons-
titue en aucune façon un port. Il rend néan-
moins d'appréciables services en ce sens qu'il
permet aux marchandises importées et aux
produits exportés de ne pas avoir à traverser
la zone la plus dangereuse, où déferle la
barre, et d'être transités, sauf par trop
mauvais temps, avec une certaine sécurité.
Les navires ne peuvent pas accoster ce
wharf; ils doivent mouiller au large, à une
distance d'au moins 500 mètres de l'ouvrage.
Les opérations de transit se font donc par
baleinières et nécessitent une double mani-
pulation. Elles sont forcément assez lentes
et, dès qu'il est plusieurs bateaux en rade,
le tonnage embarqué ou débarqué par'cha-
cun d'eux est excessivement réduit.
Le wharf de Cotonou est muni d'un cer-
tain nombre de grues à vapeur et porte plu-
sieurs voies Decauville. A terre, des maga-
sins assez vastes complètent l'outillage de
transit.
Cotonou, bâtie sur le cordon de sable qui
sépare la mer de la lagune, est reliée au
centre commercial de Ouidah et aux villes
de l'intérieur par un chemin de fer à écarte-
ment d'un mètre. Les communications avec
Porto-Novo se font par la lagune, où fonc-
tionnent des services réguliers de transport.
Grand-Popoy centre commercial assez im-
portant de la zone ouest, expédie générale-
ment directement ses produits et les embar-
que par des moyens de fortune. Il a cepen-
dant la faculté de les diriger sur Ouidah,
par la lagune et, de ltl, par voie ferrée sur
Cotonou.
C'est donc sur Cotonou que doit être por-
tée principalement Vattention. Son insuffi-
sance d'outillage maritime n'est pas sans
exercer sur les tarifs de fret une influence
détestable, ces tarifs sont d'autant plus éle-
vés en effet que les délais d'embarque me ut
sont plus longs. La proximité du port de La-
gos, accessible aux navires de fort tonnage et
relié à la lagune de Porto-Novo par des ca-
naux naturels qui sont le débouche de celle-
ci, ainsi que du fleuve Ouémé, peut faire
redouter d'autre part un détournement du
trafic dahoméen au profit du port allglllh.
La production agricole du Dahomey ne
parait pas toutefois appelée à se développer
immédiatement d'une façon extraordinaire
et, en l'absence de gisement minier connu et
susceptible de procurer un supplément de
trafic considérable, on ne peut guère envi-
sager, pour l'instant, la construction à Co-
tonou, d'un port véritable dont le coût serait
certainement disproportionné avec les res-
sources de l'A.O.F. et surtout avecm le ton-
nage qui pourrait être transité. L.a priorité
d'un ouvrage de ce genre doit être réservée
à la côte d'Ivoire, dont nous parlerons dans
un prochain article. Cela ne veut pas dire
qu'on ne doit- rien faire pour améliorer l'ou-
tillage maritime du Dahomey. J estime au
contraire qu'il est de toute urgence de doter
Cotonou d'un wharf supplémentaire. Les
o,pérations de transit seront accélérées sen-
siblement de ce fait et la réduction des ta-
rifs 'de frêt qui peut en résulter ne pourra
qu'être profitable au développement écono-
mique de la colonie.
Pierre Valude,
Député du Cher,
Ancien ministre.
(1) I.e Togo est dnns la môme situation.
Le départ de M. Lucien Saint
Go-
M. Lucien Saint, Résident Général de
France à Tunis, quitte Paris demain en au
tomobile, se rendant dans sa famille.
-U-- -
M. STEEG A TANGER
--n-o--
Le paquebot Marrclwl-I.uautey est arrivé
hier à midi trente dans la baie de Tanger,
avant ii hord M. Stceg, Bésident Général,
et le général Mougin, chef de son cabinet
militaire.
M. Stecg est en excellente santé et s'est
déeflaré très satisfait de sa traversée. Il a
reçu à bord M. Witasse, consul général de
France ; M. Alberge, administrateur, et
M. Carpentier, capitaine du port.
M. Steeg s'est rembarqué A 16 h. 30 sur
le Ktarèchal-Lijautcij qui a continué sa route
sur Casablanca.
A propos de la fièvre jaune
f.. 0_ 'L"
Cette terrible maladie fait couler, en
France. beaucoup d- eoae. et malheureusement
en Aniaue, fait succomber un trop grand
arinbre d'Européens.
Le très vieil Africain qui signe ces lianes
te permettra quelques réflexions.
La fièvre jaune existait de temps immémo.
rial, sous la paternelle et nonchalante adminis-
tration des Espagnols à Cuba. Tous les ans,
elle était cause de nombreux décès, et parfois
le réveillant brutalement, occasionnait de véri-
tables hécatombes.
Survint la domination des Etats-Unis. On
dira ce qu'on voudra des Anglo-Saxons. Ils ne
sont pas parfaits, c'est entendu. Il n'en est
pas moins vrai que, lorsqu'ils veulent quelque
chose, ils le veulent bien, et font le nécessaire
chose, l'avoir. Ils décidèrent d'affranchir Cuba
pour
de ce terrible fléau, la fièvre jaune. Et la fièvre
jaune a disparu de Cuba.
Il est vrai que, pour en aniver là, ils n hési-
tèrent pas devant les moyens les plus énergi-
ques. Destruction des maisons insalubres,
anéantissement des foyers de pestilance où se
reproduisaient les moustiques : pouvoirs draco-
niens donnés aux agents chargés de faire ap-
pliquer les ordonnances de police et de salu-
brité, ayant droit de pénétrer à toute heure par-
tout et chez tous : sanctions impitoyables contre
tous réfractaires aux ordres donnés ; il y eut
des pleurs et des grincements de dents. Mais
la fièvre jaune fut vaincue.
On peut donc venir à bout de cette horrible
maladie. Il suffit de vou loir, de mater les résis-
tances, d'où qu'telles viennent.
Le remède est tonnu : il faut simplement de
l'énergie et une forte dose de volonté avec un
parfait mépris des résistances intéressées. Les
palabres, les demi-mesures, les circulaires, les
démarches collectives ou individuelles. fu-
misterie. Quand on le voudra, on supprimera
la fièvre jaune au Sénégal comme on l'a vain-
cue à Cuba. Voilà la vérité.
D'ailleurs, il nous souvient de Conakry il y
a 25 ou 30 ans. Tous les ans, il y avait des
cas de fièvre jaune. Vint un jeune médecin qui
sut faire comprendre au Gouverneur d'alors
l'importance des mesures qu'il préconisait. Il
y eut résistance des Européens. Nécessité de
nettoyer le quartier indigène. Le nécessaire fut
fait, sans faiblesse, malgré toutes les récrimi-
nations, et, pendant de longues années, Co-
nakry ne connut plus ce cauchemar annuel.
Tout cela revient à dire que, si l'on veut, en
quelques mois, on expulsera la fièvre jaune de
Dakar et de tous les centres plus ou moins
contaminés actuellement. Mais il faut vaincre
les oppositions de quelque côté qu'elles se
produisent, et après un premier effort donné,
veiller à ce que les fâcheux errements ne re-
naissent pas. Du courage et de la ténacité, c'est
suffisant. Mais il en faut.
aLwMM Le Barbier
lu comité sipfhenr tfhyaiÉM a te salubrilè pnblique de l'i. O. F.
-–
Le Comité supésrieur d'Hygiène et de Sa-
lubrité Publique de l'Afrique Occidentale
Française, s'est réuni le lo octobre pour
examiner un projet d'urrûtô destiné a ren-
forcer les moyens do protection de la Colo-
nie, vis-ù-vis de la lièvre jaune sur tout le
territoire de l'Afrique Oecidentule Fran-
çoise.
Ce texte repose sur deux notions essen-
tielles :
1° Lu nécessité du dépistage rapide et de
l'isolement immédiat des fébricitants sus-
pects qui représentent pendant les premiers
jours un réservoir redoutable de virus ;
2° La destruction de l'insecte transmet-
teur, les stégomya et la protection contre
ses piqûres
Il est prévu selon la gravité de la situa-
tion trois régimes :
A La régime de danger imminent pour
la santé publique qui est appliqué dans les
régions où certains indices et certaines con-
ditions spéciales font redouter un réveil
amaryl. 1 comporte pour tous les habitants
sens distinction l'intensification de toutes
les mesures relatives à la destruction des
n'oustiques ; ensuite l'obligation d'une
chambre grillagée par appartement ; l'isole-
ment immédiat sur place sous grillage ou
moustiquaire de tout fébricitant suspect ;
l'obligation jKnir tous les voyageurs en
xonc de danger imminent d)lrc munis
d'un ¡).fissc-port sanitaire et de se soumet-
tre pendant toute la durée de leurs dépla-
cements a une visite médicale tous les trois
jours. Ces dernières mesures sont apppli-
coblcs au personnel de race blanche.
B - Le régime de la surveillance sani-
taire qui est appliqué lorsque dans un centre
ou un quartier nettement isolé il se pro-
duit quelques cas sporadiques de fièvre
jaiine ne constituant pas de foyer.
En sus des mesures précédentes il en-
traîne la fermeture des lieux de réunion à
21 heures ; l'obligation d'une protection gril-
lagée pour le personnel de race blanche
employé dans les bureaux, magasins ou ate-
liers du coucher au lever du soleil, des
moyens de protection individuels pour le
personnel des chantiers à ciel ouvert pen-
dant le même temps ; l'obligation de la
moustiquaire pendant la nuit ; l'isolement
immédiat sur place de tout fébricitant ;
l'obligation pour tous les voyageurs en
de la zAne sous surveillance, d'un passe-
port impliquant une visite journalière pen-
dant. six iours. »
-- -- - -.- - - -
C - Le régime de l'observation sanitaire
qui est appliqué lorsque se produisent plu-
sieurs cas constituant ou menaçant de
constituer foyer.
Les mesures ci-dessus sont aggravées par
la fermeture des lieux de réunion de 18 à G
heures, exception faite des restaurants qui
sont protégés par des grillages ; t'interdic-
tion du travail de nuit pour le personnel de
rcee blanche sur tous les chantiers et en
te us les endroits non protégés à moins que
le dit personnel soit pourvu de moyens de
protection individuels ; l'interdiction des
réunions de nuit en des endroits .non proté-
gés ; la recommandation et au besoin
l'obligation des moyens de protection indi-
viduels aux personnes ayant à circuler la
nuit ; l'obligation de six jours d'observa-
tion sanitaire poar pouvoir sorUr de la zône
interdite sauf pendant le jour où des laissez
passer valables de 6 heures à 18 heures
pourront être exceptionnellement délivrés
dans des cas d'urgence, la démoustication
des wagons de voyageurs, celle des navi
res ayant accosté à quai et enfin l'interdic-
tion ou la démoustication des marchandises
susceptibles ele transporter des moustiques.
C-
Les mesures d'ordre général sont appli-
cables à toute la population sans (Ustine.
tion, celles qui se rapportent À la sensib,
llté particulière des races blanches vis-à-vis
du virus amaryl sont applicables à celles-ci
y compris les syriens et les marocains.
Il est veillé à leur stricte exécution d'abord
par le personnel de l'administrntion, les
médecins et agents assermentés du Service
d'ï Santé, ensuite par des commissions de
contrôle spécialement créées dans lesquel-
les figureront les notables représentant les
divers groupements de la population.
e •
l.es pénalités prévues par le décret du 27
septembre dernier varient de TiOO a 1.000 fr.
et de 1.000 h 5.000 franes en cas de réci-
dive : l'emprisonnement est de 3 mois à un
nn et de 1 à 2 ans en cas de récidive. Les
étrangers contrevenants peuvent être expul-
sés par arrêté du Gouverneur général pris
en Conseil de Gouvernement ou en Com-
mission permanente.
En raison de l'ouverture prochaine de la
traite et des nombreux déplacements de
race blanche auxquels elle va donner lieu,
le Gouverneur Général a décidé de mettre
en imminence de danger tout le territoire
du Sénégul. Quant au régime de l'observa-
Lion sanitaire, il va èlrt; appliqué avec les
mesures ci-dessus dans tous les centres où
il a déjà été déclaré par le Lieulenunl-Goll-
verneur de' la Colonie et par l'adminislra.
teur de la Circonscription de Dakar ; c'est-
à-dire Dakar, Thiès, N'Bande, Kébémer,
Kolle, Mecké, et les camps de Sébiko et
de Huflsquc.
Les étudiants de l'Ecole de Médecine, ac-
luellement en vacances, ont été rappelés et
dès leur retour ils seront répartis pour ai-
der à la surveillance de tous les points sus-
pects ainsi qu'aux mesures de prophylaxie.
Le docteur Laigret, qui vient de suivre à
l'Institut Pasteur de Paris les questions de
vaccin et traitement par les sels de bismuth
est arrivé hier par le Caramanie avec un
lot de 300 cobayes pour les expériences à
mettre en train. Mais déjà les difficultés
commencent car 225 sont morts pendant la
traversée.
Le docteur Sorel, nouveau chef de Ser-
vice de Santé de la Circonscription de Da-
kur, est attendu lundi par le Méduana en
môme temps tlUC le professeur Pettit, char-
gé de diriger les recherches scientifiques
que le Gouverneur Général a demandé à
l'Institut Pasteur et qui seront poursuivies
à l'Institut de Biologie de Dakar avec la
collaboration de son directeur le docteur
Mnthis.
Quant à la situation générale, elle n'a pas
empiré ; la maladie continue à procéder par
des poussées de quelques cas qui corres-
pondent vraisemblablement à de nouveaux
apports de virus et s'éteignant quand les
mesures de protection sont devenues suffi-
santes, et que la démoustication a été assez
complète. La plus grande vigilance reste
nécessaire pour déceler et isoler dès leur
début tous les cas suspects et pour ne se
départir en rien d'aucune des mesures de
défense.
«
Le total des cas signalés au Sénégal de-
puis le 13 mai, début à Tivflouflne, jusqu'au
14 octobre, est de 142 dont 95 décès et 47
guérison sur une population blanche de
9.495 personnes, soit une proportion d'at-
teinte de 1 50 Sur ce nombre, Tfi ville de
Dakar a eu 56 cas dont37décès et 19 guéri-
sons ; les dépendances (Ouakam, Gorée,
Thiaroye) ont compté 13 cas dont 9 décès
et 4 gtiérisons. A la dale du 16 octobre, il
reste en traitement 8 cas confirmés et 3 cas
douteux en observation.
Le Transsaharien
automobile
10 a---
Le Transsaharien est un fait accompli.
Il n'est qu'automobile, il est vrai, mais c'est
tout de même un événement d'importance.
Nous sommes informés, en effet, que la
Compagnie Générale Transsaharienne vient
d'organiser la liaison de Colomb-Béchar à
Gao Csur le Niger) par un service automo-
bile régulier. Ce service aura lieu d'octo-
bre en avril, une fois par mois, avec départ
le 1er du mois de Colomb-Béchar. Le trajet
durera six jours et s'accomplira en cinq éta-
pes. Le voyage de retour s'effectuera dans
les mêmes conditions, le départ de Gao aura
lieu entre le 20 et le 25 du mois.
Certes, ce ne sont pas les autobus de la 1
C. G. T. (ne pas faire une confusion d'ini-
tiales) qui vont amener aux ports algériens
les produits de la boucle du Niger.
Mais une liaison régulière qui met Gao a
six jours de Colomb-Béchar, peut contribuer,
plus efficacement qu'il n'apparaît d'abord,
à la mise en valeur du Soudan français. Les
touristes, c'est très probable et, peut-être en
aussi grand nombre, les grands manieurs
d'affaires ne manqueront pas d'utiliser les
facilités nouvelles de déplacement ou d'in-
vestigation qui leur sont offertes.
L'établissement de cette ligne, à notre
avis, entrainera, indirectement, d'importan-
tes conséquences économiques.
R. B. L.
Dépêches de l'Indochine
La session annuelle du Conseil
du Gouvernement
L'ouverture de la session annuelle dit
Conseil du gouvernement, a eu lieu à Hanoi
le 21 courant..
M. Alexandre Varenne, gouverneur gén.
ral de l'Indochine, a prononcé un important
discours; où il a retracé l'œuvre accomplie
depuis sa prise de fonctions et exposé la
situation actuelle de l'Indochine. Il a lail
justice d'abord de la campagne systémati-
que de calomnies dont il fut l'objet, comme
tous ses prédécesseurs. A ce sujet, il a "a p.
pelé le cri d'indignation de M. Albert Sar-
raut, quittant VIndochine en 1919.
Il a démontré notamment l'absolue pro-
bité de la procédure suivie dans l'affaire
des concessions qui lit l'objet d'une inter-
pellation à la Chambre des députés le 18
mars dernier.
Il a dressé le bilan copieux des réformes
accomplies dans tous les domaines, admi-
nIstratif, économique, social. Il a enregis-
tré les simplifications opérées, notamment
la suppression de la direction des affaires
économiques, les mesures prises pour amé-
liorer la situation des fonctionnaires inlil-
aônes et les. conditions de leur carrière,
l'organisation du crédit agricole et l'ouver-
ture prochaine des banques provinciales,
la création d'une caisse d'épargne postale,
le développement de l'œu.vre d'assistance
médicale, la campagne massive de vacci-
nation contre le choléra appliquée d 8 mil-
lions d'individus, ce qui constitue une dé-
fense sanitaire sans précédent dans. aucun
paus.
Il fait l'exposé du revirement financier
opéré depuis 1926, où la caisse de réserve
réduite à 9 millions de piastres par suite
des prélèvements annuels montant à 21 mil-
lions en cinq ans ne pouvait plus suffire à
couvrir les dépenses normales. Le redres-
sement financier notamment par l'instiLUr
tion de la taxe intérieure de 2 %, permet
d'escompter l'équilibre certain de l'exercice
1927 avec un excédent probable de trois mil-
lions : dans les prévisions de 1!>28 l'excé-
dent assuré est de cinq millions de piastres
pouvant faire face aux dépenses d'un pro-
gramme de grands travaux ou gager un
emprunt de 00.000.000 de piastres. Ainsi le
régime fiscal restauré et assaini a rendu
au budget général son élasticité perdue en
le méfiant en mesure de répondre à tout
les besoins et à loules les éventualités. Mal-
gré le prélèvement sur le budget 1928 de
3.800.000 piastres pour des dépenses de pre-
mier établissement non renouvelables con-
sacrées uniquement à la mise en état de la
défrnse de l'Indochine, la situation de la
caisse de réserve restera à la clôture de
l'exercice, à un niveau supérieur à celui de
1926.
Après avoir indiqué les grandes lignes
des projets soumis à t'examen. du conseil
dit gouvernement pour la présente session,
le gouverneur général a conclu en disant
que « d'autres pourront être plus heureux
ou plus habiles et nous le souhaitons de
grand cœur dans l'intérêt de ce beau pays,
nul n'aura eu d'intentions meilleures, nul
ne se sera donné à sa tâche avec plus de
conscience et de sincérité Il.
(Indopatifi.)
1 –-
A propos des éteelioos
à la Guyane
-(H)--
Nous avons reçu à propos d'un récent écho
paru dans nos colonnes la lettre suivante de
M. Eugène Lautier, député de la Guyane.
Cher confrère et ami,
J' ai lu dans les Annales Coloniales l'entre-
filet que vous avez consacré à la situation élec-
torale en Guyane.
Contrairement aux bruits que certaines per-
sonnes avaient fait circuler dans un but facile
à comprendre, il est inexact que j'aie, un seul
moment, envisagé le projet de me présenter
dans une circonscription de la métropole.
Toutes les fois que j' ai été interrogé à ce
sujet, j'ai répondu que j'entendais rester fidèle
à mes électeurs.
L'œuvre que j'ai commencée en Guyane,
et qui a trait au développement économique de
cette colonie si longtemps délaissée, dépasse
la durée d'une législature, surtout d'une légis-
lature qui avait à résoudre tant de problèmes
issus de la guerre.
S'il s'agissait simplement de vous dire que
je n'ai pas le moindre doute sur le verdict que
je solliciterai l'an prochain, je ne vous. infli-
gerais pas la lecture de cette lettre ; mais il y
avait dans l'entrefilet des Annales un détail
que je vous demande la permission de rectifier.
Votre collaborateur a dit que j' avais été élu
à une petite majorité. J'ai obtenu 2.600 voix
contre 2.000. C'est une majorité qui représente
Il ou 12 des suffrages exprimés. La plu-
part de mes collègues de la Chambre actuelle
se sont contentés de beaucoup moins.
Dans le cas d'une population électorale plus
nombreuse, supposons 9.200 suffrages exprimés
au lieu de 4.600. Pour avoir une majorité
équivalente à la mienne. l'élu aurait dû obte-
nir 5.200 voix contre 4.000. On dirait alors
qu'il a été élu à une majorité considérable.
J'ajoute que, dans la plupart des circons-
criptions métropolitaines, mes collègues ont été
élus au quotient, c'est-à-dire avec quelques
centaines de voix de moins que certains de leurs
concurrents.
Je suis donc un des rares députés qui ait
obtenu une majorité absolue et une majorité
notable dont je reste très fier.
Mais pour contenter votre collaborateur, je
vous annonce qu'au mois de mai 1928. cette
majorité sera plus forte encore. Je n'ai rien à
refuser à mes confrères des Annales Coloniales,
Votre bien cordialement dévoué.
Eugène LAUTIER.
Acceptons-en l'augure avec joie et regret-
tons seulement que la collaboration de notre
éminent confrère se cantonne seulement dam
la zone gupanaise et ne devienne pas plus géné-
ralement coloniale, comme nous l'avons souhaité
au début de h législature.
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