Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-01-07
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 janvier 1927 07 janvier 1927
Description : 1927/01/07 (A28,N4). 1927/01/07 (A28,N4).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-HUITIEME ANNEE. Ne 4 LB NUMERO : 80 œNTIIIII VENDREDI SOIR, 7 JANVIER 1927
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Les Annales Coloniales
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La jeunesse chinoise
8..
Dans le dernier chapitre de son ouvrage
sur la Chine, M. Maspéro s'exprime ainsi
fur le compte du peuple chinois : « Le Chi-
nois demeure profondément indifférent aux
questions de politique, politique intérieure
aussi bien que politique étrangère. Courbé
sur sa charrue ou appliqué i ses comptes,
il reste étranger aux questions de régime;
et les éclios des compétitions internationales
ne parviennent pas jusqu'à ses oreilles. Aussi
bien en serait-il troublé qu'il s'attacherait
par tradition à les ignorer tant que ses in-
térêts immédiats ne seraient pas en jeui
C'est affaire de ceux qui sont payés pour
s'en occuper. A eux seuls d'en assurer le
fcouoi et le soin. »
l e sort du pays dépend donc d'un groupe
peu nombreux d'individus plus ou moins in-
telligents. Les anciens cadres politiques pa-
Itaellt inutilisables et incapables. Ils mé-
prisent la civilisation occidentale qu'ils com-
prennent mal et n'ont pas confiance dans
celle de leur pays. L'avenir de la Chine re-
pose donc, suivant M. Maspéro. entre les
mains de quelques individualités d'une intel-
ligence supérieure, qui se sont révélées ré-
cemment, dent Touan Tsi Jouei est le proto-
type et les « Jeunes-Chinois » élevés dans les
Universités étrangères, tel Sun Yat-Sen.
- - ----
Laissons pour l'instant de côté les Chi-
nois de la première catégorie qui semble.,
d'ailleurs, mis hors de jeu par les événe-
ments récents et passons aussi sur Sun Yat-
Sen, dont le rôle est trop connu pour qu'on
y insiste encore une fois. Mais il y a le
groupe important des t Jeunes-Chinois.
qui ,i'inspirent de feu Sun Yat-Sen, sans
cependant accepter toutes ses conceptions.
Celui-ci était à la fois nationaliste et socia-
liste, tandis qu'un grand nombre de ses ému-
les ne nous donnent pas l'impression de
nourrir de vives préoccupations d'ordre so-
cial.
11 ne saurait être question, il va sans dire,
de préjuger les résultats d'une lutte dont
l'issue est, malgré tout ce qu'on dit, encore
obscure, parce que les revirements brusques,
qui renversent en quelques semaines une si-
tuation, sont choses fréquentes en Chine.
Aussi bien il ne nous semble pas que le sort
des armes, s'il était défavorable aux armées
cantonaises, pût détruire l'influence que la
mentaiifc* des Jeunes-Chinois ne manquera
i pas d'exercer sur leur pays. Cette mentalité,
M. Ting Tchao Ts'ing va nous l'analyser.
M. Ting Tchao Ts'ing est venu étudier à
Paris l i prépare en ce moment une thèse sur
la Chine telle qu'on se la figurait au XVlII-,
'd'après le s récits des voyageurs. M. Ting
lïtw. Ts'ing n'est pas ce que nous avons
l'habitude d'appeler un militant. Il partage
sans doute les idées des Jeunes-Chinois en
(ên(:..al, nais l'ardeur du combat, l'esgrit
de p-uiv n'interviennent pas chez lui pour
troubler le' jugement et lui faire taire quel-
ques-uns des défauts de ses concitoyens.
C'est ainsi, par exemple, qu'il note que ses
compatriotes étudiants en Europe « s'occu-
peJ.l plus des réunions politiques que de leurs
travaux d'école. Enfin, dernier trait et qui
veut (J'être: retenu, M. Ting n'appartient pas
à la Chine du Sud, il est de la Chine du
Nord, il est de Pékin.
Quels vjnt d'après lui les sentiments de
ct s « J'.r.nes-Chinois » dont le rôle s'an-
nonce comme devant être considérable?
I.tJ. jeunesse actuelle, déclare-t-il, est ner-
veuse. Cet état est le résultat des années de
trouble, dans lesquelles se déroulèrent son
ouf Am e. C'était l'époque ou Ta Chine, vain-
cue par le Japon, était humiliée, envahie,
dépecé par les puissances européennes qui,
profitant de sa faiblesse qu'elles avaient
longtemps ignorée et qui les surprenait, se
faisaient adjuger les territoires qui leur con-
venaient le mieux. Ils ont entendu parler
aussi de la fameuse expédition des Boxers; on
leur a raconté le pillage et l'incendie du
Palais d'Eté. Et on leur a dit que les sol-
dats de l'Occident étaient des barbares qui
ne savaient même pas respecter les beautés
de l'art et étaient insensibles à tout autre
sentiment qu'à la passion du butin. Ils ont
entendu les chansons qui perpétuent jusque
dans les plus basses classes de la société, les
légendes de cruauté et de carnage destinées
à provoquer pour l'Européen plus de mépris
que de crainte.
Tout jeunes, ils ont vu les ruines « qui
sont aujourd'hui, le seul vestige de ce lieu
enchanteur dans le nord de Pékin. Il n'en
reste aujourd'hui, ajoute M. Tsing, que quel-
ques arches de pont en marbre, couvertes de
buissons sauvages et quelques colonnes dres-
sés dans les champs déserts qui rappellent
leur ancienne beauté. S'ils réfléchissent à la
cause du désastre ainsi évoqué à leurs yeux,
il leur faudrait vivre sur une autre planète,
pour ne pas avoir honte et pour ne pas être
indignés. » C'est même hors de leur pays, en
Europe qu'ils rencontrent exposés dans les
musées les objets d'art enlevés par la force,
qui sont là pour le plaisir des. curieux, mais
soulèvent chez les jeunes célestes des senti-
ments bien différents.
Ces jeunes gens apprécient hautement
l'hospitalité des pays où ils séjournent, mais
ils souffrent de voir que l'on a de leur patrie
une opinion injuste, aussi bien dans la presse
que dans certains autres milieux et leur re-
connaissance envers les peuples qui les ont
fait participer à une vie intellectuelle plus
étendue, menace de s'évanouir et même de
tourner en haine. Pourquoi, en effet, cette
habitude insupportable de parler sur un ton
qui latsse trop facilement percer l'ironie des
institutions chinoises que I on n'hésite pas à
tourner en ridicule avant de s'être assuré
qu'on les a bien comprises' « Une chinoi-
serie, dit M. Tsing est une chose ridicule et
incompréhensible. » Et cela est intolérable.
Aussi cette jeunesse a-t-elle abandonné
les idées confucéennes de paix, si chères
aux anciens lettrés. Confucius disait : « En-
tre quatre murs nous sommes tous frères. et
aussi « Ce que vous ne voulez pas pour vous-
mêmes, ne le faites pas à autrui. » Ces for-
mules sont belles, mais d'un autre âge. Elles
ne conviennent pas à une époque où les du-
res réalités en font pour ceux qui les prati-
quent une véritable duperie. Il y a un siècle,
avant la guerre de l'opium, avant les traités
de Pékin, de Tien-Tsin, elles pouvaient être
prises pour règle de conduite. Mais non au-
jourd'hui. Aussi les jeunes générations les
ont-elles dédaignées.
Cette jeunesse qui aspire à diriger la
Chine veut la soustraire à l'emprise des puis-
sances étrangères. Aujourd'hui, pense-t-elle,
les puissances colonisatrices veulent imposer
à l'ancien empire céleste le régime qu'elles
ont imposé à l'Orient, à l'Afrique et à
l'Inde. Imitant l'exemple des Anglais dans
ce dernier pays, elles songent à pousser la
Chine à se ruiner par la guerre civile, de fa-
çon à pouvoir ensuite plus facilement éta-
blir leur domination. C'est pourquoi elles
soudoient et équipent les armées des géné-
raux qui se font la guerre, officiellement
pour leur propre compte, en réalité pour ce-
lui de telle ou telle nation de l'extérieur.
« Ce n'est pas une guerre civile qui se
déroule depuis quinze ans sous nos yeux,
écrit dans un journal de Shanghaï, un étu-
diant rentré chez lui, et qui ravage notre
belle civilisation. C'est une guerre de colo-
nisation des puissances. » Et il poursuit en
montrant que les puissances ont un moyen
efficace d'y mettre fin : l'interdiction de la
vente des armes, mais qu'elles se gardent
bien d'en user.
-
il va de soi que les Jeunes-Chinois sont
opposés au régime des concessions, aux trai-
tés inégaux, à tout cet ensemble d'usages qui
font que les forces navales étrangères peu-
vent remonter sans violer officiellement le
territoire national, jusque dans l'intérieur
de la Chine. Ils sont évidemment hostiles
à l'intervention étrangère.
Tels sont les sentiments qui animent la jeu-
nesse chinoise. M. Tsing se plaint de ce que
les puissances européennes n en comprennent
pas la valeur et la puissance. Je ne suis pas
aussi sûr que lui de l'ignorance, de l'inintel-
ligence des puissances étrangères. J'ajoute
même que je suis persuadé, convaincu du
contraire. Les nations étrangères savent par-
faitement quelles pensées guident les Jeu-
nes-Chinois et que leurs intérêts peuvent être
menacés par la politique qu'elles inspirent.
C'est pourquoi elles luttent contre ce mouve-
ment, tantôt directement, tantôt indirecte-
ment. Ce sont deux conceptions politiques
qui se heurtent : celle de la Jeune-Chine
et celle de la Vieille Europe. Nous venons
de voir ce que pense un représentant autorisé
de la Jeune-Chine. Nous connaissons celles
des puissances européennes. Il semble que
ce soit entre les unes et les autres une ques-
tion de force. C'est l'avis de beaucoup de
politiciens qui aiment à prendre le qualifi-
catif de réalistes et se parer du titre d'hom-
mes d Etat. Quant a nous, nous pensons tout
modestement, qu'après s'être fait la guerre,
on finira par s'apercevoir qu'une conciliation
des intérêts opposés n'était pas impossible
et qu'il eut été préférable de la. tenter au
lieu de recourir aux armes. C'eut été une
politique sage. Mais la sagesse est encore
moins commune que le bon sens qui ne l'est
pourtant pas beaucoup.
Henry Fontaniert
Député du Cantal
Secrétaire de la Commission
des Affaires Etrangère»
membre de la Commission
des Colonies.
Au Collège - de France
M. William Mnrçais, professeur à l'école des
langues orientales vivantes est nommé pro-
fesseur titulaire de la chaire de langue et de
littérature arabes du Collège de France.
PHILATBLIS
Maroc
Une nouvelle émission de timbres-poste
vient d'avoir lieu. Elle porte sur dix types
différents et a obtenu un vif succès.
- oute-
LA PAIX AU MAROC ]
L'aviation
Un événement inattendu mais significatif
vient d'indiquer très heureusement le degré
de pacification réelle du Maroc.
Au cours d'une mission de reconnais-
sance qu'il effectuait au sud-est du grand
Atlas, dans la région semi-désertique qui
s'étend entre cette chaîne et le Tafilalet, un
Goliath militaire, ayant à bord le lieutenant
Brémond et trois observateurs, fut oNe
d'atterrir au milieu: de tribus non formel-
lement soumises.
Les aviateurs ont été ramenés sous es-
corte à notre poste militaire du Telouet,
qui garde le col de même nom, au sud de
Marrakech.
Les aviateurs ont déclaré qu'ils avaient
été convenablement traités, nourris et hé-
bergés par les habitants du pays qui en-
suite leur donnèrent les moyens de rega-
gner nos lignes.
Lire en seconde »ade une importante com-
munication du MARQUIS DE BARMHE-
LEMY sur la POLITIQUE FRANÇAISE
BiV INDOCHINE.
En Indonésie
Ça recommence, et il fallait bien
s'y attendre. Des dépêches de B.
tavia nous informaient, il y a Quel-
ques jours, que toute la région de Silseng-
kang, sur la côte occidentale * de Sumatra,
était en révolution. J'ai suivi d'assez près
le mouvement communiste en Indonésie et
j'en ai entretenu plusieurs fois nos lecteurs.
Aucun de ceux qui me font Vhonneur de me
lire ne sera surpris dé ce qui se passe.
Le camarade Semaoutt, qui représentait le
parti communiste indonésien, a fait au 70
Plénum élargi du Comité Exécutif de l' In-
ternationale Communiste un long exposé de
la situation dans son pays; dès l'ouverture du
plénum, le 22 novembre, M. Boukharinc
avait envoyé un salut fraternel au p-euple
chinois et au peuple javanais ; « Nous sa-
luonsdu haut de cette tribune, les ouvriers
et paysans d* Indonésie, les larges masses des
travailleurs de cette colonie hollandaise qui
luttent contre le capital: nous sommes prêts
à soutenir cette lutte de toutes nos forces. 9
Après que les délégués Chinois, MM. Tan
Pin Sian et Chao Li Tse eurent déclaré :
« La victoire du mouvement révolutionnaire
chinois n'aura pas seulement pour effet de
réveiller les peuples asservis d'Asie, mais
aussi de faire sentir son effet sur le prolé-
tariat CfJ lutte contre les Etats capitalistes
d'Occident. Le capitalisme marche vers sa
propre perte dans le temps où le Komintern
devient son fossoyeur », les membres du fJ/e-
num enthousiasmés leur firent une ovation,
et, debout, entonnèrent l'Internationale.
C'était le tour du camarade Semaoutt. Ce-
lui-ci avait exposé dans la Pravda du 21 no-
vembre, les causes principales qu'il attribuait
aux révolutions dans les Indes Néerlandai-
ses : salaires insuffisants, impôts trop lourds,
insuffisance des mesures destinées à défen-
dre la santé publique et à répandre l'ensei-
gnement, surtout persécutions dont les orga-
nisations, appelées par Semaottn profession-
nelles, étaient l'objet de la part des Ilol/an-
dais.
Mais, ajoutait Semaoutt, les espérances ré-
volutionnaires ont trouvé leur principal ali-
ment dans les victoires de l'armée de Can-
ton; ce sont ces victoires qui ont inspiré
« aux masses indonésiennes » une foi illimi-
tée dans leurs propres forces. Les Javanais
triompheront et emporteront de haute lutte
la liberté de la presse, de réunion, la liberté
syndicale, l'amnistie pour les détenus poli-
tiques, le retour des exilés, la remise de l'ad-
ministration de l'Etat entre leurs mains, la
refonte des 'impôts avec réductions pour les
Indonésiens, une législation ouvrière, etc.
« Le gouvernement hollandais n'est pas dis-
poù à satisfaire ces revendications ; il s\f-
fortt, au contraire, d étouffer l insurrection
et d'opprimer davantage le peuple d'Indo-
nésie. Cependant, une telle politique, une
politique d'incessante oppression, fermant
les voies à la lutte contre Vexploitation im-
placable de 50 millions d'Indonésiens aura
un résultat inévitable : c'est de creuser da-
vantage et d'approfondir le mouvement révo-
lutionnaire. »
Et. comme la révolution chinoise, la révo-
lution indonésienne aurait le dernier mot.
C'était le sens des déclarations de Semaoutt
au plénum. Il ajoutait quelques détails ca-
ractéristiques sur la politiqke d'exploitation
en vertu de laquelle, selon lui, le gouverne-
ment hollandais avait la prétention de re-
tirer 2 milliards de gould de bénéfices :
« Cette exploitation certainement fera renaî-
l, tre une recrudescence du mouvement révolu-
tionnaire, lequel finira par amener la libé-
ration définitive de l'Indonésie du joug im
pénaliste. »
Le 20 novembre, le Comité Exécutif de
VInternationale Communiste avait lancé un
appel aux ouvriers et aux peuples opprimés
en faveur de la révolte des Indes Néerlan-
daises. Dans l'ordre du jour du plénum, fi-
gurait au quatrième rang le rapport de M.
l'ail Pin Sian sur la question chinoise. Il
a été discuté le 29. Les débats, nous dit-on,
ont été très animés et M. Manouilski n'a pas
hésité à déclarer au plénum nue la révolte
| des Indes néerlandaise après celle de la
Chine faisait entrer dans une voie nouvelle
le problème du Pacifique. « Les troubles de
Java sont un témoignage (des effets de la
révolution chinoise). Cette révolte jointe à la
révolution chinoise met en avant la question
du Pacifique. Il ne faut pas non plus ou-
blier que la situation n'est pas tranquille
aux Philippines. »
De ces documents, de ces faits. de ces ci-
tations, on aura tiré la conclusion nécessaire
et on aura V explication exacte du caractère
des troubles sanglants qui recommencent
dans l'Indonésie.
Mario Roustan,
Sénateur de It Hnult, ancien ministre.
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colonies.
Les troubles de Sumatra
On mande ds. Padanq que les autorités sont
décidées à sévir aven la dernière rigueur contre
les fauteurs de troubles et que déjà les commu.
nications ferroviaires sont en partie rétablies
dans la ré ton.
On signale, d'autre part, que les femmes et les
enfants ont reçu l'ordre d'évacuer le district de
Siloengkang, où les désordres ont été particuli.
rement graves. Le chef des rebelles a été fusillé.
(Par dépêche.)
La tempête en Méditerranée
L'agent du Uori. à Bixerte, a télégraphié
hier 6 janvier que du signma de détresse ont
été reçus de mm français Alfred-
qui se trwoait êéiimwé è enoinm 60 ItIlorrti-
Ira aa toi ft cap Teutaia (Sffrfataie).
(Par dépfche.)
L'AVIATION COLONIALE
0
Madagascar-Saint-Raphaël
Le lieutenant de vaisseau Bernard, de
retour de Madagascar, attendait depuis le
29 décembre, à Aboukir, en Egypte, et un
poste de T. S. F. qu'il a disposé sur son
appareil avec le concours de son com-
pagnons, le maître principal Bougault,
et l'avis que les navires dépanneurs répar-
tis sur le parcour Aboukir-lle de Crète-Athè-
nes-Malte et Bizerte fussent à leurs postes.
Ayant été informé par le vice-amiral Fro-
chot, directeur de l'aéronautique maritime,
que tout était prêt, le lieutenant de vais-
seau Bernard a quitté hier matin Aboukir à
7 h. 10 et il a amerri dons le port de la
Sude (nord-ouest de Vile de Crète) h 15 h.
n lui reste à franchir les étapes dont les
escales sont Athènes, Malte et Bizerte, et
l'on pense qu'il amerrira en rade de Saint-
Raphnfil soit lundi, soit mardi prochain.
Les fortes émotions
Le général de Goys que ses remarquables
randonnées sahariennes ont fuit nommer
officier générul, a raconté à notre confrère
le (t Quotidien » !a plus forte émotion qu'il
nit ressentie au cours de l'expédition du
Tclvad.
C'était il Niamey, dit le général de lios,le
10 février IJ2."), nous prenions le départ en direc-
tion de Mudoua.
» Nous venions de décoller; j'étais iL bord du
Roland-tiarros, assis il côté de l'elletier d'Uisy,
qui pilotait. Nous étions à une cinquantaine de
mètres au-dessus du sol.
« Je vis soudain le Jeatutasale, piloté par le
colonel Vuillemin, qui volait ù peu de distance,
devant nous, entamer une glissade sur l'aile,
tourner et s'abattre sur le sol comme une masse.
« Le gros quadrimoteur n'était plus qu'un
amas do décombres; je pensais à mes camara-
des qui le montaient, Vuillemin, le commandant
Ougneaux, les sous-officiers Knecht et Yandelle
sans doute morts !.
« Les larmes me vinrent aux yeux et, pen-
dont quelques secondes, lu gorge serrée, je ne
pus articuler un mot ni faire un geste.
'< Jamais de ma vie je n'ai été aussi ému, et
ie ne voudrais, pour rien au monde, revivre cet-
te minute.», conclut le général de Goys, la voix
tuuto changée par l'émotion.
De Croydon aux Indes
Sir Samuel Hoorc, ministre de l'aéronau-
tique, et lady Hoare, qui uvaient quitté Lon-
dres le 27 décembre, ont atterri à Karachi,
hier à 17 h. 25 (heure locate), complétant
uinsi leur rMd Londres-Karachi à bord d'un
avion trimoteur.
Au point de vue régularité, ce raid a été
remarquable, car après avoir volé 7.800
kilomètres, l'avion a atterri à Djask (golfe
norsique) avec dix minutes d'avance sur
l'horaire.
Ainsi que nous le relations hier, après le
départ de cette ville, l'appareil a dû rebrous-
ser chemin eh raison de la tempête de sa-
ble. Mais, malgré ce retard, le premier
depuis le départ d'Angleterre, le voyage
entre Londres et Karachi a été effectué
en onze jours, ce qui constitue un record
de vitesse pour avion commercial transpor-
tant des passagers entre ces deux points.
Après deux ou trois jours passé à Kara-
chi, sir Samuel et Indy lloore reprendront
l'air il destination de nnlhi, où le vice-roi
des Indes baptisera l'avion du nom de
CHu-ol-Delhi. -
Ce que nous pourrions
demander à l'Espagne
A la veille de l'ouverture de nouveaux
pourparlers sur la question de Tanger, il
n'est pas sans intérêt de rechercher les com-
pensations que la France pourrait demander
à l'Espagne en échange des concessions que
nous serons probablement amenés à lui
faire.
C est tout naturellement à la rectification
(le la frontit-re du Rio de Oro que nous son-
geons, car dans cette région il n'y a guère
d'intérêts à sauvegarder autres que ceux de
quelques rares tribus par une répartition ra-
tionnelle de l'élément ethnique de ces con-
trées.
L'Association française « Le Maroc », a
publié en octobre 1926 une suggestion que
le Quai d'Orsay aurait prise en considéra-
tion :
La frontière septentrionale du Rio de Oro
serait poussée de l'oued Drâa plus au nord
jusqu'à l'oued Noun, se confondant avec
celle de la région d'tfni (aux Espagnols).
EUç irait de l'embouchure de l'oued Noun,
sur l'Océan, à Goulimin, à 100 kilomètres
vers l'est, puis se dirigerait parallèlement
à la côte vers l'extrémité occidentale de la
frontière méridionale définie par la conven-
tion du 27 juin 1900, en dégageant complè-
tement la route directe vers la Mauritanie ;
Quant à réclamer la zone d'Ifni, ce me sem-
ble fort inutile étant donné que ce ne sont
que dunes de sable ainsi du reste qu'au Cap
Juby, à Bojador.
L'occupation de ces postes par quelques
soldats espagnols nous a, il faut le recon-
naître, rendu Service à plusieurs reprises,
mais je reste convaincu que la concession
du droit de suite accordée aux deux puis-
(lu ( i ro
sances voisines dans ces régions sahariennes
est le seul moyen de rétablir la sécurité.
CajrèfM Davaux.
Le statut de Tanger
00
L'organe 6t:mi-oftieiel La Xacion dément
la. nonvelde donnée par plusieurs de nos
confrères selon laquelle le (jouvcrnemoot
espagnol aurait eomnwncÚ la discussion au
sujet de la question de Tanger avec le Gou-
vernement de Rome.
A l^anicer
Cambriolage d'un commissariat
Une tentative d'effraction a été commise
dans le bureau du commissariat en chef de
la poUce tangéroise.
Une information judiciaire a été ouverte
contre l'agent qui se trouvait de garde. Ce
dernier a été mis on liberté provisoire.
L'exposition coloniale
internationale
---0-0--
Ainsi que nous l'avons annoncé hier, deux
décrets, que M. Léon Penier, ministre des Co-
lonies vient de soumettre à la signature du
Président de la République, fixent, l' un la date
de l' Exposition Coloniale Internationale, l'au-
tre, l'organisation de cette importante manifes-
tation. Importante, en effet : on estime d'ores
et déjà qu'elle coûtera tant à la France qu'à
ses colonies et protectorats et aux nations qui y
participeront. plus de 200 millions de francs. ---
- - -
Et alors que l'Exposition coloniale de Mar-
seille (en 1922) ou que l'Exposition des Arts
Décoratifs ne couvraient qu' une superficie de
40 hectares, l'Exposition de Paris de 1929
s'étendra sur 110 hectares dans le Bois de Vin-
cennes. Le périmètre occupé englobera les bas-
tions 4. 5, 6 et 7 et ira de la porte de Charen-
ton à la poterne de Montenpoivre. Il fera le tour
du lac Daumesnil, mais en laissant à l'extérieur
le Vélodrome municipal. A l'Est, l' Exposition
sera limitée par la route 38. Le bastion 4 est
destiné à abriter les transports coloniaux. On y
verra des pirogues, des wagons de chemins de
fer à voie étroite, des pousse-pousse, des auto-
chenilles et des autos six-roues.
Les bastions 5, 6 et 7 contiendront la Sec-
tion métropolitaine, c'est-à-dire tous les produits
de la métropole nécessaires à la vie coloniale.
Au sud du lac Daumesnil s'élèveront les
constructions des colonies françaises : le futur
Musée permanent abritera l'Afrique du Nord
(Algérie, Tunisie et Maroc). Dans une autre
section voisineront l'Indochine. le Pacifique.
Les sections voisines seront consacrées au Mi-
nistère des Colonies, aux Vieilles Colonies, à
l'A.O.F.. à l'A.E.F. et à Madagascar.
Au Nord et à l'Est du lac Daumesnil s'élè-
veront les palais et pavillons des Colonies étran-
gères. On y verra représentées les possessions
britanniques, hollandaises, belges, danoises,
portugaises, japonaises, espagnoles, etc.
- - -
Le lac Daumesnil sera, avec ses deux îles,
le centre de l'Exposition coloniale et des fêtes
qui s' y donneront. On y verra des villages indi-
gènes. avec des attractions coloniales. Un peu
partout, on trouvera des restaurants indochinois,
algériens pu tunisiens.
L'Exposition s'ouvrira le 15 avril 1929 et
durera six mois. Elle contribuera à mieux faire
connaître notre Empire colonial en France et à
l'étranger et à 1 essor de nos possessions d'outre-
mer. Elle laissera après elle, comme nous
l'avons indiqué, un musée colonial permanent.
Enfin, notons ce point de vue un peu spécial,
mais qui intéresse beaucoup de Parisiens : les
moyens de transport vers Vincennes et le Bois
de Vincennes seront notablement améliorés, et
ce progrès sera acquis.
Pour le Thiès Niger
--()-o--
Hier a eu lieu au ministère des Colonies
une adjudication pour la fourniture de ma.
tériel de voie (aiguilles, etc.), du chemin de
fer Thiès-Niger.
Ce sont les établissements Cou thon, 124,
Ixnilevard Magenta, Paris 10". qui ont fait
les meilleurs prix. Le total de leur offre
pour les quatre lots dépasse légèrement
340.000 francs.
- |
L h' d , S Il
Le march e du riz à Saigon
Situation générale. - Marche faiblr.
L'ancienne récolte est pratiquement épui-
sée. Les acheteurs de Java se sont retiras
du marché, ceux de Shangai et dit Japon
restent dan s l'expectative. Clôture en bais-
se, sauf pour les farines.
Riz. - Marché calme. Peu d'affaires trai-
tées, les cours sont en haisse, mais ils
ne sont pas encore suffisamment bas pour
permettre aux acheteurs d'Extrême-Orient
de conclure des marchés.
T-es marchés de l'Europe ne sont pas in-
téressés.
Brisures. - Marché sans affaires. Au-
cune demande de l'Europe. Les stocks sont
assez importants. Les prix sont en baisse
sensible.
Farines basses. - Les allaires sont pure-
ment locales. Aucune demande de l'exté-
rieur. Les prix se maintiennent par suite
de l'imlwrtante demande locale. Les stocks
sont peu importants.
Récolte. La récolte dit riz hdtif se ter-
mine dans de bonnes conditions. Son ren-
dement est un peu inférieur à la moyenne,
en raison des pluies qui ont accompagné la
floraison. Les riz de saison donneront,
sauf imprévu, une. récolte supérieure à la
normale, Le riz tardif a été cultivé dans
de bonnes conditions, ce qui fait espérer
une bonne récolte.
Exportation. - Les exportations, pendant
la deuxième quinzaine de décembre, attei-
gnent : 41.715 tonnes, à Savoir :
Riz blanc :
Tonnes
Sur la Fra:ncr. 943
Sur l'Etranger .,. 29.080
Riz cargo :
Tout sur l'Etranger t176
Paddy :
Tout sur l'Etranger io0
Brisures :
Sur fa "'ranrr. 2.m
Sur l'Etranger ..121
Farines :
Tout sur l'Etranger ,t.tfl
Le total général pour la Cochinehine tl"-
puis le 1er janvier 1986 est de 1^71. r>r>3
tonnes.
Indopacitl.
TAUX DE LA PIASTRE
A la date dit a janvier, le taux de la pinslre
à Saigon I-tnit île 12 fr. 40.
UNE LETTRE BE M. OUTREY
---0.0---
Nous recevons de M. Ernest Outrey, député
de la Cochinchine la lettre recommandée sui-
vante :
Monsieur le Directeur des Annales Coloniales
34, rue du Mont-Thabor (I r arr.).
Mon cher Directeur,
De retour à Paris, je viens de lire dans les
Annales Coloniales du 5 janvier, sous le titre :
d En Cochinchine », une information suivant
laquelle Henri de Lachevrotière et moi, aurions
vendu notre journal VImpartial de Saigon, à
M. - Octave Homberg.
Je tiens personnellement à protester contre
cette information présentée sous cette forme,
car, si l'Impartial et son directeur, M. de La-
chevrotière ont toujours soutenu ma politique, je
n'ai jamais eu, en ce qui me concerne, un inté-
rêt matériel quelconque dans ce journal.
Le journal Y Impartial, qui appartient à M.
de LachevTotière et à M. de Lachevrotière
seul, a cependant effectivement été acheté,
comme vous l'annoncez. par M. Octave Hom-
berg pour le prix de 240.000 piastres, ce qui
fait bien, au taux actuel de la piastre, environ
3 millions de francs. J'ajouterai que je n' ai eu
connaissance de cette vente que lorsqu' elle a
été effectuée et que J ignore encore quelles
peuvent être les autres conditions auxquelles a
été acheté ce journal.
Si M. Octave Homberg, qui en a, certes, les
moyens, a acheté un tel prix un journal qui est
devenu, grâce à son directeur et grâce surtout
à la politique qu'il a soutenue, le journal à plus
gros tirage de l'Indochine, dans le but, comme
vous le faites entendre, de préparer dans la
colonie sa candidature aux futures élections
législatives et de m'enlever ainsi mes chances
de succès en 1928, cela ne saurait me surpren-
dre ; mais je suis convaincu, toutefois, qu il a
fait là un assez mauvais calcul.
Tout en reconnaissant, en effet, à M. Hom-
berg de réelles qualités de financier et d'homme
d affaires, je me permettrai, ayant une expé-
rience de quarante-deux ans de la colonie et de
son collège électoral, de fa:re remarquer qu'il
ne suffit pas, pour y être élu député - il s' en
I apercevra s il veut en tenter l' expérience -7
d être un grand financier. d être puissamment ri-
che. d'être propriétaire de deux journaux
coloniaux, l' un dans la métropote, et l'autre en
Cochinchine, et enfin de s'être assuré l'appui
du Gouvernement Général de l' Indochine. Ce
sont là, je le reconnais, des atouts excessive-
ment sérieux ; mais ils sont, à mon avis, insuf-
fisants.
En tout cas, les électeurs de Cochinchine
dont je crois avoir conservé la confiance,
m'ayant, par trois fois, élu député de la colo-
nie, et la dernière fois, en me réservant les deux
tiers de leurs suffrages, je n' ai nullement l'in-
tention, je le déclare très nettement, de m'ef-
facer devant la personnalité d'Octave Homberg
et de renoncer à me présenter à nouveau aux
élections législatives de 1928 ?
J afifrme enfin que si j'avais eu l'intention de
ne plus solliciter les suffrages de mes électeurs,
le se.1 fait de savoir Octave Homberg candidat
en Cochinchine, suffirait à m'y faire renoncer,
et cela pour des raisons que je ferais connaître
un jour avec quelques détails si l'éventualité que
vous prévoyez dans votre journal se réalisait.
Veuillez agréer, mon cher directeur, l'assu-
rance de mes meilleurs sentiments.
Ernest Outre y
Dt-puté tic Cochinchine.
Dépêches de l'Indochine
--0-0--
Décès
M. Caville, colon en Annam, ingénieur
en chef honoraire des travaux publics, en
Indochine, est décédé le 4 janvier à la
suite d'un cancer (1 la gorge. Il était le
fondateur des Agaves d'Annam et adminis-
trateur des Hévéas de Tag-Xinh.
Indopacitl.
Une mission en Extrême-Orient
M. Léon Perrier, justement ému des graves
événements de Chine, n' a pas attendu les der-
niers événements pour faire enquêter sur la si-
tuation en Extrême-Orient. Il a chargé d'une
mission spéciale un de ses collaborateurs, le
Gouverneur des Colonies Bonamy, directeur des
Affaires musulmanes rue Ouciinot.
Nul doute que ce distingué fonctionnaire, qui
s'est distingué lors de sa traversée du Sahara.
ne remplira avec autorité et compétence l'im-
portante mission de confiance qui lui a été con-
fiée.
-a$*-
H. faut Iluysen à Ftodicfiéry
–0-0–
M. Paul Bluwen. sénateur dç l' Inde, est
arrivé hier jeudi à PcrtJichér\) ; il a été reçu par
tous les maires et conseillers généraux de Pon-
dichéry et de Karil^al qui Vattendaient et lui ont
fait l'accueil le plus chaleureux.
(Par dépêche.)
------- .-.--- .--
Le cours du riz
'---()-l)---
SAIGON
1 5 Janvier
'}c, IOO kilos en piastres)
Riz 11" 1. :!;) ":, Rrisures 10 T->
Hixn" .*, SO Brisures 10
Riz n° 2, r>0 1,1 Rrisures *.» 7>0
Rrisures n" 1 et 2 R (I
Rrisures n° X ut 4. t» 85
Farinas îl 10
(C.ours de la non vol 10 récolte seulement
Paddv Yingh-Lmij* ♦> 85/1» 10
PatMv cl)-C()n tf 7 20,1 -W
Paddy Raixau 7 10/« 20
Pacldv Hn.'-Licn 7 :!.o,'t) ,
('eT)r.-ili 1*
JOUMftl QUOTIDIEN
MMsftion & Administratif* t
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1 84, ma m mu
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Les Annales Coloniales
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La jeunesse chinoise
8..
Dans le dernier chapitre de son ouvrage
sur la Chine, M. Maspéro s'exprime ainsi
fur le compte du peuple chinois : « Le Chi-
nois demeure profondément indifférent aux
questions de politique, politique intérieure
aussi bien que politique étrangère. Courbé
sur sa charrue ou appliqué i ses comptes,
il reste étranger aux questions de régime;
et les éclios des compétitions internationales
ne parviennent pas jusqu'à ses oreilles. Aussi
bien en serait-il troublé qu'il s'attacherait
par tradition à les ignorer tant que ses in-
térêts immédiats ne seraient pas en jeui
C'est affaire de ceux qui sont payés pour
s'en occuper. A eux seuls d'en assurer le
fcouoi et le soin. »
l e sort du pays dépend donc d'un groupe
peu nombreux d'individus plus ou moins in-
telligents. Les anciens cadres politiques pa-
Itaellt inutilisables et incapables. Ils mé-
prisent la civilisation occidentale qu'ils com-
prennent mal et n'ont pas confiance dans
celle de leur pays. L'avenir de la Chine re-
pose donc, suivant M. Maspéro. entre les
mains de quelques individualités d'une intel-
ligence supérieure, qui se sont révélées ré-
cemment, dent Touan Tsi Jouei est le proto-
type et les « Jeunes-Chinois » élevés dans les
Universités étrangères, tel Sun Yat-Sen.
- - ----
Laissons pour l'instant de côté les Chi-
nois de la première catégorie qui semble.,
d'ailleurs, mis hors de jeu par les événe-
ments récents et passons aussi sur Sun Yat-
Sen, dont le rôle est trop connu pour qu'on
y insiste encore une fois. Mais il y a le
groupe important des t Jeunes-Chinois.
qui ,i'inspirent de feu Sun Yat-Sen, sans
cependant accepter toutes ses conceptions.
Celui-ci était à la fois nationaliste et socia-
liste, tandis qu'un grand nombre de ses ému-
les ne nous donnent pas l'impression de
nourrir de vives préoccupations d'ordre so-
cial.
11 ne saurait être question, il va sans dire,
de préjuger les résultats d'une lutte dont
l'issue est, malgré tout ce qu'on dit, encore
obscure, parce que les revirements brusques,
qui renversent en quelques semaines une si-
tuation, sont choses fréquentes en Chine.
Aussi bien il ne nous semble pas que le sort
des armes, s'il était défavorable aux armées
cantonaises, pût détruire l'influence que la
mentaiifc* des Jeunes-Chinois ne manquera
i pas d'exercer sur leur pays. Cette mentalité,
M. Ting Tchao Ts'ing va nous l'analyser.
M. Ting Tchao Ts'ing est venu étudier à
Paris l i prépare en ce moment une thèse sur
la Chine telle qu'on se la figurait au XVlII-,
'd'après le s récits des voyageurs. M. Ting
lïtw. Ts'ing n'est pas ce que nous avons
l'habitude d'appeler un militant. Il partage
sans doute les idées des Jeunes-Chinois en
(ên(:..al, nais l'ardeur du combat, l'esgrit
de p-uiv n'interviennent pas chez lui pour
troubler le' jugement et lui faire taire quel-
ques-uns des défauts de ses concitoyens.
C'est ainsi, par exemple, qu'il note que ses
compatriotes étudiants en Europe « s'occu-
peJ.l plus des réunions politiques que de leurs
travaux d'école. Enfin, dernier trait et qui
veut (J'être: retenu, M. Ting n'appartient pas
à la Chine du Sud, il est de la Chine du
Nord, il est de Pékin.
Quels vjnt d'après lui les sentiments de
ct s « J'.r.nes-Chinois » dont le rôle s'an-
nonce comme devant être considérable?
I.tJ. jeunesse actuelle, déclare-t-il, est ner-
veuse. Cet état est le résultat des années de
trouble, dans lesquelles se déroulèrent son
ouf Am e. C'était l'époque ou Ta Chine, vain-
cue par le Japon, était humiliée, envahie,
dépecé par les puissances européennes qui,
profitant de sa faiblesse qu'elles avaient
longtemps ignorée et qui les surprenait, se
faisaient adjuger les territoires qui leur con-
venaient le mieux. Ils ont entendu parler
aussi de la fameuse expédition des Boxers; on
leur a raconté le pillage et l'incendie du
Palais d'Eté. Et on leur a dit que les sol-
dats de l'Occident étaient des barbares qui
ne savaient même pas respecter les beautés
de l'art et étaient insensibles à tout autre
sentiment qu'à la passion du butin. Ils ont
entendu les chansons qui perpétuent jusque
dans les plus basses classes de la société, les
légendes de cruauté et de carnage destinées
à provoquer pour l'Européen plus de mépris
que de crainte.
Tout jeunes, ils ont vu les ruines « qui
sont aujourd'hui, le seul vestige de ce lieu
enchanteur dans le nord de Pékin. Il n'en
reste aujourd'hui, ajoute M. Tsing, que quel-
ques arches de pont en marbre, couvertes de
buissons sauvages et quelques colonnes dres-
sés dans les champs déserts qui rappellent
leur ancienne beauté. S'ils réfléchissent à la
cause du désastre ainsi évoqué à leurs yeux,
il leur faudrait vivre sur une autre planète,
pour ne pas avoir honte et pour ne pas être
indignés. » C'est même hors de leur pays, en
Europe qu'ils rencontrent exposés dans les
musées les objets d'art enlevés par la force,
qui sont là pour le plaisir des. curieux, mais
soulèvent chez les jeunes célestes des senti-
ments bien différents.
Ces jeunes gens apprécient hautement
l'hospitalité des pays où ils séjournent, mais
ils souffrent de voir que l'on a de leur patrie
une opinion injuste, aussi bien dans la presse
que dans certains autres milieux et leur re-
connaissance envers les peuples qui les ont
fait participer à une vie intellectuelle plus
étendue, menace de s'évanouir et même de
tourner en haine. Pourquoi, en effet, cette
habitude insupportable de parler sur un ton
qui latsse trop facilement percer l'ironie des
institutions chinoises que I on n'hésite pas à
tourner en ridicule avant de s'être assuré
qu'on les a bien comprises' « Une chinoi-
serie, dit M. Tsing est une chose ridicule et
incompréhensible. » Et cela est intolérable.
Aussi cette jeunesse a-t-elle abandonné
les idées confucéennes de paix, si chères
aux anciens lettrés. Confucius disait : « En-
tre quatre murs nous sommes tous frères. et
aussi « Ce que vous ne voulez pas pour vous-
mêmes, ne le faites pas à autrui. » Ces for-
mules sont belles, mais d'un autre âge. Elles
ne conviennent pas à une époque où les du-
res réalités en font pour ceux qui les prati-
quent une véritable duperie. Il y a un siècle,
avant la guerre de l'opium, avant les traités
de Pékin, de Tien-Tsin, elles pouvaient être
prises pour règle de conduite. Mais non au-
jourd'hui. Aussi les jeunes générations les
ont-elles dédaignées.
Cette jeunesse qui aspire à diriger la
Chine veut la soustraire à l'emprise des puis-
sances étrangères. Aujourd'hui, pense-t-elle,
les puissances colonisatrices veulent imposer
à l'ancien empire céleste le régime qu'elles
ont imposé à l'Orient, à l'Afrique et à
l'Inde. Imitant l'exemple des Anglais dans
ce dernier pays, elles songent à pousser la
Chine à se ruiner par la guerre civile, de fa-
çon à pouvoir ensuite plus facilement éta-
blir leur domination. C'est pourquoi elles
soudoient et équipent les armées des géné-
raux qui se font la guerre, officiellement
pour leur propre compte, en réalité pour ce-
lui de telle ou telle nation de l'extérieur.
« Ce n'est pas une guerre civile qui se
déroule depuis quinze ans sous nos yeux,
écrit dans un journal de Shanghaï, un étu-
diant rentré chez lui, et qui ravage notre
belle civilisation. C'est une guerre de colo-
nisation des puissances. » Et il poursuit en
montrant que les puissances ont un moyen
efficace d'y mettre fin : l'interdiction de la
vente des armes, mais qu'elles se gardent
bien d'en user.
-
il va de soi que les Jeunes-Chinois sont
opposés au régime des concessions, aux trai-
tés inégaux, à tout cet ensemble d'usages qui
font que les forces navales étrangères peu-
vent remonter sans violer officiellement le
territoire national, jusque dans l'intérieur
de la Chine. Ils sont évidemment hostiles
à l'intervention étrangère.
Tels sont les sentiments qui animent la jeu-
nesse chinoise. M. Tsing se plaint de ce que
les puissances européennes n en comprennent
pas la valeur et la puissance. Je ne suis pas
aussi sûr que lui de l'ignorance, de l'inintel-
ligence des puissances étrangères. J'ajoute
même que je suis persuadé, convaincu du
contraire. Les nations étrangères savent par-
faitement quelles pensées guident les Jeu-
nes-Chinois et que leurs intérêts peuvent être
menacés par la politique qu'elles inspirent.
C'est pourquoi elles luttent contre ce mouve-
ment, tantôt directement, tantôt indirecte-
ment. Ce sont deux conceptions politiques
qui se heurtent : celle de la Jeune-Chine
et celle de la Vieille Europe. Nous venons
de voir ce que pense un représentant autorisé
de la Jeune-Chine. Nous connaissons celles
des puissances européennes. Il semble que
ce soit entre les unes et les autres une ques-
tion de force. C'est l'avis de beaucoup de
politiciens qui aiment à prendre le qualifi-
catif de réalistes et se parer du titre d'hom-
mes d Etat. Quant a nous, nous pensons tout
modestement, qu'après s'être fait la guerre,
on finira par s'apercevoir qu'une conciliation
des intérêts opposés n'était pas impossible
et qu'il eut été préférable de la. tenter au
lieu de recourir aux armes. C'eut été une
politique sage. Mais la sagesse est encore
moins commune que le bon sens qui ne l'est
pourtant pas beaucoup.
Henry Fontaniert
Député du Cantal
Secrétaire de la Commission
des Affaires Etrangère»
membre de la Commission
des Colonies.
Au Collège - de France
M. William Mnrçais, professeur à l'école des
langues orientales vivantes est nommé pro-
fesseur titulaire de la chaire de langue et de
littérature arabes du Collège de France.
PHILATBLIS
Maroc
Une nouvelle émission de timbres-poste
vient d'avoir lieu. Elle porte sur dix types
différents et a obtenu un vif succès.
- oute-
LA PAIX AU MAROC ]
L'aviation
Un événement inattendu mais significatif
vient d'indiquer très heureusement le degré
de pacification réelle du Maroc.
Au cours d'une mission de reconnais-
sance qu'il effectuait au sud-est du grand
Atlas, dans la région semi-désertique qui
s'étend entre cette chaîne et le Tafilalet, un
Goliath militaire, ayant à bord le lieutenant
Brémond et trois observateurs, fut oNe
d'atterrir au milieu: de tribus non formel-
lement soumises.
Les aviateurs ont été ramenés sous es-
corte à notre poste militaire du Telouet,
qui garde le col de même nom, au sud de
Marrakech.
Les aviateurs ont déclaré qu'ils avaient
été convenablement traités, nourris et hé-
bergés par les habitants du pays qui en-
suite leur donnèrent les moyens de rega-
gner nos lignes.
Lire en seconde »ade une importante com-
munication du MARQUIS DE BARMHE-
LEMY sur la POLITIQUE FRANÇAISE
BiV INDOCHINE.
En Indonésie
Ça recommence, et il fallait bien
s'y attendre. Des dépêches de B.
tavia nous informaient, il y a Quel-
ques jours, que toute la région de Silseng-
kang, sur la côte occidentale * de Sumatra,
était en révolution. J'ai suivi d'assez près
le mouvement communiste en Indonésie et
j'en ai entretenu plusieurs fois nos lecteurs.
Aucun de ceux qui me font Vhonneur de me
lire ne sera surpris dé ce qui se passe.
Le camarade Semaoutt, qui représentait le
parti communiste indonésien, a fait au 70
Plénum élargi du Comité Exécutif de l' In-
ternationale Communiste un long exposé de
la situation dans son pays; dès l'ouverture du
plénum, le 22 novembre, M. Boukharinc
avait envoyé un salut fraternel au p-euple
chinois et au peuple javanais ; « Nous sa-
luonsdu haut de cette tribune, les ouvriers
et paysans d* Indonésie, les larges masses des
travailleurs de cette colonie hollandaise qui
luttent contre le capital: nous sommes prêts
à soutenir cette lutte de toutes nos forces. 9
Après que les délégués Chinois, MM. Tan
Pin Sian et Chao Li Tse eurent déclaré :
« La victoire du mouvement révolutionnaire
chinois n'aura pas seulement pour effet de
réveiller les peuples asservis d'Asie, mais
aussi de faire sentir son effet sur le prolé-
tariat CfJ lutte contre les Etats capitalistes
d'Occident. Le capitalisme marche vers sa
propre perte dans le temps où le Komintern
devient son fossoyeur », les membres du fJ/e-
num enthousiasmés leur firent une ovation,
et, debout, entonnèrent l'Internationale.
C'était le tour du camarade Semaoutt. Ce-
lui-ci avait exposé dans la Pravda du 21 no-
vembre, les causes principales qu'il attribuait
aux révolutions dans les Indes Néerlandai-
ses : salaires insuffisants, impôts trop lourds,
insuffisance des mesures destinées à défen-
dre la santé publique et à répandre l'ensei-
gnement, surtout persécutions dont les orga-
nisations, appelées par Semaottn profession-
nelles, étaient l'objet de la part des Ilol/an-
dais.
Mais, ajoutait Semaoutt, les espérances ré-
volutionnaires ont trouvé leur principal ali-
ment dans les victoires de l'armée de Can-
ton; ce sont ces victoires qui ont inspiré
« aux masses indonésiennes » une foi illimi-
tée dans leurs propres forces. Les Javanais
triompheront et emporteront de haute lutte
la liberté de la presse, de réunion, la liberté
syndicale, l'amnistie pour les détenus poli-
tiques, le retour des exilés, la remise de l'ad-
ministration de l'Etat entre leurs mains, la
refonte des 'impôts avec réductions pour les
Indonésiens, une législation ouvrière, etc.
« Le gouvernement hollandais n'est pas dis-
poù à satisfaire ces revendications ; il s\f-
fortt, au contraire, d étouffer l insurrection
et d'opprimer davantage le peuple d'Indo-
nésie. Cependant, une telle politique, une
politique d'incessante oppression, fermant
les voies à la lutte contre Vexploitation im-
placable de 50 millions d'Indonésiens aura
un résultat inévitable : c'est de creuser da-
vantage et d'approfondir le mouvement révo-
lutionnaire. »
Et. comme la révolution chinoise, la révo-
lution indonésienne aurait le dernier mot.
C'était le sens des déclarations de Semaoutt
au plénum. Il ajoutait quelques détails ca-
ractéristiques sur la politiqke d'exploitation
en vertu de laquelle, selon lui, le gouverne-
ment hollandais avait la prétention de re-
tirer 2 milliards de gould de bénéfices :
« Cette exploitation certainement fera renaî-
l, tre une recrudescence du mouvement révolu-
tionnaire, lequel finira par amener la libé-
ration définitive de l'Indonésie du joug im
pénaliste. »
Le 20 novembre, le Comité Exécutif de
VInternationale Communiste avait lancé un
appel aux ouvriers et aux peuples opprimés
en faveur de la révolte des Indes Néerlan-
daises. Dans l'ordre du jour du plénum, fi-
gurait au quatrième rang le rapport de M.
l'ail Pin Sian sur la question chinoise. Il
a été discuté le 29. Les débats, nous dit-on,
ont été très animés et M. Manouilski n'a pas
hésité à déclarer au plénum nue la révolte
| des Indes néerlandaise après celle de la
Chine faisait entrer dans une voie nouvelle
le problème du Pacifique. « Les troubles de
Java sont un témoignage (des effets de la
révolution chinoise). Cette révolte jointe à la
révolution chinoise met en avant la question
du Pacifique. Il ne faut pas non plus ou-
blier que la situation n'est pas tranquille
aux Philippines. »
De ces documents, de ces faits. de ces ci-
tations, on aura tiré la conclusion nécessaire
et on aura V explication exacte du caractère
des troubles sanglants qui recommencent
dans l'Indonésie.
Mario Roustan,
Sénateur de It Hnult, ancien ministre.
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colonies.
Les troubles de Sumatra
On mande ds. Padanq que les autorités sont
décidées à sévir aven la dernière rigueur contre
les fauteurs de troubles et que déjà les commu.
nications ferroviaires sont en partie rétablies
dans la ré ton.
On signale, d'autre part, que les femmes et les
enfants ont reçu l'ordre d'évacuer le district de
Siloengkang, où les désordres ont été particuli.
rement graves. Le chef des rebelles a été fusillé.
(Par dépêche.)
La tempête en Méditerranée
L'agent du Uori. à Bixerte, a télégraphié
hier 6 janvier que du signma de détresse ont
été reçus de mm français Alfred-
qui se trwoait êéiimwé è enoinm 60 ItIlorrti-
Ira aa toi ft cap Teutaia (Sffrfataie).
(Par dépfche.)
L'AVIATION COLONIALE
0
Madagascar-Saint-Raphaël
Le lieutenant de vaisseau Bernard, de
retour de Madagascar, attendait depuis le
29 décembre, à Aboukir, en Egypte, et un
poste de T. S. F. qu'il a disposé sur son
appareil avec le concours de son com-
pagnons, le maître principal Bougault,
et l'avis que les navires dépanneurs répar-
tis sur le parcour Aboukir-lle de Crète-Athè-
nes-Malte et Bizerte fussent à leurs postes.
Ayant été informé par le vice-amiral Fro-
chot, directeur de l'aéronautique maritime,
que tout était prêt, le lieutenant de vais-
seau Bernard a quitté hier matin Aboukir à
7 h. 10 et il a amerri dons le port de la
Sude (nord-ouest de Vile de Crète) h 15 h.
n lui reste à franchir les étapes dont les
escales sont Athènes, Malte et Bizerte, et
l'on pense qu'il amerrira en rade de Saint-
Raphnfil soit lundi, soit mardi prochain.
Les fortes émotions
Le général de Goys que ses remarquables
randonnées sahariennes ont fuit nommer
officier générul, a raconté à notre confrère
le (t Quotidien » !a plus forte émotion qu'il
nit ressentie au cours de l'expédition du
Tclvad.
C'était il Niamey, dit le général de lios,le
10 février IJ2."), nous prenions le départ en direc-
tion de Mudoua.
» Nous venions de décoller; j'étais iL bord du
Roland-tiarros, assis il côté de l'elletier d'Uisy,
qui pilotait. Nous étions à une cinquantaine de
mètres au-dessus du sol.
« Je vis soudain le Jeatutasale, piloté par le
colonel Vuillemin, qui volait ù peu de distance,
devant nous, entamer une glissade sur l'aile,
tourner et s'abattre sur le sol comme une masse.
« Le gros quadrimoteur n'était plus qu'un
amas do décombres; je pensais à mes camara-
des qui le montaient, Vuillemin, le commandant
Ougneaux, les sous-officiers Knecht et Yandelle
sans doute morts !.
« Les larmes me vinrent aux yeux et, pen-
dont quelques secondes, lu gorge serrée, je ne
pus articuler un mot ni faire un geste.
'< Jamais de ma vie je n'ai été aussi ému, et
ie ne voudrais, pour rien au monde, revivre cet-
te minute.», conclut le général de Goys, la voix
tuuto changée par l'émotion.
De Croydon aux Indes
Sir Samuel Hoorc, ministre de l'aéronau-
tique, et lady Hoare, qui uvaient quitté Lon-
dres le 27 décembre, ont atterri à Karachi,
hier à 17 h. 25 (heure locate), complétant
uinsi leur rMd Londres-Karachi à bord d'un
avion trimoteur.
Au point de vue régularité, ce raid a été
remarquable, car après avoir volé 7.800
kilomètres, l'avion a atterri à Djask (golfe
norsique) avec dix minutes d'avance sur
l'horaire.
Ainsi que nous le relations hier, après le
départ de cette ville, l'appareil a dû rebrous-
ser chemin eh raison de la tempête de sa-
ble. Mais, malgré ce retard, le premier
depuis le départ d'Angleterre, le voyage
entre Londres et Karachi a été effectué
en onze jours, ce qui constitue un record
de vitesse pour avion commercial transpor-
tant des passagers entre ces deux points.
Après deux ou trois jours passé à Kara-
chi, sir Samuel et Indy lloore reprendront
l'air il destination de nnlhi, où le vice-roi
des Indes baptisera l'avion du nom de
CHu-ol-Delhi. -
Ce que nous pourrions
demander à l'Espagne
A la veille de l'ouverture de nouveaux
pourparlers sur la question de Tanger, il
n'est pas sans intérêt de rechercher les com-
pensations que la France pourrait demander
à l'Espagne en échange des concessions que
nous serons probablement amenés à lui
faire.
C est tout naturellement à la rectification
(le la frontit-re du Rio de Oro que nous son-
geons, car dans cette région il n'y a guère
d'intérêts à sauvegarder autres que ceux de
quelques rares tribus par une répartition ra-
tionnelle de l'élément ethnique de ces con-
trées.
L'Association française « Le Maroc », a
publié en octobre 1926 une suggestion que
le Quai d'Orsay aurait prise en considéra-
tion :
La frontière septentrionale du Rio de Oro
serait poussée de l'oued Drâa plus au nord
jusqu'à l'oued Noun, se confondant avec
celle de la région d'tfni (aux Espagnols).
EUç irait de l'embouchure de l'oued Noun,
sur l'Océan, à Goulimin, à 100 kilomètres
vers l'est, puis se dirigerait parallèlement
à la côte vers l'extrémité occidentale de la
frontière méridionale définie par la conven-
tion du 27 juin 1900, en dégageant complè-
tement la route directe vers la Mauritanie ;
Quant à réclamer la zone d'Ifni, ce me sem-
ble fort inutile étant donné que ce ne sont
que dunes de sable ainsi du reste qu'au Cap
Juby, à Bojador.
L'occupation de ces postes par quelques
soldats espagnols nous a, il faut le recon-
naître, rendu Service à plusieurs reprises,
mais je reste convaincu que la concession
du droit de suite accordée aux deux puis-
(lu ( i ro
sances voisines dans ces régions sahariennes
est le seul moyen de rétablir la sécurité.
CajrèfM Davaux.
Le statut de Tanger
00
L'organe 6t:mi-oftieiel La Xacion dément
la. nonvelde donnée par plusieurs de nos
confrères selon laquelle le (jouvcrnemoot
espagnol aurait eomnwncÚ la discussion au
sujet de la question de Tanger avec le Gou-
vernement de Rome.
A l^anicer
Cambriolage d'un commissariat
Une tentative d'effraction a été commise
dans le bureau du commissariat en chef de
la poUce tangéroise.
Une information judiciaire a été ouverte
contre l'agent qui se trouvait de garde. Ce
dernier a été mis on liberté provisoire.
L'exposition coloniale
internationale
---0-0--
Ainsi que nous l'avons annoncé hier, deux
décrets, que M. Léon Penier, ministre des Co-
lonies vient de soumettre à la signature du
Président de la République, fixent, l' un la date
de l' Exposition Coloniale Internationale, l'au-
tre, l'organisation de cette importante manifes-
tation. Importante, en effet : on estime d'ores
et déjà qu'elle coûtera tant à la France qu'à
ses colonies et protectorats et aux nations qui y
participeront. plus de 200 millions de francs. ---
- - -
Et alors que l'Exposition coloniale de Mar-
seille (en 1922) ou que l'Exposition des Arts
Décoratifs ne couvraient qu' une superficie de
40 hectares, l'Exposition de Paris de 1929
s'étendra sur 110 hectares dans le Bois de Vin-
cennes. Le périmètre occupé englobera les bas-
tions 4. 5, 6 et 7 et ira de la porte de Charen-
ton à la poterne de Montenpoivre. Il fera le tour
du lac Daumesnil, mais en laissant à l'extérieur
le Vélodrome municipal. A l'Est, l' Exposition
sera limitée par la route 38. Le bastion 4 est
destiné à abriter les transports coloniaux. On y
verra des pirogues, des wagons de chemins de
fer à voie étroite, des pousse-pousse, des auto-
chenilles et des autos six-roues.
Les bastions 5, 6 et 7 contiendront la Sec-
tion métropolitaine, c'est-à-dire tous les produits
de la métropole nécessaires à la vie coloniale.
Au sud du lac Daumesnil s'élèveront les
constructions des colonies françaises : le futur
Musée permanent abritera l'Afrique du Nord
(Algérie, Tunisie et Maroc). Dans une autre
section voisineront l'Indochine. le Pacifique.
Les sections voisines seront consacrées au Mi-
nistère des Colonies, aux Vieilles Colonies, à
l'A.O.F.. à l'A.E.F. et à Madagascar.
Au Nord et à l'Est du lac Daumesnil s'élè-
veront les palais et pavillons des Colonies étran-
gères. On y verra représentées les possessions
britanniques, hollandaises, belges, danoises,
portugaises, japonaises, espagnoles, etc.
- - -
Le lac Daumesnil sera, avec ses deux îles,
le centre de l'Exposition coloniale et des fêtes
qui s' y donneront. On y verra des villages indi-
gènes. avec des attractions coloniales. Un peu
partout, on trouvera des restaurants indochinois,
algériens pu tunisiens.
L'Exposition s'ouvrira le 15 avril 1929 et
durera six mois. Elle contribuera à mieux faire
connaître notre Empire colonial en France et à
l'étranger et à 1 essor de nos possessions d'outre-
mer. Elle laissera après elle, comme nous
l'avons indiqué, un musée colonial permanent.
Enfin, notons ce point de vue un peu spécial,
mais qui intéresse beaucoup de Parisiens : les
moyens de transport vers Vincennes et le Bois
de Vincennes seront notablement améliorés, et
ce progrès sera acquis.
Pour le Thiès Niger
--()-o--
Hier a eu lieu au ministère des Colonies
une adjudication pour la fourniture de ma.
tériel de voie (aiguilles, etc.), du chemin de
fer Thiès-Niger.
Ce sont les établissements Cou thon, 124,
Ixnilevard Magenta, Paris 10". qui ont fait
les meilleurs prix. Le total de leur offre
pour les quatre lots dépasse légèrement
340.000 francs.
- |
L h' d , S Il
Le march e du riz à Saigon
Situation générale. - Marche faiblr.
L'ancienne récolte est pratiquement épui-
sée. Les acheteurs de Java se sont retiras
du marché, ceux de Shangai et dit Japon
restent dan s l'expectative. Clôture en bais-
se, sauf pour les farines.
Riz. - Marché calme. Peu d'affaires trai-
tées, les cours sont en haisse, mais ils
ne sont pas encore suffisamment bas pour
permettre aux acheteurs d'Extrême-Orient
de conclure des marchés.
T-es marchés de l'Europe ne sont pas in-
téressés.
Brisures. - Marché sans affaires. Au-
cune demande de l'Europe. Les stocks sont
assez importants. Les prix sont en baisse
sensible.
Farines basses. - Les allaires sont pure-
ment locales. Aucune demande de l'exté-
rieur. Les prix se maintiennent par suite
de l'imlwrtante demande locale. Les stocks
sont peu importants.
Récolte. La récolte dit riz hdtif se ter-
mine dans de bonnes conditions. Son ren-
dement est un peu inférieur à la moyenne,
en raison des pluies qui ont accompagné la
floraison. Les riz de saison donneront,
sauf imprévu, une. récolte supérieure à la
normale, Le riz tardif a été cultivé dans
de bonnes conditions, ce qui fait espérer
une bonne récolte.
Exportation. - Les exportations, pendant
la deuxième quinzaine de décembre, attei-
gnent : 41.715 tonnes, à Savoir :
Riz blanc :
Tonnes
Sur la Fra:ncr. 943
Sur l'Etranger .,. 29.080
Riz cargo :
Tout sur l'Etranger t176
Paddy :
Tout sur l'Etranger io0
Brisures :
Sur fa "'ranrr. 2.m
Sur l'Etranger ..121
Farines :
Tout sur l'Etranger ,t.tfl
Le total général pour la Cochinehine tl"-
puis le 1er janvier 1986 est de 1^71. r>r>3
tonnes.
Indopacitl.
TAUX DE LA PIASTRE
A la date dit a janvier, le taux de la pinslre
à Saigon I-tnit île 12 fr. 40.
UNE LETTRE BE M. OUTREY
---0.0---
Nous recevons de M. Ernest Outrey, député
de la Cochinchine la lettre recommandée sui-
vante :
Monsieur le Directeur des Annales Coloniales
34, rue du Mont-Thabor (I r arr.).
Mon cher Directeur,
De retour à Paris, je viens de lire dans les
Annales Coloniales du 5 janvier, sous le titre :
d En Cochinchine », une information suivant
laquelle Henri de Lachevrotière et moi, aurions
vendu notre journal VImpartial de Saigon, à
M. - Octave Homberg.
Je tiens personnellement à protester contre
cette information présentée sous cette forme,
car, si l'Impartial et son directeur, M. de La-
chevrotière ont toujours soutenu ma politique, je
n'ai jamais eu, en ce qui me concerne, un inté-
rêt matériel quelconque dans ce journal.
Le journal Y Impartial, qui appartient à M.
de LachevTotière et à M. de Lachevrotière
seul, a cependant effectivement été acheté,
comme vous l'annoncez. par M. Octave Hom-
berg pour le prix de 240.000 piastres, ce qui
fait bien, au taux actuel de la piastre, environ
3 millions de francs. J'ajouterai que je n' ai eu
connaissance de cette vente que lorsqu' elle a
été effectuée et que J ignore encore quelles
peuvent être les autres conditions auxquelles a
été acheté ce journal.
Si M. Octave Homberg, qui en a, certes, les
moyens, a acheté un tel prix un journal qui est
devenu, grâce à son directeur et grâce surtout
à la politique qu'il a soutenue, le journal à plus
gros tirage de l'Indochine, dans le but, comme
vous le faites entendre, de préparer dans la
colonie sa candidature aux futures élections
législatives et de m'enlever ainsi mes chances
de succès en 1928, cela ne saurait me surpren-
dre ; mais je suis convaincu, toutefois, qu il a
fait là un assez mauvais calcul.
Tout en reconnaissant, en effet, à M. Hom-
berg de réelles qualités de financier et d'homme
d affaires, je me permettrai, ayant une expé-
rience de quarante-deux ans de la colonie et de
son collège électoral, de fa:re remarquer qu'il
ne suffit pas, pour y être élu député - il s' en
I apercevra s il veut en tenter l' expérience -7
d être un grand financier. d être puissamment ri-
che. d'être propriétaire de deux journaux
coloniaux, l' un dans la métropote, et l'autre en
Cochinchine, et enfin de s'être assuré l'appui
du Gouvernement Général de l' Indochine. Ce
sont là, je le reconnais, des atouts excessive-
ment sérieux ; mais ils sont, à mon avis, insuf-
fisants.
En tout cas, les électeurs de Cochinchine
dont je crois avoir conservé la confiance,
m'ayant, par trois fois, élu député de la colo-
nie, et la dernière fois, en me réservant les deux
tiers de leurs suffrages, je n' ai nullement l'in-
tention, je le déclare très nettement, de m'ef-
facer devant la personnalité d'Octave Homberg
et de renoncer à me présenter à nouveau aux
élections législatives de 1928 ?
J afifrme enfin que si j'avais eu l'intention de
ne plus solliciter les suffrages de mes électeurs,
le se.1 fait de savoir Octave Homberg candidat
en Cochinchine, suffirait à m'y faire renoncer,
et cela pour des raisons que je ferais connaître
un jour avec quelques détails si l'éventualité que
vous prévoyez dans votre journal se réalisait.
Veuillez agréer, mon cher directeur, l'assu-
rance de mes meilleurs sentiments.
Ernest Outre y
Dt-puté tic Cochinchine.
Dépêches de l'Indochine
--0-0--
Décès
M. Caville, colon en Annam, ingénieur
en chef honoraire des travaux publics, en
Indochine, est décédé le 4 janvier à la
suite d'un cancer (1 la gorge. Il était le
fondateur des Agaves d'Annam et adminis-
trateur des Hévéas de Tag-Xinh.
Indopacitl.
Une mission en Extrême-Orient
M. Léon Perrier, justement ému des graves
événements de Chine, n' a pas attendu les der-
niers événements pour faire enquêter sur la si-
tuation en Extrême-Orient. Il a chargé d'une
mission spéciale un de ses collaborateurs, le
Gouverneur des Colonies Bonamy, directeur des
Affaires musulmanes rue Ouciinot.
Nul doute que ce distingué fonctionnaire, qui
s'est distingué lors de sa traversée du Sahara.
ne remplira avec autorité et compétence l'im-
portante mission de confiance qui lui a été con-
fiée.
-a$*-
H. faut Iluysen à Ftodicfiéry
–0-0–
M. Paul Bluwen. sénateur dç l' Inde, est
arrivé hier jeudi à PcrtJichér\) ; il a été reçu par
tous les maires et conseillers généraux de Pon-
dichéry et de Karil^al qui Vattendaient et lui ont
fait l'accueil le plus chaleureux.
(Par dépêche.)
------- .-.--- .--
Le cours du riz
'---()-l)---
SAIGON
1 5 Janvier
'}c, IOO kilos en piastres)
Riz 11" 1. :!;) ":, Rrisures 10 T->
Hixn" .*, SO Brisures 10
Riz n° 2, r>0 1,1 Rrisures *.» 7>0
Rrisures n" 1 et 2 R (I
Rrisures n° X ut 4. t» 85
Farinas îl 10
(C.ours de la non vol 10 récolte seulement
Paddv Yingh-Lmij* ♦> 85/1» 10
PatMv cl)-C()n tf 7 20,1 -W
Paddy Raixau 7 10/« 20
Pacldv Hn.'-Licn 7 :!.o,'t) ,
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