786 BULLETIN DE L'AGENCE GÉNÉRALE DES COLONIES
épaisse, la voix rauque et triste des Maoris qui circulent en
chantant au milieu des tiges de cocotiers étonnamment hautes,
blanches et grêles. On s'épuise à chercher, à saisir, à exprimer.
Effort inutile. Quelque chose séchappe et reste incompris »•
- Je ne voudrais pas, Messieurs, terminer cette causerie, que
vous avez suivie avec une si bienveillante attention, sans en
tirer la conclusion utile, la conclusion qui s'impose.
Malgré les sages avis, donnés en temps voulu par des hommes
distingués comme M. FROMENT-GUYESIE, directeur du Comité de
l'Océanie française, comme les gouverneurs JULIEN et ROBERT,
nous nous sommes laissés surprendre par l'après-guerre dans le
Pacifique. C'est très fâcheux. Mais, à franc parler, tout n'est pas
perdu si nous voulons retrousser nos manches et nous mettre
résolument à la besogne. Et pour nous mettre au travail n'atten-
dons pas que l'Etat nous y invite. L'État, c'est parfois quelque
chose,mais ce n'est jamais tout. M. S ARKA UT que je me plais à citer
encore, non parce qu'il est ministre et qu'un ministre ne compte
pas beaucoup à mes yeux d'homme indépendant, mais parce
que, comme la plupart des hommes du Midi il a bien souvent
le mot juste et qui porte, disait en inaugurant la Foire de Bor-
deaux: « C'est le tort des Français de toujours compter sur lÉ'tat
et de s'appuyer sur lui. Apprenons à marcher sans béquilles- *
— Oui, jetons nos béquilles au feu et au diable et comptons
davantage sur nos propres forces. Un homme, même un horaire
seul, est bien puissant quand il a un peu d'esprit de suite accom-
pagné d'une volonté ferme.
Désormais ne nous désintéressons plus de nos possessions
d'outre-mer et secondons, non seulement de nos vœux, mais de
nos capitaux les initiatives privées. Pendant trop longtemps
, hélas! des banques qui se disent françaises mais qui, en réalité,
ne représentent que la haute finance cosmopolite, laquelle n'a
pas de patrie, ont drainé notre or pour lancer les mauvaiseS
affaires de la Russie et du Sud-Amérique. Le moment est venu
pour leurs dirigeants de changer de méthode. Qu'à l'exemple de
MM. FROMENT-GUVESSE et BALLANDE, pour l'Océanie, BUHAN pour
Madagascar, DENIS, pour l'Indochine, MOltEL et PROM, PEYKISSAC,
DEVEZE et CHAUMET, les frères PLANTEY, pour l'Afrique occiden-
tale, les TRÉCHAT, pour le Congo, et d'autres, beaucoup d'autres
dont les noms ne me reviennent pas à la n,émoire, elles s'appli"
quent à seconder uniquement nos entreprises coloniales.
La période que nous traversons est semée d'écueils. Sans être
épaisse, la voix rauque et triste des Maoris qui circulent en
chantant au milieu des tiges de cocotiers étonnamment hautes,
blanches et grêles. On s'épuise à chercher, à saisir, à exprimer.
Effort inutile. Quelque chose séchappe et reste incompris »•
- Je ne voudrais pas, Messieurs, terminer cette causerie, que
vous avez suivie avec une si bienveillante attention, sans en
tirer la conclusion utile, la conclusion qui s'impose.
Malgré les sages avis, donnés en temps voulu par des hommes
distingués comme M. FROMENT-GUYESIE, directeur du Comité de
l'Océanie française, comme les gouverneurs JULIEN et ROBERT,
nous nous sommes laissés surprendre par l'après-guerre dans le
Pacifique. C'est très fâcheux. Mais, à franc parler, tout n'est pas
perdu si nous voulons retrousser nos manches et nous mettre
résolument à la besogne. Et pour nous mettre au travail n'atten-
dons pas que l'Etat nous y invite. L'État, c'est parfois quelque
chose,mais ce n'est jamais tout. M. S ARKA UT que je me plais à citer
encore, non parce qu'il est ministre et qu'un ministre ne compte
pas beaucoup à mes yeux d'homme indépendant, mais parce
que, comme la plupart des hommes du Midi il a bien souvent
le mot juste et qui porte, disait en inaugurant la Foire de Bor-
deaux: « C'est le tort des Français de toujours compter sur lÉ'tat
et de s'appuyer sur lui. Apprenons à marcher sans béquilles- *
— Oui, jetons nos béquilles au feu et au diable et comptons
davantage sur nos propres forces. Un homme, même un horaire
seul, est bien puissant quand il a un peu d'esprit de suite accom-
pagné d'une volonté ferme.
Désormais ne nous désintéressons plus de nos possessions
d'outre-mer et secondons, non seulement de nos vœux, mais de
nos capitaux les initiatives privées. Pendant trop longtemps
, hélas! des banques qui se disent françaises mais qui, en réalité,
ne représentent que la haute finance cosmopolite, laquelle n'a
pas de patrie, ont drainé notre or pour lancer les mauvaiseS
affaires de la Russie et du Sud-Amérique. Le moment est venu
pour leurs dirigeants de changer de méthode. Qu'à l'exemple de
MM. FROMENT-GUVESSE et BALLANDE, pour l'Océanie, BUHAN pour
Madagascar, DENIS, pour l'Indochine, MOltEL et PROM, PEYKISSAC,
DEVEZE et CHAUMET, les frères PLANTEY, pour l'Afrique occiden-
tale, les TRÉCHAT, pour le Congo, et d'autres, beaucoup d'autres
dont les noms ne me reviennent pas à la n,émoire, elles s'appli"
quent à seconder uniquement nos entreprises coloniales.
La période que nous traversons est semée d'écueils. Sans être
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