Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
774 BULLETIN DE L'AGENCE GÉNÉRALE DES COLONIES
ARTICLES SIGNÉS
Les Établissements français de l'Océanie.
CONFÉRENCE DONNÉE A L'ALHAMBRA DE BORDEAUX, SOUS LES AUS- PICES DE LA LIGUE MARITIME ET COLONIALE, LE 22 JUIN 1921
Messieurs, En parcourant, ce matin, les sentiers tortueux de notre poé- tique Benauge ou j'ai vécu les plus beaux jours de mon enfance, je me disais: « Si mes compatriotes girondins ont pu me repro- cher jadis de délaisser la petite patrie, que vont-ils penser aujourd'hui? »
En effet, c'est en mars que je vous ai donné, comme l'a dit spirituellement M. DUTHIL ma «représentation d'adieu» d'explorateur sur les tréteaux de l'Athénée, et voici que je reparais, avec la fin du printemps sur ceux de l'Alhambra, non pour vous parler d'un de ces lointains voyages auxquels j'ai consacré vingt-cinq ans de ma vie, mais des îles les plus curieuses du monde que je ne connais pas, que je ne connaîtrai vraisemblablement jamais.
Sans doute, c'est une bonne fortune pour moi de me retrouver si vite en contact avec vous, et particulièrement avec votre président, M. MAXWELL dont j'apprécie comme vous tous les hautes qualités de cœur et d'esprit. Mais, à la vérité, ce qui me fait trembler un peu en abordant cette tribune, c'est de penser que les raisons abondent pour que la réciproque ne soit pas vraie.
Je ne suis pas comme l'honorable M. LAISANT, chef de service à l'Agence générale des Colonies que vous deviez entendre aujourd'hui un « spécialiste » de l'Océanie; je ne suis qu'un vieux barbare des Afriques, hier encore inexplorées, et mon domaine est si vas'e que lorsque je le quitte, pour aller navi' guer à l'aveuglette parmi les îles du Pacifique, je me considère comme un marin qui serait parti pour faire le tour du monde sans sa boussole en poche.
Ce n'est pas tout. J'ai l'honneur de professer au Collège des Sciences sociales, c'est-à-dire dans une maison illustrée
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