Il faut féliciter l'opérateur d'avoir réussi sous un éclairage naturel aussi intense, si peu favorable aux nuances, des prises de vues aussi nettes et généralement aussi modelées. Il faut le féliciter surtout d'avoir su — sans trop s'inquiéter du puéril scénario qui lui était proposé — se passionner pour ce qu'il a vu, comprendre l'âme indigène sans se laisser déconcerter par le grimacement des danseurs rituels, ou l'impassibilité hié- ratique des visages au plus fort des crises morales. Des hommes, des femmes, des enfants ont vécu librement devant l'objectif. L'existence d'un centre indigène,depuis la vie intérieure des familles dans les petites huttes de pisé coiffées de paille, jusqu'à la vie religieuse d'un peuple avec ses fêtes, ses danses sacrées, les épreuves redoutables imposées aux individus, l'emprise sur.la collectivité des sorciers et des féticheurs habiles à plier les volontés et à orienter les destinées, tout surgit sous nos yeux en un spectacle, par moments un peu trop fragmenté, mais si neuf, si direct, si instructif. De toutes parts on annonce la mise à l'étude de nouvelles missions cinématographiques documentaires, prêtes à s'envoler sur tous les points de notre Empire colonial. Que la réussite de M. Pierre MARTY avec « PÉHOUA» soit un stimulant pour tous ceux qui rêvent de révéler à notre sympathie le visage vivant de la France lointaine.
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