N° 21 — MARS Ig03 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE 85
EXPORTATIONS TOTALES DE LA CHINE (1)
Destination Saison 1902-1903 Saison 1901-1902
Angleterre. 9.240.833 lbs 6.349.830 lbs
Europe, reste 4.427.625 » 3.299.137 »
Russie. 16.906.856 » )6.2I5.III »
Amérique. 11.004.666 » 3.955.126 »
Australie. 611.045 » 815.737 »
Le droit fixe de sortie, autrefois établi sur
ces thés au moment où ils régnaient sans
conteste, droit représentant alors environ
5 ad valorem, ressort maintenant, par
suite de l'avilissement des prix, à un taux
beaucoup plus élevé. Ces thés étaient en
outre, tout récemment encore, frappés de
droits intérieurs tels que le « likin », de telle
sorte qu'ils étaient finalement grevés de
droits évalués à 20 de leur valeur par
CHENG SIEN HOAI, et à 40 de cette même
valeur, par M. H. FOEX.
Nous ne savons si la proposition de rem-
placer le droit d'exportation de 2 taels 5o
par picul, par un droit de 5 ad valorem, a
été définitivement agréée par le Gouverne-
ment Chinois.
Ces thés de Chine (il peut être utile
de le rappeler) se scindent en deux grandes
catégories : les thés noirs exportés d'Han-
kéou, surtout à destination de la Russie,
et les thés verts, exportés par Shangaï, et
destinés surtout aux anglo-saxons. Or les
marchés d'Angléterre sont de plus en plus
monopolisés parles colonies anglaises ; ceux
des États-Unis et du Canada le sont, encore
actuellement, par le Japon. Reste celui de
la Russie, mais lui aussi se tourne de plus
en plus vers Ceylan et l'Inde ; ces provenan-
ces y font des progrès très rapides. Le mar-
ché russe est, en outre, nettement visé par
Java, et d'autre part le Gouvernement russe
tend à créer des ressources nationales en fa-
vorisant la culture du thé dans la partie du
Caucase qui avoisine Batoum.
En dépit de sa récente amélioratiog. il
semble donc que la situation des thés chi-
(1) Rapport SIKMSSBK, Hong-Kong. 18 juillet 1902,
Un rapport précédent venu de la même source, don-
nait des chiffres très supérieurs, mais suivantà peu
près les mêmes proportions. (Voir « Planting
Opinion », 19 avril et 23 août 1902).
nois doive rester critique, et, peut-être
même, empirer encore.
On ne remarquera pas sans quelque sur-
prise le peu de place de nos colonies d'Indo-
Chine dans cette lutte pour la conquête du
marché de l'un des éléments les plus impor-
tants de la consommation mondiale. Devan-
cée par l'Inde anglaise, par Ceylan et par
Java, l'Indo-Chine française vient, par sur-
croît, de se voir distancée, dans la voie si
féconde des investigations méthodiques, par
la toute jeune colonie japonaise de Formose.
Je dois cependant ajouter qu'ici, comme
à la Réunion (1), l'initiative de planteurs in-
telligents tend à modifier cette situation.
C'est ainsi que les thés d'Annam viennent
de conquérir en France une place des plus
honorables, et dont l'importance ne peut
aller qu'en augmentant.
Si l'encombrement auxquelseheurte le thé
dans les pays anglo-saxons est de nature à
faire réfléchir ceux qui voudraient produire
pour ces pays, les intéressés doivent se gar-
der d'oublier qu'il n'en reste pas moins la
possibilité d'un écoulement important vers
la Russie, et d'un autre, le plus naturel de
tous pour nos colonies, vers la France elle-
même, et vers ses possessions nord-afri-
caines.
H. NEUVILLE.
N. de la Rédaction. — Les personnes qui s'oc-
cupent plus spécialement de thé auront avantage
à consulter les statistiques etinformations publiées
dans les nos précédents du « J. d'A. T. », soit (en
négligeant les analyses bibliographiques) : sur la
consommation comparée des thés de Chine et des
thés anglais, « J. d'A. T. », n° 3, p. 87, n°4, p. 119,
no 5, p. 154 et JlO 8, p. 54; sur les autres concur-
rents de la Chine (Japon, Indo-Chine, Réunion,
Etats-Unis, Açores, Caucase), no6, p. 181 ; surlethé
siamois, no i5, p. 187; sur le marché russe, no 6,
p. 181 ; sur les théeries du Caucase, n° 16, p. 310;
sur les tablettes et les briques, no 10, p. 121 ; suries
thés de Formose, no 6, p. 182 et no 11, p. i52;
sur les thés d'Annam, no 7, p. 26, no 10, p. 107.
no 12, p. 185 et no 13, p. 217 ; sur les thés de Java,
no 7, p. 27; sur les théeries des îles Açores, no 9,
p. 90.
(1) Les etforts faits par le Crédit foncier colonial
pour l'introduction du thé à la Réunion peuvent,
être rapprochés de ceux que fait actuellement la
Société Lombard dans ses plantations d'Indo-Chine.
