N° 51 — SEPT. 1905 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE 261
ment à la place que l'arbre doit occuper plus
tard. De fait, j'ai remarqué à Suoi-Giao que
les arbres venus directement de graines sont
plus beaux que ceux qui ont été repiqués.
En Malaisie les conditions climatologiques
sont autres, on procède autrement: les grai-
nes sont mises à germer dans des paniers :
puis au bout de 3 mois le tout est mis en
place dans un endroit convenablement pré-
paré.
L'entretien du sol devra être bien con-
duit, surtout les premières années. Pendant
la saison des pluies,- l'herbe sera simplement
fauchée ; et on donnera un binage au com-
mencement de la période de sécheresse.
Mais le mieux est d'établir entre les arbres
des cultures intercalaires. De plus, au com-
mencement de la saison sèche, on choisira
un jour où le vent est favorable, pour brûler
la savane qui entoure la plantation, et dé-
truire par le feu les 'substances inflamma-
bles, continuels dangers d'incendie pour les
Heveas.
Ennemis. — Les principaux ennemis de
l'Hevea en Annam, sont les grands mammi-
fères : bœufs, chèvres, cerfs, éléphants.
Lorsque ces animaux sont trop nombreux, il
faut enclore la plantation avec des haies en
fil de fer tendu, comme cela se pratique en
Amérique. Dans tous les cas, les plus sau-
vages doivent être détruits à coup de fusil.
Un coléoptère (calandre),, qui semble ap-
partenir au genre Phenophorus, mange les
feuilles d'Hevea, mais n'a pas causé jusqu'ici
de grands dégâts.
Parmi les maladies cryptogamiques on a
signalé en Malaisie un Helicobasidium dont
le rôle n'est pas bien fixé et, à Ceylan, un
Basidiomycète produisant le « chancre » de
l'Hevea qui paraît être assez dangereux.
Croissance. — Le développement des
Heveas est à Suoi-Giao plus lent qu'en Ma-
laisie. Les chiffres suivants indiquent la cir-
conférence mesurée àl mètre au dessus de la
base du tronc. Les moyennes arithmétiques
que nous donnons sont celles de 50 arbres
prisauhasard danslemême terrain, mesurés
chaque année:
Age Cirr. moyenne Maxim. Minim. Accrois'.
annuel
cm. cm. cm. cm.
2 ans 10,23 13,5 7,5 5,111
3 ans 18,00 25,0 11,0 7,77
4 ans 29,96 40,0 20,0 11,96
5 ans 41,72 58,0 29,0 11,76
6 ans 53,58 74,0 42,0 11,86
7 ans 66,52 90,0 50,0 12,94
De l'afflux du latex.—Particularités obser-
vées. — Si l'on pratique une incision sur un
caoutchouc, et si, tous les matins, les plaies
sont rafraîchies au moyen d'un instrument
tranchant, les quantités de latex récoltées
augmentent en même temps que la densité
de celui-ci. Après une période d'hésitation,
le rendement passe par un maximum puis
diminue. L'augmentation de rendement en
latex est corrélative de la dilution progres-
sive du caoutchouc dans ce dernie
Ne pas oublier, en effet,- que les globules
de caoutchouc sont plus légers que l'eau !
L'augmentation progressive du latex sous
l'influence des saignées répétées était un
fait connu ; le « J. d'A. T. » en particulier l'a
souvent signalé. A Suoi-Giao, d'incisi'ons en
V non fermé faites sur 50 arbres, nous avons
obtenu à la première incision 251 pm3 de
latex ; et à la 10e, — la plaie ayant été rafraî-
chie(lèvres inférieures seulement) 9 fois, -
9'22 cm3 de latex.
En examinant les résultats partiels, que
nous ne pouvons donner ici, de chaque
Hevea pris séparément, nous constatons
Une période d'hésitation chez les sujets en
expérience, après laquelle le rendement en
caoutchouc augmente rapidemènt, puis di-
minue. Nous avons constaté d'un façon
absolue, d'un jour à l'autre, une augmenta-
tion de densité coïncidant avec un rende-
ment supérieur en latex :
A la lre saignée, 19 arbres ont'donné 245
cm3 de latex, densité 0,97784. Au 9e rafraî-
,
chissement, les mêmes ont donné 325 cm3de
latex, densité 0,98886.
A mesure que les densités vont en aug-
mentant, la teneur en caoutchouc diminue.
C'est ainsi qu'à la première saignée le latex
mélangé, recueilli de 50 Heveas, contenait
46 "/o de caoutchouc sec, il n'en contenait
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