Presse et revues
34 pages
Titre : Revue des cultures coloniales
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-03-05
Contributeur : Milhe-Poutingon, Albert. Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32858342r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5134 Nombre total de vues : 5134
Description : 05 mars 1898 05 mars 1898
Description : 1898/03/05 (A2,N10,T2). 1898/03/05 (A2,N10,T2).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64196877
Source : CIRAD, 2012-231823
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/08/2013
VARIÉTÉS 91
a possédé ses magnifiques forêts de chênes, de tilleuls et de hêtres; actuellement
la sécheresse règne et la végétation a disparu avec l'humidité.
« Dans les montagnes d'Argos on ne trouve plus une seule source.
« En Palestine, les forêts de chênes et les gras pâturages ont disparu ensemw
ble; les misérables broussailles et les maigres prairies' qui-subsistent sont à
peines susceptibles de nourrir des chèvres.
« Dans la Campanie, les forêts ont disparu et, avec elles, les villes et les bour-
gades, les villas et les jardins.
« Dans la contrée comprise entre le Piémont et la Provence, les terres arables
ont diminué d'une façon extraordinaire et l'émigration va en augmentant.
« En Russie, d'immenses étendues, jadis couvertes de forêts et maintenant
déboisées ne présentent plus que quelques broussailles; en revanche, les fleuves,
même le Volga, voient constamment leur débit diminuer.
« Dans l'Amérique dit Nord, la destruction insensée des forêts produit des effets
désastreux sur les conditions climatériques et sur la fécondité du sol'. D'après certains
rapports, l'humidité du sol de l'Amérique du Nord a diminué depuis cent vingt7
cinq ans et pendant chaque quart de siècle, de 7 par suite des déboisements.
Cette diminution constante donne les plus grandes inquiétudes au point de vue
du climat, de la fertilité, de la santé publique. »
Ces citations que je pourrais multiplier suffiront à attester que cette question
du déboisement irréfléchi préoccupe donc un grand nombre de patriotes et de
savants.
Les uns, pionniers agricoles, ont jeté le cri d'alarme comme je le jette en ce
moment, avec d'autant plus de passion qu'à l'intérêt général était joint considé-
rablement leur intérêt particulier ; les autres, fonctionnaires ou économistes,
après avoir étudié le phénomène avec plus de méthode et de sang-froid, et au
point de vue purement scientifique, sont arrivés aux mêmes conclusions.
Il m'eût été facile de délayer leurs opinions concises et de les démarquer;
mon travail d'esprit eût été jugé plus grand, mais l'intérêt de ce mémoire
d'autant amoindri, car on hésite à douter de ce qu'affirme une pléiade, tandis
- qu'on jette par-dessus bord l'opinion d'un seul.
Les faits que j'ai exposés dans ce Mémoire semblent établir:
1° Que les grands défrichements diminuent la quantité des. eaux vives qui
coulent à la surface du pays ;
2° Qu'il est impossible de dire si cette diminution est due à une moindre quan-
tité annuelle de pluie, à une plus grande évaporation des eaux pluviales,ou à ces
deux effets combinés ;
30 Que la quantité d'eaux vives ne paraît pas avoir varié dans les contrées qui
n'ont subi aucun changement dû à la culture ;
4° Qu'indépendamment de la conservation des eaux vives, les forêts ménagent
et régularisent leur écoulement;
5° Que la culture établie dans un pays aride et non couvert de forêts dissipe
une partie des eaux courantes ;
6° Que par des déboisements purement locaux des sources peuvent disparaître,
sans qu'on soit en droit de conclure que la quantité annuelle de pluie ait
diminué;
7" Qu'en se fondant sur des faits météorologiques recueillis dans les régions
équinoxiales, on doit présumer que les grands défrichements diminuent la
quantité annuelle de pluie qui tombe sur une contrée. (B. Agr., VII.)
a possédé ses magnifiques forêts de chênes, de tilleuls et de hêtres; actuellement
la sécheresse règne et la végétation a disparu avec l'humidité.
« Dans les montagnes d'Argos on ne trouve plus une seule source.
« En Palestine, les forêts de chênes et les gras pâturages ont disparu ensemw
ble; les misérables broussailles et les maigres prairies' qui-subsistent sont à
peines susceptibles de nourrir des chèvres.
« Dans la Campanie, les forêts ont disparu et, avec elles, les villes et les bour-
gades, les villas et les jardins.
« Dans la contrée comprise entre le Piémont et la Provence, les terres arables
ont diminué d'une façon extraordinaire et l'émigration va en augmentant.
« En Russie, d'immenses étendues, jadis couvertes de forêts et maintenant
déboisées ne présentent plus que quelques broussailles; en revanche, les fleuves,
même le Volga, voient constamment leur débit diminuer.
« Dans l'Amérique dit Nord, la destruction insensée des forêts produit des effets
désastreux sur les conditions climatériques et sur la fécondité du sol'. D'après certains
rapports, l'humidité du sol de l'Amérique du Nord a diminué depuis cent vingt7
cinq ans et pendant chaque quart de siècle, de 7 par suite des déboisements.
Cette diminution constante donne les plus grandes inquiétudes au point de vue
du climat, de la fertilité, de la santé publique. »
Ces citations que je pourrais multiplier suffiront à attester que cette question
du déboisement irréfléchi préoccupe donc un grand nombre de patriotes et de
savants.
Les uns, pionniers agricoles, ont jeté le cri d'alarme comme je le jette en ce
moment, avec d'autant plus de passion qu'à l'intérêt général était joint considé-
rablement leur intérêt particulier ; les autres, fonctionnaires ou économistes,
après avoir étudié le phénomène avec plus de méthode et de sang-froid, et au
point de vue purement scientifique, sont arrivés aux mêmes conclusions.
Il m'eût été facile de délayer leurs opinions concises et de les démarquer;
mon travail d'esprit eût été jugé plus grand, mais l'intérêt de ce mémoire
d'autant amoindri, car on hésite à douter de ce qu'affirme une pléiade, tandis
- qu'on jette par-dessus bord l'opinion d'un seul.
Les faits que j'ai exposés dans ce Mémoire semblent établir:
1° Que les grands défrichements diminuent la quantité des. eaux vives qui
coulent à la surface du pays ;
2° Qu'il est impossible de dire si cette diminution est due à une moindre quan-
tité annuelle de pluie, à une plus grande évaporation des eaux pluviales,ou à ces
deux effets combinés ;
30 Que la quantité d'eaux vives ne paraît pas avoir varié dans les contrées qui
n'ont subi aucun changement dû à la culture ;
4° Qu'indépendamment de la conservation des eaux vives, les forêts ménagent
et régularisent leur écoulement;
5° Que la culture établie dans un pays aride et non couvert de forêts dissipe
une partie des eaux courantes ;
6° Que par des déboisements purement locaux des sources peuvent disparaître,
sans qu'on soit en droit de conclure que la quantité annuelle de pluie ait
diminué;
7" Qu'en se fondant sur des faits météorologiques recueillis dans les régions
équinoxiales, on doit présumer que les grands défrichements diminuent la
quantité annuelle de pluie qui tombe sur une contrée. (B. Agr., VII.)
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