70 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE N° 33 - MARS 1904
Il ressort donc de ces essais que l'aloès dit
malgache est de qualité inférieure et que
les plantes du littoral donnent davantage des
fibres ; mais le fait le plus caractéristique
est la supériorité de l'Agave rigida sur le
Fourcroya, En admettant pour le Four-
croya un rendement industriel de 2 /2 ,
qui n'est pas toujours atteint, et pour l'Agave
rigida : un rendement de 4 à conditions
égales, c'est une augmentation de 60
sur la quantité de fibres obtenue d'un même
poids de feuilles, sans compter l'économie
sur le transport des feuilles et les avanta ges
résultant de l'extraction plus facile de la
fibre.
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Pour se rendre compte des exigences
culturales des deux plantes, il y a intérêt à
connaître la composition minérale des feuil-
les vertes. Les chiffres indiqués pour l'aloës
sont des moyennes de 4 analyses.
1.000 kg. de feuilles vertes contiennent :
FOURCROYA SISAL
KG. KG.
Silice. 0,061 0,064
chlore. 0,033 0,032
Acide sulfuriq ue. , 0,092 0,100
Acide phosphorique.. , 0,198 0,373
Chaux. 2,280 3,791
Magnésie. 0,829 1,745
Potasse. 2,113 2,134
Soude. 0,078 0,161
Oxyde de fer., 0,089 0,078
Acide carbonique, etc.,. 2,087 2,872
Matières minérales totales 7,610 11.350
Azote 0,733 0,987
Si, à l'aide de ce tableau, nous estimons
pour l'aloès la valeur approximative des
prncipaux éléments fertilisants prélevés par
tonne de fibres, nous trouverons, rien que
pour l'azote, l'acide phosphorique et la
; potasse, une valeur engrais de Rs. 65 par
tonne de fibres exportées. Si on met en
regard le prix habituel auquel on paye les
feuilles nécessaire pour produire la tonne de
fibres, on arrive à Rs. i3,3o ; on vend donc
les feuilles d'aloès le cinquième de la valeur
qu'elles représentent comme engrais. Ce que
nous disons n'est pas pour conseiller de faire
de l'engrais plutôt que de vendre les feuil-
les d'aloès, ce qui serait absurde, mais sim-
plement pour attirer l'attention sur les élé-
ments fertilisants qu'elles prennent au sol,
et qui se retrouvent dans les résidus. L'uti-
lisation de ces derniers devra se faire le plus
complètement possible.
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Après l'extraction de la fibre de Four-
croya dans les usines de Maurice, il reste
comme déchet une masse de détritus presque
égale au poids des feuilles manipulées ; ces
débris semi-liquides s'accumulent aux alen-
tours des usines où ils se décomposent peu
à peu pour former un engrais dont nous
venons d'indiquer la valeur, contenant les
principes fertilisants delapulpe et de la sève.
De cette dernière, il n'en reste qu'une partie
dans la masse ; le surplus qui ne peut être
retenu, s'écoule dans les ruisseaux du voisi-
nage. En admettant, ce qui est suffisamment
exact, qu'une tonne de feuilles produise
700 kilogrammes de jus et 3oo kilogrammes
de pulpe demi-sèche, on a obtenu les résul-
tats suivants par l'analyse des déchets soli-
des et des liquides recueillis dans une usine :
COMPOSITION RÉSIDUS D'UNE TONNE
PAR 1000 KO. DE FEUILLES
DE DE JUS PULPE Feame.
jus PULPE 700 K 300 K. 1000K.
Chlore. 0,07 0,30 0,049 0,090 0,139
Acide sulfurique. 0,13 0,21 0,091 0,003 0,154
Acide phosphorique. 0,43 0,41 0,301 0,123 0,424
Chaux..,. 0,87 4,78 0,60'.i 1,434 2,043
Magnésie 1,19 1,74 0,833 0,522 1,355
Potasse.., 3,09 3,02 2,163 0,906 3,069
Mat. min. totales. 7,80 17,20 5,460 5,160 10,620
Azote.,. 0.50 1,97 0,35(1 0,591 0,941
On remarquera la forte teneur de potasse,
principalement dans le jus, qui est perdu en
partie, comme nous venons de le dire.
Comme inconvénient du fumier d'aloès, on
peut indiquer sa décomposition relativement
très lente.
P. BONAME.
Réduit, 12 février 1904.
