N° 33 — MARS 1904 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE 69
payés à la tâche, environ 80 cents de roupie
par 100 kg. de fibres vertes.
On ne peut évaluer le rendement en fibres
suivant le nombre de feuilles, qui sont plus
ou moins développées ; mais on compte,
nous l'avons déjà dit, qu'il faut une moyenne
de 40.000 kg. de feuilles pour produire une
tonne de fibres sèches.
On a vu que l'achat de cette quantité de
feuilles coûte en moyenne 10 à 12 roupies,
la coupe coûte de 25 à 3o roupies; la main-
d'œuvre pour le défibrage, environ autant.
De sorte qu'on peut compter, avec le trans-
, port, une somme de 100 roupies pour la
tonne de fibres à la sortie de la gratte. Au
prix de vente de 200 roupies cité plus haut,
il reste donc 100 roupies pour la dépense de
force motrice, le lavage, le séchage, le bat-
tage, l'emballage et les diverses autres
manipulations jusqu'à la livraison de la
fibre.
Le transport des feuilles à l'usine est tou-
jours une forte dépense, précisément parce
qu'il n'existe pas de plantations bien culti-
vées et qu'on se contente d'exploiter des
terrains, plus ou moins distants de l'usine,
où le Fourcroya et une végétation sponta-
née se disputent la place; ces frais pour-
raient être réduits en préparant la fibre sur
place au moyen d'une gratte actionnée par
un petit moteur, le tout monté sur un cha-
riot qui se déplacerait à volonté; il n'y
aurait plus alors qu'à transporter la fibre
verte, c'est-à-dire un dixième du poids des
feuilles brutes.
*
* *
Ainsi qu'il a été dit, c'est uniquement le
Fourcroya qui est exploité à Maurice, mais
en raison du prix actuel des fibres, il y
aurait peut-être avantage à créer de nouvel-
les plantations dans des conditions norma-
les ; et dans ce cas, devrait-on s'en tenir au
Fourcroya ou planter de préférence le sisal
ou henequen, Agave rigida v. sisala?ia ?
Cette dernière espèce qui est cultivée dans
presque toutes les contrées tropicales pro-
duisant des fibres de corderie, a été intro-
duite à Maurice il y plusieurs années ; mais
comme déjà à cette époque on ne faisait
plus de nouvelles plantations de Fourcroya,
le sisal n'a pas été multiplié.
Le sisal possède cependant des .avantages
sérieux sur le Fourcroya auquel il ressem-
ble sous le rapport de la végétation et du
développement. Ses fibres sont beaucoup
plus faciles à préparer et à nettoyer, et leur
prix est presque toujours plus élevé sur les
marchés étrangers; en outre, le rendement
en fibres est bien supérieur.
En ce qui concerne le -rendement, les
deux essais ci-après sont probants. Voici
quelques détails sur ces essais :
Les feuilles de Fourcroya proviennent de
deux localités différentes: du Réduit, à 35o
mètres d'altitude, et des Pailles, localité
chaude et sèche du littoral. Toutes les feui4-
les ont été défibrées à la même gratte et par le
même ouvrier. A Maurice on distingue deux
variétés de Fourcroya : l'un, appelé ALOÈS
MALGACHE, dont les feuilles sont plus épaisses
et charnues, surtout à la base ; l'autre,
l'ALOÈS CRÉOLE, de beaucoup le plus répandu.
Comme on le verra ci-dessous, la seconde
variété semble préférable à la première.
Rendement en fibres des feuilles d'Aloès malgache, d'Aloès créole et de Sisal. -
PREMIER ESSAI DEUXIÈME ESSAI
SISAL ALOÈS ALOÈS SISAL ALOÈS ALOES ALOÈS *
DU MALGACHE. CREOLE. DU MALGACHE. CREOLE. CRÉOLE.
RÉDUIT RÉDUIT PAILLES RÉDUIT RÉDUIT RÉDUIT PAILLES
Nombre de feuilles 30 30 — 30 30 30 10
Poids des feuilles kg. 36 65 47 37,5 57,5 27,5 13,7
— de fibres vertes: kg. 5,100 4,1)50 4,900 4,400 4,700 2,870 1,650
— de fibres sèches: kg. 1,510 0,930 1,170 1,580 0,955 0,002 0,365
Fibres sèches p. ioode fibres vertes 29,6 18,8 23,9 35,8 20,3 21,0 22,1
Fibres vertes p. ioo de feuilles.. 14,16 7,61 10,42 U,3 8,2 10,4 12,00
Fibres sèches p. ioo de feuilles.. 4,19 1,43 2,49 4,21 1,66 2, t9 2,65
