80 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE N° 33 — MARS 1904
et en même temps considérable: Ce savant
avait recueilli au Mexique, sur les Lantana,
près de quatre cents espèces d'insectes, avant
de se décider pour les 19 mentionnées plus
haut. En outre, une centaine d'espèces — la
plupart, parasites de très petite taille —
furent élevées à Honolulu par M. PERKINS,
des matériaux tirés du Mexique. Ces para-
sites qui, au Mexique même, détruisent les
90 des insectes vivant sur le Lalltana, furent
soigneusement et totalement éliminés avant
te lâcher des insectes qu'il s'agissait de pro-
pager; et c'est à cette précaution qu'il y a
lieu d'attribuer la rapidité incroyable du
résultat obtenu. Ainsi, de la mouche qui se
niche dans le fruit, il n'avait été lâché que
quelques douzaines d'individus ; trois mois
après, il en existait dans l'île des millions et
des millions.
Dans la banlieue de Honolulu, M. PER-
KINS a pu s'assurer lui-même de l'effet, en
quelque sorte foudroyant. Le long de la
route dite « Pacific Heights car line », il n'est
guère plus possible de se procurer une graine
saine de Lantana etdans certains endroits,
la mouche même commence à dépérir netrou-
vant plus rien à manger
La plupart des insectes importés vivent,
d'ailleurs, sur lagraine, lefruit vert, lafleur,
les bourgeons ou les jeunes pousses. Ils ne
détruisent donc pas directement les Lantana
adultes, mais arrêtent la propagation de l'es-
pèce et permettent ainsi aux cultivateurs de
débarrasser leurs terrains de la mauvaise
broussaille: contrairement au passé, un seul
nettoyage sérieux suffit, et il n'y a plus à y
revenir. -
MM. KOEBELE et PERKINS se déclarent per-
suadés qu'en insistant, en favorisant la mul-
tiplication de certains autres insectes, en
en important, au besoin, de nouveaux (dès
à présent connus et notés), on arriverait à la
destruction totale des Lantana aux Hawaï;
mais la question se pose de savoir s'il y a in-
térêt à le faire, et tout le monde n'est pas
d'accord sur ce point. Les entomologistes ne
veulent pas accepter seuls la responsabilité
de la décision à prendre et demandent qu'une
étude approfondiede la question soit d'abord
faite par le Service forestier. Nous tiendrons
nos lecteurs au courant de la suite que pren-
dra ce curieux débat. Dès aujourd'hui, il con-
vientde noter cette réflexion de notre confrère
de Colombo, le « Tropical Agriculturist »
(Février 1904) :
« Nous ne sommes pas convaincus qu'il
soit utile de poursuivre la destruction du
Lantana, qui contribue grandement du moins
à Ceylan, à la reconstitution de la fertilité
des champs abandonnés ».
Le Coton dans 1'1 nde
A propos de quelques documents récents : Les études de MM. FLETCHER, GAMMIE, MOLLISON, etc.
M. FLETCHER, sous-directeur (« deputy
director »), de l'Agriculture de la Présidence
de Bombay, qui a servi, si nous ne nous
abusons, en Egypte avant de venir occuper
son poste actuel, nous demande de faire
savoir qu'il a entrepris de réunir, dans un
but d'étude, des spécimens vivants de tous
les cotonniers cultivés dans le monde entier
et qu'il sera très obligé à ceux de nos lec-
teurs qui posséderaient quelque espèce, va-
riété ou race intéressante, de bien vouloir
lui en envoyer des graines. Dans une lettre
datée de Surat, du 10 février 1904, il précise
ainsi son projet :
« Dès à présent, je puis affirmer que je
possède la presque totalité des espèces,
tirées des cinq parties du monde, et je me
propose de publier une monographie du
genre Gossypium, les ouvrages de TODARO,
de PARLATORE, de WATTS, etc., étant les uns
inexacts, les autres périmés.
En même temps que cette lettre, nous
avons reçu de Nagpur, de M. MOLLISON,
Inspecteur général de l'Agriculture de
l'Inde, une brochure (1) accompagnée de
quatorze belles épreuves comprenant cent
quinze photographies de graines de coton#
(1) J. W. MOLLISON : The improvement of indian
Cotton, 1902-1903. Gr. format, 13 pp. — Nagpur
15 août 1903.
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