Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-11-19
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 novembre 1925 19 novembre 1925
Description : 1925/11/19 (A26,N173). 1925/11/19 (A26,N173).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6397023k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VLNGT-SIXIEME ANNEE. N° 173
LE NUMERO : 20 CENTIMES
-- 1
JEUDI SOIR, 19 NOVEMBRE 1925 -
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Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN 9
LU ARTiCLEI PUBUÉS PAR LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PRoPltltrt
EXCLUSIVE DU JOURNAL
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Un an 4 mois 1 atii
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au« ghww4 - 1 Franc* et Coiew"
JÎÏ"SaiL ( i Étranger 1M I « i 38 >
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La Turquie et le Maroc
je suis avec beaucoup d'attention, et nos
lecteurs de même, ce qui se passe en Turquie:
suppression des soutanes et adoption du cha-
peau, ferre des couvents et guerre aux
lévites noires et au turban blanc, obligation
de se découvrir à l'intérieur d'un édifice et de
saluer avec le chapeau dans la rue, désigna-
tion des citoyens par leur nom de famille et
par leurs prénoms, lutte contre les sei-
gneurs féodaux, entendez : contre les tyran-
neaux faisant un commerce d'influence, tout
cela répond au thème principal que Moustafa
Kemal Pacha développe dans toutes les ma-
nifestations oratoires : oublions le passé,
soyons de notre temps, habillons-nous comme
tout le monde et prenons délibérément notre
place dans l'ensemble du monde civilisé.
Parfait. Mais la civilisation contemporaine
dont les Turcs d'aujourd'hui s' affirment les
disciples fervents et fidèles, c'est précisément
elle, selon toute apparence, qui se heurte au
iMuoc contre une autre, celle-là même dont
les Turcs contemporains ont l'ambition de
s'affranchir, ou sa voisine. Et alors, on éprou-
- quelque surprise à lire dans des iournaux.
, -- - ---,
qui ne sont assurément pas très réactionnaires,
des articles où les sympathies vont plus ou
̃totm ouvertement, et parfois sans réserve, à
la cause d'Abd-el-Krim. On se souvient du
Lnnt qu'a fait l'article du Djumhouriyet (la
République, s. v. p.) intitulé : « Les Français
tfmimulent, mais le malheur est sur leurs
Mtea M. où on nous avisait que l' ambition de
dominer aveugle les hommes et ne leur per-
met de recouvrer leur raison QU' après s' être
heurt la tête contre le mur. Cette façon de
commenter le Quos oult perdere Jupiter.
n'était pas précisément à notre éloge.
D'autres vont plus loin. Ils pensent que
ITeieniple d'Abd-el-Krim ne sera pas perdu.
qu'il soulèvera d'autres champions de la cause
marocaine, « tout comme l'exemple de Mous-
tafa Kemal a été décisif dans les détermina-
tions d'Abd-el-Krim ». Rapprochement qui
en dit plus que toutes les considérations acces-
soires.
N'«t-ce pas le Djumhouriyet qui reprodui-
sait un article du Datlp Telegraph, où l'on
montrait que les officiers bolchevistes d'Abd-
el-Krim étaient non pas des Russes, mais des
officiers musulmans au service de l'armée rou-
ge ; que, parmi les officiers turcs, deux appar-
tenaient à l'état-major de Feozi Pacha ; qu'ils
avaient fait leurs études en Allemagne, qu'ils
étaient tout à fait remarquables, qu'ils
s'étaient entourés de collaborateurs allemands
de premier ordre ? Pas un mot d'appréciation.
Evidemment, cela suffisait sans autre commen-
taire. Un autre journal reproduisait une lettre
de Fez, renfermant la description du Quar-
tier Général d'Abd-el-Krim. et informant les
Turcs que le portrait de Moustafa Kemal Pa-
cha était en bonne place dans le cabinet du
chef rifain.
U autres publiaient une lettre d Abd-el-
Krim « à la libre Amérique et à la presse au
nom des Rifains qui luttent pour leur liberté ».
On se souvient du bruit qu'a fait le titre
seul des articles du D;umhouriyet. qui était
tout un progtamme : « Les héros de l'Islam. »
Pas plus. Tel était le titre général sous lequel
paraissaient les nouvelles du Maroc. Le jour.
nal turc a fait quelques distinguo.
La traduction, d'après lui, était infidèle. Ce
n'était pas : Héros de l' Islam, mais : Guer-
riers de l'islam, qu'il fallait lire ; il ne fallait
pas l'interpréler par : Les champions de 1" Is-
lam, mais par : Les champions de l'indépen-
dance. Et ceci qui est plus malin encore : On
ne pouvait pas exiger de la presse turque une
attitude exactement semblable à celle de la
presse européenne dans la question du Maroc ;
les républicains turcs étaient en complet ac-
cord avec les cartel listes et les radicaux et les
socialistes français ; s'ils se séparaient des
journaux de notre pays, c'était des Débats, du
Temps et de tous ceux qui sont en opposition
avec les idées de progrès. Ce n'est que par
une survivance de la vieille diplomatie fran-
çaise que pouvaient s'expliquer les malenten-
dus relatifs aux sentiments des Turcs à l'égard
des Rifains. D'accord, et nous ne demandons
pas mieux que de le croire. Mais comment
certains journaux peuvent-ils déclarer qu'ils
n'ont aucune arrière-pcnsce de propagande,
et en donner pour preuve qu'ils ne font que
reproduire les nouvelles sous un titre en rap-
port avec leur contenu. Ce serait s'en sortir
à trop bon compte. Le choix même des nou-
velles que l'on reproduit, le titre dont on les
fait précéder, tout - cela peut, sous l'aspect le
plus innocent, dissimuler souvent la plus dan-
gereuse propagande ; c'es; faire trop confiance
à notre crédulité que de s'imaginer que nous
ne saurons pas nous en apercevoir.
Mais voici qui est beaucoup plus net. Le
Hêtrimiyxl-Millye. d'Angora, a publié un ar-
ticle où il était déclaré que la Turquie avait
définitivement rompu avec le passé, qu'elle
n'a aucune idée de chercher des aventures
dans le Rif, « auquel nul lien géographique
ni politique ne la rattache », ni même « dans
les pays voisins habités par des congénères ».
Le iournal officieux affirmair : « La Turquie
républicaine n'a aucune politique qui la rat-
tache au fanatisme. Le Stamboul français ac-
compagnait ces déclarations de ce commen-
taire :
« La jeune République turque s'est libé-
Ille du joug de l'autocratie théocratique et a
séparé l'Eglise de F Etat ; la religion n'est
pins qu'une affaire de conscience individuelle;
elle ne lie plus le Gouvernement à cette poli-
tique panislamique sur laquelle les régimes dé-
chus fondaient leur pouvoir, leur autorité et
leurs rêves fanatiques. A la formule théocra-
tique, délétère et périmée qui a failli mener
le pays au tombeau, la Turquie nouvelle a
substitué la formule laïque et républicaine,
rompant d'un seul coup les liens qui la ratta-
chaient au passé.
Il n'y a plus en Turquie que les partisans,
avérés ou honteux, de ce passé funeste, pour
rester attachés à l'idéal réactionnaire du panis-
lamisme. Ce sont ceux-là seuls qui, en Tur-
quie, prennent fait et cause pour Abd-el-Krim
dans le conflit où la France, attaquée par lui,
défend contre lui, sans velléité de conquête,
la cause de la civilisation. Pour ceux qui sui-
vent le développement de la révolution turque,
aucun doute n'effleure leur esprit à cet égard :
ils savent que la Turquie laïque et républi-
caine ne peut chercher à favoriser les desseins
d'un Abd-el-Krim. Mais à l'étranger, l'opi-
nion publique n'est pas avertie. »
Que les Turcs, républicains, laïques, aver-
tissent l'opinion publique. Ils ont le plus grand
intérêt à dissiper toute équivoque, à empêcher
toute fausse interprétation. En vérité, je le
répète, on a beau avoir suivi le développe-
ment de la révolution turque, on ne compren-
drait pas comment une nation peut, à la fois.
se réclamer de la civilisation occidentale et
laisser croire qu'elle est sympathique à ceux
qui se dressent, en ennemis implacables, con-
tre cette même civilisation.
Mario Roustan,
Sénateur de l'ilérault. vice-prétident
de ta Commission sénatoriale den Co-
lonfB, Secrétaire général du Groupe
tilticote.
-4800
M. STEEG AU MAROC
--0.0--
Après avoir reconnu que le Gouvernement
français a rnfin jugé que l'heure était ve-
nue et que le Maroc ne pouvait souhaiter
un meilleur choix que celui fait par la Mé-
tropole en la personne d'un administrateur
de la compétence, de l'expérience, de la
haute probité de M. Stccg, M. J. du Pac,
directeur de l'Atlas. aioute : --
Il Une ftve nouvello s'ouvre pour le Ma-
roc, frre de paix, de prospérité et de jus-
tice. Et nous faisons tottte confiance à celui
qui, malgré les « difficultés de l'heure, les
périls et les embûches b), a accepté patrio-
tlq-uement la mission d'en être l'apôtre. »
0
* 0
Le consul général de France, accompa-
gné des membres du Bureau de la Chambre
de commerce française, est parti pour Ra-
bat, en vue de présenter à M. Steeg les de-
siderata de la colonie française de Tanger.
M. Steeg entreprendra prochainement la
visite de Marrakech, Mazagan, Safi, Moga-
dor, pour revenir à Rabat, d'où il s'embar-
quera pour la France dans la première
quinzaine de décembre.
Un salon colonial
--0-0--
L'Exposition Henry Cayon
Les lecteurs des Annales Coloniales con-
naissent Henry Cayon depuis le jour déjà
lointain où il obtint sa première bourse de
voyage en Afrique Occidentale Française;
il est plusieurs fois retourné en Afrique et
il a rapporté de ces voyages une ample pro-
vision d'études, de croquis, de tableaux où
se marient heureusement la solidité du des-
sin et la richesse du coloris.
il nous conviait hier aux Galeries J. AI-
lard, 20, rue des Capucines, à visiter une
série de tableaux que les amateurs pour-
ront admirer iusau'au ; décembre nroenain.
Certes, il nous a. montré quelques ravis-
sants coins de France, que ce soit la gra-
cieuse vallée de Chevreusc ou des coins py-
rénéens, mais j'aime mieux les souvenirs
du Mexique, de l'Italie ou de FEspagne.
Et ce que je préfère, ce sont ces visions
d'Afrique Occidentale et du Maroc qu'il
sait si bien prendre sur le vif ; sa fontaine
marocaine a de la vie, du mouvement, les
tons de là-bas; Saffi, Casablanca, Agadir,
vieux souvenirs ressuscites, et aussi Moea-
dor, plantée comme une boule à l'extrémité
de cette tige qu'est sa longue lagune et dont
tou3 les vestiges des siècles disparus sont
évoqués avec tant d'intimité dans la toile
qu'Henry Cayon lui a consacrée. Puis voici
Dakar avec ses docks, sa rade et son bas-
sin de radoub et son port, les glaneuses,
Rufisque, la tornade sur le Niger, Bamako.
Il faut aller visiter l'exposition Henry
Cayon, elle marque la place de choix que
ce prince de la palette a su s'assurer dans
les milieux orientalistes.
M.R.
Mme Cayon-Rouan a joint à cette expo-
sition quelques natures mortes qui font
d'elle la digne émule de son mari.
L'AVIATION COLONIALE
Du Niqer au Nil
Revenant de la Nigeria, les trois avions
britanniques ont atterri hier A Khartoum.
(Par dépêche.)
France-Fez-Alger
le cotonel Vuillemin est. arrivé à Fez.
Son voyage lut assez mouvementé en rai-
son dit mauvais temps ; il repartira dans
la soirée d'aujourd'hui pour Alger.
(par dépêche.)
Main-d' œuvre africaine
0
Problème de plus en plus angois-
sant que chacun cherche à résoudre
mais dont la solution présente de
grandes difficultés depuis Vénorme contri-
bution qui a été imposée à l'Ouest Africain
pendant la guerre par la levée des contin-
gents militaires. Les fameux réservoirs
d'hommes du M os si et du Gourounsi s'épui-
sent car toutes les régions voisines y ont re-
COUTIl sans discrétion. La densité de 12 doit
être maintenant beaucoup moindre et il est
prudent de chercher ailleurs les travailleurs
dont nous aurons toujours besoin même en
augmentant l'outillage mécanique.
Certains colons de la Côte-d'Ivoire, exploi-
tants forestiers, ont songé à utiliser la main-
d'oetivre du Libéria, celle qui habite la zône
frontière de Caval/y,
Il nous a paru intéressant de rechercher
cc que sont ces indigènes du Libéria que nous
ne connaissons jusqu'à présent que confon-
dus avec les Kroumen de la Côte d'Ivoire
pour les avoir vus à bord des navires dont
ils assurent la manutention dans les escales
de la Côte du Bénin.
La population du Libéria peut être divisée
en Libériens : les Américo-Lihériens et les
indigènes qui sont, d'ailleurs (techniquement)
les nationaux libériens.
De beaucoup, on trouve la plus grande
partie de la population des libériens à Mon.
rovia, Robatsport et dans les autres villes de
la Côte, de telle sorte que la description de
ceux de la Capitale et de ses abords peut
s'appliquer à tout le reste.
Depuis, quelle qu'ait été l'intention des
premiers occupants, le Libérien actuel est
devenu un citadin sur la Côte connaissant
plus ou moins l'intérieur. Il ne vit que des
produits du pays et de ceux que lui apportent
les navires dont son existence dépend.
En d'autres termes, ses occupations et ses
revenus n'évoquent Pas une existence indé-
pendante basée sur les ressources actuelles
d'un pays vierge mais plutôt celle d'un clerk
de comptoir commercial, d'un garde magasin,
d'un employé du wharf, d'un canotier ou
d'un marin au cabotage à qui la besogne est
fournie non par ses compatriotes mais par
les firmes européennes.
Le Libérien a ainsi acquisses habitudes
de petit rentier, ne se livrant qu'à des tra-
vaux aisés et dépensant tout son gain n'im-
porte où. Il en résulte qu'avant de songer à
se lancer dans des projets de développement
économique, les libériens doivent faire un
gros effort et se montrer capables d'organi-
ser leur pays. Telle est l'opinion de M. Ro-
hert-Ernest Dllrratlt, commissaire spécial
dans l'Ouest Africain dans son rapport sur
le Libéria à la Corporation internationale
africaine.
« -- i i ne.
Pour l instant ta masse des Libériens est
sous la dépendance de commerçants à leur
aise, d'hommes de loi, d'entrepreneurs, de
fermiers propriétaires du sol: il faut noter
que les citoyens libériens peuvent seuls être
propriétaires du sol. L'idéal du Libérien est
de posséder un lot urbain, d'v construire une
maison qu'il loue aux étrangers et de vivre
des revenus qu'il en tire.
Tels sont les A mrrico-T.ihéricnJ descen-
dants de ces Américains qui. il y a quelque
cent ans cherchèrent une liberté physique,
politique et spirituelle dans la contrée où eux
ou leurs parents avaient été vendus comme
esclaves.
Quant à ceux qui sont restés dans leurs vil-
les et villages, ils sont groupés par tribus
sous le contrôle des commissaires de districts
libériens et de surintendants indigènes qui
ne sont pas toujours des Américo-lihériclls
mais quelquefois des autochtones. Ils sont
considérés comme très pacifiques, ni très ri-
ches, ni très pauvres, vivant des produits
d'un sol très fertile avec un minimum d'ef-
forts. La perception des impôts a éveillé
chez eux la notion de la valeur de l'argent
et ils ont cherché à acquérir quelques riches-
ses, mais ils sont restés hors de l'infltiellee
gouvernementale qui du reste ne s'étend
guère à plus de trente miles dans l'intérieur
des terres. M. Durrant estime qu'il y a
20.000 Américo-Libériens et environ 1 mil-
lion d'autochtones civilisés ou non, il recOIl-
..,,I fjtc ;ol'¡rf "¡., Pr,!.(:;ÀI'ttf - ,Anlir "J.-
".J;" ¡,¡,. "IVlt>d tf. A- r",.'r. ",C;;; /,.r r.
soudre le problème de la ip aiii-d'oeid?)re et
de la mortalité des indigènes : problème en
face duquel se trouvent ses voisins anglais,
français et belges de l'Ouest Africain.
Pour l'imilallt, il semble que les Français
de la Côte d Ivoire ou de là Haute-Guinée
soient plus à même par leur avance dans l'hin-
tcrland de civiliser et protéger les populations
autochtones du libéria. Les bienfaits de la
civilisation sont internationaux et nous de-
vons contribuer à cette tâche des Américains
qui, avec tous ceux qui commercent en Afri-
que Occidentale, voient dans les œuvres co-
loniales une solution raisonnable et claire
des problèmes du vingtième siècle. En appor-
tant chez les primitifs Libériens les bienfaits
de la civilisation européenne, la France se
conformera à ses traditions de générosité et
d'humanité, c'est ce qui explique la bonne
entente qui n'a cessé de régner entre les co-
lonies du Groupe de notre Afrique Ouidnt-
talc voisines de la République de Libéria
où nos compatriotes ont toujours été fort
bien accueillis.
Eaouard Néron,
Sénateur de la ffaute-Lotre,
Membre de la Commission
des Douanes.
- M. Louis Bertrand
à l'Académie Française
--0-0--
C'est un peu des vives couleurs de l'Afri-
que du Nord qui entre aujourd'hui à l'Aca-
démie française avec M. Louis Bertrand.
On peut ne point avoir les mêmes ten-
dances politiques que cet écrivain, mais il
faut reconnaître sa primauté littéraire.
L'historiographe érudit, le poète inspiré,
le romancier vigoureux qu'est tour à tour
M. Louis Bertrand dans Saint Augustin,
Louis XIV} l'Infante, la Grèce du soleil et
des paysages, Villes d'or, le Livre de la Mé-
diterranée, Sanguis Martyrum, le Sang des
races, Jean Perbal, Pepete le Bien-Aimé,
cet écrivain-là, sans conteste, a sa place
toute désignée sous la coupole, qui n'abrite
pas déjà tellement d'hommes de lettres au-
thentiques.
Et puis, nous voyons en lui l'amant de
la Méditerranée et de ses rives splendides
(celles comprises du doré Roussillon, que
Mgr de Carsalade, ami et guide en ce pays
de l'auteur de l'Infante, lui fit aimer sans
peine).
Il en est aujourd'hui l'amant heureux.
Nous l'en félicitons.
Enfin, il est particulièrement opportun de
signaler un certain Retour d'Egypte, paru
récemment dans les « Œuvres libres Jt, où
M. Louis Bertrand démontre éloquemment
la communauté d'intérêts qui unit la France
et l'Angleterre en Orient, et ailleurs.
A l'heure où les passions bouillonnent en
Syrie, et dans une grande partie de notre
Afrique, on ne relira pas sans profit ce court
fragment d'une œuvre incontestablement
belle et forte.
M. Louis Bertrand, Meusien (il est né à
Spincourt en 1866) succède à l'Académie au
Vosgien Maurice Barrés.
R. B. de Laromiguiire
Le centenaire ? camioal Lavigerie
0
Mgr Leynaud, archevêque d'Alger, et Mgr
Thiénard évêque de Constantine, sont par-
tis hier matin pour assister à Constantine
aux obsèques de Mgr Si''i°rrel vicaire gé-
néral de Constantine.
La dépêche suivante a été adressée au car-
dinal Cerretti. ttnrtr* A Pari r -
Le cardinal légal., le primat d'Afrique,
les archevêques et évèques français et ita-
liens réunis à Carthage à l'occasion des
fêtes du centenaire du cardinal Lavigri,
expiiment leurs vives et respectueuses féli-
citaiions pour l'élévation au cardinalat de
Son Excellencef si dévouée aux intérêts de
l'Eglise de France.
CHAROST,
cardinal légat.
On a décidé d'organiser pour dimanche
prochain, à midi, un déjeuner de cinquante
couverts à l'archevêché, et pour le soir,
après l'inauguration du monument, un
Champagne d honneur qui réunira un grand
nombre d'imrités.
Echange de visites
Les prélats italiens se sont rendus lundi,
dans la matinée, au consulat italinl.. oit ils
ont été reçus par M. San Martino, vice-
cousul. Ils étaient chargés par le cardinal
Charost, légat dIt Pape, d'exprimer, par
l'intermédiaire dit représentant de l'Italie,
sa 7tve satisfaction pour l'Heureuse issue Au
complot ourdi contre M. Mussolini.
M. San Martino s'est déclaré très sensible
à cette visite des prélats et a ajouté qu'il en
ferait part à M. Mussolini.
M. San Martino, vice-consul d'Italie, fai-
sant par Ítztéritt, fonctions de consul géné-
ral d'Italie, a rendu avant-hier soir, à l'ar-
elZCVêe/lé, la visite qu'il a7!ait reçue du pri-
mat d'Afrique et des trois prélats italiens.
M. San Martino a fait également 1risite au
cardinal légat. M. Mac Land, consul géné-
ral d'Angleterre, a fait, dans la soirée, une
visite au cardinal Clzarost. Celui-ci a reçu
également dans la soirée, à l'archevêché, la
visite de l'amiral Rouis, commandant la
marine en Tunisie.
La statue du cardinal
Dimanche, à 15 heures, le cardinal Cha-
rost procédera solennellement à la pose de
la première pierre dit monument élevé à la
mémoire du cardinal Lavigerie. Cette inau-
guration clôturera la série des fêtes, le lé-
gat du Pape ayant décidé de partir lundi
pour Alger, où il s'embarquera avec les pré-
lats l'accompagnant pour la France.
Le centenaire à Paris
--().&--
Après Aljçer et Tunis, Paris qui fut le dio-
cèse d'origine du grand Cardinal, célé-
brera, sur l'initiative des Amis des Mis-
sions, le centenaire, par les trois cérémo-
nies suivantes :
1° Ln mardi 24 novembre, sous la pré-
sidence de M. Jules Canibon, ambassadeur
de France, ancien gouverneur général de
l'Algérie, dans le grand ampliàtliéMre de la
0 L–A. ,. u 'l\. 1 -v: .1 - _:,..
(MirlHIIIIie, U iGU mscuurn 1I( IVI. LUIiIM
Ucrlrand : Il (Le Cardinal Lavigerie ». Allo-
cution de M. Jilles Cambon;
2° Le dimanche 29 novembre, en l'église
d4S Garmtfs, 70, rue de Vaugirard, à 10
heures, messe chantée, sous la présidence
de Mgr Haudrillart, recteur de l'Institut
callioliquc. Panégyrique du Cardinal, par
le R. P. Rarret ;
3° Le même jour,• n l'cglise métropolitaine, otre-nnme-do-
Paris, Panégyrique du \.iU'dtinal 1^'ivigene,
par le Qmïinal Cluwosl, archevêque de
Iknnps, cantate et. 8alut solennel.
M. Varenne à Saïgon
M. Varenne est attendu aujourd'hui à Saï
80ft à bord du Paal-Lecat.
Après Voronoff, Ivanoff
––
Et ce sont de nouveau les singes de la Gui-
née française qui vont être honorés de la visite
du professeur Ivanoff, de Moscou. Comme il
est spécialiste des études sur la reproduction
des espèces, M. Ivanoff veut voir s'il est pos-
sible de créer une race nouvelle qui naîtrait
d'un mélange de l'homme et du singe. Selon
ce savant, les types obtenus réuniraient peut-
être les caractères ancestraux de nos aïeux les
plus reculés.
Au point de vue sportif, il est évident que
le professeur Ivanoff peut faire naître ainsi des
athlètes extraordinaires devant lesquels les re-
cords du monde ne pèseront pas lourd. Verra-
t-on ses champions aux Olympiades d'ici
quinze ou vingt ans? se demande un de nos
con frères.
Il est certain qu'un gymnaste avec cette pa-
renté spéciale serait prodigieux, un sauteur à
la perche deviendrait fantastique, un joueur
de rugby pour rattraper le ballon serait
adroit. comme un singe, bien entendu. Et un
boxeur, donc ! Les successeurs de Dempsey
n'auraient plus qu'à fuir le ring sans com-
battre.
Il suffit d'avoir observé pendant quelque
temps certains singes, grands anthropoïdes tels
que les gorilles et les chimpanzés, pour n'être
pas éloigné de se rallier à la thèse du pro-
fesseur Ivanoff,
Voyez une maman chimpanzé allaitant son
enfant, écoutez - dans la forêt les appels des
mâles qui ont des sons gutturaux humains, à
s' y méprendre, et vous penserez qu'entre ces
singes et nos grands, très grands ancêtres, la
différence n'était peut-être pas très grande.
Les études du professeur Ivanoff sont à sui-
vre.
Eugène Devaux
Les communistes de Tunis
-0-0-
Le jugement
Après avoir entendu les plaidoiries de M**
Foyssin, du barreau de Paris, et Duran An-
qliviel, bâtonnier des avocats de Tunis, le
tribunal a prononcé son jugement pour cri-
me de complot contre la sûreté de r Etat
Les six accusés ont été déclarés coupa-
bles, mais à des degrés différents, en consé-
quence trois d'entre eux, le communiste Fi-
nidori, les agitateurs Mohamed Ali et Mok-
tar El At/arj, ont été condamnés à dix an-
nées de bannissement, et les trois autres in-
culpés, Et haroui, Genouchi et El Kebadi
ont été condamnés à cinq années de la mê-
me peine. (Par déipéche.)
moelb
Des croix pour le Maroc et la Tunisie
La Commission de législation civile de la
Chambre a adopté un rapport de M. Cautru,
favorable à la proposition de M. E. Mori-
naud, député de Constantine, tendant à ac-
corder annuellement aux citoyens français du
Maroc et de Tunisie un. contingent de déco-
rations dans l'ordre de la Légion d'honneur,
une rosette d'officier et dix croix de cheva-
lier pour chacun de ces deux protectorats.
Les incidents de la Martiniaue
Les affaires du Diamant et de l'Ajoupa.
Bouillon sont venues devant la Cour d'appel
de Fort-de-France.
On sait que M8 Robert Lazurick, du Bar-
reau de Paris, assurait la défense des incul-
pés. Dans l'affaire du Diamant, les condam-
nations ont éiC ramenées, d'un an et de huit
mois, à quatre et trois mois de prison. Trois
acquittements ont été prononcé. Tous les
prévenus ont été remis en liberté.
En ce qui concerne les incidents de l'Ajou-
pa-Bouillon, l'ancien député La!-{rosillilre a
été finalement frappé de quatre mois de pri-
son avec sursis.
Ce n'est pas diminuer l'éloquence vigou-
reuse, le grand talent de notre ami M® Ro-
bert Lazurick, que de voir dans ce verdict un
appel - d'ailleurs nécessaire - à l'apaise-
ment des esprits.
Et nous verrons bientôt l'assassin des Eta-
ges acquitté au mois de janvier.
Voulez-vous des pruneaux ?
C'est pour rien.
- -abe-
Une opinion allemande
sur le commerce aux Indes
–0-0–
Le baron de Collenberg. ;m cours d'une
conférence sur les relations économiques
indo-allemandes faite par lui à Bfrlin,
aurait déclaré que les Indiens étaient, en
général, de mauvais commerçants, dignes
d'aucune confiance. 11 aurait cependant
rendu hommage au « sens des affaires »
dont font preuve les négociants indigènes.
Il y a lieu de relever dans la causerie
du Baron de C.ollcnbcrg, le passage ayant
trait à la sympathie témoignée par l'Indien
ii tout ce qui est allemand que le confé.
rencier attribue non pas au sentiment pro
germain de la population mais à son opi-
nion antibritanniqu(
mtm
Le commerce allemand an Indes
0-0
L'Allemagne tient une des premières pla-
ces dans le commerce de l'Inde.
Ses importations en 1924 se sont élevées
à plus de 35 millions de roupies, alors que
ses achats ont atteint plus de 120 millions.
Toutes ses négociations ont été faites par
l'intermédiaire de maisons étrangères et in-
diennes.
-- - ---- -'.
Maintenant que l'accès des Indes vient
d'être autorisé aux Allemands, ses indus-
triels ne vont pas manquer d'envoyer dans
les grands centres économiques indiens ses
meilleurs .voyageurs.
AU S:&N.AT
--0..0-
DANS LES COMMISSIONS
Commission des Finances
La Commission sénatoriale des Finances,
réunie hier après-midi, sous la présidence
de M. Paul Doumcr, a entendu M. Léon
Perrier, ministre des Colonies sur le pro-
jet de loi « portant création d'une Banque
d'émission à Madagascar ». MM. Messimy
et Buhan, président et rapporteur de la
Commission des Colonies, assistaient à la
séance.
Diverses questions ont été posées par
MM. Albert-Lebrun, rapporteur, Milliès-
Lacroix et Henry-Bérenger. M. Léon Per-
rier a vivement insisté sur l'urgence vitale
du projet tant pour la colonie de Madagas-
car que pour les finances pubbques.
Après le départ du ministre, la Commis-
sion a décidé, à la majorité, de voter le
projet de loi tel que le gouvernement l'a
présenté devant le Sénat, étant bien en-
tendu qu'il sera tenu compte des obser-
vations contenues dans le rapport de M.
Albert Lebrun, notamment sur la cession
exclusive des « parts bénéficiaires à l'Etat »
à la colonie de Madagascar.
.Q$O-
A LA CHAMBRE
DEBATS
Les événements dot Syrie
Audition du général Sarrail
Tout récemment, lorsque vint en discus-
sion devant la Chambre, la date des inter-
pellations de MM. Désiré Frry et Desjar-
dins sur les événements qui se sont dé-
roulés en Syrie depuis quelques mois, M.
Painlevé, président du Conseil, avait de-
mandé aux députés d'attendre avant de
fixer la date de ce débat, que le général
Sarrail ait fourni aux commissions de l'Ar-
mée et des \ffaires étrangères, des expli-
cations.
L'ancien haut-commissaire en Syrie, a
été entendu hier matin, par les commis-
sions des Affaires étrangères et de l'Armée
réunies, en présence de M. Aristide Briand
ministre {tf'S Affaires étrangères et Dala-
dier, ministre do la Gnerre.
Dès le début de la séance et avant même
que le général Sarran ait pris la parole,
M. Désiré Ferry posa une question qui sou-
leva immédiatement Les protestations de
l'assistance.
A quel tiU'i^ demanda-t-il, le gé-
néral Sarrail est-il Ici ; est-ce comme
inculpé, ou est-ce comme représentant du
Gouvernement ?
M. Aristide Briand répondit que le géné-
ral Sarrail était venu pour fournir des ren-
seignements et qu'en l'interrogeant, c'était
évidemment le Gouvernement qui était in-
terrogé et que (dui-ci entendait gnrder tou-
tes ses responsabilités.
Cet incident terminé, le gênerai Sarrau
commença son exposé. Il s'étendit longue-
ment sur les opérations du Ojf'lwl-Drusc et
sur le bombaiilement de Damas, mais il
rétablit certains faits qui avaient été déna.
turés par certaine presse anglaise et s'éle-
va contre les exagérations et les critiques
élevées sur son administration. Il parla de
la révolte prit naissance et des raisons qui l'obligè-
rent à prendre a l'égard de la famille
Attraehi des mesures d'exceptionnelle ri-
gueur.
Ceci dU. le général Sarrail exposa les
mesure^ militaires qu'il Avait prises, parla
du siège Druses auxquels s'étaient joints les Bé-
douins, sont les seuls responsables de l'in-
tervention des troupes françaises et du
et du
quelques questions furent ensuite posées
par : MM. Missoilr. de la l'Vrronays. Désiré
Ferry' Fontanier, 'Albert MLlhaud, Diagne,
puis le ministre de la Guerre apporta des
précisions sur les opérations, les effectifs
et 'les pertes que nos troupes ont subies.
Ui séance prit lin sur l'audition du mi-
nistre des Affaires étrangères qui tint à
rendre hommage à la collaboration loyale
et cordiale de l'Angleterre, puissance man-
dataire en l'ransiordanie et en Mésopota-
mie et qui au cours des événements dont
la Syrie a été le théâtre, a collaboré loya-
lement avec la France.
PROPOSITION DE LOI
M. Labatut et un grand nombre de ses
collègues ieiuient de déposer une propo-
sition de loi tendant a demander l'exemp-
tion des pupilles de la Nation dans les con-
ting" ents futurs et le rapatriement de ceux
qui ont fait partie des contingents précé-
dents pour 1-- Maro" ou autres expéditions.
Dans l'exposé des motifs, il est dit que
si nul n'a l'intention de réclamer un pri-
vilège pour une catégorie -de jeunes gens,
il semble cependant nécessaire de rappeler
il la patrie ingrate sa def..- de reconnais-
sance envers ceux qui sont morts pour elle
pendant la grande guerre !
Ici, le iHjiv est tombé fn héros, laissant
après lui ses enfants, seule consolation
d'une eii\e éplorée dont ils sont devenus
aujourd'hui le soutien. L;\ encore, le
père fut fauché par la mitraille ennemie;
les grands-parents ont él-vé dew orphe-
lins devenus, à cette heur;' , leur b.Won do
vieil es se.
Celle catégorie d'enfants, que la nation
a généreusement adoptés ru, 1un geste de
large reconnaissance, est devenue .présen-
tement la vie morale et la forée matérielle
de bien des foyers éteints, -ni se ravivent
bien lentement !
La guerre du Maroc ne ivossilant pas
une mobilisation de toutes les forces de la
nation, pourquoi donc ne pas mettre À
l*aA>ri d'une deuxième épreuve les familles
déjà si cruellement f:'aj pé s par le sacri-
fice du père ?
LE NUMERO : 20 CENTIMES
-- 1
JEUDI SOIR, 19 NOVEMBRE 1925 -
& 1
x e .,
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN 9
LU ARTiCLEI PUBUÉS PAR LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PRoPltltrt
EXCLUSIVE DU JOURNAL
Lm Annonce» etRédame» ami repla aux Bureaux Jujcummittden» k»Agence» éePvkbdH
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Rédiclto et AdniaiilntMB : 34, Rue du MoitfcThabor, PARIS.1. Télépkrae : LOUVRE II-If
Un an 4 mois 1 atii
•' GOMM. AO • 46 • 25 »
au« ghww4 - 1 Franc* et Coiew"
JÎÏ"SaiL ( i Étranger 1M I « i 38 >
Oa .'ab--V la" et .iac:ip88a Ifaïki
La Turquie et le Maroc
je suis avec beaucoup d'attention, et nos
lecteurs de même, ce qui se passe en Turquie:
suppression des soutanes et adoption du cha-
peau, ferre des couvents et guerre aux
lévites noires et au turban blanc, obligation
de se découvrir à l'intérieur d'un édifice et de
saluer avec le chapeau dans la rue, désigna-
tion des citoyens par leur nom de famille et
par leurs prénoms, lutte contre les sei-
gneurs féodaux, entendez : contre les tyran-
neaux faisant un commerce d'influence, tout
cela répond au thème principal que Moustafa
Kemal Pacha développe dans toutes les ma-
nifestations oratoires : oublions le passé,
soyons de notre temps, habillons-nous comme
tout le monde et prenons délibérément notre
place dans l'ensemble du monde civilisé.
Parfait. Mais la civilisation contemporaine
dont les Turcs d'aujourd'hui s' affirment les
disciples fervents et fidèles, c'est précisément
elle, selon toute apparence, qui se heurte au
iMuoc contre une autre, celle-là même dont
les Turcs contemporains ont l'ambition de
s'affranchir, ou sa voisine. Et alors, on éprou-
- quelque surprise à lire dans des iournaux.
, -- - ---,
qui ne sont assurément pas très réactionnaires,
des articles où les sympathies vont plus ou
̃totm ouvertement, et parfois sans réserve, à
la cause d'Abd-el-Krim. On se souvient du
Lnnt qu'a fait l'article du Djumhouriyet (la
République, s. v. p.) intitulé : « Les Français
tfmimulent, mais le malheur est sur leurs
Mtea M. où on nous avisait que l' ambition de
dominer aveugle les hommes et ne leur per-
met de recouvrer leur raison QU' après s' être
heurt la tête contre le mur. Cette façon de
commenter le Quos oult perdere Jupiter.
n'était pas précisément à notre éloge.
D'autres vont plus loin. Ils pensent que
ITeieniple d'Abd-el-Krim ne sera pas perdu.
qu'il soulèvera d'autres champions de la cause
marocaine, « tout comme l'exemple de Mous-
tafa Kemal a été décisif dans les détermina-
tions d'Abd-el-Krim ». Rapprochement qui
en dit plus que toutes les considérations acces-
soires.
N'«t-ce pas le Djumhouriyet qui reprodui-
sait un article du Datlp Telegraph, où l'on
montrait que les officiers bolchevistes d'Abd-
el-Krim étaient non pas des Russes, mais des
officiers musulmans au service de l'armée rou-
ge ; que, parmi les officiers turcs, deux appar-
tenaient à l'état-major de Feozi Pacha ; qu'ils
avaient fait leurs études en Allemagne, qu'ils
étaient tout à fait remarquables, qu'ils
s'étaient entourés de collaborateurs allemands
de premier ordre ? Pas un mot d'appréciation.
Evidemment, cela suffisait sans autre commen-
taire. Un autre journal reproduisait une lettre
de Fez, renfermant la description du Quar-
tier Général d'Abd-el-Krim. et informant les
Turcs que le portrait de Moustafa Kemal Pa-
cha était en bonne place dans le cabinet du
chef rifain.
U autres publiaient une lettre d Abd-el-
Krim « à la libre Amérique et à la presse au
nom des Rifains qui luttent pour leur liberté ».
On se souvient du bruit qu'a fait le titre
seul des articles du D;umhouriyet. qui était
tout un progtamme : « Les héros de l'Islam. »
Pas plus. Tel était le titre général sous lequel
paraissaient les nouvelles du Maroc. Le jour.
nal turc a fait quelques distinguo.
La traduction, d'après lui, était infidèle. Ce
n'était pas : Héros de l' Islam, mais : Guer-
riers de l'islam, qu'il fallait lire ; il ne fallait
pas l'interpréler par : Les champions de 1" Is-
lam, mais par : Les champions de l'indépen-
dance. Et ceci qui est plus malin encore : On
ne pouvait pas exiger de la presse turque une
attitude exactement semblable à celle de la
presse européenne dans la question du Maroc ;
les républicains turcs étaient en complet ac-
cord avec les cartel listes et les radicaux et les
socialistes français ; s'ils se séparaient des
journaux de notre pays, c'était des Débats, du
Temps et de tous ceux qui sont en opposition
avec les idées de progrès. Ce n'est que par
une survivance de la vieille diplomatie fran-
çaise que pouvaient s'expliquer les malenten-
dus relatifs aux sentiments des Turcs à l'égard
des Rifains. D'accord, et nous ne demandons
pas mieux que de le croire. Mais comment
certains journaux peuvent-ils déclarer qu'ils
n'ont aucune arrière-pcnsce de propagande,
et en donner pour preuve qu'ils ne font que
reproduire les nouvelles sous un titre en rap-
port avec leur contenu. Ce serait s'en sortir
à trop bon compte. Le choix même des nou-
velles que l'on reproduit, le titre dont on les
fait précéder, tout - cela peut, sous l'aspect le
plus innocent, dissimuler souvent la plus dan-
gereuse propagande ; c'es; faire trop confiance
à notre crédulité que de s'imaginer que nous
ne saurons pas nous en apercevoir.
Mais voici qui est beaucoup plus net. Le
Hêtrimiyxl-Millye. d'Angora, a publié un ar-
ticle où il était déclaré que la Turquie avait
définitivement rompu avec le passé, qu'elle
n'a aucune idée de chercher des aventures
dans le Rif, « auquel nul lien géographique
ni politique ne la rattache », ni même « dans
les pays voisins habités par des congénères ».
Le iournal officieux affirmair : « La Turquie
républicaine n'a aucune politique qui la rat-
tache au fanatisme. Le Stamboul français ac-
compagnait ces déclarations de ce commen-
taire :
« La jeune République turque s'est libé-
Ille du joug de l'autocratie théocratique et a
séparé l'Eglise de F Etat ; la religion n'est
pins qu'une affaire de conscience individuelle;
elle ne lie plus le Gouvernement à cette poli-
tique panislamique sur laquelle les régimes dé-
chus fondaient leur pouvoir, leur autorité et
leurs rêves fanatiques. A la formule théocra-
tique, délétère et périmée qui a failli mener
le pays au tombeau, la Turquie nouvelle a
substitué la formule laïque et républicaine,
rompant d'un seul coup les liens qui la ratta-
chaient au passé.
Il n'y a plus en Turquie que les partisans,
avérés ou honteux, de ce passé funeste, pour
rester attachés à l'idéal réactionnaire du panis-
lamisme. Ce sont ceux-là seuls qui, en Tur-
quie, prennent fait et cause pour Abd-el-Krim
dans le conflit où la France, attaquée par lui,
défend contre lui, sans velléité de conquête,
la cause de la civilisation. Pour ceux qui sui-
vent le développement de la révolution turque,
aucun doute n'effleure leur esprit à cet égard :
ils savent que la Turquie laïque et républi-
caine ne peut chercher à favoriser les desseins
d'un Abd-el-Krim. Mais à l'étranger, l'opi-
nion publique n'est pas avertie. »
Que les Turcs, républicains, laïques, aver-
tissent l'opinion publique. Ils ont le plus grand
intérêt à dissiper toute équivoque, à empêcher
toute fausse interprétation. En vérité, je le
répète, on a beau avoir suivi le développe-
ment de la révolution turque, on ne compren-
drait pas comment une nation peut, à la fois.
se réclamer de la civilisation occidentale et
laisser croire qu'elle est sympathique à ceux
qui se dressent, en ennemis implacables, con-
tre cette même civilisation.
Mario Roustan,
Sénateur de l'ilérault. vice-prétident
de ta Commission sénatoriale den Co-
lonfB, Secrétaire général du Groupe
tilticote.
-4800
M. STEEG AU MAROC
--0.0--
Après avoir reconnu que le Gouvernement
français a rnfin jugé que l'heure était ve-
nue et que le Maroc ne pouvait souhaiter
un meilleur choix que celui fait par la Mé-
tropole en la personne d'un administrateur
de la compétence, de l'expérience, de la
haute probité de M. Stccg, M. J. du Pac,
directeur de l'Atlas. aioute : --
Il Une ftve nouvello s'ouvre pour le Ma-
roc, frre de paix, de prospérité et de jus-
tice. Et nous faisons tottte confiance à celui
qui, malgré les « difficultés de l'heure, les
périls et les embûches b), a accepté patrio-
tlq-uement la mission d'en être l'apôtre. »
0
* 0
Le consul général de France, accompa-
gné des membres du Bureau de la Chambre
de commerce française, est parti pour Ra-
bat, en vue de présenter à M. Steeg les de-
siderata de la colonie française de Tanger.
M. Steeg entreprendra prochainement la
visite de Marrakech, Mazagan, Safi, Moga-
dor, pour revenir à Rabat, d'où il s'embar-
quera pour la France dans la première
quinzaine de décembre.
Un salon colonial
--0-0--
L'Exposition Henry Cayon
Les lecteurs des Annales Coloniales con-
naissent Henry Cayon depuis le jour déjà
lointain où il obtint sa première bourse de
voyage en Afrique Occidentale Française;
il est plusieurs fois retourné en Afrique et
il a rapporté de ces voyages une ample pro-
vision d'études, de croquis, de tableaux où
se marient heureusement la solidité du des-
sin et la richesse du coloris.
il nous conviait hier aux Galeries J. AI-
lard, 20, rue des Capucines, à visiter une
série de tableaux que les amateurs pour-
ront admirer iusau'au ; décembre nroenain.
Certes, il nous a. montré quelques ravis-
sants coins de France, que ce soit la gra-
cieuse vallée de Chevreusc ou des coins py-
rénéens, mais j'aime mieux les souvenirs
du Mexique, de l'Italie ou de FEspagne.
Et ce que je préfère, ce sont ces visions
d'Afrique Occidentale et du Maroc qu'il
sait si bien prendre sur le vif ; sa fontaine
marocaine a de la vie, du mouvement, les
tons de là-bas; Saffi, Casablanca, Agadir,
vieux souvenirs ressuscites, et aussi Moea-
dor, plantée comme une boule à l'extrémité
de cette tige qu'est sa longue lagune et dont
tou3 les vestiges des siècles disparus sont
évoqués avec tant d'intimité dans la toile
qu'Henry Cayon lui a consacrée. Puis voici
Dakar avec ses docks, sa rade et son bas-
sin de radoub et son port, les glaneuses,
Rufisque, la tornade sur le Niger, Bamako.
Il faut aller visiter l'exposition Henry
Cayon, elle marque la place de choix que
ce prince de la palette a su s'assurer dans
les milieux orientalistes.
M.R.
Mme Cayon-Rouan a joint à cette expo-
sition quelques natures mortes qui font
d'elle la digne émule de son mari.
L'AVIATION COLONIALE
Du Niqer au Nil
Revenant de la Nigeria, les trois avions
britanniques ont atterri hier A Khartoum.
(Par dépêche.)
France-Fez-Alger
le cotonel Vuillemin est. arrivé à Fez.
Son voyage lut assez mouvementé en rai-
son dit mauvais temps ; il repartira dans
la soirée d'aujourd'hui pour Alger.
(par dépêche.)
Main-d' œuvre africaine
0
Problème de plus en plus angois-
sant que chacun cherche à résoudre
mais dont la solution présente de
grandes difficultés depuis Vénorme contri-
bution qui a été imposée à l'Ouest Africain
pendant la guerre par la levée des contin-
gents militaires. Les fameux réservoirs
d'hommes du M os si et du Gourounsi s'épui-
sent car toutes les régions voisines y ont re-
COUTIl sans discrétion. La densité de 12 doit
être maintenant beaucoup moindre et il est
prudent de chercher ailleurs les travailleurs
dont nous aurons toujours besoin même en
augmentant l'outillage mécanique.
Certains colons de la Côte-d'Ivoire, exploi-
tants forestiers, ont songé à utiliser la main-
d'oetivre du Libéria, celle qui habite la zône
frontière de Caval/y,
Il nous a paru intéressant de rechercher
cc que sont ces indigènes du Libéria que nous
ne connaissons jusqu'à présent que confon-
dus avec les Kroumen de la Côte d'Ivoire
pour les avoir vus à bord des navires dont
ils assurent la manutention dans les escales
de la Côte du Bénin.
La population du Libéria peut être divisée
en Libériens : les Américo-Lihériens et les
indigènes qui sont, d'ailleurs (techniquement)
les nationaux libériens.
De beaucoup, on trouve la plus grande
partie de la population des libériens à Mon.
rovia, Robatsport et dans les autres villes de
la Côte, de telle sorte que la description de
ceux de la Capitale et de ses abords peut
s'appliquer à tout le reste.
Depuis, quelle qu'ait été l'intention des
premiers occupants, le Libérien actuel est
devenu un citadin sur la Côte connaissant
plus ou moins l'intérieur. Il ne vit que des
produits du pays et de ceux que lui apportent
les navires dont son existence dépend.
En d'autres termes, ses occupations et ses
revenus n'évoquent Pas une existence indé-
pendante basée sur les ressources actuelles
d'un pays vierge mais plutôt celle d'un clerk
de comptoir commercial, d'un garde magasin,
d'un employé du wharf, d'un canotier ou
d'un marin au cabotage à qui la besogne est
fournie non par ses compatriotes mais par
les firmes européennes.
Le Libérien a ainsi acquisses habitudes
de petit rentier, ne se livrant qu'à des tra-
vaux aisés et dépensant tout son gain n'im-
porte où. Il en résulte qu'avant de songer à
se lancer dans des projets de développement
économique, les libériens doivent faire un
gros effort et se montrer capables d'organi-
ser leur pays. Telle est l'opinion de M. Ro-
hert-Ernest Dllrratlt, commissaire spécial
dans l'Ouest Africain dans son rapport sur
le Libéria à la Corporation internationale
africaine.
« -- i i ne.
Pour l instant ta masse des Libériens est
sous la dépendance de commerçants à leur
aise, d'hommes de loi, d'entrepreneurs, de
fermiers propriétaires du sol: il faut noter
que les citoyens libériens peuvent seuls être
propriétaires du sol. L'idéal du Libérien est
de posséder un lot urbain, d'v construire une
maison qu'il loue aux étrangers et de vivre
des revenus qu'il en tire.
Tels sont les A mrrico-T.ihéricnJ descen-
dants de ces Américains qui. il y a quelque
cent ans cherchèrent une liberté physique,
politique et spirituelle dans la contrée où eux
ou leurs parents avaient été vendus comme
esclaves.
Quant à ceux qui sont restés dans leurs vil-
les et villages, ils sont groupés par tribus
sous le contrôle des commissaires de districts
libériens et de surintendants indigènes qui
ne sont pas toujours des Américo-lihériclls
mais quelquefois des autochtones. Ils sont
considérés comme très pacifiques, ni très ri-
ches, ni très pauvres, vivant des produits
d'un sol très fertile avec un minimum d'ef-
forts. La perception des impôts a éveillé
chez eux la notion de la valeur de l'argent
et ils ont cherché à acquérir quelques riches-
ses, mais ils sont restés hors de l'infltiellee
gouvernementale qui du reste ne s'étend
guère à plus de trente miles dans l'intérieur
des terres. M. Durrant estime qu'il y a
20.000 Américo-Libériens et environ 1 mil-
lion d'autochtones civilisés ou non, il recOIl-
..,,I fjtc ;ol'¡rf "¡., Pr,!.(:;ÀI'ttf - ,Anlir "J.-
".J;" ¡,¡,. "IVlt>d tf. A- r",.'r. ",C;;; /,.r r.
soudre le problème de la ip aiii-d'oeid?)re et
de la mortalité des indigènes : problème en
face duquel se trouvent ses voisins anglais,
français et belges de l'Ouest Africain.
Pour l'imilallt, il semble que les Français
de la Côte d Ivoire ou de là Haute-Guinée
soient plus à même par leur avance dans l'hin-
tcrland de civiliser et protéger les populations
autochtones du libéria. Les bienfaits de la
civilisation sont internationaux et nous de-
vons contribuer à cette tâche des Américains
qui, avec tous ceux qui commercent en Afri-
que Occidentale, voient dans les œuvres co-
loniales une solution raisonnable et claire
des problèmes du vingtième siècle. En appor-
tant chez les primitifs Libériens les bienfaits
de la civilisation européenne, la France se
conformera à ses traditions de générosité et
d'humanité, c'est ce qui explique la bonne
entente qui n'a cessé de régner entre les co-
lonies du Groupe de notre Afrique Ouidnt-
talc voisines de la République de Libéria
où nos compatriotes ont toujours été fort
bien accueillis.
Eaouard Néron,
Sénateur de la ffaute-Lotre,
Membre de la Commission
des Douanes.
- M. Louis Bertrand
à l'Académie Française
--0-0--
C'est un peu des vives couleurs de l'Afri-
que du Nord qui entre aujourd'hui à l'Aca-
démie française avec M. Louis Bertrand.
On peut ne point avoir les mêmes ten-
dances politiques que cet écrivain, mais il
faut reconnaître sa primauté littéraire.
L'historiographe érudit, le poète inspiré,
le romancier vigoureux qu'est tour à tour
M. Louis Bertrand dans Saint Augustin,
Louis XIV} l'Infante, la Grèce du soleil et
des paysages, Villes d'or, le Livre de la Mé-
diterranée, Sanguis Martyrum, le Sang des
races, Jean Perbal, Pepete le Bien-Aimé,
cet écrivain-là, sans conteste, a sa place
toute désignée sous la coupole, qui n'abrite
pas déjà tellement d'hommes de lettres au-
thentiques.
Et puis, nous voyons en lui l'amant de
la Méditerranée et de ses rives splendides
(celles comprises du doré Roussillon, que
Mgr de Carsalade, ami et guide en ce pays
de l'auteur de l'Infante, lui fit aimer sans
peine).
Il en est aujourd'hui l'amant heureux.
Nous l'en félicitons.
Enfin, il est particulièrement opportun de
signaler un certain Retour d'Egypte, paru
récemment dans les « Œuvres libres Jt, où
M. Louis Bertrand démontre éloquemment
la communauté d'intérêts qui unit la France
et l'Angleterre en Orient, et ailleurs.
A l'heure où les passions bouillonnent en
Syrie, et dans une grande partie de notre
Afrique, on ne relira pas sans profit ce court
fragment d'une œuvre incontestablement
belle et forte.
M. Louis Bertrand, Meusien (il est né à
Spincourt en 1866) succède à l'Académie au
Vosgien Maurice Barrés.
R. B. de Laromiguiire
Le centenaire ? camioal Lavigerie
0
Mgr Leynaud, archevêque d'Alger, et Mgr
Thiénard évêque de Constantine, sont par-
tis hier matin pour assister à Constantine
aux obsèques de Mgr Si''i°rrel vicaire gé-
néral de Constantine.
La dépêche suivante a été adressée au car-
dinal Cerretti. ttnrtr* A Pari r -
Le cardinal légal., le primat d'Afrique,
les archevêques et évèques français et ita-
liens réunis à Carthage à l'occasion des
fêtes du centenaire du cardinal Lavigri,
expiiment leurs vives et respectueuses féli-
citaiions pour l'élévation au cardinalat de
Son Excellencef si dévouée aux intérêts de
l'Eglise de France.
CHAROST,
cardinal légat.
On a décidé d'organiser pour dimanche
prochain, à midi, un déjeuner de cinquante
couverts à l'archevêché, et pour le soir,
après l'inauguration du monument, un
Champagne d honneur qui réunira un grand
nombre d'imrités.
Echange de visites
Les prélats italiens se sont rendus lundi,
dans la matinée, au consulat italinl.. oit ils
ont été reçus par M. San Martino, vice-
cousul. Ils étaient chargés par le cardinal
Charost, légat dIt Pape, d'exprimer, par
l'intermédiaire dit représentant de l'Italie,
sa 7tve satisfaction pour l'Heureuse issue Au
complot ourdi contre M. Mussolini.
M. San Martino s'est déclaré très sensible
à cette visite des prélats et a ajouté qu'il en
ferait part à M. Mussolini.
M. San Martino, vice-consul d'Italie, fai-
sant par Ítztéritt, fonctions de consul géné-
ral d'Italie, a rendu avant-hier soir, à l'ar-
elZCVêe/lé, la visite qu'il a7!ait reçue du pri-
mat d'Afrique et des trois prélats italiens.
M. San Martino a fait également 1risite au
cardinal légat. M. Mac Land, consul géné-
ral d'Angleterre, a fait, dans la soirée, une
visite au cardinal Clzarost. Celui-ci a reçu
également dans la soirée, à l'archevêché, la
visite de l'amiral Rouis, commandant la
marine en Tunisie.
La statue du cardinal
Dimanche, à 15 heures, le cardinal Cha-
rost procédera solennellement à la pose de
la première pierre dit monument élevé à la
mémoire du cardinal Lavigerie. Cette inau-
guration clôturera la série des fêtes, le lé-
gat du Pape ayant décidé de partir lundi
pour Alger, où il s'embarquera avec les pré-
lats l'accompagnant pour la France.
Le centenaire à Paris
--().&--
Après Aljçer et Tunis, Paris qui fut le dio-
cèse d'origine du grand Cardinal, célé-
brera, sur l'initiative des Amis des Mis-
sions, le centenaire, par les trois cérémo-
nies suivantes :
1° Ln mardi 24 novembre, sous la pré-
sidence de M. Jules Canibon, ambassadeur
de France, ancien gouverneur général de
l'Algérie, dans le grand ampliàtliéMre de la
0 L–A. ,. u 'l\. 1 -v: .1 - _:,..
(MirlHIIIIie, U iGU mscuurn 1I( IVI. LUIiIM
Ucrlrand : Il (Le Cardinal Lavigerie ». Allo-
cution de M. Jilles Cambon;
2° Le dimanche 29 novembre, en l'église
d4S Garmtfs, 70, rue de Vaugirard, à 10
heures, messe chantée, sous la présidence
de Mgr Haudrillart, recteur de l'Institut
callioliquc. Panégyrique du Cardinal, par
le R. P. Rarret ;
3° Le même jour,
Paris, Panégyrique du \.iU'dtinal 1^'ivigene,
par le Qmïinal Cluwosl, archevêque de
Iknnps, cantate et. 8alut solennel.
M. Varenne à Saïgon
M. Varenne est attendu aujourd'hui à Saï
80ft à bord du Paal-Lecat.
Après Voronoff, Ivanoff
–
Et ce sont de nouveau les singes de la Gui-
née française qui vont être honorés de la visite
du professeur Ivanoff, de Moscou. Comme il
est spécialiste des études sur la reproduction
des espèces, M. Ivanoff veut voir s'il est pos-
sible de créer une race nouvelle qui naîtrait
d'un mélange de l'homme et du singe. Selon
ce savant, les types obtenus réuniraient peut-
être les caractères ancestraux de nos aïeux les
plus reculés.
Au point de vue sportif, il est évident que
le professeur Ivanoff peut faire naître ainsi des
athlètes extraordinaires devant lesquels les re-
cords du monde ne pèseront pas lourd. Verra-
t-on ses champions aux Olympiades d'ici
quinze ou vingt ans? se demande un de nos
con frères.
Il est certain qu'un gymnaste avec cette pa-
renté spéciale serait prodigieux, un sauteur à
la perche deviendrait fantastique, un joueur
de rugby pour rattraper le ballon serait
adroit. comme un singe, bien entendu. Et un
boxeur, donc ! Les successeurs de Dempsey
n'auraient plus qu'à fuir le ring sans com-
battre.
Il suffit d'avoir observé pendant quelque
temps certains singes, grands anthropoïdes tels
que les gorilles et les chimpanzés, pour n'être
pas éloigné de se rallier à la thèse du pro-
fesseur Ivanoff,
Voyez une maman chimpanzé allaitant son
enfant, écoutez - dans la forêt les appels des
mâles qui ont des sons gutturaux humains, à
s' y méprendre, et vous penserez qu'entre ces
singes et nos grands, très grands ancêtres, la
différence n'était peut-être pas très grande.
Les études du professeur Ivanoff sont à sui-
vre.
Eugène Devaux
Les communistes de Tunis
-0-0-
Le jugement
Après avoir entendu les plaidoiries de M**
Foyssin, du barreau de Paris, et Duran An-
qliviel, bâtonnier des avocats de Tunis, le
tribunal a prononcé son jugement pour cri-
me de complot contre la sûreté de r Etat
Les six accusés ont été déclarés coupa-
bles, mais à des degrés différents, en consé-
quence trois d'entre eux, le communiste Fi-
nidori, les agitateurs Mohamed Ali et Mok-
tar El At/arj, ont été condamnés à dix an-
nées de bannissement, et les trois autres in-
culpés, Et haroui, Genouchi et El Kebadi
ont été condamnés à cinq années de la mê-
me peine. (Par déipéche.)
moelb
Des croix pour le Maroc et la Tunisie
La Commission de législation civile de la
Chambre a adopté un rapport de M. Cautru,
favorable à la proposition de M. E. Mori-
naud, député de Constantine, tendant à ac-
corder annuellement aux citoyens français du
Maroc et de Tunisie un. contingent de déco-
rations dans l'ordre de la Légion d'honneur,
une rosette d'officier et dix croix de cheva-
lier pour chacun de ces deux protectorats.
Les incidents de la Martiniaue
Les affaires du Diamant et de l'Ajoupa.
Bouillon sont venues devant la Cour d'appel
de Fort-de-France.
On sait que M8 Robert Lazurick, du Bar-
reau de Paris, assurait la défense des incul-
pés. Dans l'affaire du Diamant, les condam-
nations ont éiC ramenées, d'un an et de huit
mois, à quatre et trois mois de prison. Trois
acquittements ont été prononcé. Tous les
prévenus ont été remis en liberté.
En ce qui concerne les incidents de l'Ajou-
pa-Bouillon, l'ancien député La!-{rosillilre a
été finalement frappé de quatre mois de pri-
son avec sursis.
Ce n'est pas diminuer l'éloquence vigou-
reuse, le grand talent de notre ami M® Ro-
bert Lazurick, que de voir dans ce verdict un
appel - d'ailleurs nécessaire - à l'apaise-
ment des esprits.
Et nous verrons bientôt l'assassin des Eta-
ges acquitté au mois de janvier.
Voulez-vous des pruneaux ?
C'est pour rien.
- -abe-
Une opinion allemande
sur le commerce aux Indes
–0-0–
Le baron de Collenberg. ;m cours d'une
conférence sur les relations économiques
indo-allemandes faite par lui à Bfrlin,
aurait déclaré que les Indiens étaient, en
général, de mauvais commerçants, dignes
d'aucune confiance. 11 aurait cependant
rendu hommage au « sens des affaires »
dont font preuve les négociants indigènes.
Il y a lieu de relever dans la causerie
du Baron de C.ollcnbcrg, le passage ayant
trait à la sympathie témoignée par l'Indien
ii tout ce qui est allemand que le confé.
rencier attribue non pas au sentiment pro
germain de la population mais à son opi-
nion antibritanniqu(
mtm
Le commerce allemand an Indes
0-0
L'Allemagne tient une des premières pla-
ces dans le commerce de l'Inde.
Ses importations en 1924 se sont élevées
à plus de 35 millions de roupies, alors que
ses achats ont atteint plus de 120 millions.
Toutes ses négociations ont été faites par
l'intermédiaire de maisons étrangères et in-
diennes.
-- - ---- -'.
Maintenant que l'accès des Indes vient
d'être autorisé aux Allemands, ses indus-
triels ne vont pas manquer d'envoyer dans
les grands centres économiques indiens ses
meilleurs .voyageurs.
AU S:&N.AT
--0..0-
DANS LES COMMISSIONS
Commission des Finances
La Commission sénatoriale des Finances,
réunie hier après-midi, sous la présidence
de M. Paul Doumcr, a entendu M. Léon
Perrier, ministre des Colonies sur le pro-
jet de loi « portant création d'une Banque
d'émission à Madagascar ». MM. Messimy
et Buhan, président et rapporteur de la
Commission des Colonies, assistaient à la
séance.
Diverses questions ont été posées par
MM. Albert-Lebrun, rapporteur, Milliès-
Lacroix et Henry-Bérenger. M. Léon Per-
rier a vivement insisté sur l'urgence vitale
du projet tant pour la colonie de Madagas-
car que pour les finances pubbques.
Après le départ du ministre, la Commis-
sion a décidé, à la majorité, de voter le
projet de loi tel que le gouvernement l'a
présenté devant le Sénat, étant bien en-
tendu qu'il sera tenu compte des obser-
vations contenues dans le rapport de M.
Albert Lebrun, notamment sur la cession
exclusive des « parts bénéficiaires à l'Etat »
à la colonie de Madagascar.
.Q$O-
A LA CHAMBRE
DEBATS
Les événements dot Syrie
Audition du général Sarrail
Tout récemment, lorsque vint en discus-
sion devant la Chambre, la date des inter-
pellations de MM. Désiré Frry et Desjar-
dins sur les événements qui se sont dé-
roulés en Syrie depuis quelques mois, M.
Painlevé, président du Conseil, avait de-
mandé aux députés d'attendre avant de
fixer la date de ce débat, que le général
Sarrail ait fourni aux commissions de l'Ar-
mée et des \ffaires étrangères, des expli-
cations.
L'ancien haut-commissaire en Syrie, a
été entendu hier matin, par les commis-
sions des Affaires étrangères et de l'Armée
réunies, en présence de M. Aristide Briand
ministre {tf'S Affaires étrangères et Dala-
dier, ministre do la Gnerre.
Dès le début de la séance et avant même
que le général Sarran ait pris la parole,
M. Désiré Ferry posa une question qui sou-
leva immédiatement Les protestations de
l'assistance.
A quel tiU'i^ demanda-t-il, le gé-
néral Sarrail est-il Ici ; est-ce comme
inculpé, ou est-ce comme représentant du
Gouvernement ?
M. Aristide Briand répondit que le géné-
ral Sarrail était venu pour fournir des ren-
seignements et qu'en l'interrogeant, c'était
évidemment le Gouvernement qui était in-
terrogé et que (dui-ci entendait gnrder tou-
tes ses responsabilités.
Cet incident terminé, le gênerai Sarrau
commença son exposé. Il s'étendit longue-
ment sur les opérations du Ojf'lwl-Drusc et
sur le bombaiilement de Damas, mais il
rétablit certains faits qui avaient été déna.
turés par certaine presse anglaise et s'éle-
va contre les exagérations et les critiques
élevées sur son administration. Il parla de
la révolte
rent à prendre a l'égard de la famille
Attraehi des mesures d'exceptionnelle ri-
gueur.
Ceci dU. le général Sarrail exposa les
mesure^ militaires qu'il Avait prises, parla
du siège
douins, sont les seuls responsables de l'in-
tervention des troupes françaises et du
et du
quelques questions furent ensuite posées
par : MM. Missoilr. de la l'Vrronays. Désiré
Ferry' Fontanier, 'Albert MLlhaud, Diagne,
puis le ministre de la Guerre apporta des
précisions sur les opérations, les effectifs
et 'les pertes que nos troupes ont subies.
Ui séance prit lin sur l'audition du mi-
nistre des Affaires étrangères qui tint à
rendre hommage à la collaboration loyale
et cordiale de l'Angleterre, puissance man-
dataire en l'ransiordanie et en Mésopota-
mie et qui au cours des événements dont
la Syrie a été le théâtre, a collaboré loya-
lement avec la France.
PROPOSITION DE LOI
M. Labatut et un grand nombre de ses
collègues ieiuient de déposer une propo-
sition de loi tendant a demander l'exemp-
tion des pupilles de la Nation dans les con-
ting" ents futurs et le rapatriement de ceux
qui ont fait partie des contingents précé-
dents pour 1-- Maro" ou autres expéditions.
Dans l'exposé des motifs, il est dit que
si nul n'a l'intention de réclamer un pri-
vilège pour une catégorie -de jeunes gens,
il semble cependant nécessaire de rappeler
il la patrie ingrate sa def..- de reconnais-
sance envers ceux qui sont morts pour elle
pendant la grande guerre !
Ici, le iHjiv est tombé fn héros, laissant
après lui ses enfants, seule consolation
d'une eii\e éplorée dont ils sont devenus
aujourd'hui le soutien. L;\ encore, le
père fut fauché par la mitraille ennemie;
les grands-parents ont él-vé dew orphe-
lins devenus, à cette heur;' , leur b.Won do
vieil es se.
Celle catégorie d'enfants, que la nation
a généreusement adoptés ru, 1un geste de
large reconnaissance, est devenue .présen-
tement la vie morale et la forée matérielle
de bien des foyers éteints, -ni se ravivent
bien lentement !
La guerre du Maroc ne ivossilant pas
une mobilisation de toutes les forces de la
nation, pourquoi donc ne pas mettre À
l*aA>ri d'une deuxième épreuve les familles
déjà si cruellement f:'aj pé s par le sacri-
fice du père ?
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