Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-07-10
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 juillet 1925 10 juillet 1925
Description : 1925/07/10 (A26,N104). 1925/07/10 (A26,N104).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6396951p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SIXIEME ANNEE. N0- ïffli
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VENDREDI SOYR. 10 JUILLET IM
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Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LU ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
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Us «a • Mil • Mi*
AIOWIEI^TI ( Pronct «l Colonie». 80 » 41 9 Ï5 »
OhM :Irran,.,., 120 9 M e 35 *
On ribome IMM tons un Bwwni M aorte et ohex 1M principaux librairw
AMtat du port il du chemin de fer de SassaDdra
t
La série d'articles que nous avons pu-
bliés récemment dans ce journal sur la
mise en valeur de la Côte d'ivoire et sur
l'ordre d'urgence des grands travaux à
entreprendre dans cette colonie, nous a
valu plusieurs correspondances applau-
dissant notre initiative et approuvant,
à de rares critiques près, les différen-
tes mesures que nous avons préconisées j
L'une de ces correspondances est par-
ticulièrement intéressante. Elle émane de
quelqu'un qui a vécu beaucoup à ia Côte
d'Ivoire et que ses fonctions, ses nom-
breux déplacements ont mis à même
d'apprécier et de comparer à celle des
autres ports de la colonie, la valeur de
Sassandra comme port d'embarquement,
de connaître parfaitement aussi tout l'ar-
rière pays qui constitue Thinterland na-
turel de ce centre commercial. L'avis de
cette 'personne est formel : l'aménage-
ment du port de Sassandra s'impose,
de même que s'impose la construction
d'un chemin de fer partant de Sassandra
pour aboutir dans la région .de Dalsa,
puis, éventuellement, par deux embran-
chements, vers Bouaki, "au Nord-Est, et
Beyla au Nord-Ouest. Citons, du reste,
textuellement :
CI Petit point longtemps négligé de la Côte
d'Ivoire, Sassandra peut prétendre à un très
bel avenir. Son port naturel, particulièrement
bien abrité par une série de hauteurs qui bri-
sent la lame, a l'avantage de ne pas connaî-
tre, comme Bassam, Lahou, Assinie, Tabou,
les dangers de la barre; son arrière payb,
bien que le meilleur soit un peu éloigné, est
riche.
a Tous ceux qui ont vu Sassandra, après les
autres points de la côte, en sont partis en-
thousiasmés, et certains, dans l'excès de leur
enthousiasme, s'écriaient : a C'est ici qu'il
fallait faire le plus grand port de la colonie,
et non à Bassani, Yridi ou Abidjan, etc. ,
c'est d'ici que devait partir le chemin de fer
de la Côte d'Ivoire. »
Non, ce n'était pas à Sassandra qu'il
fallait conduire le premier port et le pre-
mier chemin de fer. Pour la conquête et
la pacification, il fallait commencer par
la région la plus riche et la plus facile à
pénétrer. Or, 'Bassam est au débouché de
la vaste zone desservie par le réseau de
lagunes et le cours inférieur du fleuve
Comoë, zone peuplée, riche en palme-
raies et ouverte au commerce bien avant
la période de notre occupation. D'autre
part, le chemin de 'fer qui paît d'Abid-
jan traverse la-forêt dans sa plus petite
largeur ; les difficultés éprouvées pour ac-
céder dans le haut pays ont donc été ré-
duites au minimum et la ligne construite
avait peut-être un caractère autant stra-
tégique que réellement économique. A
l'époque où fut entreprise cette construc-
tion, la région de Sassandra n'était, pas
pacifiée et l'arrière pays nous était pres-
que totalement inconnu; les ravages ef-
fectués par .les négriers durant plusieurs
siècles avaient en outre rendu les popu-
lations hostiles à la pénétration euro-
péenne; la construction d'un chemin de
fer y eut été fort .difficile.
« H n'en e::;.t plus de. même aujour-
d'hui. La pacihcation est achevée, le
pays s'est repeuplé et ses richesses, ses
possibilités surtout apparaissent consi-
dérables..
Un fleuve magnifique, malheureuse-
ment coupé de chutes et de rapides,
mais utilisable néanmoins pendant une
partie de l'année par les embarcations
indigènes, permet d'amener à Sassandra
tous les produits, palmistes, cacao,
caoutchouc, fournis par Soubré, Buyo,
Guiglo, Issia, etc. Des routes automobi-
les ont été construites ; par elles on at-
teint SOUlbré, Gagnoa, Daloa et l'pn
est relié au réseàu routier de l'Est et du
nord de la colonie.
« La basse côte est riche en palmiers a.
huil'e.: Une huilerie, la plus importante
de la colonie, est installée à Drewin, à
proximité de Sassandra. Plusieurs ex-
ploitations forestières commencent à four-
nir, en bois d'industrie, un appoint in-
téressant à l'exportation. La culture du
cacao se développe rapidement, notam-
ment dans la région de Soubré ; on pous-
se à la culture du caféier et du kolatier;
un peu partout, de belles palmeraies que
l'encore faible densité des populations ne
permet pas d'aménager et d'exploiter in-
tensivement; enfin, sur 300 kilomètres de
profondeur, une forêt admirable, riche
d'essences de toutes sortes dont nombre
sont déjà recherchées pour l'ébénisterie,
la menuiserie, la carrosserie, etc.-.,
« L'arrière-pays sera très long à en-
trer dans l'orbite économique du chemin
de fer actuel de la côte d'Ivoire, même
si l'on construit l'embranchement, qui a
jété préra de Dimbokro-Daloa, avec pro-
longement éventuel vers Milan et BexIa
a Ceci rend songeur si l'on pense que nos
amis Américains, qui prédominent au Libéria,
avaient envisagé, après la guerre, la cons-
truction d'un chemin de fer partant dç Mon-
rovia et allant vers le Nord-Est aboutir à
une sorte de carrefour où, géographique-
ment, auraient été attirées les productions du
Sud de la Guinée et du Nord-Ouest de la
Côte d'Ivoire ! Pourquoi ne profiterait-on pas
du point exceptionnel qu'est Sassandra pour
en faire le débouché de tout l'Ouest de la
Côte d'Ivoire, du Sud de la Guinée et même
du Nord du Libéria ?
a A Sassandra, pas de frais de wharf, pas
de lagune, pas de mauvaise barre. On y
travaille toute l'année en toute quiétude et
en toute sécurité.
« Et pourquoi aussi, comme vous l'avez ex-
posé, ne pas envisager plutôt que la cons-
truction du rail latéral Dimbokro-Daloa, la
construction d'une voie ferrée partant de
Sassandra, allant vers Beyla, desservant
toute la zone occidentale de la Côte d'Ivoire
et s'infléchissant à la fois vers le pays de
Ga.gnoa très peuplé et vers le Libéria pour
de.? raisons de prédominance politique et éco-
nomiaue.
« Ce chemin de fer serait le second de, la
Côte d'Ivoire. Dans notre belle Colonie si
étendue, si belle d'avenir, si prometteuse de
réalisations, nous aurions deux rails paral-
lèles : l'un aboutissant à Abidjan et amenant
en ce point les richesses du centre, centre
Est, Nord et Nord-Est de la Côte d'Ivoire,
celles de la Haute-Volta et d'une partie du
Soudan Français ; l'autre, ayant son termi-
nus à Sassandra et drainant vers ce point
les produits de toute la région occidentale
de la Côte d'ivoire, du centre Ouest, du Sud-
Est de la Guinée Française et du Nord et
Nord-Est du Libéria. »
Nous sommes d'accord avec notre cor-
respondant, sauf cependant en ce qui
concerne la possibilité de desservir le
Nord-Est du Libéria par le chemin de
fer qui aboutira à Sassandra. Le Libé-
ria est trop en dehors de la zone d'attrac-
tion de ce railway pour qu'il puisse en
subir l'influence. Mais cette zone est as-
sez vaste, assez intéressante par elle-
même pour qu'il ne soit pas nécesaire de
compter, pour alimenter le trafic de la
voie ferrée envisagée, sur l'appoint sus-
ceptible d'être fourni par un pays étran-
ger.
Pierre Valu de,
Député du Chtr.
, ̃
Au Ministère des colonies
-o-
Ce matin, M. André Hesse, ministre des
Colonies, en présence des Directeurs et chefs
de service de la rue Oudinot, a félicité M.
l'Intendant-Général Tassel, directeur des Af-
faires Economiques au Ministère des Colo-
nies, qui vient d'être élevé au grade de
Grand' -Croix de la Légion d'honneur.
M. André Hesse a, à cette occasion, rap-
pelé les brillants services rendus par ce fonc-
tionnaire à la cause coloniale.
«Obe-
Au Comité Consultatif
de défense des colonies
Le ministre des Colonies a réuni aujour-
d'hui le Comité consultatif de Défense des
Colonies pour 'lui soumettre un programme
d'organisation défensive de nos possessions
lointaines.
Après avoir souhaité la bienvenue au gé-
néral Claudel, évoque ila grande figure colo-
niale du général Mangin, ancien président
du Comité, M. André Hesse a exposé an
Cornité M. André H-esse a exposé ail
Comité les principes de s.a politique mili-
taire coloniale en insistant sur la néccRsitÓ
de réaliser pratiquement une œuvre durable
basée sur un large concours des indigènes
à la défense de leur pays et sur l'améliora-
tion de l'armement compensant les com-
pressions d'effectifs qu'a imposées notre
situation financière.
-–- go$*-
La" promotion du Rif"
----()oO--
La traditionnelle fête du Triomphe, or-
ganisée par les élèves de l'Ecole spéciale
militaire de Saint-Cyir, s'est déroulée, hier,
selon l'usage, sur le terrain de la Grande-
Carrière.
Après la reconstitution d'un épisode de
la bataille de Mari'gnan, le Père Système
fit son apparition sur un char romain mené
à fond de tirain, suivi de près par Napo-
léon et son état-major.
, L'Empereur débita une fort spirituelle
allocution et demanda au général Tanant
de prononcer le nom que doit porter la pro-
motion.
Promotion du Rif 1 dit l'ancien com-
mandant de l'Ecole de Saint-Cyr, en l'hon-
neur dçâ. glorieux soldats qui combattent
pour la France au Maroc.
m+>
M. Mollette à Paris
*
M, Viollette, gouverneur : général de jAl-
gérie, a quitté hier Alger pour venir à
Paris. Il est arrivé aujourd'hui à Marseille.
RIVALITÉ FATALE
-0-0-
Il semble que la politi-
que japonaise en Chine et
dans les pays limitrophes
subisse une intéressante
évolution que nos lecteurs
me pardonneront de leur
sigllaler. J'attribue, en ef-
fet, aux événements du
Pacifique une telle impor-
tance que je ne saurais laisser sous silence les
faits qui peuvent, dans une mesure apprécia-
ble, modifier la situation politique dans cette
partie du monde.
Le lapon avait, il y a quelques mois, après
avoir reconnu le Gouvernement des Soviets,
signé avec lui, au sujet de Sakhaline et de la
Mandchottrie, tin accord par lequel les deux
parties s'efforcèrent de concilier leurs inté-
rêts dans ces régions en s attribuant à cha-
cune une zone d'influcllce.
L'entente lia pas duré entre les deux par-
tCliaires. Les journaux d'il y a deux ou trois
jours nous apprennent, en effet, qu'un con-
flit grave s'est élevé entre eux au sujet des
chemins de fer de Mandchottrie. Il y a en
Mandchottrie deux ligues principales : te che-
min de fer chinois de l'Est, qui se dirige vers
Vladivostock et qui est administré par des
Russes, et le chemin de fer du Sud ntatid-
chourien qui aboutit à Dalny et qui est géré
par des Japonais. Comme la Mattdchourie
est un pays riches qu'elle produit notamment
des fèves de soya dont L hutle peut remplacer
certaines huiles minérales, la rivalité est de-
venue extrêmement vive. C'est une véritable
bataille économique qui s'engage et qui va, si
Von en croit « un haut personnage russe »,
devenir plus acharnée que jamais.
C'(St aussi le sentiment de certains hom-
mes politiques japonais. Le comte Loyejima
a déclare à la Chambre des Pairs dans un
discours : -- « Les -- intérêts du - Japon et de la
Russie sont comme autrefois tellement, oppo-
sés qu'tm conflit est inévitable. Le Japon a
commis une grave erreur en reconnaissant le
Gouvernement des Soviets. »
Laissons de côté la dernière phrase de
celle déclaration qui ne saurait tire commen-
tée dans ce journal, où nous limitons libre-
ment notre examen aux questions coloniales
ou qui peuvent avoir quelque répercussion sur
les colonies,
Ceci dit, on ne saurait cnn/cslc que, dont
cette partie du monde, les intérêts du Japon
et ceux de la Russie sont en antagonisme. Le
Japon, ne serait-ce que pour y déverser le
trop-plein de sa pflpulatiolz surabondante, a
besoin que son action ne soit point < ênée dans
ce pays riche, presquc désert et de grand ave-
nir qu'est la ilf andehourie, mais où les So-
viets, continuateurs fidèles de la politique
des tzars, revendiquent la première place,
afin d'avoir - un débouché vers la mer libre.
Cette rivalité est pour ainsi dire fatale,
elle résulte de la force même des choses, au
moins aussi longtemps que les relations entre
peuples seront soumises aux règles qui les
régissent. A de certains moments, elle a pu
sembler afaisée, évanouie; on a pu croire
qu'elle s'était résolue en amitié. Mais c'était
pure illusion. Au lendemain de la guerre
russo-japonaise, certains se sont imaginés que
cette opposition avait, pris fin ; mais cette
accalmie tenait tout simplement à cc que la
Russie avait reporté en Europe le but de son
action diplomatique. Occupée dans les Bal-
kans, elle négligeait momentanément l'Extrê-
me-Orient. Mais elle y serait revenue dès
qu'elle aurait éprouvé un grave échec en Efl-
rote.
C'est ce qui se produit aujourd hui avec les
Soviets. Ecartés dans une certaine mesure de
notre Continent, ils tournent une bonne par-
tie de leurs efforts vers les rives du Pacifi-
que. Et en dépit des manifestations d'amitié,
trompeuses parce que contraires à la réalité,
ils se trouvent rapidement en conflit avec
VEmpire japonais.
Qu'adviendra-t-il de cette rivalité qu'aggra
vent les événements de Shanghai que les bol-
cheviks n'ont pas provoqués, mais qu'ils
favorisent et qu'ils exploitent ? Nous ne sau-
rions le dire des aujourd'hui. Mais il n'était
peut-être pas sans intérêt de noter cc cltan-
gement, qui peut être gros de conséquences,
dans les rapports des Gouvernements de Mos-
cou et de Tokio.
Henry Fontanier,
Député du Cantal, secrétaire de la
Commission des Allaires étran-
gères, membre de la Commission
des Colonies.
'II'.
L'AVIATION COLONIALE
Paris-Dakar
Les pilotes Coste et Thierry, de Villacou-
btlay, vont tenter ensemble de rallier Dakar
sans escale pour le record mondial de la.
distance. Raid que Lemattre et Àrrachart ont'
presque réussi déjà. Ils partiront sur un
avion de même type mais muni d'un mo-
teur Hispano-Suiza de 450 chevaux.
Paris-Alep
Un grand raid aérien qui relierait Paris
à l'Asie Mineure (probablement Alep) va.
être tenté très prochainement.
L'appareil qui doit effectuer ce raid a
subi plusieurs essais concluants on pré-
sence d'une Commission du service techni-
que de rAômnautiquc. Cet avion sera pi-
loté nar MM. Pitot et Podlon.
L'âppareil en ordre de marche atteindra
le poids de 6 tonnes.
Le, départ de ce raid se fera très proba-
blement de l'aérodrome du Bourget.
La Conférence de Madrid
-0-0--
Déclaration de M. Malvy
Le roi a reçu M. Malvy qui est parLi hier
soir pour Paris.
En sortant du palais royal, M. Malvy a
déclaré que l'accord était complet entre les
rcprésonlniits des deux pays, lia ajouté que
ccrtuineniunt dans le courant'de l'après-
midi, un accord concernant la collabora-
tion politique des Jeux nations serait si-
gné. La conférence se prolungera encore
une semaine pour mettre au point quelques
questions secondaires et certains détails
peu importants.
Les conditions de paix
Le général Primo de Rivera a convoqué
M. Echovarrieta pour lui communiquer que
la négociation hispano-rifaine a laquelle il
a pris une part si .active était terminée, et
que cette décision serait immédiatement
purléu à la connaissance d'Abd el Krim par
l'intermédiaire du commandant de l'Ilot
d'Alliuoeinas. Le général Primo de Rivera
à prié M. Echcvarricta de renoncer à un
voyage qu'il était sur le point d'entrepren-
dre à l'étranger, alin de pouvoir retourner
à Ajdir en compagnie d'un représentant .du
gouvernement français, pour engager de
nouvelles négociations sur les (bases qui
seront lixées par la conférence.
On dit maintenant que te débarquement
dans la baie d'Athucémas dépendra du ré-
sultat de cette démarche et qu'il n'aura
donc pas lieu, comme on l'avait annoncé, le
lJ juillet.
*+»
Les coloBlam au Concours général
M. Cation Douinergue, président de la
République, a présidé hier matin, à neuf
heures et demie, dans le grand umpliithefi-
tru de lu Surboime, la proclamation et la
distribution solennelle des prix du concours
général ouvert entre les lycées et collèges
de Paris et des départements. 11 était ac-
compagné de M. Jules Miehet, secrétaire
général de la présidence.
- Après les discours d'usage, prononcés par
M. Pécher, professeur de première supé-
rieure iiu Lycée Coudurcet, grand mutilé de
guerre, et par M, de MUIlÛe, ministre de
l'Instruction, publMque, M. Paul CrOlllelt,
inspecteur de l'Ac.ud6mic de Paris, a
d'abord fait connaître le résultat du con-
cours généiral pour 1924 pour les colonies.
Composition française
, (Cla.bsc do première)
10° accessit : Mlle Marcelle Védelec, élève
du, Jycëu d'Hanoi.
Alathématiques
(Classe de mathématiques)
90 accessit : M. Uaug Phuc Thong, né à
Bac-Ninli (Tonkin), élève du lycée d'Ha-
noY,
Puis, il u. lu le palmarès duns lequel nous
relatons avec plaisir les noms suivants :
M. René Eellier, du Lycée de Constan-
Une : 21 accessit du physique ;
'M. Robert DauYergne, né à SuId,a (Oran):
premier prix des classes de philosophie et
du mathématiques (histoire) (Lycée Henri
l V)
M. André VüncCtIÜ, né à Saint-Denis,. (Ile
de la Réunion); 10° accessit des classes1 de
philosophie et de mathématiques (lùSltoire)
(Lycée Buffon) ;
M. André Hardy, du Lycée Gouraud, à
Riabat : 4° accessât des classas de première
(comuusition ifrancaiflR\ •
M. André Vidal, né à. Constantine : 70 ac-
cessit de composition française (Lycée Gay-
Lussac, ù Limoges) ;
M. Robert Merle, né à Tebessa (Constan-
tine) : 9° accessit de composition française
(Lycée Michelet)" ;
M. Paul Courtol, né à Lamoricière (Oiran):
o0 accessit de géographie (Lycée d'Oran).
Les importations de poissons
Bu Dahomey jjynjïoie-invoire
.« - -., - .--- ---r'"W"t"'
Pendant l'année 1924, les quantités de pois-
sons sèches, salés, conservés, marinés ou autre-
ment préparés importées en Cote d'Ivoire et
au Dahomey, ont atteint les chiffres de 164.050
kilos d'une valeur de 885.489 francs.
Les poissons séchés ou salés sont pout :
7.201 kilos de provenance française; 19.512
kilos de provenance étrangère.
Les poissons conservés, marinés ou autres,
sont pour :
57.750 kilos de provenance française ;
79.587 kilos de provenance étrangère.
Les importations de 1924 accusent^une aug-
mentation assez sensible sur l'année précé-
dente.
En effet, ces deux colonies importaient :
En 1923 En 1924
Kilos Kilos
Poissons séchés ou salés 9.904 26.713
Poissons séchés, marinés
ou autres 140 , 817 157.335
150.721 184.050
ooit une différence en plus de 33.329 kilos.
Si l'on constate que l'augmentation de 33
tonnes est pour sa totalité de provenance étran-
gère, le commerce français aurait un effort à
faire pour lutter contre la concurrence étran-
gère.
Lire en seconde page :
̃ LA GUERRE AU MAROC.
A LA CHAMBRE.
PHILATELIE,
AU CONSEIL D'ETAT,
VA QUBSTION DE TANGER A LONDRES.
Les MMs du Maroc a la Chambre
1.
Déclaration de M. Painlevé
Hier, grande séance ù. la Chambre, il
s'agissait des crédits demandés pour les
opérations militaires du Maroc. Aussi Les
tribunes étaient-elles combles d'une toute
venue assister à Lui débat fameux. Dès le
début, M. Marcel Cachin monte à la tri-
bune, mais avant môme qu'il eût ouvert
sun dossier, M. Painlevé se lève et d'une
voix forte il dit : Il
« Je veux d'abord faire une déclara-
tion. Une série de fausses nouvelles ont
circulé ce matin. On a notamment annoncé
que Yaza était prise. Je me demande vrai-
ment quelles sont les ufiieines qui ont in-
térêt à répandre des nouvelles aussi faus-
ses. IL n'y a rien de vrai dans ce qu'on a
raconté. (Vifs applaudissements à gaudte,
au centre et à droite.)
M. Herriot. La Chambre et le pays en-
registrent cette déclaration avec joie. (Ap-
plaadissenumts).
Discours de M. Cachin
M. Marcel Cachin commence alors non
discours qui à plusieurs reprises provo-
quera une vive agitation parmi les députés
aussi bien chez les socialistes que dans les
autres groupes. -
M. Marcel Cachin remarque en commen-
çant que le cliiUre de 183 millions qui est celui
des crédits demandés aujourd'hui pour Je Ma-
roc est Sun*; doute très iiiférieur à ceui qui sera
atteint avant peu. C'est un chiffre d'ainoroe.
M. le Président du Conseil. Pour un
homme qui désire lu paix, vuus ètes singulière-
ment pessimiste. (Applaudissements.)
M. Marcel Cachin alliraie que le pays a le
droit de savoir ce que lui coûte la commète du
Maroc depuis le début. On ne le lui a jamais
révélé.
Entre les dépenses et le bénéfice que le peu-
ple ouvrier et paysun retire de l'opération, Jo.
balance est malaisée ù. faire.
Quelle politique entend-on poursuivre ? Dans
les ordres du jour votés par la Chambre il était
dit qu'on poursuivait comme but la paix. Or,
noiio sommes aujourd'hui en pleine guerre.
M. te Président du Conseil. Par la faute
de qui 7 (Applaudissements.)
M. Cachin. On se bat aujourd hui hors du
nu.
M. Painlevé. On ne s'est jamais battu dans
le Rif.
M. Cachin. On se bat loin du Rif.
Une voix. Vous eu êtes content ?
Les ripostes qui volent dans l'air,
créant de r.électricitè, les communistes ap-
plaudissent leur orateur que la droite cons-
pue. Enfui M. Marcel-Gucliln pourra repren-
- dre le iil de son discours, mais ce ne sera
- pas pour longtemps..
M. Cachin. On dit que la eonclusion peut
être rapide. Qu'on se souvienne de la guerre
des Boers et des longues diflicultés que nous
avons éprouvées en Algérie. Ne purlons pas de
guerre courte.
Et ne parlons pas non plus de démocratie.
(Applaudissements à l'extrême- .gauche commu-
niste.)
11 y a quelques années, M. Ferdinand Buisson
demandait au général Lyautey de faire aflicher
dans les établissements publics du Maroc la
Déclaration des Droits de l'Homme. Le géné-
ral refusa. 11 était dans la logique de la guerre
et do l'oppression.
M. Angoulvant. - La déclaration est-elle af-
ficheo chez Abd-et-Krim 7
Est-ce qu'on l'affiche à Moscou ? lui
cric M. Varenne. Etes-vous pour la dic-
tature, oui ou non ? tEt en Géorgie ? Quand
on est partisan de la dictature, on ne parle
pas des droits de l'homme.
M. Cachin. La dictature fait partie de
la doctrine .marxiste, celle du parti de M.
Varenne.)
M. Alexandre Varenne. -- En Russie, la
dictature n'est pas celle du prolétariat,
mais celle d'une poignée de tyrans.
Poursuivant son exposé, M. Cadhin rap-
pelle une citation de Jean Jaurès lorsqu'il
dénonçait à la tribune les provocations des
Gouvernements d'alors, et Vaillant disait :
«• les Marocains que vous pillez et que vous
assassinez.; »
A cette citation incendiaire, une partie
de l'assemblée proteste et reproche à M.
Herriot de tolérer un pareil langage.
M. Herriot. C'est une citation. Si M.
Cachin avait pris ces paroles à son compte,
j'aurais protesté. (Exclamations.) Je vous
demande d'écouter avec sang froid. Je fais
respecter la liberté de la tribune ; c'est la
condition d'un débat parlementaire.
Ce noil-vel orage p-
Le nouvel orage passé, M. Cachin con-
tinue. Il rapporte les conclusions du congrès
des ouvriers de la région parisienne qui, à
,la politique d'oppression du peuple rifain,
opposent d'aibord la reconnaissance loyale
de l'indépendance du Rif,avec droit pour sa
population de se ravitailler dans la vallée
de l'Ouergha.
Les traités internationaux ? Moulaï Yous-
sef, ce n'est rien, ce n'est pas plus une
force matérielle qu'une force morale 1 nous
n'avons devant nous qu'un peuple. Lui
seul compte.
On a accusé les communiste de lui en-
voyer de l'argent (interruptions). Absur-
dité ! Abd-el-Krim est pour eux le symbole
des petits peuples révoltés contre la tyran-
nie des grands.
Et comme on lui crie : la Géorgie t l'ora-
teur communiste répond audacieusement
que la révolte d'A!bd-el-Krim est conforme
à la constante tradition française, celle do
Lafayette et de Rochambeau, celle de Vil-
lúis-Marcuil, celle du peuple de Paris ac-
clamant le Président Kruger vaincu par
les banquiers anglais 1
M. Painlevé proteste contre les assimila-
tions erronées do l'orateur et lui demande
si les Boers étaient los indigènes de l'Afri-
que Orientale.
Enfin, M. Cadlin termine, et c'est sur
une nwna-cc,
Le parti communisto,s'6crie-t-il,est prêt
à provoquer dans tout le pays une grève
générale de protestation contre l'acte que le
Gouvernement s'apprête à commettre.
M. le Président du Conseil. Quel acte?
- M. Marcet Cachin. Le congrès ouvrier
demande que des représentants des ou-
vriers soient envoyés au Maroc avec des
pouvoirs égaux à ceux des délégations par-
lementaires.
M. Fabry à la tribune
C'est fini, M. Jean Fabry succède à M.
Caclhin, niais il vu, comme on s'en doute,
tenir un langage tout à fait différent.
Il n'y a pas d'autre alternative, dit-il
en commençant, que de mener la bataille
avec les moyens nécessaires, si l'on ne
veut pas accepter une paix de soumission,
et il faut que da France reprenne l'initiative
de ses opérations.
il faut montrer à Abd-el-Krim déclare M. Jean
l'abry, que la France veut reprendre la direo-
Lion des opérations qu'elle a perdue. (Très bien!
très bien, à droite),
La double attaque qu'il mène actuellement
contre Fez et Taza. est des mieux conçues. IL
faut que nous reprenions l'initiative de la ma-
nœuvre : c'est la condition de la paix.
11 fuut que la négociation s'accompagne d'opé-
rations militaires dignes de la France ; sinon,
elle sera dangereuse. (AppLaudis.semlJnts à
droite).
On ne fait pas plus la paix en reculant qu'on
ne remporte la victoire sans avancer.
Ces paroles attirent à l'orateur une sé-
vère réplique du Président du Conseil.
M. Painlevé. Mon cher collègue, ei
vous vouliez insinuer, comme certains,
journaux l'ont imprimé crûment, que le
Gouvernement avait ligolté le commande-
nientje serait; obligé de vous opposer un dé-
menti, avec toute la courtoisie qui Xous est
due, mais avec toute l'énergie que doit
avoir un chef de üouv'er.nement. (Très
bien ! Très bien !)
M. Falbry examine ensuite le côté politi-
que du problème et demande au Gouverne-
ment de protéger enfin nos soldats contre
ceux qui les poignardent dans le dos.
11 faut une cavalerie importante, une ar-
tillerie pius mobile qu'encombrante, une
infanterie très nombreuse, beaucoup de mi-
trailleusea, d'uviuns et de mulets. -..
11 faut rcsserrer le nombre de nos divi-
sions et organiser le recrutement en Afri-
que du Nord.
Tout cela fait, il faudra saisir Abd-el-
Krim a la gorge. K11 quel endroit 7 peu im-
porte. La victoire doit-être recherchée au
besoin hors de chez nous (T. B. T. B. à dr.)
-- Et comme M. Renaudel interrompt pour
lui dire : a Et les propositions de paix
d'abord 1 j) M. iFabry ajoute :
- • A mon Lviii, il fout fsire lu guerre
d'abord si l'on veut une négociation qui
mène à une paix durable.
Du moment qu'on accepte de se battre, il
faut se battre courageusement et résolu-
ment : la paix durable est à ce prix. (Appl,
à dr.) 1917 et en lUI8, le mot de négcw-ia-
En 1917 et en 1U18, le mot de négocia-
tions était en l'air. Un homme a dit : « Je
fais la guerre. » C'est lui qui nous a menés
à la paix.
A ce moment, l'orateur demande au Gou-
vernement de protéger nos soldats contre
ceux qui les poignurdent dans le dos.
Choisir le moment, dit le député de la
Seine, où nos troupes vont être obligées de
céder du terrain pour menacer le pays d'unu
grève générale, c'st. un acte de pure tra-
hison (vils applaudissements.)
M. Ferdinand Faure
A M. Jeun Fabry succède un orateur fan-
taisiste, chevelu et pussioimé, c'est M. Fer-
dinand Faure, communiste dissident qui
vient dire sur un tuii déclamatoire, tout
ce que M. Doriot a déjà dit.
« Les familles sont dans l'allguisse, Il
est urgent d'arrêter le mussaere des petits
soldats français et d'hommes qui ne suut
pas des sauvug, puisqu'ils vivent du pro-
duit do leur travail.
On demande l'argent nécessaire pour les
opérations.. C'est au détriment des vieil-
lards, des maludes et des orphelins, pour
qui le budget de llJ25 est un budget de mi-
sère.
« Pas un homme, pas un sou pour le
militarisme. Vive la paix 1 A bas la guer-
re 1 >»
Discours de M. Roux-Freissineng
Avec notre excellent eollaboraleur et ami
M. Roux-Freissineng, l'attention runalt,car,
ie député d'Oran prononcera des paroles
qui montreront a quel point la question
dont il parle lui est familière, cela nous
change lUi peu des orateurs qui parlent
souvent de ciioses qu'ils ignorent.
M.. Roux-Freissineng ne comprend pas
qu'on parle du Rif connue d'un pays ayant
une unité et des Rifains comme d'une na-
tion. Ce sont des tribus indépendantes les
unes des autres, liées par leur vassalité
commune vis-à-vis du suLtun.
Les Rifains, en guerre avec les Espa-
gnols comme souvent au cours de l'his-
toire, ont nommé un chef de guerre. Ce fut
Abd-el-Krim..
Celui-ci a modifié le caractère de la guerre. Il
a pris le titre d'émir et s'est révolté contre son
chef religieux, le sulLun. Il a déclaré la guerro
sainte, visant tous les inlidéies. (Applaudisse-
ments à gauche el sur divers bancs).
Puis, il a fait cette chose merveilleuse : de
persuader aux nations démocratiques du monde
qu'il existait une République du Hir, dont il
était le chef.
Singulière République où la violence règne et
où l'obéissance est assurée par les procédés les
plus sanguinaires. (Applaudissements sur do
nombreux bancs).
Abd-el-Krim est obligé, pour garder son pou-
voir et sa puissance, nés de la guerre, de pro.
longer la guerre. (Applaudisscments A gauche.
au centre et sur divers bancs à t'extrme gau-
clic).
Jl est contraint aussi, pour nourrir et conser-
ver son armée, d'envtiir et do piller des ter-
ritoires nouveaux. (Applaudissements sur tes
mmes bancs).
C'est dans ocs conditions qu'il a entrepris
son offensive d'avril, dirigée contre la capitale
religieuse. Bien préparé, le coup de main a failli
réussir.
Les Rifains ? mais le4 Oranois les oon-
l»-NDMHnO ; M GBNTItlBB
VENDREDI SOYR. 10 JUILLET IM
, lili ci ie di 0
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LU ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
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Us «a • Mil • Mi*
AIOWIEI^TI ( Pronct «l Colonie». 80 » 41 9 Ï5 »
OhM :Irran,.,., 120 9 M e 35 *
On ribome IMM tons un Bwwni M aorte et ohex 1M principaux librairw
AMtat du port il du chemin de fer de SassaDdra
t
La série d'articles que nous avons pu-
bliés récemment dans ce journal sur la
mise en valeur de la Côte d'ivoire et sur
l'ordre d'urgence des grands travaux à
entreprendre dans cette colonie, nous a
valu plusieurs correspondances applau-
dissant notre initiative et approuvant,
à de rares critiques près, les différen-
tes mesures que nous avons préconisées j
L'une de ces correspondances est par-
ticulièrement intéressante. Elle émane de
quelqu'un qui a vécu beaucoup à ia Côte
d'Ivoire et que ses fonctions, ses nom-
breux déplacements ont mis à même
d'apprécier et de comparer à celle des
autres ports de la colonie, la valeur de
Sassandra comme port d'embarquement,
de connaître parfaitement aussi tout l'ar-
rière pays qui constitue Thinterland na-
turel de ce centre commercial. L'avis de
cette 'personne est formel : l'aménage-
ment du port de Sassandra s'impose,
de même que s'impose la construction
d'un chemin de fer partant de Sassandra
pour aboutir dans la région .de Dalsa,
puis, éventuellement, par deux embran-
chements, vers Bouaki, "au Nord-Est, et
Beyla au Nord-Ouest. Citons, du reste,
textuellement :
CI Petit point longtemps négligé de la Côte
d'Ivoire, Sassandra peut prétendre à un très
bel avenir. Son port naturel, particulièrement
bien abrité par une série de hauteurs qui bri-
sent la lame, a l'avantage de ne pas connaî-
tre, comme Bassam, Lahou, Assinie, Tabou,
les dangers de la barre; son arrière payb,
bien que le meilleur soit un peu éloigné, est
riche.
a Tous ceux qui ont vu Sassandra, après les
autres points de la côte, en sont partis en-
thousiasmés, et certains, dans l'excès de leur
enthousiasme, s'écriaient : a C'est ici qu'il
fallait faire le plus grand port de la colonie,
et non à Bassani, Yridi ou Abidjan, etc. ,
c'est d'ici que devait partir le chemin de fer
de la Côte d'Ivoire. »
Non, ce n'était pas à Sassandra qu'il
fallait conduire le premier port et le pre-
mier chemin de fer. Pour la conquête et
la pacification, il fallait commencer par
la région la plus riche et la plus facile à
pénétrer. Or, 'Bassam est au débouché de
la vaste zone desservie par le réseau de
lagunes et le cours inférieur du fleuve
Comoë, zone peuplée, riche en palme-
raies et ouverte au commerce bien avant
la période de notre occupation. D'autre
part, le chemin de 'fer qui paît d'Abid-
jan traverse la-forêt dans sa plus petite
largeur ; les difficultés éprouvées pour ac-
céder dans le haut pays ont donc été ré-
duites au minimum et la ligne construite
avait peut-être un caractère autant stra-
tégique que réellement économique. A
l'époque où fut entreprise cette construc-
tion, la région de Sassandra n'était, pas
pacifiée et l'arrière pays nous était pres-
que totalement inconnu; les ravages ef-
fectués par .les négriers durant plusieurs
siècles avaient en outre rendu les popu-
lations hostiles à la pénétration euro-
péenne; la construction d'un chemin de
fer y eut été fort .difficile.
« H n'en e::;.t plus de. même aujour-
d'hui. La pacihcation est achevée, le
pays s'est repeuplé et ses richesses, ses
possibilités surtout apparaissent consi-
dérables..
Un fleuve magnifique, malheureuse-
ment coupé de chutes et de rapides,
mais utilisable néanmoins pendant une
partie de l'année par les embarcations
indigènes, permet d'amener à Sassandra
tous les produits, palmistes, cacao,
caoutchouc, fournis par Soubré, Buyo,
Guiglo, Issia, etc. Des routes automobi-
les ont été construites ; par elles on at-
teint SOUlbré, Gagnoa, Daloa et l'pn
est relié au réseàu routier de l'Est et du
nord de la colonie.
« La basse côte est riche en palmiers a.
huil'e.: Une huilerie, la plus importante
de la colonie, est installée à Drewin, à
proximité de Sassandra. Plusieurs ex-
ploitations forestières commencent à four-
nir, en bois d'industrie, un appoint in-
téressant à l'exportation. La culture du
cacao se développe rapidement, notam-
ment dans la région de Soubré ; on pous-
se à la culture du caféier et du kolatier;
un peu partout, de belles palmeraies que
l'encore faible densité des populations ne
permet pas d'aménager et d'exploiter in-
tensivement; enfin, sur 300 kilomètres de
profondeur, une forêt admirable, riche
d'essences de toutes sortes dont nombre
sont déjà recherchées pour l'ébénisterie,
la menuiserie, la carrosserie, etc.-.,
« L'arrière-pays sera très long à en-
trer dans l'orbite économique du chemin
de fer actuel de la côte d'Ivoire, même
si l'on construit l'embranchement, qui a
jété préra de Dimbokro-Daloa, avec pro-
longement éventuel vers Milan et BexIa
a Ceci rend songeur si l'on pense que nos
amis Américains, qui prédominent au Libéria,
avaient envisagé, après la guerre, la cons-
truction d'un chemin de fer partant dç Mon-
rovia et allant vers le Nord-Est aboutir à
une sorte de carrefour où, géographique-
ment, auraient été attirées les productions du
Sud de la Guinée et du Nord-Ouest de la
Côte d'Ivoire ! Pourquoi ne profiterait-on pas
du point exceptionnel qu'est Sassandra pour
en faire le débouché de tout l'Ouest de la
Côte d'Ivoire, du Sud de la Guinée et même
du Nord du Libéria ?
a A Sassandra, pas de frais de wharf, pas
de lagune, pas de mauvaise barre. On y
travaille toute l'année en toute quiétude et
en toute sécurité.
« Et pourquoi aussi, comme vous l'avez ex-
posé, ne pas envisager plutôt que la cons-
truction du rail latéral Dimbokro-Daloa, la
construction d'une voie ferrée partant de
Sassandra, allant vers Beyla, desservant
toute la zone occidentale de la Côte d'Ivoire
et s'infléchissant à la fois vers le pays de
Ga.gnoa très peuplé et vers le Libéria pour
de.? raisons de prédominance politique et éco-
nomiaue.
« Ce chemin de fer serait le second de, la
Côte d'Ivoire. Dans notre belle Colonie si
étendue, si belle d'avenir, si prometteuse de
réalisations, nous aurions deux rails paral-
lèles : l'un aboutissant à Abidjan et amenant
en ce point les richesses du centre, centre
Est, Nord et Nord-Est de la Côte d'Ivoire,
celles de la Haute-Volta et d'une partie du
Soudan Français ; l'autre, ayant son termi-
nus à Sassandra et drainant vers ce point
les produits de toute la région occidentale
de la Côte d'ivoire, du centre Ouest, du Sud-
Est de la Guinée Française et du Nord et
Nord-Est du Libéria. »
Nous sommes d'accord avec notre cor-
respondant, sauf cependant en ce qui
concerne la possibilité de desservir le
Nord-Est du Libéria par le chemin de
fer qui aboutira à Sassandra. Le Libé-
ria est trop en dehors de la zone d'attrac-
tion de ce railway pour qu'il puisse en
subir l'influence. Mais cette zone est as-
sez vaste, assez intéressante par elle-
même pour qu'il ne soit pas nécesaire de
compter, pour alimenter le trafic de la
voie ferrée envisagée, sur l'appoint sus-
ceptible d'être fourni par un pays étran-
ger.
Pierre Valu de,
Député du Chtr.
, ̃
Au Ministère des colonies
-o-
Ce matin, M. André Hesse, ministre des
Colonies, en présence des Directeurs et chefs
de service de la rue Oudinot, a félicité M.
l'Intendant-Général Tassel, directeur des Af-
faires Economiques au Ministère des Colo-
nies, qui vient d'être élevé au grade de
Grand' -Croix de la Légion d'honneur.
M. André Hesse a, à cette occasion, rap-
pelé les brillants services rendus par ce fonc-
tionnaire à la cause coloniale.
«Obe-
Au Comité Consultatif
de défense des colonies
Le ministre des Colonies a réuni aujour-
d'hui le Comité consultatif de Défense des
Colonies pour 'lui soumettre un programme
d'organisation défensive de nos possessions
lointaines.
Après avoir souhaité la bienvenue au gé-
néral Claudel, évoque ila grande figure colo-
niale du général Mangin, ancien président
du Comité, M. André Hesse a exposé an
Cornité M. André H-esse a exposé ail
Comité les principes de s.a politique mili-
taire coloniale en insistant sur la néccRsitÓ
de réaliser pratiquement une œuvre durable
basée sur un large concours des indigènes
à la défense de leur pays et sur l'améliora-
tion de l'armement compensant les com-
pressions d'effectifs qu'a imposées notre
situation financière.
-–- go$*-
La" promotion du Rif"
----()oO--
La traditionnelle fête du Triomphe, or-
ganisée par les élèves de l'Ecole spéciale
militaire de Saint-Cyir, s'est déroulée, hier,
selon l'usage, sur le terrain de la Grande-
Carrière.
Après la reconstitution d'un épisode de
la bataille de Mari'gnan, le Père Système
fit son apparition sur un char romain mené
à fond de tirain, suivi de près par Napo-
léon et son état-major.
, L'Empereur débita une fort spirituelle
allocution et demanda au général Tanant
de prononcer le nom que doit porter la pro-
motion.
Promotion du Rif 1 dit l'ancien com-
mandant de l'Ecole de Saint-Cyr, en l'hon-
neur dçâ. glorieux soldats qui combattent
pour la France au Maroc.
m+>
M. Mollette à Paris
*
M, Viollette, gouverneur : général de jAl-
gérie, a quitté hier Alger pour venir à
Paris. Il est arrivé aujourd'hui à Marseille.
RIVALITÉ FATALE
-0-0-
Il semble que la politi-
que japonaise en Chine et
dans les pays limitrophes
subisse une intéressante
évolution que nos lecteurs
me pardonneront de leur
sigllaler. J'attribue, en ef-
fet, aux événements du
Pacifique une telle impor-
tance que je ne saurais laisser sous silence les
faits qui peuvent, dans une mesure apprécia-
ble, modifier la situation politique dans cette
partie du monde.
Le lapon avait, il y a quelques mois, après
avoir reconnu le Gouvernement des Soviets,
signé avec lui, au sujet de Sakhaline et de la
Mandchottrie, tin accord par lequel les deux
parties s'efforcèrent de concilier leurs inté-
rêts dans ces régions en s attribuant à cha-
cune une zone d'influcllce.
L'entente lia pas duré entre les deux par-
tCliaires. Les journaux d'il y a deux ou trois
jours nous apprennent, en effet, qu'un con-
flit grave s'est élevé entre eux au sujet des
chemins de fer de Mandchottrie. Il y a en
Mandchottrie deux ligues principales : te che-
min de fer chinois de l'Est, qui se dirige vers
Vladivostock et qui est administré par des
Russes, et le chemin de fer du Sud ntatid-
chourien qui aboutit à Dalny et qui est géré
par des Japonais. Comme la Mattdchourie
est un pays riches qu'elle produit notamment
des fèves de soya dont L hutle peut remplacer
certaines huiles minérales, la rivalité est de-
venue extrêmement vive. C'est une véritable
bataille économique qui s'engage et qui va, si
Von en croit « un haut personnage russe »,
devenir plus acharnée que jamais.
C'(St aussi le sentiment de certains hom-
mes politiques japonais. Le comte Loyejima
a déclare à la Chambre des Pairs dans un
discours : -- « Les -- intérêts du - Japon et de la
Russie sont comme autrefois tellement, oppo-
sés qu'tm conflit est inévitable. Le Japon a
commis une grave erreur en reconnaissant le
Gouvernement des Soviets. »
Laissons de côté la dernière phrase de
celle déclaration qui ne saurait tire commen-
tée dans ce journal, où nous limitons libre-
ment notre examen aux questions coloniales
ou qui peuvent avoir quelque répercussion sur
les colonies,
Ceci dit, on ne saurait cnn/cslc que, dont
cette partie du monde, les intérêts du Japon
et ceux de la Russie sont en antagonisme. Le
Japon, ne serait-ce que pour y déverser le
trop-plein de sa pflpulatiolz surabondante, a
besoin que son action ne soit point < ênée dans
ce pays riche, presquc désert et de grand ave-
nir qu'est la ilf andehourie, mais où les So-
viets, continuateurs fidèles de la politique
des tzars, revendiquent la première place,
afin d'avoir - un débouché vers la mer libre.
Cette rivalité est pour ainsi dire fatale,
elle résulte de la force même des choses, au
moins aussi longtemps que les relations entre
peuples seront soumises aux règles qui les
régissent. A de certains moments, elle a pu
sembler afaisée, évanouie; on a pu croire
qu'elle s'était résolue en amitié. Mais c'était
pure illusion. Au lendemain de la guerre
russo-japonaise, certains se sont imaginés que
cette opposition avait, pris fin ; mais cette
accalmie tenait tout simplement à cc que la
Russie avait reporté en Europe le but de son
action diplomatique. Occupée dans les Bal-
kans, elle négligeait momentanément l'Extrê-
me-Orient. Mais elle y serait revenue dès
qu'elle aurait éprouvé un grave échec en Efl-
rote.
C'est ce qui se produit aujourd hui avec les
Soviets. Ecartés dans une certaine mesure de
notre Continent, ils tournent une bonne par-
tie de leurs efforts vers les rives du Pacifi-
que. Et en dépit des manifestations d'amitié,
trompeuses parce que contraires à la réalité,
ils se trouvent rapidement en conflit avec
VEmpire japonais.
Qu'adviendra-t-il de cette rivalité qu'aggra
vent les événements de Shanghai que les bol-
cheviks n'ont pas provoqués, mais qu'ils
favorisent et qu'ils exploitent ? Nous ne sau-
rions le dire des aujourd'hui. Mais il n'était
peut-être pas sans intérêt de noter cc cltan-
gement, qui peut être gros de conséquences,
dans les rapports des Gouvernements de Mos-
cou et de Tokio.
Henry Fontanier,
Député du Cantal, secrétaire de la
Commission des Allaires étran-
gères, membre de la Commission
des Colonies.
'II'.
L'AVIATION COLONIALE
Paris-Dakar
Les pilotes Coste et Thierry, de Villacou-
btlay, vont tenter ensemble de rallier Dakar
sans escale pour le record mondial de la.
distance. Raid que Lemattre et Àrrachart ont'
presque réussi déjà. Ils partiront sur un
avion de même type mais muni d'un mo-
teur Hispano-Suiza de 450 chevaux.
Paris-Alep
Un grand raid aérien qui relierait Paris
à l'Asie Mineure (probablement Alep) va.
être tenté très prochainement.
L'appareil qui doit effectuer ce raid a
subi plusieurs essais concluants on pré-
sence d'une Commission du service techni-
que de rAômnautiquc. Cet avion sera pi-
loté nar MM. Pitot et Podlon.
L'âppareil en ordre de marche atteindra
le poids de 6 tonnes.
Le, départ de ce raid se fera très proba-
blement de l'aérodrome du Bourget.
La Conférence de Madrid
-0-0--
Déclaration de M. Malvy
Le roi a reçu M. Malvy qui est parLi hier
soir pour Paris.
En sortant du palais royal, M. Malvy a
déclaré que l'accord était complet entre les
rcprésonlniits des deux pays, lia ajouté que
ccrtuineniunt dans le courant'de l'après-
midi, un accord concernant la collabora-
tion politique des Jeux nations serait si-
gné. La conférence se prolungera encore
une semaine pour mettre au point quelques
questions secondaires et certains détails
peu importants.
Les conditions de paix
Le général Primo de Rivera a convoqué
M. Echovarrieta pour lui communiquer que
la négociation hispano-rifaine a laquelle il
a pris une part si .active était terminée, et
que cette décision serait immédiatement
purléu à la connaissance d'Abd el Krim par
l'intermédiaire du commandant de l'Ilot
d'Alliuoeinas. Le général Primo de Rivera
à prié M. Echcvarricta de renoncer à un
voyage qu'il était sur le point d'entrepren-
dre à l'étranger, alin de pouvoir retourner
à Ajdir en compagnie d'un représentant .du
gouvernement français, pour engager de
nouvelles négociations sur les (bases qui
seront lixées par la conférence.
On dit maintenant que te débarquement
dans la baie d'Athucémas dépendra du ré-
sultat de cette démarche et qu'il n'aura
donc pas lieu, comme on l'avait annoncé, le
lJ juillet.
*+»
Les coloBlam au Concours général
M. Cation Douinergue, président de la
République, a présidé hier matin, à neuf
heures et demie, dans le grand umpliithefi-
tru de lu Surboime, la proclamation et la
distribution solennelle des prix du concours
général ouvert entre les lycées et collèges
de Paris et des départements. 11 était ac-
compagné de M. Jules Miehet, secrétaire
général de la présidence.
- Après les discours d'usage, prononcés par
M. Pécher, professeur de première supé-
rieure iiu Lycée Coudurcet, grand mutilé de
guerre, et par M, de MUIlÛe, ministre de
l'Instruction, publMque, M. Paul CrOlllelt,
inspecteur de l'Ac.ud6mic de Paris, a
d'abord fait connaître le résultat du con-
cours généiral pour 1924 pour les colonies.
Composition française
, (Cla.bsc do première)
10° accessit : Mlle Marcelle Védelec, élève
du, Jycëu d'Hanoi.
Alathématiques
(Classe de mathématiques)
90 accessit : M. Uaug Phuc Thong, né à
Bac-Ninli (Tonkin), élève du lycée d'Ha-
noY,
Puis, il u. lu le palmarès duns lequel nous
relatons avec plaisir les noms suivants :
M. René Eellier, du Lycée de Constan-
Une : 21 accessit du physique ;
'M. Robert DauYergne, né à SuId,a (Oran):
premier prix des classes de philosophie et
du mathématiques (histoire) (Lycée Henri
l V)
M. André VüncCtIÜ, né à Saint-Denis,. (Ile
de la Réunion); 10° accessit des classes1 de
philosophie et de mathématiques (lùSltoire)
(Lycée Buffon) ;
M. André Hardy, du Lycée Gouraud, à
Riabat : 4° accessât des classas de première
(comuusition ifrancaiflR\ •
M. André Vidal, né à. Constantine : 70 ac-
cessit de composition française (Lycée Gay-
Lussac, ù Limoges) ;
M. Robert Merle, né à Tebessa (Constan-
tine) : 9° accessit de composition française
(Lycée Michelet)" ;
M. Paul Courtol, né à Lamoricière (Oiran):
o0 accessit de géographie (Lycée d'Oran).
Les importations de poissons
Bu Dahomey jjynjïoie-invoire
.« - -., - .--- ---r'"W"t"'
Pendant l'année 1924, les quantités de pois-
sons sèches, salés, conservés, marinés ou autre-
ment préparés importées en Cote d'Ivoire et
au Dahomey, ont atteint les chiffres de 164.050
kilos d'une valeur de 885.489 francs.
Les poissons séchés ou salés sont pout :
7.201 kilos de provenance française; 19.512
kilos de provenance étrangère.
Les poissons conservés, marinés ou autres,
sont pour :
57.750 kilos de provenance française ;
79.587 kilos de provenance étrangère.
Les importations de 1924 accusent^une aug-
mentation assez sensible sur l'année précé-
dente.
En effet, ces deux colonies importaient :
En 1923 En 1924
Kilos Kilos
Poissons séchés ou salés 9.904 26.713
Poissons séchés, marinés
ou autres 140 , 817 157.335
150.721 184.050
ooit une différence en plus de 33.329 kilos.
Si l'on constate que l'augmentation de 33
tonnes est pour sa totalité de provenance étran-
gère, le commerce français aurait un effort à
faire pour lutter contre la concurrence étran-
gère.
Lire en seconde page :
̃ LA GUERRE AU MAROC.
A LA CHAMBRE.
PHILATELIE,
AU CONSEIL D'ETAT,
VA QUBSTION DE TANGER A LONDRES.
Les MMs du Maroc a la Chambre
1.
Déclaration de M. Painlevé
Hier, grande séance ù. la Chambre, il
s'agissait des crédits demandés pour les
opérations militaires du Maroc. Aussi Les
tribunes étaient-elles combles d'une toute
venue assister à Lui débat fameux. Dès le
début, M. Marcel Cachin monte à la tri-
bune, mais avant môme qu'il eût ouvert
sun dossier, M. Painlevé se lève et d'une
voix forte il dit : Il
« Je veux d'abord faire une déclara-
tion. Une série de fausses nouvelles ont
circulé ce matin. On a notamment annoncé
que Yaza était prise. Je me demande vrai-
ment quelles sont les ufiieines qui ont in-
térêt à répandre des nouvelles aussi faus-
ses. IL n'y a rien de vrai dans ce qu'on a
raconté. (Vifs applaudissements à gaudte,
au centre et à droite.)
M. Herriot. La Chambre et le pays en-
registrent cette déclaration avec joie. (Ap-
plaadissenumts).
Discours de M. Cachin
M. Marcel Cachin commence alors non
discours qui à plusieurs reprises provo-
quera une vive agitation parmi les députés
aussi bien chez les socialistes que dans les
autres groupes. -
M. Marcel Cachin remarque en commen-
çant que le cliiUre de 183 millions qui est celui
des crédits demandés aujourd'hui pour Je Ma-
roc est Sun*; doute très iiiférieur à ceui qui sera
atteint avant peu. C'est un chiffre d'ainoroe.
M. le Président du Conseil. Pour un
homme qui désire lu paix, vuus ètes singulière-
ment pessimiste. (Applaudissements.)
M. Marcel Cachin alliraie que le pays a le
droit de savoir ce que lui coûte la commète du
Maroc depuis le début. On ne le lui a jamais
révélé.
Entre les dépenses et le bénéfice que le peu-
ple ouvrier et paysun retire de l'opération, Jo.
balance est malaisée ù. faire.
Quelle politique entend-on poursuivre ? Dans
les ordres du jour votés par la Chambre il était
dit qu'on poursuivait comme but la paix. Or,
noiio sommes aujourd'hui en pleine guerre.
M. te Président du Conseil. Par la faute
de qui 7 (Applaudissements.)
M. Cachin. On se bat aujourd hui hors du
nu.
M. Painlevé. On ne s'est jamais battu dans
le Rif.
M. Cachin. On se bat loin du Rif.
Une voix. Vous eu êtes content ?
Les ripostes qui volent dans l'air,
créant de r.électricitè, les communistes ap-
plaudissent leur orateur que la droite cons-
pue. Enfui M. Marcel-Gucliln pourra repren-
- dre le iil de son discours, mais ce ne sera
- pas pour longtemps..
M. Cachin. On dit que la eonclusion peut
être rapide. Qu'on se souvienne de la guerre
des Boers et des longues diflicultés que nous
avons éprouvées en Algérie. Ne purlons pas de
guerre courte.
Et ne parlons pas non plus de démocratie.
(Applaudissements à l'extrême- .gauche commu-
niste.)
11 y a quelques années, M. Ferdinand Buisson
demandait au général Lyautey de faire aflicher
dans les établissements publics du Maroc la
Déclaration des Droits de l'Homme. Le géné-
ral refusa. 11 était dans la logique de la guerre
et do l'oppression.
M. Angoulvant. - La déclaration est-elle af-
ficheo chez Abd-et-Krim 7
Est-ce qu'on l'affiche à Moscou ? lui
cric M. Varenne. Etes-vous pour la dic-
tature, oui ou non ? tEt en Géorgie ? Quand
on est partisan de la dictature, on ne parle
pas des droits de l'homme.
M. Cachin. La dictature fait partie de
la doctrine .marxiste, celle du parti de M.
Varenne.)
M. Alexandre Varenne. -- En Russie, la
dictature n'est pas celle du prolétariat,
mais celle d'une poignée de tyrans.
Poursuivant son exposé, M. Cadhin rap-
pelle une citation de Jean Jaurès lorsqu'il
dénonçait à la tribune les provocations des
Gouvernements d'alors, et Vaillant disait :
«• les Marocains que vous pillez et que vous
assassinez.; »
A cette citation incendiaire, une partie
de l'assemblée proteste et reproche à M.
Herriot de tolérer un pareil langage.
M. Herriot. C'est une citation. Si M.
Cachin avait pris ces paroles à son compte,
j'aurais protesté. (Exclamations.) Je vous
demande d'écouter avec sang froid. Je fais
respecter la liberté de la tribune ; c'est la
condition d'un débat parlementaire.
Ce noil-vel orage p-
Le nouvel orage passé, M. Cachin con-
tinue. Il rapporte les conclusions du congrès
des ouvriers de la région parisienne qui, à
,la politique d'oppression du peuple rifain,
opposent d'aibord la reconnaissance loyale
de l'indépendance du Rif,avec droit pour sa
population de se ravitailler dans la vallée
de l'Ouergha.
Les traités internationaux ? Moulaï Yous-
sef, ce n'est rien, ce n'est pas plus une
force matérielle qu'une force morale 1 nous
n'avons devant nous qu'un peuple. Lui
seul compte.
On a accusé les communiste de lui en-
voyer de l'argent (interruptions). Absur-
dité ! Abd-el-Krim est pour eux le symbole
des petits peuples révoltés contre la tyran-
nie des grands.
Et comme on lui crie : la Géorgie t l'ora-
teur communiste répond audacieusement
que la révolte d'A!bd-el-Krim est conforme
à la constante tradition française, celle do
Lafayette et de Rochambeau, celle de Vil-
lúis-Marcuil, celle du peuple de Paris ac-
clamant le Président Kruger vaincu par
les banquiers anglais 1
M. Painlevé proteste contre les assimila-
tions erronées do l'orateur et lui demande
si les Boers étaient los indigènes de l'Afri-
que Orientale.
Enfin, M. Cadlin termine, et c'est sur
une nwna-cc,
Le parti communisto,s'6crie-t-il,est prêt
à provoquer dans tout le pays une grève
générale de protestation contre l'acte que le
Gouvernement s'apprête à commettre.
M. le Président du Conseil. Quel acte?
- M. Marcet Cachin. Le congrès ouvrier
demande que des représentants des ou-
vriers soient envoyés au Maroc avec des
pouvoirs égaux à ceux des délégations par-
lementaires.
M. Fabry à la tribune
C'est fini, M. Jean Fabry succède à M.
Caclhin, niais il vu, comme on s'en doute,
tenir un langage tout à fait différent.
Il n'y a pas d'autre alternative, dit-il
en commençant, que de mener la bataille
avec les moyens nécessaires, si l'on ne
veut pas accepter une paix de soumission,
et il faut que da France reprenne l'initiative
de ses opérations.
il faut montrer à Abd-el-Krim déclare M. Jean
l'abry, que la France veut reprendre la direo-
Lion des opérations qu'elle a perdue. (Très bien!
très bien, à droite),
La double attaque qu'il mène actuellement
contre Fez et Taza. est des mieux conçues. IL
faut que nous reprenions l'initiative de la ma-
nœuvre : c'est la condition de la paix.
11 fuut que la négociation s'accompagne d'opé-
rations militaires dignes de la France ; sinon,
elle sera dangereuse. (AppLaudis.semlJnts à
droite).
On ne fait pas plus la paix en reculant qu'on
ne remporte la victoire sans avancer.
Ces paroles attirent à l'orateur une sé-
vère réplique du Président du Conseil.
M. Painlevé. Mon cher collègue, ei
vous vouliez insinuer, comme certains,
journaux l'ont imprimé crûment, que le
Gouvernement avait ligolté le commande-
nientje serait; obligé de vous opposer un dé-
menti, avec toute la courtoisie qui Xous est
due, mais avec toute l'énergie que doit
avoir un chef de üouv'er.nement. (Très
bien ! Très bien !)
M. Falbry examine ensuite le côté politi-
que du problème et demande au Gouverne-
ment de protéger enfin nos soldats contre
ceux qui les poignardent dans le dos.
11 faut une cavalerie importante, une ar-
tillerie pius mobile qu'encombrante, une
infanterie très nombreuse, beaucoup de mi-
trailleusea, d'uviuns et de mulets. -..
11 faut rcsserrer le nombre de nos divi-
sions et organiser le recrutement en Afri-
que du Nord.
Tout cela fait, il faudra saisir Abd-el-
Krim a la gorge. K11 quel endroit 7 peu im-
porte. La victoire doit-être recherchée au
besoin hors de chez nous (T. B. T. B. à dr.)
-- Et comme M. Renaudel interrompt pour
lui dire : a Et les propositions de paix
d'abord 1 j) M. iFabry ajoute :
- • A mon Lviii, il fout fsire lu guerre
d'abord si l'on veut une négociation qui
mène à une paix durable.
Du moment qu'on accepte de se battre, il
faut se battre courageusement et résolu-
ment : la paix durable est à ce prix. (Appl,
à dr.) 1917 et en lUI8, le mot de négcw-ia-
En 1917 et en 1U18, le mot de négocia-
tions était en l'air. Un homme a dit : « Je
fais la guerre. » C'est lui qui nous a menés
à la paix.
A ce moment, l'orateur demande au Gou-
vernement de protéger nos soldats contre
ceux qui les poignurdent dans le dos.
Choisir le moment, dit le député de la
Seine, où nos troupes vont être obligées de
céder du terrain pour menacer le pays d'unu
grève générale, c'st. un acte de pure tra-
hison (vils applaudissements.)
M. Ferdinand Faure
A M. Jeun Fabry succède un orateur fan-
taisiste, chevelu et pussioimé, c'est M. Fer-
dinand Faure, communiste dissident qui
vient dire sur un tuii déclamatoire, tout
ce que M. Doriot a déjà dit.
« Les familles sont dans l'allguisse, Il
est urgent d'arrêter le mussaere des petits
soldats français et d'hommes qui ne suut
pas des sauvug, puisqu'ils vivent du pro-
duit do leur travail.
On demande l'argent nécessaire pour les
opérations.. C'est au détriment des vieil-
lards, des maludes et des orphelins, pour
qui le budget de llJ25 est un budget de mi-
sère.
« Pas un homme, pas un sou pour le
militarisme. Vive la paix 1 A bas la guer-
re 1 >»
Discours de M. Roux-Freissineng
Avec notre excellent eollaboraleur et ami
M. Roux-Freissineng, l'attention runalt,car,
ie député d'Oran prononcera des paroles
qui montreront a quel point la question
dont il parle lui est familière, cela nous
change lUi peu des orateurs qui parlent
souvent de ciioses qu'ils ignorent.
M.. Roux-Freissineng ne comprend pas
qu'on parle du Rif connue d'un pays ayant
une unité et des Rifains comme d'une na-
tion. Ce sont des tribus indépendantes les
unes des autres, liées par leur vassalité
commune vis-à-vis du suLtun.
Les Rifains, en guerre avec les Espa-
gnols comme souvent au cours de l'his-
toire, ont nommé un chef de guerre. Ce fut
Abd-el-Krim..
Celui-ci a modifié le caractère de la guerre. Il
a pris le titre d'émir et s'est révolté contre son
chef religieux, le sulLun. Il a déclaré la guerro
sainte, visant tous les inlidéies. (Applaudisse-
ments à gauche el sur divers bancs).
Puis, il a fait cette chose merveilleuse : de
persuader aux nations démocratiques du monde
qu'il existait une République du Hir, dont il
était le chef.
Singulière République où la violence règne et
où l'obéissance est assurée par les procédés les
plus sanguinaires. (Applaudissements sur do
nombreux bancs).
Abd-el-Krim est obligé, pour garder son pou-
voir et sa puissance, nés de la guerre, de pro.
longer la guerre. (Applaudisscments A gauche.
au centre et sur divers bancs à t'extrme gau-
clic).
Jl est contraint aussi, pour nourrir et conser-
ver son armée, d'envtiir et do piller des ter-
ritoires nouveaux. (Applaudissements sur tes
mmes bancs).
C'est dans ocs conditions qu'il a entrepris
son offensive d'avril, dirigée contre la capitale
religieuse. Bien préparé, le coup de main a failli
réussir.
Les Rifains ? mais le4 Oranois les oon-
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