Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-01-28
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 28 janvier 1925 28 janvier 1925
Description : 1925/01/28. 1925/01/28.
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6396861q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
NUMERO MENSUEL ILLUSTRE
--- -
PRIX 1 2 fr. 30
28 JANVIER 1925.
Les Annales Coloniales
- - d es 'S
JOURNAL QUOTIDIEN -
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR flLU ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
Lei Annoll- et Réclame» tonlnçutt aux Bureaux dujournnl et dans lu Agence» de Publicité
DIRECTEURS : MARCEL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Rédaction et Adminislration : 34, Rue du MOllt-Thabor, PARIS-1" TiléMiono : LOUVRE 49-37
Un an 6 moio 8 mois
ABONftEMENTS France et Colonies 80 » 45 » 25 »
&yec untré Etranger. 120 » 65 » 38 »
On t'abonne dans tout les Bureaux de poste et chez lm principaux libraires -
L'Avenir de la Guinée Française
Pendant des années, le caoutchouc a
constitué la principale ressource de la
Guinée française. On peut même dire que,
de 1897 à 1913, la colonie a vécu à peu
près uniquement de ce produit. Les indi-
gènes, tirant des revenus considérables
de la récolte du latex, avaient fini par se
désintéresser peu à peu des autres pro-
ductions, allant même jusqu'à délaisser
les cultures vivrières destinées à assurer
leur subsistance. Ils trouvaient plus
simple de se procurer dans le commerce,
grâce au produit de leurs ventes, les
denrées alimentaires qui leur étaient
nécessaires. La vie commerciale, la vie
budgétaire de la colonie se trouvaient
ainsi dépendre entièrement de l'exploi-
tation des lianes, d'où le bouleversement
économique de la Guinée française lors-
qu'en 1913 les cours du caoutchouc de
cueillette se furent effondrés sur les
marchés extérieurs.
Cette crise a démontré d'une
manière peut-être brutale, mais évi-
dente le danger de laisser reposer la
vie économique de la colonie sur une ex-
ploitation unique, méthode qui ne se
justifie point lorsque le pays, comme
c'est le cas pour la Guinée, renferme par
ailleurs d'abondantes richesses et d'im-
portantes possibilités de production.
Elle aura eu pour heureux résultat de
déterminer l'entrée de cette colonie dans
la voie de la mise en valeur rationnelje
-qui lui procure aujourd'hui avec une
prospérité reposant désormais sur des
bases stables, des ressources autrement
abondantes et sûres.
La transformation complète qui s'est
ainsi produite dans les conditions de
l'évolution économique de la Guinée
est due, pour la plus large part, aux
efforts persévérants de son Gouverneur,
M. Foiret, qui, depuis près de dix ans
préside à ses destinées. Ainsi que j'ai eu
le plaisir de le signaler à la Chambre,
tors de la discussion du budget des colo-
nies, sous son habile direction, la Gui-
née est devenue ce qu'elle devait ctre :
un pays d'agriculture et d'élevage, uti-
lisant pleinement ses ressburces natu-
relles et tirant ses principales richesses
du travail de la. terre par l'indigène.
La faible densité de la population de
cette colonie serait longtemps demeurée
un obstacle au développement des cul-
tures, si l'on ne s'était attaché à intro-
duire et à développer chez l'indigène
l'usage de la charrue et des animaux de
trait. Le cheptel est déjà abondant en
Guinée et la multiplication des bœufs est
plus aisément réalisable que celle de la
race humaine. Si l'on songe qu'une
charrue attelée de deux bœufs laboure,
dans le même temps, une surface dix à
quinze fois supérieure à celle que le culti-
vateur indigène peut simplement grattet
superficiellement avec son daba, on se
rend aisément compte du développement
rapide que prennent les culturesr par la
généralisation de ces procédés. Ceux-ci
permettront d'obtenir, dans un délai
rapproché, des résultats, égaux en quan-
tité^ supérieurs en qualité, à ceux qui
résulteraient d'una accroissement consi-
dérable et impossible à réaliser immé-
diatement Ad'une population qui con-
tinuerait à se servir des instruments pri-
mitifs qu'elle utilise depuis des généra-
tions.
Un gros effort a dû être fait par l'Ad-
ministration locale pour vaincre la rou-
tine des autochtones ; mais maintenant,
constatant par eux-mêmes les augmen-
tations de rendement à l'hectare ainsi
obtenues, avec une main-d'œuvre et une
fatigue moindres, les indigènes aban-
donnent avec enthousiasme leur daba
pour se livrer à la culture à la charrue.
L'heureux effet de l'introduction en
Guinée de ces méthodes de culture à
la fois utilitaires et humanitaires s'est
déjà largement manifesté par un accrois-
sement important de la production agri-
cole. La culture du riz a particulièrement
bénéficié de cette situation nouvelle. La
Guinée importait jadis de grosses quan-
tités de riz de l'Inde et de l'Indochine ;
depuis quelques années elle se suffit à
elle-même et il est à prévoir qu'avant
longtemps elle pourra ravitailler les co-
lonies du groupe d'une façon régulière.
Aujourd'hui le caoutchouc n'occupe
plus dans les exportations qu'une place
normale par rapport aux autres produc-
tions que la colonie dirige vers les
marchés extérieurs : l'huile et les
amandes de palme, les bœufs et les pro-
duits de l'élevage, la cire, l'or, la
gomme, etc. A côté de ces produits,
doivent être mentionnés ceux dont les
mouvements ne sont point révélés par les
statistiques douanières, parce qu'ils ne
sont l'objet que d'un commerce local ou
parce qu ils sont exportés par voie de
terre vers les colonies voisines, mais qui
n'en constituent pas moins d'impor-
tantes richesses pour le pays. Dans cette
catégorie il faut ranger : les noix de
cola, le tabac, les oranges, le -coton, le
beurre de karité, l'indigo.
Depuis longtemps, d'autre part, la
Guinée fonde, à juste titre, de grandes
espérances sur la culture de la banane et
de l'ananas qui trouvent dans cette
colonie un sol et un climat favorables.
Les importantes plantations qui y ont
été créées par la colonisation européenne
Gluirgoinonl du couffins de bananes
n'ont pu jusqu'à ce jour développer
leur production par suite des difficultés
auxquelles elles se heurtaient pour l'ex-
portation de leurs fruits. Cette question
ne saurait d'ailleurs plus tarder à être
résolue, l'Administration de la colonie se
préoccupant actuellement de construire
à Conakry un entrepôt réfrigéré où se-
ront stockés les fruits en attendant leur
embarquement sur des bateaux spécia-
lement aménagés qui seront désormais
assurés de trouver ainsi dans ce port un
fret suffisant pour constituer des char-
gements complets.
La Guinée a déjà reconquis en quel-
ques années la place qu'elle occupait
autrefois parmi les colonies de l'Afrique
Occidentale Française, mais sa richesse
ne repose plus aujourd 'hui sur un pro-
duit de cueillette et n'est plus à la merci
des fluctuations des cours du caoutchouc
sur les marchés ; elle est fondée main-
tenant sur l'exploitation rationnellement
organisée de son sol.
Si les productions variées de la
Guinée constituent un appoint précieux
dans le ravitaillement des colonies voi-
sines et de la Métropole, son abondante
faune simiesque l'a. mise en situation de
servir la cause de l'humanité. C'est à la
clairvoyante volonté de M. le Gouver-
neur Général Carde, au concours éclaire
de M. le Gouverneur Poiret que l'Ins-
titut Pasteur a dû de pouvoir réaliser le
projet qu'il avait formé avant la guerre
de créer en Guinée un établissement de
L'n régime de bu mines
recherches scientifiques où pourront
être étudiées des maladies redoutables
pour l'homme et qui ne sont transmi s-
sibles qu'aux singes les plus voisins de
l'espèce humaine, les chimpanzés, doijt
il existe de nombreuses espèces en
Guinée. Cet établissement, inauguré au
cours de l'année 1924 et que le Gouver-
nement Général de l'Afrique Occiden-
tale Française subventionne largement,
permettra de réaliser de grand s progrès
dans la connaissance de l'étiologie, de
la prophylaxie et du traitement de ma-
ladies contre les atteintes desquelles la
science était jusqu'à ce jour désarmée.
Léon Accambray,
députe de l'Aisne,
délégué de la Guinée
au Conseil supérieur des Colonies
La Colonisation Européenne
- CULTURE DU BANANIER ET EXPORTATION DES BANANES
Dans le numéro mensuel illustré du 30
avril 1922, les Annales Coloniales avaient
posé la question suivante : « La Guinée peut-
elle approvisionner la France en bananes ? »
Et, après avoir montré que cette tolonie pou-
vait avantageusement concurrencer les fruits
des Canaries sur les marchés européens, elles
émettaient l'opinion que les colons français
mu nient vaincre les difficultés que rencon-
tre en Afrique toute culture nouvelle dont
il faut déterminer les meilleures mcthodca
et qu'il convient de doter de puissants moyens
de transport terrestres et maritimes.
11 était intéressant de savoir comment nos
pronostics s'étaient réalisés ; nous nous som-
mes donc livrés à une enquête sur place et
ùuïïâ avons aujouid'lvul le'plaisir de donner
à nos lecteurs la primeur de ces résultats.
Un peu de statistique
Rien n'est plus trompeur que les statisti-
ques officielles si l'on y recherche la quan-
tité de bananes exportée par la Guinée.
Le Gouverneur Général J. Carde, débairquanl en gare de Mainou
Les douanes de l'A.O.F., en effet, ne con-
sidèrent comme exportés que les produits
quittant le territoire formé pàr les huit co-
lonies qui composent le groupe qualifié
A. O. F. Par conséquent, les bananes expé-
diées de Conakry sut Dakar (Sénégal) ne fi-
gurent pas à l'exportation ; elles sont re-
prises à la rubrique cabotage local, même si,
de Dakar, elles ont été réexportées hors
d'Afrique .auquel cas elles seront inscrites
comme provenant du Sénégal et non pas de
la Guinée.
Or, pou.r les planteurs guinéens, toute ba-
nane quittant la colonie est bel et bien ex-
- Cullurc indigène ù la daba
portée. En se plaçant à leur point de vue, on
trouve les chiffres suivants pour les quatre
dernières années.
Nombre de caisses taportalion
A mites de baliaueseiporites ru poids
k;:
15)20 5.320 260.000
15)21 11.054 582.000
IV22 13.120 671.000
15)23 18.080 «J04.COO
Ainsi qu'on peut en juger, la progression
est importante, bien qu'elle soit encore très
éloignée des 2.000.000 de caisses livrées an-
nuellement par les Canaries.
Mais les statistiques rectifiées n'ac-
cusent que ce qui a pu être exporté : la
production locale est supérieure aux chiffres
du tableau ci-dessus.
D'après le Syndicat des Planteurs, que di-
tige très aet. vcmênt dans la colonie M. Hen-
ri Boiloau, les planteurs européens auraient
iCoolté, en 1923, 1. 146.000 kilogrammes de
bananes et les planteurs indigènes, de leui
côté, 506.000 kilogrammes, ce qui donne un
total de 1.652.000 Kilogrammes, équivalant au
moins à 33.050 caisses de 50 kilogs brut.
Il en résulte que, pendant cette même an-
née 1923, les 4/9, c'est-à-dire presque la moi-
tié de la production, est restée dans la co-
lonie, faute de moyens de transport teries-
tres ou maritimes suffisants. Certes, il y a
lieu de tenir compte de la consommation lo-
cale ; mais il est bien évident qu'elle n'a
pu .ahsorber 74S tonnes ; d'ailleurs, les ar-
chives du chemin de fer décèlent un trans-
port par ses soins de 1. 21). 800 kilogrammes,
et ce transport ne peut avoir été effectué
qu'en vue de l'exportation. En fait, il est
-arrivé plusieurs fois que les bateaux aient
tefusé tout ou partie du chargement qui let;l
était desliné, soit par faute de place en pon-
tée, soit par détournement de route.
Si, à ce déchet considérable, on ajoute ce-
lui qui résulte des manutentions et surtout
du transport sur le pont des navires, qui at-
teint souvent 30 %, on comprend que les
planteurs guinéens réduisent leur produc-
tion et attendent, pour la renforcer, que les
moyens de transport adéquats leur soient
tournis.
Efforts faits pour sortir
de la situation actuelle
Que fait donc l'Administration pour re-
médier à une situation aussi regrettable ?
N'a-t-elle pas le pouvoir d'agir sur les com-
pagnics de navigation? Hélas! non. Alors,
qu'en France les chemins de fer sont sous
l'étroite surveillance de l'opinion publique
et sous le contrôle du Gouvernement, les sei-
vices de transport maritime desquels dé-
pendent l'approvisionnement de la métropole
et la distribution dans les quatre parties du
monde de ses produits fabriques échap-
pent à toute tutelle.
Si l'Etat passe pour quelques-uns des con-
ventions particulières, il se borne à fixer des
estalcs obligatoires et un tarif pour le frêt
administratif, compensés par une subven-
tion ; les compagnies restent sur toutes leurs
lignes libres de prendre telles ou telles mar-
chandises, ou même d'en refuser, et de les
taxer à leur gré.
Dans ces conditions, un bateau peut avoir
plus d'avantages à embarquer 2co hommes
de troupe qu'à chargea* 1.000 caisses de ba-
nanes son choix ne sera pas douteux. Et
l'Etat lui-même approuvera ce choix parce
que les transports militaires ne sont pas ré-
gis par les mêmes fonctionnaires qui s'occu-
pent des transports commerciaux.
11 serait évidemment à désiier que les ex-
péditions de bananes puissent être effectuées
sur tous les navires ayant assez de vitesse
pour faire le trajet de Conakry en France en
10 ou 12 lours. On éviterait les portes et le>
déchetp dont j'ai parlé plus haut. Mais «:
ne serait qu'une solution insuffisante, cal
le nombre de caisses susceptibles d'être ex-
porté en pontée ne dépasse guère 20 à 2.2
mille par .an ^18 à 20 navires prenant eu
moyenne i.jou caisses).
Pour que l'exportation fruitière réponde à
la production possible et prenne toute l'ex-
tension désirable, il faut que des bateaux
spécialement aménagés soient mis en ser-
vice. Or. ces bateaux ne se mettront en rou-
te que s'ils sont certains de faire un plein
chargement à Conakry. D'où la nécessité de
disposer dans ce port d'un entrepôt frigori-
fique où s'accumuleront les bananes au fur
et à mesure de la coupe, ainsi que de leur
transport terrestre.
Dès 1923, une société financière adressa
au Gouvernement Général de l'A.O.F. des
propositions en vue de créer une société pri-
vilégiée et subventionnée ayant pour but
d'assurer le stockage des fruits à Conakry,
leur transport sur mer et éventuellement
leur distribution en Europe. Malheureuse-
ment, les pourparlers traînèrent en longueur.
Des commissions furent nommées - qui - essayè-
rent, très consciencieusement, de concilier
les intérêts de la Société financière, ceux des
planteurs guinéens et, en outre, ceux de
l'Administration africaine. Plusieurs projets
turent successivement élaborés sans qu au-
cun aboutit et, finalement, l'affaire fut aban-
donnée.
Après examen, le Gouvernement Gé-
néral estima trop onéreuses pour lui et in-
suffisantcs pour les planteurs les propositions
qui lui étaient faites : mais ce serait mal
connaître M. Carde que de s'imaginer qu'il
se découragea de l'échec d'une combinaison
financière. Et, en effet, il décida immédia-
tement que l'entrepôt frigorifique serait cons-
truit aux frais de la colonie et, au besoin.
par les soins de-celle-ci. Une fois en posses-
sion de cet établissement, on reprendra les
pourparlers avec les armateurs ou les socié-
tés privées.
Perspectives d'avenir
D'après les projets officiels, l'entrepôt fri-
gorifique de Conakry sera édifié sur les
terre-pleins du port prolongés: il sera duté
d'un wharf spécial auquel accosteront les
bateaux fruitiers et relié à la gare du chemin
de fer par une voie à écartement colunial
(1 mètre).
Les planteurs pourront-ils l'alimenter en
bananes ?
A cette question je peux répondre tout de
suite: oui; mais je ne crois pas inutile de
justifier cette affirmation et aussi de mon-
trer quelles perspectives d'avenir offre la cul-
ture de la banane en Guinéu.
La culture de ce fruit, pour n'être pas aussi
facile qu'on le Croit généralement, est ce-
pendant fort intéressante dans les pays qui
disposent à la fois de beaucoup d'eau et de
beaucoup de soleil. Son rendement à l'hectare
varie, suivant les soins donnés, c'est-à-dire
suivant les dépenses d'entretien, du 4.000 à
50.000 kilogrammes. Entre ces chiffres ex-
trêmes se placent les rendements moyens au-
dessous desquels il n'y a pas intérêt à des-
cendre si l'on ne veut pas accroître inutile-
ment les prix de revient: on peut les esti-
mer à 20.000 et 30.000 kilogrammes et ils
n'exigent qu'un peu d'engrais appropriés
avec une irrigation rationnelle.
Or, il est peu de produits agricoles qui
donnent de pareils poids tout en ayant une
valeur intrinsèque assez élevée.
Les planteurs européens, de même que les
planteurs indigènes s'en sont fort bien rendu
compte. Confiants dans l'avenir, persuadés
qu'une bonne affaire doit finir par réussir,
ils sont, je crois,. tout préparés à développer
leurs cultures avec toute la rapidité que per-
mettront les moyens de stockage et de trans-
port.
Plantations européennes
Européens et indigènes ne sont pas au
même point. Les uns ont science et capitaux,
les autres n'ont que leur esprit d'observation
et leurs bras ; aussi allons-nous parler d'eux
séparément.
D'après les renseignements livrés d'une
façon remarquablement concordante par le
Service de l'Agriculture et par le Syndicat
des Planteurs, il y avait en Guinée, en 1923,
708 hectares de terrains concédés pour la
culture des fruits tropicaux dont 112 consa-
crés à la banane et ertectivement en produc-
tion. En 1924, ces deux superficies étaient
portées respectivement à 1.378 et 248 hecta-
res ; mais pour les raisons qui se déduisent
des considérations ci-dessus exposées, le ren-
dement moyen était tombé de 10,2 tonnes à
7,2 tonnes par hectare. Du moment, en effet,
que les possibilités d'exportatirm ne s'étaient
pas accrues, l'extension des cultures faite
en prévision de. l'avenir permettait de di-
minuer les frais culturaux.
De nouvelles concessions ont été deman-
dées : mais nous n'en ferons pas état dans
ce qui va suivre ; si, comme il est à prévoir,
elles sont accordées et mises en valeur, elles
viendront ronforcer nos évaluations et seront
pour celles-ci une garantie de certitude.
Les 248 hectares de bananiers, déjà en
valeur, sont à eux seuls capables de produire
chaque année 4.960.0000 kilogrammes ou
7.440.000 kilqgrammcs de fruits selon que
leur rendement sera poussé à 20 ou à 30
tonnes. Prenons la quantité la plus failhle
bien qu'elle ait toutes chances d'être dé-
passée: cela confirmera encore nos resuiiats ;
4.960.000 kilng. de bananes, cela fait
99.200 caisses.
Mais il n'est pas douteux, que les plan-
teurs, qui en une année ont port de 112 à
24S hectares leurs bananeraies, pourront dans
la même délai étendre celles-ci sur 100 hec-
tare? de plus, ce qui donnera 350 hectares dr
bananeraies ne représentant que le quart des
terrains concédés en 1024. C'!", don.- sur
une production totale minimum de i.OOO.OOO
de kilogrammes (140.000 caisses) qu'il est
permis de compter de la part des Européens
dès que ceux-ci auront la certitude de ne
pas iaire cet effort en pure porte.
Plantations indigènes
Les indigènes éduqués par l'exemple des
Européens, aidés par los agents de l'Agri-
--- -
PRIX 1 2 fr. 30
28 JANVIER 1925.
Les Annales Coloniales
- - d es 'S
JOURNAL QUOTIDIEN -
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR flLU ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
Lei Annoll- et Réclame» tonlnçutt aux Bureaux dujournnl et dans lu Agence» de Publicité
DIRECTEURS : MARCEL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Rédaction et Adminislration : 34, Rue du MOllt-Thabor, PARIS-1" TiléMiono : LOUVRE 49-37
Un an 6 moio 8 mois
ABONftEMENTS France et Colonies 80 » 45 » 25 »
&yec untré Etranger. 120 » 65 » 38 »
On t'abonne dans tout les Bureaux de poste et chez lm principaux libraires -
L'Avenir de la Guinée Française
Pendant des années, le caoutchouc a
constitué la principale ressource de la
Guinée française. On peut même dire que,
de 1897 à 1913, la colonie a vécu à peu
près uniquement de ce produit. Les indi-
gènes, tirant des revenus considérables
de la récolte du latex, avaient fini par se
désintéresser peu à peu des autres pro-
ductions, allant même jusqu'à délaisser
les cultures vivrières destinées à assurer
leur subsistance. Ils trouvaient plus
simple de se procurer dans le commerce,
grâce au produit de leurs ventes, les
denrées alimentaires qui leur étaient
nécessaires. La vie commerciale, la vie
budgétaire de la colonie se trouvaient
ainsi dépendre entièrement de l'exploi-
tation des lianes, d'où le bouleversement
économique de la Guinée française lors-
qu'en 1913 les cours du caoutchouc de
cueillette se furent effondrés sur les
marchés extérieurs.
Cette crise a démontré d'une
manière peut-être brutale, mais évi-
dente le danger de laisser reposer la
vie économique de la colonie sur une ex-
ploitation unique, méthode qui ne se
justifie point lorsque le pays, comme
c'est le cas pour la Guinée, renferme par
ailleurs d'abondantes richesses et d'im-
portantes possibilités de production.
Elle aura eu pour heureux résultat de
déterminer l'entrée de cette colonie dans
la voie de la mise en valeur rationnelje
-qui lui procure aujourd'hui avec une
prospérité reposant désormais sur des
bases stables, des ressources autrement
abondantes et sûres.
La transformation complète qui s'est
ainsi produite dans les conditions de
l'évolution économique de la Guinée
est due, pour la plus large part, aux
efforts persévérants de son Gouverneur,
M. Foiret, qui, depuis près de dix ans
préside à ses destinées. Ainsi que j'ai eu
le plaisir de le signaler à la Chambre,
tors de la discussion du budget des colo-
nies, sous son habile direction, la Gui-
née est devenue ce qu'elle devait ctre :
un pays d'agriculture et d'élevage, uti-
lisant pleinement ses ressburces natu-
relles et tirant ses principales richesses
du travail de la. terre par l'indigène.
La faible densité de la population de
cette colonie serait longtemps demeurée
un obstacle au développement des cul-
tures, si l'on ne s'était attaché à intro-
duire et à développer chez l'indigène
l'usage de la charrue et des animaux de
trait. Le cheptel est déjà abondant en
Guinée et la multiplication des bœufs est
plus aisément réalisable que celle de la
race humaine. Si l'on songe qu'une
charrue attelée de deux bœufs laboure,
dans le même temps, une surface dix à
quinze fois supérieure à celle que le culti-
vateur indigène peut simplement grattet
superficiellement avec son daba, on se
rend aisément compte du développement
rapide que prennent les culturesr par la
généralisation de ces procédés. Ceux-ci
permettront d'obtenir, dans un délai
rapproché, des résultats, égaux en quan-
tité^ supérieurs en qualité, à ceux qui
résulteraient d'una accroissement consi-
dérable et impossible à réaliser immé-
diatement Ad'une population qui con-
tinuerait à se servir des instruments pri-
mitifs qu'elle utilise depuis des généra-
tions.
Un gros effort a dû être fait par l'Ad-
ministration locale pour vaincre la rou-
tine des autochtones ; mais maintenant,
constatant par eux-mêmes les augmen-
tations de rendement à l'hectare ainsi
obtenues, avec une main-d'œuvre et une
fatigue moindres, les indigènes aban-
donnent avec enthousiasme leur daba
pour se livrer à la culture à la charrue.
L'heureux effet de l'introduction en
Guinée de ces méthodes de culture à
la fois utilitaires et humanitaires s'est
déjà largement manifesté par un accrois-
sement important de la production agri-
cole. La culture du riz a particulièrement
bénéficié de cette situation nouvelle. La
Guinée importait jadis de grosses quan-
tités de riz de l'Inde et de l'Indochine ;
depuis quelques années elle se suffit à
elle-même et il est à prévoir qu'avant
longtemps elle pourra ravitailler les co-
lonies du groupe d'une façon régulière.
Aujourd'hui le caoutchouc n'occupe
plus dans les exportations qu'une place
normale par rapport aux autres produc-
tions que la colonie dirige vers les
marchés extérieurs : l'huile et les
amandes de palme, les bœufs et les pro-
duits de l'élevage, la cire, l'or, la
gomme, etc. A côté de ces produits,
doivent être mentionnés ceux dont les
mouvements ne sont point révélés par les
statistiques douanières, parce qu'ils ne
sont l'objet que d'un commerce local ou
parce qu ils sont exportés par voie de
terre vers les colonies voisines, mais qui
n'en constituent pas moins d'impor-
tantes richesses pour le pays. Dans cette
catégorie il faut ranger : les noix de
cola, le tabac, les oranges, le -coton, le
beurre de karité, l'indigo.
Depuis longtemps, d'autre part, la
Guinée fonde, à juste titre, de grandes
espérances sur la culture de la banane et
de l'ananas qui trouvent dans cette
colonie un sol et un climat favorables.
Les importantes plantations qui y ont
été créées par la colonisation européenne
Gluirgoinonl du couffins de bananes
n'ont pu jusqu'à ce jour développer
leur production par suite des difficultés
auxquelles elles se heurtaient pour l'ex-
portation de leurs fruits. Cette question
ne saurait d'ailleurs plus tarder à être
résolue, l'Administration de la colonie se
préoccupant actuellement de construire
à Conakry un entrepôt réfrigéré où se-
ront stockés les fruits en attendant leur
embarquement sur des bateaux spécia-
lement aménagés qui seront désormais
assurés de trouver ainsi dans ce port un
fret suffisant pour constituer des char-
gements complets.
La Guinée a déjà reconquis en quel-
ques années la place qu'elle occupait
autrefois parmi les colonies de l'Afrique
Occidentale Française, mais sa richesse
ne repose plus aujourd 'hui sur un pro-
duit de cueillette et n'est plus à la merci
des fluctuations des cours du caoutchouc
sur les marchés ; elle est fondée main-
tenant sur l'exploitation rationnellement
organisée de son sol.
Si les productions variées de la
Guinée constituent un appoint précieux
dans le ravitaillement des colonies voi-
sines et de la Métropole, son abondante
faune simiesque l'a. mise en situation de
servir la cause de l'humanité. C'est à la
clairvoyante volonté de M. le Gouver-
neur Général Carde, au concours éclaire
de M. le Gouverneur Poiret que l'Ins-
titut Pasteur a dû de pouvoir réaliser le
projet qu'il avait formé avant la guerre
de créer en Guinée un établissement de
L'n régime de bu mines
recherches scientifiques où pourront
être étudiées des maladies redoutables
pour l'homme et qui ne sont transmi s-
sibles qu'aux singes les plus voisins de
l'espèce humaine, les chimpanzés, doijt
il existe de nombreuses espèces en
Guinée. Cet établissement, inauguré au
cours de l'année 1924 et que le Gouver-
nement Général de l'Afrique Occiden-
tale Française subventionne largement,
permettra de réaliser de grand s progrès
dans la connaissance de l'étiologie, de
la prophylaxie et du traitement de ma-
ladies contre les atteintes desquelles la
science était jusqu'à ce jour désarmée.
Léon Accambray,
députe de l'Aisne,
délégué de la Guinée
au Conseil supérieur des Colonies
La Colonisation Européenne
- CULTURE DU BANANIER ET EXPORTATION DES BANANES
Dans le numéro mensuel illustré du 30
avril 1922, les Annales Coloniales avaient
posé la question suivante : « La Guinée peut-
elle approvisionner la France en bananes ? »
Et, après avoir montré que cette tolonie pou-
vait avantageusement concurrencer les fruits
des Canaries sur les marchés européens, elles
émettaient l'opinion que les colons français
mu nient vaincre les difficultés que rencon-
tre en Afrique toute culture nouvelle dont
il faut déterminer les meilleures mcthodca
et qu'il convient de doter de puissants moyens
de transport terrestres et maritimes.
11 était intéressant de savoir comment nos
pronostics s'étaient réalisés ; nous nous som-
mes donc livrés à une enquête sur place et
ùuïïâ avons aujouid'lvul le'plaisir de donner
à nos lecteurs la primeur de ces résultats.
Un peu de statistique
Rien n'est plus trompeur que les statisti-
ques officielles si l'on y recherche la quan-
tité de bananes exportée par la Guinée.
Le Gouverneur Général J. Carde, débairquanl en gare de Mainou
Les douanes de l'A.O.F., en effet, ne con-
sidèrent comme exportés que les produits
quittant le territoire formé pàr les huit co-
lonies qui composent le groupe qualifié
A. O. F. Par conséquent, les bananes expé-
diées de Conakry sut Dakar (Sénégal) ne fi-
gurent pas à l'exportation ; elles sont re-
prises à la rubrique cabotage local, même si,
de Dakar, elles ont été réexportées hors
d'Afrique .auquel cas elles seront inscrites
comme provenant du Sénégal et non pas de
la Guinée.
Or, pou.r les planteurs guinéens, toute ba-
nane quittant la colonie est bel et bien ex-
- Cullurc indigène ù la daba
portée. En se plaçant à leur point de vue, on
trouve les chiffres suivants pour les quatre
dernières années.
Nombre de caisses taportalion
A mites de baliaueseiporites ru poids
k;:
15)20 5.320 260.000
15)21 11.054 582.000
IV22 13.120 671.000
15)23 18.080 «J04.COO
Ainsi qu'on peut en juger, la progression
est importante, bien qu'elle soit encore très
éloignée des 2.000.000 de caisses livrées an-
nuellement par les Canaries.
Mais les statistiques rectifiées n'ac-
cusent que ce qui a pu être exporté : la
production locale est supérieure aux chiffres
du tableau ci-dessus.
D'après le Syndicat des Planteurs, que di-
tige très aet. vcmênt dans la colonie M. Hen-
ri Boiloau, les planteurs européens auraient
iCoolté, en 1923, 1. 146.000 kilogrammes de
bananes et les planteurs indigènes, de leui
côté, 506.000 kilogrammes, ce qui donne un
total de 1.652.000 Kilogrammes, équivalant au
moins à 33.050 caisses de 50 kilogs brut.
Il en résulte que, pendant cette même an-
née 1923, les 4/9, c'est-à-dire presque la moi-
tié de la production, est restée dans la co-
lonie, faute de moyens de transport teries-
tres ou maritimes suffisants. Certes, il y a
lieu de tenir compte de la consommation lo-
cale ; mais il est bien évident qu'elle n'a
pu .ahsorber 74S tonnes ; d'ailleurs, les ar-
chives du chemin de fer décèlent un trans-
port par ses soins de 1. 21). 800 kilogrammes,
et ce transport ne peut avoir été effectué
qu'en vue de l'exportation. En fait, il est
-arrivé plusieurs fois que les bateaux aient
tefusé tout ou partie du chargement qui let;l
était desliné, soit par faute de place en pon-
tée, soit par détournement de route.
Si, à ce déchet considérable, on ajoute ce-
lui qui résulte des manutentions et surtout
du transport sur le pont des navires, qui at-
teint souvent 30 %, on comprend que les
planteurs guinéens réduisent leur produc-
tion et attendent, pour la renforcer, que les
moyens de transport adéquats leur soient
tournis.
Efforts faits pour sortir
de la situation actuelle
Que fait donc l'Administration pour re-
médier à une situation aussi regrettable ?
N'a-t-elle pas le pouvoir d'agir sur les com-
pagnics de navigation? Hélas! non. Alors,
qu'en France les chemins de fer sont sous
l'étroite surveillance de l'opinion publique
et sous le contrôle du Gouvernement, les sei-
vices de transport maritime desquels dé-
pendent l'approvisionnement de la métropole
et la distribution dans les quatre parties du
monde de ses produits fabriques échap-
pent à toute tutelle.
Si l'Etat passe pour quelques-uns des con-
ventions particulières, il se borne à fixer des
estalcs obligatoires et un tarif pour le frêt
administratif, compensés par une subven-
tion ; les compagnies restent sur toutes leurs
lignes libres de prendre telles ou telles mar-
chandises, ou même d'en refuser, et de les
taxer à leur gré.
Dans ces conditions, un bateau peut avoir
plus d'avantages à embarquer 2co hommes
de troupe qu'à chargea* 1.000 caisses de ba-
nanes son choix ne sera pas douteux. Et
l'Etat lui-même approuvera ce choix parce
que les transports militaires ne sont pas ré-
gis par les mêmes fonctionnaires qui s'occu-
pent des transports commerciaux.
11 serait évidemment à désiier que les ex-
péditions de bananes puissent être effectuées
sur tous les navires ayant assez de vitesse
pour faire le trajet de Conakry en France en
10 ou 12 lours. On éviterait les portes et le>
déchetp dont j'ai parlé plus haut. Mais «:
ne serait qu'une solution insuffisante, cal
le nombre de caisses susceptibles d'être ex-
porté en pontée ne dépasse guère 20 à 2.2
mille par .an ^18 à 20 navires prenant eu
moyenne i.jou caisses).
Pour que l'exportation fruitière réponde à
la production possible et prenne toute l'ex-
tension désirable, il faut que des bateaux
spécialement aménagés soient mis en ser-
vice. Or. ces bateaux ne se mettront en rou-
te que s'ils sont certains de faire un plein
chargement à Conakry. D'où la nécessité de
disposer dans ce port d'un entrepôt frigori-
fique où s'accumuleront les bananes au fur
et à mesure de la coupe, ainsi que de leur
transport terrestre.
Dès 1923, une société financière adressa
au Gouvernement Général de l'A.O.F. des
propositions en vue de créer une société pri-
vilégiée et subventionnée ayant pour but
d'assurer le stockage des fruits à Conakry,
leur transport sur mer et éventuellement
leur distribution en Europe. Malheureuse-
ment, les pourparlers traînèrent en longueur.
Des commissions furent nommées - qui - essayè-
rent, très consciencieusement, de concilier
les intérêts de la Société financière, ceux des
planteurs guinéens et, en outre, ceux de
l'Administration africaine. Plusieurs projets
turent successivement élaborés sans qu au-
cun aboutit et, finalement, l'affaire fut aban-
donnée.
Après examen, le Gouvernement Gé-
néral estima trop onéreuses pour lui et in-
suffisantcs pour les planteurs les propositions
qui lui étaient faites : mais ce serait mal
connaître M. Carde que de s'imaginer qu'il
se découragea de l'échec d'une combinaison
financière. Et, en effet, il décida immédia-
tement que l'entrepôt frigorifique serait cons-
truit aux frais de la colonie et, au besoin.
par les soins de-celle-ci. Une fois en posses-
sion de cet établissement, on reprendra les
pourparlers avec les armateurs ou les socié-
tés privées.
Perspectives d'avenir
D'après les projets officiels, l'entrepôt fri-
gorifique de Conakry sera édifié sur les
terre-pleins du port prolongés: il sera duté
d'un wharf spécial auquel accosteront les
bateaux fruitiers et relié à la gare du chemin
de fer par une voie à écartement colunial
(1 mètre).
Les planteurs pourront-ils l'alimenter en
bananes ?
A cette question je peux répondre tout de
suite: oui; mais je ne crois pas inutile de
justifier cette affirmation et aussi de mon-
trer quelles perspectives d'avenir offre la cul-
ture de la banane en Guinéu.
La culture de ce fruit, pour n'être pas aussi
facile qu'on le Croit généralement, est ce-
pendant fort intéressante dans les pays qui
disposent à la fois de beaucoup d'eau et de
beaucoup de soleil. Son rendement à l'hectare
varie, suivant les soins donnés, c'est-à-dire
suivant les dépenses d'entretien, du 4.000 à
50.000 kilogrammes. Entre ces chiffres ex-
trêmes se placent les rendements moyens au-
dessous desquels il n'y a pas intérêt à des-
cendre si l'on ne veut pas accroître inutile-
ment les prix de revient: on peut les esti-
mer à 20.000 et 30.000 kilogrammes et ils
n'exigent qu'un peu d'engrais appropriés
avec une irrigation rationnelle.
Or, il est peu de produits agricoles qui
donnent de pareils poids tout en ayant une
valeur intrinsèque assez élevée.
Les planteurs européens, de même que les
planteurs indigènes s'en sont fort bien rendu
compte. Confiants dans l'avenir, persuadés
qu'une bonne affaire doit finir par réussir,
ils sont, je crois,. tout préparés à développer
leurs cultures avec toute la rapidité que per-
mettront les moyens de stockage et de trans-
port.
Plantations européennes
Européens et indigènes ne sont pas au
même point. Les uns ont science et capitaux,
les autres n'ont que leur esprit d'observation
et leurs bras ; aussi allons-nous parler d'eux
séparément.
D'après les renseignements livrés d'une
façon remarquablement concordante par le
Service de l'Agriculture et par le Syndicat
des Planteurs, il y avait en Guinée, en 1923,
708 hectares de terrains concédés pour la
culture des fruits tropicaux dont 112 consa-
crés à la banane et ertectivement en produc-
tion. En 1924, ces deux superficies étaient
portées respectivement à 1.378 et 248 hecta-
res ; mais pour les raisons qui se déduisent
des considérations ci-dessus exposées, le ren-
dement moyen était tombé de 10,2 tonnes à
7,2 tonnes par hectare. Du moment, en effet,
que les possibilités d'exportatirm ne s'étaient
pas accrues, l'extension des cultures faite
en prévision de. l'avenir permettait de di-
minuer les frais culturaux.
De nouvelles concessions ont été deman-
dées : mais nous n'en ferons pas état dans
ce qui va suivre ; si, comme il est à prévoir,
elles sont accordées et mises en valeur, elles
viendront ronforcer nos évaluations et seront
pour celles-ci une garantie de certitude.
Les 248 hectares de bananiers, déjà en
valeur, sont à eux seuls capables de produire
chaque année 4.960.0000 kilogrammes ou
7.440.000 kilqgrammcs de fruits selon que
leur rendement sera poussé à 20 ou à 30
tonnes. Prenons la quantité la plus failhle
bien qu'elle ait toutes chances d'être dé-
passée: cela confirmera encore nos resuiiats ;
4.960.000 kilng. de bananes, cela fait
99.200 caisses.
Mais il n'est pas douteux, que les plan-
teurs, qui en une année ont port de 112 à
24S hectares leurs bananeraies, pourront dans
la même délai étendre celles-ci sur 100 hec-
tare? de plus, ce qui donnera 350 hectares dr
bananeraies ne représentant que le quart des
terrains concédés en 1024. C'!", don.- sur
une production totale minimum de i.OOO.OOO
de kilogrammes (140.000 caisses) qu'il est
permis de compter de la part des Européens
dès que ceux-ci auront la certitude de ne
pas iaire cet effort en pure porte.
Plantations indigènes
Les indigènes éduqués par l'exemple des
Européens, aidés par los agents de l'Agri-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 91.2%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 91.2%.
- Auteurs similaires Jardin d'agronomie tropicale Jardin d'agronomie tropicale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Jardin d'agronomie tropicale" or dc.contributor adj "Jardin d'agronomie tropicale")France France /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "France" or dc.contributor adj "France") Perrier Edmond Perrier Edmond /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Perrier Edmond" or dc.contributor adj "Perrier Edmond")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6396861q/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6396861q/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6396861q/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6396861q
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6396861q
Facebook
Twitter