Titre : Revue internationale des produits coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-09-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343784169
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 7259 Nombre total de vues : 7259
Description : 01 septembre 1931 01 septembre 1931
Description : 1931/09/01 (A6,N69)-1931/09/30. 1931/09/01 (A6,N69)-1931/09/30.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6384736d
Source : CIRAD, 2012-231858
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/08/2013
REVUE INTERNATIONALE DES PRODUITS COLONIAUX 487
achètent des usines à sucre. Pour satisfaire le goût de la clientèle elles tendent
à forcer encore l' arôme; chacun à ses « sauces » et ses secrets de fabrication.
Aussi le rhum qu'elles produisent est encore moins consommable en l'état que
celui qui coule des appareils à distiller des usines.
Tous ces « rhums industriels » sont achetés par les négociants des ports et livrés
à leurs clients qui les « cuisinent » en grand, chacun au prétendu goût de sa clien-
tèle.
Bien plus, on voit certaines maisons métropolitaines - dont les marques sont
aujourd'hui les plus connues - qui ayant donné dans l'erreur de croire que le
rhum doit avoir un goût de cuir et une odeur de vieille savate, et ayant lancé un
produit cuisiné de la sorte, ont fini, à force de réclame, par se créer une clientèle
accoutumée à cet infect breuvage. Plus tard, quand ces mêmes maisons ont acheté
des distilleries aux Colonies, elles ont été forcées, pour ne pas se dédire en quel -
que sorte et ne pas bouleverser leur clientèle, de continuer à cuisiner les excellents
rhums naturels de leurs distilleries avec les mêmes sauces infectes du début.
Tout cela explique pourquoi jusqu'à présent le bon rhum, le vrai rhum, est
encore à peu près inconnu en France.
Ce véritable rhum, celui que les rhummeries agricoles font avec des cannes
récoltées sur leurs propres terres et avec le jus intégral de leurs cannes, outre les
qualités du terroir, est l'objet de toute l'attention du propriétaire. Il ne néglige
pas les soins culturaux, surveille le point de maturité des cannes et choisit les
espèces aptes'à donner le meilleur rhum — car de même que tous les raisins ne
font pas du cognac, les cannes dont on extrait le plus beau sucre ne sont pas celles
qui font le meilleur rhum. Ce rhum des distilleries agricoles qui, lui, est le véri -
table rhum, on ne saurait trop le répéter, n'est malheureusement pas connu en
France.
En effet il est trop fin, ses arômes, quoique puissants, sont trop délicats pour
qu'il puisse supporter la moindre cuisine. Il n' intéresse donc pas l'épicier.
Le distillateur agricole dont tout le rhum était consommé au lieu même de pro-
duction ne s'était pas soucié de la présentation en bouteilles de son produit en
France.
L'application à la Martinique de la loi du Contingentement a eu des effets
inattendus dont le plus remarquable a été de mettre en valeur les rhums de qualité.
On sait qu'en conformité de cette loi il a été attribué à chaque distillerie, en
vertu d'une répartition, établie d'ailleurs sur des bases très discutées, le droit
d'importer en France, en franchise, une certaine quantité de sa fabrication de
rhum (les rhums hors contingent sont frappés à leur entrée dans la Métropole
d'une surtaxe qui ne tend qu'à être prohibitive). Les rhums jouissant du privilège
se vendent à un prix bien plus élevé — actuellement 10 fois plus cher — que
ceux qui ne peuvent bénéficier du certificat de contingentement. Si. la répartition
avait été faite sur d'autres bases, toutes les distilleries auraient dû avoir comme
part de contingent environ le 1/3 de leur capacité de production. Malheureuse- I
ment, il arrive que certains bénéficient d'une part de contingent que la production
de leur rhummerie n'a jamais pu atteindre, alors que pour d'autres cette part
n'atteint pas 5 de la capacité de leurs distilleries.
On conçoit aisément qu'un propriétaire qui a la certitude de voir enlever ses
rhums, quels qu'ils soient, à un prix qui lui laisse de prodigieux bénéfices, n'est
pas incité à améliorer sa fabrication.
achètent des usines à sucre. Pour satisfaire le goût de la clientèle elles tendent
à forcer encore l' arôme; chacun à ses « sauces » et ses secrets de fabrication.
Aussi le rhum qu'elles produisent est encore moins consommable en l'état que
celui qui coule des appareils à distiller des usines.
Tous ces « rhums industriels » sont achetés par les négociants des ports et livrés
à leurs clients qui les « cuisinent » en grand, chacun au prétendu goût de sa clien-
tèle.
Bien plus, on voit certaines maisons métropolitaines - dont les marques sont
aujourd'hui les plus connues - qui ayant donné dans l'erreur de croire que le
rhum doit avoir un goût de cuir et une odeur de vieille savate, et ayant lancé un
produit cuisiné de la sorte, ont fini, à force de réclame, par se créer une clientèle
accoutumée à cet infect breuvage. Plus tard, quand ces mêmes maisons ont acheté
des distilleries aux Colonies, elles ont été forcées, pour ne pas se dédire en quel -
que sorte et ne pas bouleverser leur clientèle, de continuer à cuisiner les excellents
rhums naturels de leurs distilleries avec les mêmes sauces infectes du début.
Tout cela explique pourquoi jusqu'à présent le bon rhum, le vrai rhum, est
encore à peu près inconnu en France.
Ce véritable rhum, celui que les rhummeries agricoles font avec des cannes
récoltées sur leurs propres terres et avec le jus intégral de leurs cannes, outre les
qualités du terroir, est l'objet de toute l'attention du propriétaire. Il ne néglige
pas les soins culturaux, surveille le point de maturité des cannes et choisit les
espèces aptes'à donner le meilleur rhum — car de même que tous les raisins ne
font pas du cognac, les cannes dont on extrait le plus beau sucre ne sont pas celles
qui font le meilleur rhum. Ce rhum des distilleries agricoles qui, lui, est le véri -
table rhum, on ne saurait trop le répéter, n'est malheureusement pas connu en
France.
En effet il est trop fin, ses arômes, quoique puissants, sont trop délicats pour
qu'il puisse supporter la moindre cuisine. Il n' intéresse donc pas l'épicier.
Le distillateur agricole dont tout le rhum était consommé au lieu même de pro-
duction ne s'était pas soucié de la présentation en bouteilles de son produit en
France.
L'application à la Martinique de la loi du Contingentement a eu des effets
inattendus dont le plus remarquable a été de mettre en valeur les rhums de qualité.
On sait qu'en conformité de cette loi il a été attribué à chaque distillerie, en
vertu d'une répartition, établie d'ailleurs sur des bases très discutées, le droit
d'importer en France, en franchise, une certaine quantité de sa fabrication de
rhum (les rhums hors contingent sont frappés à leur entrée dans la Métropole
d'une surtaxe qui ne tend qu'à être prohibitive). Les rhums jouissant du privilège
se vendent à un prix bien plus élevé — actuellement 10 fois plus cher — que
ceux qui ne peuvent bénéficier du certificat de contingentement. Si. la répartition
avait été faite sur d'autres bases, toutes les distilleries auraient dû avoir comme
part de contingent environ le 1/3 de leur capacité de production. Malheureuse- I
ment, il arrive que certains bénéficient d'une part de contingent que la production
de leur rhummerie n'a jamais pu atteindre, alors que pour d'autres cette part
n'atteint pas 5 de la capacité de leurs distilleries.
On conçoit aisément qu'un propriétaire qui a la certitude de voir enlever ses
rhums, quels qu'ils soient, à un prix qui lui laisse de prodigieux bénéfices, n'est
pas incité à améliorer sa fabrication.
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