Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-04-12
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 avril 1932 12 avril 1932
Description : 1932/04/12 (A32,N42). 1932/04/12 (A32,N42).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63804772
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-DEUXIEME ANNEE.. £ • 48.
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MARDI SOIR, 12 KVR1L 19M.
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Les Annales Coloniales
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r. te. articles publiés dans notre journal ne muvmM
être reproduits qu'en citant les AMJMLBS CeL8IIIALII.
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Madagascar il y a cent ans
- - - E
L'offensive anglaise
1
Lorsque, en 1814, l'article 8 du traité de 1
Paris fit à l'Angleterre la cession de 1 île de
France actuellement île Mauricè - et
de ses « dépendances », Sir Robert Far-
quhar, gouverneur de Maurice, prétendit
que soUs cette dernière rubrique, Madagas-
car devait être compris. Son désir, c était
que, dans cette grande île, l'Angleterre po-
litique et militaire s'installât. Déjà, depuis
quelques années,.à la faveur de 1 âpre crise
que traversaient à cette époque, faute de
recrutement et faute de ressources, les mis-
sions catholiques, l'Angleterre .religieuse
songeait à s'installer dans Madagascar, ne
doutant pas que les voies y fussent complè-
tement libres: Deux rapports signés du doc-
teur Van dër Ktemp, ancien capitaine de
la cavalerie hollandaise, devenu l'un des
missionnaires de la jeune Société des Mis-
sions de Londres, étaient ^partis du Cap, en
1790 et 1804, pour le siège central de cette
.&..& ot av'upnt nniir.lii Que dans Mada-
"J\I'\;"", vv ,.. M&--" ----'-- - A - - -
gascar l'Angleterre devait prêcher l'Evan-
gile ; et. sur l'ordre de la Société de Lon-
dres entre 1811 et t814 les missionnaires
Thompson, Milne et Lebrun, avaient adressé
des questionnaires aux protestants de l'île
Maurice, sur les efforts qu'à Madagascar on
pouvait tenter, sur les succès qu on pou-
vait recueillir. Pour raisons politiques, assu-
rément. beaucoup plus que pour raisons re-
ligieuses, Sir Robert Farquhar songeait à
orienter vers cette terre les regards de ses
coreligionnaires anglais; et complaisamment
il s'abandonnait au beau rêve de voir bien-
tôt les consciences malgaches relever de la
Société des Missions de Londres et le pavil-
Ion britannique flotter en terre malgache.
') On pressentait, à Paris, les aspirations de
> l'ambitieux gouverneur : et la France, mal'-
gré ses récents désastres, n'était pas d'hu-
meur à laisser faire Sir Robert Farquhar.
La France se souvenait que c'était vers
cette terre que suint Vincent de Paul, au
xvnO siècte, avait dirigé ses premiers mts-
ftkrtlçiaires Lazaristes, Nacquart, Gondrée-.
Bourdaise ; elle se souvenait qu'à plusieurs
reprises, au cours du dix-huitième siècle,
des Lazaristes français de l'île, de Francs,
des Lazaristes français de l'lie Bourbon,
avaient tourné vers cette lie des regards im*
tfwienis, '.ut qu'au début Ou reglie de
Louis XVL le - ministre même de la Marine
avait demandé aux Lazaristes de faire un
nouvel essai, bientôt interrompu par la Ré-
volution française ; elle se souvenait, enfin,
dès droits territoriaux que lui avaient lé-
eués, sur certains points de la côte, la vieille
Société d'Orient et la vieille Compagnie des
Indes, et du geste nouveau qu'avait esquissé
le gouvernement de Louis XVI lorsqu'en
son nom le polonais Benvowsky avait posé
quelques assises d'établissement dans la
baie d'Antongil. Et soua la pression de tous
ées souvenirs le gouvernement de la Restau-
ration, dès 1816, par l'organe du baron Por-
tal, ministre de la Marina donnait l'ordre
au gouverneur de l'île Bourbon d'occuper
Tintigue. sur la côte orientale de Madagas-
car, et la petite île Sainte-Marie, afin d af-
firmer en face des prétentions anglaises, les
droits traditionnels de la France.
Sir Robert Farquhar changeait alors de
tactique : au lieu de persister à qualifiei
Madagascar de « dépendance » de l'île
Maurice, il soutenait cette thèse, que les in-
digènes étaient maîtres chez eux ; que les
Anglais de l'île Maurice, non moins que
les Français de l'île Bourbon, pouvaient
réclamer leur hospitalité, et il inaugurait
une vaste offensive commerciale. De 1816
à 1818, il envoyait cinq ambassades au mo-
narque hova. Radama Ier. Ce roi qui n'avait
pas de plus grand plaisir que de se -- costu-
mer en hussard du premier Empire, n'as-
pirait à rien moins qu'à conquérir l'île tout
.entière. Sir Robert Farquhar ne demandait
qu'à l'y aider. « Prohibez sur tout le terri-
toire hova la vente des esclaves, faisait-il
dire à Radama, et chaque année le gouver-
nement de J'lte Maurice vous donnera mille
dollars en or, mille doUars en argent, des
cargaisons d'armes et de projectiles, 'deri
équipements militaires. » L'offre était ac-
ceptée : un traité du 23 octobre 1817 la
ratifiait.
Il faut lire dans le récit que publia Le.
guével de Lacombe sur le voyage qu'entre
1823 et 1830 il fit à Madagascar, le tableau
qu'i.r trace de l'étincelante revue militaire à
laquelle un jour il assista : le roi Radama
tirait des subsides anglais un somptueux
parti. Notre compatriote le voyait chevau-
cher un cheval arabe, pur sang, richement
caparaçonné ; « sa housse de velours était
enrichie d'or et de pierreries ; la bride, la
martingale et jusqu'à la crinière étaient par-
semées de pierreries étincelantes ». Et au-
dessus de la tête de ce beau cavalier, ciuatre
esclaves soutenaient un dais de satin cra-
moisi, orné de franges et de glands en or.
Devant Radama défilait l'armée qu'un vieux
solldat anglais nommé Brady avait organi-
sée : canonniers aux formes athlétiques con-
duisant quatorze bouches à feu ; janissaires
africains auxquels commandait un général
Cafre vêtu d'un somptueux uniforme, et qui
n'étaient pas moins de cinq mme; chan-
teuses dont les hymnes célébraient les guer-
riers défunts ; devins royaux, qui escor-
taient l'étendard de Tippo-Saëb, sultan du
Màïssoivr, donné à Radama par les Anglais
de l'île Maurice. Il semblait. 'à voir un tel
spectacle, que l'éclat même dont s'entourait
le monarque ne fet qu'un reflet du prestige
britntmirmp. - - !
D'autre part, à la grande joie de Sir Ro-
bert Farquhar, deux missionnaires de Lon-
dres débarquaient en 1818 pour créer entre
les Hovas et la Société des Missions de
Londres un lien spiritde. D'année en an-
née, tant que vécut Radama, le lien se con-
solida : le beau-frère même du roi naviguait
vers Londres, en 1821, pour demander
d'autres missionnaires, en vue d'« instruire
le peuple hova dans les arts de la civilisa-
tion et dans la doctrine chrétienne » j et les
vingt-deux écoles, les ateliers professionnels,
qu'ouvraient les apôtres anglais, étaient vus
d'un œil si propice par le monarque hova,
qu'à la distribution des prix de 1826 il ha-
ranguait lui-même les deux mille élèves et
leur octroyait dix bœufs pour leur souper.
Que pesaient, en présence d'un tel début de
conquête morale, les droits de la France,
timidement affirmés sur quelques points du
rivage ?
On pouvait se demuiider, aux alentours
de 1828. si les desseim naguère carressés
par Sir Robert Farquhar n'étaient pas en
voie d'accomplissement, et si Madagascar
n'était pas destiné à devenir une « dépen-
dance » de la civilisation anglo-saxonne, si-
non de la nation anglaise.
Mais une barrière a'ilait être opposée, un
retournement allait se produire ; et nous
dirons dans un prochain article comment les
plans conçus à l'île Maurice pour l'avenir
de Madagascar, furent efficacement gênés,
à la fin de la Restauration, par la fermeté
de la France et par les décisions du Saint-
Siège.
Georges Goyau,
de l'Académie Ftançeiee.
>–«♦«»-"<
L'explosion
de Il l'Armand-Rousseau
»♦»
Le ministère de la Défense Nationale a
été informé qu'un accident, suwenu ( bord
du vapeur Armand-Rousseau, des travaux
publics, en réparation à l'arsenal de Slll-
gon, accident dont la cause n'est pas encore
connue, mais parait être une explosion, u,
entraîné la mort de neuf indigènes et blessé
cinq autres. - -
Le ministre a prescrit d'urgence une est-
quête dont 1les résultats lui seront fournis
par télégramme.
- (Par dépêche.)
Aucun renseignement n'edt encore par-
venu au sujet de l'explosion de l'Armand-
Rousseau. On ne sait encore a qui exac-
tement appartenait le bateau, Marine ou
Colonies ? c'est la question posée.
Informations prises au ministère des Co-
lonies, voici ce qui fut répondu :
« Nos bateaux sont divisés en deux ca-
tégories : 1° ceux, qui ont une immatricula-
tion métropolitaine ; 2° ceux qui sont im-
matriculés sur (place. - 1 ---
H Pour les premiers, nous avons ici les
dossiers corriplts de ces navires ; pour les
seconds, ce sont les services des douanes
des différents ports coloniaux qui conser-
vent les dossiers.
« 11 est vraisemblable que l'Armand-
UousscaU est un bateau utilisé 'pour le ba-
lisage et qui se trouvait à l'arsenal de Saï-
gon à la suite d'avaries; mais ce ne sont
fA que des suppositions et il nous est hn-
possible de répondre avec précision tant
que nous n'aurons pas reçu de renseigne-
ments complémentaires.
« Un bateau Immatriculé par un port co-
lonial [pouf être mis en service, désaffecté,
Veut changer mé/me de nom sans que nous
en soyons officiellement avisés.
le « Ce qu'est Y Armand-Rousseau, nous ne
le saurons qu'au reçu dtes renseignements
demandés à Saigon, m
1 >
AUSIAM
̃ «♦»
Mort d'un ftère du roi
Ou annonce de Bangkok la mort, à la suite
d'une affection cardiaque, du prince Yugala,
un des frères du roi de Siam, à l'âge de 49 ans.
IL avait occupé une place importante dans
le. Gouvernement.
Par dépêche,
–- ) e.. (
Les travaux du Congo-Océan
L'inspection de M. Antonetti
Le gouverneur général Antonetti est reve-
nu le premier avril de sa tournée d'inspec-
tion sur chemin de fer Congo-Océan. Parti
de Pointe-Noire à six heures du matin, il
arriva à Brazzaville à dix-neuf heures tren-
te par la voie lourde de M'Vouti. Se basant
sur cette expérience, le Gouverneur général
compte organiser entre Brazzaville et Pointe-
Noire deux services, le premier pour voya-
geurs pressés comptant une journée de voya-
ge ; le deuxième : deux journées avec cou-
cher à Madingou. La Section Mayumbe ve-
nant d'être achevée du kilomètre 100 à. 1-28,
comporte sept tunnels, vingt-quatre viaducs,
la longueur totale est de t.360 mètres, vingt-
deux murs de soutènement, ces travaux sont
rendus complexes par suite des difficultés de
circulation pour le ravitaillement des vivres
et des matériaux dans la gorge très étroite
des kilomètres 100 à 128. Le premier avril,
l'état d'avancement de la section Pointe-
Noire voie lourde exploitée est de 128 kilo-
mètres. Les travaux 'attaqués vont jusque
150 ktn. Les tunnels : Bamba 600 mètres per-
cés, dont 140 côté Brazzaville, 460 côté
Pointe-Noire ; section Brazzaville voie lour-
de exploitée 141 kilomètres, pose poursuivie. ;
Sera Madingou kilomètre 233 premier octo-
bre, travaux attaqués 180. Il se confirme que'
le chemin de fer sera terminé en 1934. Des
maintenant tout le matériel et le ravitaille-
client sont acheminés par Pointe-Noire.
L'avenir de nos pêcheries
coloniales
à*-
1a
E Séltal, dans la
séance du jeudi 31
mars, a tenu, avant
de s'ajourner, à vo'-
ter les deux propo-
sitions de lois se
rapportant à la pror
tection et au déve-
loppement de nos
grandes pèches.
Le premier projet
adopté portait encouragement aux grandes
pêclles, et le deuxième tendait à modi-
fier l'article 3 de la loi du 30 mars 1928
ayant pour objet d'iiiterdire la pêche aux
étrangers dans les eaux territoriales de
brame et d'Algérie.
Le Congrès des pèches qui s'est tenu
récemment à Paris et un afiicle de AI.
A. Gruvel, Professeur ¡ilf. Muséum d'His-
toire Naturelle de Paris et Conseiller techni-
que du Ministère des Colonies, ont mis en
évidence « l'urgence qu'il 'l' a d'organiser
nos pêcheries coloniales 9.
Le déficit croissant de la pêche indus-
trielle continentale, qui alimente le marché
européen, par suite de l'appauvrissement de
la faune normale de chalut dans les mers
qui baignent l'Europe, nous fait une im-
périeuse obligation de nous alimenter ailleurs
en poisson.
A cette grtrve constatation-, le remède est
heureusement trouve et, sans hésiter, on peut,
affirmer que la partie de l'Océan Atlan-
tique qui, du Maroc au fleuve Sénégal,
compte 2.000 kilomètres de côtes peut don-
ner lieu à une fructueuse exploitation.
Evidemment, la pèche industrielle ne peut,
y être organisée partout, par suite de la
nature inhospitalière (le la côte ,: il existe,
a-pelldcml, un emplacement remarquable:
Ici « baie du Lévrier »; entre Las Patinas
et Dakar, facile ment accessible aux grands
chalutiers modernes jusqu'à Port-Eticnnc.
Là s'est créé un important centre de pèche
industrielle française, dont le professeur
Gruvel, dans, son article très documente,
expose tout l'avenir, grâce aux méthodes
scientifiques de conservation du poisson
(co"gélatioll)
« On estime à cllviro/l. 100.000 tonnes, le
poids du poisson qui pourrait être péché et
expédié de notre Afrique Occidentale vers
les ports européens* --.,
Puisque les ressources* en poissons dimi-
nuent en Europe, c*est sans tarder qu'il jaut
exploiter de nouveaux champs de travail et
de pêche ; l'Afrique Occidentale française,
gardons-nous de l'oublier, présente aux
grandes pêches, le plus OCtllt cltamp d'action
qui soit.
Nos pêcheries coloniales doivent alimenter
le marché européen. C'est, à nous à ne pas
trous laisser distancer et à prendre, eu
temps opportun, les mesures qui assureront
l'outillage moderne de nos grandes pêclte-
ries coloniales. *
Edouard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Vice-Ptésident de la Commission
des Douanes.
E
Elections coloniales
-–
Dans les Etablissements français
de l'Inde
M. Pierre Benoît renonce à poser sa can-
didature royaliste aux élections législatives
dans les établissements français de l'Inde.
Le brillant écrivain qui a adhéré depuis
longtemps à VAction française, s'embarque
à destination de Bagdad et Mossoul et aban-
donne toute velléité politique tant en France
qu'aux colonies.
Nous apprenons, d'autre part, que M.
Nara, fonctionnaire aux travaux publics,
sera candidat républicain à la succession de
M. Copponat. Nous souhaitons que la popu-
lation accepte favorablement la candidature
d'un des siens et nos amis peuvent être sûrs
que M. Nara trouvera auprès des Français
de la Métropole un accueil cordial.
M. Louis Prat, radical-socialiste, est éga-
le ment candidat au siège de député des Eta-
blissements français de l'Inde.
i
A la Présidence de la République
I#»
La société coloniale des artistes français
chez M. Doumer
M. Paul Doumer a reçu à l'Elysée le vice-
président-fondateur de la Société coloniale des
artistes français, M. Léon Ruffe, qui, avec
une délégation, venait le prier d'inaugurer, le
28 avril au Grand Palais, t'exposition de la
Société et de ses boursiers de voyage aux co-
lonies. Le président a accepté.
RUE OUDINOT
̃
M. de Chappedelaine décore M. Pelont
Au cours d'une cérémonie intime à laquelle
ont assisté ses collaborateurs, M. de Chap-
pedclainc, ministre des Colonies, a remis les
insignes d'officier M. Charles Peloni, chef adjoint de son ca-
binet.
m PrésltattiH Ceisell
Les réceptions de M. Tatdieu
M. André Tardieu, président du Conseil, a
reçu. MM. de Chqpedelaine, ministre des
Colonies, et Henry Bérenger, président de la
Commission sénatoriale des Affaires étran.
gères,
i Réflexions
sur le budget - tunisien
i..
L'année budgétaire de la Métropole ayant
été ramenée à neuf mois, le gouvernement
tunisien, pour des raisons comptables, a
adopté une mesure identique pour son bud-
get, lequel commençant le ictf avril finira le
31 décembre 4932.
Soumis dans ces conditions au Grand
Conseil, l'exercice de 1931 s'est établi, après
délibération de cette assemblée, au chiffre de
461.215.126 francs, ce qui porterait ce budget
pour un exercice normal à 619 millions en-
viron. En y ajoutant les budgets des établis-
sements annexes, des communes et des ré-
gions, on arrive à un total de près d'un mil-
fiard de francs.
C'est beaucoup pour uu petit pays comme
la Tunisie, si l'on cousidère les deux années
de détresse agricole et économique que nous
venons de traverser; niais si l'on replace la
Tunisie dans la ligue normale de son évolu-
tion, c'est un budget supportable qui permet
d'envisager l'avenir avec quelque confiance.
Ce budget a été équilibre avec 34 millions
id' impôts nouveaux et laisse prévoir que le
prochain exercice nécessitera de nouvelles
charges fiscales. Ce qui n'a pas manqué de
jeter une note pessimiste dans l'opinion de
la colonie. En principe, on paie toujours
trop d'impôts et le fisc est insatiable; mais
si le contribuable tunisien fait une petite
comparaison avec ce que paie, au même ti-
tre, son voisin algérien, il sera porté à moins
de récriminations et à plu.s de courage fiscal.
Nous accordons, toutefois, que les nouveaux
impôts auraient dû porter davantage sur le
revenu et un peu moins sur la consomma-
tion.
Le véritable point faible de ce budget c'est
qu'il lie comporte pas de disponibilités finan-
cières pour les travaux d'outillage général.
« Nous sommes eu présence d'une page blan-
che ! » s'est écrié le rapporteur général de la
Commission d'outillage économique, en cons-
tatant que la Commission ne disposait dJau-
(;uii crédit pour des travaux d'intérêt gé-
néral.
Nous avons écrit ici même que le budget
tunisien devrait bon an mal an permettre de
consacrer au moins le dixième de son mon-
tant total, soit soixante millions environ, à
gaiger des emprunts d'outillage ou à une
affectation directe pour des travaux urgents.
- Jusqu'en -- 1929, les excédents budgétaires ont
pu, dans une certaine mesure, être employés
à couvrir des dépenses d'outillage, tuais de-
puis deux ans la source des excedents de re-
cettes s'est tarie, et il 11e faut pas compter
que la trésorerie retrouve son élasticité de si
tôt étant donné les dépenses exceptionnelles
d'assistance auxquelles le Gouvernement doit
Taire face dans le présent, et même dans
^tfvénir: - • • ->; 0"-- - - 1
De sorte que la Tunisie se trouve gênée
pour assurer la continuation de ses travaux
d'outillage, lesquels sont indispensables
aussi bien pour la mise en valeur du sol que
pour l'extensiun de la matière imposable
elle-même. De plus les œuvres sociales tel-
les que l'instruction publique et l'assistance
médicale requièrent également une mise de
fonds permanente. Ces œuvres, on peut en
ralentir la cadence, en période de crise, mais
non supprimer leur développement, ce serait
arrêter la véritable tâche civilisatrice du
protectorat.
Il importe donc de sortir de l'impasse où
nous nous trouvons à la suite d'événements
dont nous ne sommes pas tout à fait respon-
sables, en envisageant l'avenir avec opti-
misme, un optimisme fondé sur le travail et
la sagesse.
La solutiuii, elle oM. dans l'effort que la
Tunisie fera pour limiter dans la mesure du
possible ses frais de gestion administrative
sans gêner l'extension des services publics
nécessaires dans un pays neuf, et dans le
courage qu'elle montrera en - créant des res-
sources nouvelles pour gager un emprunt de
grande envergure. Judicieusement réparti et
dépensé, c'est-à-dire en discernant, le vivant,
cet emprunt doit permettre à la Tunisie de
franchir la dure période actuelle et d'aller
allègrement vers l'avenir.
Arthur Pellegrint
Délégué au Grand Conseil de la Tunisie.
, -.- (
Dans la Marine
.-
Essais du « Dumont-d'Urville »
L'aviso colonial Dumont-d'Urville appa-
reillera aujourd'hui de Toulon pour Cher-
bourg, ses essais préliminaires achevés.
Manœuvres d'escadre et départs
La première escadre appareillera domain
pour commencer, sous les ordres du vice-
amiral Robert, les croisières de ses divisions
sur les côtes d'Algérie et dit Levant. Le Pri-
maugiiet quittera Toulon le lendemain,
ayant à son bord le vice-amiral Berthclot,
dont il porte le pavillon et qui prendra le
commandement de nos forces navales en L, x-
ttême-Orient. Enfin, le 16 avril, le vaisseau-
école des officiers de la marine /èafiitc.,d'A.rc
appareillera pour sa circumnavigation en
Méditerranée.
Obsèques de la Marquise
de Barthélémy
̃ «»«
Hier lundi, à 11 heures, ont été célébrées
à l'église de Para-lJcual'.;lIc (Seine-et-Oise),
en présence d'une nombreuse assistance, les
obsèques de Mme la Marquise de Barthélémy,
née Dor.
Plusieurs personnalités du monde' colonial et
indochinois avaient lenu à témoigner au mar-
quis de Barthélémy les sentiments d'affection
et de respect qu'ils alJOient pour sa regrettée
compagne.
Est-il besoin de rappeler à tous ceux qui
la connaissaient sa culture. sa grande connais-
sance des mondes politique ef religieux et des
problèmes internationaux ?
Outre ses qualités d'intelligence, la Mar-
quise de Barthélémy était appréciée unanime-
ment pour ron grand cœur et les manifestations
de sa bonté demeurent innombrables.
A
Les réceptions en l'honneur
du retour de M. Lucien Saint
»♦»
A Casablanca
M. Lucien Saint, rentrant de Paris, a dé-
barqué, samedi matin, à Casablanca.
Après avoir passé en revue la compagnie
d'honneur et salué le drapeau du 1er zouaves,
il se rendit à la résidence où il eut de nom-
breuses entrevues.
A midi. un grand banquet a été offert par
la population casablancaise au Résident.
A l'issue du banquet offert à M. Saint par
la ville de Casablanca, M. Rivonet. président
de la Commission municipale, se défendant de
prononcer un discours, a présenté au Résident,
au nom des assistants, son hommage respec-
tueux et ému.
Aussitôt après, M. Saint, en une familière
allocution, a exprimé sa joie de reprendre,
des le retour, contact avec tous ceux qu'il
considère comme les collaborateurs de sa tâche
quotidienne.
-. Il n'est pas, a-t-il dit, d'exemple de
colonisation aussi réussie, en un temps si court,
que celui offert par le Maroc qui fait l'admira-
tion du monde entier.
Résumant les souvenirs de son voyage en
France, M. Saint s'est félicité d'avoir pu faire
voter l'emprunt qui apportera au Maroc un
nouvel élément d'activité, accepter le budget
dont l'équilibre marque la prospérité profonde
du protectorat et régler la délicate question du
contingentement des blés. Et il a conclu parmi
les applaudissements crépitants :
Continuez à. travailler en pleine confiance
et harmonie de vues avec le gouvernement.
L'union qui s'est réalisée ici aujourd'hui me
fait augurer pour le Maroc de destinées heu-
reuses et prospères,
A Rabat
Le Résident général a regagné Rabat à
15 heures.
A son arrivée à Rabat, il s' est rendu aux
fêtes du centenaire du Il'I" régiment de chas-
seurs d'Afrique qui se déroulaient au grand
Méchouar, au palais du sultan. A son arrivée
sur le terrain, M. Lucien Saint a été acclamé
par une foule considérable. Le Résident gé-
néral a félicité l' organisateur de cette fête du
centenaire au cours de laquelle ont été présen-
tés des escadrons en tenue 1830, avec les dra-
-peaux de la conquête de l'Algérie.
Cent ans de bravoure, d'hetoïsme, d'abné-
gation. De nombreux discours retracèrent les
faits d'armes qui sont inscrits sur le livre d'or
du régiment.
Formé en 1832 avec des éléments français
et indiFties. le ll'r chasseurs d'Afrique .parti*
dpa à toute la conquête de l'Algérie : Duara.
Oued-el-Kébir, Mouzaïa, la prise de la smala
en liaison avec les spahis,
Le voici en Crimée. On le trouve en Ka-
bylie, en Italie, au Mexique.
En 1870, le lor chasseurs est en France.
Le voici de nouveau en Kabylie, dont il
aide à la pacification ; puis en Tunisie. Il
revint en Asie avant de se couvrir de gloire à
Madagascar.
La grande guerre devait mettre en action sa
bravoure et son esprit de sacrifice..
Maintenant, il est retourné sur la brèche,
il est un de ceux qui contribuent à l'achève-
ment de notre pacification au 'Maroc
Le Résident s'est rendu, après le défilé des
troupes, à la maison municipale où la popula
tion de Rabat lui a offert un vin d'honneur,
le remerciant par l'organe du doyen de la co-
lonie, des heureux résultats personnels qu'il a
obtenus du gouvernement et du Parlement, par
le vole de l'emprunt d'équipement général du
Maroc.
M. Lucien Saint a rendu hommage aux co-
lons et aux troupes dont les efforts inlassables
ont permis le développement du Maroc et qui
l'ont secondé admirablement auprès des pou-
voirs métropolitains.
Nos écrivains
en Afrique du Nord
«♦»
M. André Chevrillon, de l'Académie fran-
çabe, qui vient de publier un important ou-
vrage hUi Taine, est parti hier pour le
Maroc.
- ----+---+
Tu te rends compte.
ENFONCÉ, TARTARÏN ! I I !
Nos lecteurs connaissent sans doule V histoire
de Marias revenant de chasser au Sahara, et
racontant à la terrasse du café g lacier sur la
Cannebière ses exploits : un lion apparaissant
au sommet d'une dune. Pan l il le tuait ; un
autre smgissait près de lui, pan ! il le tuait, et
ainsi quatre, huit, dix, enfin qllel chasseur el
quel coup d'oeil 1
Tartarin n'était pas morf l
Cependant, d'Indochine, nous arrivent les
échos d'une chasse aux tigres qui fut brillante
entre toutes : un chasseur étendit en trois jours
sept tigres splendides qu'il rapporta à Saïgon.
Il raconta à ses amis en ses termes son exploit :
-.
cc La tigresse surgit la pretnicre dans la nuit.
Deux yeux rouges clignotants comme des étoi-
les, une balle en plein front, la tigresse bondit
en mugissant et tombe comme une masse,
inerte, morte. Trois autres tigres n'étaient pas
lein, je les cherchai dans les broussailles. Sou-
dain, deux yeux : je tire. Deux autres yeuA,
je tire encore. Deux yeux encore, je tire tou-
jours. Et puis rien.,. Je m'approcha; : les trois
tigres se débattaient à terre, mortellement at-
teints. Je fis mon quadruplé en l'espace de
quelques minutes. C'était de 'la chance, cela
va sans dire.
« Les trois autres, je les ai tués dans la
même région, de la même manière, sur mirador
avec appât mort ou vivant. Je les ai abattus
un par Ufl. en trois nuits. »
Les héros marseillais ou non de grandes
chffl. cs^,,bnyit "tcr de cet exploit'
.f; F. J.
Un hommage de Bordeaux
à Emile Gentil
Sur l'initiative du Groupe Colonial Post-
scolaire de Bordeaux, et de son président-
fondateur, M. Godefroy Ration, M. le maire
de Bordeaux a été saisi en septembre 1930
d'une demande ayant pour objet d'expri-
mer le désir de voir le nom de l'illustre
explorateur du Tchad, Emile Gentil, donné
à une des voies de la vil'le où le grand et
héroïque colonial français est mort le 31 mars
1914.
Ce vœu vient d'être exaucé par une déci-
sion du Conseil municipal de Bordeaux en
date du 15 mars courant, par laquelle l'Al-
léc-du-Pin, dans le quartier de Saint-Augus-
tin, portera désormais le nom d'Emile-
Gentil.
Ailli Bordeaux, où Emile Gentil vint vi-
vre ses dernières années, s'honore grande-
ment en lui rendant cet hommage de son in-
défectible reconnaissance, qui sera complété,
bientôt, par l'apposition d une plaque com-
mémorativ'e sur l'immeuble de notre ville
qu'il habita ju5qu'à sa mort. Un Comité va
être constitué avec mission de préparer cette
cérémonie.
*
La suppression des intermédiaires
dans le commerce malgache
«♦«
Les Annales Coloniales ont signalé à main-
tes reprises, comme étant l'une des causes effi-
cientes de la crise actuelle, le rôle joué par
les intermédiaires dans les transactions com-
merciales. Constatant, en ce qui concerne nos
colonies, les scandaleux écarts existant entre
les prix des denrées aux lieux de production
et leurs prix de vente aux consommateurs mé-
tropolitains, nous n'avons cessé d'exhorter nos
producteurs d'outre-mer à s'organiser pour des
ventes directes sur notre marché. Cette idée
est maintenant en route, ainsi que nous avons
pu le constater par des initiatives prises prin-
cipalement en Algérie.
Il nous est tout particulièrement agréable
aujourd'hui de relever une initiative des plus
heureuses, due au Gouverneur général Cayla :
celle de la création dans la province en Tana-
narive de marchés administratifs spéciaux pour
la vente directe du paddy, des producteurs aux
usiniers. Ces récoltes proviennent en outre de
semences sélectionnées avec le plus grand - soin
et distribuées aux cultivateurs indigènes. Les
dernières ventes se sont faites à un cours de
450 francs la tonne, alors que le prix normal
des paddys ordinaires oscille entre 200 £ t
225 francs.
Si, dans cet écart,- la qualité est évidem-
ment pour beaucoup, la suppression de l'inter-
médiaire inutile est aussi pour quelque chose.
Il reste encore un palier à franchir, et c'est
le plus difficile, nous le reconnaissons.
Mais pour plus d'une denrée coloniale, la
production suffisamment développée est de na-
ture à inciter déjà nos colons à s'organiser pour
l'installation dans nos grands ports d'orga-
nismes de représentation et de vente directe à
frais communs.
Ce que l'on continue d'appeler la crise, et
qui n'est peut-être bien qu' une stabilisation,
veut qu'à un ordre de chose nouveau corres-
pondent des initiatives nouvelles.
) -.- (
Compression des dépenses
budgétaires à Madagascar
r..
Dès son retour à Madagascar, le Gouver-
neur général Cayla a porté toule son attention
sur la question d'une compression aussi grande
que possible des dépenses budgétaires de sa
colonie.
Dans une circulaire adressée le 4 mars der-
nier à ses directeurs et chefs de service, il
s'exprime ainsi qu'il suit :
(( La compression sévère qu ont déjà subie
les crédits de matériel et, par ailleurs, la
proportion des dépenses de personnel, deve-
nue anormale, nous obligent à réduire progres-
sivement ces dernières dépenses.
u J'envisage donc, indépendamment de la
réduction des indemnités de zone et de cherté
de vie dont j'ai parlé, les mesures suivantes
dont les effets devront d'ailleurs s' accentuer
au cours des années à venir.
- , --
I" Réduction des effectifs. Si une ré-
duction des effectifs nc. paraît pas possible dans
certains services dont le développement nor-
mal a été arrêté par la crise. elle est certaine-
ment réalisable dans divers compartiments de
l'administration lorale,. ainsi que certains d'en-
tre vous me 1, ont eux-mêmes déclaré.
Il Celte réduction sera, dans certains cas,
facilitée par une meilleure organisation des
services. Je citerai, à titre (l'exemple., r achè-
vement de la réorganisation administrative qui
comportera la suppression des provinces et Ic
rattachement direct des districts aux régions.
2° Retour à une péréquation normale des
cadres. A supposer que la réduction des
effectifs ne procure que des économies limi-
lées, des réductions de dépenses pourront être
utilement recherchées dans le rétablissement
d'une péréquation rationnelle des cadres. Il
est de toute évidence qu'à l'heure acluelle, les
cadres de certains services sont mal équilibres
cl que les emplois supérieurs sont en nombre
excessi f. Il est juste de reconnaître que cette
situation tient en partie aux rappels de services
militaires qui sont venus s'ajouter aux avance-
ments habituels. Si légitime que soit la cause
principale de la situation présente, il n'importe
pas moins de revenir d'année en année à la
normale et de ne pas considérer comme défi-
nitive une péréquation qui résulte uniquement
de circonstances spéciales.
30 Emploi des éléments indigèncs. - L' ad -
ministration locale, suivant en cela l' exemple
des entreprises privées, a, au cours des der-
nières années, ouvert plus largement que par le
passé l'accès des services d'exécution aux can-
didats indigènes pourvus d'une formation pro-
Et NUMERO : 30 CllNTDl8
MARDI SOIR, 12 KVR1L 19M.
MWMljQOTlilM
Réduction & Administrmtitn :
r-làdis og.)
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Les Annales Coloniales
Ln aumwoo et rèctovMi MM WfMi m
turMu du JéwiMl. -..-
DmicTBUii.FoNPATiuii i Mareel RUKDEL
r. te. articles publiés dans notre journal ne muvmM
être reproduits qu'en citant les AMJMLBS CeL8IIIALII.
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On s'abonne sus mit dm
tous la banw Ai peetI.
0
Madagascar il y a cent ans
- - - E
L'offensive anglaise
1
Lorsque, en 1814, l'article 8 du traité de 1
Paris fit à l'Angleterre la cession de 1 île de
France actuellement île Mauricè - et
de ses « dépendances », Sir Robert Far-
quhar, gouverneur de Maurice, prétendit
que soUs cette dernière rubrique, Madagas-
car devait être compris. Son désir, c était
que, dans cette grande île, l'Angleterre po-
litique et militaire s'installât. Déjà, depuis
quelques années,.à la faveur de 1 âpre crise
que traversaient à cette époque, faute de
recrutement et faute de ressources, les mis-
sions catholiques, l'Angleterre .religieuse
songeait à s'installer dans Madagascar, ne
doutant pas que les voies y fussent complè-
tement libres: Deux rapports signés du doc-
teur Van dër Ktemp, ancien capitaine de
la cavalerie hollandaise, devenu l'un des
missionnaires de la jeune Société des Mis-
sions de Londres, étaient ^partis du Cap, en
1790 et 1804, pour le siège central de cette
.&..& ot av'upnt nniir.lii Que dans Mada-
"J\I'\;"", vv ,.. M&--" ----'-- - A - - -
gascar l'Angleterre devait prêcher l'Evan-
gile ; et. sur l'ordre de la Société de Lon-
dres entre 1811 et t814 les missionnaires
Thompson, Milne et Lebrun, avaient adressé
des questionnaires aux protestants de l'île
Maurice, sur les efforts qu'à Madagascar on
pouvait tenter, sur les succès qu on pou-
vait recueillir. Pour raisons politiques, assu-
rément. beaucoup plus que pour raisons re-
ligieuses, Sir Robert Farquhar songeait à
orienter vers cette terre les regards de ses
coreligionnaires anglais; et complaisamment
il s'abandonnait au beau rêve de voir bien-
tôt les consciences malgaches relever de la
Société des Missions de Londres et le pavil-
Ion britannique flotter en terre malgache.
') On pressentait, à Paris, les aspirations de
> l'ambitieux gouverneur : et la France, mal'-
gré ses récents désastres, n'était pas d'hu-
meur à laisser faire Sir Robert Farquhar.
La France se souvenait que c'était vers
cette terre que suint Vincent de Paul, au
xvnO siècte, avait dirigé ses premiers mts-
ftkrtlçiaires Lazaristes, Nacquart, Gondrée-.
Bourdaise ; elle se souvenait qu'à plusieurs
reprises, au cours du dix-huitième siècle,
des Lazaristes français de l'île, de Francs,
des Lazaristes français de l'lie Bourbon,
avaient tourné vers cette lie des regards im*
tfwienis, '.ut qu'au début Ou reglie de
Louis XVL le - ministre même de la Marine
avait demandé aux Lazaristes de faire un
nouvel essai, bientôt interrompu par la Ré-
volution française ; elle se souvenait, enfin,
dès droits territoriaux que lui avaient lé-
eués, sur certains points de la côte, la vieille
Société d'Orient et la vieille Compagnie des
Indes, et du geste nouveau qu'avait esquissé
le gouvernement de Louis XVI lorsqu'en
son nom le polonais Benvowsky avait posé
quelques assises d'établissement dans la
baie d'Antongil. Et soua la pression de tous
ées souvenirs le gouvernement de la Restau-
ration, dès 1816, par l'organe du baron Por-
tal, ministre de la Marina donnait l'ordre
au gouverneur de l'île Bourbon d'occuper
Tintigue. sur la côte orientale de Madagas-
car, et la petite île Sainte-Marie, afin d af-
firmer en face des prétentions anglaises, les
droits traditionnels de la France.
Sir Robert Farquhar changeait alors de
tactique : au lieu de persister à qualifiei
Madagascar de « dépendance » de l'île
Maurice, il soutenait cette thèse, que les in-
digènes étaient maîtres chez eux ; que les
Anglais de l'île Maurice, non moins que
les Français de l'île Bourbon, pouvaient
réclamer leur hospitalité, et il inaugurait
une vaste offensive commerciale. De 1816
à 1818, il envoyait cinq ambassades au mo-
narque hova. Radama Ier. Ce roi qui n'avait
pas de plus grand plaisir que de se -- costu-
mer en hussard du premier Empire, n'as-
pirait à rien moins qu'à conquérir l'île tout
.entière. Sir Robert Farquhar ne demandait
qu'à l'y aider. « Prohibez sur tout le terri-
toire hova la vente des esclaves, faisait-il
dire à Radama, et chaque année le gouver-
nement de J'lte Maurice vous donnera mille
dollars en or, mille doUars en argent, des
cargaisons d'armes et de projectiles, 'deri
équipements militaires. » L'offre était ac-
ceptée : un traité du 23 octobre 1817 la
ratifiait.
Il faut lire dans le récit que publia Le.
guével de Lacombe sur le voyage qu'entre
1823 et 1830 il fit à Madagascar, le tableau
qu'i.r trace de l'étincelante revue militaire à
laquelle un jour il assista : le roi Radama
tirait des subsides anglais un somptueux
parti. Notre compatriote le voyait chevau-
cher un cheval arabe, pur sang, richement
caparaçonné ; « sa housse de velours était
enrichie d'or et de pierreries ; la bride, la
martingale et jusqu'à la crinière étaient par-
semées de pierreries étincelantes ». Et au-
dessus de la tête de ce beau cavalier, ciuatre
esclaves soutenaient un dais de satin cra-
moisi, orné de franges et de glands en or.
Devant Radama défilait l'armée qu'un vieux
solldat anglais nommé Brady avait organi-
sée : canonniers aux formes athlétiques con-
duisant quatorze bouches à feu ; janissaires
africains auxquels commandait un général
Cafre vêtu d'un somptueux uniforme, et qui
n'étaient pas moins de cinq mme; chan-
teuses dont les hymnes célébraient les guer-
riers défunts ; devins royaux, qui escor-
taient l'étendard de Tippo-Saëb, sultan du
Màïssoivr, donné à Radama par les Anglais
de l'île Maurice. Il semblait. 'à voir un tel
spectacle, que l'éclat même dont s'entourait
le monarque ne fet qu'un reflet du prestige
britntmirmp. - - !
D'autre part, à la grande joie de Sir Ro-
bert Farquhar, deux missionnaires de Lon-
dres débarquaient en 1818 pour créer entre
les Hovas et la Société des Missions de
Londres un lien spiritde. D'année en an-
née, tant que vécut Radama, le lien se con-
solida : le beau-frère même du roi naviguait
vers Londres, en 1821, pour demander
d'autres missionnaires, en vue d'« instruire
le peuple hova dans les arts de la civilisa-
tion et dans la doctrine chrétienne » j et les
vingt-deux écoles, les ateliers professionnels,
qu'ouvraient les apôtres anglais, étaient vus
d'un œil si propice par le monarque hova,
qu'à la distribution des prix de 1826 il ha-
ranguait lui-même les deux mille élèves et
leur octroyait dix bœufs pour leur souper.
Que pesaient, en présence d'un tel début de
conquête morale, les droits de la France,
timidement affirmés sur quelques points du
rivage ?
On pouvait se demuiider, aux alentours
de 1828. si les desseim naguère carressés
par Sir Robert Farquhar n'étaient pas en
voie d'accomplissement, et si Madagascar
n'était pas destiné à devenir une « dépen-
dance » de la civilisation anglo-saxonne, si-
non de la nation anglaise.
Mais une barrière a'ilait être opposée, un
retournement allait se produire ; et nous
dirons dans un prochain article comment les
plans conçus à l'île Maurice pour l'avenir
de Madagascar, furent efficacement gênés,
à la fin de la Restauration, par la fermeté
de la France et par les décisions du Saint-
Siège.
Georges Goyau,
de l'Académie Ftançeiee.
>–«♦«»-"<
L'explosion
de Il l'Armand-Rousseau
»♦»
Le ministère de la Défense Nationale a
été informé qu'un accident, suwenu ( bord
du vapeur Armand-Rousseau, des travaux
publics, en réparation à l'arsenal de Slll-
gon, accident dont la cause n'est pas encore
connue, mais parait être une explosion, u,
entraîné la mort de neuf indigènes et blessé
cinq autres. - -
Le ministre a prescrit d'urgence une est-
quête dont 1les résultats lui seront fournis
par télégramme.
- (Par dépêche.)
Aucun renseignement n'edt encore par-
venu au sujet de l'explosion de l'Armand-
Rousseau. On ne sait encore a qui exac-
tement appartenait le bateau, Marine ou
Colonies ? c'est la question posée.
Informations prises au ministère des Co-
lonies, voici ce qui fut répondu :
« Nos bateaux sont divisés en deux ca-
tégories : 1° ceux, qui ont une immatricula-
tion métropolitaine ; 2° ceux qui sont im-
matriculés sur (place. - 1 ---
H Pour les premiers, nous avons ici les
dossiers corriplts de ces navires ; pour les
seconds, ce sont les services des douanes
des différents ports coloniaux qui conser-
vent les dossiers.
« 11 est vraisemblable que l'Armand-
UousscaU est un bateau utilisé 'pour le ba-
lisage et qui se trouvait à l'arsenal de Saï-
gon à la suite d'avaries; mais ce ne sont
fA que des suppositions et il nous est hn-
possible de répondre avec précision tant
que nous n'aurons pas reçu de renseigne-
ments complémentaires.
« Un bateau Immatriculé par un port co-
lonial [pouf être mis en service, désaffecté,
Veut changer mé/me de nom sans que nous
en soyons officiellement avisés.
le « Ce qu'est Y Armand-Rousseau, nous ne
le saurons qu'au reçu dtes renseignements
demandés à Saigon, m
1 >
AUSIAM
̃ «♦»
Mort d'un ftère du roi
Ou annonce de Bangkok la mort, à la suite
d'une affection cardiaque, du prince Yugala,
un des frères du roi de Siam, à l'âge de 49 ans.
IL avait occupé une place importante dans
le. Gouvernement.
Par dépêche,
–- ) e.. (
Les travaux du Congo-Océan
L'inspection de M. Antonetti
Le gouverneur général Antonetti est reve-
nu le premier avril de sa tournée d'inspec-
tion sur chemin de fer Congo-Océan. Parti
de Pointe-Noire à six heures du matin, il
arriva à Brazzaville à dix-neuf heures tren-
te par la voie lourde de M'Vouti. Se basant
sur cette expérience, le Gouverneur général
compte organiser entre Brazzaville et Pointe-
Noire deux services, le premier pour voya-
geurs pressés comptant une journée de voya-
ge ; le deuxième : deux journées avec cou-
cher à Madingou. La Section Mayumbe ve-
nant d'être achevée du kilomètre 100 à. 1-28,
comporte sept tunnels, vingt-quatre viaducs,
la longueur totale est de t.360 mètres, vingt-
deux murs de soutènement, ces travaux sont
rendus complexes par suite des difficultés de
circulation pour le ravitaillement des vivres
et des matériaux dans la gorge très étroite
des kilomètres 100 à 128. Le premier avril,
l'état d'avancement de la section Pointe-
Noire voie lourde exploitée est de 128 kilo-
mètres. Les travaux 'attaqués vont jusque
150 ktn. Les tunnels : Bamba 600 mètres per-
cés, dont 140 côté Brazzaville, 460 côté
Pointe-Noire ; section Brazzaville voie lour-
de exploitée 141 kilomètres, pose poursuivie. ;
Sera Madingou kilomètre 233 premier octo-
bre, travaux attaqués 180. Il se confirme que'
le chemin de fer sera terminé en 1934. Des
maintenant tout le matériel et le ravitaille-
client sont acheminés par Pointe-Noire.
L'avenir de nos pêcheries
coloniales
à*-
1a
E Séltal, dans la
séance du jeudi 31
mars, a tenu, avant
de s'ajourner, à vo'-
ter les deux propo-
sitions de lois se
rapportant à la pror
tection et au déve-
loppement de nos
grandes pèches.
Le premier projet
adopté portait encouragement aux grandes
pêclles, et le deuxième tendait à modi-
fier l'article 3 de la loi du 30 mars 1928
ayant pour objet d'iiiterdire la pêche aux
étrangers dans les eaux territoriales de
brame et d'Algérie.
Le Congrès des pèches qui s'est tenu
récemment à Paris et un afiicle de AI.
A. Gruvel, Professeur ¡ilf. Muséum d'His-
toire Naturelle de Paris et Conseiller techni-
que du Ministère des Colonies, ont mis en
évidence « l'urgence qu'il 'l' a d'organiser
nos pêcheries coloniales 9.
Le déficit croissant de la pêche indus-
trielle continentale, qui alimente le marché
européen, par suite de l'appauvrissement de
la faune normale de chalut dans les mers
qui baignent l'Europe, nous fait une im-
périeuse obligation de nous alimenter ailleurs
en poisson.
A cette grtrve constatation-, le remède est
heureusement trouve et, sans hésiter, on peut,
affirmer que la partie de l'Océan Atlan-
tique qui, du Maroc au fleuve Sénégal,
compte 2.000 kilomètres de côtes peut don-
ner lieu à une fructueuse exploitation.
Evidemment, la pèche industrielle ne peut,
y être organisée partout, par suite de la
nature inhospitalière (le la côte ,: il existe,
a-pelldcml, un emplacement remarquable:
Ici « baie du Lévrier »; entre Las Patinas
et Dakar, facile ment accessible aux grands
chalutiers modernes jusqu'à Port-Eticnnc.
Là s'est créé un important centre de pèche
industrielle française, dont le professeur
Gruvel, dans, son article très documente,
expose tout l'avenir, grâce aux méthodes
scientifiques de conservation du poisson
(co"gélatioll)
« On estime à cllviro/l. 100.000 tonnes, le
poids du poisson qui pourrait être péché et
expédié de notre Afrique Occidentale vers
les ports européens* --.,
Puisque les ressources* en poissons dimi-
nuent en Europe, c*est sans tarder qu'il jaut
exploiter de nouveaux champs de travail et
de pêche ; l'Afrique Occidentale française,
gardons-nous de l'oublier, présente aux
grandes pêches, le plus OCtllt cltamp d'action
qui soit.
Nos pêcheries coloniales doivent alimenter
le marché européen. C'est, à nous à ne pas
trous laisser distancer et à prendre, eu
temps opportun, les mesures qui assureront
l'outillage moderne de nos grandes pêclte-
ries coloniales. *
Edouard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Vice-Ptésident de la Commission
des Douanes.
E
Elections coloniales
-–
Dans les Etablissements français
de l'Inde
M. Pierre Benoît renonce à poser sa can-
didature royaliste aux élections législatives
dans les établissements français de l'Inde.
Le brillant écrivain qui a adhéré depuis
longtemps à VAction française, s'embarque
à destination de Bagdad et Mossoul et aban-
donne toute velléité politique tant en France
qu'aux colonies.
Nous apprenons, d'autre part, que M.
Nara, fonctionnaire aux travaux publics,
sera candidat républicain à la succession de
M. Copponat. Nous souhaitons que la popu-
lation accepte favorablement la candidature
d'un des siens et nos amis peuvent être sûrs
que M. Nara trouvera auprès des Français
de la Métropole un accueil cordial.
M. Louis Prat, radical-socialiste, est éga-
le ment candidat au siège de député des Eta-
blissements français de l'Inde.
i
A la Présidence de la République
I#»
La société coloniale des artistes français
chez M. Doumer
M. Paul Doumer a reçu à l'Elysée le vice-
président-fondateur de la Société coloniale des
artistes français, M. Léon Ruffe, qui, avec
une délégation, venait le prier d'inaugurer, le
28 avril au Grand Palais, t'exposition de la
Société et de ses boursiers de voyage aux co-
lonies. Le président a accepté.
RUE OUDINOT
̃
M. de Chappedelaine décore M. Pelont
Au cours d'une cérémonie intime à laquelle
ont assisté ses collaborateurs, M. de Chap-
pedclainc, ministre des Colonies, a remis les
insignes d'officier
binet.
m PrésltattiH Ceisell
Les réceptions de M. Tatdieu
M. André Tardieu, président du Conseil, a
reçu. MM. de Chqpedelaine, ministre des
Colonies, et Henry Bérenger, président de la
Commission sénatoriale des Affaires étran.
gères,
i Réflexions
sur le budget - tunisien
i..
L'année budgétaire de la Métropole ayant
été ramenée à neuf mois, le gouvernement
tunisien, pour des raisons comptables, a
adopté une mesure identique pour son bud-
get, lequel commençant le ictf avril finira le
31 décembre 4932.
Soumis dans ces conditions au Grand
Conseil, l'exercice de 1931 s'est établi, après
délibération de cette assemblée, au chiffre de
461.215.126 francs, ce qui porterait ce budget
pour un exercice normal à 619 millions en-
viron. En y ajoutant les budgets des établis-
sements annexes, des communes et des ré-
gions, on arrive à un total de près d'un mil-
fiard de francs.
C'est beaucoup pour uu petit pays comme
la Tunisie, si l'on cousidère les deux années
de détresse agricole et économique que nous
venons de traverser; niais si l'on replace la
Tunisie dans la ligue normale de son évolu-
tion, c'est un budget supportable qui permet
d'envisager l'avenir avec quelque confiance.
Ce budget a été équilibre avec 34 millions
id' impôts nouveaux et laisse prévoir que le
prochain exercice nécessitera de nouvelles
charges fiscales. Ce qui n'a pas manqué de
jeter une note pessimiste dans l'opinion de
la colonie. En principe, on paie toujours
trop d'impôts et le fisc est insatiable; mais
si le contribuable tunisien fait une petite
comparaison avec ce que paie, au même ti-
tre, son voisin algérien, il sera porté à moins
de récriminations et à plu.s de courage fiscal.
Nous accordons, toutefois, que les nouveaux
impôts auraient dû porter davantage sur le
revenu et un peu moins sur la consomma-
tion.
Le véritable point faible de ce budget c'est
qu'il lie comporte pas de disponibilités finan-
cières pour les travaux d'outillage général.
« Nous sommes eu présence d'une page blan-
che ! » s'est écrié le rapporteur général de la
Commission d'outillage économique, en cons-
tatant que la Commission ne disposait dJau-
(;uii crédit pour des travaux d'intérêt gé-
néral.
Nous avons écrit ici même que le budget
tunisien devrait bon an mal an permettre de
consacrer au moins le dixième de son mon-
tant total, soit soixante millions environ, à
gaiger des emprunts d'outillage ou à une
affectation directe pour des travaux urgents.
- Jusqu'en -- 1929, les excédents budgétaires ont
pu, dans une certaine mesure, être employés
à couvrir des dépenses d'outillage, tuais de-
puis deux ans la source des excedents de re-
cettes s'est tarie, et il 11e faut pas compter
que la trésorerie retrouve son élasticité de si
tôt étant donné les dépenses exceptionnelles
d'assistance auxquelles le Gouvernement doit
Taire face dans le présent, et même dans
^tfvénir: - • • ->; 0"-- - - 1
De sorte que la Tunisie se trouve gênée
pour assurer la continuation de ses travaux
d'outillage, lesquels sont indispensables
aussi bien pour la mise en valeur du sol que
pour l'extensiun de la matière imposable
elle-même. De plus les œuvres sociales tel-
les que l'instruction publique et l'assistance
médicale requièrent également une mise de
fonds permanente. Ces œuvres, on peut en
ralentir la cadence, en période de crise, mais
non supprimer leur développement, ce serait
arrêter la véritable tâche civilisatrice du
protectorat.
Il importe donc de sortir de l'impasse où
nous nous trouvons à la suite d'événements
dont nous ne sommes pas tout à fait respon-
sables, en envisageant l'avenir avec opti-
misme, un optimisme fondé sur le travail et
la sagesse.
La solutiuii, elle oM. dans l'effort que la
Tunisie fera pour limiter dans la mesure du
possible ses frais de gestion administrative
sans gêner l'extension des services publics
nécessaires dans un pays neuf, et dans le
courage qu'elle montrera en - créant des res-
sources nouvelles pour gager un emprunt de
grande envergure. Judicieusement réparti et
dépensé, c'est-à-dire en discernant, le vivant,
cet emprunt doit permettre à la Tunisie de
franchir la dure période actuelle et d'aller
allègrement vers l'avenir.
Arthur Pellegrint
Délégué au Grand Conseil de la Tunisie.
, -.- (
Dans la Marine
.-
Essais du « Dumont-d'Urville »
L'aviso colonial Dumont-d'Urville appa-
reillera aujourd'hui de Toulon pour Cher-
bourg, ses essais préliminaires achevés.
Manœuvres d'escadre et départs
La première escadre appareillera domain
pour commencer, sous les ordres du vice-
amiral Robert, les croisières de ses divisions
sur les côtes d'Algérie et dit Levant. Le Pri-
maugiiet quittera Toulon le lendemain,
ayant à son bord le vice-amiral Berthclot,
dont il porte le pavillon et qui prendra le
commandement de nos forces navales en L, x-
ttême-Orient. Enfin, le 16 avril, le vaisseau-
école des officiers de la marine /èafiitc.,d'A.rc
appareillera pour sa circumnavigation en
Méditerranée.
Obsèques de la Marquise
de Barthélémy
̃ «»«
Hier lundi, à 11 heures, ont été célébrées
à l'église de Para-lJcual'.;lIc (Seine-et-Oise),
en présence d'une nombreuse assistance, les
obsèques de Mme la Marquise de Barthélémy,
née Dor.
Plusieurs personnalités du monde' colonial et
indochinois avaient lenu à témoigner au mar-
quis de Barthélémy les sentiments d'affection
et de respect qu'ils alJOient pour sa regrettée
compagne.
Est-il besoin de rappeler à tous ceux qui
la connaissaient sa culture. sa grande connais-
sance des mondes politique ef religieux et des
problèmes internationaux ?
Outre ses qualités d'intelligence, la Mar-
quise de Barthélémy était appréciée unanime-
ment pour ron grand cœur et les manifestations
de sa bonté demeurent innombrables.
A
Les réceptions en l'honneur
du retour de M. Lucien Saint
»♦»
A Casablanca
M. Lucien Saint, rentrant de Paris, a dé-
barqué, samedi matin, à Casablanca.
Après avoir passé en revue la compagnie
d'honneur et salué le drapeau du 1er zouaves,
il se rendit à la résidence où il eut de nom-
breuses entrevues.
A midi. un grand banquet a été offert par
la population casablancaise au Résident.
A l'issue du banquet offert à M. Saint par
la ville de Casablanca, M. Rivonet. président
de la Commission municipale, se défendant de
prononcer un discours, a présenté au Résident,
au nom des assistants, son hommage respec-
tueux et ému.
Aussitôt après, M. Saint, en une familière
allocution, a exprimé sa joie de reprendre,
des le retour, contact avec tous ceux qu'il
considère comme les collaborateurs de sa tâche
quotidienne.
-. Il n'est pas, a-t-il dit, d'exemple de
colonisation aussi réussie, en un temps si court,
que celui offert par le Maroc qui fait l'admira-
tion du monde entier.
Résumant les souvenirs de son voyage en
France, M. Saint s'est félicité d'avoir pu faire
voter l'emprunt qui apportera au Maroc un
nouvel élément d'activité, accepter le budget
dont l'équilibre marque la prospérité profonde
du protectorat et régler la délicate question du
contingentement des blés. Et il a conclu parmi
les applaudissements crépitants :
Continuez à. travailler en pleine confiance
et harmonie de vues avec le gouvernement.
L'union qui s'est réalisée ici aujourd'hui me
fait augurer pour le Maroc de destinées heu-
reuses et prospères,
A Rabat
Le Résident général a regagné Rabat à
15 heures.
A son arrivée à Rabat, il s' est rendu aux
fêtes du centenaire du Il'I" régiment de chas-
seurs d'Afrique qui se déroulaient au grand
Méchouar, au palais du sultan. A son arrivée
sur le terrain, M. Lucien Saint a été acclamé
par une foule considérable. Le Résident gé-
néral a félicité l' organisateur de cette fête du
centenaire au cours de laquelle ont été présen-
tés des escadrons en tenue 1830, avec les dra-
-peaux de la conquête de l'Algérie.
Cent ans de bravoure, d'hetoïsme, d'abné-
gation. De nombreux discours retracèrent les
faits d'armes qui sont inscrits sur le livre d'or
du régiment.
Formé en 1832 avec des éléments français
et indiFties. le ll'r chasseurs d'Afrique .parti*
dpa à toute la conquête de l'Algérie : Duara.
Oued-el-Kébir, Mouzaïa, la prise de la smala
en liaison avec les spahis,
Le voici en Crimée. On le trouve en Ka-
bylie, en Italie, au Mexique.
En 1870, le lor chasseurs est en France.
Le voici de nouveau en Kabylie, dont il
aide à la pacification ; puis en Tunisie. Il
revint en Asie avant de se couvrir de gloire à
Madagascar.
La grande guerre devait mettre en action sa
bravoure et son esprit de sacrifice..
Maintenant, il est retourné sur la brèche,
il est un de ceux qui contribuent à l'achève-
ment de notre pacification au 'Maroc
Le Résident s'est rendu, après le défilé des
troupes, à la maison municipale où la popula
tion de Rabat lui a offert un vin d'honneur,
le remerciant par l'organe du doyen de la co-
lonie, des heureux résultats personnels qu'il a
obtenus du gouvernement et du Parlement, par
le vole de l'emprunt d'équipement général du
Maroc.
M. Lucien Saint a rendu hommage aux co-
lons et aux troupes dont les efforts inlassables
ont permis le développement du Maroc et qui
l'ont secondé admirablement auprès des pou-
voirs métropolitains.
Nos écrivains
en Afrique du Nord
«♦»
M. André Chevrillon, de l'Académie fran-
çabe, qui vient de publier un important ou-
vrage hUi Taine, est parti hier pour le
Maroc.
- ----+---+
Tu te rends compte.
ENFONCÉ, TARTARÏN ! I I !
Nos lecteurs connaissent sans doule V histoire
de Marias revenant de chasser au Sahara, et
racontant à la terrasse du café g lacier sur la
Cannebière ses exploits : un lion apparaissant
au sommet d'une dune. Pan l il le tuait ; un
autre smgissait près de lui, pan ! il le tuait, et
ainsi quatre, huit, dix, enfin qllel chasseur el
quel coup d'oeil 1
Tartarin n'était pas morf l
Cependant, d'Indochine, nous arrivent les
échos d'une chasse aux tigres qui fut brillante
entre toutes : un chasseur étendit en trois jours
sept tigres splendides qu'il rapporta à Saïgon.
Il raconta à ses amis en ses termes son exploit :
-.
cc La tigresse surgit la pretnicre dans la nuit.
Deux yeux rouges clignotants comme des étoi-
les, une balle en plein front, la tigresse bondit
en mugissant et tombe comme une masse,
inerte, morte. Trois autres tigres n'étaient pas
lein, je les cherchai dans les broussailles. Sou-
dain, deux yeux : je tire. Deux autres yeuA,
je tire encore. Deux yeux encore, je tire tou-
jours. Et puis rien.,. Je m'approcha; : les trois
tigres se débattaient à terre, mortellement at-
teints. Je fis mon quadruplé en l'espace de
quelques minutes. C'était de 'la chance, cela
va sans dire.
« Les trois autres, je les ai tués dans la
même région, de la même manière, sur mirador
avec appât mort ou vivant. Je les ai abattus
un par Ufl. en trois nuits. »
Les héros marseillais ou non de grandes
chffl. cs^,,bnyit "tcr de cet exploit'
.f; F. J.
Un hommage de Bordeaux
à Emile Gentil
Sur l'initiative du Groupe Colonial Post-
scolaire de Bordeaux, et de son président-
fondateur, M. Godefroy Ration, M. le maire
de Bordeaux a été saisi en septembre 1930
d'une demande ayant pour objet d'expri-
mer le désir de voir le nom de l'illustre
explorateur du Tchad, Emile Gentil, donné
à une des voies de la vil'le où le grand et
héroïque colonial français est mort le 31 mars
1914.
Ce vœu vient d'être exaucé par une déci-
sion du Conseil municipal de Bordeaux en
date du 15 mars courant, par laquelle l'Al-
léc-du-Pin, dans le quartier de Saint-Augus-
tin, portera désormais le nom d'Emile-
Gentil.
Ailli Bordeaux, où Emile Gentil vint vi-
vre ses dernières années, s'honore grande-
ment en lui rendant cet hommage de son in-
défectible reconnaissance, qui sera complété,
bientôt, par l'apposition d une plaque com-
mémorativ'e sur l'immeuble de notre ville
qu'il habita ju5qu'à sa mort. Un Comité va
être constitué avec mission de préparer cette
cérémonie.
*
La suppression des intermédiaires
dans le commerce malgache
«♦«
Les Annales Coloniales ont signalé à main-
tes reprises, comme étant l'une des causes effi-
cientes de la crise actuelle, le rôle joué par
les intermédiaires dans les transactions com-
merciales. Constatant, en ce qui concerne nos
colonies, les scandaleux écarts existant entre
les prix des denrées aux lieux de production
et leurs prix de vente aux consommateurs mé-
tropolitains, nous n'avons cessé d'exhorter nos
producteurs d'outre-mer à s'organiser pour des
ventes directes sur notre marché. Cette idée
est maintenant en route, ainsi que nous avons
pu le constater par des initiatives prises prin-
cipalement en Algérie.
Il nous est tout particulièrement agréable
aujourd'hui de relever une initiative des plus
heureuses, due au Gouverneur général Cayla :
celle de la création dans la province en Tana-
narive de marchés administratifs spéciaux pour
la vente directe du paddy, des producteurs aux
usiniers. Ces récoltes proviennent en outre de
semences sélectionnées avec le plus grand - soin
et distribuées aux cultivateurs indigènes. Les
dernières ventes se sont faites à un cours de
450 francs la tonne, alors que le prix normal
des paddys ordinaires oscille entre 200 £ t
225 francs.
Si, dans cet écart,- la qualité est évidem-
ment pour beaucoup, la suppression de l'inter-
médiaire inutile est aussi pour quelque chose.
Il reste encore un palier à franchir, et c'est
le plus difficile, nous le reconnaissons.
Mais pour plus d'une denrée coloniale, la
production suffisamment développée est de na-
ture à inciter déjà nos colons à s'organiser pour
l'installation dans nos grands ports d'orga-
nismes de représentation et de vente directe à
frais communs.
Ce que l'on continue d'appeler la crise, et
qui n'est peut-être bien qu' une stabilisation,
veut qu'à un ordre de chose nouveau corres-
pondent des initiatives nouvelles.
) -.- (
Compression des dépenses
budgétaires à Madagascar
r..
Dès son retour à Madagascar, le Gouver-
neur général Cayla a porté toule son attention
sur la question d'une compression aussi grande
que possible des dépenses budgétaires de sa
colonie.
Dans une circulaire adressée le 4 mars der-
nier à ses directeurs et chefs de service, il
s'exprime ainsi qu'il suit :
(( La compression sévère qu ont déjà subie
les crédits de matériel et, par ailleurs, la
proportion des dépenses de personnel, deve-
nue anormale, nous obligent à réduire progres-
sivement ces dernières dépenses.
u J'envisage donc, indépendamment de la
réduction des indemnités de zone et de cherté
de vie dont j'ai parlé, les mesures suivantes
dont les effets devront d'ailleurs s' accentuer
au cours des années à venir.
- , --
I" Réduction des effectifs. Si une ré-
duction des effectifs nc. paraît pas possible dans
certains services dont le développement nor-
mal a été arrêté par la crise. elle est certaine-
ment réalisable dans divers compartiments de
l'administration lorale,. ainsi que certains d'en-
tre vous me 1, ont eux-mêmes déclaré.
Il Celte réduction sera, dans certains cas,
facilitée par une meilleure organisation des
services. Je citerai, à titre (l'exemple., r achè-
vement de la réorganisation administrative qui
comportera la suppression des provinces et Ic
rattachement direct des districts aux régions.
2° Retour à une péréquation normale des
cadres. A supposer que la réduction des
effectifs ne procure que des économies limi-
lées, des réductions de dépenses pourront être
utilement recherchées dans le rétablissement
d'une péréquation rationnelle des cadres. Il
est de toute évidence qu'à l'heure acluelle, les
cadres de certains services sont mal équilibres
cl que les emplois supérieurs sont en nombre
excessi f. Il est juste de reconnaître que cette
situation tient en partie aux rappels de services
militaires qui sont venus s'ajouter aux avance-
ments habituels. Si légitime que soit la cause
principale de la situation présente, il n'importe
pas moins de revenir d'année en année à la
normale et de ne pas considérer comme défi-
nitive une péréquation qui résulte uniquement
de circonstances spéciales.
30 Emploi des éléments indigèncs. - L' ad -
ministration locale, suivant en cela l' exemple
des entreprises privées, a, au cours des der-
nières années, ouvert plus largement que par le
passé l'accès des services d'exécution aux can-
didats indigènes pourvus d'une formation pro-
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