Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-03-19
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 mars 1932 19 mars 1932
Description : 1932/03/19 (A33,N33). 1932/03/19 (A33,N33).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63804683
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
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Les Annales Coloniales
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bureau du journal.
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Tous les articles publiés dans notre iournal ne peuvent
être reproduits qu'en citant les ANNALES CoLONIALU.
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Colonies 180* 100 > Il t
Étranger.. 240 » 126 » 70 »
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
La situation exacte des essais
4'acclimatation du quinquina
en Indochine
C
Lorsqu'en 1919, à la création de ll'Office 1
National des Matières Premières végétales,
pour la Droguerie, la Pharmacie et la Par-
fumerie, nous avons voulu nous occuper en-
tre autres choses d'introduire dans les Colo-
nies françaises l'Arbre à Quinquina, l'en-
quêté nous apprit- bien vite que l'Institut
Pasteur nous avait devancé, et MM. Roux et
Calmette me mirent en relations avec le
Dr Yersitt, de passage en France. Cet émi-
nent savant m'apprit que, depuis 1917, il
avait entrepris cette culture au Hon-Ba, sta-
tion d'altitude (1.500 à 2.000 mètres) proche
de Nhatrang, où se trouve l'Institut Pasteur
-Indochinois qu'il! dirige depuis sa fondation
avec la distinction et le succès si connus de
tous.
Il n'y avait qu'à se réjouir de cette initia-
tive heureuse et encourager le Dr Yersitt, qui
promit de nous tenir au courant de ses ef-
forts. ,
Bien vite, il reconnut que le sol granitique
ne devait pas convenir à cette culture, et il
fallut rechercher des terres plus fertiles et
plus riches en humus, la condition d'altitude
étant nettement insuffisante à la réussite.
M. Yersitt eut alors l'idée d'utiliser des ef-
fleurements d'origine volcanique de couleur
brun chocolat, situés près de Dran, vers
1.000 mètres seulement d'altitude.
En 1923, 300 pieds de Cinchotta Ledge-
riatia, avec quelques C. succirubra de mau-
vaise apparence, furent repiqués à Dran et
reprirent vigoureusement, après addition
bien étudiée d'engrais, et ceux même qui
étaient atteints de maladies des feuilles ont
guéri spontanément.
Dès lors on procéda à des semis et nous
avons même reçu du Dr Yersin des graines
qui furent réexpédiées par nos soins, en tu-
bes scellés dans un gaz inerte pour conserver
le pouvoir germinatif, au Cameroun et en
Guinée. Ces envois ont été renouvelés à plu.
sieurs reprises sans grand succès, car des
animateurs comme le D* Yersitt sont rares,
et les Services d'Agriculture, pauvres en
hommes et en ressources, sont presque dans
J'impossibilité de suivre de pareilles tenta-
tives, même si les agronomes officiels en
avaient le désir.
En 1910, nous recevions à Paris un pre-
se al. u raltetnent du'
Quinquina, elles donnaient plus de 6 de
Quinine, c'est-à-dire une excellente moyenne
dans les bonnes plantations de Java.
Deux tonnes" d'écorces ont été expédiées
à nouveau, dont quelques-unes donnèrent
7 de Sulfate de Quinine.
Ainsi furent convaincus les sceptiques dont.
je m'accuse d'avoir été dès le début, quand
M. Lambert annonçait victorieusement que
les écorces de certains jeunes arbres de 3 à
4 ans donnaient des teneurs en Sulfate de
Quinine de 9 à 12
La tégion de D.ran étant très limitée,
comme espace susceptible de réunir les condi-
tions indispensables à cette culture, MM.
Yersitt et Lambert ont choisi, à 80 kilomètres
au sud, de vastes étendues sur le plateau de.
Djiring, où en 1926 ils ont repiqué en terre
naturelle environ 2 ha. de jeunes plants pro.
venant des semis effectués sur place en Oc-
tobre 1924, puis en Juillet 1927. 1928, 1929,?
1930. Les reprises se sont effectuées et deux
des photographies annexées à la notice à,
l'occasion de l'Exposition sont particulière-
ment probantes. (1)
Ainsi donc, au commencement de 1931, la I
superficie occupée par les essais de l'Institut
Pasteur de l'Indochine, composée de par-
celles repiquées de 1923 à 1930, est d'envi-
ron 20 hectares et sera sans doute étendue
sur 150 hectares.
La réussite de ces plantations est particu. ;
lièrement encourageante et fait honneur au
D* Yersitt, qui fut jadis aussi l'un des in-
troducteurs, sinon le premier, de l' Hévéa, ,
qui a fait la richesse économique de la Co.
chinchine, jusqu'à la crise récente de surpro-
duction.
La démonstration, tout en observant la
plus grande prudence, semble faite que la
culture du C. Ledgeriana, la seule es^è^e
riche en Quinine, est possible en terre basal-
tique, sur les contreforts du massif du Lang-
bian, à l'altitude de 1.000 mètres, et l'on
saura bientôt si l'on peut le cultiver directe-
ment, ou bien le greffer sur le C. Succiru-
- brai ou lui préférer un hybride.
Dans cette région, concluent MM. Yersin
et Lambert, les qualités du sol semblent pri-
mer sur les conditions climatériques, car le
« Ledgeriatta » peut y supporter une saison
sèche sévère, mais la sélection par les arbres
de types bons producteurs est indispensable.
La question en est là, et il nous faut
louer, je le répète, la Science, ta. méthode et
la ténaçité, en regard des tentatives de l'Ad-
ministration à peu près nulles et que des
déboires récents. montrent comme ayant en
plus Voulu se parer des plumes du paon.
En effet, au cours de la Session de 1931
du Grand Conseil des Intérêts Economiques
et Financiers de l'Indochine, une discussion
animée s'est élevée au sujet des Stations
d'Essais des Quinquinas du Service Général
de F Agriculture, qui s'était enfin ému des
travaux du Di' Yersiti, demandant des cré-
dits élevés pour cette culture.
M. l'Inspecteur général de ce Service, au
retour d'une Mission agricole à Java, pu-
bliait en 1925 une note dans laquelle il ci-
tait incidemment la culture du Quinquina en
Indochine, et comme l'auteur y paraissait
vouloir ignorer, ou tout au moins dédaigner
les essais de l'Institut Pasteur, le Dr Yersin
s'est justement froissé, d'où « un certain ma-
laise dans les relations des deux Services,
qui auraient dû s'entendre et collaborer in-
timement à une œuvre d'intérêt général évi-
dent ».
« Chacune des parties se drapant dans sa
« dignité, le malentendu a persisté et le Ser-
c vice de l'Agriculture a été amené à créer.
« sa station propre d'essais des Quinquinas
Il de Lang-Hanh. Son installation et son en-
« tretien ont coûté au budget général de
« l'Indochine des sommes considérables ;
« mais nous sommes dans la période des
a vaches grasses » et M. le Directeur des
« Finances ne doit pas trop regretter l'attri-
« bution de ces crédits, qui auraient peut-
« être été dépensés par ailleurs pour des fins
« moins utiles, w
Pourtant personne n'ignorait les essais, de
l'Institut Pasteur publiés par le Journal de
Botanique appliquée du Professeur A. Che-
valier et reproduits dans d'autres publica-
tions, ce qui fait dire encore fort justement
par le Dr yersin « qu'il serait temps pour
les uns et les autres de renoncer à toute ap-
parence de manque de liaison qui ne peut
que desservir l'intérêt général et qu'il faut
souhaiter un changement complet de méthode
dans les relations entre les Services agricoles
et l'Institut Pasteur » (2).
Si l'on songe que l'industrie française fa-
brique environ 65 tonnes de sulfate de Qui.
nine par an. sur une consommation mondiale
de 600 tonnes environ, c'est-à-dire 11 %, on
voit que l'on peut évaluer à 1.500 hectares
la superficie plantée en Quinquinas qui serait
nécessaire à nos besoins industriels.
Dans une publication de l'Office des Ma-
tières Premières, paru en 1922 intitulée
Quinquina et Quinine, j'ai montré la si-
tuation de la France, contingentée sévère.
ment par le Consortium hollandais!.
Quel que soit le désir que nous puissions
avoir de ne pas gêner une puissance voisine,
il ne saurait être question de renoncer à pro-
duire - sur notre sol une drogtfe aussi indis-
pensable que la Quinine. Les souvenirs de la
Grande Guerre sont encore trop récents pour
qu'on envisage sans appréhension le fait que
la matière première nécessaire à sa fabrica-
tion est tout entière le monopole d'un seul
Etat européen.
Il va sans dire que c'est une question de
prix de revient, car les plantations de Java,
puissamment organisées, peuvent entre-
prendre une lutte économique dangereuse;
c'est pourquoi je n'ai jamais hésité à soute-
nir que la production des écorces de Quin.
quina était avant tout un problème national
mais qu'il ne fallait pas entraîner sans ré-
flexion les colons à s'adoniier à cette planta-
tion.
Chacun de nos groupes coloniaux a le de-
voir de poursuivre des expériences en vue
d'acclimater une espèce riche en Quinine de
préférence, ou seulement riche en alcaloides
comme le C. Succirtthra, pour avoir, en cas
d'isolement de la Métropole, une possibilité
de fabriquer sur place des extraits de Quin-
quina dont l'action contre la Malaria n'est
pas négligeable et, dans certains cas, estimée
à l'égale de la Quinine elle-même.
Le D* Yersin n'est pas partisan des plan-
tations d'Etat, car on sait < combien dispen-
dieuses sont les entreprises industrielles de
cette nature » ; il a sans doute raison, mais,
pour ma part, devant un dumping, certain, si
des plantations de cette valeur industrielle
devenaient une menace pour Java, il y a lieu
de songer à une protection efficace dos co-
lons. qui auraient entrepris cette culture.
Mais, il ne faut pas s'imaginer que nous
en sommes là et il n'apparaît pas que nos
groupes coloniaux puissent facilement four-
nir des surfaces suffisantes réunissant les
conditions multiples a réaliser pour une
culture à rendement convenable, les terrains
volcaniques riches, situés en régions tropi-
cales et en altitude d'environ î.ooo mètres,
y sont bien .rares.
Non sans raison, le Dr Yersin estime « im-
prudent d'entreprendre dans la région de
Blao, à 800 mètres d'altitude (comme le
voudrait le Service agricole), une grande
plantation de Quinquina b. Des essais pré-
liminaires sont indispensables à cette alti-
tude très probablement insuffisante.
Mieux vaut'attendre les résultats des es-
sais que dirige ce savant, dans des Stations
le 300, 600, 800, t.600 mètres en terre>
rouges ; déjà les premières constatations ne
sont pas favorables aux Stations trop basses
ou trop élevées.
L'Institut Pasteur a couru le risque ae
planter 150 ha. à Diom, il vaut mieux at-
tendre et voir ce qu'il adviendra de cette
tentative sur une grande échelle, avant de
l'imiter.
Cette conclusion d'un homme d'expénence
et de grand savoir est la plus sage, et le
Grand Conseil en a ainsi décidé.
Professeur Em. Perrotf
Membre de l'Académie de Médecine, de
l'Académie d'Arjriculhirc et de VAca-
démie des Sciences Coloniales.
(1.) A. Yersin et A" Lambert. lissais d'accli-
matation de l'arbre à Quinquina en Indochine.
Hanoï 1031. Notice Exp. Col. Intern. p. 23, V
pholog.
(2) Dr Yersin. Quostion des Quinquinas.
Notice extrailo de la session du Grand Consnil
des Intérôls économiques et Financiers de 1 In-
dochine, Saigon, 1931, p. 3.
Le problème colonial
«»̃
Mt
-a
l
ALBERT SARRAUT- a
commencé la se-
- maine derniere au
Comité parlemen-
taire français du
Commerce une sé-
rie de conféren-
ces sur le pro-
blème colonial.
L'importance du sujet de l'orateur ne
pornait manquer d'assurer un légitime suc-
cès à cette manifestation coloniale que prési-
dait M. Steeg.
Avec une grande précision, Vancien gou-
verneur de l bzdoclline a posé le problème
colonial dans. toute sa complexité, dans toute
sa gravité.
Nous ne pouvons que le féliciter de suivre
maintenant la doctrine des Annales Colo-
niales et de fouiller son sujet touffu et dan-
gereux comme la jungle, car nous sommes
ae ceux qui pensent que pour résoudre • un
problème, puisque a problème » il y a, il
faut en connaître toutes les « données ».
Actuellement, il se pose pour toutes les
nations : le fait colonial, après avoir été un
« grand orgueil », peut devenir pour l'Eu-
rope tine « grande appréhension » si elle se
laisse surprendre par les événements qui doi-
vent logiquement se produire, si elle ne
prelld pas conscience de la force grandis-
sante des peuples aujourd' hui colonisés et
'de la crise qui s'est. fatalement produite
dans des pays où brusquement notre civili-
sation s'est imposée sans transition, sans
évolution.
Le fait de coloniser a eu lui-même un
pouvoir « révolutionnaire J. Apporter l'ins-
truction, l'hygiène, ouvrir une route, moder-
niser la production, organiser le service mi-
litaire qui fait un citoyen de l'indigène, tel
est le fait colàttial:
Qui peut nier qu'il est par lui-même. com-
me l'a dit M. Albert Sarraut, « révolution-
nant ri.
• Voici donc le sort du colonisateur ; Plus
il fera œuvre colonisatrice, plus il risque de
développer le germe qui un jour l'éliminera
lui-même. ,
Une fois mis en tn'otivemettt,' le « dyna-
misme civilisateur » ne s'arrête plus.
Celui qui apporte la civilisation serait-il
-donc pareil à cet être fabuleux qui se lêvo.
rait lui-même sans s'en apercevoir ï ,
S-erait-il plutôt cet « apprenti sorcier « p
déchaînant des. forces qu'à un moment donné
il m pourra plus mqîttiser, et ,sints)'- mim,
desquelles il finira Par succomber lUi-thême i
Cf est un « problème » qui 1 comme K on le
voit, petit. dev etrir tragiquer
C'est peut-être le plus grave que, demain
l'Europe aura à résoudrc.. •
M. Albert Sarraut, dans sa première
conférence, l'a posé très courageusement en
toute objectivité devant son auditioire, com-
me les Annales Coloniales le posent déjà de-
litas de longues années devant le grand ?M-
blic.
A la vérité, depuis longtemps, il y (f
« chose jugée Ii dans notre esprit.
On a dit quelque fois que l'Art était une
finalité sans fin.
Ne peut-on pas en dire autant du colonia-
lisme 1
Michel Geistdoerfer,
Député des Côtes-du-Nord
Secrétaire d6 la Commission
de la Marine Marchande
> -.. (
Un évêque missionnaire
sacré à Notre-Dame
Ce matin, à 9 heures précises, a eu lieu à
Notre-Dame de Paris la cérémonie cki sacre
de Mgr René Graffin, de la Congrégation du
Saint-Esprit, coadjuteur de Mgr le vicaire
apostolique de Vaoundé (Cameroun).
Le nouvel élu a été consacré par S. Em. le
cardinal Verdier, archevêque de Paris, assisté
de Mar Grente, évêque du Mans, et de Mgr
Rolamd-Gosselin, évêque - de - Versailles. A
leurs côtés, on voit : Mgr Baudrillard, Mgr Le
Hunsec, Mgr Chaptat et Mgr Tardif, évêque
du Gabon.
L'entrée de Notre-Dame était libre, il y
avait foule, seule la nef centrale était réservée
aux membres de la famiUe et aux invités munis
de cartes. Au premier rang, on remarque le
père et - la - mère du nouvel élu, venus tout
exprès de la Sarthe où ils vivent, pour voir
consacrer leur fils. Celui-ci n'a que 32 ans.
C'est peut-être I plus jeune évêque que compte
le clergé français.
Il est assisté du père Fays, ce prêtre noir
qui fut ordonné, en octobre dernier, à Notre-
Dame.
A l. issue de la messe a eu lieu, dans
l'église, une procession sglennelle.
Pour la première fois, Mgr René Praflrn
bénit la foule des fidèles.
La quête a été faite, pendant la cérémonie,
pour la mission du nouvel évêque.
-– ) ---.
Après l'Exposition Coloniale
La chapelle de Notre-Dame des Missions,
qui fut à l'Exposition coloniale le lieu sacré
de la 1 grande émotion n, va être recons-
truite au Cygne d'Enghien, sur la grande
Toute de Paris à Rouen,
; MWM (
Le prix de littérature coloniale
,
Le prix de littérature coloniale sera vrai.
semblablement décerné le si avril.
M. Mario Roustan a reçu
Avignon et ses compagnons
,
M. Mario Roustan, ministre de l'Instruction
publique et des Beaux-Arts, a reçu les avia-
Lebeau et Cotier, héros d'un
teurs Avignon, l'Afrique.
raid à travers l'Afrique.
Le ministre a tenu à féliciter nos compa-
triotes, au nom de l'Université de France, et
s'est déclaré tout heureux de voir ses conci-
toyens dotuter un si bel exemple d'audace ré-
fléchie à la jeunesse de notre pays.
) ou* no E.
A r Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres
1
Les découvertes
de la mission Dakar-Djibouti
M. Pelliot a communiqué le rapport semes-
triel de la mission Dakar-Djibouti, subven-
tionnée par la Compagnie, qui est partie de-
puis le 30 mai 1931 et qui a étudié les us
locaux, magie, jeux, rites de naissances, ma-
riages et décès. Plus de 2.700 objets ont été
recueillis : poupées, pierres peintes, etc., dont
un grand nombre viendront enrichir les col-
lections du Musée du Trocadéro.
M. Jérôme Carcopino a lu ensuite un rap-
port de Rome signalant l'importance d'un
texte épigraphique trouvé près du pont Vic-
tor-Emmanuel en 120 fragments : c'est le pro-
gramme des jeux séculaires célébrés l'an 204
de notre ère. Ils comportaient, à partir du
4 juin, trois jours de spectacles sur trois
théâtres différents ; des chasses données dans
le cirque avec 700 lions, lionnes, lépoards,
ours, bisons et autruches; le sacrifice d'une
truie pleine offerte par l'empereur Septime
Sévère en personne à la déesse Terre-Mère
et un banquet rituel où s'assirent 109 matro.
nes avec l'impératrice Julia Donna.
Fouilles en Syrie
Les fouilles exécutées à Appamée, l'une des
cités les plus importantes de la Syrie à la
période séleucide et à la période romaine,
ont donné de très beaux résultats qu'est venu
exposer M. Mayence, professeur à l'Univer-
sité de Louvain, conservateur des musées de
Bruxelles, qui les dirigea en 1930 et 1931
avec la collaboration de M. Lacoste, archi-
tecte et professeur de l'Académie des Beaux-
Arts de Belgique.
Elles ont permis de fixer la topographie de
la ville et ont amené la. découverte de plu-
steurs monuments et ensembles architectu-
raux, dont il a été possible d'établir des re-
constitutions certaines, entre autres celle
d'un- double portique à colonnes qui ornait
la rue principale d'Ap,amée.
La mission belge a lait prendre des moula-
ges des principaux fragments d'architecture
-et de Sculpture trouvés au. cours Ups travaux,
et'l'on pourra Voir aUMnusée .de Bruxelles la
réplique, aux dimensions réelles, d'une partie
du portique d'Apamée.
M. Mayence s'est plu, en terminant, à re-
.mercier les autorités françaises, le haut com-
| mandement et M. Scyrig, directeur des anti-
quités de Syrie, du concours qu'ils ont prêté
a la mission belge.
.) (
M. Antonetti à Brazzaville
.: , 1
M. Antonetti, gouverneur général de l'Al-
gérie Equatoriale française, et le général
Braive, commandant supérieur des troupes
de l'A. E. F., qui avaient quitté Bangui
Je 7 mars, viennent d'arriver à Brazzaville.
) -.. (
Le voyage de la mission Griaule
en A. E. F.
1
On apprend de Bangui que la mission
linguistique et ethnographique française, di-
rigée par M. Griaulo, est arrivée à Bangui
le io mars.
On sait que cette mission effectue la
traversée de l'Afrique, suivant l'axe Dakar-
Djibouti.
Poursuivant son voyage, elle se rendra
incessamment dans l'Oubangui oriental, tra-
versera le M'Bomou et gagnera la province
orientale du. Congo Belge. Elle visitera en-
suite le Soudan égyptien.
Cette mission, dont les travaux ont com-
mencé il y a un an, a déjà recueilli une
précieuse documentation.
Le voyage de la mission
Charles Roux ,
..a.
'.J Panne, de voiture dans le désert
La mission Charles Roux, après huit jours
d'immobilisation au Tannesrouf, a été retrou-
vée par le colonel Sigoney et ramenée à Reg-
gan. Elle a dû abandonner momentanément
la deuxième voiture par suite de la rupture du
pont arrière.
Tous les membres de la mission sont en
bonne santé. La mission poursuivra la route
selon les possibilités de réparation.
--- le voyage du rot Albert
au tonllo bellte
ve-8 --
Ainsi que nous l'avons annoncé, le
toi Albert, pendant les vacances de Pâ-
ques, a décidé de se rendre au Congo belge.
C'est la troisième fois que le chef de l'Etat
se rend dans la colonie. Il veut visiter, dans
la région du lac Kivu, le parc national Albert,
qui constitue une réserve dans laquelle on es-
saye de sauver la faune et la flore des régions
tropicales et qui est en somme un immense
laboratoire pour les savants. Le roi sera ac-
compagné du professeur Van Straelen, direc-
teur du musée d'histoire naturelle à Bruxel-
les,' et du major Van Cauberg, son officier
d ordonnance. Il ne comnte s'ahsfvntpr mm
pendant quatre semaines. Il a décidé d'utili-
ser la voie des airs pour se rendre au Congo.
Il prendra la ligne anglaise régulière du
Caire et du Haut-Nil jusqu'à Juba. De là, il
gagnera le Congo et le lac Kivu en automo-
bile. La distance franchir <4Jar la route sera
d'environ 2.000 kilomètres.
Le port de Conakry
»♦»
Si Conakry n la perle de l'A.O.F. » était
déjà connu au dix-neuvième siècle, les' pre-
miers travaux importants de sa rade ne fu-
rent commencés qu'au début du vingtième
siècle, après l'accord du, 8 avril 1904 par
lequel 1 Angleterre nous reconnaissait l'en-
tière propriété de l'archipel des îles de
Loos.
A proximité immédiate de la ville, ces
îles offraient un mouillage profond et sûr,
un terrain fertile et des ressources en eau
potiible. De plus, l'absence de barre rendait
désirable aux vapeurs l'escale de Conakry,
où ils pourraient, par ailleurs se ravitailler
en légumes et en fruits divers. Ce furent là
quelques-unes des raisons qui présidèrent à
la construction, appelée à un développement
encore plus intense par suite de l'établisse-
ment, du chemin de fer de Conakry au
Niger.
La rade et le wharf de Conakry
La rade présente deux mouillages : le
mouillage du Nord entre l'île de Tumbo et
le banc de la Prudente, avec une fosse de
1.200 mètres de long sur 200 de large et des
fonds de 7 à 8 mètres ; le mouillage du
Sud, vers la pointe de Boulbinet avec une
fosse de 1.500 mètres de long sur 500 de
large et des fonds de 10 mètres.
Deux routes permettent d'accéder à ces
mouillages : la passe Sud, la plus longue,
mais la seule utilisable en tout temps, par
les gros navires, présente des fonds de 7 a
8 mètres., la \passe Nord, molins profonde
et non balisée est seulement fréquentée par
les caboteurs. Les ouvrages du port com-
prennent d'abord l'appontement proprement
dit, établi en bordure de la fosse Nord,
orienté Sud-Nord et, où peut accéder à
marée haute, un seul vapeur de moyen ton-
nage. Il existe en outre, un wharf dit des
caboteurs, à 150 mètres à l'Est du premier,
et destiné au - trafic de - ceux-ci, des cotres et
des vapeurs du service du port, remor-
queurs, embarcatioug diverses.
Parmi les Installations à terre, les seuls
magasins existants sont le magasin-cale et
celui de l'entrepôt de Douanes.
Ces deux immeubles servent de dépôt
aux marchandises déposées en douane. Mais
il n'y a pas de docks, à proprement parler.
L'outillage est restreint : une voie ferrée
métrique disposée sur le wharf, des voies
Decauville, et une grue à vapeur sur cha-
que appontement.
Aujourd'hui, bien que la crise ait enrayé
le mouvement croissant du trafic, il est
d'une sage politique de préparer l'avenir
par une amélioration des aménagements
portuaires existants. En effet, en dehors des
exportations habituelles de la colonie (ara-
chides; paltnillte, indigo, peaux, ccprâh;
etc. etc.) le tonnage en bananes s'établit
chaque année plus important. C'est pour-
quoi, dès 1927, le Gouvernement général de
1 A.O.F. s'est résolu à exécuter sur ses res-
sources normales .les premiers grands tra-
vaux du port.
Les travaux d'aménagement
En 1928, un marché fut passé avec une
entreprise de travaux, ayant pour objet la
construction d'un mur de quai de 300 mè-
tres de long, prévu pour l'accostage de na-
vires de 8 mètres de ̃ tirant d'eau. Ce mur
de quai atteindra, dans sa forme définitive,
800 mètres de long.
Le programme de cette première tranche
de travaux, comprend, en outre : la con..
truction- d'un terre-plein de 25 mètres de
largeur en arrière du mur du quai, afin
d'augmenter ses possibilités de manutention
de marchandises ; l'établissement d'une
voie ferrée de desserte du quaij l'acquisi-
tion, sur contrat de prestations, d'une dra-
gue puissante.
Il était nécessaire, pour permettre ces
diverses installations, de créer un vaste
terre-plein, conquis sur la mer. Les maté-
riaux de remblai proviennent des carrières
de latérite échelonnées le long de la voie du
Conakry-Niger du kilomètre 8 au kilomètre
JO. D'autre part, une carrière fut installée
dans une des îles de Loos, l'île de Kassa,
qui fournit aux chantiers du port les maté-
riaux durs (syénite), pour les enrochements
et la fabrication des blocs. Il fut également
aménagé sur place un atelier avec des
compresseurs.
Les dragages de la souille du mur de
quai, et la pose des enrochements à la base
du mur sont en cours.
Les remblais le long de la jetée de l'ap-
pontement sont presque terminés.
Concurremment à ces travaux, la colonie
de la Guinée s'est résolue a construire, sur
ses propres ressources, des installations spé-
cialisées pour le trafic des bananes. Un
grand entrepôt frigorifique, capable d'emma-
gasiner 6.000 caisses a été construit sur un
terre-plein triangulaire.
Un hall de déchargement où aboutissent
deux voies métriques a été établi à côté. La
manutention des caisses, des wagons à l'en-
trepôt et de l'entrepôt aux vapeurs sera
assurée mécaniquement. Lies installations
mécaniques, électriques et frigorifiques sont,
actuellement, sur le point d'être achevées.
- -
Le courant électrique sera fourni par une
centrale électrique située à 2 kilomètres
environ du wharf, près du pont de Tumbo.
Cette centrale électrique est presque ter-
minée; elle remplacera d'ailleurs, l'usine
municipale devenue aujourd'hui insuffisante
pour assurer la distribution dans le réseau
urbain.
La réalisation de tous ces travaux, d'un
montant total approximatif de 60 millions
marquera une date dans le développement
de la Guinée r rançaise. D'autre part, ces
travaux en cours seront encore complétés
par des travaux d'amélioration financés par
l'Emprunt autorisé par la loi du 22 février
1931. L'exécution de ce programme de tra-
vaux complémentaires entraînera une dé-
pense évaluée à 40 millions.
Lors de sa récente tournée d'inspection
en Guinée, M. le Gouverneur général Bré-
vié n'a pas manqué de visiter longuement
les travaux, qui dans un avenir très proche,
feront de Conakry une des escales les plus
importantes parmi celles de la Côte Occi-
dentale d'Afrique.
La colonisation indigène
au Soudan
4'&
M. Brévié en inspection à Niénébalé.
Le Gouverneur Général Brévié a consacté
la matinée du 27 janvier à l'inspection des
centres de colonisation indigène de Niénébalé
et de Baguineda.
La ferme de Niénébalé avait été choisie en
1926 comme centre d'une expérience de colo-
nisation indigène en terres irriguées. Il s'agis-
sait de savoir si l'indigène était susceptible de
s'adapter à des méthodes de cul ture perfec-
tionnées, à l'usage d'un outillage agricole euro-
péen et à l'emploi du bétail de trait. Il est
inutile ici de revenir sur les circonstances de
cette expérience qui ont été maintes fois rela-
tées. Qu'il suffise de retenir que les résultats
en avaient été nettement concluants et faisaient
bien augurer de l'avenir. Le Gouverneur Gé-
néral s'est rendu compte sur place des réper-
cussions locales de cette modeste expérience.
Il a trouvé les colons en pleine prospérité, heu-
reux de leur sort et ne demandant qu'à pour-
suivre l'exploitation suivant les formules que
nous leur indiquons. Récoltant de grosses quan-
tités de céréales, ils ont une nourriture abon-
dante et disposent encore de stocks importants
de grains pour la vente. Rien que sur la der-
nière campagne, ils ont en grenier 200 tonnes
de paddy qui attendent preneurs. La culture
des céréales est à la base de l'exploitation ;
mais elle n'est pas la seule et les colons pro-
duisent également du coton et de l' aracnide
pour l'exportation et des produits vivners qw
trouvent sur place un écoulement assuré.
Des aménagements simples ont permis de
capter les eaux de deux petits marigots tem-
poraires qui assurent les irrigations jusqu'au
mois de janvier, délai suffisant pour amener le
riz à maturité. De ce fait, la superficie du do-
maine qui ne dépassait guère 200 hectares à
l'origine est actuellement voisine de 1.000
hectares.
Le peuplement de cette superficie s'est ef-
fectué très simplement par l'arrivée progressive
de colons volontaires qui venaient spontané-
ment demander des terres. Ils étaient installés
dans les villages aérés et spacieux aux larges
voies plantées d'arbres fruitiers. Aujourd'hui,
la population implantée sur le domaine atteint
un millier d'individus. Ce chiffre représente
une densité de 100 habitants au kilomètre. Si
l'on songe qu'il y a quelques années, l'empla-
cement de la ferme était couvert de brousse
dense, on peut mesurer les bienfaits que l'on
peut attendre d'une organisation rationnelle de
la culture indigène. La formule mise en œuvre
à Niénébalé, en somme simple et peu coû-
teuse, est à reteni r et à développer dans les
régions éloignées des systèmes d irrigation de
Sotuba et du Macina. L'attirance que les indi-
gènes éprouvent pour Niénébalé, où ils accep-
tent de leur plein gré la tutelle technique du
directeur européen, permet d'escompter que les
tentatives analogues pourront être répétées avec
succès toutes les fois que l'on rencontrera des
superficies irrigables par des aménagements
simples.
Le Gouverneur Général a chaleureusement
félicité M. Bouvier, directeur du domaine, et
a vivement engagé les colons indigènes à per-
sévérer dans leurs méthodes de travail et à re-
doubler d'efforts. Nul doute que ces sages
conseils, adressés à des cultivateurs évolués et
conscients des résultats du labeur organisé ne
produisent leurs fruits.
et à Baguineda
De Niénébalé, M. Brévié s'est rendu à Ba-
guineda, second en date des domaines de colo-
nisation en culture irriguée au Soudan Fran-
çais. Ici, il ne s'agit plus d'un système d'irri-
gation avec les moyens de fortune, comme
c'est le cas à Niénébalé. Nous trouvons là, au
contraire, stèrne d'hydraulique agricole
scientifiquement organisé dont l'étude et l'éta-
blissement ont demandé des années et nécessité
l'investissement de plus de 20 millions. Le
système est commandé par les ouvrages de So-
tuba, inaugurés en 1929 par M. Maginot,
alors ministre des Colonies. Depuis cette épo-
que, le travail de débroussaillement, de nive-
lage de préparation du sel a été poursuivi, les
canaux secondaires et les rigoles d'irrigation
ont été creusés et le Gouverneur Général a'
pu voir un domaine de colonisation de 3.500
hectares en pleine exploitation. La formule de
colonisation est calquée sur celle de Niéné-
balé. Dans l'esprit du Gouverneur Général
Carde, à qui en revient - l'initiative, il s' agissait
de donner une portée plus grande à 1 expé-
rience de Niénébalé dont le cadre, alors en-
core très restreint, ne semblait pas de nature
à donner des résultats que l'on pût généraliser
sans faire preuve de témérité. Il s'agissait éga-
lement de placer sur le plan réel un essai de
colonisation indigène dans les conditions mêmes
où se présentera la mise en valeur des terres
du Macina que le barrage de Sansanding, dont
la construction est prévue au programme d' em-
prunt, permettra d'irriguer. 011 devait, en
somme, préparer un terrain d'expérience où
administrateurs, ingénieurs agronomes trouve-
raient un vaste champ d'observations.
La réalisation de ces idées a été facilitée et
hâtée par le succès de l'exploitation des colons
de Niénébalè. Avant même que le sol ait été
aménagé, de nombreuses demandes furent dé-
posées, dont plusieurs circonstances curieuses
émanaient d'agents indigènes de l'administra-
tion. Le peuplement des premiers lots de colô-
nisation ne souffrit donc aucune difficulté. Le
Gouverneur Général Brévié s'est rendu compte
en s entretenant avec les colons que ceux-ci
étaient pleinement satisfaits de leurs nouvelles
exploitations et en parcourant le domaine, il
a constaté la somme considérable de travail
qui avait été fournie par l'administration pour
l'aménagement du sol, et par les colons pour
les cultures. La mise en valeur n'a pas encore
- 1
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Rédaction & Administration :
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PARIS o-)
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Les Annales Coloniales
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bureau du journal.
DIRECTIjU'R.FONDATEU.R 3 Maroel RUEDEL
Tous les articles publiés dans notre iournal ne peuvent
être reproduits qu'en citant les ANNALES CoLONIALU.
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Franoe et
Colonies 180* 100 > Il t
Étranger.. 240 » 126 » 70 »
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
La situation exacte des essais
4'acclimatation du quinquina
en Indochine
C
Lorsqu'en 1919, à la création de ll'Office 1
National des Matières Premières végétales,
pour la Droguerie, la Pharmacie et la Par-
fumerie, nous avons voulu nous occuper en-
tre autres choses d'introduire dans les Colo-
nies françaises l'Arbre à Quinquina, l'en-
quêté nous apprit- bien vite que l'Institut
Pasteur nous avait devancé, et MM. Roux et
Calmette me mirent en relations avec le
Dr Yersitt, de passage en France. Cet émi-
nent savant m'apprit que, depuis 1917, il
avait entrepris cette culture au Hon-Ba, sta-
tion d'altitude (1.500 à 2.000 mètres) proche
de Nhatrang, où se trouve l'Institut Pasteur
-Indochinois qu'il! dirige depuis sa fondation
avec la distinction et le succès si connus de
tous.
Il n'y avait qu'à se réjouir de cette initia-
tive heureuse et encourager le Dr Yersitt, qui
promit de nous tenir au courant de ses ef-
forts. ,
Bien vite, il reconnut que le sol granitique
ne devait pas convenir à cette culture, et il
fallut rechercher des terres plus fertiles et
plus riches en humus, la condition d'altitude
étant nettement insuffisante à la réussite.
M. Yersitt eut alors l'idée d'utiliser des ef-
fleurements d'origine volcanique de couleur
brun chocolat, situés près de Dran, vers
1.000 mètres seulement d'altitude.
En 1923, 300 pieds de Cinchotta Ledge-
riatia, avec quelques C. succirubra de mau-
vaise apparence, furent repiqués à Dran et
reprirent vigoureusement, après addition
bien étudiée d'engrais, et ceux même qui
étaient atteints de maladies des feuilles ont
guéri spontanément.
Dès lors on procéda à des semis et nous
avons même reçu du Dr Yersin des graines
qui furent réexpédiées par nos soins, en tu-
bes scellés dans un gaz inerte pour conserver
le pouvoir germinatif, au Cameroun et en
Guinée. Ces envois ont été renouvelés à plu.
sieurs reprises sans grand succès, car des
animateurs comme le D* Yersitt sont rares,
et les Services d'Agriculture, pauvres en
hommes et en ressources, sont presque dans
J'impossibilité de suivre de pareilles tenta-
tives, même si les agronomes officiels en
avaient le désir.
En 1910, nous recevions à Paris un pre-
se al. u raltetnent du'
Quinquina, elles donnaient plus de 6 de
Quinine, c'est-à-dire une excellente moyenne
dans les bonnes plantations de Java.
Deux tonnes" d'écorces ont été expédiées
à nouveau, dont quelques-unes donnèrent
7 de Sulfate de Quinine.
Ainsi furent convaincus les sceptiques dont.
je m'accuse d'avoir été dès le début, quand
M. Lambert annonçait victorieusement que
les écorces de certains jeunes arbres de 3 à
4 ans donnaient des teneurs en Sulfate de
Quinine de 9 à 12
La tégion de D.ran étant très limitée,
comme espace susceptible de réunir les condi-
tions indispensables à cette culture, MM.
Yersitt et Lambert ont choisi, à 80 kilomètres
au sud, de vastes étendues sur le plateau de.
Djiring, où en 1926 ils ont repiqué en terre
naturelle environ 2 ha. de jeunes plants pro.
venant des semis effectués sur place en Oc-
tobre 1924, puis en Juillet 1927. 1928, 1929,?
1930. Les reprises se sont effectuées et deux
des photographies annexées à la notice à,
l'occasion de l'Exposition sont particulière-
ment probantes. (1)
Ainsi donc, au commencement de 1931, la I
superficie occupée par les essais de l'Institut
Pasteur de l'Indochine, composée de par-
celles repiquées de 1923 à 1930, est d'envi-
ron 20 hectares et sera sans doute étendue
sur 150 hectares.
La réussite de ces plantations est particu. ;
lièrement encourageante et fait honneur au
D* Yersitt, qui fut jadis aussi l'un des in-
troducteurs, sinon le premier, de l' Hévéa, ,
qui a fait la richesse économique de la Co.
chinchine, jusqu'à la crise récente de surpro-
duction.
La démonstration, tout en observant la
plus grande prudence, semble faite que la
culture du C. Ledgeriana, la seule es^è^e
riche en Quinine, est possible en terre basal-
tique, sur les contreforts du massif du Lang-
bian, à l'altitude de 1.000 mètres, et l'on
saura bientôt si l'on peut le cultiver directe-
ment, ou bien le greffer sur le C. Succiru-
- brai ou lui préférer un hybride.
Dans cette région, concluent MM. Yersin
et Lambert, les qualités du sol semblent pri-
mer sur les conditions climatériques, car le
« Ledgeriatta » peut y supporter une saison
sèche sévère, mais la sélection par les arbres
de types bons producteurs est indispensable.
La question en est là, et il nous faut
louer, je le répète, la Science, ta. méthode et
la ténaçité, en regard des tentatives de l'Ad-
ministration à peu près nulles et que des
déboires récents. montrent comme ayant en
plus Voulu se parer des plumes du paon.
En effet, au cours de la Session de 1931
du Grand Conseil des Intérêts Economiques
et Financiers de l'Indochine, une discussion
animée s'est élevée au sujet des Stations
d'Essais des Quinquinas du Service Général
de F Agriculture, qui s'était enfin ému des
travaux du Di' Yersiti, demandant des cré-
dits élevés pour cette culture.
M. l'Inspecteur général de ce Service, au
retour d'une Mission agricole à Java, pu-
bliait en 1925 une note dans laquelle il ci-
tait incidemment la culture du Quinquina en
Indochine, et comme l'auteur y paraissait
vouloir ignorer, ou tout au moins dédaigner
les essais de l'Institut Pasteur, le Dr Yersin
s'est justement froissé, d'où « un certain ma-
laise dans les relations des deux Services,
qui auraient dû s'entendre et collaborer in-
timement à une œuvre d'intérêt général évi-
dent ».
« Chacune des parties se drapant dans sa
« dignité, le malentendu a persisté et le Ser-
c vice de l'Agriculture a été amené à créer.
« sa station propre d'essais des Quinquinas
Il de Lang-Hanh. Son installation et son en-
« tretien ont coûté au budget général de
« l'Indochine des sommes considérables ;
« mais nous sommes dans la période des
a vaches grasses » et M. le Directeur des
« Finances ne doit pas trop regretter l'attri-
« bution de ces crédits, qui auraient peut-
« être été dépensés par ailleurs pour des fins
« moins utiles, w
Pourtant personne n'ignorait les essais, de
l'Institut Pasteur publiés par le Journal de
Botanique appliquée du Professeur A. Che-
valier et reproduits dans d'autres publica-
tions, ce qui fait dire encore fort justement
par le Dr yersin « qu'il serait temps pour
les uns et les autres de renoncer à toute ap-
parence de manque de liaison qui ne peut
que desservir l'intérêt général et qu'il faut
souhaiter un changement complet de méthode
dans les relations entre les Services agricoles
et l'Institut Pasteur » (2).
Si l'on songe que l'industrie française fa-
brique environ 65 tonnes de sulfate de Qui.
nine par an. sur une consommation mondiale
de 600 tonnes environ, c'est-à-dire 11 %, on
voit que l'on peut évaluer à 1.500 hectares
la superficie plantée en Quinquinas qui serait
nécessaire à nos besoins industriels.
Dans une publication de l'Office des Ma-
tières Premières, paru en 1922 intitulée
Quinquina et Quinine, j'ai montré la si-
tuation de la France, contingentée sévère.
ment par le Consortium hollandais!.
Quel que soit le désir que nous puissions
avoir de ne pas gêner une puissance voisine,
il ne saurait être question de renoncer à pro-
duire - sur notre sol une drogtfe aussi indis-
pensable que la Quinine. Les souvenirs de la
Grande Guerre sont encore trop récents pour
qu'on envisage sans appréhension le fait que
la matière première nécessaire à sa fabrica-
tion est tout entière le monopole d'un seul
Etat européen.
Il va sans dire que c'est une question de
prix de revient, car les plantations de Java,
puissamment organisées, peuvent entre-
prendre une lutte économique dangereuse;
c'est pourquoi je n'ai jamais hésité à soute-
nir que la production des écorces de Quin.
quina était avant tout un problème national
mais qu'il ne fallait pas entraîner sans ré-
flexion les colons à s'adoniier à cette planta-
tion.
Chacun de nos groupes coloniaux a le de-
voir de poursuivre des expériences en vue
d'acclimater une espèce riche en Quinine de
préférence, ou seulement riche en alcaloides
comme le C. Succirtthra, pour avoir, en cas
d'isolement de la Métropole, une possibilité
de fabriquer sur place des extraits de Quin-
quina dont l'action contre la Malaria n'est
pas négligeable et, dans certains cas, estimée
à l'égale de la Quinine elle-même.
Le D* Yersin n'est pas partisan des plan-
tations d'Etat, car on sait < combien dispen-
dieuses sont les entreprises industrielles de
cette nature » ; il a sans doute raison, mais,
pour ma part, devant un dumping, certain, si
des plantations de cette valeur industrielle
devenaient une menace pour Java, il y a lieu
de songer à une protection efficace dos co-
lons. qui auraient entrepris cette culture.
Mais, il ne faut pas s'imaginer que nous
en sommes là et il n'apparaît pas que nos
groupes coloniaux puissent facilement four-
nir des surfaces suffisantes réunissant les
conditions multiples a réaliser pour une
culture à rendement convenable, les terrains
volcaniques riches, situés en régions tropi-
cales et en altitude d'environ î.ooo mètres,
y sont bien .rares.
Non sans raison, le Dr Yersin estime « im-
prudent d'entreprendre dans la région de
Blao, à 800 mètres d'altitude (comme le
voudrait le Service agricole), une grande
plantation de Quinquina b. Des essais pré-
liminaires sont indispensables à cette alti-
tude très probablement insuffisante.
Mieux vaut'attendre les résultats des es-
sais que dirige ce savant, dans des Stations
le 300, 600, 800, t.600 mètres en terre>
rouges ; déjà les premières constatations ne
sont pas favorables aux Stations trop basses
ou trop élevées.
L'Institut Pasteur a couru le risque ae
planter 150 ha. à Diom, il vaut mieux at-
tendre et voir ce qu'il adviendra de cette
tentative sur une grande échelle, avant de
l'imiter.
Cette conclusion d'un homme d'expénence
et de grand savoir est la plus sage, et le
Grand Conseil en a ainsi décidé.
Professeur Em. Perrotf
Membre de l'Académie de Médecine, de
l'Académie d'Arjriculhirc et de VAca-
démie des Sciences Coloniales.
(1.) A. Yersin et A" Lambert. lissais d'accli-
matation de l'arbre à Quinquina en Indochine.
Hanoï 1031. Notice Exp. Col. Intern. p. 23, V
pholog.
(2) Dr Yersin. Quostion des Quinquinas.
Notice extrailo de la session du Grand Consnil
des Intérôls économiques et Financiers de 1 In-
dochine, Saigon, 1931, p. 3.
Le problème colonial
«»̃
Mt
-a
l
ALBERT SARRAUT- a
commencé la se-
- maine derniere au
Comité parlemen-
taire français du
Commerce une sé-
rie de conféren-
ces sur le pro-
blème colonial.
L'importance du sujet de l'orateur ne
pornait manquer d'assurer un légitime suc-
cès à cette manifestation coloniale que prési-
dait M. Steeg.
Avec une grande précision, Vancien gou-
verneur de l bzdoclline a posé le problème
colonial dans. toute sa complexité, dans toute
sa gravité.
Nous ne pouvons que le féliciter de suivre
maintenant la doctrine des Annales Colo-
niales et de fouiller son sujet touffu et dan-
gereux comme la jungle, car nous sommes
ae ceux qui pensent que pour résoudre • un
problème, puisque a problème » il y a, il
faut en connaître toutes les « données ».
Actuellement, il se pose pour toutes les
nations : le fait colonial, après avoir été un
« grand orgueil », peut devenir pour l'Eu-
rope tine « grande appréhension » si elle se
laisse surprendre par les événements qui doi-
vent logiquement se produire, si elle ne
prelld pas conscience de la force grandis-
sante des peuples aujourd' hui colonisés et
'de la crise qui s'est. fatalement produite
dans des pays où brusquement notre civili-
sation s'est imposée sans transition, sans
évolution.
Le fait de coloniser a eu lui-même un
pouvoir « révolutionnaire J. Apporter l'ins-
truction, l'hygiène, ouvrir une route, moder-
niser la production, organiser le service mi-
litaire qui fait un citoyen de l'indigène, tel
est le fait colàttial:
Qui peut nier qu'il est par lui-même. com-
me l'a dit M. Albert Sarraut, « révolution-
nant ri.
• Voici donc le sort du colonisateur ; Plus
il fera œuvre colonisatrice, plus il risque de
développer le germe qui un jour l'éliminera
lui-même. ,
Une fois mis en tn'otivemettt,' le « dyna-
misme civilisateur » ne s'arrête plus.
Celui qui apporte la civilisation serait-il
-donc pareil à cet être fabuleux qui se lêvo.
rait lui-même sans s'en apercevoir ï ,
S-erait-il plutôt cet « apprenti sorcier « p
déchaînant des. forces qu'à un moment donné
il m pourra plus mqîttiser, et ,sints)'- mim,
desquelles il finira Par succomber lUi-thême i
Cf est un « problème » qui 1 comme K on le
voit, petit. dev etrir tragiquer
C'est peut-être le plus grave que, demain
l'Europe aura à résoudrc.. •
M. Albert Sarraut, dans sa première
conférence, l'a posé très courageusement en
toute objectivité devant son auditioire, com-
me les Annales Coloniales le posent déjà de-
litas de longues années devant le grand ?M-
blic.
A la vérité, depuis longtemps, il y (f
« chose jugée Ii dans notre esprit.
On a dit quelque fois que l'Art était une
finalité sans fin.
Ne peut-on pas en dire autant du colonia-
lisme 1
Michel Geistdoerfer,
Député des Côtes-du-Nord
Secrétaire d6 la Commission
de la Marine Marchande
> -.. (
Un évêque missionnaire
sacré à Notre-Dame
Ce matin, à 9 heures précises, a eu lieu à
Notre-Dame de Paris la cérémonie cki sacre
de Mgr René Graffin, de la Congrégation du
Saint-Esprit, coadjuteur de Mgr le vicaire
apostolique de Vaoundé (Cameroun).
Le nouvel élu a été consacré par S. Em. le
cardinal Verdier, archevêque de Paris, assisté
de Mar Grente, évêque du Mans, et de Mgr
Rolamd-Gosselin, évêque - de - Versailles. A
leurs côtés, on voit : Mgr Baudrillard, Mgr Le
Hunsec, Mgr Chaptat et Mgr Tardif, évêque
du Gabon.
L'entrée de Notre-Dame était libre, il y
avait foule, seule la nef centrale était réservée
aux membres de la famiUe et aux invités munis
de cartes. Au premier rang, on remarque le
père et - la - mère du nouvel élu, venus tout
exprès de la Sarthe où ils vivent, pour voir
consacrer leur fils. Celui-ci n'a que 32 ans.
C'est peut-être I plus jeune évêque que compte
le clergé français.
Il est assisté du père Fays, ce prêtre noir
qui fut ordonné, en octobre dernier, à Notre-
Dame.
A l. issue de la messe a eu lieu, dans
l'église, une procession sglennelle.
Pour la première fois, Mgr René Praflrn
bénit la foule des fidèles.
La quête a été faite, pendant la cérémonie,
pour la mission du nouvel évêque.
-– ) ---.
Après l'Exposition Coloniale
La chapelle de Notre-Dame des Missions,
qui fut à l'Exposition coloniale le lieu sacré
de la 1 grande émotion n, va être recons-
truite au Cygne d'Enghien, sur la grande
Toute de Paris à Rouen,
; MWM (
Le prix de littérature coloniale
,
Le prix de littérature coloniale sera vrai.
semblablement décerné le si avril.
M. Mario Roustan a reçu
Avignon et ses compagnons
,
M. Mario Roustan, ministre de l'Instruction
publique et des Beaux-Arts, a reçu les avia-
Lebeau et Cotier, héros d'un
teurs Avignon, l'Afrique.
raid à travers l'Afrique.
Le ministre a tenu à féliciter nos compa-
triotes, au nom de l'Université de France, et
s'est déclaré tout heureux de voir ses conci-
toyens dotuter un si bel exemple d'audace ré-
fléchie à la jeunesse de notre pays.
) ou* no E.
A r Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres
1
Les découvertes
de la mission Dakar-Djibouti
M. Pelliot a communiqué le rapport semes-
triel de la mission Dakar-Djibouti, subven-
tionnée par la Compagnie, qui est partie de-
puis le 30 mai 1931 et qui a étudié les us
locaux, magie, jeux, rites de naissances, ma-
riages et décès. Plus de 2.700 objets ont été
recueillis : poupées, pierres peintes, etc., dont
un grand nombre viendront enrichir les col-
lections du Musée du Trocadéro.
M. Jérôme Carcopino a lu ensuite un rap-
port de Rome signalant l'importance d'un
texte épigraphique trouvé près du pont Vic-
tor-Emmanuel en 120 fragments : c'est le pro-
gramme des jeux séculaires célébrés l'an 204
de notre ère. Ils comportaient, à partir du
4 juin, trois jours de spectacles sur trois
théâtres différents ; des chasses données dans
le cirque avec 700 lions, lionnes, lépoards,
ours, bisons et autruches; le sacrifice d'une
truie pleine offerte par l'empereur Septime
Sévère en personne à la déesse Terre-Mère
et un banquet rituel où s'assirent 109 matro.
nes avec l'impératrice Julia Donna.
Fouilles en Syrie
Les fouilles exécutées à Appamée, l'une des
cités les plus importantes de la Syrie à la
période séleucide et à la période romaine,
ont donné de très beaux résultats qu'est venu
exposer M. Mayence, professeur à l'Univer-
sité de Louvain, conservateur des musées de
Bruxelles, qui les dirigea en 1930 et 1931
avec la collaboration de M. Lacoste, archi-
tecte et professeur de l'Académie des Beaux-
Arts de Belgique.
Elles ont permis de fixer la topographie de
la ville et ont amené la. découverte de plu-
steurs monuments et ensembles architectu-
raux, dont il a été possible d'établir des re-
constitutions certaines, entre autres celle
d'un- double portique à colonnes qui ornait
la rue principale d'Ap,amée.
La mission belge a lait prendre des moula-
ges des principaux fragments d'architecture
-et de Sculpture trouvés au. cours Ups travaux,
et'l'on pourra Voir aUMnusée .de Bruxelles la
réplique, aux dimensions réelles, d'une partie
du portique d'Apamée.
M. Mayence s'est plu, en terminant, à re-
.mercier les autorités françaises, le haut com-
| mandement et M. Scyrig, directeur des anti-
quités de Syrie, du concours qu'ils ont prêté
a la mission belge.
.) (
M. Antonetti à Brazzaville
.: , 1
M. Antonetti, gouverneur général de l'Al-
gérie Equatoriale française, et le général
Braive, commandant supérieur des troupes
de l'A. E. F., qui avaient quitté Bangui
Je 7 mars, viennent d'arriver à Brazzaville.
) -.. (
Le voyage de la mission Griaule
en A. E. F.
1
On apprend de Bangui que la mission
linguistique et ethnographique française, di-
rigée par M. Griaulo, est arrivée à Bangui
le io mars.
On sait que cette mission effectue la
traversée de l'Afrique, suivant l'axe Dakar-
Djibouti.
Poursuivant son voyage, elle se rendra
incessamment dans l'Oubangui oriental, tra-
versera le M'Bomou et gagnera la province
orientale du. Congo Belge. Elle visitera en-
suite le Soudan égyptien.
Cette mission, dont les travaux ont com-
mencé il y a un an, a déjà recueilli une
précieuse documentation.
Le voyage de la mission
Charles Roux ,
..a.
'.J Panne, de voiture dans le désert
La mission Charles Roux, après huit jours
d'immobilisation au Tannesrouf, a été retrou-
vée par le colonel Sigoney et ramenée à Reg-
gan. Elle a dû abandonner momentanément
la deuxième voiture par suite de la rupture du
pont arrière.
Tous les membres de la mission sont en
bonne santé. La mission poursuivra la route
selon les possibilités de réparation.
--- le voyage du rot Albert
au tonllo bellte
ve-8 --
Ainsi que nous l'avons annoncé, le
toi Albert, pendant les vacances de Pâ-
ques, a décidé de se rendre au Congo belge.
C'est la troisième fois que le chef de l'Etat
se rend dans la colonie. Il veut visiter, dans
la région du lac Kivu, le parc national Albert,
qui constitue une réserve dans laquelle on es-
saye de sauver la faune et la flore des régions
tropicales et qui est en somme un immense
laboratoire pour les savants. Le roi sera ac-
compagné du professeur Van Straelen, direc-
teur du musée d'histoire naturelle à Bruxel-
les,' et du major Van Cauberg, son officier
d ordonnance. Il ne comnte s'ahsfvntpr mm
pendant quatre semaines. Il a décidé d'utili-
ser la voie des airs pour se rendre au Congo.
Il prendra la ligne anglaise régulière du
Caire et du Haut-Nil jusqu'à Juba. De là, il
gagnera le Congo et le lac Kivu en automo-
bile. La distance franchir <4Jar la route sera
d'environ 2.000 kilomètres.
Le port de Conakry
»♦»
Si Conakry n la perle de l'A.O.F. » était
déjà connu au dix-neuvième siècle, les' pre-
miers travaux importants de sa rade ne fu-
rent commencés qu'au début du vingtième
siècle, après l'accord du, 8 avril 1904 par
lequel 1 Angleterre nous reconnaissait l'en-
tière propriété de l'archipel des îles de
Loos.
A proximité immédiate de la ville, ces
îles offraient un mouillage profond et sûr,
un terrain fertile et des ressources en eau
potiible. De plus, l'absence de barre rendait
désirable aux vapeurs l'escale de Conakry,
où ils pourraient, par ailleurs se ravitailler
en légumes et en fruits divers. Ce furent là
quelques-unes des raisons qui présidèrent à
la construction, appelée à un développement
encore plus intense par suite de l'établisse-
ment, du chemin de fer de Conakry au
Niger.
La rade et le wharf de Conakry
La rade présente deux mouillages : le
mouillage du Nord entre l'île de Tumbo et
le banc de la Prudente, avec une fosse de
1.200 mètres de long sur 200 de large et des
fonds de 7 à 8 mètres ; le mouillage du
Sud, vers la pointe de Boulbinet avec une
fosse de 1.500 mètres de long sur 500 de
large et des fonds de 10 mètres.
Deux routes permettent d'accéder à ces
mouillages : la passe Sud, la plus longue,
mais la seule utilisable en tout temps, par
les gros navires, présente des fonds de 7 a
8 mètres., la \passe Nord, molins profonde
et non balisée est seulement fréquentée par
les caboteurs. Les ouvrages du port com-
prennent d'abord l'appontement proprement
dit, établi en bordure de la fosse Nord,
orienté Sud-Nord et, où peut accéder à
marée haute, un seul vapeur de moyen ton-
nage. Il existe en outre, un wharf dit des
caboteurs, à 150 mètres à l'Est du premier,
et destiné au - trafic de - ceux-ci, des cotres et
des vapeurs du service du port, remor-
queurs, embarcatioug diverses.
Parmi les Installations à terre, les seuls
magasins existants sont le magasin-cale et
celui de l'entrepôt de Douanes.
Ces deux immeubles servent de dépôt
aux marchandises déposées en douane. Mais
il n'y a pas de docks, à proprement parler.
L'outillage est restreint : une voie ferrée
métrique disposée sur le wharf, des voies
Decauville, et une grue à vapeur sur cha-
que appontement.
Aujourd'hui, bien que la crise ait enrayé
le mouvement croissant du trafic, il est
d'une sage politique de préparer l'avenir
par une amélioration des aménagements
portuaires existants. En effet, en dehors des
exportations habituelles de la colonie (ara-
chides; paltnillte, indigo, peaux, ccprâh;
etc. etc.) le tonnage en bananes s'établit
chaque année plus important. C'est pour-
quoi, dès 1927, le Gouvernement général de
1 A.O.F. s'est résolu à exécuter sur ses res-
sources normales .les premiers grands tra-
vaux du port.
Les travaux d'aménagement
En 1928, un marché fut passé avec une
entreprise de travaux, ayant pour objet la
construction d'un mur de quai de 300 mè-
tres de long, prévu pour l'accostage de na-
vires de 8 mètres de ̃ tirant d'eau. Ce mur
de quai atteindra, dans sa forme définitive,
800 mètres de long.
Le programme de cette première tranche
de travaux, comprend, en outre : la con..
truction- d'un terre-plein de 25 mètres de
largeur en arrière du mur du quai, afin
d'augmenter ses possibilités de manutention
de marchandises ; l'établissement d'une
voie ferrée de desserte du quaij l'acquisi-
tion, sur contrat de prestations, d'une dra-
gue puissante.
Il était nécessaire, pour permettre ces
diverses installations, de créer un vaste
terre-plein, conquis sur la mer. Les maté-
riaux de remblai proviennent des carrières
de latérite échelonnées le long de la voie du
Conakry-Niger du kilomètre 8 au kilomètre
JO. D'autre part, une carrière fut installée
dans une des îles de Loos, l'île de Kassa,
qui fournit aux chantiers du port les maté-
riaux durs (syénite), pour les enrochements
et la fabrication des blocs. Il fut également
aménagé sur place un atelier avec des
compresseurs.
Les dragages de la souille du mur de
quai, et la pose des enrochements à la base
du mur sont en cours.
Les remblais le long de la jetée de l'ap-
pontement sont presque terminés.
Concurremment à ces travaux, la colonie
de la Guinée s'est résolue a construire, sur
ses propres ressources, des installations spé-
cialisées pour le trafic des bananes. Un
grand entrepôt frigorifique, capable d'emma-
gasiner 6.000 caisses a été construit sur un
terre-plein triangulaire.
Un hall de déchargement où aboutissent
deux voies métriques a été établi à côté. La
manutention des caisses, des wagons à l'en-
trepôt et de l'entrepôt aux vapeurs sera
assurée mécaniquement. Lies installations
mécaniques, électriques et frigorifiques sont,
actuellement, sur le point d'être achevées.
- -
Le courant électrique sera fourni par une
centrale électrique située à 2 kilomètres
environ du wharf, près du pont de Tumbo.
Cette centrale électrique est presque ter-
minée; elle remplacera d'ailleurs, l'usine
municipale devenue aujourd'hui insuffisante
pour assurer la distribution dans le réseau
urbain.
La réalisation de tous ces travaux, d'un
montant total approximatif de 60 millions
marquera une date dans le développement
de la Guinée r rançaise. D'autre part, ces
travaux en cours seront encore complétés
par des travaux d'amélioration financés par
l'Emprunt autorisé par la loi du 22 février
1931. L'exécution de ce programme de tra-
vaux complémentaires entraînera une dé-
pense évaluée à 40 millions.
Lors de sa récente tournée d'inspection
en Guinée, M. le Gouverneur général Bré-
vié n'a pas manqué de visiter longuement
les travaux, qui dans un avenir très proche,
feront de Conakry une des escales les plus
importantes parmi celles de la Côte Occi-
dentale d'Afrique.
La colonisation indigène
au Soudan
4'&
M. Brévié en inspection à Niénébalé.
Le Gouverneur Général Brévié a consacté
la matinée du 27 janvier à l'inspection des
centres de colonisation indigène de Niénébalé
et de Baguineda.
La ferme de Niénébalé avait été choisie en
1926 comme centre d'une expérience de colo-
nisation indigène en terres irriguées. Il s'agis-
sait de savoir si l'indigène était susceptible de
s'adapter à des méthodes de cul ture perfec-
tionnées, à l'usage d'un outillage agricole euro-
péen et à l'emploi du bétail de trait. Il est
inutile ici de revenir sur les circonstances de
cette expérience qui ont été maintes fois rela-
tées. Qu'il suffise de retenir que les résultats
en avaient été nettement concluants et faisaient
bien augurer de l'avenir. Le Gouverneur Gé-
néral s'est rendu compte sur place des réper-
cussions locales de cette modeste expérience.
Il a trouvé les colons en pleine prospérité, heu-
reux de leur sort et ne demandant qu'à pour-
suivre l'exploitation suivant les formules que
nous leur indiquons. Récoltant de grosses quan-
tités de céréales, ils ont une nourriture abon-
dante et disposent encore de stocks importants
de grains pour la vente. Rien que sur la der-
nière campagne, ils ont en grenier 200 tonnes
de paddy qui attendent preneurs. La culture
des céréales est à la base de l'exploitation ;
mais elle n'est pas la seule et les colons pro-
duisent également du coton et de l' aracnide
pour l'exportation et des produits vivners qw
trouvent sur place un écoulement assuré.
Des aménagements simples ont permis de
capter les eaux de deux petits marigots tem-
poraires qui assurent les irrigations jusqu'au
mois de janvier, délai suffisant pour amener le
riz à maturité. De ce fait, la superficie du do-
maine qui ne dépassait guère 200 hectares à
l'origine est actuellement voisine de 1.000
hectares.
Le peuplement de cette superficie s'est ef-
fectué très simplement par l'arrivée progressive
de colons volontaires qui venaient spontané-
ment demander des terres. Ils étaient installés
dans les villages aérés et spacieux aux larges
voies plantées d'arbres fruitiers. Aujourd'hui,
la population implantée sur le domaine atteint
un millier d'individus. Ce chiffre représente
une densité de 100 habitants au kilomètre. Si
l'on songe qu'il y a quelques années, l'empla-
cement de la ferme était couvert de brousse
dense, on peut mesurer les bienfaits que l'on
peut attendre d'une organisation rationnelle de
la culture indigène. La formule mise en œuvre
à Niénébalé, en somme simple et peu coû-
teuse, est à reteni r et à développer dans les
régions éloignées des systèmes d irrigation de
Sotuba et du Macina. L'attirance que les indi-
gènes éprouvent pour Niénébalé, où ils accep-
tent de leur plein gré la tutelle technique du
directeur européen, permet d'escompter que les
tentatives analogues pourront être répétées avec
succès toutes les fois que l'on rencontrera des
superficies irrigables par des aménagements
simples.
Le Gouverneur Général a chaleureusement
félicité M. Bouvier, directeur du domaine, et
a vivement engagé les colons indigènes à per-
sévérer dans leurs méthodes de travail et à re-
doubler d'efforts. Nul doute que ces sages
conseils, adressés à des cultivateurs évolués et
conscients des résultats du labeur organisé ne
produisent leurs fruits.
et à Baguineda
De Niénébalé, M. Brévié s'est rendu à Ba-
guineda, second en date des domaines de colo-
nisation en culture irriguée au Soudan Fran-
çais. Ici, il ne s'agit plus d'un système d'irri-
gation avec les moyens de fortune, comme
c'est le cas à Niénébalé. Nous trouvons là, au
contraire, stèrne d'hydraulique agricole
scientifiquement organisé dont l'étude et l'éta-
blissement ont demandé des années et nécessité
l'investissement de plus de 20 millions. Le
système est commandé par les ouvrages de So-
tuba, inaugurés en 1929 par M. Maginot,
alors ministre des Colonies. Depuis cette épo-
que, le travail de débroussaillement, de nive-
lage de préparation du sel a été poursuivi, les
canaux secondaires et les rigoles d'irrigation
ont été creusés et le Gouverneur Général a'
pu voir un domaine de colonisation de 3.500
hectares en pleine exploitation. La formule de
colonisation est calquée sur celle de Niéné-
balé. Dans l'esprit du Gouverneur Général
Carde, à qui en revient - l'initiative, il s' agissait
de donner une portée plus grande à 1 expé-
rience de Niénébalé dont le cadre, alors en-
core très restreint, ne semblait pas de nature
à donner des résultats que l'on pût généraliser
sans faire preuve de témérité. Il s'agissait éga-
lement de placer sur le plan réel un essai de
colonisation indigène dans les conditions mêmes
où se présentera la mise en valeur des terres
du Macina que le barrage de Sansanding, dont
la construction est prévue au programme d' em-
prunt, permettra d'irriguer. 011 devait, en
somme, préparer un terrain d'expérience où
administrateurs, ingénieurs agronomes trouve-
raient un vaste champ d'observations.
La réalisation de ces idées a été facilitée et
hâtée par le succès de l'exploitation des colons
de Niénébalè. Avant même que le sol ait été
aménagé, de nombreuses demandes furent dé-
posées, dont plusieurs circonstances curieuses
émanaient d'agents indigènes de l'administra-
tion. Le peuplement des premiers lots de colô-
nisation ne souffrit donc aucune difficulté. Le
Gouverneur Général Brévié s'est rendu compte
en s entretenant avec les colons que ceux-ci
étaient pleinement satisfaits de leurs nouvelles
exploitations et en parcourant le domaine, il
a constaté la somme considérable de travail
qui avait été fournie par l'administration pour
l'aménagement du sol, et par les colons pour
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