Titre : Revue des cultures coloniales
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1900-05-20
Contributeur : Milhe-Poutingon, Albert. Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32858342r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5134 Nombre total de vues : 5134
Description : 20 mai 1900 20 mai 1900
Description : 1900/05/20 (A4,N53,T6). 1900/05/20 (A4,N53,T6).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63783575
Source : CIRAD, 2012-231823
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/08/2013
296 REVUE DES CULTURES COLONIALES
LES CULTURES INDIGÈNES
DANS L'AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE
(Suite.)
Ce serait une erreur de croire que tous les indigènes de l'Afrique occidentale
se contentent de gratter un peu le sol avec leurs outils au moment des ensemen-
cements, comme cela se pratique dans la plupart des régions du Continent Noir.
Les populations travailleuses de la Casamance, de la vallée du Niger, du pays
Sérère ou de la Volta, retournent la terre plusieurs fois avec l'hilaire ou la daba
jusqu'à 30 ou 40 centimètres de profondeur. Dans les terrains humides, la terre
est mise en sillons ou en petites buttes espacées de quelques décimètres et per-
mettant à l'eau de s'écouler après les tornades sans noyer les jeunes plants.
Certaines espèces à tubercules comme les maniocs, l'igname, sont buttées à
diverses reprises; le riz est repiqué sur des levées de terres disposées très régu-
lièrement et entre lesquelles on règle l'arrivée de l'eau des marigots selon les
besoins de la plante. Les jeunes semis de mil, dé riz, sont sarclés souvent et
débarrassés' avec soin des cypéracées et graminées vivaces à rhizomes traçants.
Lorsqu'un vol de sauterelles vient s'abattre sur un champ, les indigènes font
tous leurs efforts pour les chasser et en détruisent autant qu'ils peuvent. A notre
passage à San, nous avons observé que les indigènes avaient construit, de leur
propre initiative, des fossés pour y enterrer les jeunes criquets. Lorsque M. le
capitaine Lambert, commandant du cercle de Ségou, a voulu, avec la collabora-
tion de M. le lieutenant Veil, combattre les invasions de criquets qui dévastent
chaque année les récoltes de cette région, plusieurs centaines de travailleurs
sont venus librement tous les matins, pendant quelques semaines, aux points où
se faisaient les éclosions, construire des fossés pour y chasser les jeunes
criquets.
Au moment de la maturité du mi] et du maïs, tous les enfants des villages des
bords du Sénégal et du Niger passent les journées et les nuits au milieu des
champs en poussant des cris et en mettant en mouvement des jeux de ficelles
allant d'un bout à l'autre de la culture et ayant pour but, en agitant la planta-
tion, de mettre en fuite les singes et les oiseaux qui seraient tentés de venir la
dévaster.
En un mot, presque toutes les races du Sénégal et du Soudan, malgré leur
apathie proverbiale, sont essentiellement agricoles, et pendant le temps court,
il est vrai que dure la préparation des terres et leur ensemencement, ils
déploient autant d'activité que l'ouvrier agricole en Europe. Nous avons ren-
contré souvent, durant notre long voyage, au moment des ensemencements, les
captifs du Sindou occupés aux champs avant le lever du soleil, et le soir ils y
étaient encore fort tard ; souvent même, il leur arrive de partir au lougan pour
plusieurs jours et de ne rentrer que lorsque le travail est terminé.
Les aptitudes agricoles des diverses peuplades ne sont pas d'ailleurs les
mêmes. Nous examinerons rapidement l'état actuel de l'agriculture dans les
principales régions que nous avons traversées.
La race Wolofe est l'une des moins adonnées à l'agriculture. Le Wolof
musulman est plutôt traitant. Le travail manuel lui répugne souvent; leslougans
du Cayor, dans les pays traversés par la ligne du chemin de fer de Dakar à
Saint-Louis, sont mal débroussaillés, la terre est peu ou point préparée pour
LES CULTURES INDIGÈNES
DANS L'AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE
(Suite.)
Ce serait une erreur de croire que tous les indigènes de l'Afrique occidentale
se contentent de gratter un peu le sol avec leurs outils au moment des ensemen-
cements, comme cela se pratique dans la plupart des régions du Continent Noir.
Les populations travailleuses de la Casamance, de la vallée du Niger, du pays
Sérère ou de la Volta, retournent la terre plusieurs fois avec l'hilaire ou la daba
jusqu'à 30 ou 40 centimètres de profondeur. Dans les terrains humides, la terre
est mise en sillons ou en petites buttes espacées de quelques décimètres et per-
mettant à l'eau de s'écouler après les tornades sans noyer les jeunes plants.
Certaines espèces à tubercules comme les maniocs, l'igname, sont buttées à
diverses reprises; le riz est repiqué sur des levées de terres disposées très régu-
lièrement et entre lesquelles on règle l'arrivée de l'eau des marigots selon les
besoins de la plante. Les jeunes semis de mil, dé riz, sont sarclés souvent et
débarrassés' avec soin des cypéracées et graminées vivaces à rhizomes traçants.
Lorsqu'un vol de sauterelles vient s'abattre sur un champ, les indigènes font
tous leurs efforts pour les chasser et en détruisent autant qu'ils peuvent. A notre
passage à San, nous avons observé que les indigènes avaient construit, de leur
propre initiative, des fossés pour y enterrer les jeunes criquets. Lorsque M. le
capitaine Lambert, commandant du cercle de Ségou, a voulu, avec la collabora-
tion de M. le lieutenant Veil, combattre les invasions de criquets qui dévastent
chaque année les récoltes de cette région, plusieurs centaines de travailleurs
sont venus librement tous les matins, pendant quelques semaines, aux points où
se faisaient les éclosions, construire des fossés pour y chasser les jeunes
criquets.
Au moment de la maturité du mi] et du maïs, tous les enfants des villages des
bords du Sénégal et du Niger passent les journées et les nuits au milieu des
champs en poussant des cris et en mettant en mouvement des jeux de ficelles
allant d'un bout à l'autre de la culture et ayant pour but, en agitant la planta-
tion, de mettre en fuite les singes et les oiseaux qui seraient tentés de venir la
dévaster.
En un mot, presque toutes les races du Sénégal et du Soudan, malgré leur
apathie proverbiale, sont essentiellement agricoles, et pendant le temps court,
il est vrai que dure la préparation des terres et leur ensemencement, ils
déploient autant d'activité que l'ouvrier agricole en Europe. Nous avons ren-
contré souvent, durant notre long voyage, au moment des ensemencements, les
captifs du Sindou occupés aux champs avant le lever du soleil, et le soir ils y
étaient encore fort tard ; souvent même, il leur arrive de partir au lougan pour
plusieurs jours et de ne rentrer que lorsque le travail est terminé.
Les aptitudes agricoles des diverses peuplades ne sont pas d'ailleurs les
mêmes. Nous examinerons rapidement l'état actuel de l'agriculture dans les
principales régions que nous avons traversées.
La race Wolofe est l'une des moins adonnées à l'agriculture. Le Wolof
musulman est plutôt traitant. Le travail manuel lui répugne souvent; leslougans
du Cayor, dans les pays traversés par la ligne du chemin de fer de Dakar à
Saint-Louis, sont mal débroussaillés, la terre est peu ou point préparée pour
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