Titre : Togo Cameroun : magazine mensuel / présenté par l'Agence économique des territoires africains sous mandat
Auteur : Agence économique des territoires africains sous mandat. Auteur du texte
Éditeur : Agence économique des territoires africains sous mandat (Paris)
Date d'édition : 1931-03-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34407680f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 1806 Nombre total de vues : 1806
Description : 01 mars 1931 01 mars 1931
Description : 1931/03/01-1931/04/30. 1931/03/01-1931/04/30.
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Zone géographique :... Collection numérique : Zone géographique : Afrique de l'Ouest
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Thème : Sciences sociales Collection numérique : Thème : Sciences sociales
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6352516h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, FOL-O3-1424
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/10/2012
le LE FÉTICHISME AU TOGO
Il suffit d'avoir vu les féticheurs et les féticheuses,
dans leurs bizarres accoutrements, pour se rendre compte
des moyens rudimentaires qu'ils emploient et grâce aux-
quels ils réussissent à tenir sous leur joug les naïves foules
togolaises encore imprégnées de coutumes ancestrales et
toujours soumises aux croyances puériles que les généra-
tions successives se transmettent les unes aux autres. Ces
magiciens aussi dénués de savoir que de scrupules, dont
l'avidité est aussi légendaire que la paresse, exercent leur
métier sur tous les points du territoire, mais c'est dans la
partie sud surtout que s'affirme leur pouvoir occulte sur
des êtres dont la naïveté est vraiment déconcertante.
Bien nourris et travaillant peu, ils apparaissent, en
même temps qu'effrontés, vigoureux et agiles. Autour de
leurs reins les pagnes se superposent, de couleurs diverses,
également sales. Des colliers de coquillages descendent
sur leurs poitrines nues, voisinant avec les petits sachets
de cuir magique qu'ils vendent bon prix. Leurs bras, leurs
cuisses, leurs mollets s'ornent — si l'on peut dire - de
chaînes et de vieilles tôles, tandis que leurs mains agitent
des queues de cheval et une tige de fer. C'est dans cet accou-
trement quiils opèrent sur la place publique des villages,
ayant rallié autour d'eux des foules denses qu'ils attirent,
subjuguent et épouvantent à la fois. La cérémonie débute
par des appels aux esprits souterrains, de longs piétine-
ments devant lesquels les spectateurs reculent.
Puis la danse commence frénétique, ponctuée de sau-
vages hurlements. Entre les doigts du féticheur, les queues
de cheval s'agitent en tous sens, la houe de fer dessine des
orbes, tantôt lancée en l'air, tantôt fichée dans le sol;
les pas s'accélèrent encore au rythme du tam-tam dont joue
un aide habile à suivre la cadence au gré de son chef qui
sait avec astuce modifier ses mouvements. Quand la
représentation grotesque prend fin, à l'instar des bonimen-
teurs occidentaux le féticheur fait le tour de l'assistance
pour une quête que rend plus fructueuse la vente des amu-
lettes et des gris-gris.
*
* *
En quoi consistent ceux-ci et celles-là ? Un jeune adjoint
des services civils du Togo, M. Maurice Jouannin, ravi
trop tôt à la cause coloniale et aux lettres françaises et qui
a étudié minutieusement, sur place, le sujet qui nous
occupe aujourd'hui, nous renseigne. Ceux qui captent
davantage la confiance des noirs sont de trois sortes. Il y a
l' « ébo », merveilleux sachet de cuir qui n'est autre chose
qu'un porte-bonheur et dont l'indigène paie de six à
cent francs le contenu composé de becs, de griffes de pou-
lets, de cailloux, de débris de verre, de la terre, etc., etc. »
L' « été » ou poudre magique n'est que de la vulgaire
cendre, tandis que le « tila », sachet de papier plié, et grif-
fonné de signes qui voudraient être cabalistiques, repré-
sente le remède à tous les maux appliqué sur les plaies
préalablement enduites ou recouvertes d'huile de palme,
de graisse de porc, de terre ou de corne pilée.
Mais ce sont là les à-côtés du fétichisme, exercé et vivifié
par les féticheurs d'envergure, ceux qui se sont imposés à
des régions entières, auxquels les populations ont foi et
devant lesquels elles tremblent. Il existe des fétiches pro-
prement dits, sans nombre, qui constituent la croyance
universelle de ces peuplades et qui se trouvent un peu
partout essaimés, dans la case, dans lé sol, dans la forêt,
la brousse, les eaux ou le ciel. On distingue le fétiche indi-
viduel, le fétiche familial, le fétiche régional et aussi l'uni-
versel.
Mais quels que soient leur importance ou leur rayonne-
ment, avant tout, il importe pour les noirs, de se les rendre
favorables. Ils comptent sur eux pour éloigner la maladie,
rendre meilleures les récoltes, écarter le danger, appeler
l'abondance, favoriser les mariages, les naissances, et, en
général, toutes les entreprises.
Cependant, le fétiche sert aussi à susciter la vérité
dans les cas litigieux et il prête son appui à qui veut se
venger d'un rival, d'un ennemi, d'un assassin ou d'un
voleur.
- J 43 -
Il suffit d'avoir vu les féticheurs et les féticheuses,
dans leurs bizarres accoutrements, pour se rendre compte
des moyens rudimentaires qu'ils emploient et grâce aux-
quels ils réussissent à tenir sous leur joug les naïves foules
togolaises encore imprégnées de coutumes ancestrales et
toujours soumises aux croyances puériles que les généra-
tions successives se transmettent les unes aux autres. Ces
magiciens aussi dénués de savoir que de scrupules, dont
l'avidité est aussi légendaire que la paresse, exercent leur
métier sur tous les points du territoire, mais c'est dans la
partie sud surtout que s'affirme leur pouvoir occulte sur
des êtres dont la naïveté est vraiment déconcertante.
Bien nourris et travaillant peu, ils apparaissent, en
même temps qu'effrontés, vigoureux et agiles. Autour de
leurs reins les pagnes se superposent, de couleurs diverses,
également sales. Des colliers de coquillages descendent
sur leurs poitrines nues, voisinant avec les petits sachets
de cuir magique qu'ils vendent bon prix. Leurs bras, leurs
cuisses, leurs mollets s'ornent — si l'on peut dire - de
chaînes et de vieilles tôles, tandis que leurs mains agitent
des queues de cheval et une tige de fer. C'est dans cet accou-
trement quiils opèrent sur la place publique des villages,
ayant rallié autour d'eux des foules denses qu'ils attirent,
subjuguent et épouvantent à la fois. La cérémonie débute
par des appels aux esprits souterrains, de longs piétine-
ments devant lesquels les spectateurs reculent.
Puis la danse commence frénétique, ponctuée de sau-
vages hurlements. Entre les doigts du féticheur, les queues
de cheval s'agitent en tous sens, la houe de fer dessine des
orbes, tantôt lancée en l'air, tantôt fichée dans le sol;
les pas s'accélèrent encore au rythme du tam-tam dont joue
un aide habile à suivre la cadence au gré de son chef qui
sait avec astuce modifier ses mouvements. Quand la
représentation grotesque prend fin, à l'instar des bonimen-
teurs occidentaux le féticheur fait le tour de l'assistance
pour une quête que rend plus fructueuse la vente des amu-
lettes et des gris-gris.
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En quoi consistent ceux-ci et celles-là ? Un jeune adjoint
des services civils du Togo, M. Maurice Jouannin, ravi
trop tôt à la cause coloniale et aux lettres françaises et qui
a étudié minutieusement, sur place, le sujet qui nous
occupe aujourd'hui, nous renseigne. Ceux qui captent
davantage la confiance des noirs sont de trois sortes. Il y a
l' « ébo », merveilleux sachet de cuir qui n'est autre chose
qu'un porte-bonheur et dont l'indigène paie de six à
cent francs le contenu composé de becs, de griffes de pou-
lets, de cailloux, de débris de verre, de la terre, etc., etc. »
L' « été » ou poudre magique n'est que de la vulgaire
cendre, tandis que le « tila », sachet de papier plié, et grif-
fonné de signes qui voudraient être cabalistiques, repré-
sente le remède à tous les maux appliqué sur les plaies
préalablement enduites ou recouvertes d'huile de palme,
de graisse de porc, de terre ou de corne pilée.
Mais ce sont là les à-côtés du fétichisme, exercé et vivifié
par les féticheurs d'envergure, ceux qui se sont imposés à
des régions entières, auxquels les populations ont foi et
devant lesquels elles tremblent. Il existe des fétiches pro-
prement dits, sans nombre, qui constituent la croyance
universelle de ces peuplades et qui se trouvent un peu
partout essaimés, dans la case, dans lé sol, dans la forêt,
la brousse, les eaux ou le ciel. On distingue le fétiche indi-
viduel, le fétiche familial, le fétiche régional et aussi l'uni-
versel.
Mais quels que soient leur importance ou leur rayonne-
ment, avant tout, il importe pour les noirs, de se les rendre
favorables. Ils comptent sur eux pour éloigner la maladie,
rendre meilleures les récoltes, écarter le danger, appeler
l'abondance, favoriser les mariages, les naissances, et, en
général, toutes les entreprises.
Cependant, le fétiche sert aussi à susciter la vérité
dans les cas litigieux et il prête son appui à qui veut se
venger d'un rival, d'un ennemi, d'un assassin ou d'un
voleur.
- J 43 -
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