Titre : L'Océanie française : bulletin mensuel du Comité de l'Océanie française
Auteur : Comité de l'Océanie française. Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Océanie française (Paris)
Date d'édition : 1923-05-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32828039d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mai 1923 01 mai 1923
Description : 1923/05/01 (A19,N69)-1923/08/31. 1923/05/01 (A19,N69)-1923/08/31.
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3205675d
Source : CIRAD, 2019-18526
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/03/2019
L’OCEANIE FRANÇAISE
47
guerre et lanee la grande république pacifique
vers l’impérialisme. C’est la guerre avec l’Es
pagne : ils s’emparent du mêmecoup de Cuba,
qui garde l’entrée du Canal, des Philippines en
face de la Chine, puis des Hawaï, clé du Paci
fique nord, et, nous l’avons dit, d’une partie
des Samoa dans le Pacique sud. Bientôt
M. Swan expose cette politique nouvelle dans
un discours fameux : « Il faut que les Etats-
Unis aientla Hotte la plus considérable qui ait
jamais navigué sur l’Océan, et que la richesse
et l’énergie américaines transfèrent la souve
raineté du Pacifique à l’étendard étoilé. »
Mais San Francisco est une tète de ligne in
suffisante. Les aciers de Pittsburg, les cotons
de la Nouvelle-Orléans ne peuvent supporter
les milliers de kilomètres en chemin de fer
pour rejoindre les bateaux qui les distribue
ront vers l'Extrême-Orient, ou alors ils doivent
passer par Suez, ce qui détruit leur avantage
sur les produits similaires d’Europe : seul le
canal de Panama peut permettre de lutter avec
succès. Ainsi se pose pour les Etats-Unis la
question de Panama à l’heure où les malheurs
de la Compagnie française favorisent leurs pro
jets.
Les conséquences de ce grand événement, l’ou
verture du Canal de Panama, sont nombreuses :
au point de vue américain c’est d’abord la Cali
fornie rapprochée des provinces de l’est, à qui
elle vendra ses céréales, ses bois, son bétail,
dont elle recevra les machines agricoles, les
produits manufacturés ; ce sont les provinces
de l’Est reliées directement avec l’Amérique
sud-occidentale (Chili, etc.) dont les nitrates se
dirigeront en quantités croissantes vers les
champs cotonniers du Texas etdela Louisiane,
en échange de pétrole, de fer et de charbon ;
c'est la Californie reliée avec l’Amérique Sud-
orientale ^Brésil, République argentine). Mais,
c’est surtout, nous insistons, l’Est Américain
en relations étroites avec les vieilles et riches
régions d’Extrême-Orient, et aussi les pays
neufs de la Nouvelle-Zélande et d’Australie
auxquels il enverra ses cotons en balles et ses
tissus, dont il recevra les soies, les chanvres et
les laines.
De ce qui précède il est facile de comprendre
que trois grands carrefours nouveaux s’apprê
tent pour une navigation prochaine ; les Antil
les fixeront le centre des courants d’échanae
des deux Amériques commerçant entre elles
ou du trafic européen à destination de leurs
rives occidentales ; les Hawaï seront le port
d’escale des lignes américaines à destination
de l’Extrême-Orient-; les terres polynésiennes
du Pacifique sud offriront une relâche indis
pensable aux lignes européennes et américai
nes à destination, du monde australien.
Or, pour n’envisager que la navigation pro
bable à travers le Pacifique sud, la France avec
les Etablissements françaisde l’Océanie (Tahiti
et dépendances), la Nouvelle-Calédonie et les
Nouvelles-Hébrides semble particulièrement
avantagée par la situation stratégique qu elle
occupe. Nos établissements polynésiens, à mi-
chemin ou à peu près des grands courants
commerciaux du grand océan, forment l’X des
courants futurs.
Quittons donc le Canal de Panama, et nous
dirigeant vers l’ouest, vers l’Indo-Chine, clé
de voûte de notre politique, faisons d’abord
escale quelques instants dans ces îles.
Voici ce qu’on a appelé les petites F rances du
Pacifique. Rappelons en quelques mots leurs
caractéristiques :
C’est d’abord Tahiti avec sa satellite Mooréa,
à 17° de latitude sud, au centre du Pacifique
Austral, îles montagneuses dont les sommets
atteignent 2.200à2.000 mètres, entourées d’un
récif circulaire, travail patient des polypiers;
à l’ouest sont les Iles sous le Vent, îles égale
ment volcaniques, au nord-est les Iles Mar
quises; à l’est s’aligne un plateau sous-marin
sur lequel les coraux ont élevé leurs gigan
tesques constructions : ce sont les Tuamotu,
ou îles basses, que prolonge l’archipel des
Gambier. Citons encore les îles australes et
file Rapa.
La population totale de nos Etablissements,
de race maorie, est de 25.000 habitants.
Il ne nous appartient pas ici de dire leurs
richesses, ce qu’ils attendent de nous, de nos
capitaux, de nos bras, pour justifier l’espoir
légitime que nous avons mis en eux : cela doit
faire l’objet d’une étude spéciale. Nous vou
drions seulement exposer le rôle qu’ils jouent
et joueront de plus en plus, stratégiquement,
politiquement et économiquement, dans les
destinées du Pacifique.
Les Etablissements français de l’Océanie, ce
sont les jalons les plus précieux qui soient que
possède la France. « Les échelles du Pacific) ue»,
a dit M. Poincaré. Rien n’est plus exact. Tahiti
estlaclédu Pacifique, l’outil précieux de notre
influence et de notre action.
Pour être plus excentrique, à l’entrée du
monde mélanésien, la Nouvelle-Calédonie et
les Nouvelles-Hébrides n’en tiennent pas moins
une place également importante, au voisinage
du monde australien. Entre Panama, notre
passé, plein de grandeurs encore, écluse colos
sale sur le plus grand des ‘océans et l’Indo-
Chine, notre brillant avenir, plein de promes
ses et de personnalité féconde, voici nos deux
plates-formes, polynésienne, mélanésienne, nos
deux étapes, nos deux phares.
Sans elles, l’histoire d’hier serait morte à
jamais, par elles elle demeure. Sans elles la
France serait rayée des grandes nations dans le
Pacifique ; par elles nous affirmons politique
ment, énergiquement, notre place. Nous som
mes mêlés à tous les grands problèmes qui
agitent ce monde nouveau, en attenda t que
nous retirions de cette situation particulière-
47
guerre et lanee la grande république pacifique
vers l’impérialisme. C’est la guerre avec l’Es
pagne : ils s’emparent du mêmecoup de Cuba,
qui garde l’entrée du Canal, des Philippines en
face de la Chine, puis des Hawaï, clé du Paci
fique nord, et, nous l’avons dit, d’une partie
des Samoa dans le Pacique sud. Bientôt
M. Swan expose cette politique nouvelle dans
un discours fameux : « Il faut que les Etats-
Unis aientla Hotte la plus considérable qui ait
jamais navigué sur l’Océan, et que la richesse
et l’énergie américaines transfèrent la souve
raineté du Pacifique à l’étendard étoilé. »
Mais San Francisco est une tète de ligne in
suffisante. Les aciers de Pittsburg, les cotons
de la Nouvelle-Orléans ne peuvent supporter
les milliers de kilomètres en chemin de fer
pour rejoindre les bateaux qui les distribue
ront vers l'Extrême-Orient, ou alors ils doivent
passer par Suez, ce qui détruit leur avantage
sur les produits similaires d’Europe : seul le
canal de Panama peut permettre de lutter avec
succès. Ainsi se pose pour les Etats-Unis la
question de Panama à l’heure où les malheurs
de la Compagnie française favorisent leurs pro
jets.
Les conséquences de ce grand événement, l’ou
verture du Canal de Panama, sont nombreuses :
au point de vue américain c’est d’abord la Cali
fornie rapprochée des provinces de l’est, à qui
elle vendra ses céréales, ses bois, son bétail,
dont elle recevra les machines agricoles, les
produits manufacturés ; ce sont les provinces
de l’Est reliées directement avec l’Amérique
sud-occidentale (Chili, etc.) dont les nitrates se
dirigeront en quantités croissantes vers les
champs cotonniers du Texas etdela Louisiane,
en échange de pétrole, de fer et de charbon ;
c'est la Californie reliée avec l’Amérique Sud-
orientale ^Brésil, République argentine). Mais,
c’est surtout, nous insistons, l’Est Américain
en relations étroites avec les vieilles et riches
régions d’Extrême-Orient, et aussi les pays
neufs de la Nouvelle-Zélande et d’Australie
auxquels il enverra ses cotons en balles et ses
tissus, dont il recevra les soies, les chanvres et
les laines.
De ce qui précède il est facile de comprendre
que trois grands carrefours nouveaux s’apprê
tent pour une navigation prochaine ; les Antil
les fixeront le centre des courants d’échanae
des deux Amériques commerçant entre elles
ou du trafic européen à destination de leurs
rives occidentales ; les Hawaï seront le port
d’escale des lignes américaines à destination
de l’Extrême-Orient-; les terres polynésiennes
du Pacifique sud offriront une relâche indis
pensable aux lignes européennes et américai
nes à destination, du monde australien.
Or, pour n’envisager que la navigation pro
bable à travers le Pacifique sud, la France avec
les Etablissements françaisde l’Océanie (Tahiti
et dépendances), la Nouvelle-Calédonie et les
Nouvelles-Hébrides semble particulièrement
avantagée par la situation stratégique qu elle
occupe. Nos établissements polynésiens, à mi-
chemin ou à peu près des grands courants
commerciaux du grand océan, forment l’X des
courants futurs.
Quittons donc le Canal de Panama, et nous
dirigeant vers l’ouest, vers l’Indo-Chine, clé
de voûte de notre politique, faisons d’abord
escale quelques instants dans ces îles.
Voici ce qu’on a appelé les petites F rances du
Pacifique. Rappelons en quelques mots leurs
caractéristiques :
C’est d’abord Tahiti avec sa satellite Mooréa,
à 17° de latitude sud, au centre du Pacifique
Austral, îles montagneuses dont les sommets
atteignent 2.200à2.000 mètres, entourées d’un
récif circulaire, travail patient des polypiers;
à l’ouest sont les Iles sous le Vent, îles égale
ment volcaniques, au nord-est les Iles Mar
quises; à l’est s’aligne un plateau sous-marin
sur lequel les coraux ont élevé leurs gigan
tesques constructions : ce sont les Tuamotu,
ou îles basses, que prolonge l’archipel des
Gambier. Citons encore les îles australes et
file Rapa.
La population totale de nos Etablissements,
de race maorie, est de 25.000 habitants.
Il ne nous appartient pas ici de dire leurs
richesses, ce qu’ils attendent de nous, de nos
capitaux, de nos bras, pour justifier l’espoir
légitime que nous avons mis en eux : cela doit
faire l’objet d’une étude spéciale. Nous vou
drions seulement exposer le rôle qu’ils jouent
et joueront de plus en plus, stratégiquement,
politiquement et économiquement, dans les
destinées du Pacifique.
Les Etablissements français de l’Océanie, ce
sont les jalons les plus précieux qui soient que
possède la France. « Les échelles du Pacific) ue»,
a dit M. Poincaré. Rien n’est plus exact. Tahiti
estlaclédu Pacifique, l’outil précieux de notre
influence et de notre action.
Pour être plus excentrique, à l’entrée du
monde mélanésien, la Nouvelle-Calédonie et
les Nouvelles-Hébrides n’en tiennent pas moins
une place également importante, au voisinage
du monde australien. Entre Panama, notre
passé, plein de grandeurs encore, écluse colos
sale sur le plus grand des ‘océans et l’Indo-
Chine, notre brillant avenir, plein de promes
ses et de personnalité féconde, voici nos deux
plates-formes, polynésienne, mélanésienne, nos
deux étapes, nos deux phares.
Sans elles, l’histoire d’hier serait morte à
jamais, par elles elle demeure. Sans elles la
France serait rayée des grandes nations dans le
Pacifique ; par elles nous affirmons politique
ment, énergiquement, notre place. Nous som
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