Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1937-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1937 01 janvier 1937
Description : 1937/01/01 (A47,N1)-1937/12/31 (A47,N11). 1937/01/01 (A47,N1)-1937/12/31 (A47,N11).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3204633r
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/03/2019
96
BULLETIN DU COMITÉ
injuste qu’injustifiée, les représentants élus de la popu
lation tunisienne, venus de tous les points de la Régence,
et dont l’esprit de collaboration et de pondération est connu
de tous, n’hésitent pas à vous dénoncer toute la fausseté
de ces affirmations.
« La vérité, c’est que, malgré une détresse immense que
traverse la population de ce Pays, dont la grande majorité
serait condamnée à mourir littéralement de faim sans les
efforts que votre politique clairvoyante et humaine est en
train de déployer et d’accentuer chaque jour, la popula
tion tunisienne, admirablement courageuse à supporter un
sort si malheureux, témoigne à votre égard, Monsieur le
Résident Général, d’une confiance illimitée et reste calme.
« Elle sait que vous connaissez sa situation dramatique,
que vous l’avez écoutée et comprise, et que, dans la me
sure des possibilités matérielles, vous vous ingéniez san6
cesse à tendre vos efforts à l’allégement progressif de sa
misère. Elle sait que, mesurant la profondeur de sa détresse
vous n’hésiterez pas à exiger les plus grands sacrifices
pour la soustraire aux affres de la faim.
« Et si vous êtes bon, elle sait aussi que vous n’êtes pas
crédule, et que vous ne croirez rien d’une campagne dont
le moins qu’on puisse dire est qu’elle est déplacée, dans
un moment douloureux pour nous et où la solidarité eût
été plus utile et plus politiquement française.
« Ces bruits alarmistes nous divisent ; le fait d’évoquer
les grandes famines de l’Histoire tunisienne, sans excuser
la misère actuelle, ne peut qu’irriter les esprits au lieu de
les calmer.
« Aussi, à l’heure où le Gouvernement de la République
Française tente d’introduire en Tunisie les mesures libé
rales économiques, politiques et sociales, qui conditionnent
dans ce pays une politique d’équilibre et de paix sociale,
et au moment où l’annonce seule de ces mesures a produit
dans la population autochtone les plus heureux effets, nous
nous refusons à comprendre cette hostilité systématique à
l’égard de votre politique et de la population tunisienne.
« Partisans sincères de l’union et de la concorde de tous
les éléments, mais aussi d’une politique de justice et d’équi
té seule capable de conduire nos compatriotes à un légitime
relèvement, nous tenons à rassurer la population française
contre ces bruits alarmistes de troubles imaginaires, à
moins qu’ils ne soient provoqués, et à vous dire, avec-
toute notre reconnaissance pour l’effort accompli, la con
fiance sincère et entière que nous mettons en vous, comme
dans la politique démocratique du Gouvernement Français,
pour poursuivre dans ce pays l’étude des causes profondes
de la situation malheureuse de la population tunisienne
et la réalisation des moyens efficaces de son redressement
définitif. »
'Le Résident Général a remercié la délégation de la Sec
tion Tunisienne des sentiments qu’elle voulait bien lui
exprimer. 11 s’est félicité de voir apporter par les élus tuni
siens connaissant bien le pays une note qui permet aux hom
mes de bonne foi de se rendre compte de la situation réelle.
Il est heureux de constater que la politique de justice et
d’égalité des droits qu’il poursuit dans le maintien de l’or
dre public rencontre la pleine collaboration des élus tuni
siens.
Il est éminemment regrel table que ces deux
démarches se soient produites à deux heures d’in
tervalle (17 h. 30-19 li. 30) et qu’elles aient sem
blé de ce fait associer l’émotion de la délégation
indigène du Grand Conseil à l’excitation du Des
tour. Nous voulons penser qu’il y a eu coïnci
dence fortuite, encore que certains puissent y voir
complicité. A vrai dire l’origine de ces manifes
tations paraît devoir être trouvée dans une vo
lonté commune de protestation contre « la cam
pagne de panique » proclame le Destour, « les
bruits alarmistes » disent les Grands Conseillers,
déclanchée ou répandus en Tunisie et dans la
Métropole à propos de la Tunisie par la publica
tion (Le Colon François, 23 janvier) d’une lettre
ouverte adressée par M. Venèque, président de
la Chambre d’Agriculture, à M. Guillon le 20
janvier. Voici les conclusions essentielles de ce
document qui emprunte à la personnalité de son
signataire, à son expérience confirmée encore
par des enquêtes récentes dont il a rendu compte
au Résident général, un poids particulier.
Je demande, an nom de fous les agriculteurs français de
Tunisie, dont je suis le porte-parole:
— l’arrêt de la propagande anti-française, dont seront
victimes les agriculteurs français, comme tous leurs com-
j»atriotes, totalement isolés, et sans protection dans les cam
pagnes ;
— une action plus réfléchie et plus compréhensive des
organisation syndicales qui, sous le prétexte d’amélioration
des conditions de vie des ouvriers agricoles, et épaulées par
le Deslour, qui s’en sert pour sa propagande, sèment la
haine entre employeurs et employés qui, dans la plupart
des cas, ont vécu, jusqu’à présent, dans une bonne en
tente ;
— l’arrêt de la campagne haineuse, d’une mauvaise foi
totale, de certains journaux dressant les ouvriers arabes
contre leurs employeurs.
Si des mesures de protection des ouvriers agricoles doi
vent être envisagées, qu’on commence donc par les plus
malheureux qui ne sont pas ceux des fermes françaises.
Il vous sera facile de vous rendre compte de la véracité
et du bien-fondé de mes déclarations en réunissant et con
sultant vos collaborateurs, détenteurs légaux de votre au
torité et chargés du maintien de l’ordre.
Les déclarations officielles faites récemment en France et
affirmant que le calme règne en Tunisie n’ont jamais été
aussi fausses.
Si des mesures énergiques et immédiates ne sont pas
prises, le sang coulera.
Le 24, le Résident général répondait an Prési
dent de la Chambre d’Agriculture en ces termes:
J‘ai pris connaissance, avec toute l’estime que j’ai pour
la valeur que je reconnais à votre expérience, de la lettre
par laquelle vous voulez bien me faire part des craintes
exprimées par les agriculteurs et que vou6 estimez légi
times.
Je regrette seulement que l’expression de votre pensée
revête parfois un ton de polémique dont, pour ma part,
je m’abstiendrai soigneusement dans ma réponse.
Vous invoquez, pour justifier vos prévisions, « des faits
extrêmement graves et symptomatiques qui se sont déroulés
ces jours derniers dans une mine du Nord ». 11 s’agit sans
doute des incidents survenus à la mine du Djebel-Hallouf
le 14 janvier dernier. Il \ eut, en effet, ce jour-là, des at
teintes à la liberté du travail et des tentatives d’occupation.
Vers 15 heures notamment, les grévistes se précipitèrent
pour envahir la Centrale électrique et jetèrent des pierres
sur les forces de police et les forces militaires qui s’oppo
saient aux assaillants.
Si regrettables que soient ces faits, il conviendrait, pour
un exposé équitable, de reconnaître que l’autorité respon
sable a fait tout son devoir, conformément aux instructions
qui n’ont jamais varié, que le Contrôleur et le Caïd qui
6’étaient rendus sur place ont eu une conduite digne d’élo
ges et que le service d’ordre s’est acquitté de sa mission
dans des conditions et avec un sang-froid dont j’ai tenu à
le féliciter.
Il conviendrait aussi de reconnaître que, depuis plusieurs
mois, les conflits du travail qui ont pu se produire en Tu
nisie se sont déroulés avec le minimum d’incidents, et si
ce résultat a été obtenu grâce à l’esprit de compréhension
rencontré le plus souvent dans le monde patronal comme
dans le monde ouvrier, le Gouvernement y a aidé par le
souci d’allier au devoir essentiel du maintien de l’ordre,
celui de faciliter les conciliations équitables.
Ces derniers temps, on a enregistré, en dehors même faits auxquels vous faites allusion, plusieurs incidents sur
venus à l’occasion des distributions de secours ou du fonc
tionnement de chantiers de Contrôle Civil. Si ces faits ne
peuvent être négligés et doivent attirer toute l’attention du
Gouvernement, ils sont loin de justifier une psychose qui,
elle-même, ne constitue pas un bon élément d’ordre public.
BULLETIN DU COMITÉ
injuste qu’injustifiée, les représentants élus de la popu
lation tunisienne, venus de tous les points de la Régence,
et dont l’esprit de collaboration et de pondération est connu
de tous, n’hésitent pas à vous dénoncer toute la fausseté
de ces affirmations.
« La vérité, c’est que, malgré une détresse immense que
traverse la population de ce Pays, dont la grande majorité
serait condamnée à mourir littéralement de faim sans les
efforts que votre politique clairvoyante et humaine est en
train de déployer et d’accentuer chaque jour, la popula
tion tunisienne, admirablement courageuse à supporter un
sort si malheureux, témoigne à votre égard, Monsieur le
Résident Général, d’une confiance illimitée et reste calme.
« Elle sait que vous connaissez sa situation dramatique,
que vous l’avez écoutée et comprise, et que, dans la me
sure des possibilités matérielles, vous vous ingéniez san6
cesse à tendre vos efforts à l’allégement progressif de sa
misère. Elle sait que, mesurant la profondeur de sa détresse
vous n’hésiterez pas à exiger les plus grands sacrifices
pour la soustraire aux affres de la faim.
« Et si vous êtes bon, elle sait aussi que vous n’êtes pas
crédule, et que vous ne croirez rien d’une campagne dont
le moins qu’on puisse dire est qu’elle est déplacée, dans
un moment douloureux pour nous et où la solidarité eût
été plus utile et plus politiquement française.
« Ces bruits alarmistes nous divisent ; le fait d’évoquer
les grandes famines de l’Histoire tunisienne, sans excuser
la misère actuelle, ne peut qu’irriter les esprits au lieu de
les calmer.
« Aussi, à l’heure où le Gouvernement de la République
Française tente d’introduire en Tunisie les mesures libé
rales économiques, politiques et sociales, qui conditionnent
dans ce pays une politique d’équilibre et de paix sociale,
et au moment où l’annonce seule de ces mesures a produit
dans la population autochtone les plus heureux effets, nous
nous refusons à comprendre cette hostilité systématique à
l’égard de votre politique et de la population tunisienne.
« Partisans sincères de l’union et de la concorde de tous
les éléments, mais aussi d’une politique de justice et d’équi
té seule capable de conduire nos compatriotes à un légitime
relèvement, nous tenons à rassurer la population française
contre ces bruits alarmistes de troubles imaginaires, à
moins qu’ils ne soient provoqués, et à vous dire, avec-
toute notre reconnaissance pour l’effort accompli, la con
fiance sincère et entière que nous mettons en vous, comme
dans la politique démocratique du Gouvernement Français,
pour poursuivre dans ce pays l’étude des causes profondes
de la situation malheureuse de la population tunisienne
et la réalisation des moyens efficaces de son redressement
définitif. »
'Le Résident Général a remercié la délégation de la Sec
tion Tunisienne des sentiments qu’elle voulait bien lui
exprimer. 11 s’est félicité de voir apporter par les élus tuni
siens connaissant bien le pays une note qui permet aux hom
mes de bonne foi de se rendre compte de la situation réelle.
Il est heureux de constater que la politique de justice et
d’égalité des droits qu’il poursuit dans le maintien de l’or
dre public rencontre la pleine collaboration des élus tuni
siens.
Il est éminemment regrel table que ces deux
démarches se soient produites à deux heures d’in
tervalle (17 h. 30-19 li. 30) et qu’elles aient sem
blé de ce fait associer l’émotion de la délégation
indigène du Grand Conseil à l’excitation du Des
tour. Nous voulons penser qu’il y a eu coïnci
dence fortuite, encore que certains puissent y voir
complicité. A vrai dire l’origine de ces manifes
tations paraît devoir être trouvée dans une vo
lonté commune de protestation contre « la cam
pagne de panique » proclame le Destour, « les
bruits alarmistes » disent les Grands Conseillers,
déclanchée ou répandus en Tunisie et dans la
Métropole à propos de la Tunisie par la publica
tion (Le Colon François, 23 janvier) d’une lettre
ouverte adressée par M. Venèque, président de
la Chambre d’Agriculture, à M. Guillon le 20
janvier. Voici les conclusions essentielles de ce
document qui emprunte à la personnalité de son
signataire, à son expérience confirmée encore
par des enquêtes récentes dont il a rendu compte
au Résident général, un poids particulier.
Je demande, an nom de fous les agriculteurs français de
Tunisie, dont je suis le porte-parole:
— l’arrêt de la propagande anti-française, dont seront
victimes les agriculteurs français, comme tous leurs com-
j»atriotes, totalement isolés, et sans protection dans les cam
pagnes ;
— une action plus réfléchie et plus compréhensive des
organisation syndicales qui, sous le prétexte d’amélioration
des conditions de vie des ouvriers agricoles, et épaulées par
le Deslour, qui s’en sert pour sa propagande, sèment la
haine entre employeurs et employés qui, dans la plupart
des cas, ont vécu, jusqu’à présent, dans une bonne en
tente ;
— l’arrêt de la campagne haineuse, d’une mauvaise foi
totale, de certains journaux dressant les ouvriers arabes
contre leurs employeurs.
Si des mesures de protection des ouvriers agricoles doi
vent être envisagées, qu’on commence donc par les plus
malheureux qui ne sont pas ceux des fermes françaises.
Il vous sera facile de vous rendre compte de la véracité
et du bien-fondé de mes déclarations en réunissant et con
sultant vos collaborateurs, détenteurs légaux de votre au
torité et chargés du maintien de l’ordre.
Les déclarations officielles faites récemment en France et
affirmant que le calme règne en Tunisie n’ont jamais été
aussi fausses.
Si des mesures énergiques et immédiates ne sont pas
prises, le sang coulera.
Le 24, le Résident général répondait an Prési
dent de la Chambre d’Agriculture en ces termes:
J‘ai pris connaissance, avec toute l’estime que j’ai pour
la valeur que je reconnais à votre expérience, de la lettre
par laquelle vous voulez bien me faire part des craintes
exprimées par les agriculteurs et que vou6 estimez légi
times.
Je regrette seulement que l’expression de votre pensée
revête parfois un ton de polémique dont, pour ma part,
je m’abstiendrai soigneusement dans ma réponse.
Vous invoquez, pour justifier vos prévisions, « des faits
extrêmement graves et symptomatiques qui se sont déroulés
ces jours derniers dans une mine du Nord ». 11 s’agit sans
doute des incidents survenus à la mine du Djebel-Hallouf
le 14 janvier dernier. Il \ eut, en effet, ce jour-là, des at
teintes à la liberté du travail et des tentatives d’occupation.
Vers 15 heures notamment, les grévistes se précipitèrent
pour envahir la Centrale électrique et jetèrent des pierres
sur les forces de police et les forces militaires qui s’oppo
saient aux assaillants.
Si regrettables que soient ces faits, il conviendrait, pour
un exposé équitable, de reconnaître que l’autorité respon
sable a fait tout son devoir, conformément aux instructions
qui n’ont jamais varié, que le Contrôleur et le Caïd qui
6’étaient rendus sur place ont eu une conduite digne d’élo
ges et que le service d’ordre s’est acquitté de sa mission
dans des conditions et avec un sang-froid dont j’ai tenu à
le féliciter.
Il conviendrait aussi de reconnaître que, depuis plusieurs
mois, les conflits du travail qui ont pu se produire en Tu
nisie se sont déroulés avec le minimum d’incidents, et si
ce résultat a été obtenu grâce à l’esprit de compréhension
rencontré le plus souvent dans le monde patronal comme
dans le monde ouvrier, le Gouvernement y a aidé par le
souci d’allier au devoir essentiel du maintien de l’ordre,
celui de faciliter les conciliations équitables.
Ces derniers temps, on a enregistré, en dehors même
venus à l’occasion des distributions de secours ou du fonc
tionnement de chantiers de Contrôle Civil. Si ces faits ne
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