Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1934-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1934 01 janvier 1934
Description : 1934/01/01 (A44,N1)-1934/12/31 (A44,N12). 1934/01/01 (A44,N1)-1934/12/31 (A44,N12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3201317p
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/02/2019
670
BULLETIN DU COMITÉ
du Khalifat de Tetouan. Le décret espagnol im
plique-t-il que S. M. Chérifienne sera dépouillée
d’une de ses prérogatives canoniques ? S’ils tran
chent par l’affirmative, que nos voisins fassent
attention au toile qu’ils vont provoquer de la
part des adversaires si nombreux du... « Dahir
berbère » que compte la zone de Tétouan.
Les indigènes marocains sont ou musulmans
ou juifs. Le décret fixe — avec quelque nébulo
sité — le statut des musulmans. Il est muet en
ce qui concerne les Juifs ? Quid pour ces der
niers ?
D’autre part, si nous admettons — pour un
instant et par simple hypothèse — la validité de
la thèse espagnole, nous sommes en droit de po
ser la question : sur quelle étendue territoriale la
souveraineté de l’Espagne s’exerce-t-elle ? Ques
tion normale puisque le Maroc, la France, voire
l’Espagne l’ignorent à un tel point qu’une com
mission franco-espagnole a reçu mission de fixer
les limites de l’enclave d’Ifni, partant de déter
miner quelles tribus conservent leur statut mu
sulman et quelles autres sont soustraites à l’obé
dience du Khalife.
Les décrets légifèrent pour les Espagnols et —
avec des incertitudes — pour les musulmans de
l’enclave ; ils sont muets pour tous autres. Nou
velles questions ?
Quid des ressortissants européens non espa
gnols ? Des Anglais, des Français, des Italiens
susceptibles de débarquer à If ni ? Des Allemands
surtout qui sont sur place (Cf. l’Affaire de 1 ’Opti-
mist).
Quid.aussi — surtout peut-être — des musul
mans marocains ressortissants de la zone toute
voisine du Protectorat français ? Pourront-ils
continuer avec l’enclave leurs relations tradition
nelles ? Seront-ils traités en étrangers ?
Le maréchal Lyautey ne redoutait rien tant que
les bureaux métropolitains qui, loin des hommes
et des choses, s’arrogeaient le droit de décider...
ex cathedra. Les récents décrets espagnols mon
trent que ce n’est point le privilège redoutable
du gouvernement français, mais que contre la
contagion des mauvaises habitudes, il n’y a pas
de Pyrénées.
Nous ne retiendrons donc de ces décrets que
leur insuffisance quant à l’objet qu’ils préten
daient embrasser, plutôt que de nous an ôter sur
l’apparence qu’on pourrait leur prêter (la guerie
du sucre ajoutant son... grain de sel) de vouloir
trancher une contestation par une décision uni
latérale. Insister sur cette dernière considération
serait dramatiser les choses en prêtant à nos
interlocuteurs le dessein de placer la France et
l’Empire Chérifien devant une situation de fait.
Nous croyons plus juste — et plus amical — d’in
criminer seulement, en la circonstance, le zèle
— qui se révèle insuffisamment éclairé — de bu
reaux plus légers et incompétents que mal in
tentionnés.
L’Afrique et Pltalie
Le règlement des questions coloniales
avec la France
Nous constatons en ce moment une grande sen
sibilité, pour ne pas dire une grande nervosité,
dans les milieux coloniaux italiens. Ceux-ci sup
putent avec quelque appréhension ce qu’il va
advenir, à travers les disparitions et changements
de ministres, des bonnes dispositions dont leur
paraissait animé le gouvernement français à l’é
gard de l’Italie et de ses aspirations coloniales.
Le moindre geste, le plus petit événement sont
interprétés comme les indices possibles d’un
changement d’attitude. Lorsque M. Laval prit la
succession de M. Barthou, on se demanda s’il
n’allait pas apporter au Quai d’Orsay l’esprit « in
transigeant » dont la rue Oudinot a la réputa
tion d’être animée ; certains ajoutèrent que M.
Laval n’allait pas tarder à reprendre la politique
du rapprochement avec l’Allemagne et que l’en
tente avec l’Italie serait, de ce fait, délaissée. Cette
crainte s’accrut lorsque l’on vit M. de Chambrun
prolonger son séjour à Paris ; il fut question aus
sitôt d’un remplacement, et celui-ci fut inter
prété comme un camouflage destiné à masquer
un retour de la politique française à ses ancien
nes tendances.
Les coloniaux italiens avaient confiance dans
les bonnes intentions de M. Barthou, ils en ont
une moindre dans les dispositions de M. Laval.
C’est dire qu’ils espéraient que M. Barthou céde
rait beaucoup, ou au moins pas mal, et qu’ils
pensent que M. Laval sera plus chiche et plus
réticent.
L’inquiétude est, il est vrai, moindre dans les
milieux politiques parce que l’état d’esprit y est
assez différent.
Pour ces derniers, les règlements coloniaux
viennent, malgré tout, en seconde ligne, après les
affaires européennes, et constituent surtout des
conditions préliminaires destinées à faciliter la
conclusion d’un accord politique général ; pas
plus que celui-ci, ils ne sont envisagés comme
définitifs. Aussi, tout en demandant le plus sur
les questions africaines, est-on encore assez dis
posé à accepter le moins, pourvu que ce « moins »
soit, bien entendu, suffisant pour satisfaire l’a
mour-propre national ; ce qui sera obtenu aujour
d’hui sera définitivement acquis, et le reste vien
dra demain.
Les coloniaux ont, au contraire, plutôt ten
dance à considérer qu’il ne faudrait pas laisser
échapper l’occasion de résoudre le problème,
qu’ils considèrent comme primordial, de l’expan
sion italienne en Afrique, et les plus excessifs
d’entre eux seraient enclins à subordonner à
cette solution toute l’entente franco-italienne.
Au fond, ceux-ci sont partisans d’un règlement
intégral et définitif, alors que l’opinion des mi-
S. Hérauté.
BULLETIN DU COMITÉ
du Khalifat de Tetouan. Le décret espagnol im
plique-t-il que S. M. Chérifienne sera dépouillée
d’une de ses prérogatives canoniques ? S’ils tran
chent par l’affirmative, que nos voisins fassent
attention au toile qu’ils vont provoquer de la
part des adversaires si nombreux du... « Dahir
berbère » que compte la zone de Tétouan.
Les indigènes marocains sont ou musulmans
ou juifs. Le décret fixe — avec quelque nébulo
sité — le statut des musulmans. Il est muet en
ce qui concerne les Juifs ? Quid pour ces der
niers ?
D’autre part, si nous admettons — pour un
instant et par simple hypothèse — la validité de
la thèse espagnole, nous sommes en droit de po
ser la question : sur quelle étendue territoriale la
souveraineté de l’Espagne s’exerce-t-elle ? Ques
tion normale puisque le Maroc, la France, voire
l’Espagne l’ignorent à un tel point qu’une com
mission franco-espagnole a reçu mission de fixer
les limites de l’enclave d’Ifni, partant de déter
miner quelles tribus conservent leur statut mu
sulman et quelles autres sont soustraites à l’obé
dience du Khalife.
Les décrets légifèrent pour les Espagnols et —
avec des incertitudes — pour les musulmans de
l’enclave ; ils sont muets pour tous autres. Nou
velles questions ?
Quid des ressortissants européens non espa
gnols ? Des Anglais, des Français, des Italiens
susceptibles de débarquer à If ni ? Des Allemands
surtout qui sont sur place (Cf. l’Affaire de 1 ’Opti-
mist).
Quid.aussi — surtout peut-être — des musul
mans marocains ressortissants de la zone toute
voisine du Protectorat français ? Pourront-ils
continuer avec l’enclave leurs relations tradition
nelles ? Seront-ils traités en étrangers ?
Le maréchal Lyautey ne redoutait rien tant que
les bureaux métropolitains qui, loin des hommes
et des choses, s’arrogeaient le droit de décider...
ex cathedra. Les récents décrets espagnols mon
trent que ce n’est point le privilège redoutable
du gouvernement français, mais que contre la
contagion des mauvaises habitudes, il n’y a pas
de Pyrénées.
Nous ne retiendrons donc de ces décrets que
leur insuffisance quant à l’objet qu’ils préten
daient embrasser, plutôt que de nous an ôter sur
l’apparence qu’on pourrait leur prêter (la guerie
du sucre ajoutant son... grain de sel) de vouloir
trancher une contestation par une décision uni
latérale. Insister sur cette dernière considération
serait dramatiser les choses en prêtant à nos
interlocuteurs le dessein de placer la France et
l’Empire Chérifien devant une situation de fait.
Nous croyons plus juste — et plus amical — d’in
criminer seulement, en la circonstance, le zèle
— qui se révèle insuffisamment éclairé — de bu
reaux plus légers et incompétents que mal in
tentionnés.
L’Afrique et Pltalie
Le règlement des questions coloniales
avec la France
Nous constatons en ce moment une grande sen
sibilité, pour ne pas dire une grande nervosité,
dans les milieux coloniaux italiens. Ceux-ci sup
putent avec quelque appréhension ce qu’il va
advenir, à travers les disparitions et changements
de ministres, des bonnes dispositions dont leur
paraissait animé le gouvernement français à l’é
gard de l’Italie et de ses aspirations coloniales.
Le moindre geste, le plus petit événement sont
interprétés comme les indices possibles d’un
changement d’attitude. Lorsque M. Laval prit la
succession de M. Barthou, on se demanda s’il
n’allait pas apporter au Quai d’Orsay l’esprit « in
transigeant » dont la rue Oudinot a la réputa
tion d’être animée ; certains ajoutèrent que M.
Laval n’allait pas tarder à reprendre la politique
du rapprochement avec l’Allemagne et que l’en
tente avec l’Italie serait, de ce fait, délaissée. Cette
crainte s’accrut lorsque l’on vit M. de Chambrun
prolonger son séjour à Paris ; il fut question aus
sitôt d’un remplacement, et celui-ci fut inter
prété comme un camouflage destiné à masquer
un retour de la politique française à ses ancien
nes tendances.
Les coloniaux italiens avaient confiance dans
les bonnes intentions de M. Barthou, ils en ont
une moindre dans les dispositions de M. Laval.
C’est dire qu’ils espéraient que M. Barthou céde
rait beaucoup, ou au moins pas mal, et qu’ils
pensent que M. Laval sera plus chiche et plus
réticent.
L’inquiétude est, il est vrai, moindre dans les
milieux politiques parce que l’état d’esprit y est
assez différent.
Pour ces derniers, les règlements coloniaux
viennent, malgré tout, en seconde ligne, après les
affaires européennes, et constituent surtout des
conditions préliminaires destinées à faciliter la
conclusion d’un accord politique général ; pas
plus que celui-ci, ils ne sont envisagés comme
définitifs. Aussi, tout en demandant le plus sur
les questions africaines, est-on encore assez dis
posé à accepter le moins, pourvu que ce « moins »
soit, bien entendu, suffisant pour satisfaire l’a
mour-propre national ; ce qui sera obtenu aujour
d’hui sera définitivement acquis, et le reste vien
dra demain.
Les coloniaux ont, au contraire, plutôt ten
dance à considérer qu’il ne faudrait pas laisser
échapper l’occasion de résoudre le problème,
qu’ils considèrent comme primordial, de l’expan
sion italienne en Afrique, et les plus excessifs
d’entre eux seraient enclins à subordonner à
cette solution toute l’entente franco-italienne.
Au fond, ceux-ci sont partisans d’un règlement
intégral et définitif, alors que l’opinion des mi-
S. Hérauté.
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