Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-06-27
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 juin 1931 27 juin 1931
Description : 1931/06/27 (A32,N96). 1931/06/27 (A32,N96).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
1
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. - o M. LE NUMERO : 80 CENTIMES SAMEDI SOIR, 27 JUIN 1931.
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Réfaction S-Administration :
M, RM ft MMMMMr
-.. PARIS (l«> ,
Ttlira. I LOUVRE 19.3,1
« MCHBLIBII 87.
Les Annales Coloniales
• Ua ortnoncea et réclame» sont reçuet eu
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DI MOTEUR. FONDATEUR S Maroel RUEDEL
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Un an 6 KoI, 8 K.La
FrtnM et
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L'Algérie et le nouveau projet de loi
sur la viticulture
) C
Depuis une semaine la Chambre des députés
consacre les séances du matin à l'examen d'un
important projet de loi sur la viticulture., La
discussion se poursuivra encore certainement
pendant plusieurs jours. Les débats sont vifs
et passionnés car des intérêts considérables et
contradictoires sont en jeu : en particulier il
apparaît que sur un certain nombre de passifs
rnipqrtant8 les représentants de l'Algérie sont
en opposition irréductible avec les représentants
de la plupart des régions viticoles françaises.
Pour ren dre plus intelligible le problème
posé devant le Parlement, indiquons tout de
suite les dispositions principales du projet éla-
boré par la Commission des boissons de la
Çhambre et rapporté par M. H. Labroue, dé-
puté de la. Gironde. Ces dispositions essen-
tielles sont les suivantes :
10 Etablissement d une taxe, perçue dans
toutes les exploitations ayant un rendement
moyen d'au moins 101 hectolitres à l' hectare.
Cette taxe est progressive : elle ra de 5 franer
par hectolitre pour les rendements de 101 a
125 hectolitres à l' hectare, jusqu'à 80 fr. par
hectolitre pour les rendements supérieurs à 250
hectolitres - à l' hectare ;
2° Etablissement d une taxe annuelle de
5.000 francs par hectare de plantation de vi-
ene faite après la promulgation de la loi.
Quelques exonérations sont cependant prévues;
3° Institution du blocage, c'est-à-dire obli-
gation pour le producteur de stocker dans sa
ve ou dans son chai, en année de surproduc-
tion, un pourcentage du vin récolté. Le blocage
Re doit atteindre que les producteurs récoltant
iJys de 200 hectolitres'. Le pourcentage du
stockage imposé est progressif.
Ainsi qu'on le voit le but poursuivi par les
auteurs du projet de loi est triple : pénaliser
les gros rendements à l'hectare qui sonr sou-
vent incompatibles avec une bonne aualité du
produit, freiner les plantations nouvelles de vi-
gne et enfin régulariser l'apport des vins sur le
marché pour éviter les brusques variations des
,--vix.
'Pourquoi s^-t-pn jugé nécessaire l'établisse-
ment des mesures aussi exceptionnelles en ma-
tière de production, aussi restricti ves de ta li-
berté du propriétaire, aussi exorbitantes du
mit çotnnwn ? Pagce que fo France et t'A!-
gérie s acheminent A grands pas vers une re-
doMtablfl crise viticole, <*ise çfue à ûn) surpro-
duction qttf VD
tion consécutive à lui 8ft éco.iomiqiie géné-
rale. Cett crise zqenaqe de plonger Mpide-
ment dans U misère les I16OO.OOO viticulteurs
français * et nor d-africains. Quelaues chiffres
donneront une idée plus précise Cie la gravité
du danger qui les menace.
La production de vin dans la métropole a
passé de 50.000.000 -' d' hectolitreA. en
moyenne, en 1909-1913 à 63.000.000 en
1929. En Algérie, elle a bondi de 5.000.000
d'hectolitres en 1921 à 13 millions et demi en
, 1929. La récolte totale a dQJlc été en 1929
de près de 77,000.000 d'hectolitres. Malgré
l'invasion du mildiou la récolte de 1930 a été
voisine de 70,000,000 d'hectolitres. Or, tan
dis que s'élève rapidement la production, la
consommation taxée qui était dans la campagne
de 1925-1926 de plus de 53.000.000 d'hec-
tos est tombée en 1929-1930 à 46.000.000
seutement. L'exportation d'ailleurs assez fai-
ble, est loin d'être en augmentation. Il est
indéniable que lorsque la récolte de la France
et de l'Algérie atteint 70.000.000 d'hectos,
on constate dans la viticulture et le commerce
des vins un premier malaise, lorsqu'elle dé-
passe 75.000.000 d' hectos, c'est la crise. Or,
ce chiffre de 75.000.000 d'hectos peut être
très largement dépassé, cette année même, si
les circonstances climatériques sont moyenne-
ment favorables. D'ici - quelques années, O¡I
constituera un minimum tout à fait exceptionnel.
*
En voici l'explication.
Dans la métropole, l'augmentation de la
production du vin ne tient pas à l'extension de
a superficie plantée en vigne. Au contraire
l'ère de la vigne tend à diminuer : 2.400.000
hectares en 1875 ; 1.626.000 hectares en
1909: 1.547.000 hectares en 1928. Il y a plan-
tation intensive dans quelques régions du midi,
en particulier en Camargue, dans le reste de
la France on arrach e plus de vigne que l'on
n'en plante. Mais la production totale croit
malgré tout grâce à la multiplication des plan-
tations à gros rendements, d'une lutte plus effi.
cace contre les maladies oryptogamiques.
En Algérie, au contraire, nous assistons à
une véritable frénésie de plantations de nou-
velles vignes. Alors que l'étendue du vignoble
de 1 Mil_
de la Métropole est stabilisé autour de 1 mil-
lion 500.000 hectares le vignoble algérien ne
cesse de croitre : son étendue qui était de
146.000 hectares en 1907 a atteint 270.000
heclatres en 1930. En une seule année, de
1929 à 1930, ce vignoble a cru de près de
45.000 Ha ; il est très inégalement réparti sur
les trois départements ;
Oran : 155.000 Ha; augmentation sur 1929:
31.000 Ha.
Alger : 96.000 Ha; augmentation sur 1929:
10.000 Ha;
Constantine : 20.000 Ha ; augmentation
sur 1929 : 3.000 Ha.
Le rendement moyen en hectolitres à rhec-
tare a varié de 1929 à 1930 entre 47 et 42
cour Qran ; 66 et 58 pour Alger, 72 à 73 pour
nstantme.
, Il y a en Algérie, comme en France, un
grand nombre de petits viticulteurs que toute
crise de surproduction atteindrait rudement et
qui, par conséquent, ne peuvent qu'accueil-
lir favorablement tonte mesure efficace de pro-
tection de lit viticulure. Mais parmi eux,
nombreux sont les pertts colore qui ont la lé-
gitime ambition d'arrondir leur vignoble. Tard
venus dans la- colonisation, ils sont hostiles à
toute mesure qui stabiliserait et valoriserait la
situation des vieux viticulteurs algériens à leur
détriment, et c 'est pour cela qu'ils s'opposent
avec véhémence à toute disposition légale ayant
pour but d'entraver l'extension du vignoble, en
particulier ils combattent l'article 2 du projet
en discussion qui constitue une taxe annuele,,
de 5.000 francs par hectare de vigne nouvel -
lement planté.
Si le - problème n'intéressait que les petits vi-
ticulteurs : anciens et nouveaux colons, nul
doute qu'il ne soit facile de trouver une solu-
tion satisfaisante pour les deux parties. Malheu-
reusement, il existe en Algérie une catégorie
de producteurs de plus en plus nombreux qui
tendent à industrialiser la culture de la vigne.
Il s'esr formé et il se forme tous les jours de
puissantes Sociétés, disposant de capitaux illi-
mités, qui mettent en valeur des domaines.
s'étendant sur des centaines et même des mil-
liers d'hectares. On nous signale certains
points où actuellement 6 tracteurs travaillent et
font un défoncement de plaines immenses que
! fiévreusement on plantera demain etf* vigne.
Un peu de statistique montrera l'importance
qu occupent en Algérie les gros producteurs :
En 1929, il y a en Algérie 6 déclarants
de 50.000 hectos (aucun en France) j 38 dé-
clarants de 20.000 h 30.000 hectos représen-
tant 1.135.000 hectos (12 en France représen-
tant 328.000 hectos) ; 450 déclarants de 5.000
à 20.000 hectos représentant 3.980.000 hec-
tos (374 en France, représentant 2.643.000
hectos). Ainsi l'on voit qu'en Algérie s'édifie
très rapidement un puissant capital viticole qui
jusqu'ici a été merveilleusement rétribué puis-
que le domaine de Keroulis a donné en 1929
un revenu de 80 du capitat.
Cette industrialisation de la viticulture fait
courir à l'immense année de petits proprié-
taires français et algériens un danger excessi-
vement grave. Elle est la négation de la cul-
ture familiale traditionnelle ; elle est l'ennemie
de la petite colonisation., la seyle qui soit sus-
ceptible de créer en * Afrique du Nord des
racines françaises nombreuses et profondes.
11 faut donc souhaiter, à plusieurs points de
vue que soit enrayée cette co lonisation agricole
industrialisée : c'est l'intérêt de la France
cotquie de l'Algérie e lle-mênie. Nous espé-
rons donc que le* représentants de 1 Algérie
voudront bien s'associer aux représentants des
régions viticoles de la métropole pour recher-
cher la meilleure solution commune. Ils sont
hostiles à h taxe sur les plantations nouvelles
Peut-être pourraient-ils se rallier au principe
d'une taxe de production qui jouerait parailè-
lement à la taxe de rendement.
Cette taxe pourrait frapper d'un droit pro-
gressif les productions dépassant 500 hectoli-
tres. Ce droit pourrait être de 5 francs par
hecto pour les productions comprises entre 500
et 1.000 hectos, pour atteindre le chiffre de
25 francs par hecto pour les très grosses pro-
ductions. Ainsi généralisée la grosse produc-
tion cesserait radicalement de s'étendre et les
petits viticulteurs algériens envisageraient
l'avenir avec moins d'appréhension.
L'ensemble des citoyens français et algé-
riens producteurs et consommateurs de vins
seraient pleinement satisfaits si le produit des
taxes de rendement et de production était uti-
lisé pour obtenir un abaissement du droit de
circulation des vins. Ce droit qui est actuel -
lement de 15 francs par hecto, alors qu'il
n'était que de 1 fr. 50 avant guerre, est abu-
sif. Il contribue à faire le vin cher, à créer la
sous-consommation. Une occasion se présente
de la richesse. 11 faut la saisir.
De toute façon, il faut éviter de créer une
rivalité économique entre la France et ses co-
lonies et en particulier entre la France et
l'Algérie. La prospérité de la France et' celle
de l'Algérie dépendent étroitement l'une de
l'autre. On ne devra pas l'oublier au Parle-
ment, dans le débat enrcours.
Georges Nouelle,
député de Saône-et-Lolre,
Vice-président de la Commission des Colonies,
Vice-président de la Commission des Mines.
Au Conseil riétat
«♦«
Inspection coloniale
Le Conseil d'Etat a, d'autre part, adopté
un projet de décret modifiant le décret du
iftr avril 1921 portant règlement d'admi-
nistration .publique sur l'organisation du
corps de l'Inspection des colonies.
Ce décret limite à deux ans la durée (re-
nouvelable) du séjour au ministère des Co-
lonies du directeur du contrôle.
Textes algériens
Il a également été adopté :
10 Un projet de décret rendant exécutoire
en Algérie les dispositions prévues aux arti-
cles 43 et 44 de la loi du 16 avril 1930
prohibant la vente des rliums artificiels et
réprimant les fraudes sur les rhums en gé-
néral ;
20 Un projet de décret relatif aux travaux
d'amélioration et d'extension du port de
Nemours (Algérie).
Guinée Française. - Rejet de la requête
d'un fonctionnaire des Travaux Publics
Le Conseil d'Etat a rejeté la requête que
M. Martin, chef comptable des Travaux pu-
blics au gouvernement de la Guinée Fran-
çaise avait présentée aux fins d'annulation
d'une décision, en date du 28 septembre 1027,
par laquelle le Gouverneur général de l'A.
O. F. a refusé un congé auquel ce fonction-
naire prétendait avoir droit.
LE « COTON
»♦«
z iràl
UISSENT tous les
rapports lus
dans les congrès
à Vinccnnes ite
pas être des pa-
r 0 les semées
dans le vent.
Les e f forts
d'inf ormations,
d e confronta-
tions fournis au
cours de ces réu-
nions, méritent
qu'une tersévé-
rance soutenue permette aux ordres du jour
des congrès de réaliser les utiles projets cou-
chés sur le papier.
Jeudi, la quinzaine de la production agri-
cole d'outre-mer a abordé V étude du coton,
sous la présidence de M. Waddington, prési-
dent de VAssociation Cotonnière Coloniale.
Le rapport présenté par M. Hcslitig, di-
recteur général de VAssociation, proposait
d'intéressantes conclusions, surfout si l'on
considère le rôle que joue cette matière pre-
mière sur le Marché mondial.
Le coton colonial français, étant donne son
avetnr dans la France extérieure, est une
question d'une haute importance nationale,
qui réclame toute notre attention quant à la
production, l'amélioration des marchés et des
débouchés.
Voici les vaux de M. Hesling.
1" Qu'une politique et un programme de pro-
duction cotonnière, adaptés ù chaque territoire,
-soient établis par les pouvoirs métropolitains
comme l'expression de la volonté nationale ; que
la culture cotonnière soit favorisée et intensifiée
aussi bien en terrain irrigué qu'en terrain sec,
suivant les régions où les conditions locales sont
propices à l'un ou l'autre mode de culture, avec
le plus large concours possible de la population
agricole indigène.
8* Que la collaboration existant déjà entre les
Pouvoirs publics et les administrations locales
d'une part, et l'Association Cotonnière Coloniale,
d'autre part, se renforce et devienne plus étroite
pour l'application d'un programme commun ;
que, notamment, les ressources dont dispose
1 Association Cotonnière Coloniale soient nug-
mentées par une contribution supplémentaire
de l'Etat afin de lui permettre d'intensifier son
action en rapport avec l'ampleur du programme
à réaliser. - -
3* Que les Services techniques agricoles des
territoires cotonniers comprennent - en nom-
bre suffisant - un personnel spécialisé dans la
culture cotonnière, ainsi que les établissements
(Laboratoires, stations d'essais et d'expérimen-
tation, de sélectionnement de graines de se-
mence), en rapport avec l'importance de la pro-
duction et des possibilités locales de l'avenir.
4* Que la production et la vente du coton
soient soigneusement contrôlées par les services
compétente afin que la métropole puisse comp-
ter sur une production progressive, régulière et
homogène et que ce contrôle assure le maintien
des qualités de la fibre, appropriées aux be-
soins de l'industrio et la rende facilement ven-
dable.
5* Que les pouvoirs publics et les administra-
tions locales s'efforcent de favoriser un abais-
sement des prix de revient du produit sur le
marché métropolitain, en augmentant les ren-
dements culturaux et en faisant bénéficier le
coton exporté d'-un régime fiscal et de tarifs de
transport modérés.
•Souhaitons que ces vœux, adoptés à l'mit..
nimité, ne restent pas asphyxiés au fond des
cartons poussiéreux. Ils ont été pensés, écrits,
articulés avec conviction, ils doivent se forti-
fier rapidement, afin que nos marchés co-
loniaux puissent, un four prochain, satis-
faire les besoins de l'industrie cotonnicre
française.
Lucien. Gasparin,
Député de la Réunion,
membre de ta Commission de l'Algérie,
de9 Colonies et des Protectorats.
- .1.
M. de Guise en tournée
M. de Guise, gouverneur de la Guinée, est
revenu hier à Conakry, après une tournée de
15 jours, au cours de laquelle il a visité la
plupart des cerclcf de sa colonie.
Tu te rends compte.
LE FERMES DE L'EMPEREUR
L'Empereur d'Annam est un charmant gar-
çon. Paré de tous les sourires et de toutes les
grâces, il promène dans Paris. pour deux ans
encore un visage émerveillé attentif et modeste.
Il n'a qu'un tort c'est de piloter à tombeau ou-
vert et sans que la loi l'y autorise, un superbe
bolide de sport. Ne vous étonnez donc point
que l'Empereur se fasse siffler à tous les coins
de rue.
Si vous êtes un jour au croisement des fac-
teurs excès de vitesse et contravention, vous
pourrez entendre ce petit dialogue, car le « dé-
linquant » obtempère toujours à la première
sommation :
« Vos papiers ?
Les voici, je suis l'Empereur d'A nnam. »
Et invariablement l'agent riposte. :
u Dites donc, ne Vous foutez pas de moi,
st il vous plaît 1 »
Bien entendu, tout s'arrange quelques heures
après puisque Sa Majesté, qui passe d'ailleurs
pour un fin pilote, n'a encore écrasé personne
et que la Républiques des grâces. princières.
Mais ce serait, à notre sens, une excellente
mesure que de permettre à l' Empereur de pas-
ser son petmis avec dispense d'âge, Supptosez
en effet, qu'un accident smvienne (dame. « la
garde qui veille aux barrières du Louvre n en
défend pas les rois. ») qu arrivera-t-il ? Si
l'Empereur a sa carte rose, l'assurance paiera
automatiquement puisque le fait même d'être
légalement autorisé permet de signer une po-
lice. S'il conduit au contraire à ses risques et
périls, il est de ce fait seul responsable et c'est
sur sa cassette « personnelle » qu'il devra in-
demniser le plaignant.
Nul doute que le préfet n'accorde le papier
à S. M. Bao Dai s'il le lui fait demander par
un de ses sécrétais.
JaequëB Alphand,
En Tunisie
Les Journalistes et la Colonisation
Quel est le rôle des journaux dans la nais-
sance et le développement d'une colonie ?
En général, un rôle de premier plan. Qui
s'en douterait, en Tunisie, quand les fleurs
et les louanges, tombant des tribunes officiel-
les, se posent un peu partout en aimables
guirlandes. Au palmarès du cinquantenaire,
guirlandes., de figure sauf les journalistes. On
les ignore et ils s'ignorent eux-mêmes? Un
congrès de journalistes professionnels, qui
s'est tenu dernièrement à Tunis, n'a pas eu
un mot pour rappeler l'œuvre des anciens.
Les journalistes ont, cependant, contribué à
leur manière au succès du protectorat. A
leur manière qui n'est pas la moins efficace :
ejle a consisté à morigéner les uns, à conseil-
ler les autres, à batailler souvent envers et
contre tous, afin que le bien public ne fût pas
perdu de vue au milieu des ignorances et des
appétits. GrAce à cette action énergique, que
(rerreurs ont été évitées, que d'injustices, ont
été réparées, que d'initiatives ont été prises
été réparées, l'administration n'eût jamais
auxquelles l'administration n*eût jamais
songé 1
Qu'il nous soit permis, à nous qui ne som-
mes pas professionnels, de rendre aux jour-
nalistes tunisiens l'hommage qui leur est dû.
Nous les avons vus à l'œuvre, et nous avons
eu l'occasion de connaître à peu près tous
ceux qui ont marqué leur trace-dans les idées
et les faits, durant ce demi-siècle de protec-
torat.
Il nous suffirait de reproduire quelques ar-
ticles, pris au hasard parmi ceux qui alimen-
tèrent les campagnes de presse de 1882 à
1914, par exemple, pour évoquer une période
frémissante de vie. Nous préférons citer des
noms, qui exhalent encore une odeur de ba-
taille.
Au début de l'occupation, les journaux
s'imprimaient à Bône ou à Marseille, car
l'imprimerie n'était pas libre dans la Ré-
gence. Parmi les premières feuilles qui paru-
rent à Tunis, on distingue Titstis-J ournal, ré-
digé par un homme énergique, Jules Montels.
C'est l'attitude de Montels qui décida le ré-
eident général Cambon à réglementer la
presse tunisienne. Réglementation très
étroite, d'ailleurs, imposant aux directeurs de
journaux politiques un cautionnement de six
mille francs, ce qui représentait une petite
fortune, à l'époque. Supprimé par M. Massi-
cault, le cautionnement fut rétabli par M.
cault, Millet, qui avait il se plaindre des jour-
René
nalistes tunisiens à son égard. La législation
sur la presse devenue plus libérale sous Sté-
phen Pichon, marqua une régression à la
suite des décrets du 29 janvier 1926, de M.
Lucien Saint, encore en vigueur aujour-
d'hui. Ce qui n'a jamais empêché, d'ail-
leurs, les journalistes courageux de défendre
les libertés françaises contre les fantaisies
du pouvoir, A leurs risques etpétdll., - - v
C'est ainsi que Emile Lacroix, directeur de
la Petite Tuntsie, et d'autres journalistes su-
birent les rigueurs de la loi pour avoir exercé
leur droit de critique avec plus ou moins de
violence. Nul, cependant, n'eut, en ce temps-
là la plume plus incisive que Victor de Car-
nieres. Dans les journaux qu'il dirigea de
près ou de loin : la Tunisie fa Tunisie Fran-
çaiso, le Colon Français, il lutta avec éner-
gie pour les franchises de la colonie fran-
çaise ; mais il préconisait une politique indi-
gène qui nous aurait aliéné tous les éléments
éclairés de la population musulmane si elle
avait été suivie. Plus tard, un journaliste
d'envergure Henri Tridon reprit, dans la Tu-
nisie Française, la politique dite de prépon-
dérance française, mais en la tempérant d'op-
portunisme.
Vers la même époque, Georges Caudas se
signale par des articles alertes et documentés
dans le Promeneur, dont le succès fut très
vif. Nous sommes vers 1906. Voici les trois
mousquetaires, qui sont quatre comme les hé-
ros de Dumas père : Auguste Destrées et An-
dré Duran-Angliviel, animateur du Courrier
de Tunisie première nuance ; Paul Lambert,
directeur du Républicain et Jacques Gaillard
du Cri de Tunis, qui luttent pour une politi-
que franchement démocratique. Il y a des
contre-attaques 1 Que de polémiques viru-
lentes, de duels retentissants ! Mais la guerre
survient. Destrées et Gaillard y laissent leur
peau : l'un dans les Flandres, l'autre en
Orient.
Après la guerre, nous retrouvons Lambert
à Paris, rédacteur à la Dépêche Tunisienne.
Et Duran-Angliviel fonde, aidé de quelques
amis, Tunis-Socialiste, où il donne, chaque
jour, un article étincelant d'esprit et d'à-pro-
pos. Henri Tridon, en sa verte vieillesse, po-
lémique jusqu'à sa mort survenue en 1930.
A ses côtés, M. René de la Porte signe de spi.,
rituelles chroniques, mais il émigre à la
Dépêche Tunisienne, où, sous le nom de
P. Vernessac, il se spécialise dans les ques-
tions économique. Alibert Guévard, crée la
Liberté et meurt prématurément. M. Iienri
Giron écrit dans la Démocratie Tunisienne.
Le Petit Matiny en 1923-1924, donne l'occa-
sion à Raymond Cofrat, qu'on avait connu à
la tête de la Semaine Tunisienne, avant la
guerre, d'exercer sa verve au picrate contre
le pouvoir. Il est expulsé de la Régence en
vertU) des dispositions de l'édit royal de 1778,
dont le gouvernement s'était déjà servi à
l'encontre de Robert Louzon, de Y Avenir
Social. Colrat fut remplacé au Petit Matin,
par Paul Laffite, un journaliste de race, fon-
dateur du Petit Bisertin, ancien rédacteur en
chef de la Dépêche Tunisienne, de Y Echo
d'Aller et de la Vieie MnrocaÏlte.
Sans vouloir citer beaucoup de noms, di-
sons seulement que les journalistes, en Tuni-
sie, ont formé patiemment l'opinion publi-
que et lui ont donné les moyens d'exercer
une influence salutaire sur les pouvoirs pu-
blics. Ils ont vaillamment lutté pour l'idée,
tandis que d'autres s'enrichissaient. Ce sont
là des titres éminents, qu'il nous plaît de
rappeler en ces jours d'inventaire et de sou-
venir.
Arthur Pellegrin,
Délégué au Grand Conseil de la Tunisie.
LIRE EN SECONDE PAGE :
À l'Officiel.
La bataille des questions écrites.
A FExposition Coloniale.
A l'Ecole coloniale.
A l'Exposition Coloniale
ÉCHOS
Informateur mal informé
Comœdia annonce qu'on présente à l'Ex-
position Coloniale, depuis hier vendredi en
soirée, aujourd'hui et demain en matinée et
en soirée, à raison de trois spectacles en ma-
tinée et deux en soirée, le beau film réalise
par Alfred Chattmel et Geneviève Cltaumel-
Gentil, le Réveil d'une Race.
Mais la Cité des Informations, qui com-
munique l'annonce du film, est bien mal in-
formée. Ce n'est pas, en effet, en A. E. F.,
comme elle le dit, que ces deux cinéastes ont
tourné « la maladie du sommeil », si victo-
rieusement combattue par le docteur Jamot,
mais au Cameroun.
Petit calcul
On ne s'y recoimatt plus avec les multiples
cartes d1 *entrée à l'Exposition.
Si vous achetez un bon, vous avez droit
à 20 tickets à 3 francs, qui vous donnent
droit à 5 entrées du vendredi ou à 20 entrées
les jours ordinaires, mais si vous achetez une
carte permanente pour 100 francs, vous avez
droit à pénétrer tous les jours à l Exposition,
et même plusieurs fois par jour. Bien plus ;
tous les vendredis, vous pouvez entrer comme
les autres jours. Bref, vous avez pour 100
francs ce qui aurait coilté 7 à 800 francs si
vous aviez souscrit à des bons.
Pour une fois, le proverbe : Tarde venien-
tibus ossa est faux, et c'est llévangile qui a
raison, bien que l'Action Française soit à
l'honneur à l Exposition Coloniale : « Les
premiers seront les derniers et les derniers se-
ront les premiers. »
La bouche
Beaucoup de commerçants se plaignent que
les affaires ne vont pas à V Exposition Colo-
niale. Tout le monde ne peut pas en dire au-
tant, et la plupart des bistrots font un argent
fou.
Faut-il citer telle maison qui s'est spécia-
lisée dans le service des lultchs et baufluets,
qui a hésité à entrer à l'Exposition et qui
n'est venue, que sur les instances d'un actif
représentant du peuPlc. s'installer sur les
bords du lac Daúmesnii.
En acceptant de venir à Vinccnnes, elle
formulait ie voeu, pour s'en tirer, de faire
300.000 francs d'affaires par mois. Or, du
6 au 31 mai, pendant ce mois où il pleuvait
et où il n'y avait que des fondrières et des
chantiers, elle a.atiçint mre
dépassant 1.200.000 francs.
El, de là, nous ne parlons pas de Bagdad,
car à Bagdad, les poirçs sont nombreuses et
sont pelées avec soin, et jusqu'au dernier
trognon.
Petite fortune
Tout le monde se plaint de s'esquinter les
pieds à l'Exposition Coloniale, sur les cail-
loux pointus.
Aussi, les femmes pratiques et raisonnables
1/ ltésitent pas. Les unes viennent avec des
espadrilles dans les mains et l'époux porte
les petits souliers enveloppés dans un journal
pendant toute la durée de' leur prome-
nade (111) dans l'Exposition, à travers les
pavillons, tandis que - sa femme déchaussée
se promène en savates; les autres ne pren-
nent pas la précaution de venir à VExposition
avec des cllaussures de rechange, aussi une
habile commerçante a-t-elle commencé une
petite fortune en vendant des chaussons de
lisière tout près de la principale porte d'accès
de VExposition. Elle a, paraît-il, vendu plus
de 15.000 paires de chaussons de lisière de-
puis peu de temps, et ce n'est pas fini, car
tout le monde se le dit.
Les graviers semblent être le mauvais
génie des petits commerçants installés à l'Ex-
position, car le mari, déjà encombré par les
souliers de sa femme, met à deux fois avant
d'acheter et de rapporter quelques souvenirs,
si peu encombrants qu'ils soient.
Mignonnet.
«♦«
Le beau programme
Ce que seront les journées médicales
Vendredi matin onze heures. Cité des In-
formations. Elle fut des plus intéressantes,
la « petite réunion intime » offerte par le
Comité d'organisation des journées médi-
cales coloniales à la Presse. Malheureuse-
ment nous étions bien peu nombreux à re-
cueill ir les renseignements précieux fournis
par MM. le docteur Tanon, professeur à la
Faculté de médecine de Paris; Du Vivier de
Streel, manager, des Congrès; André Ména-
bréa, secrétaire général adjoint à la partie
internationale.
Parmi toutes les initiatives favorisées par
l'Exposition de Vincennes, il n'en est pas
de plus admirable au point de vue humain,
que la grande manifestation de médecine
coloniale qui aura lieu du 22 juillet au
4 août sous la forme de Congrès nationaux
et internationaux.
Déjà, dans une interview du médecin ins-
pecteur général cLasnct, Directeur du Service
de Santé des Colonies, paru dans les Anna-
les Coloniales du icr juin, nous avons exposé
les grandes lignes directrices des Journées
Médicales.
Aujourd'hui, les détails se précisent : non
seulement, les congressistes travailleront
pour l'avenir, mais aussi des données « au-
thentiques et précises » établiront la part
prise par les médecins dans l'organisation et
le développement des colonies.
Aucune curiosité, aucune publicité n'ont le
droit de déserter le plus beau champ de ba-
taille de la France, là où la Métropole a
rempli au mieux sa haute mission de civi-
lisation.
Aussi, il n'est pas possible que l'appel du
docteur Boyé, secrétaire général, ne soit pas
entendu et que tous les moyens du « faire,
savoir » moderne ne servent pas la propa-
gande des Journées Médicales Coloniales et
des Congrès internationaux traités par des
Français et des étrangers.
En vérité, la question de l'assistance mé-
dicale indigène est de première importance,
d'abord au point de vue humain : tous nos
protégés sans exception doivent bénéficier
des progrès de la science médicale moderne ;
puis au point de vue économique car nous
touchons là au grave problème de la main-
d'œuvre indigène.
Production, coût de la vie, absorption de
la surproduction, toutes les causes de la
crise économique ne pourront s'équilibrer
solidement qu'entre populations nombreuses,
bien portantes, travailleuses, riches, favori-
sant l'ouverture de nouveaux marchés.
Le professeur Tanon qui préside cette réu-
nion, considère la salle quasi vide et M. Du
Vivier de Streel remarque mélancolique-
ment (c que la presse jusqu'ici est restée in-
sensible Il.' Pourtant l'enjeu est intéressant,
non seulement il s'agit de la prospérité de
la France, mais encore d'arracher à la mort
des millions d'êtres humains qui sont chaque
année les victimes de terribles fléaux endé-
miques, maladies du sommeil, lèpre, syphi-
lis.
il faut considérer les Journées Médicales
Coloniales qui se tiendront du 22 juillet au
4 août à la Cité des Informations, comme
une manifestation, nationale à laquelle pren-
dront part les nations colonisatrices ; à ce ti-
tre, la plus grande publicité doit les faire
connaître sans retard « aux savants les plus
lointains » ; la plus grande publicité doit
porter à tous ceux qui s'intéressent à la Mé-
decine. à l'Hygiène, à la Pharmacie, à la
Médecine Vétérinaire des pays chauds « la
cordiale invitation » du Comité d'organi-
sation. - -
En marge d'un magmhquc programme de
travail, des fêtes, des visites, des récep-
tions complètent de la plus heureuse façon
l'emploi du temps des congressistes.
̃De plus, des réductions pour les trans-
ports, hôtels, quantité de commodités ont été
prévues pour faciliter le séjour à Paris des
congressistes et le rendre des plus agréa-
bles.
Pour tous renseignements, on peut
s'adresser au Secrétariat général, 112, boup
levard Haussmann.
C'est très joyeusement et en croquant des
biscuits offerts par MM. les professeurs qui
ennt- 11 flf rhiirmantes maîtresses de mai-
oJ-" ,.- ---._--------- - --
sons » que nous trinquons à la réussite des
Journées Médicales Coloniales.
Parmi les personnalités présentes citons :
le médecin inspecteur général Lasnet, MM.
le docteur Gautier, secrétaire général ad-
joint; le docteur Léon Giroux, trésorier; le
docteur Nass, directeur de. « l'Hygiène so-
jSÎSlSJJr »
Marie-Louise Sicard.
Le pavillon de la Hollande
Danses Balinaises
La première représentation des danses bali-
naises est un fort beau succès artistique auquel
l'assistance étrangère et métropolitaine a réser-
vé le plus chaleureux succès.
Pénombre, ambiance moelleuse de velours
sombre, l'orchestre des « gongs » est sur la
scène. C'est une régal de rythme, de sonorités
mille fois nuancées ; des piano-pianissimo, des -
notes graves succèdent aux cadences frénétiques
et de tout métal en « fusion », sous le jeu des
artistes indigènes, la musique jaillit, cet élé-
ment éternel qui pour les habitants de l'île de
Bali est avec la danse l' expression plastique de
leur vie intérieure.
Ces divers mouvements sont d'une diversité,
d'une originalité, tout à fait remarquables.
La danse du gouy est exécutée par un « bal-
lerin » assis au milieu de l' orchestre.
Sa tête, les épaules, le torse, les bas, les
mains, tous les muscles reproduisent un état
d'âme et les pieds communiquent aux vête-
ments drapés du mime assis, des mouvements
ondoyants de serpent se levant, ou de simples
lianes obéissantes à toutes les brises.
Ensuite, se succèdent des danses d' amour,
des danses guerrières.
Les costumes des figurants sont éclatants d'or,.
brodés d'or et rebrodés d'argent de chauds et
multiples coloris et des jeux de draperies décri-
vent des dessins mélodiques. Avec plus de fou-
gue et d humour, moins de science consommée
les exhibitions balinaises rappellent les danseu-
ses cambodgiennes. Aux mouvements rythmiques
exprimant la soumission aux forces spirituelles
supérieures au pouvoir temporel, succède la re-
production dramatique des récits, des contes,
des légendes et cela nous vaut l' entrée en scène
des dieux, des héros, des princesses, des mons-
tres appartenant aux vieilles épopées Hindoues
de Ramayana et de Brata- Y oeda, comme aussi
aux Mystères de notre Moyen-Age et aux ro-
mans de Chevalerie.
Voilà un spectacle artistique qui suggère,
tant par l'orchestre métallique, que par la cho-
régraphie des muscles, du visage et du corps,
des possibilités dont nos arts modernes tireront
certainement un très heureux parti.
Belle soirée d'art indigène.
Dinah.
Une excellente initiative
It'l
Le Comité de propagande coloniale de la
Charente-Inférieure, en collaboration avec
M. Canet, inspecteur d'Académie, vient de
faire preuve, une fois de plus, d'une initia-
tive qui fait honneur à l'esprit qui l'anime.
On sait que pour intensifier sa propa-
gande le Comité s'était adressé l'an dernier
aux professeurs et maîtres des enseignements
secondaire et primaire. On s'est tourné cette
fois du côté des élèves.
,Les concurrents avaient été répartis en
deux catégories :
La première comprenait les élèves de ma-
thématiques et ceux de philosophie des ly..
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. - o M. LE NUMERO : 80 CENTIMES SAMEDI SOIR, 27 JUIN 1931.
JOUMIl_0UOTIDIE«
Réfaction S-Administration :
M, RM ft MMMMMr
-.. PARIS (l«> ,
Ttlira. I LOUVRE 19.3,1
« MCHBLIBII 87.
Les Annales Coloniales
• Ua ortnoncea et réclame» sont reçuet eu
bureau du journal.
DI MOTEUR. FONDATEUR S Maroel RUEDEL
Tous les articles publiés dans notre journal ne peuvent
être reproduU, qu'en citant t« AJIHALU Co.
IBONNEMENTS
#M* fa Revue mensuelle ;
Un an 6 KoI, 8 K.La
FrtnM et
Colonies 180 d 100 > S0 »
(trader.. 240 » 125 » 70 »
On t'Abonne sans trais daflp
loaI lu bureaux de poste.
L'Algérie et le nouveau projet de loi
sur la viticulture
) C
Depuis une semaine la Chambre des députés
consacre les séances du matin à l'examen d'un
important projet de loi sur la viticulture., La
discussion se poursuivra encore certainement
pendant plusieurs jours. Les débats sont vifs
et passionnés car des intérêts considérables et
contradictoires sont en jeu : en particulier il
apparaît que sur un certain nombre de passifs
rnipqrtant8 les représentants de l'Algérie sont
en opposition irréductible avec les représentants
de la plupart des régions viticoles françaises.
Pour ren dre plus intelligible le problème
posé devant le Parlement, indiquons tout de
suite les dispositions principales du projet éla-
boré par la Commission des boissons de la
Çhambre et rapporté par M. H. Labroue, dé-
puté de la. Gironde. Ces dispositions essen-
tielles sont les suivantes :
10 Etablissement d une taxe, perçue dans
toutes les exploitations ayant un rendement
moyen d'au moins 101 hectolitres à l' hectare.
Cette taxe est progressive : elle ra de 5 franer
par hectolitre pour les rendements de 101 a
125 hectolitres à l' hectare, jusqu'à 80 fr. par
hectolitre pour les rendements supérieurs à 250
hectolitres - à l' hectare ;
2° Etablissement d une taxe annuelle de
5.000 francs par hectare de plantation de vi-
ene faite après la promulgation de la loi.
Quelques exonérations sont cependant prévues;
3° Institution du blocage, c'est-à-dire obli-
gation pour le producteur de stocker dans sa
ve ou dans son chai, en année de surproduc-
tion, un pourcentage du vin récolté. Le blocage
Re doit atteindre que les producteurs récoltant
iJys de 200 hectolitres'. Le pourcentage du
stockage imposé est progressif.
Ainsi qu'on le voit le but poursuivi par les
auteurs du projet de loi est triple : pénaliser
les gros rendements à l'hectare qui sonr sou-
vent incompatibles avec une bonne aualité du
produit, freiner les plantations nouvelles de vi-
gne et enfin régulariser l'apport des vins sur le
marché pour éviter les brusques variations des
,--vix.
'Pourquoi s^-t-pn jugé nécessaire l'établisse-
ment des mesures aussi exceptionnelles en ma-
tière de production, aussi restricti ves de ta li-
berté du propriétaire, aussi exorbitantes du
mit çotnnwn ? Pagce que fo France et t'A!-
gérie s acheminent A grands pas vers une re-
doMtablfl crise viticole, <*ise çfue à ûn) surpro-
duction qttf VD
tion consécutive à lui 8ft éco.iomiqiie géné-
rale. Cett crise zqenaqe de plonger Mpide-
ment dans U misère les I16OO.OOO viticulteurs
français * et nor d-africains. Quelaues chiffres
donneront une idée plus précise Cie la gravité
du danger qui les menace.
La production de vin dans la métropole a
passé de 50.000.000 -' d' hectolitreA. en
moyenne, en 1909-1913 à 63.000.000 en
1929. En Algérie, elle a bondi de 5.000.000
d'hectolitres en 1921 à 13 millions et demi en
, 1929. La récolte totale a dQJlc été en 1929
de près de 77,000.000 d'hectolitres. Malgré
l'invasion du mildiou la récolte de 1930 a été
voisine de 70,000,000 d'hectolitres. Or, tan
dis que s'élève rapidement la production, la
consommation taxée qui était dans la campagne
de 1925-1926 de plus de 53.000.000 d'hec-
tos est tombée en 1929-1930 à 46.000.000
seutement. L'exportation d'ailleurs assez fai-
ble, est loin d'être en augmentation. Il est
indéniable que lorsque la récolte de la France
et de l'Algérie atteint 70.000.000 d'hectos,
on constate dans la viticulture et le commerce
des vins un premier malaise, lorsqu'elle dé-
passe 75.000.000 d' hectos, c'est la crise. Or,
ce chiffre de 75.000.000 d'hectos peut être
très largement dépassé, cette année même, si
les circonstances climatériques sont moyenne-
ment favorables. D'ici - quelques années, O¡I
constituera un minimum tout à fait exceptionnel.
*
En voici l'explication.
Dans la métropole, l'augmentation de la
production du vin ne tient pas à l'extension de
a superficie plantée en vigne. Au contraire
l'ère de la vigne tend à diminuer : 2.400.000
hectares en 1875 ; 1.626.000 hectares en
1909: 1.547.000 hectares en 1928. Il y a plan-
tation intensive dans quelques régions du midi,
en particulier en Camargue, dans le reste de
la France on arrach e plus de vigne que l'on
n'en plante. Mais la production totale croit
malgré tout grâce à la multiplication des plan-
tations à gros rendements, d'une lutte plus effi.
cace contre les maladies oryptogamiques.
En Algérie, au contraire, nous assistons à
une véritable frénésie de plantations de nou-
velles vignes. Alors que l'étendue du vignoble
de 1 Mil_
de la Métropole est stabilisé autour de 1 mil-
lion 500.000 hectares le vignoble algérien ne
cesse de croitre : son étendue qui était de
146.000 hectares en 1907 a atteint 270.000
heclatres en 1930. En une seule année, de
1929 à 1930, ce vignoble a cru de près de
45.000 Ha ; il est très inégalement réparti sur
les trois départements ;
Oran : 155.000 Ha; augmentation sur 1929:
31.000 Ha.
Alger : 96.000 Ha; augmentation sur 1929:
10.000 Ha;
Constantine : 20.000 Ha ; augmentation
sur 1929 : 3.000 Ha.
Le rendement moyen en hectolitres à rhec-
tare a varié de 1929 à 1930 entre 47 et 42
cour Qran ; 66 et 58 pour Alger, 72 à 73 pour
nstantme.
, Il y a en Algérie, comme en France, un
grand nombre de petits viticulteurs que toute
crise de surproduction atteindrait rudement et
qui, par conséquent, ne peuvent qu'accueil-
lir favorablement tonte mesure efficace de pro-
tection de lit viticulure. Mais parmi eux,
nombreux sont les pertts colore qui ont la lé-
gitime ambition d'arrondir leur vignoble. Tard
venus dans la- colonisation, ils sont hostiles à
toute mesure qui stabiliserait et valoriserait la
situation des vieux viticulteurs algériens à leur
détriment, et c 'est pour cela qu'ils s'opposent
avec véhémence à toute disposition légale ayant
pour but d'entraver l'extension du vignoble, en
particulier ils combattent l'article 2 du projet
en discussion qui constitue une taxe annuele,,
de 5.000 francs par hectare de vigne nouvel -
lement planté.
Si le - problème n'intéressait que les petits vi-
ticulteurs : anciens et nouveaux colons, nul
doute qu'il ne soit facile de trouver une solu-
tion satisfaisante pour les deux parties. Malheu-
reusement, il existe en Algérie une catégorie
de producteurs de plus en plus nombreux qui
tendent à industrialiser la culture de la vigne.
Il s'esr formé et il se forme tous les jours de
puissantes Sociétés, disposant de capitaux illi-
mités, qui mettent en valeur des domaines.
s'étendant sur des centaines et même des mil-
liers d'hectares. On nous signale certains
points où actuellement 6 tracteurs travaillent et
font un défoncement de plaines immenses que
! fiévreusement on plantera demain etf* vigne.
Un peu de statistique montrera l'importance
qu occupent en Algérie les gros producteurs :
En 1929, il y a en Algérie 6 déclarants
de 50.000 hectos (aucun en France) j 38 dé-
clarants de 20.000 h 30.000 hectos représen-
tant 1.135.000 hectos (12 en France représen-
tant 328.000 hectos) ; 450 déclarants de 5.000
à 20.000 hectos représentant 3.980.000 hec-
tos (374 en France, représentant 2.643.000
hectos). Ainsi l'on voit qu'en Algérie s'édifie
très rapidement un puissant capital viticole qui
jusqu'ici a été merveilleusement rétribué puis-
que le domaine de Keroulis a donné en 1929
un revenu de 80 du capitat.
Cette industrialisation de la viticulture fait
courir à l'immense année de petits proprié-
taires français et algériens un danger excessi-
vement grave. Elle est la négation de la cul-
ture familiale traditionnelle ; elle est l'ennemie
de la petite colonisation., la seyle qui soit sus-
ceptible de créer en * Afrique du Nord des
racines françaises nombreuses et profondes.
11 faut donc souhaiter, à plusieurs points de
vue que soit enrayée cette co lonisation agricole
industrialisée : c'est l'intérêt de la France
cotquie de l'Algérie e lle-mênie. Nous espé-
rons donc que le* représentants de 1 Algérie
voudront bien s'associer aux représentants des
régions viticoles de la métropole pour recher-
cher la meilleure solution commune. Ils sont
hostiles à h taxe sur les plantations nouvelles
Peut-être pourraient-ils se rallier au principe
d'une taxe de production qui jouerait parailè-
lement à la taxe de rendement.
Cette taxe pourrait frapper d'un droit pro-
gressif les productions dépassant 500 hectoli-
tres. Ce droit pourrait être de 5 francs par
hecto pour les productions comprises entre 500
et 1.000 hectos, pour atteindre le chiffre de
25 francs par hecto pour les très grosses pro-
ductions. Ainsi généralisée la grosse produc-
tion cesserait radicalement de s'étendre et les
petits viticulteurs algériens envisageraient
l'avenir avec moins d'appréhension.
L'ensemble des citoyens français et algé-
riens producteurs et consommateurs de vins
seraient pleinement satisfaits si le produit des
taxes de rendement et de production était uti-
lisé pour obtenir un abaissement du droit de
circulation des vins. Ce droit qui est actuel -
lement de 15 francs par hecto, alors qu'il
n'était que de 1 fr. 50 avant guerre, est abu-
sif. Il contribue à faire le vin cher, à créer la
sous-consommation. Une occasion se présente
de la richesse. 11 faut la saisir.
De toute façon, il faut éviter de créer une
rivalité économique entre la France et ses co-
lonies et en particulier entre la France et
l'Algérie. La prospérité de la France et' celle
de l'Algérie dépendent étroitement l'une de
l'autre. On ne devra pas l'oublier au Parle-
ment, dans le débat enrcours.
Georges Nouelle,
député de Saône-et-Lolre,
Vice-président de la Commission des Colonies,
Vice-président de la Commission des Mines.
Au Conseil riétat
«♦«
Inspection coloniale
Le Conseil d'Etat a, d'autre part, adopté
un projet de décret modifiant le décret du
iftr avril 1921 portant règlement d'admi-
nistration .publique sur l'organisation du
corps de l'Inspection des colonies.
Ce décret limite à deux ans la durée (re-
nouvelable) du séjour au ministère des Co-
lonies du directeur du contrôle.
Textes algériens
Il a également été adopté :
10 Un projet de décret rendant exécutoire
en Algérie les dispositions prévues aux arti-
cles 43 et 44 de la loi du 16 avril 1930
prohibant la vente des rliums artificiels et
réprimant les fraudes sur les rhums en gé-
néral ;
20 Un projet de décret relatif aux travaux
d'amélioration et d'extension du port de
Nemours (Algérie).
Guinée Française. - Rejet de la requête
d'un fonctionnaire des Travaux Publics
Le Conseil d'Etat a rejeté la requête que
M. Martin, chef comptable des Travaux pu-
blics au gouvernement de la Guinée Fran-
çaise avait présentée aux fins d'annulation
d'une décision, en date du 28 septembre 1027,
par laquelle le Gouverneur général de l'A.
O. F. a refusé un congé auquel ce fonction-
naire prétendait avoir droit.
LE « COTON
»♦«
z iràl
UISSENT tous les
rapports lus
dans les congrès
à Vinccnnes ite
pas être des pa-
r 0 les semées
dans le vent.
Les e f forts
d'inf ormations,
d e confronta-
tions fournis au
cours de ces réu-
nions, méritent
qu'une tersévé-
rance soutenue permette aux ordres du jour
des congrès de réaliser les utiles projets cou-
chés sur le papier.
Jeudi, la quinzaine de la production agri-
cole d'outre-mer a abordé V étude du coton,
sous la présidence de M. Waddington, prési-
dent de VAssociation Cotonnière Coloniale.
Le rapport présenté par M. Hcslitig, di-
recteur général de VAssociation, proposait
d'intéressantes conclusions, surfout si l'on
considère le rôle que joue cette matière pre-
mière sur le Marché mondial.
Le coton colonial français, étant donne son
avetnr dans la France extérieure, est une
question d'une haute importance nationale,
qui réclame toute notre attention quant à la
production, l'amélioration des marchés et des
débouchés.
Voici les vaux de M. Hesling.
1" Qu'une politique et un programme de pro-
duction cotonnière, adaptés ù chaque territoire,
-soient établis par les pouvoirs métropolitains
comme l'expression de la volonté nationale ; que
la culture cotonnière soit favorisée et intensifiée
aussi bien en terrain irrigué qu'en terrain sec,
suivant les régions où les conditions locales sont
propices à l'un ou l'autre mode de culture, avec
le plus large concours possible de la population
agricole indigène.
8* Que la collaboration existant déjà entre les
Pouvoirs publics et les administrations locales
d'une part, et l'Association Cotonnière Coloniale,
d'autre part, se renforce et devienne plus étroite
pour l'application d'un programme commun ;
que, notamment, les ressources dont dispose
1 Association Cotonnière Coloniale soient nug-
mentées par une contribution supplémentaire
de l'Etat afin de lui permettre d'intensifier son
action en rapport avec l'ampleur du programme
à réaliser. - -
3* Que les Services techniques agricoles des
territoires cotonniers comprennent - en nom-
bre suffisant - un personnel spécialisé dans la
culture cotonnière, ainsi que les établissements
(Laboratoires, stations d'essais et d'expérimen-
tation, de sélectionnement de graines de se-
mence), en rapport avec l'importance de la pro-
duction et des possibilités locales de l'avenir.
4* Que la production et la vente du coton
soient soigneusement contrôlées par les services
compétente afin que la métropole puisse comp-
ter sur une production progressive, régulière et
homogène et que ce contrôle assure le maintien
des qualités de la fibre, appropriées aux be-
soins de l'industrio et la rende facilement ven-
dable.
5* Que les pouvoirs publics et les administra-
tions locales s'efforcent de favoriser un abais-
sement des prix de revient du produit sur le
marché métropolitain, en augmentant les ren-
dements culturaux et en faisant bénéficier le
coton exporté d'-un régime fiscal et de tarifs de
transport modérés.
•Souhaitons que ces vœux, adoptés à l'mit..
nimité, ne restent pas asphyxiés au fond des
cartons poussiéreux. Ils ont été pensés, écrits,
articulés avec conviction, ils doivent se forti-
fier rapidement, afin que nos marchés co-
loniaux puissent, un four prochain, satis-
faire les besoins de l'industrie cotonnicre
française.
Lucien. Gasparin,
Député de la Réunion,
membre de ta Commission de l'Algérie,
de9 Colonies et des Protectorats.
- .1.
M. de Guise en tournée
M. de Guise, gouverneur de la Guinée, est
revenu hier à Conakry, après une tournée de
15 jours, au cours de laquelle il a visité la
plupart des cerclcf de sa colonie.
Tu te rends compte.
LE FERMES DE L'EMPEREUR
L'Empereur d'Annam est un charmant gar-
çon. Paré de tous les sourires et de toutes les
grâces, il promène dans Paris. pour deux ans
encore un visage émerveillé attentif et modeste.
Il n'a qu'un tort c'est de piloter à tombeau ou-
vert et sans que la loi l'y autorise, un superbe
bolide de sport. Ne vous étonnez donc point
que l'Empereur se fasse siffler à tous les coins
de rue.
Si vous êtes un jour au croisement des fac-
teurs excès de vitesse et contravention, vous
pourrez entendre ce petit dialogue, car le « dé-
linquant » obtempère toujours à la première
sommation :
« Vos papiers ?
Les voici, je suis l'Empereur d'A nnam. »
Et invariablement l'agent riposte. :
u Dites donc, ne Vous foutez pas de moi,
st il vous plaît 1 »
Bien entendu, tout s'arrange quelques heures
après puisque Sa Majesté, qui passe d'ailleurs
pour un fin pilote, n'a encore écrasé personne
et que la Républiques des grâces. princières.
Mais ce serait, à notre sens, une excellente
mesure que de permettre à l' Empereur de pas-
ser son petmis avec dispense d'âge, Supptosez
en effet, qu'un accident smvienne (dame. « la
garde qui veille aux barrières du Louvre n en
défend pas les rois. ») qu arrivera-t-il ? Si
l'Empereur a sa carte rose, l'assurance paiera
automatiquement puisque le fait même d'être
légalement autorisé permet de signer une po-
lice. S'il conduit au contraire à ses risques et
périls, il est de ce fait seul responsable et c'est
sur sa cassette « personnelle » qu'il devra in-
demniser le plaignant.
Nul doute que le préfet n'accorde le papier
à S. M. Bao Dai s'il le lui fait demander par
un de ses sécrétais.
JaequëB Alphand,
En Tunisie
Les Journalistes et la Colonisation
Quel est le rôle des journaux dans la nais-
sance et le développement d'une colonie ?
En général, un rôle de premier plan. Qui
s'en douterait, en Tunisie, quand les fleurs
et les louanges, tombant des tribunes officiel-
les, se posent un peu partout en aimables
guirlandes. Au palmarès du cinquantenaire,
guirlandes., de figure sauf les journalistes. On
les ignore et ils s'ignorent eux-mêmes? Un
congrès de journalistes professionnels, qui
s'est tenu dernièrement à Tunis, n'a pas eu
un mot pour rappeler l'œuvre des anciens.
Les journalistes ont, cependant, contribué à
leur manière au succès du protectorat. A
leur manière qui n'est pas la moins efficace :
ejle a consisté à morigéner les uns, à conseil-
ler les autres, à batailler souvent envers et
contre tous, afin que le bien public ne fût pas
perdu de vue au milieu des ignorances et des
appétits. GrAce à cette action énergique, que
(rerreurs ont été évitées, que d'injustices, ont
été réparées, que d'initiatives ont été prises
été réparées, l'administration n'eût jamais
auxquelles l'administration n*eût jamais
songé 1
Qu'il nous soit permis, à nous qui ne som-
mes pas professionnels, de rendre aux jour-
nalistes tunisiens l'hommage qui leur est dû.
Nous les avons vus à l'œuvre, et nous avons
eu l'occasion de connaître à peu près tous
ceux qui ont marqué leur trace-dans les idées
et les faits, durant ce demi-siècle de protec-
torat.
Il nous suffirait de reproduire quelques ar-
ticles, pris au hasard parmi ceux qui alimen-
tèrent les campagnes de presse de 1882 à
1914, par exemple, pour évoquer une période
frémissante de vie. Nous préférons citer des
noms, qui exhalent encore une odeur de ba-
taille.
Au début de l'occupation, les journaux
s'imprimaient à Bône ou à Marseille, car
l'imprimerie n'était pas libre dans la Ré-
gence. Parmi les premières feuilles qui paru-
rent à Tunis, on distingue Titstis-J ournal, ré-
digé par un homme énergique, Jules Montels.
C'est l'attitude de Montels qui décida le ré-
eident général Cambon à réglementer la
presse tunisienne. Réglementation très
étroite, d'ailleurs, imposant aux directeurs de
journaux politiques un cautionnement de six
mille francs, ce qui représentait une petite
fortune, à l'époque. Supprimé par M. Massi-
cault, le cautionnement fut rétabli par M.
cault, Millet, qui avait il se plaindre des jour-
René
nalistes tunisiens à son égard. La législation
sur la presse devenue plus libérale sous Sté-
phen Pichon, marqua une régression à la
suite des décrets du 29 janvier 1926, de M.
Lucien Saint, encore en vigueur aujour-
d'hui. Ce qui n'a jamais empêché, d'ail-
leurs, les journalistes courageux de défendre
les libertés françaises contre les fantaisies
du pouvoir, A leurs risques etpétdll., - - v
C'est ainsi que Emile Lacroix, directeur de
la Petite Tuntsie, et d'autres journalistes su-
birent les rigueurs de la loi pour avoir exercé
leur droit de critique avec plus ou moins de
violence. Nul, cependant, n'eut, en ce temps-
là la plume plus incisive que Victor de Car-
nieres. Dans les journaux qu'il dirigea de
près ou de loin : la Tunisie fa Tunisie Fran-
çaiso, le Colon Français, il lutta avec éner-
gie pour les franchises de la colonie fran-
çaise ; mais il préconisait une politique indi-
gène qui nous aurait aliéné tous les éléments
éclairés de la population musulmane si elle
avait été suivie. Plus tard, un journaliste
d'envergure Henri Tridon reprit, dans la Tu-
nisie Française, la politique dite de prépon-
dérance française, mais en la tempérant d'op-
portunisme.
Vers la même époque, Georges Caudas se
signale par des articles alertes et documentés
dans le Promeneur, dont le succès fut très
vif. Nous sommes vers 1906. Voici les trois
mousquetaires, qui sont quatre comme les hé-
ros de Dumas père : Auguste Destrées et An-
dré Duran-Angliviel, animateur du Courrier
de Tunisie première nuance ; Paul Lambert,
directeur du Républicain et Jacques Gaillard
du Cri de Tunis, qui luttent pour une politi-
que franchement démocratique. Il y a des
contre-attaques 1 Que de polémiques viru-
lentes, de duels retentissants ! Mais la guerre
survient. Destrées et Gaillard y laissent leur
peau : l'un dans les Flandres, l'autre en
Orient.
Après la guerre, nous retrouvons Lambert
à Paris, rédacteur à la Dépêche Tunisienne.
Et Duran-Angliviel fonde, aidé de quelques
amis, Tunis-Socialiste, où il donne, chaque
jour, un article étincelant d'esprit et d'à-pro-
pos. Henri Tridon, en sa verte vieillesse, po-
lémique jusqu'à sa mort survenue en 1930.
A ses côtés, M. René de la Porte signe de spi.,
rituelles chroniques, mais il émigre à la
Dépêche Tunisienne, où, sous le nom de
P. Vernessac, il se spécialise dans les ques-
tions économique. Alibert Guévard, crée la
Liberté et meurt prématurément. M. Iienri
Giron écrit dans la Démocratie Tunisienne.
Le Petit Matiny en 1923-1924, donne l'occa-
sion à Raymond Cofrat, qu'on avait connu à
la tête de la Semaine Tunisienne, avant la
guerre, d'exercer sa verve au picrate contre
le pouvoir. Il est expulsé de la Régence en
vertU) des dispositions de l'édit royal de 1778,
dont le gouvernement s'était déjà servi à
l'encontre de Robert Louzon, de Y Avenir
Social. Colrat fut remplacé au Petit Matin,
par Paul Laffite, un journaliste de race, fon-
dateur du Petit Bisertin, ancien rédacteur en
chef de la Dépêche Tunisienne, de Y Echo
d'Aller et de la Vieie MnrocaÏlte.
Sans vouloir citer beaucoup de noms, di-
sons seulement que les journalistes, en Tuni-
sie, ont formé patiemment l'opinion publi-
que et lui ont donné les moyens d'exercer
une influence salutaire sur les pouvoirs pu-
blics. Ils ont vaillamment lutté pour l'idée,
tandis que d'autres s'enrichissaient. Ce sont
là des titres éminents, qu'il nous plaît de
rappeler en ces jours d'inventaire et de sou-
venir.
Arthur Pellegrin,
Délégué au Grand Conseil de la Tunisie.
LIRE EN SECONDE PAGE :
À l'Officiel.
La bataille des questions écrites.
A FExposition Coloniale.
A l'Ecole coloniale.
A l'Exposition Coloniale
ÉCHOS
Informateur mal informé
Comœdia annonce qu'on présente à l'Ex-
position Coloniale, depuis hier vendredi en
soirée, aujourd'hui et demain en matinée et
en soirée, à raison de trois spectacles en ma-
tinée et deux en soirée, le beau film réalise
par Alfred Chattmel et Geneviève Cltaumel-
Gentil, le Réveil d'une Race.
Mais la Cité des Informations, qui com-
munique l'annonce du film, est bien mal in-
formée. Ce n'est pas, en effet, en A. E. F.,
comme elle le dit, que ces deux cinéastes ont
tourné « la maladie du sommeil », si victo-
rieusement combattue par le docteur Jamot,
mais au Cameroun.
Petit calcul
On ne s'y recoimatt plus avec les multiples
cartes d1 *entrée à l'Exposition.
Si vous achetez un bon, vous avez droit
à 20 tickets à 3 francs, qui vous donnent
droit à 5 entrées du vendredi ou à 20 entrées
les jours ordinaires, mais si vous achetez une
carte permanente pour 100 francs, vous avez
droit à pénétrer tous les jours à l Exposition,
et même plusieurs fois par jour. Bien plus ;
tous les vendredis, vous pouvez entrer comme
les autres jours. Bref, vous avez pour 100
francs ce qui aurait coilté 7 à 800 francs si
vous aviez souscrit à des bons.
Pour une fois, le proverbe : Tarde venien-
tibus ossa est faux, et c'est llévangile qui a
raison, bien que l'Action Française soit à
l'honneur à l Exposition Coloniale : « Les
premiers seront les derniers et les derniers se-
ront les premiers. »
La bouche
Beaucoup de commerçants se plaignent que
les affaires ne vont pas à V Exposition Colo-
niale. Tout le monde ne peut pas en dire au-
tant, et la plupart des bistrots font un argent
fou.
Faut-il citer telle maison qui s'est spécia-
lisée dans le service des lultchs et baufluets,
qui a hésité à entrer à l'Exposition et qui
n'est venue, que sur les instances d'un actif
représentant du peuPlc. s'installer sur les
bords du lac Daúmesnii.
En acceptant de venir à Vinccnnes, elle
formulait ie voeu, pour s'en tirer, de faire
300.000 francs d'affaires par mois. Or, du
6 au 31 mai, pendant ce mois où il pleuvait
et où il n'y avait que des fondrières et des
chantiers, elle a.atiçint mre
dépassant 1.200.000 francs.
El, de là, nous ne parlons pas de Bagdad,
car à Bagdad, les poirçs sont nombreuses et
sont pelées avec soin, et jusqu'au dernier
trognon.
Petite fortune
Tout le monde se plaint de s'esquinter les
pieds à l'Exposition Coloniale, sur les cail-
loux pointus.
Aussi, les femmes pratiques et raisonnables
1/ ltésitent pas. Les unes viennent avec des
espadrilles dans les mains et l'époux porte
les petits souliers enveloppés dans un journal
pendant toute la durée de' leur prome-
nade (111) dans l'Exposition, à travers les
pavillons, tandis que - sa femme déchaussée
se promène en savates; les autres ne pren-
nent pas la précaution de venir à VExposition
avec des cllaussures de rechange, aussi une
habile commerçante a-t-elle commencé une
petite fortune en vendant des chaussons de
lisière tout près de la principale porte d'accès
de VExposition. Elle a, paraît-il, vendu plus
de 15.000 paires de chaussons de lisière de-
puis peu de temps, et ce n'est pas fini, car
tout le monde se le dit.
Les graviers semblent être le mauvais
génie des petits commerçants installés à l'Ex-
position, car le mari, déjà encombré par les
souliers de sa femme, met à deux fois avant
d'acheter et de rapporter quelques souvenirs,
si peu encombrants qu'ils soient.
Mignonnet.
«♦«
Le beau programme
Ce que seront les journées médicales
Vendredi matin onze heures. Cité des In-
formations. Elle fut des plus intéressantes,
la « petite réunion intime » offerte par le
Comité d'organisation des journées médi-
cales coloniales à la Presse. Malheureuse-
ment nous étions bien peu nombreux à re-
cueill ir les renseignements précieux fournis
par MM. le docteur Tanon, professeur à la
Faculté de médecine de Paris; Du Vivier de
Streel, manager, des Congrès; André Ména-
bréa, secrétaire général adjoint à la partie
internationale.
Parmi toutes les initiatives favorisées par
l'Exposition de Vincennes, il n'en est pas
de plus admirable au point de vue humain,
que la grande manifestation de médecine
coloniale qui aura lieu du 22 juillet au
4 août sous la forme de Congrès nationaux
et internationaux.
Déjà, dans une interview du médecin ins-
pecteur général cLasnct, Directeur du Service
de Santé des Colonies, paru dans les Anna-
les Coloniales du icr juin, nous avons exposé
les grandes lignes directrices des Journées
Médicales.
Aujourd'hui, les détails se précisent : non
seulement, les congressistes travailleront
pour l'avenir, mais aussi des données « au-
thentiques et précises » établiront la part
prise par les médecins dans l'organisation et
le développement des colonies.
Aucune curiosité, aucune publicité n'ont le
droit de déserter le plus beau champ de ba-
taille de la France, là où la Métropole a
rempli au mieux sa haute mission de civi-
lisation.
Aussi, il n'est pas possible que l'appel du
docteur Boyé, secrétaire général, ne soit pas
entendu et que tous les moyens du « faire,
savoir » moderne ne servent pas la propa-
gande des Journées Médicales Coloniales et
des Congrès internationaux traités par des
Français et des étrangers.
En vérité, la question de l'assistance mé-
dicale indigène est de première importance,
d'abord au point de vue humain : tous nos
protégés sans exception doivent bénéficier
des progrès de la science médicale moderne ;
puis au point de vue économique car nous
touchons là au grave problème de la main-
d'œuvre indigène.
Production, coût de la vie, absorption de
la surproduction, toutes les causes de la
crise économique ne pourront s'équilibrer
solidement qu'entre populations nombreuses,
bien portantes, travailleuses, riches, favori-
sant l'ouverture de nouveaux marchés.
Le professeur Tanon qui préside cette réu-
nion, considère la salle quasi vide et M. Du
Vivier de Streel remarque mélancolique-
ment (c que la presse jusqu'ici est restée in-
sensible Il.' Pourtant l'enjeu est intéressant,
non seulement il s'agit de la prospérité de
la France, mais encore d'arracher à la mort
des millions d'êtres humains qui sont chaque
année les victimes de terribles fléaux endé-
miques, maladies du sommeil, lèpre, syphi-
lis.
il faut considérer les Journées Médicales
Coloniales qui se tiendront du 22 juillet au
4 août à la Cité des Informations, comme
une manifestation, nationale à laquelle pren-
dront part les nations colonisatrices ; à ce ti-
tre, la plus grande publicité doit les faire
connaître sans retard « aux savants les plus
lointains » ; la plus grande publicité doit
porter à tous ceux qui s'intéressent à la Mé-
decine. à l'Hygiène, à la Pharmacie, à la
Médecine Vétérinaire des pays chauds « la
cordiale invitation » du Comité d'organi-
sation. - -
En marge d'un magmhquc programme de
travail, des fêtes, des visites, des récep-
tions complètent de la plus heureuse façon
l'emploi du temps des congressistes.
̃De plus, des réductions pour les trans-
ports, hôtels, quantité de commodités ont été
prévues pour faciliter le séjour à Paris des
congressistes et le rendre des plus agréa-
bles.
Pour tous renseignements, on peut
s'adresser au Secrétariat général, 112, boup
levard Haussmann.
C'est très joyeusement et en croquant des
biscuits offerts par MM. les professeurs qui
ennt- 11 flf rhiirmantes maîtresses de mai-
oJ-" ,.- ---._--------- - --
sons » que nous trinquons à la réussite des
Journées Médicales Coloniales.
Parmi les personnalités présentes citons :
le médecin inspecteur général Lasnet, MM.
le docteur Gautier, secrétaire général ad-
joint; le docteur Léon Giroux, trésorier; le
docteur Nass, directeur de. « l'Hygiène so-
jSÎSlSJJr »
Marie-Louise Sicard.
Le pavillon de la Hollande
Danses Balinaises
La première représentation des danses bali-
naises est un fort beau succès artistique auquel
l'assistance étrangère et métropolitaine a réser-
vé le plus chaleureux succès.
Pénombre, ambiance moelleuse de velours
sombre, l'orchestre des « gongs » est sur la
scène. C'est une régal de rythme, de sonorités
mille fois nuancées ; des piano-pianissimo, des -
notes graves succèdent aux cadences frénétiques
et de tout métal en « fusion », sous le jeu des
artistes indigènes, la musique jaillit, cet élé-
ment éternel qui pour les habitants de l'île de
Bali est avec la danse l' expression plastique de
leur vie intérieure.
Ces divers mouvements sont d'une diversité,
d'une originalité, tout à fait remarquables.
La danse du gouy est exécutée par un « bal-
lerin » assis au milieu de l' orchestre.
Sa tête, les épaules, le torse, les bas, les
mains, tous les muscles reproduisent un état
d'âme et les pieds communiquent aux vête-
ments drapés du mime assis, des mouvements
ondoyants de serpent se levant, ou de simples
lianes obéissantes à toutes les brises.
Ensuite, se succèdent des danses d' amour,
des danses guerrières.
Les costumes des figurants sont éclatants d'or,.
brodés d'or et rebrodés d'argent de chauds et
multiples coloris et des jeux de draperies décri-
vent des dessins mélodiques. Avec plus de fou-
gue et d humour, moins de science consommée
les exhibitions balinaises rappellent les danseu-
ses cambodgiennes. Aux mouvements rythmiques
exprimant la soumission aux forces spirituelles
supérieures au pouvoir temporel, succède la re-
production dramatique des récits, des contes,
des légendes et cela nous vaut l' entrée en scène
des dieux, des héros, des princesses, des mons-
tres appartenant aux vieilles épopées Hindoues
de Ramayana et de Brata- Y oeda, comme aussi
aux Mystères de notre Moyen-Age et aux ro-
mans de Chevalerie.
Voilà un spectacle artistique qui suggère,
tant par l'orchestre métallique, que par la cho-
régraphie des muscles, du visage et du corps,
des possibilités dont nos arts modernes tireront
certainement un très heureux parti.
Belle soirée d'art indigène.
Dinah.
Une excellente initiative
It'l
Le Comité de propagande coloniale de la
Charente-Inférieure, en collaboration avec
M. Canet, inspecteur d'Académie, vient de
faire preuve, une fois de plus, d'une initia-
tive qui fait honneur à l'esprit qui l'anime.
On sait que pour intensifier sa propa-
gande le Comité s'était adressé l'an dernier
aux professeurs et maîtres des enseignements
secondaire et primaire. On s'est tourné cette
fois du côté des élèves.
,Les concurrents avaient été répartis en
deux catégories :
La première comprenait les élèves de ma-
thématiques et ceux de philosophie des ly..
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