Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-04-03
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 avril 1928 03 avril 1928
Description : 1928/04/03 (A29,N54). 1928/04/03 (A29,N54).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451237k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NRUVIBME ANNEE. N' M. LE NUMERO : 90 CENTIMES MARDI SOIR. 3 AVRIL 192».
Jemam&L quaisies
Réduction & Administration :
M,lMiiMit-lftaiir
PARIS 0*0
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Les Annales Coloniales
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IrurMM 4m fouriul.
Diiimtbum I Mareal RUEDEL et L.-O. THÊBAULT
Tous la officiai publiés dans notre journal m» miumiiI
être reproduits qu'en citant les Anuui Goumaub.
ABONNEMENTS
avec ît supplément illustré t
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france et
Cote)t!M..tM< 81.
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On s't bon m tant (rais dut
ton les borates le posta.
Les États-Unis et les Philippines
- Ce titre n'annonce pas seulement une
étude de politique coloniale étrangère ;
il faudrait ajouter, pour être exact, que
ce serait plutôt une étude de politique
coloniale « comparée ». Certes, la situa-
tion des Etats-Unis aux Philippines
n'est pas la même que celle de tel ou tel
autre pays colonisateur dans telle ou telle
de ses colonies. Il ne s'agit pas de simi-
litude, ni même d'analogie. Je ne veux
même pas d'un rapprochement ou d'un
parallèle. Je ne demande qu'une chose :
qu'on réfléchisse, mutatis mu tandis.
Donc, les Philippines réclament leur
autonomie. Elles ne manquent aucune
occasion d'exprimer ce désir. Ainsi, au
moment où le Gouvernement américain
se préoccupait de trouver un successeur
au général Wood, le président du Sé-
nat des Philippines, M. Manuel Que-
zon et M. le sénateur Osmena partaient
en mission pour demander au président
de la République Américaine d'accueil-
lir leurs vœux d'indépendance.
Ils avaient d'ailleurs, dans les jour-
naux des Etats-Unis, des sympathies et
des concours. Le World, par exemple,
reprenait, en les accompagnant de com-
mentaires favorables, les revendications
que le président du Sénat des Philippe
nés avait développées devant le Club
Economique de New-York. Il ne s'agis-
sait pas, déclarait ce journal, de briser
les liens qui attachaient les Philippines
aux Etats-Unis; ce que veulent M. Ma-
nuel Quezon et M. Osmena, ce que
souhaitent tous ceux dont ils se sont
faits les interprètes, c'est qu'on consi-
dère les habitants des Philippines com-
me les jeunes associés de la Grande Ré-
publique; que celle-ci continue à jouir de
tous les avantages commerciaux et au-
tres qu'elle détient; que les Etats-Unis
continuent à maintenir leurs stations na-
vales, à prélever leurs intérêts dans le
Pacifique, mais que l'autonomie soit
accordée aux Philippines, comme elles
ne cessent de la réclamer.
« Le sentiment nationaliste des peu-
ples d'Extrême-Orient est un fait palpa-
le et il n'y a rien d'idéaliste à deman-
der qu'il soit reconnu. »
Fait palpable, soit, répliquait la gran-
de majorité des journaux, mais qui a
besoin d'être précisé, expliqué. Le Wa-
shington Post en appelait au témoignage
de tous ceux qui avaient fait des sé-
jours dans les îles, aucun d'eux, sans ex-
ception, ne déclarait que les Philippines
étaient prêtes pour le self government ;
ils étaient tous d'accord pour reconnaî-
tre que « l'agitation pour l'indépendance
était menée par deux éléments, d'abord
les politiciens qui y voyaient la possi-
bilité d'en tirer profit, puis ceux qui
étaient égarés par les démagogues du
premier groupe ». Ce qu'il fallait là-bas,
en conséquence, c'était une forte person-
nalité comme le gouverneur Wood qui
s'est entouré « d'un cabinet capable et
indépendant de la politique indigène »,
seul procédé pour donner aux îles « un
gouvernement honnête, efficace et pro-
gressiste ».
Indépendant de la politique indigène,
nous voulons croire que cela signifie :
qui restât en dehors et au-dessus des
agitations locales; le N.-Y. Herald Tri-
bune parlait « d'une réelle collaboration
avec Washington », et de la nécessité
d'encourager les éléments favorables à
cette politique. Ceux qui allaient le plus
loin affirmaient qu'il n'y avait aucune
raison de transférer l'administration des
Philippines à un autre département que
celui de la Guerre, et qu'il suffisait, pour
compléter l'action de ce département in-
suffisante au point de vue économique,
d'ad joindre au gouverneur général quel-
ques experts, quelques techniciens déta-
chés auprès de lui des autres départe-
ments.
Le N.-Y. American, serrant de près
le problème, montrait contrairement au
World, qu'il y avait quelque « idéalis-
me n, au sens péjoratif, dans l'idée d'ac-
corder l'autonomie à un peuple qui n'a
pas d'unité et qui est divisé en une ving-
taine de groupes ethnographiques, par-
lant 87 dialectes différents. Pas d'unité,
pas d'expérience de l'administration des
choses publiques, pas d'instruction dans
la grande masse : 700.000 métis, astu-
cieux et ambitieux, auraient vite fait de
mettre dans leur poche 12 millions de
paysans illettrés, qu'ils exploiteraient en
ruinant le pays. Il écrivait ces lignes qui
sont à retenir parce qu'elles élèvent le dé-
bat au-dessus du cas particulier qui l'a
fait naître : « L'autonomie n'est pas une
Simple forme d'institution, à accorder
quand on le désire. C'est une forme de
caractère. Elle ne peut venir qu'après la
longue discipline qui donne à un peuple
la maîtrise de soi, l'habitude de l'ordre
et de la paix et un respect de la loi qui
ne cessera pas quand lui-même devien-
dra le législateur. »
Graves et sages paroles.
Non, l'autonomie n'est pas un cadeau
à faire à des enfants. Ha la briseraient
dans leurs mains, et les éclats les tue-
raient dans une fatale catastrophe. La
maîtrise de soi, l'habitude de l'ordre et
de la paix, sont les vertus nécessaires,
non seulement pour la sécurité du peu-
ple qui aspire à l'autonomie mais pour
celle des nations qui sont voisines et
même qui sont séparées de lui par des
espaces considérables; le respect de la
loi qui s'impose non par la contrainte
seule, mais par le développement du
sentiment de la solidarité nationale et
internationale est non moins indispen-
sable. Tout cela ne s'acquiert que par
une longue discipline. Woodrow Wil-
son l'a proclamé fort justement. Il ne
suffit pas qu'une poignée de nationa-
listes convaincus mélangés à une propor-
tion, difficile à déterminer, d'agitateurs
ou de politiciens dangereux, désire l'au-
tonomie. Il faut que le peuple s'en mon-
tre digne, non pas dans son unanimité,
mais dans sa majorité. La gloire des
nations colonisatrices, c'est de ne pas
retarder l'heure de l'indépendance pour
ses colonies au delà du moment où elles
le méritent; leur tâche est de préparer
cette heure, et, en attendant, d'accor-
der à chacune de leurs provinces loin-
taines le maximum de libertés dont elles
sont capables de récolter les fruits; leur
devoir est de s'opposer aux revendica-
tions prématurées en faisant compren-
dre à ceux qu'elle égarerait que le jour
n'est pas venu, et qu'on n'attendra ni
sollicitations ni protestations nouvelles
des que le jour viendra.
Mfmrim Jlousfaft,
Sénateur de L'ilérauti, ancien minisire
<– 8.e
NOIR SUR BLANC
En l'honneur des conserves
Notre pieux confrère La Croix qu'il ne
faut pas confondre avec l'letton Française -
nous apprend. si nous ne nous en doutions déjà,
que les conserves alimentaires sont l'objet de
nombreuses fraudes. Autrefois, on fabriquait des
conserves de thon avec du veau, des tnaitet,
avec des petits poissons de Norwège, j'en passe
et des meilleurs. Maintenant, comme le veau
coûte plus cher que le thon, on a du thon en
conserve. mais quand il s'agit de langouste ou
de homard, nib de nib. Laissons la paro le au
journal de MM. - Feron- Vtau et Jean Guiraud :
On sait que certaines conseroes de langoustes
et de homards sont préparées avec de la chair
de poulpe, laquelle a beaucoup d'analogie aoec
celle de ces crratach. La Tunltie, en parlicu-
lier, livre au commerce, chaque année, des mil-
tiers de tonnes de poulpes conservées, et, comme
on n'en trouve pas sous cette dénomination, il
faut bien croire qu'ils usurpent un autre état
civil.
Il en est de même en ce qui concerne le thon:
les conserves de thon, préparées sur les côtes
de Bretagne, sont faites avec du germon, très
proche parent du thon, mais d'une plus grande
finesse de goût. Les consommateurs. cette fois,
auraient tort de se plaindre de la substitution.
La préparation de ces conserves est simple :
on coupe les poissons en rondelles, on les cuit
au court-bouillon avec beaucoup d'aromates,
puis on les fait sécher dans une étuve, après
avoir enlevé les arêtes. Puis on les met dans
des boîtes, qu'on remplit d'huile d'olive de
bonne qualité, et on soude le couvercle exté-
rieurement. Enfin, on stérilise à l'autoclave.
Les conserves de thon sont, avec celles de
sardines, celles qui font l'objet du commerce le
plus important en rronce.
Mais La Croix aurait .pu dire que la Tunisie
a d'importantes thonneries, notamment sur les
côtes de la péninsule du Cap Bon, qui pour-
raient et devraient se développer si nos fabri-
cants de conserves par trop conservateurs
abandonnaient leurs vieilles routines et faisaient
un peu plus preuve d'initiative.
£-ARg.'II.
LA FÉE DES VINS
Comme nous le signalions, de grandes ré-
jouissances en l'honneur des vins de France se
préparent à Paris.
Récemment, chaque région vinicole élisait sa
« fée n. Pour le Midi (comment délimiter jus-
tement le Midi ?) un bouquet doré de jolies
filles rêvaient à ce titre charmant.
La candidate des Algériens, Mlle Georgette
Fève, originaire de Philippeville, faillit bien
remporter la majorité des suffrages. Faute d'un
point. la gracieuse jeune fille perdit couronne
et baguette magique qu'une Corse non moins
agréable s'octroya.
Que Mlle Georgette Fève s'en console. Elle
reste pour nous la fée des vins d'Algérie qui
possède, comme on le sait, les plus jolies
femmes et les meilleurs vins.
1.1
La protection du gibier colonial
Insistant sur la nécessité impérieuse d'or-
ganiser des réserves de chasse pour, conser-
ver le gibier pour les chasses futures, M.
Paul Mégnin, du Temps, fait remarquer
que dans nos colonies, à côté de la loi de
répression, il existe une loi d'organisation,
c'est par des décrets présidentiels que sont
créées -des réserves. Il y intervient un
autre facteur, c'est la conservation de ter-
taines espèces, la protection de la faune et
de la flore; et les terrains désignés sont
soustraits à toute exploitation cynégétique
ou autre. Il est indispensable qu'il en soit
de même en France.
RECOMMENCEMENTS 1
1..
Notre confrère l'Affiche publie
l'écho suivant, qui ne manque tu
4e saveur. Qu'on en juge :
Bibliomanie
Un bibliomane avait reçu, un jour, la
visite d'un homme qui désirait se défaire
d'une quantité de manuscrits arabes. Le
caractère en était magnifique et le vélin irré-
prochable. Le bibliomane se précipita sur
cette proie qu'il paya très cher. Quelque
temps après, il sut, par un savant de ses
amis, que ces manuscrits précieux étaient
tout simplement les registres et les livres de
comptes de deux épiciers arabes. de trois
marchands de chameaux et d'un certain
nombre de marchandes de dattes. Il avait
fourré dans sa bibliothèque cent soixante-
trois volumes de comptabilité!
Et ceci me rappelle un sottvcnir remon-
tant à une quinzaine d'années. C'était avant
la guerre. Les Français d'Asie donnaient,
par une chaude soirée de mai, un dine,
assez intime, 60 à 80 cotwives, chez
Ledoyen, aux Champs-Elysées. Des per-
sonnages illustres ad or noient la table, dont
le jeune gouverneur général de V Indochine,
Albert Sarraut, n'était pas la moindre
vedette.
Les toasts finissaient. Le café et les
liqueurs commençaient. Tout d'un coup, en
moins de temps que je n'est mets pour /'écrire,
fe vois un jeune athlète se précipiter sur un
vieillard t'l, sans respect de l'hospitalité qui
lui était offerte, mettre knock-out, par deux
directs en pleine figure, son adversaire qu'il
avait surpris se levant de table. Les lunettes
du vieillard tombèrent, non sans avoir en-
sanglanté sa figure, tandis que s'élevaient
les protestations indignées de ceux qui
avaient assisté à cette agression. Quelle en
était l'origine 1
Dispute de savants. Le vieillard avait
établi par A + H que le vigoureux champion
avait été trompé en achetant des documents
chinois ou préchinois, qui n'étaient pas des
parchemins anciens, mais simplement des
vieux bottins, des catalogues périmés, otf
quelque chose d'approchant. Alors, furieux
d'avoir été roulé, le jeune homme s'en pre-
nait non pas à celui qui s'était moqué de
lui en lui vendant cher des crocodiles sans
valeur, mais au modeste savant qui lui avait
dévoilé son erreur à lui, et, peine plus
cuisante, aux autres.
Le vieillard s'appelait Fernand Farjenel,
il est mort d'ailleurs peu de temps après.
Le boxeur est devenu membre de VInstitut
et professeur au Collège de France. C'est
M. Pelliot.
D'ailleurs, il n y a pas seulement que le
bibliomane de l'Affiche et M. elliot qui
aient été bernés. Il y a aussi, pour ne parler
que des plus récents, les gloailiens, ou les
antiglozéliens.
Chi 10 saf
Mmrcei ..edel.
L'Aviatioa Celtaiall
»♦«
Paria-Le Gap
L'avion-feinéma, monté par les pilotes
Raud et Mauler et l'opérateur cinégraphiste
Cohcndy, qui avait quitté Dakar, se diri-
geant vers le centre de l'Afrique, a dû
atterrir par suite d'un violent orage.
L'aviou subit de légères avaries, qui se-
ront rapidement réparées.
La radiogoniométrie
Cette nuit, les renseignements météoro-
logiques étant favorables, le capitaine Cor-
nillon et le lieutenant Girardot décidèrent
de partir.
Les deux aviateurs arrivaient au Bourget
un peu après deux heures. Le colonel Ber-
tin les y avait précédés.
A 2 h. 37 exactement, Cornillon et Girar-
dot s'envolaient pour Colomb-Béchar, pre-
mière étape prévue de leur raid.
U faisait au Bourget une légère brume
avec vent faible du sud.
L'avion du raid est un Bréguet 19 A 2
avec moteur Ilispano de 500 CV. Ainsi que
nous l'avons annoncé, les deux aviateurs
se guideront par la radiogoniométrie.
Paris-Brazxaville
Le commandant Dagnaux et le mécani-
cien Treille sont partis ce matin, à 8 heu-
res, de Villacoublay, à destination d'Istres
d'où ils prendront leur envol définitif vers
Brazzaville.
Pour les familles des disparus
La souscription ouverte par l'Association
Paris-Amérique Latine en faveur des fa-
milles des aviateurs Mouneyres, Saint-Ro-
man et Petit, disparus tragiquement en mai
dernier, a reçu un chaleureux accueil en
France. Un premier don de 60.000 francs a
déjà été distribué aux familles. D'autres
souscriptions sont ouvertes en Argentin#,
au Brésil et en Uruguay, qui connaîtront
certainement le même succès.
BroseUea-CÕiigo
L'aviateur belge de Malingraud, qui,
venant de Bruxelles, s'était arrêté près de
Landrecies, est arrivé aù Bourget, d'où il
repartira, à destination du Congo belge.
De Malingraud, qui pilote un biplan de
100 CV. de construction belge, effectuera
ce voyage par petites étapes.
- Londres-Le Gap
Lady Heath qui a entrepris le raid Le
Cap-Angleterre a quitté Albara pour Ouadi-
Halfa.
1 ..e
Le conseil international
des missions
.t.
Le Conseil international des missions pro-
testantes, réuni dimanche dernier à Jérusa-
lem, s'est occupé du problème des races et
particulièrement de la situation des nègres
d'Amérique et d'Afrique. Les représentants
des races de couleur ont plaidé éloquedm'amveonirt
leur cause, demandant aux blancs d'avoir
confiance dans les ressources des Africains.
Celle qu on n'oubtie-pas
La colonie enchanteresse
l'
Quelle est celle de JIOI colorrla qui 001II a
le plus charmé ?
Quel est votre plus beau souvenir colonial ?
Nous avons posé ces deux questions à plu-
sieurs personnalités parisiennes ayant une répu-
tation coloniale légitime ou non.
La curiosité n'est pas seulengent un péché
féminin. C'est l'essentielle vertu des jouma-
listes miles ou femelles.
M. Jean Ajalbert
Péché et vertu s'étant mis d'accord, dans la
circonstance, M. Jean Ajalbert, metqbre de
l'Académie Goncourt, qui fit en Indochine un
voyage inoublié, fut notre première victime.
- Au cours de vos grands voyages, mon-
sieur le Directeur (de la Manufacture Nationale
de Tapisserie de Beauvais), quelle est celle de
nos colonies qui vous a le plus charmé ?
Si vous croyez que je vais dire. a ri-
posté l'auteur de Raffm-Su-Su et de Seo- Van-
Di.
Si vous croyez que je vais dire.
Timidité ? Pudeur ? Jalousie d'amoureux ?
Allons-nous nous casser le nez à un silence
bâti en béton armé ? Nous voudrions bien sa-
voir, cependant, qui le grand écrivain ose ai-
mer.
Ttmidité. pudeur, jalousie ae laissent pas
longtemps la porte des souvenirs fermée au nez
rose de la curiosité. M. Jean Ajalbert déclare
ouvertement.
Je les préfère toutes.
Voilà ce qui s'appelle aimer nos colonies.
Musset, le plus bel amoureux du monde,
aimait ainsi les femmes : En quantité.
Mais don Juan, lui-même, s'est lainé
charmer, une fois au moins.
M. Jean Ajalbert aussi. Il nous avoue :
Mon plus beau souvenir ? Sao- Van-Di
dont la beauté « nature » s'étendait du chignon
fleuri à des pieds qui ignoraient la chaussure.
Devant les talons hauts et les cheveux courts,
je me rappelle la pou-bao parée de Luang-
Prabang, par les soirs de grande lune, où la
musique du thème primitif se chargeait du par-
fum des tubéreuses.
le me rappelle.
Magie des mots. Magie des souvenirs.
Nous savions que les romans de Jean Ajal-
bert avaient été vécus avant d'être écrits. Plus
exactement, nous savions que leur cadra était
strictement tracé d'après nature. Les images,
les mœurs annotées au passage, avaient été pri-
1ft sur le vif. Nul n'en doutait. Mais.
Mais, l'exquise laotienae Sao- Van-Di, la
bien-aimée du pou-bao ? N'était-elle que la
synthèse harmonieuse de toutes les pou-saos de
Laos }
Devons-noui le croire encore ?
Si j'ose quelque jour et j' oserai sans
doute confesseur improvisé. j'irai frapper à
la porte de M. Jean Ajalbert. Je connais
Beauvais. Son recueillement sera propice à l' en-
tretien que je solliciterai.
Dans le jour à demi éteint, je dirai alon. à
voix basse :
Dites-moi, mon frère, au quatrième mois,
la huitième nuit de la lune croissante qui, par
l'étendue bleue, J'enlevait comme un cerf-oo-
lant de lumière, n'avez-vous pas pêché par in-
tention ?
- Après ?
- - Sao-Van-Di était bien belle, n'est-ce
pas
- J'entends, mon frère. Les nuits laotiennes
sont cruelles par leur allégresse
Trop d'appels énamourés Enivrent les nuits
du Mékong. Les chansons l;t-.:I. L r-usique
étourdissante « au thème primitif se chargeait
du parfum des tubéreuses », ce soir-là ? Je vous
comprends.
Les regards et les voix ont chanté naturelle-
ment le dialogue.
La sœur chérie est lasse
de dormir toujours seule
sans être caressée.
Mais les hommes sont trompeurs.
; - Pour savoir de quel amour je suis capable,
il faut que la sœur chérie m'accueille.
Je vois. Les hauts évantails de cocotiers, le
vaste écran des manguiers de Luang-Prabang
ont aidé au reste.
- Alors, le pou-bao de la case « au talis-
man », de la caille et du paon, qui allait heu-
reux, une fleur à l'oreille, c'était vous }
zt*
- Vous repentez-vous, mon frère 7
Au moins, avez-vous quelques regrets ?
Alors, soyez béni. Et écoutez en paix
l'écho lointain d ne-de-F rance vous répéter in-
lassablement :
JE. e. a. ou. E. e. a. ou.
E. e. a. ou. E. e. a. ou.
Tiam bac.
.ra..e-..ree"e obeaume.
L'accident de M Dislère
ses
Le vieux Conseiller d'Etat Dislère, mem-
bre du Conseil de l'Ordre de la Légion
d'honneur, qui a été victime d'un accident
d'automobile la semaine dernière, a subi
l'opération de l'ablation d'un œil.
On espère qu'il réchappera de cette péni-
ble épreuve. Mais on craint qu'il ne puisse
reprendre toutes ses occupations.
Notons que M. Dislère est le doyen des
membres du Conseil de l'Ordre de la Lé-
gion d'honneur. Depuis que le Conseil existe,
il est, parmi tant de gens illustres qui l'ont
composé, celui qui y aura siégé le plus long-
temps : 32 ans jusqu'à ce jour.
Dépêches de l'Indochine
.1.
Budget
Les recettes effectuées au 31 janvier 1928
pour les trois premiers titres du budqet gé-
néral ont atteint un total de 6.107.496 pias-
res 19 cent6, savoir :
1° Douanes, régies : 5.0U6.738 piastres,
soit une moins-value de 1.187.428 piastres
67 cents sur le montant des douzièmes
échus des évaluations budgétaires ;
2° Enregistrement, Domaine, Timbres :
782.309 piastres 86 cents, soit une plus-va-
tue de 127.309 piastres 86 cents.
3° Exploitation industrielle : 318.448 pias-
tres 33 cents, soit une plus-value de 20.031
piastres 67 cents.
Les recettes effectuées des douanes et ré-
aies depuis le 1er janvier accusent une aug-
mentation de 826.242 piastres sur les recet-
tes de la même période 1927.
Sur la demande de personnalités anna-
mites, M. Duverne a fait, le 30 mars dans la
soirée, une conférence sur le raid d'auto
Paris-llanot il a été chaleureusement ap-
plaudi par une loule-U'auditeurs français et
indigènes parmi lesquels un grand nombre
d'étudiants annamites.
Départ
Mme et Mlle Reau, femme et fille du mi-
nistre de France à Bangkok, rentrant- en
France, sont parties vendredi matin, via
Aranya, pour Saigon où elles embarquent
aujourd'hui sur le Porthos.
Conseil supérieur des Colonies
Nous avons annoncé mardi dernier. le
résiutat des élections du Conseil supérieur
de l'Indochine.
C'est M. Alwry, ancien député de l'Ille-
et-Vilaine, directeur des écoles de la pro-
vince de Phulhj qui a obtenu 264 voix,
pour les (oik cl ion s de délégué au Tonkin
au Conseil supérieur des colonies. M. Au-
brtj était le candidat du parti socialiste de
la section Annam-Tonkin.
Il [1 a ballottage.
te deuxième tour aura lieu, le 15 avril
prochain.
Discours princier
A un banquet offert par les étudiants
Siamois ayant fait un stage dans les uni-
versités américaines et présidé par le
Prince Svasli, beau-frère du Hoi de Siam,
le prince dont les sentiments pro-améri-
cains sont bien cuunus, a prononcé un
discours où il fit un grand éloge de l'édu-
cation américaine et exprima l'espoir que
les élvuliants Siamois envoyés dans les
universités américaines seront de plus en
plus nombreux.
Chambres de Commerce
Par suite du dernier renouvellement
partiel, les Chambres de Commerce du
Tonkin ont procédé aux élections de leurs
bureaux. A Hanoit le bureau sortant est
réélu :
MM. Perroud, président ; Demolie, vice-
président ; tebougnec, trésorier ; Luiet,
secrétaire.
A Haïpong :
MM. Porcnet, président; Paquin. vice,
président, sortants sont reélus.
Sont nommés :
MM. Fauquet, secrétaire ; Fieschi. tré-
sorier.
Indopacift.
8.1
LES FAUSSES NOUVELLES
,"
Sur la foi d'un de nos correspondants,
nous avions annoncé samedi dernier la créa-
tion à Madagascar d'une entreprise de pêche
patronnée par M. Gruvel.
Nous recevons à ce sujet la lettre ci-des-
sous :
Mon cher directeurf
le lis dans les Annales Coloniales du 31
mars, un entrefilet sur l' <« Industrie, de la
Plche à Madagascar n publié, déjà" dans la
cc Tribune de Madagascar u et contre lequçt
fai protesté énergique nient.
Comme pour toutes les industries de pl-
che qui s'organisent aux colonies, j'ai donné
aux organisateurs de celle de Madagascar
tous les conseils que pouvait suggérer mon
expérience.
Mais : io Cette Société industrielle n'est
nullement organisée sous mon patronage ni
sous celui du Muséum d'Histoire Naturelle;
et 20 je ne suis et ne serai jamais le conseil-
ler technique de cette affaire, pas plus que
de toutes celles qui pourront s'édifier dans
nos colonies.
le vous serais très reconnaissant, mon cher
directeur, de bien voidoir publier cette, rec-
tification que je juge indispensable, dans
l'un de vos prochains numéros et vous prie
d'agréer, avec mes remerciements, l'expres-
sion de mes sentiments les plus distingués,
A. GRUVEL.
Profitons de l'occasion pour exprimer une
fois de plus à M. Gruvel les sentiments de
parfaite estime dus à son talent et à son ca-
ractère.
.1.
PHILATÉLIE
<–
Maroc
Une » journée philatélique n aura lieu à
Casablanca le 5 avril. Une exposition des
timbres du Maroc comprendra la collection
des aérogrammes.
Le 5pir, à 20 h. 30, un congrès philatéli-
que se tiendra au siège de la Société.
Gibraltar à la nage
La nageuse anglaise Mercédès Gleitze s'est
mise à l'eau pour la cinquième fois, hier ma-
tin à Tariffa (Espagne) pour tenter la tra-
versée à la nage du détroit de Gibraltar.
Elle a échoué à 1.500 mètres de la côte
marocaine.
Navire en feu
»♦«
Le vapeur français Caracolo, venant de
Cayenne avec un chargement dç coton, est
arrivé à Port-au-Prince (Haïti) le 2 avril,
avec le feu dans ses cales. Toutes les pompes
du bord ont été mises en manoeuvre pour
enrayer le sinistre. Les équipes du port ai-
dent au sauvetage de la cargaison.
Le pouvoir d'achat
des colonies
,.'
L'intervention de M. Mario Roustan, ail
Sénat, sur le régime douanier colonial, a été
très remarquée.
La Journée Indwlrielle, notamment, vient de
rappeler la démonstration de notre éminent col-
laborateur et ami, très applaudie par la Haute
Assemblée, et d'après laquelle il est nécessaire
de « donner à chacune de nos possessions les
moyens de se développer librement, d'accroitre
sa richesse, son commerce, son industrie, isam
compromettre les intérêts légitimes de la France
continentale ».
Au sujet de ce débat, qui fournit au ministre
des Colonies fit au président de la Commission
des Douanes l'occasion d'affirmer que les traités
de commerce ne s' appliquaient pas automati-
quement aux colonies, notre confrère fait les
commentaires suivants :
« Il n' y aura de véritables avantages à tirer.
pour la métropole, ou la colonie, de l'offre de
notre marché colonial, que s'il fait l'objet de
négociations spéciales prévoyant des droits ap-
propriés soit pour l'entrée des marchandises
étrangères dans la colonie, soit pour l'entrée
des produits de la colonie sur le territoire du
pays étranger.
« C'est la méthode qui a été suivie dans les
négociations commerciales avec le Gouverne-
ment japonais concernant l' Indochine, et c' esjt
la seu l e méthode rationnelle. 1
« La même méthode doit être envisagée en
l'absence de conventions commerciales entre la
métropole et un pays étranger, soit pour les
échanges avec ce pays lui-même, soit pour les
échanges avec l'une de ses propres colonies.
« Cette question des accords commerciaux
particuliers aux colonies est posée par les condi-
tions mêmes de leur mise en valeur. L'Indo-
chine, qui produit dix fois plus de riz que la
métropole n' en achète, a besoin d' autres mar-
chés ; pour la houille également, marchandise
trop volumineuse pour être expédiée dans la
métropole, elle doit chercher des débouchés en
Extrême-Orient.
« Le marché des Indes néerlandaises, qui
n'intéresse guère la France continentale, pré-
sente un grand intérêt pour l'Indochine. Les
deux colonies échangent des missions scientifi-
ques et commerciales ; une ligne de navigation
directe entre Saïgon et Batavia est à l'étude ;
la nécessité peut se faire sentir quelque jour de
faciliter les relations commerciales par .une con-
vention.
« L' absence d'un courant d' affaires entre
Madagascar et l'Afrique du Sud mérite égale-
ment d'être signalée. II y a longtemps que notre
colonie réclame un accord qui lui permette de
vendre en Afrique du Sud du riz, des pois du
Cap, des viandes, des traverses de chemins de
fer ; le charbon du Transvaal et du Natal cons-
titueraient un excellent fret de retour.
« Il va sans dire que la métropole a intérêt
au développement intégral de ses colonies. Car,
en raison du régime douanier et des lignes de
navigation, plus Madagascar s'enrichirait dans
un trafic avec l'Afrique du Sud, plus cette co-
lonie achèterait de marchandises à la métro-
pole. »
Il est bien vrai. en effet, que la France a le
plus grand intérêt à ce que ses colonies s' enri-
chissent, fût-ce en partie par leur trafic avec des
pays étrangers. L'accroissement du pouvoir
d'achat d'une région quelconque profite à tout
le monde, et la production appelle la produc-
tion.
Seulement, il faut entendre par « tout le
monde » les producteurs qui se donnent la peine
de surveiller l'activité économique générale, et
plus spécialement la demande des divers mar-
chés.
Lorsqu on voit, comme ces jours derniers -
et le cas n' est nullement exceptionnel un
vapeur norvégien débarquer sur les quais de
Tunis trois cents tonnes de machines agricoles
provenant de New- York , on ne comprend pas
que notre industrie métallurgique ne soit pas en
mesure de fournir à la Régence tout le matériel
dont elle a besoin, alors surtout que le dollar
est cher.
jk. m. m–
el..
TOURISME EN TUNISIE
coo
Le commerce tunisois, plus particulière-
ment celui des souks, se plaint des résultats
de la saison.
La clientèle étrangère n'a guère « donné »
à Tunis cet hiver. Source d'un important
bénéfice, les caravanes d'Européens ou
d'Américains, ne sont guère venues visi-
ter utilement les marchands de tapis, d'étof-
fes, de cuivres, de parfums.
Des causes générales ont pu influer sur
cet état de chose. La température d'abord,
qui n'a pas fait preuve de sa royale clé-
mence habituelle. Les beaux jours de la li-
vre et du dollar, en même temps, ont passé
du beau fixe au nuageux, du variable au
grand vent. La loi des restrictions s'est-elle
imposée outre-Manche et outre-Atlantique ?
Cela est encore bien possible.
Mais d'autres raisons, purement locales,
peuvent être aussi la cause de cette absten-
tion des voyageurs à acheter aux souks.
Estamoer le « client de nassage » est-ce
faire œuvre de bon commerçant? Cela n'est
pas notre avis. Tout se sait dans le vaste
monde des touristes.
Il est à peu près certain que de graves
maladresses ont été commises dans ce sens
avec la complicité des guides.
Un commerce honnête ne peut que servir
les intérêts d'un pays privilégié par son
climat et par son décor pittoresque.
En ce qui concerne Tunis, la réorganisa-
tion sévère du service des guides officiels
s'impose donc. De toute urgence, il faut re-
mamer sur des bases de scrupuleuse honnê-
teté et avec un maximum de garanties d'or-
dre technique cette corporation des guides.
T.e touriste attend d'elle, non pas qu'elle
lui fournisse des « rabatteurs » soucieux de
faire une affaire, mais des. anges gardiens
de son plaisir.
Qu'on agisse, le commerce et la réputa..
tion de la Tunisie le méritent.
Jemam&L quaisies
Réduction & Administration :
M,lMiiMit-lftaiir
PARIS 0*0
liitni 11 nwrni n t
alffl«Ll«U W-M
l 1: 0
Les Annales Coloniales
(m CMMeti et récumu ww regm m
IrurMM 4m fouriul.
Diiimtbum I Mareal RUEDEL et L.-O. THÊBAULT
Tous la officiai publiés dans notre journal m» miumiiI
être reproduits qu'en citant les Anuui Goumaub.
ABONNEMENTS
avec ît supplément illustré t
U»u f UoU IM«li
france et
Cote)t!M..tM< 81.
1M > 1M » M »
On s't bon m tant (rais dut
ton les borates le posta.
Les États-Unis et les Philippines
- Ce titre n'annonce pas seulement une
étude de politique coloniale étrangère ;
il faudrait ajouter, pour être exact, que
ce serait plutôt une étude de politique
coloniale « comparée ». Certes, la situa-
tion des Etats-Unis aux Philippines
n'est pas la même que celle de tel ou tel
autre pays colonisateur dans telle ou telle
de ses colonies. Il ne s'agit pas de simi-
litude, ni même d'analogie. Je ne veux
même pas d'un rapprochement ou d'un
parallèle. Je ne demande qu'une chose :
qu'on réfléchisse, mutatis mu tandis.
Donc, les Philippines réclament leur
autonomie. Elles ne manquent aucune
occasion d'exprimer ce désir. Ainsi, au
moment où le Gouvernement américain
se préoccupait de trouver un successeur
au général Wood, le président du Sé-
nat des Philippines, M. Manuel Que-
zon et M. le sénateur Osmena partaient
en mission pour demander au président
de la République Américaine d'accueil-
lir leurs vœux d'indépendance.
Ils avaient d'ailleurs, dans les jour-
naux des Etats-Unis, des sympathies et
des concours. Le World, par exemple,
reprenait, en les accompagnant de com-
mentaires favorables, les revendications
que le président du Sénat des Philippe
nés avait développées devant le Club
Economique de New-York. Il ne s'agis-
sait pas, déclarait ce journal, de briser
les liens qui attachaient les Philippines
aux Etats-Unis; ce que veulent M. Ma-
nuel Quezon et M. Osmena, ce que
souhaitent tous ceux dont ils se sont
faits les interprètes, c'est qu'on consi-
dère les habitants des Philippines com-
me les jeunes associés de la Grande Ré-
publique; que celle-ci continue à jouir de
tous les avantages commerciaux et au-
tres qu'elle détient; que les Etats-Unis
continuent à maintenir leurs stations na-
vales, à prélever leurs intérêts dans le
Pacifique, mais que l'autonomie soit
accordée aux Philippines, comme elles
ne cessent de la réclamer.
« Le sentiment nationaliste des peu-
ples d'Extrême-Orient est un fait palpa-
le et il n'y a rien d'idéaliste à deman-
der qu'il soit reconnu. »
Fait palpable, soit, répliquait la gran-
de majorité des journaux, mais qui a
besoin d'être précisé, expliqué. Le Wa-
shington Post en appelait au témoignage
de tous ceux qui avaient fait des sé-
jours dans les îles, aucun d'eux, sans ex-
ception, ne déclarait que les Philippines
étaient prêtes pour le self government ;
ils étaient tous d'accord pour reconnaî-
tre que « l'agitation pour l'indépendance
était menée par deux éléments, d'abord
les politiciens qui y voyaient la possi-
bilité d'en tirer profit, puis ceux qui
étaient égarés par les démagogues du
premier groupe ». Ce qu'il fallait là-bas,
en conséquence, c'était une forte person-
nalité comme le gouverneur Wood qui
s'est entouré « d'un cabinet capable et
indépendant de la politique indigène »,
seul procédé pour donner aux îles « un
gouvernement honnête, efficace et pro-
gressiste ».
Indépendant de la politique indigène,
nous voulons croire que cela signifie :
qui restât en dehors et au-dessus des
agitations locales; le N.-Y. Herald Tri-
bune parlait « d'une réelle collaboration
avec Washington », et de la nécessité
d'encourager les éléments favorables à
cette politique. Ceux qui allaient le plus
loin affirmaient qu'il n'y avait aucune
raison de transférer l'administration des
Philippines à un autre département que
celui de la Guerre, et qu'il suffisait, pour
compléter l'action de ce département in-
suffisante au point de vue économique,
d'ad joindre au gouverneur général quel-
ques experts, quelques techniciens déta-
chés auprès de lui des autres départe-
ments.
Le N.-Y. American, serrant de près
le problème, montrait contrairement au
World, qu'il y avait quelque « idéalis-
me n, au sens péjoratif, dans l'idée d'ac-
corder l'autonomie à un peuple qui n'a
pas d'unité et qui est divisé en une ving-
taine de groupes ethnographiques, par-
lant 87 dialectes différents. Pas d'unité,
pas d'expérience de l'administration des
choses publiques, pas d'instruction dans
la grande masse : 700.000 métis, astu-
cieux et ambitieux, auraient vite fait de
mettre dans leur poche 12 millions de
paysans illettrés, qu'ils exploiteraient en
ruinant le pays. Il écrivait ces lignes qui
sont à retenir parce qu'elles élèvent le dé-
bat au-dessus du cas particulier qui l'a
fait naître : « L'autonomie n'est pas une
Simple forme d'institution, à accorder
quand on le désire. C'est une forme de
caractère. Elle ne peut venir qu'après la
longue discipline qui donne à un peuple
la maîtrise de soi, l'habitude de l'ordre
et de la paix et un respect de la loi qui
ne cessera pas quand lui-même devien-
dra le législateur. »
Graves et sages paroles.
Non, l'autonomie n'est pas un cadeau
à faire à des enfants. Ha la briseraient
dans leurs mains, et les éclats les tue-
raient dans une fatale catastrophe. La
maîtrise de soi, l'habitude de l'ordre et
de la paix, sont les vertus nécessaires,
non seulement pour la sécurité du peu-
ple qui aspire à l'autonomie mais pour
celle des nations qui sont voisines et
même qui sont séparées de lui par des
espaces considérables; le respect de la
loi qui s'impose non par la contrainte
seule, mais par le développement du
sentiment de la solidarité nationale et
internationale est non moins indispen-
sable. Tout cela ne s'acquiert que par
une longue discipline. Woodrow Wil-
son l'a proclamé fort justement. Il ne
suffit pas qu'une poignée de nationa-
listes convaincus mélangés à une propor-
tion, difficile à déterminer, d'agitateurs
ou de politiciens dangereux, désire l'au-
tonomie. Il faut que le peuple s'en mon-
tre digne, non pas dans son unanimité,
mais dans sa majorité. La gloire des
nations colonisatrices, c'est de ne pas
retarder l'heure de l'indépendance pour
ses colonies au delà du moment où elles
le méritent; leur tâche est de préparer
cette heure, et, en attendant, d'accor-
der à chacune de leurs provinces loin-
taines le maximum de libertés dont elles
sont capables de récolter les fruits; leur
devoir est de s'opposer aux revendica-
tions prématurées en faisant compren-
dre à ceux qu'elle égarerait que le jour
n'est pas venu, et qu'on n'attendra ni
sollicitations ni protestations nouvelles
des que le jour viendra.
Mfmrim Jlousfaft,
Sénateur de L'ilérauti, ancien minisire
<– 8.e
NOIR SUR BLANC
En l'honneur des conserves
Notre pieux confrère La Croix qu'il ne
faut pas confondre avec l'letton Française -
nous apprend. si nous ne nous en doutions déjà,
que les conserves alimentaires sont l'objet de
nombreuses fraudes. Autrefois, on fabriquait des
conserves de thon avec du veau, des tnaitet,
avec des petits poissons de Norwège, j'en passe
et des meilleurs. Maintenant, comme le veau
coûte plus cher que le thon, on a du thon en
conserve. mais quand il s'agit de langouste ou
de homard, nib de nib. Laissons la paro le au
journal de MM. - Feron- Vtau et Jean Guiraud :
On sait que certaines conseroes de langoustes
et de homards sont préparées avec de la chair
de poulpe, laquelle a beaucoup d'analogie aoec
celle de ces crratach. La Tunltie, en parlicu-
lier, livre au commerce, chaque année, des mil-
tiers de tonnes de poulpes conservées, et, comme
on n'en trouve pas sous cette dénomination, il
faut bien croire qu'ils usurpent un autre état
civil.
Il en est de même en ce qui concerne le thon:
les conserves de thon, préparées sur les côtes
de Bretagne, sont faites avec du germon, très
proche parent du thon, mais d'une plus grande
finesse de goût. Les consommateurs. cette fois,
auraient tort de se plaindre de la substitution.
La préparation de ces conserves est simple :
on coupe les poissons en rondelles, on les cuit
au court-bouillon avec beaucoup d'aromates,
puis on les fait sécher dans une étuve, après
avoir enlevé les arêtes. Puis on les met dans
des boîtes, qu'on remplit d'huile d'olive de
bonne qualité, et on soude le couvercle exté-
rieurement. Enfin, on stérilise à l'autoclave.
Les conserves de thon sont, avec celles de
sardines, celles qui font l'objet du commerce le
plus important en rronce.
Mais La Croix aurait .pu dire que la Tunisie
a d'importantes thonneries, notamment sur les
côtes de la péninsule du Cap Bon, qui pour-
raient et devraient se développer si nos fabri-
cants de conserves par trop conservateurs
abandonnaient leurs vieilles routines et faisaient
un peu plus preuve d'initiative.
£-ARg.'II.
LA FÉE DES VINS
Comme nous le signalions, de grandes ré-
jouissances en l'honneur des vins de France se
préparent à Paris.
Récemment, chaque région vinicole élisait sa
« fée n. Pour le Midi (comment délimiter jus-
tement le Midi ?) un bouquet doré de jolies
filles rêvaient à ce titre charmant.
La candidate des Algériens, Mlle Georgette
Fève, originaire de Philippeville, faillit bien
remporter la majorité des suffrages. Faute d'un
point. la gracieuse jeune fille perdit couronne
et baguette magique qu'une Corse non moins
agréable s'octroya.
Que Mlle Georgette Fève s'en console. Elle
reste pour nous la fée des vins d'Algérie qui
possède, comme on le sait, les plus jolies
femmes et les meilleurs vins.
1.1
La protection du gibier colonial
Insistant sur la nécessité impérieuse d'or-
ganiser des réserves de chasse pour, conser-
ver le gibier pour les chasses futures, M.
Paul Mégnin, du Temps, fait remarquer
que dans nos colonies, à côté de la loi de
répression, il existe une loi d'organisation,
c'est par des décrets présidentiels que sont
créées -des réserves. Il y intervient un
autre facteur, c'est la conservation de ter-
taines espèces, la protection de la faune et
de la flore; et les terrains désignés sont
soustraits à toute exploitation cynégétique
ou autre. Il est indispensable qu'il en soit
de même en France.
RECOMMENCEMENTS 1
1..
Notre confrère l'Affiche publie
l'écho suivant, qui ne manque tu
4e saveur. Qu'on en juge :
Bibliomanie
Un bibliomane avait reçu, un jour, la
visite d'un homme qui désirait se défaire
d'une quantité de manuscrits arabes. Le
caractère en était magnifique et le vélin irré-
prochable. Le bibliomane se précipita sur
cette proie qu'il paya très cher. Quelque
temps après, il sut, par un savant de ses
amis, que ces manuscrits précieux étaient
tout simplement les registres et les livres de
comptes de deux épiciers arabes. de trois
marchands de chameaux et d'un certain
nombre de marchandes de dattes. Il avait
fourré dans sa bibliothèque cent soixante-
trois volumes de comptabilité!
Et ceci me rappelle un sottvcnir remon-
tant à une quinzaine d'années. C'était avant
la guerre. Les Français d'Asie donnaient,
par une chaude soirée de mai, un dine,
assez intime, 60 à 80 cotwives, chez
Ledoyen, aux Champs-Elysées. Des per-
sonnages illustres ad or noient la table, dont
le jeune gouverneur général de V Indochine,
Albert Sarraut, n'était pas la moindre
vedette.
Les toasts finissaient. Le café et les
liqueurs commençaient. Tout d'un coup, en
moins de temps que je n'est mets pour /'écrire,
fe vois un jeune athlète se précipiter sur un
vieillard t'l, sans respect de l'hospitalité qui
lui était offerte, mettre knock-out, par deux
directs en pleine figure, son adversaire qu'il
avait surpris se levant de table. Les lunettes
du vieillard tombèrent, non sans avoir en-
sanglanté sa figure, tandis que s'élevaient
les protestations indignées de ceux qui
avaient assisté à cette agression. Quelle en
était l'origine 1
Dispute de savants. Le vieillard avait
établi par A + H que le vigoureux champion
avait été trompé en achetant des documents
chinois ou préchinois, qui n'étaient pas des
parchemins anciens, mais simplement des
vieux bottins, des catalogues périmés, otf
quelque chose d'approchant. Alors, furieux
d'avoir été roulé, le jeune homme s'en pre-
nait non pas à celui qui s'était moqué de
lui en lui vendant cher des crocodiles sans
valeur, mais au modeste savant qui lui avait
dévoilé son erreur à lui, et, peine plus
cuisante, aux autres.
Le vieillard s'appelait Fernand Farjenel,
il est mort d'ailleurs peu de temps après.
Le boxeur est devenu membre de VInstitut
et professeur au Collège de France. C'est
M. Pelliot.
D'ailleurs, il n y a pas seulement que le
bibliomane de l'Affiche et M. elliot qui
aient été bernés. Il y a aussi, pour ne parler
que des plus récents, les gloailiens, ou les
antiglozéliens.
Chi 10 saf
Mmrcei ..edel.
L'Aviatioa Celtaiall
»♦«
Paria-Le Gap
L'avion-feinéma, monté par les pilotes
Raud et Mauler et l'opérateur cinégraphiste
Cohcndy, qui avait quitté Dakar, se diri-
geant vers le centre de l'Afrique, a dû
atterrir par suite d'un violent orage.
L'aviou subit de légères avaries, qui se-
ront rapidement réparées.
La radiogoniométrie
Cette nuit, les renseignements météoro-
logiques étant favorables, le capitaine Cor-
nillon et le lieutenant Girardot décidèrent
de partir.
Les deux aviateurs arrivaient au Bourget
un peu après deux heures. Le colonel Ber-
tin les y avait précédés.
A 2 h. 37 exactement, Cornillon et Girar-
dot s'envolaient pour Colomb-Béchar, pre-
mière étape prévue de leur raid.
U faisait au Bourget une légère brume
avec vent faible du sud.
L'avion du raid est un Bréguet 19 A 2
avec moteur Ilispano de 500 CV. Ainsi que
nous l'avons annoncé, les deux aviateurs
se guideront par la radiogoniométrie.
Paris-Brazxaville
Le commandant Dagnaux et le mécani-
cien Treille sont partis ce matin, à 8 heu-
res, de Villacoublay, à destination d'Istres
d'où ils prendront leur envol définitif vers
Brazzaville.
Pour les familles des disparus
La souscription ouverte par l'Association
Paris-Amérique Latine en faveur des fa-
milles des aviateurs Mouneyres, Saint-Ro-
man et Petit, disparus tragiquement en mai
dernier, a reçu un chaleureux accueil en
France. Un premier don de 60.000 francs a
déjà été distribué aux familles. D'autres
souscriptions sont ouvertes en Argentin#,
au Brésil et en Uruguay, qui connaîtront
certainement le même succès.
BroseUea-CÕiigo
L'aviateur belge de Malingraud, qui,
venant de Bruxelles, s'était arrêté près de
Landrecies, est arrivé aù Bourget, d'où il
repartira, à destination du Congo belge.
De Malingraud, qui pilote un biplan de
100 CV. de construction belge, effectuera
ce voyage par petites étapes.
- Londres-Le Gap
Lady Heath qui a entrepris le raid Le
Cap-Angleterre a quitté Albara pour Ouadi-
Halfa.
1 ..e
Le conseil international
des missions
.t.
Le Conseil international des missions pro-
testantes, réuni dimanche dernier à Jérusa-
lem, s'est occupé du problème des races et
particulièrement de la situation des nègres
d'Amérique et d'Afrique. Les représentants
des races de couleur ont plaidé éloquedm'amveonirt
leur cause, demandant aux blancs d'avoir
confiance dans les ressources des Africains.
Celle qu on n'oubtie-pas
La colonie enchanteresse
l'
Quelle est celle de JIOI colorrla qui 001II a
le plus charmé ?
Quel est votre plus beau souvenir colonial ?
Nous avons posé ces deux questions à plu-
sieurs personnalités parisiennes ayant une répu-
tation coloniale légitime ou non.
La curiosité n'est pas seulengent un péché
féminin. C'est l'essentielle vertu des jouma-
listes miles ou femelles.
M. Jean Ajalbert
Péché et vertu s'étant mis d'accord, dans la
circonstance, M. Jean Ajalbert, metqbre de
l'Académie Goncourt, qui fit en Indochine un
voyage inoublié, fut notre première victime.
- Au cours de vos grands voyages, mon-
sieur le Directeur (de la Manufacture Nationale
de Tapisserie de Beauvais), quelle est celle de
nos colonies qui vous a le plus charmé ?
Si vous croyez que je vais dire. a ri-
posté l'auteur de Raffm-Su-Su et de Seo- Van-
Di.
Si vous croyez que je vais dire.
Timidité ? Pudeur ? Jalousie d'amoureux ?
Allons-nous nous casser le nez à un silence
bâti en béton armé ? Nous voudrions bien sa-
voir, cependant, qui le grand écrivain ose ai-
mer.
Ttmidité. pudeur, jalousie ae laissent pas
longtemps la porte des souvenirs fermée au nez
rose de la curiosité. M. Jean Ajalbert déclare
ouvertement.
Je les préfère toutes.
Voilà ce qui s'appelle aimer nos colonies.
Musset, le plus bel amoureux du monde,
aimait ainsi les femmes : En quantité.
Mais don Juan, lui-même, s'est lainé
charmer, une fois au moins.
M. Jean Ajalbert aussi. Il nous avoue :
Mon plus beau souvenir ? Sao- Van-Di
dont la beauté « nature » s'étendait du chignon
fleuri à des pieds qui ignoraient la chaussure.
Devant les talons hauts et les cheveux courts,
je me rappelle la pou-bao parée de Luang-
Prabang, par les soirs de grande lune, où la
musique du thème primitif se chargeait du par-
fum des tubéreuses.
le me rappelle.
Magie des mots. Magie des souvenirs.
Nous savions que les romans de Jean Ajal-
bert avaient été vécus avant d'être écrits. Plus
exactement, nous savions que leur cadra était
strictement tracé d'après nature. Les images,
les mœurs annotées au passage, avaient été pri-
1ft sur le vif. Nul n'en doutait. Mais.
Mais, l'exquise laotienae Sao- Van-Di, la
bien-aimée du pou-bao ? N'était-elle que la
synthèse harmonieuse de toutes les pou-saos de
Laos }
Devons-noui le croire encore ?
Si j'ose quelque jour et j' oserai sans
doute confesseur improvisé. j'irai frapper à
la porte de M. Jean Ajalbert. Je connais
Beauvais. Son recueillement sera propice à l' en-
tretien que je solliciterai.
Dans le jour à demi éteint, je dirai alon. à
voix basse :
Dites-moi, mon frère, au quatrième mois,
la huitième nuit de la lune croissante qui, par
l'étendue bleue, J'enlevait comme un cerf-oo-
lant de lumière, n'avez-vous pas pêché par in-
tention ?
- Après ?
- - Sao-Van-Di était bien belle, n'est-ce
pas
- J'entends, mon frère. Les nuits laotiennes
sont cruelles par leur allégresse
Trop d'appels énamourés Enivrent les nuits
du Mékong. Les chansons l;t-.:I. L r-usique
étourdissante « au thème primitif se chargeait
du parfum des tubéreuses », ce soir-là ? Je vous
comprends.
Les regards et les voix ont chanté naturelle-
ment le dialogue.
La sœur chérie est lasse
de dormir toujours seule
sans être caressée.
Mais les hommes sont trompeurs.
; - Pour savoir de quel amour je suis capable,
il faut que la sœur chérie m'accueille.
Je vois. Les hauts évantails de cocotiers, le
vaste écran des manguiers de Luang-Prabang
ont aidé au reste.
- Alors, le pou-bao de la case « au talis-
man », de la caille et du paon, qui allait heu-
reux, une fleur à l'oreille, c'était vous }
zt*
- Vous repentez-vous, mon frère 7
Au moins, avez-vous quelques regrets ?
Alors, soyez béni. Et écoutez en paix
l'écho lointain d ne-de-F rance vous répéter in-
lassablement :
JE. e. a. ou. E. e. a. ou.
E. e. a. ou. E. e. a. ou.
Tiam bac.
.ra..e-..ree"e obeaume.
L'accident de M Dislère
ses
Le vieux Conseiller d'Etat Dislère, mem-
bre du Conseil de l'Ordre de la Légion
d'honneur, qui a été victime d'un accident
d'automobile la semaine dernière, a subi
l'opération de l'ablation d'un œil.
On espère qu'il réchappera de cette péni-
ble épreuve. Mais on craint qu'il ne puisse
reprendre toutes ses occupations.
Notons que M. Dislère est le doyen des
membres du Conseil de l'Ordre de la Lé-
gion d'honneur. Depuis que le Conseil existe,
il est, parmi tant de gens illustres qui l'ont
composé, celui qui y aura siégé le plus long-
temps : 32 ans jusqu'à ce jour.
Dépêches de l'Indochine
.1.
Budget
Les recettes effectuées au 31 janvier 1928
pour les trois premiers titres du budqet gé-
néral ont atteint un total de 6.107.496 pias-
res 19 cent6, savoir :
1° Douanes, régies : 5.0U6.738 piastres,
soit une moins-value de 1.187.428 piastres
67 cents sur le montant des douzièmes
échus des évaluations budgétaires ;
2° Enregistrement, Domaine, Timbres :
782.309 piastres 86 cents, soit une plus-va-
tue de 127.309 piastres 86 cents.
3° Exploitation industrielle : 318.448 pias-
tres 33 cents, soit une plus-value de 20.031
piastres 67 cents.
Les recettes effectuées des douanes et ré-
aies depuis le 1er janvier accusent une aug-
mentation de 826.242 piastres sur les recet-
tes de la même période 1927.
Sur la demande de personnalités anna-
mites, M. Duverne a fait, le 30 mars dans la
soirée, une conférence sur le raid d'auto
Paris-llanot il a été chaleureusement ap-
plaudi par une loule-U'auditeurs français et
indigènes parmi lesquels un grand nombre
d'étudiants annamites.
Départ
Mme et Mlle Reau, femme et fille du mi-
nistre de France à Bangkok, rentrant- en
France, sont parties vendredi matin, via
Aranya, pour Saigon où elles embarquent
aujourd'hui sur le Porthos.
Conseil supérieur des Colonies
Nous avons annoncé mardi dernier. le
résiutat des élections du Conseil supérieur
de l'Indochine.
C'est M. Alwry, ancien député de l'Ille-
et-Vilaine, directeur des écoles de la pro-
vince de Phulhj qui a obtenu 264 voix,
pour les (oik cl ion s de délégué au Tonkin
au Conseil supérieur des colonies. M. Au-
brtj était le candidat du parti socialiste de
la section Annam-Tonkin.
Il [1 a ballottage.
te deuxième tour aura lieu, le 15 avril
prochain.
Discours princier
A un banquet offert par les étudiants
Siamois ayant fait un stage dans les uni-
versités américaines et présidé par le
Prince Svasli, beau-frère du Hoi de Siam,
le prince dont les sentiments pro-améri-
cains sont bien cuunus, a prononcé un
discours où il fit un grand éloge de l'édu-
cation américaine et exprima l'espoir que
les élvuliants Siamois envoyés dans les
universités américaines seront de plus en
plus nombreux.
Chambres de Commerce
Par suite du dernier renouvellement
partiel, les Chambres de Commerce du
Tonkin ont procédé aux élections de leurs
bureaux. A Hanoit le bureau sortant est
réélu :
MM. Perroud, président ; Demolie, vice-
président ; tebougnec, trésorier ; Luiet,
secrétaire.
A Haïpong :
MM. Porcnet, président; Paquin. vice,
président, sortants sont reélus.
Sont nommés :
MM. Fauquet, secrétaire ; Fieschi. tré-
sorier.
Indopacift.
8.1
LES FAUSSES NOUVELLES
,"
Sur la foi d'un de nos correspondants,
nous avions annoncé samedi dernier la créa-
tion à Madagascar d'une entreprise de pêche
patronnée par M. Gruvel.
Nous recevons à ce sujet la lettre ci-des-
sous :
Mon cher directeurf
le lis dans les Annales Coloniales du 31
mars, un entrefilet sur l' <« Industrie, de la
Plche à Madagascar n publié, déjà" dans la
cc Tribune de Madagascar u et contre lequçt
fai protesté énergique nient.
Comme pour toutes les industries de pl-
che qui s'organisent aux colonies, j'ai donné
aux organisateurs de celle de Madagascar
tous les conseils que pouvait suggérer mon
expérience.
Mais : io Cette Société industrielle n'est
nullement organisée sous mon patronage ni
sous celui du Muséum d'Histoire Naturelle;
et 20 je ne suis et ne serai jamais le conseil-
ler technique de cette affaire, pas plus que
de toutes celles qui pourront s'édifier dans
nos colonies.
le vous serais très reconnaissant, mon cher
directeur, de bien voidoir publier cette, rec-
tification que je juge indispensable, dans
l'un de vos prochains numéros et vous prie
d'agréer, avec mes remerciements, l'expres-
sion de mes sentiments les plus distingués,
A. GRUVEL.
Profitons de l'occasion pour exprimer une
fois de plus à M. Gruvel les sentiments de
parfaite estime dus à son talent et à son ca-
ractère.
.1.
PHILATÉLIE
<–
Maroc
Une » journée philatélique n aura lieu à
Casablanca le 5 avril. Une exposition des
timbres du Maroc comprendra la collection
des aérogrammes.
Le 5pir, à 20 h. 30, un congrès philatéli-
que se tiendra au siège de la Société.
Gibraltar à la nage
La nageuse anglaise Mercédès Gleitze s'est
mise à l'eau pour la cinquième fois, hier ma-
tin à Tariffa (Espagne) pour tenter la tra-
versée à la nage du détroit de Gibraltar.
Elle a échoué à 1.500 mètres de la côte
marocaine.
Navire en feu
»♦«
Le vapeur français Caracolo, venant de
Cayenne avec un chargement dç coton, est
arrivé à Port-au-Prince (Haïti) le 2 avril,
avec le feu dans ses cales. Toutes les pompes
du bord ont été mises en manoeuvre pour
enrayer le sinistre. Les équipes du port ai-
dent au sauvetage de la cargaison.
Le pouvoir d'achat
des colonies
,.'
L'intervention de M. Mario Roustan, ail
Sénat, sur le régime douanier colonial, a été
très remarquée.
La Journée Indwlrielle, notamment, vient de
rappeler la démonstration de notre éminent col-
laborateur et ami, très applaudie par la Haute
Assemblée, et d'après laquelle il est nécessaire
de « donner à chacune de nos possessions les
moyens de se développer librement, d'accroitre
sa richesse, son commerce, son industrie, isam
compromettre les intérêts légitimes de la France
continentale ».
Au sujet de ce débat, qui fournit au ministre
des Colonies fit au président de la Commission
des Douanes l'occasion d'affirmer que les traités
de commerce ne s' appliquaient pas automati-
quement aux colonies, notre confrère fait les
commentaires suivants :
« Il n' y aura de véritables avantages à tirer.
pour la métropole, ou la colonie, de l'offre de
notre marché colonial, que s'il fait l'objet de
négociations spéciales prévoyant des droits ap-
propriés soit pour l'entrée des marchandises
étrangères dans la colonie, soit pour l'entrée
des produits de la colonie sur le territoire du
pays étranger.
« C'est la méthode qui a été suivie dans les
négociations commerciales avec le Gouverne-
ment japonais concernant l' Indochine, et c' esjt
la seu l e méthode rationnelle. 1
« La même méthode doit être envisagée en
l'absence de conventions commerciales entre la
métropole et un pays étranger, soit pour les
échanges avec ce pays lui-même, soit pour les
échanges avec l'une de ses propres colonies.
« Cette question des accords commerciaux
particuliers aux colonies est posée par les condi-
tions mêmes de leur mise en valeur. L'Indo-
chine, qui produit dix fois plus de riz que la
métropole n' en achète, a besoin d' autres mar-
chés ; pour la houille également, marchandise
trop volumineuse pour être expédiée dans la
métropole, elle doit chercher des débouchés en
Extrême-Orient.
« Le marché des Indes néerlandaises, qui
n'intéresse guère la France continentale, pré-
sente un grand intérêt pour l'Indochine. Les
deux colonies échangent des missions scientifi-
ques et commerciales ; une ligne de navigation
directe entre Saïgon et Batavia est à l'étude ;
la nécessité peut se faire sentir quelque jour de
faciliter les relations commerciales par .une con-
vention.
« L' absence d'un courant d' affaires entre
Madagascar et l'Afrique du Sud mérite égale-
ment d'être signalée. II y a longtemps que notre
colonie réclame un accord qui lui permette de
vendre en Afrique du Sud du riz, des pois du
Cap, des viandes, des traverses de chemins de
fer ; le charbon du Transvaal et du Natal cons-
titueraient un excellent fret de retour.
« Il va sans dire que la métropole a intérêt
au développement intégral de ses colonies. Car,
en raison du régime douanier et des lignes de
navigation, plus Madagascar s'enrichirait dans
un trafic avec l'Afrique du Sud, plus cette co-
lonie achèterait de marchandises à la métro-
pole. »
Il est bien vrai. en effet, que la France a le
plus grand intérêt à ce que ses colonies s' enri-
chissent, fût-ce en partie par leur trafic avec des
pays étrangers. L'accroissement du pouvoir
d'achat d'une région quelconque profite à tout
le monde, et la production appelle la produc-
tion.
Seulement, il faut entendre par « tout le
monde » les producteurs qui se donnent la peine
de surveiller l'activité économique générale, et
plus spécialement la demande des divers mar-
chés.
Lorsqu on voit, comme ces jours derniers -
et le cas n' est nullement exceptionnel un
vapeur norvégien débarquer sur les quais de
Tunis trois cents tonnes de machines agricoles
provenant de New- York , on ne comprend pas
que notre industrie métallurgique ne soit pas en
mesure de fournir à la Régence tout le matériel
dont elle a besoin, alors surtout que le dollar
est cher.
jk. m. m–
el..
TOURISME EN TUNISIE
coo
Le commerce tunisois, plus particulière-
ment celui des souks, se plaint des résultats
de la saison.
La clientèle étrangère n'a guère « donné »
à Tunis cet hiver. Source d'un important
bénéfice, les caravanes d'Européens ou
d'Américains, ne sont guère venues visi-
ter utilement les marchands de tapis, d'étof-
fes, de cuivres, de parfums.
Des causes générales ont pu influer sur
cet état de chose. La température d'abord,
qui n'a pas fait preuve de sa royale clé-
mence habituelle. Les beaux jours de la li-
vre et du dollar, en même temps, ont passé
du beau fixe au nuageux, du variable au
grand vent. La loi des restrictions s'est-elle
imposée outre-Manche et outre-Atlantique ?
Cela est encore bien possible.
Mais d'autres raisons, purement locales,
peuvent être aussi la cause de cette absten-
tion des voyageurs à acheter aux souks.
Estamoer le « client de nassage » est-ce
faire œuvre de bon commerçant? Cela n'est
pas notre avis. Tout se sait dans le vaste
monde des touristes.
Il est à peu près certain que de graves
maladresses ont été commises dans ce sens
avec la complicité des guides.
Un commerce honnête ne peut que servir
les intérêts d'un pays privilégié par son
climat et par son décor pittoresque.
En ce qui concerne Tunis, la réorganisa-
tion sévère du service des guides officiels
s'impose donc. De toute urgence, il faut re-
mamer sur des bases de scrupuleuse honnê-
teté et avec un maximum de garanties d'or-
dre technique cette corporation des guides.
T.e touriste attend d'elle, non pas qu'elle
lui fournisse des « rabatteurs » soucieux de
faire une affaire, mais des. anges gardiens
de son plaisir.
Qu'on agisse, le commerce et la réputa..
tion de la Tunisie le méritent.
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