Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1919-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1919 01 janvier 1919
Description : 1919/01/01 (N1)-1919/12/31 (N12). 1919/01/01 (N1)-1919/12/31 (N12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k98041559
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
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- SOMMAIRE
- Nos 1 et 2
- Nos 3 et 4
- Nos 5 et 6
- .......... Page(s) .......... 107
- .......... Page(s) .......... 111
- Nos 7 et 8
- Nos 9 et 10
BULLETIN DU COMITÉ DE L'AFRIQUE FRANÇAISE
BIBLIOGRAPHIE
Un programme de politique coloniale. Les
questions indigènes, par L. VIGNON, professeur à
l'Ecole coloniale. Un vol. in 8°, prix 15 francs. Librairie
Plon-Nourrit et Cie, 8, rue Garancière, Paris.
On a répété bien souvent que, possesseurs d'un immense empire
colonial, nous savions très mal le mettre en valeur au point de
vue économique et encore moins bien l'administrer, faute d'un
programme de politique coloniale. La guerre, il faut le reconnaître,
n'a pas donné complètement tort à ces critiques et les analyses de
livres parus, pendant les hostilités, sur l'exploitation des matières
premières des colonies, ont surabondamment démontré la vigueur
de l'effort qui nous reste à faire pour tirer parti des richesses que
nous possédons sous les Tropiques. Mais, si les auteurs qui ont
prêché une meilleure mise en valeur de nos possessions d'outre-
mer sont assez nombreux, il en va autrement quand il s'agit de
déterminer autre chose que la politique économique à y suivre. On
laisse volontiers de côté Il les questions indigènes » auxquelles peu
de gens portent un réel intérêt, tellement on a pris l'habitude de
considérer les colonies comme des champs neufs, moralement
vides d'habitants et uniquement réservés aux besoins de l'immi-
gration européenne.
Or l'erreur qui consiste, à traiter Les autochtones par prétérition,
n'est pas seulement commune et grossière, elle constitue une faute
politique d'une gravité particulière, car elle fait que certains diri-
geants se tracent une ligne de conduite faussée, dès son origine,
dont les résultats peuvent être redoutables Elle néglige totalement
nos administrés à qui personne ne se soucie de demander avis au
sujet de la manière la plus propre à les conduire; elle perd de vuo
qu'on ne peut aider des Européens qu'autant qu'on respecte, au
nréalable. les droits des indigènes.
Cette singulière conception des gens, avec qui on ne compte pas
s'ils n'ont pas la peau blanche, a vivement choqué M Vignon qui
estime qu'à l'heure actuelle, chacun de nous doit étudier saine-
ment les problèmes extérieurs et reviser, si besoin en est, fus
opinions relativement à la politique que la France doit réaliser
dans ses colonies. Deux systèmes s'offrent à elle : l'assimilation et
le Protectorat. Lequel des deux faudra-t-il suivre demain? Pour
juger et par conséquent se prononcer, il faut écouter non pas la
voix de théoriciens qui n'entendent souvent rien dans les ques-
tions coloniales, mais celle de l'expérience.
Et que dit l'expérience? Quels résultats consigne-t-elle en faveur
de l'assimilation ou du Protectorat? Là est tout l'objet du livre
si clairement exposé ft si abondamment documenté de M. Vignon
qui conclut, disons-le de suite, que le Protectorat en Tunisie et
au Maroc a donné de bons résultats, tandis que l'assimilation, qui
a mécontenté les populations aussi bien en Algérie qu'en Indo-
chine, constitue une expérience suffisamment longue et probante.
D'après ce que nous venons do dire, le lecteur ne s'étonnera
pas de trouver des « faits » dans l'ouvrage de M. Vignon. Ce
n'est pas du haut de sa chaire de l'Ecole coloniale qu'il voit les
problèmes coloniaux. Une longue expérience de ces questions,
des voyages, des. conversations l'ont amené à ne pas mépriser le
« fait », que l'on ne devrait jamais perdre de vue dans une matière
aussi étendue et aussi complexe qne l'est une étude de politique
coloniale. Sa méthode est rigoureusement scientifique, et il professe
que seul le déterminisme permet de fonder une doctrine logique
et cohérente. « C'est en naturaliste, écrit-il, qu'il convient de
considérer les différentes races rencontrées dans le monde : elles
sont fonction de leurs milieux, de leur passé, et les Européens ne
peuvent espérer les mettre sur les voies de l'évolution qu'en tenant
compte des grandes lois naturelles de Yherédilé et de l'adapta-
tion. »
Dès la première page du livre c'est cette adaptation du prin-
cipe déterministe qui frappe; on y trouve 1. souci de toutes les
contingences, mais sans dogmatisme. Cette première page est
consacrée à l'étude des races et peuples de l'Afrique et de l'Asie
où tour à tour sont examinés les problèmes se référant à l'homme
sous la triple influence de la race, du milieu, de la société, qui
sont les causes de ses modes de penser et d'agir, de ses croyances,
de toute son organisation sociale. Et cette étude amène l'auteur à
bien préciser les différences qui existent entre les races et les
peuples, différences moins grandes entre elles qu'avec nos façons
de penser et d'agir. C'est ainsi que les Jaunes sont des esprits
médiocres, mais pratiques, que les Nègres donnent beaucoup plus
de prix aux choses qui ne se voient pas qu'à celles qui se touchent,
que les Blancs d'Europe seuls combinent heureusement les deux
courants, utilitaire et spéculatif, qui ne se rencontrent que séparé-
ment chez les deux races précédentes. Après ces caractéristiques
de races l'auteur saisit sur le fait les différences d'aptitudes qu'ac-
cusent plusieurs peuples de même race et aboutit à celte conclu-
sion : où il n'y a plus d'élite depuis longtemps (Noirs, Arabo Ber-
bères) les peuples demeurent à l'état statique; où l'élite s'est
éteinte après un certain effort (Egypte, Chaldée, Chine) l'évolution
cesse, tout s'effrite lentement et disparaît; où l'élite persiste, sauf
de passagères interruptions (Grèce, Rome, Moyen Age, Renais-
sance, etc.), elle ne cesse, à travers les siècles, d'entraîner les
masses vers de nouvelles formes et de nouveaux progrès : l'esprit
conservateur cède devant l'esprit d'invention.
De là des civilisations différentes qui s'opposent même, comme
le montre M. Vignon au livre II intitulé Les Faits, et dans
lequel il expose certaines observations relevées dans un voyage
autour du monde. Mais ce qui l'arrête le plus, ce sont les maux
causés aux indigènes par le premier contact des Européens, maux
nombreux qui rentrent dans deux catégories : d'une part, ceux qui
proviennent des contacts sociaux et intellectuels, tels que l'introduc-
tion des boissons alcooliques et des vins européens ou les contra-
riétés d'idées religieuses et sociales, pour ne citer ici que les plus
importants; d'autre part, ceux qui sont dus à des contacts écono-
miques : maux occasionnés par le portage, dépouillement des
indigènes en matière de propriété foncière, ruine des industries
indigènes par les importations d'Europe ou la création d'industries
locales, etc. Le résultat en est que nous faisons scandale et sou-
levons l'antipathie générale, que î.iême les collectivités indigènes
se retirent devant notre propre civilisation et qu'ainsi se confirme
la gravité des problèmes posés par notre installation, gravité
d'autant plus grande qu'à parcourir l'ouvrage de M. Vignon, une
chose apparaît bien nettement : la confusion des méthodes et des
principes, l'incohérence des solutions, la contradiction des résul-
tats; toutes choses qui proviennent de la méconnaissance des
faits.
Or, aujourd'hui encore nous paraissons trop enclins à nous
abandonner à la phraséologie qui nous fait oublier les intérêts de
nos administrés coloniaux et nous fait perdre de vue qu'une bonne
politique économique na peut reposer que sur une bonne poli-
tique indigène. On en est convaincu à la lecture du livre III
de l'ouvrage que nous analysons ici et qui a pour titre La Pratique
du Protectorat, c'est-à-dire l'examen du rôle de l'administrateur-
contrôleur, du juge, de la politique suivie à l'égard de la famille
indigène, en matière de propriété foncière, de religion, d'impôts,
d'instruction, de représentation... Comme le dit l'auteur, longue
eit la route! Et il ajoute plus loin, avec raison: « L'art serait de
mettre la main sur une société indigène sans rien casser. » Tout
le problème est là, en effet.
Depuis le temps que nous colonisons nous aurions pu profiter
de l'expérience acquise. M. Vignon rappelle les fautes de la poli-
tique d'assimilation administrative commise en Algérie et en Indo-
chine et qui ont abouti à des froissements et des mécontentements,
car même au Tonkin, que le traité de 1884 dénomme ironiquement
.pays de protectorat, l'autorité du souverain est toute fictive; on y
est en plein pays d'administration directe avec toutes ses beautés :
monopole de l'alcool, bouleversement de la justice indigène, ruine
des artisans, etc. Quelle situation favorable à exploiter contre
nous par tous les intellectuels mécontents! C'est ce qui s'est passé
ipendant la guerre : alors que la tranquillité a régné en Tunisie
et au Maroc où des voix amies ont loué la politique bienveillante
et tutélaire de la France, l'état des esprits n'a pas cessé d'être
nquiétant en Algérie, en Afrique occidentale, en Indochine, bien
qu'il n'y ait pas eu d'insurrection générale. Mais le loyalisme des
indigènes fut beaucoup dans leur manque d'armes et dans le dé-
veloppement de leurs intérêts hausse des salaires, hausse des
prix des produits, des terres, allocations aux femmes, primes aux
engagés, etc. Nous avons encore à faire leur conquête morale.
Dans les pays de protectorat, par contre, la conservation du
pouvoir nominal du souverain a rassuré bien des conbciences et
la France, en se contentant de développer ou d'améliorer les mé-
thodes dont l'histoire avait montré qu'elles étaient adaptées à la
vie du pays, s'est rallié les sympathies des authochtones. Le
Protectorat ainsi compris a réussi. C'est une formule qui mérite
donc d'être généralisée. En quoi consiste-t-elle ? La politique du
Protectorat repose sur quatre principes essentiels : la valeur des
administrateurs et leur éducation appropriée ; la collaboration des
chefs traditionnels soigneusement contrôlés ; la protection de l'in-
digène contre les assauts trop brusques de la colonisation, voire
sa défense; enfin la soumission de ce même indigène à des règles
particulières de discipline administrative, de surveillance poli-
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BIBLIOGRAPHIE
Un programme de politique coloniale. Les
questions indigènes, par L. VIGNON, professeur à
l'Ecole coloniale. Un vol. in 8°, prix 15 francs. Librairie
Plon-Nourrit et Cie, 8, rue Garancière, Paris.
On a répété bien souvent que, possesseurs d'un immense empire
colonial, nous savions très mal le mettre en valeur au point de
vue économique et encore moins bien l'administrer, faute d'un
programme de politique coloniale. La guerre, il faut le reconnaître,
n'a pas donné complètement tort à ces critiques et les analyses de
livres parus, pendant les hostilités, sur l'exploitation des matières
premières des colonies, ont surabondamment démontré la vigueur
de l'effort qui nous reste à faire pour tirer parti des richesses que
nous possédons sous les Tropiques. Mais, si les auteurs qui ont
prêché une meilleure mise en valeur de nos possessions d'outre-
mer sont assez nombreux, il en va autrement quand il s'agit de
déterminer autre chose que la politique économique à y suivre. On
laisse volontiers de côté Il les questions indigènes » auxquelles peu
de gens portent un réel intérêt, tellement on a pris l'habitude de
considérer les colonies comme des champs neufs, moralement
vides d'habitants et uniquement réservés aux besoins de l'immi-
gration européenne.
Or l'erreur qui consiste, à traiter Les autochtones par prétérition,
n'est pas seulement commune et grossière, elle constitue une faute
politique d'une gravité particulière, car elle fait que certains diri-
geants se tracent une ligne de conduite faussée, dès son origine,
dont les résultats peuvent être redoutables Elle néglige totalement
nos administrés à qui personne ne se soucie de demander avis au
sujet de la manière la plus propre à les conduire; elle perd de vuo
qu'on ne peut aider des Européens qu'autant qu'on respecte, au
nréalable. les droits des indigènes.
Cette singulière conception des gens, avec qui on ne compte pas
s'ils n'ont pas la peau blanche, a vivement choqué M Vignon qui
estime qu'à l'heure actuelle, chacun de nous doit étudier saine-
ment les problèmes extérieurs et reviser, si besoin en est, fus
opinions relativement à la politique que la France doit réaliser
dans ses colonies. Deux systèmes s'offrent à elle : l'assimilation et
le Protectorat. Lequel des deux faudra-t-il suivre demain? Pour
juger et par conséquent se prononcer, il faut écouter non pas la
voix de théoriciens qui n'entendent souvent rien dans les ques-
tions coloniales, mais celle de l'expérience.
Et que dit l'expérience? Quels résultats consigne-t-elle en faveur
de l'assimilation ou du Protectorat? Là est tout l'objet du livre
si clairement exposé ft si abondamment documenté de M. Vignon
qui conclut, disons-le de suite, que le Protectorat en Tunisie et
au Maroc a donné de bons résultats, tandis que l'assimilation, qui
a mécontenté les populations aussi bien en Algérie qu'en Indo-
chine, constitue une expérience suffisamment longue et probante.
D'après ce que nous venons do dire, le lecteur ne s'étonnera
pas de trouver des « faits » dans l'ouvrage de M. Vignon. Ce
n'est pas du haut de sa chaire de l'Ecole coloniale qu'il voit les
problèmes coloniaux. Une longue expérience de ces questions,
des voyages, des. conversations l'ont amené à ne pas mépriser le
« fait », que l'on ne devrait jamais perdre de vue dans une matière
aussi étendue et aussi complexe qne l'est une étude de politique
coloniale. Sa méthode est rigoureusement scientifique, et il professe
que seul le déterminisme permet de fonder une doctrine logique
et cohérente. « C'est en naturaliste, écrit-il, qu'il convient de
considérer les différentes races rencontrées dans le monde : elles
sont fonction de leurs milieux, de leur passé, et les Européens ne
peuvent espérer les mettre sur les voies de l'évolution qu'en tenant
compte des grandes lois naturelles de Yherédilé et de l'adapta-
tion. »
Dès la première page du livre c'est cette adaptation du prin-
cipe déterministe qui frappe; on y trouve 1. souci de toutes les
contingences, mais sans dogmatisme. Cette première page est
consacrée à l'étude des races et peuples de l'Afrique et de l'Asie
où tour à tour sont examinés les problèmes se référant à l'homme
sous la triple influence de la race, du milieu, de la société, qui
sont les causes de ses modes de penser et d'agir, de ses croyances,
de toute son organisation sociale. Et cette étude amène l'auteur à
bien préciser les différences qui existent entre les races et les
peuples, différences moins grandes entre elles qu'avec nos façons
de penser et d'agir. C'est ainsi que les Jaunes sont des esprits
médiocres, mais pratiques, que les Nègres donnent beaucoup plus
de prix aux choses qui ne se voient pas qu'à celles qui se touchent,
que les Blancs d'Europe seuls combinent heureusement les deux
courants, utilitaire et spéculatif, qui ne se rencontrent que séparé-
ment chez les deux races précédentes. Après ces caractéristiques
de races l'auteur saisit sur le fait les différences d'aptitudes qu'ac-
cusent plusieurs peuples de même race et aboutit à celte conclu-
sion : où il n'y a plus d'élite depuis longtemps (Noirs, Arabo Ber-
bères) les peuples demeurent à l'état statique; où l'élite s'est
éteinte après un certain effort (Egypte, Chaldée, Chine) l'évolution
cesse, tout s'effrite lentement et disparaît; où l'élite persiste, sauf
de passagères interruptions (Grèce, Rome, Moyen Age, Renais-
sance, etc.), elle ne cesse, à travers les siècles, d'entraîner les
masses vers de nouvelles formes et de nouveaux progrès : l'esprit
conservateur cède devant l'esprit d'invention.
De là des civilisations différentes qui s'opposent même, comme
le montre M. Vignon au livre II intitulé Les Faits, et dans
lequel il expose certaines observations relevées dans un voyage
autour du monde. Mais ce qui l'arrête le plus, ce sont les maux
causés aux indigènes par le premier contact des Européens, maux
nombreux qui rentrent dans deux catégories : d'une part, ceux qui
proviennent des contacts sociaux et intellectuels, tels que l'introduc-
tion des boissons alcooliques et des vins européens ou les contra-
riétés d'idées religieuses et sociales, pour ne citer ici que les plus
importants; d'autre part, ceux qui sont dus à des contacts écono-
miques : maux occasionnés par le portage, dépouillement des
indigènes en matière de propriété foncière, ruine des industries
indigènes par les importations d'Europe ou la création d'industries
locales, etc. Le résultat en est que nous faisons scandale et sou-
levons l'antipathie générale, que î.iême les collectivités indigènes
se retirent devant notre propre civilisation et qu'ainsi se confirme
la gravité des problèmes posés par notre installation, gravité
d'autant plus grande qu'à parcourir l'ouvrage de M. Vignon, une
chose apparaît bien nettement : la confusion des méthodes et des
principes, l'incohérence des solutions, la contradiction des résul-
tats; toutes choses qui proviennent de la méconnaissance des
faits.
Or, aujourd'hui encore nous paraissons trop enclins à nous
abandonner à la phraséologie qui nous fait oublier les intérêts de
nos administrés coloniaux et nous fait perdre de vue qu'une bonne
politique économique na peut reposer que sur une bonne poli-
tique indigène. On en est convaincu à la lecture du livre III
de l'ouvrage que nous analysons ici et qui a pour titre La Pratique
du Protectorat, c'est-à-dire l'examen du rôle de l'administrateur-
contrôleur, du juge, de la politique suivie à l'égard de la famille
indigène, en matière de propriété foncière, de religion, d'impôts,
d'instruction, de représentation... Comme le dit l'auteur, longue
eit la route! Et il ajoute plus loin, avec raison: « L'art serait de
mettre la main sur une société indigène sans rien casser. » Tout
le problème est là, en effet.
Depuis le temps que nous colonisons nous aurions pu profiter
de l'expérience acquise. M. Vignon rappelle les fautes de la poli-
tique d'assimilation administrative commise en Algérie et en Indo-
chine et qui ont abouti à des froissements et des mécontentements,
car même au Tonkin, que le traité de 1884 dénomme ironiquement
.pays de protectorat, l'autorité du souverain est toute fictive; on y
est en plein pays d'administration directe avec toutes ses beautés :
monopole de l'alcool, bouleversement de la justice indigène, ruine
des artisans, etc. Quelle situation favorable à exploiter contre
nous par tous les intellectuels mécontents! C'est ce qui s'est passé
ipendant la guerre : alors que la tranquillité a régné en Tunisie
et au Maroc où des voix amies ont loué la politique bienveillante
et tutélaire de la France, l'état des esprits n'a pas cessé d'être
nquiétant en Algérie, en Afrique occidentale, en Indochine, bien
qu'il n'y ait pas eu d'insurrection générale. Mais le loyalisme des
indigènes fut beaucoup dans leur manque d'armes et dans le dé-
veloppement de leurs intérêts hausse des salaires, hausse des
prix des produits, des terres, allocations aux femmes, primes aux
engagés, etc. Nous avons encore à faire leur conquête morale.
Dans les pays de protectorat, par contre, la conservation du
pouvoir nominal du souverain a rassuré bien des conbciences et
la France, en se contentant de développer ou d'améliorer les mé-
thodes dont l'histoire avait montré qu'elles étaient adaptées à la
vie du pays, s'est rallié les sympathies des authochtones. Le
Protectorat ainsi compris a réussi. C'est une formule qui mérite
donc d'être généralisée. En quoi consiste-t-elle ? La politique du
Protectorat repose sur quatre principes essentiels : la valeur des
administrateurs et leur éducation appropriée ; la collaboration des
chefs traditionnels soigneusement contrôlés ; la protection de l'in-
digène contre les assauts trop brusques de la colonisation, voire
sa défense; enfin la soumission de ce même indigène à des règles
particulières de discipline administrative, de surveillance poli-
— 202 —
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