Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1915-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1915 01 janvier 1915
Description : 1915/01/01 (A25,N1)-1915/12/31 (A25,N12). 1915/01/01 (A25,N1)-1915/12/31 (A25,N12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9787846n
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/08/2017
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- SOMMAIRE
- Vingt-cinquième Année - Nos 1 et 2.
- Vingt-cinquième Année - N° 3.
- Vingt-cinquième Année - N° 4.
- .......... Page(s) .......... 86
- .......... Page(s) .......... 87
- .......... Page(s) .......... 88
- .......... Page(s) .......... 90
- .......... Page(s) .......... 94
- .......... Page(s) .......... 99
- .......... Page(s) .......... 100
- .......... Page(s) .......... 104
- .......... Page(s) .......... 112
- .......... Page(s) .......... 118
- .......... Page(s) .......... 126
- .......... Page(s) .......... 127
- .......... Page(s) .......... 128
- du Supplément n° 4:
- Vingt-cinquième Année - N° 5
- .......... Page(s) .......... 129
- .......... Page(s) .......... 133
- .......... Page(s) .......... 143
- .......... Page(s) .......... 113
- .......... Page(s) .......... 150
- .......... Page(s) .......... 152
- .......... Page(s) .......... 152
- .......... Page(s) .......... 153
- .......... Page(s) .......... 154
- .......... Page(s) .......... 155
- .......... Page(s) .......... 156
- .......... Page(s) .......... 156
- .......... Page(s) .......... 156
- du Supplément n° 5
- Vingt-cinquième Année - Nos 6 et 7
- .......... Page(s) .......... 157
- .......... Page(s) .......... 158
- .......... Page(s) .......... 159
- .......... Page(s) .......... 160
- .......... Page(s) .......... 187
- .......... Page(s) .......... 198
- .......... Page(s) .......... 198
- .......... Page(s) .......... 202
- .......... Page(s) .......... 203
- .......... Page(s) .......... 204
- .......... Page(s) .......... 204
- .......... Page(s) .......... 204
- .......... Page(s) .......... 161
- du Supplément n° 6 et 7
- Vingt-cinquième Année - N° 8.
- .......... Page(s) .......... 205
- .......... Page(s) .......... 206
- .......... Page(s) .......... 222
- .......... Page(s) .......... 226
- .......... Page(s) .......... 231
- .......... Page(s) .......... 234
- .......... Page(s) .......... 234
- .......... Page(s) .......... 238
- .......... Page(s) .......... 238
- .......... Page(s) .......... 239
- .......... Page(s) .......... 240
- .......... Page(s) .......... 240
- du Supplément n° 8
- Vingt-cinquième Année - N° 9
- du Supplément n° 9.
- CARTE
- .......... Page(s) .......... 161
- Vingt-cinquième Année - Nos 10 à 12
- .......... Page(s) .......... 265
- .......... Page(s) .......... 266
- .......... Page(s) .......... 267
- .......... Page(s) .......... 268
- .......... Page(s) .......... 276
- .......... Page(s) .......... 279
- .......... Page(s) .......... 290
- .......... Page(s) .......... 291
- .......... Page(s) .......... 306
- .......... Page(s) .......... 317
- .......... Page(s) .......... 327
- .......... Page(s) .......... 331
- CARTES
- du Supplément nos 10-12
- CARTES
- Nos 1 et 2
- CARTES
- N° 3
- CARTE
- .......... Page(s) .......... 45
- N° 4
- N° 5
- Nos 6 et 7
- N° 8
- N° 9
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 93
êtes notre appui ; puisque vous êtes le peuple qui nous
a préservés de l'hostilité des gens de notre religion qui
voulaient s'emparer injustement de nos richesses, nous
cherchaient querelle et s'attaquaient à ce que nous avions
de plus sacré, profitant de la faiblesse dans laquelle nous
nous trouvions.
Vous nous êtes infiniment plus chers que bien des gens
de notre religion, que nous ne connaissons pas et qui nous
ignorent; et les vers suivants résument bien notre pensée :
Montrez-vous bons pour ceux qui vous ont fait du bien
Et suivez leurs conseils; tout le reste n'est rien.
Et salut à vous et à tous vos compatriotes ; Dieu soit favo-
rable à ceux qui vous entourent et qui vous approchent.
(Suivent les approbations.)
J'approuve pleinement tout ce qui est écrit ci-dessus :
Abou-Bekr ben Ahmed el Moustapha.
Tout ce qui est écrit ci-dessus est l'expression de la vé-
rité : Ahmed ben Mohammed el Malek.
Entière approbation : Guig ben Ala.
Entière approbation de Sidi Mohammed ben Babate et
Ibrahim Berq.
Mohammed el Amine ben Abdallah se joint aux signa-
taires et salue très respectueusement M. le gouverneur :
vous nous avez comblés de bienfaits et nos cœurs- bat-
tent pour vous ; nous vous souhaitons le bonheur et la
prospérité. Salut.
Entière approbation de Danane el Yelbi, dont le cœur
est gonflé de reconnaissance et d'amour.
Et Moulay Chérif ajoute : « Sachez, Monsieur le gou-
verneur, que, alors même que le monde entier nous haïrait
à cause de notre amour pour la France, nous aimerions
mieux, nous, gens de Oualata, encourir cette haine que
mentir à l'affection que nous devons à votre pays. Et
quiconque dirait autrement mériterait d'être traité de
menteur, de fourbe, d'imposteur et d'infâme (1). »
III. — Adresse des notables de Tombouctou (2).
' (Traduction dt MM. Houdas et De la fosse).
Louange au Dieu unique. L'adoration n'est due qu'à Lui.
De la part des notables de Tombouctou et de l'ensemble
des habitants tant Blancs que Noirs de cette ville, ainsi que
de tous ceux qui y viennent de quelque côté et endroit
que ce soit.
A Son Excellence le chef vénéré, représentant du gou-
vernement français, et à tous les magistrats, dignitaires
et notables de ce gouvernement.
Après la salutation la plus brillante et les pieuses invo-
cations les plus pures, nous avons l'honneur de porter à
votre noble connaissance que nous, habitants de Tombouc-
tou de toutes catégories et gens rattachés à cette ville,
tant Blancs que Noirs, nous nous réjouissons jusqu'aux
dernières limites de la joie et éprouvons le comble du con-
tentement du fait que l'autorité du glorieux gouvernement
de la France s'est étendue sur nous et nous a fait béné-
(t) De l'examen des signatures qui accompagnent ce document,
il appert que tout ce qui a un nom dans la ville de Ouaiata a tenu
à vair son nom figurer sur l'adresse. Le rédacteur et inspirateur
de celle-ci, Sidi Mohammed Ould Ousmân, mokaddem de l'ordre
des Tidjania, occupe, de par ses richesses, son savoir et sa
piété, une situation considérable dans tout le Hodli. Il tient une
école dont les cours sont régulièrement suivis par plus de cin-
quante élèves, la plupart nourris par lui. Il y distribue un ensei-
gnement supérieur comprenant le Droit et la Théologie. Ses élèves
sont originaires, non seulement de la ville de Oualata, mais en-
core de la plupart des tribus nomades du Hodh. Il représente
l'une des deux grosses influences religieuses du pays.
(2) Loi 25 signataires de ce document représentent tout ce qui
compte, par lo rang social, le savoir ou la richesse, dans la ville
de Tombouctou et parmi les tribus nomades voisines. La rédac-
tion en a été confiée à celui que les notables de la ville consi-
dèrent à juste titre comme le plus lettré d'entre eux, El Imâm ben
Mohammed ben Es Soyoûti, qui, détail piquant, lit en 1894 le voyage
de Tombouctou à Marrakech pour implorer du sultan du Maroc
des secours contre l'occupation française et qui, aujourd'hui, s'al-
lie avec la sultan du Maroc- pour défendre nos intérêts contre
1 Allemagne et la Turquie. Quant aux arguments juridiques qui
étayent la démonstration, ils ont été fournis par le cadi Ahmed
Bàba, descendant du fameux historien dont il porte le nom.
ficier de son administration équitable. La sincérité de
notre satisfaction est démontrée par une indication claire
et un argument éclatant, et voici comment :
Avant que nous fussions placés sous l'autorité française,
nous avions à supporter le joug d'iniques oppresseurs qui
nous infligeaient toutes sortes d'humiliations et de vexa-
tions. Ils s'emparaient de nos femmes, pillaient nos biens
et répandaient notre sang, au gré de leurs caprices per-
vers et de leurs passions brutales. Depuis que Dieu a bien
voulu nous faire la faveur de nous délivrer de ces oppres-
seurs infâmes en nous plaçant sous l'autorité du gouver-
nement français, la main de ces infâmes oppresseurs a
cessé de s'appesantir sur nous. Une fois protégés par l'ad-
ministration française, nous n'avons plus eu à subir ni
humiliations, ni vexations, ni dédains.
Aussi depuis lors, les groupements sociaux qui avaient
été désorganisés se sont ressoudés, les communications
ont été rétablies entre les localités du pays et la prospé-
rité a reparu parmi les habitants. Les relations commer-
ciales sont redevenues aisées, la paix et la tranquillité
ont régné dans les villes et ç'a été le tour des oppresseurs
de sentir le joug. Les routes sont devenues sûres et les
esprits ont pu s'appliquer à améliorer les choses spiri-
tuelles comme les matérielles, car la religion se fortifie à
mesure que la prospérité s'accroît.
Dès lors en effet, notre sort s'est amélioré. Nous avons
pu observer en paix les pratiques de notre religion, en
sorte que les fidèles ont pu se livrer à leurs prières, fré-
quenter les mosquées et s'adonner à l'étude du Livre
Saint. Cela nous fut facilité d'ailleurs par la remise en état
des mosquées et la construction de médersas.
C'est à cause de tout cela qu'est née notre amitié et
notre affection pour le gouvernement français et que, qui
que ce soit qui veuille combattre le gouvernement français.
nous ne serons pas des siens et il ne sera pas des nôtres.
Nous avons appris par des nouvelles certaines, qui nous
sont parvenues de bouches autorisées, que le sultan des
Turcs avait pris parti pour les Allemands et leur venait en
aide dans leur injuste agression contre le gouvernement
français. Cela nous a irrités contre ce sultan et nous a dé-
cidés à n'avoir aucun rapport avec lui et à dégager notre
responsabilité de tout ce qu'il pourra faire, car, en ce qui
nous concerne, notre amitié et notre affection pour la
France sont inébranlables. Xous sommes les ennemis des
ennemis de la France et nous combattons qui la combat.
La guerre que fait le sultan des Turcs au gouvernement
français ne saurait modifier notre amitié pour celui-ci, car
nous n'avons jamais reconnu l'autorité de ce prince et
nous ne lui devons pas obéissance. C'est un imposteur (1),
qui s'arroge une autorité à laquelle ne lui donnent droit
aucun engagement de notre part ni aucun acte de soumis-
sion. pas plus de notre part que de celle de nos ancêtres.
A la vérité, nos ancêtres avaient reconnu l'autorité du
sultan de Marrakech (2) — que Dieu lui continue son assis-
(1) L'on sait que Sélim I, fondateur de la monarchie ottomane,
lorsqu'il conquit l'Egypte en 1517, rencontra au Caire le dernier
d( s khalifes abbassides, qui y vivait dans une demi-captivité,
entretenu par les sultans mamelouks, et lui acheta moyennant i
finances ses droits au khalifat. C'est là le seul titre sur lequel peut
s'appuyer le sultan des Turcs pour prétendre à la dignité de kha-
life, et ce titre n'a, bien entendu, aucune valeur aux yeux des
vrais musulmans.
(2V Tombouctou fut en effet occupée le 30 mai 1591 par le pacha
Djouder. à la tête d'une expédition envoyée du Maroc par le sul-
tan de Marrakech Ahmed el Déhébi. Cette ville demeura sous
la. domination marocaine, ou plus exactement sous la domination
de pachas d'origine marocaine, de 1591 à 1780 environ. A partir
d 1 15 mars 1660 cependant, c'est-à-dire moins de 10 ans après
l'arrivée de Djouder, on cessa de dire le prône du vendredi au nom
du sultan du Maroc pour le prononcer au nom du pacha local.
Depuis 1612 d'ailleurs, les pachas étaient nommés sur place
par leurs soldats et ne recevaient plus l'investiture du sultan.
Pourtant, vers 1675, le sultan Ismaïl, frère et successeur du
fondateur de la dynastie à laquelle appartient l'actuel sultan du
Maroc, envoya son neveu Ahmed à Tombouctou pour reprendre
possession de la ville en son nom et y. recruter la fameuse armée
noire qui fut le principal soutien de la dynastie hassanide à ses
débuts. Enfin, vers 1780 disparut, avec le dernier pacha, la der-
nière trace de la domination marocaine à Tombouctou. C'est sur
cette domination nominale et en réalité fort éphémère, mais dont
le souvenir n'est pas perdu, que se basèrent certains notables do
L AFRtQUK FRANÇAISE. — NO 4. * *
êtes notre appui ; puisque vous êtes le peuple qui nous
a préservés de l'hostilité des gens de notre religion qui
voulaient s'emparer injustement de nos richesses, nous
cherchaient querelle et s'attaquaient à ce que nous avions
de plus sacré, profitant de la faiblesse dans laquelle nous
nous trouvions.
Vous nous êtes infiniment plus chers que bien des gens
de notre religion, que nous ne connaissons pas et qui nous
ignorent; et les vers suivants résument bien notre pensée :
Montrez-vous bons pour ceux qui vous ont fait du bien
Et suivez leurs conseils; tout le reste n'est rien.
Et salut à vous et à tous vos compatriotes ; Dieu soit favo-
rable à ceux qui vous entourent et qui vous approchent.
(Suivent les approbations.)
J'approuve pleinement tout ce qui est écrit ci-dessus :
Abou-Bekr ben Ahmed el Moustapha.
Tout ce qui est écrit ci-dessus est l'expression de la vé-
rité : Ahmed ben Mohammed el Malek.
Entière approbation : Guig ben Ala.
Entière approbation de Sidi Mohammed ben Babate et
Ibrahim Berq.
Mohammed el Amine ben Abdallah se joint aux signa-
taires et salue très respectueusement M. le gouverneur :
vous nous avez comblés de bienfaits et nos cœurs- bat-
tent pour vous ; nous vous souhaitons le bonheur et la
prospérité. Salut.
Entière approbation de Danane el Yelbi, dont le cœur
est gonflé de reconnaissance et d'amour.
Et Moulay Chérif ajoute : « Sachez, Monsieur le gou-
verneur, que, alors même que le monde entier nous haïrait
à cause de notre amour pour la France, nous aimerions
mieux, nous, gens de Oualata, encourir cette haine que
mentir à l'affection que nous devons à votre pays. Et
quiconque dirait autrement mériterait d'être traité de
menteur, de fourbe, d'imposteur et d'infâme (1). »
III. — Adresse des notables de Tombouctou (2).
' (Traduction dt MM. Houdas et De la fosse).
Louange au Dieu unique. L'adoration n'est due qu'à Lui.
De la part des notables de Tombouctou et de l'ensemble
des habitants tant Blancs que Noirs de cette ville, ainsi que
de tous ceux qui y viennent de quelque côté et endroit
que ce soit.
A Son Excellence le chef vénéré, représentant du gou-
vernement français, et à tous les magistrats, dignitaires
et notables de ce gouvernement.
Après la salutation la plus brillante et les pieuses invo-
cations les plus pures, nous avons l'honneur de porter à
votre noble connaissance que nous, habitants de Tombouc-
tou de toutes catégories et gens rattachés à cette ville,
tant Blancs que Noirs, nous nous réjouissons jusqu'aux
dernières limites de la joie et éprouvons le comble du con-
tentement du fait que l'autorité du glorieux gouvernement
de la France s'est étendue sur nous et nous a fait béné-
(t) De l'examen des signatures qui accompagnent ce document,
il appert que tout ce qui a un nom dans la ville de Ouaiata a tenu
à vair son nom figurer sur l'adresse. Le rédacteur et inspirateur
de celle-ci, Sidi Mohammed Ould Ousmân, mokaddem de l'ordre
des Tidjania, occupe, de par ses richesses, son savoir et sa
piété, une situation considérable dans tout le Hodli. Il tient une
école dont les cours sont régulièrement suivis par plus de cin-
quante élèves, la plupart nourris par lui. Il y distribue un ensei-
gnement supérieur comprenant le Droit et la Théologie. Ses élèves
sont originaires, non seulement de la ville de Oualata, mais en-
core de la plupart des tribus nomades du Hodh. Il représente
l'une des deux grosses influences religieuses du pays.
(2) Loi 25 signataires de ce document représentent tout ce qui
compte, par lo rang social, le savoir ou la richesse, dans la ville
de Tombouctou et parmi les tribus nomades voisines. La rédac-
tion en a été confiée à celui que les notables de la ville consi-
dèrent à juste titre comme le plus lettré d'entre eux, El Imâm ben
Mohammed ben Es Soyoûti, qui, détail piquant, lit en 1894 le voyage
de Tombouctou à Marrakech pour implorer du sultan du Maroc
des secours contre l'occupation française et qui, aujourd'hui, s'al-
lie avec la sultan du Maroc- pour défendre nos intérêts contre
1 Allemagne et la Turquie. Quant aux arguments juridiques qui
étayent la démonstration, ils ont été fournis par le cadi Ahmed
Bàba, descendant du fameux historien dont il porte le nom.
ficier de son administration équitable. La sincérité de
notre satisfaction est démontrée par une indication claire
et un argument éclatant, et voici comment :
Avant que nous fussions placés sous l'autorité française,
nous avions à supporter le joug d'iniques oppresseurs qui
nous infligeaient toutes sortes d'humiliations et de vexa-
tions. Ils s'emparaient de nos femmes, pillaient nos biens
et répandaient notre sang, au gré de leurs caprices per-
vers et de leurs passions brutales. Depuis que Dieu a bien
voulu nous faire la faveur de nous délivrer de ces oppres-
seurs infâmes en nous plaçant sous l'autorité du gouver-
nement français, la main de ces infâmes oppresseurs a
cessé de s'appesantir sur nous. Une fois protégés par l'ad-
ministration française, nous n'avons plus eu à subir ni
humiliations, ni vexations, ni dédains.
Aussi depuis lors, les groupements sociaux qui avaient
été désorganisés se sont ressoudés, les communications
ont été rétablies entre les localités du pays et la prospé-
rité a reparu parmi les habitants. Les relations commer-
ciales sont redevenues aisées, la paix et la tranquillité
ont régné dans les villes et ç'a été le tour des oppresseurs
de sentir le joug. Les routes sont devenues sûres et les
esprits ont pu s'appliquer à améliorer les choses spiri-
tuelles comme les matérielles, car la religion se fortifie à
mesure que la prospérité s'accroît.
Dès lors en effet, notre sort s'est amélioré. Nous avons
pu observer en paix les pratiques de notre religion, en
sorte que les fidèles ont pu se livrer à leurs prières, fré-
quenter les mosquées et s'adonner à l'étude du Livre
Saint. Cela nous fut facilité d'ailleurs par la remise en état
des mosquées et la construction de médersas.
C'est à cause de tout cela qu'est née notre amitié et
notre affection pour le gouvernement français et que, qui
que ce soit qui veuille combattre le gouvernement français.
nous ne serons pas des siens et il ne sera pas des nôtres.
Nous avons appris par des nouvelles certaines, qui nous
sont parvenues de bouches autorisées, que le sultan des
Turcs avait pris parti pour les Allemands et leur venait en
aide dans leur injuste agression contre le gouvernement
français. Cela nous a irrités contre ce sultan et nous a dé-
cidés à n'avoir aucun rapport avec lui et à dégager notre
responsabilité de tout ce qu'il pourra faire, car, en ce qui
nous concerne, notre amitié et notre affection pour la
France sont inébranlables. Xous sommes les ennemis des
ennemis de la France et nous combattons qui la combat.
La guerre que fait le sultan des Turcs au gouvernement
français ne saurait modifier notre amitié pour celui-ci, car
nous n'avons jamais reconnu l'autorité de ce prince et
nous ne lui devons pas obéissance. C'est un imposteur (1),
qui s'arroge une autorité à laquelle ne lui donnent droit
aucun engagement de notre part ni aucun acte de soumis-
sion. pas plus de notre part que de celle de nos ancêtres.
A la vérité, nos ancêtres avaient reconnu l'autorité du
sultan de Marrakech (2) — que Dieu lui continue son assis-
(1) L'on sait que Sélim I, fondateur de la monarchie ottomane,
lorsqu'il conquit l'Egypte en 1517, rencontra au Caire le dernier
d( s khalifes abbassides, qui y vivait dans une demi-captivité,
entretenu par les sultans mamelouks, et lui acheta moyennant i
finances ses droits au khalifat. C'est là le seul titre sur lequel peut
s'appuyer le sultan des Turcs pour prétendre à la dignité de kha-
life, et ce titre n'a, bien entendu, aucune valeur aux yeux des
vrais musulmans.
(2V Tombouctou fut en effet occupée le 30 mai 1591 par le pacha
Djouder. à la tête d'une expédition envoyée du Maroc par le sul-
tan de Marrakech Ahmed el Déhébi. Cette ville demeura sous
la. domination marocaine, ou plus exactement sous la domination
de pachas d'origine marocaine, de 1591 à 1780 environ. A partir
d 1 15 mars 1660 cependant, c'est-à-dire moins de 10 ans après
l'arrivée de Djouder, on cessa de dire le prône du vendredi au nom
du sultan du Maroc pour le prononcer au nom du pacha local.
Depuis 1612 d'ailleurs, les pachas étaient nommés sur place
par leurs soldats et ne recevaient plus l'investiture du sultan.
Pourtant, vers 1675, le sultan Ismaïl, frère et successeur du
fondateur de la dynastie à laquelle appartient l'actuel sultan du
Maroc, envoya son neveu Ahmed à Tombouctou pour reprendre
possession de la ville en son nom et y. recruter la fameuse armée
noire qui fut le principal soutien de la dynastie hassanide à ses
débuts. Enfin, vers 1780 disparut, avec le dernier pacha, la der-
nière trace de la domination marocaine à Tombouctou. C'est sur
cette domination nominale et en réalité fort éphémère, mais dont
le souvenir n'est pas perdu, que se basèrent certains notables do
L AFRtQUK FRANÇAISE. — NO 4. * *
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