Titre : Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1934-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459430v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1934 01 janvier 1934
Description : 1934/01/01 (T11,A12,N125)-1934/12/31... 1934/01/01 (T11,A12,N125)-1934/12/31 (T11,A12,N136).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97433455
Source : CIRAD, 2016-192274
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/10/2016
- Aller à la page de la table des matièresIII
- TABLE DES MATIÈRES
- AGRICULTURE
- .......... Page(s) .......... 5
- ARTS
- .......... Page(s) .......... 16
- .......... Page(s) .......... 31
- .......... Page(s) .......... 45
- .......... Page(s) .......... 45
- .......... Page(s) .......... 56
- .......... Page(s) .......... 63
- .......... Page(s) .......... 95
- .......... Page(s) .......... 138
- .......... Page(s) .......... 138
- .......... Page(s) .......... 186
- AVIATION
- .......... Page(s) .......... 14
- .......... Page(s) .......... 8
- .......... Page(s) .......... 26
- .......... Page(s) .......... 31
- .......... Page(s) .......... 46
- .......... Page(s) .......... 80
- .......... Page(s) .......... 96
- .......... Page(s) .......... 157
- .......... Page(s) .......... 157
- .......... Page(s) .......... 157
- CHASSES
- CHEMINS DE FER
- CINÉMA
- ÉLEVAGE
- .......... Page(s) .......... 172
- FOIRES ET EXPOSITIONS
- .......... Page(s) .......... 34
- .......... Page(s) .......... 34
- .......... Page(s) .......... 52
- .......... Page(s) .......... 54
- .......... Page(s) .......... 60
- .......... Page(s) .......... 155
- .......... Page(s) .......... 158
- .......... Page(s) .......... 158
- .......... Page(s) .......... 174
- .......... Page(s) .......... 174
- HISTOIRE
- .......... Page(s) .......... 37
- .......... Page(s) .......... 61
- .......... Page(s) .......... 87
- .......... Page(s) .......... 94
- .......... Page(s) .......... 106
- .......... Page(s) .......... 109
- .......... Page(s) .......... 133
- .......... Page(s) .......... 137
- .......... Page(s) .......... 139
- .......... Page(s) .......... 170
- .......... Page(s) .......... 196
- MARINE
- .......... Page(s) .......... 193
- MATIÈRES PREMIÈRES
- MÉDECINE ET HYGIÈNE
4 LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ No 125. — JANVIER 1934.
UN MAITRE
DE LA MÉDECINE FRANÇAISE
CHEZ LES LÉPREUX D'OCEANIE,
Au départ de France sur le pont du s/s « Paris ». Le
Dr Le Mée (au centre) et MM. Mazarakis et André Pu-
gnaire (à droite), chargés démission par les Ministres des
Colonies et de la Santé Publique, s'embarquent avec
M. Lionel de Tastes (à sa droite), délégué de l'Océanie.
PI
M
E Dr Le Mée, chargé d'une mission
officielle, accompagné de deux assis-
tants, le Drs Mazarakis et Pugnaire,
vient de faire un séjour en Océanie fran-
çaise. Il était fort intéressant de l'in-
terroger sur ce voyage, non pas tant
pour avoir son impression générale sur le pays
(Loti a donné la sienne, et il s'en est assez bien
tiré 1) mais pour connaître ses impressions sur la
question lépreuse, et là le Dr Le Mée est orfèvre !
Je fus donc convoqué par le docteur un matin, à
onze heures à l'Hôpital des Enfants-Malades où se
trouvent ses services.
J'arrivai dans une ruche bourdonnante qui me fit
d'abord penser que ma visite était indiscrète. Une
affiche aux caractères imposants me rassura :
L'accès du service est interdit aux pessimistes.
Ah ! docteur, que voilà une belle maxime qui
devrait bien dépasser les murs de votre clinique 1
« — Docteur, vous venez d'étudier la lèpre dans
une de ses terres d'élection, à Tahiti ; pourriez-vous
nous dire ce qu'il faut en penser ?
LA LÈPRE NE SE PROPAGE PAS PAR CONTACT DIRECT.
«— La lèpre, par l'aspect repoussant qu'elle
imprime aux visages, est un mal qui a toujours
frappé vivement l'imagination. On considère géné-
ralement que la contagion se fait par contact direct,
et l'isolement des lépreux a toujours été l'unique
moyen employé pour enrayer la propagation de cette
maladie, qu'à certaines époques on considérait d'un
point de vue spirituel comme un châtiment divin :
l'âme imposant son masque au visage dont l'ex-
pression hideuse ne trompait plus !
« Dès notre arrivée, suivant la mission qui nous
était confiée, nous sommes allés visiter le village
lépreux d'Orofara, entièrement cerné d'un fossé et
d'un mur de planches, situé dans une vallée étroite,
parcourue par une petite rivière qui serpente à
travers les habitations. De ces petites maisons
tahitiennes semblables aux autres maisons de l'Ile,
nous vîmes sortir moins des hommes que des êtres
vivants dont quelques-uns sont presque des mons-
tres à la figure ravagée, aux bras tordus terminés
par des griffes qui ont été des mains.
« Le jour suivant, je me mis au travail, aidé de
mes deux collaborateurs, prenant des observations
avec prélèvements bactériologiques. Au bout de
trois semaines de vie commune avec les habitants
d'Orofara, nous avons pu nous rendre compte que
la lèpre n'est pas transmissible par contact direct.
Des êtres sains vivent mêlés aux lépreux sans
aucune contamination. On trouve dans le village des
femmes qui n'ont pas voulu abandonner leur mari,
et des maris — plus rares — qui n'ont pas voulu
quitter leurs femmes et qui sont restés indemnes.
LA CONTAGION SE FAIT PROBABLEMENT PAR LE SOL...
« La contagion se fait probablement, comme pour
le tétanos, par le sol, car il existe des terrains lépro-
gènes, et, d'autre part, notre enquête nous a montré
que le mode de début était le plus souvent une plaie
aux pieds. Je vais vous donner un exemple assez
L'entrée de la léproserie d'Orofara.
Dans ce village, dont l'administra-
tion pourrait servir de modèle à
de petites villes éprises de réformes
sociales, vivent 145 lépreux.
troublant. La légende, qui bien souvent rejoint
l'observation scientifique, veut que l'enclos autour
du tombeau du roi Pomaré V soit tabou : c'est-à-
dire qu'on ne doit pas l'approcher, sous peine d'un
châtiment terrible, en la circonstance la lèpre.
Je suis allé visiter ce tombeau, et j'ai remarqué
qu'il était entouré de plantes épineuses. Alors vous
comprenez : l'indigène qui marche toujours pieds
nus se blesse sur ces épines et foulant ensuite la
terre, crée à la fois la porte d'entrée du microbe et
son inoculation. N'est-il pas extraordinaire en
effet que le blanc qui porte chaussures échappe au
châtiment ?
... OU PAR LE TUBE DIGESTIF
« Il existerait également un autre mode d'ino-
culation que m'a signalé le Dr Rousseau, d'après les
observations qu'il a réunies en A. O. F. Il a remar-
qué que, dans les familles où l'on mange au plat com-
mun, l'invasion de la lèpre atteint un pourcentage
plus élevé que dans celles d'une civilisation moins
rudimentaire où chacun prend sa nourriture en
écuelles séparées. Ce sont évidemment des pays où
le mouchoir n'existe pas, où les mains sont polluées
Le mur d'isolement.
Il est plus moral
qu'effectif.
de bacilles de Hansen. Les indigènes, en portant la
main au plat commun, le contamineraient, et les
aliments ensuite communiqueraient la maladie
par le tube digestif ? Ce serait en somme une
invasion analogue à celle décrite par Calmette pour
la tuberculose, où le lait de vaches tuberculeuses
inocule le nourrisson. Mais la lèpre en Océanie n'est
peut-être pas la même qu'en Afrique. Bien des pro-
blèmes sont encore à résoudre : car, s'il est possible
d'isoler le bacille, en revanche, les cultures par les
moyens habituels de laboratoire sont toujours res-
tées négatives, ainsi que l'inoculation à l'animal.
Cette étude mériterait cependant d'être poursuivie,
car la lèpre est une maladie plus répandue qu'on ne
l'imagine, même en Europe.
LA VIE A OROFARA EST PRESQUE NORMALE.
« D'ailleurs, ce ne sont pas seulement des décou-
vertes d'ordre scientifique que je devais faire à
Orofara. Très rapidement, à l'hésitation que peut
inspirer la vue de ces visages et de ces corps défor-
més, fit place un sentiment nouveau. Dans ce vil-
lage dont l'administration pourrait servir de
modèle à des petites villes éprises de réformes
sociales, vivent 145 lépreux. Ils ont bâti leurs cases
eux-mêmes, sont gouvernés par un chef aidé de
deux conseillers élus chaque année. A l'entrée du
village se trouvent deux grandes baraques de bois :
l'une est l'église catholique; l'autre, le temple
protestant. Un aumônier et un pasteur viennent
simultanément prêcher leurs fidèles, car ces deux
religions se partagent les indigènes. Une prison où
l'on ne passe jamais plus de quelques heures et un
policeman représentent la Justice des Hommes..".
« Ces êtres ont réussi à se faire une vie presque
normale. Certains se marient, mais les enfants qui
leur naissent leur sont immédiatement retirés, car
A Orofara, on veut que
la vie soit 'normale, et
la léproserie, comme
pour toute agglomé-
ration, possède une
école.
UN MAITRE
DE LA MÉDECINE FRANÇAISE
CHEZ LES LÉPREUX D'OCEANIE,
Au départ de France sur le pont du s/s « Paris ». Le
Dr Le Mée (au centre) et MM. Mazarakis et André Pu-
gnaire (à droite), chargés démission par les Ministres des
Colonies et de la Santé Publique, s'embarquent avec
M. Lionel de Tastes (à sa droite), délégué de l'Océanie.
PI
M
E Dr Le Mée, chargé d'une mission
officielle, accompagné de deux assis-
tants, le Drs Mazarakis et Pugnaire,
vient de faire un séjour en Océanie fran-
çaise. Il était fort intéressant de l'in-
terroger sur ce voyage, non pas tant
pour avoir son impression générale sur le pays
(Loti a donné la sienne, et il s'en est assez bien
tiré 1) mais pour connaître ses impressions sur la
question lépreuse, et là le Dr Le Mée est orfèvre !
Je fus donc convoqué par le docteur un matin, à
onze heures à l'Hôpital des Enfants-Malades où se
trouvent ses services.
J'arrivai dans une ruche bourdonnante qui me fit
d'abord penser que ma visite était indiscrète. Une
affiche aux caractères imposants me rassura :
L'accès du service est interdit aux pessimistes.
Ah ! docteur, que voilà une belle maxime qui
devrait bien dépasser les murs de votre clinique 1
« — Docteur, vous venez d'étudier la lèpre dans
une de ses terres d'élection, à Tahiti ; pourriez-vous
nous dire ce qu'il faut en penser ?
LA LÈPRE NE SE PROPAGE PAS PAR CONTACT DIRECT.
«— La lèpre, par l'aspect repoussant qu'elle
imprime aux visages, est un mal qui a toujours
frappé vivement l'imagination. On considère géné-
ralement que la contagion se fait par contact direct,
et l'isolement des lépreux a toujours été l'unique
moyen employé pour enrayer la propagation de cette
maladie, qu'à certaines époques on considérait d'un
point de vue spirituel comme un châtiment divin :
l'âme imposant son masque au visage dont l'ex-
pression hideuse ne trompait plus !
« Dès notre arrivée, suivant la mission qui nous
était confiée, nous sommes allés visiter le village
lépreux d'Orofara, entièrement cerné d'un fossé et
d'un mur de planches, situé dans une vallée étroite,
parcourue par une petite rivière qui serpente à
travers les habitations. De ces petites maisons
tahitiennes semblables aux autres maisons de l'Ile,
nous vîmes sortir moins des hommes que des êtres
vivants dont quelques-uns sont presque des mons-
tres à la figure ravagée, aux bras tordus terminés
par des griffes qui ont été des mains.
« Le jour suivant, je me mis au travail, aidé de
mes deux collaborateurs, prenant des observations
avec prélèvements bactériologiques. Au bout de
trois semaines de vie commune avec les habitants
d'Orofara, nous avons pu nous rendre compte que
la lèpre n'est pas transmissible par contact direct.
Des êtres sains vivent mêlés aux lépreux sans
aucune contamination. On trouve dans le village des
femmes qui n'ont pas voulu abandonner leur mari,
et des maris — plus rares — qui n'ont pas voulu
quitter leurs femmes et qui sont restés indemnes.
LA CONTAGION SE FAIT PROBABLEMENT PAR LE SOL...
« La contagion se fait probablement, comme pour
le tétanos, par le sol, car il existe des terrains lépro-
gènes, et, d'autre part, notre enquête nous a montré
que le mode de début était le plus souvent une plaie
aux pieds. Je vais vous donner un exemple assez
L'entrée de la léproserie d'Orofara.
Dans ce village, dont l'administra-
tion pourrait servir de modèle à
de petites villes éprises de réformes
sociales, vivent 145 lépreux.
troublant. La légende, qui bien souvent rejoint
l'observation scientifique, veut que l'enclos autour
du tombeau du roi Pomaré V soit tabou : c'est-à-
dire qu'on ne doit pas l'approcher, sous peine d'un
châtiment terrible, en la circonstance la lèpre.
Je suis allé visiter ce tombeau, et j'ai remarqué
qu'il était entouré de plantes épineuses. Alors vous
comprenez : l'indigène qui marche toujours pieds
nus se blesse sur ces épines et foulant ensuite la
terre, crée à la fois la porte d'entrée du microbe et
son inoculation. N'est-il pas extraordinaire en
effet que le blanc qui porte chaussures échappe au
châtiment ?
... OU PAR LE TUBE DIGESTIF
« Il existerait également un autre mode d'ino-
culation que m'a signalé le Dr Rousseau, d'après les
observations qu'il a réunies en A. O. F. Il a remar-
qué que, dans les familles où l'on mange au plat com-
mun, l'invasion de la lèpre atteint un pourcentage
plus élevé que dans celles d'une civilisation moins
rudimentaire où chacun prend sa nourriture en
écuelles séparées. Ce sont évidemment des pays où
le mouchoir n'existe pas, où les mains sont polluées
Le mur d'isolement.
Il est plus moral
qu'effectif.
de bacilles de Hansen. Les indigènes, en portant la
main au plat commun, le contamineraient, et les
aliments ensuite communiqueraient la maladie
par le tube digestif ? Ce serait en somme une
invasion analogue à celle décrite par Calmette pour
la tuberculose, où le lait de vaches tuberculeuses
inocule le nourrisson. Mais la lèpre en Océanie n'est
peut-être pas la même qu'en Afrique. Bien des pro-
blèmes sont encore à résoudre : car, s'il est possible
d'isoler le bacille, en revanche, les cultures par les
moyens habituels de laboratoire sont toujours res-
tées négatives, ainsi que l'inoculation à l'animal.
Cette étude mériterait cependant d'être poursuivie,
car la lèpre est une maladie plus répandue qu'on ne
l'imagine, même en Europe.
LA VIE A OROFARA EST PRESQUE NORMALE.
« D'ailleurs, ce ne sont pas seulement des décou-
vertes d'ordre scientifique que je devais faire à
Orofara. Très rapidement, à l'hésitation que peut
inspirer la vue de ces visages et de ces corps défor-
més, fit place un sentiment nouveau. Dans ce vil-
lage dont l'administration pourrait servir de
modèle à des petites villes éprises de réformes
sociales, vivent 145 lépreux. Ils ont bâti leurs cases
eux-mêmes, sont gouvernés par un chef aidé de
deux conseillers élus chaque année. A l'entrée du
village se trouvent deux grandes baraques de bois :
l'une est l'église catholique; l'autre, le temple
protestant. Un aumônier et un pasteur viennent
simultanément prêcher leurs fidèles, car ces deux
religions se partagent les indigènes. Une prison où
l'on ne passe jamais plus de quelques heures et un
policeman représentent la Justice des Hommes..".
« Ces êtres ont réussi à se faire une vie presque
normale. Certains se marient, mais les enfants qui
leur naissent leur sont immédiatement retirés, car
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