Titre : La Dépêche coloniale illustrée
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1901-12-25
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327559237
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 décembre 1901 25 décembre 1901
Description : 1901/12/25 (N1622). 1901/12/25 (N1622).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97428838
Source : CIRAD, 2016-191284
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
LA DÉPÊCHE COLONIALE ILLUSTRÉE 5
des millions de toute forme et de toute dimension ;
c'est un vrai Noël aux lanternes et tout le peuple est
en liesse, les enfants en tête.
A Pékin, la Cour, les grands mandarins se font
fabriquer des lanternes qui coûtent jusqu'à 5.ooo fr.
Il s'en construit de grandes comme des salles. Chez
nous, au xv" siècle, on servait dans les festins des pâtés
d'où sortai.ent des personnages allégoriques vivants.
En Chine on les introduit dans des lanternes. Ils y
représentent des scènes comme l'huître et le pêcheur,
le montagnard qui a du bois et pas de poisson et le
pêcheur qui a du poisson et pas de bois, la rivalité
de deux galants, etc. D'autres forment des lan-
ternes magiques dont on fait
parler les personnages mou-
vants.
Les unes sont en baudru-
che et à ressort, d'autres en
verre peint, d'autres en soie,
carrées, rondes, évasées, figu-
rant des grotesques ou des
légendes.
Elles ont la forme de vases
de Heurs, de barques, de
fruits, de pagodes, en corne,
en papier, en nacre, en
écaille, en verre, en mica.
Mais la forme la plus usitée
est celle de tous les poissons
de la mer. On les porte au
bout d'un bambou.
Au milieu du bruit des
pétards et des feux d'artifice,
avec des trucs très ingénieux,
des pluies d'étoiles et de
chenilles de feu, a lieu par
la ville bruyante et enflam-
mée la procession des enfants
porteurs de lanternes. Ceux
qui sont trop pauvres pour
s'en procurer vont en deman-
der dans les maisons riches,
et comme ces lanternes ne
coûtent que quelques sapè-
ques (2 ou 3 centimes) ils
s'en procurent facilement.
Chez nous les enfants aux
processions portent des cier-
ges.
La veille de Noël, les pe-
tits pauvres viennent qué-
mander dans les maisons
des bouts de chandelle pour
la Noël.
Nous n'avons pas en An-
nam les moyens de déployer
autant de luxe qu'en Chine
ou à Hanoï. Aussi l'on avait
joint à la fête une autre
attraction, celle d'une comé-
die maritime.
Quarante enfants bien
stylés vinrent jouer la nuit
sur l'Esplanade à la lueur
des lanternes et avec un
orchestre de violons, flûtes
MI SIUKNNK 1)1. LA COI K DL IA I.OM, A IIlt.
et hautbois indigènes, cette jolie scène :
Quarante enfants costumés en bateliers, grimés, se
placent sur quatre rangs. Ils sont assis comme des
rameurs à leur banc.
Au milieu d'eux est une jonque. Ils sont munis la
plupart de rames, les autres d'ancres, cordages,
gaffes et ustensiles de la navigation.
Ils chantent des chœurs maritimes avec l'aide
d'un souffleur à l'avant et à l'arrière et d'un chef de
l'orchestre et de la scène au milieu.
Ils miment le chant de l'appareillage, du voyage
de jour et de nuit, du calme sur mer, puis de la
tempête, de l'orage qui gronde, du naufrage et du
. sauvetage ! Trois tambours et six paires de bambous
accompagnent les chœurs.
La pantomime est gracieuse, les manœuvres se
font bien en cadence et la scène est fort bien rendue
par ces petits matelots qui sont nés amphibies et qui
savent déjà leur métier de pêcheurs ou de bateliers.
C'est un tableau couleur locale. La nuit est venue.
Ils allument des lanternes en forme de jonques et
de poissons au bout de leurs gaffes et s'en retournent
à leurs cases du rivage, aux applaudissements des
européens et des indigènes charmés de ce spectale
improvisé.
Le décor, c'était la baie de Qui-Nhon entourée de
ses vertes collines sur lesquels des feux étaient allu-
més.
Sur les rives, un cordon de torches que les pêcheurs
faisaient tournoyer au-dessus de leurs têtes.
Du côté de la terre, les mâts illuminés devant les
cases et, dans le port, les
mâtures des centaines de
jonques et de sampans gar-
nies de lanternes balancées
par la brise, les fusées et les
pétards éclatant de bord à
bord et les cris de joie se
mêlant au coups de gong et
de tam-tam.
C'était une fête nautique
aux lanternes pour laquelle
les pavillons français de notre
Protectorat et les pavillons
annamites flottaient au vent
côte à côte, symbolisant
l'union du protecteur et du
protégé.
Telle fut cette année-là
notre fête de Noël, fête des
enfants, fête aux lanternes.
Après le défilé des lan-
ternes arrivèrent les chan-
teuses.
Au Tonkin il n'y a pas de
danseuses, mais des femmes
au nombre de 4, de Ii (Ill de
8 en costume uniforme, avec
des coiffures ornées de fleurs
en clinquant, mobiles sur
ressort, relisant d'anciennes
poésies, qu'elles ne compren-
nent pas d'ailleurs.
Ce sont des choeurs à
l'unisson accompagnés de
guitares à long manche. Les
chanteuses sontdebout. Elles
ont chacune un éventail.
Elles prennent des poses
plastiques, évoluent en ca-
dence, font des voltcs avec
des revers de mains et
des jeux d'éventail, en scan:"
dant les vers qu'elles chantent
en mélopée traînante, le
visage restant impassible.
D'autres portent, fixée der-
rière chaque épaule, une
lanterne allumée. De là le
nom de chanteuses aux
lanternes.
Des mandarins de goût
artistique en entretiennent
une troupe habillée de pitto-
resques costumes brodés et dressée à prendre des poses
d'apothéose. Les lanternes qu'elles agitent comme des
ailes figurent les fleurs sacrées du lotus épanoui.
Leur figuration ne manque pas de charme tout en
restant monotone.
Les rites relatifs aux ancêtres chez les Annamites
leur viennent des Chinois. Qu'il s'agisse de Pékin ou
des colonies chinoises établies en Indo-Chine, l'ob-
servance est rigoureusement la même.
Dans les centres où les Chinois sont réunis en cor-
poration d'origine, des cérémonies ont lieu dans les
pagodes ornées pour la circonstance. Chacune des
quatre congrégations a sa pagode et une cinquième
pagode est commune aux quatre groupes. On voit
donc qu'il y a un temple par province et un temple
national. Chaque corporation a un conseil de notables
et un chef de l'exécutif, un commissaire municipal.
C'est dans la pagode que se réunit ce conseil. On y
des millions de toute forme et de toute dimension ;
c'est un vrai Noël aux lanternes et tout le peuple est
en liesse, les enfants en tête.
A Pékin, la Cour, les grands mandarins se font
fabriquer des lanternes qui coûtent jusqu'à 5.ooo fr.
Il s'en construit de grandes comme des salles. Chez
nous, au xv" siècle, on servait dans les festins des pâtés
d'où sortai.ent des personnages allégoriques vivants.
En Chine on les introduit dans des lanternes. Ils y
représentent des scènes comme l'huître et le pêcheur,
le montagnard qui a du bois et pas de poisson et le
pêcheur qui a du poisson et pas de bois, la rivalité
de deux galants, etc. D'autres forment des lan-
ternes magiques dont on fait
parler les personnages mou-
vants.
Les unes sont en baudru-
che et à ressort, d'autres en
verre peint, d'autres en soie,
carrées, rondes, évasées, figu-
rant des grotesques ou des
légendes.
Elles ont la forme de vases
de Heurs, de barques, de
fruits, de pagodes, en corne,
en papier, en nacre, en
écaille, en verre, en mica.
Mais la forme la plus usitée
est celle de tous les poissons
de la mer. On les porte au
bout d'un bambou.
Au milieu du bruit des
pétards et des feux d'artifice,
avec des trucs très ingénieux,
des pluies d'étoiles et de
chenilles de feu, a lieu par
la ville bruyante et enflam-
mée la procession des enfants
porteurs de lanternes. Ceux
qui sont trop pauvres pour
s'en procurer vont en deman-
der dans les maisons riches,
et comme ces lanternes ne
coûtent que quelques sapè-
ques (2 ou 3 centimes) ils
s'en procurent facilement.
Chez nous les enfants aux
processions portent des cier-
ges.
La veille de Noël, les pe-
tits pauvres viennent qué-
mander dans les maisons
des bouts de chandelle pour
la Noël.
Nous n'avons pas en An-
nam les moyens de déployer
autant de luxe qu'en Chine
ou à Hanoï. Aussi l'on avait
joint à la fête une autre
attraction, celle d'une comé-
die maritime.
Quarante enfants bien
stylés vinrent jouer la nuit
sur l'Esplanade à la lueur
des lanternes et avec un
orchestre de violons, flûtes
MI SIUKNNK 1)1. LA COI K DL IA I.OM, A IIlt.
et hautbois indigènes, cette jolie scène :
Quarante enfants costumés en bateliers, grimés, se
placent sur quatre rangs. Ils sont assis comme des
rameurs à leur banc.
Au milieu d'eux est une jonque. Ils sont munis la
plupart de rames, les autres d'ancres, cordages,
gaffes et ustensiles de la navigation.
Ils chantent des chœurs maritimes avec l'aide
d'un souffleur à l'avant et à l'arrière et d'un chef de
l'orchestre et de la scène au milieu.
Ils miment le chant de l'appareillage, du voyage
de jour et de nuit, du calme sur mer, puis de la
tempête, de l'orage qui gronde, du naufrage et du
. sauvetage ! Trois tambours et six paires de bambous
accompagnent les chœurs.
La pantomime est gracieuse, les manœuvres se
font bien en cadence et la scène est fort bien rendue
par ces petits matelots qui sont nés amphibies et qui
savent déjà leur métier de pêcheurs ou de bateliers.
C'est un tableau couleur locale. La nuit est venue.
Ils allument des lanternes en forme de jonques et
de poissons au bout de leurs gaffes et s'en retournent
à leurs cases du rivage, aux applaudissements des
européens et des indigènes charmés de ce spectale
improvisé.
Le décor, c'était la baie de Qui-Nhon entourée de
ses vertes collines sur lesquels des feux étaient allu-
més.
Sur les rives, un cordon de torches que les pêcheurs
faisaient tournoyer au-dessus de leurs têtes.
Du côté de la terre, les mâts illuminés devant les
cases et, dans le port, les
mâtures des centaines de
jonques et de sampans gar-
nies de lanternes balancées
par la brise, les fusées et les
pétards éclatant de bord à
bord et les cris de joie se
mêlant au coups de gong et
de tam-tam.
C'était une fête nautique
aux lanternes pour laquelle
les pavillons français de notre
Protectorat et les pavillons
annamites flottaient au vent
côte à côte, symbolisant
l'union du protecteur et du
protégé.
Telle fut cette année-là
notre fête de Noël, fête des
enfants, fête aux lanternes.
Après le défilé des lan-
ternes arrivèrent les chan-
teuses.
Au Tonkin il n'y a pas de
danseuses, mais des femmes
au nombre de 4, de Ii (Ill de
8 en costume uniforme, avec
des coiffures ornées de fleurs
en clinquant, mobiles sur
ressort, relisant d'anciennes
poésies, qu'elles ne compren-
nent pas d'ailleurs.
Ce sont des choeurs à
l'unisson accompagnés de
guitares à long manche. Les
chanteuses sontdebout. Elles
ont chacune un éventail.
Elles prennent des poses
plastiques, évoluent en ca-
dence, font des voltcs avec
des revers de mains et
des jeux d'éventail, en scan:"
dant les vers qu'elles chantent
en mélopée traînante, le
visage restant impassible.
D'autres portent, fixée der-
rière chaque épaule, une
lanterne allumée. De là le
nom de chanteuses aux
lanternes.
Des mandarins de goût
artistique en entretiennent
une troupe habillée de pitto-
resques costumes brodés et dressée à prendre des poses
d'apothéose. Les lanternes qu'elles agitent comme des
ailes figurent les fleurs sacrées du lotus épanoui.
Leur figuration ne manque pas de charme tout en
restant monotone.
Les rites relatifs aux ancêtres chez les Annamites
leur viennent des Chinois. Qu'il s'agisse de Pékin ou
des colonies chinoises établies en Indo-Chine, l'ob-
servance est rigoureusement la même.
Dans les centres où les Chinois sont réunis en cor-
poration d'origine, des cérémonies ont lieu dans les
pagodes ornées pour la circonstance. Chacune des
quatre congrégations a sa pagode et une cinquième
pagode est commune aux quatre groupes. On voit
donc qu'il y a un temple par province et un temple
national. Chaque corporation a un conseil de notables
et un chef de l'exécutif, un commissaire municipal.
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