Nous avons vu dans ces terrains des Bl. tonkinensis atteindre jusqu'à 20 mètres de hauteur, alors qu'ils ne dépassent guère une douzaine de mètres dans les terrains calcaires.
D'autre part, les spécimens, transplantés en bonne terre, bien aérée, viennent parfaitement; c'est donc une espèce que l'on pourra très aisément propager.
C'est presque toujours sur les pentes que ce végétal se développe avec la plus belle apparence et en plus grande abondance; il lui faut en effet des terrains frais, bien aérée, permettant un écoulement facile des eaux de pluie; les deux terrains précités remplissent admirablement ces conditions. Les calcaires criblés de fissures et les schistes, à pentes généralement assez raides, vu les boulever- sements géologiques dont toutes ces régions ont été le théâtre, offrent des dispo- sitions spéciales à cet égard.
Dans les cas où nous avons rencontré l'arbre se développant dans une couche d'humus suffisamment épaisse pour que nous ne puissions atteindre le schiste, les racines serpentaient toujours à travers un lit de petits cailloux apportés sans aucun doute peu à peu, par les eaux de ruissellement et retenus par les racines qui assurent de cette façon leur aération constante.
D'autre part, il est très important de ne pas confondre le Bleekrodea tonkinensis avec des espèces qui lui ressemblent fort et poussent souvent en mélange avec lui. Nous nous demandons même si cette ressemblance n'a pas entraîné, dans certains cas, des personnes insuffisamment averties à signaler à tort la présence de l'arbre dans certaines régions.
Espèces voisines. — Si le collecteur n'est pas familier avec la connaissance des plantes, il lui arrivera aisément de confondre le Bleekrodea tonkinensis avec d'autres espèces très répandues dans les mêmes forêts (Streblus et Pseudostreblus) fournissant également un latex gris-jaune, moins abondant toutefois que celui de notre arbre, et qui a le grave inconvénient de ne point contenir de caoutchouc. Le produit de ces deux arbres se coagule, s'étire presque indéfiniment, mais est complètement dépourvu d'élasticité.
La confusion peut se faire entre ces espèces très voisines; il suffira cependant à n'importe qui, après les avoir examinées en place, de comparer leurs feuilles pour ne plus s'exposer à les confondre ; l'acumen très long et déjeté sur le côté de la feuille du Bleckrodea est une caractéristique suffisante pour permettre à quiconque de ne pas tomber dans l'erreur (1).
Celle-ci s'étant produite, à plusieurs reprises, nous avons tenu à la souligner ici, afin d'éveiller l'attention de ceux qui seraient amenés à rechercher sur place l'essence qui nous occupe.
De plus, d'une façon générale, on peut dire que, dans la haute région du Tonkin, là où s'étalent les épaisses forêts de bambous, il est inutile de chercher le Bleekrodea ; les schistes pourris ou les terrains d'érosion, en général assez humides, ne conviennent pas à ce dernier et ces deux types de végétaux ne semblent pas compatibles.
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