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la province de Maroantsetra sont, en effet, montées de 6.384 kilogrammes en
1901 à 14.619 kilogrammes en 1902, elles dépasseront probablement ce chiffre en
1903, mais les sources naturelles du produit étant tres limitées, l'exploitation
abusive qui en est faite actuellement réduira presque à néant la production des
années 1904 à 1910.
Les Betsimisaraka et même les Sihanaka et quelques Bezanozano ne craignent
pas aujourd'hui d'aller demander du travail chez le colon, ils ne recourent
plus exclusivement aux produits de la forêt pour gagner les quelques piastres
nécessaires à l'achat de lamba ou au paiement de 1 impôt et trouvent que mieux
vaut toucher un salaire deO fr. 75 à 1 franc par jour que parcourir péniblement de
vastes étendues de forêt pour ne récolter qu'une faible quantité de caoutchouc
leur assurant, au plus et suivant les régions, un gain journalier de 0 fr. 25 à
0 fr. 50. Ils tendent actuellement à ne plus exploiter des végétaux trop jeunes,
dont le rendement ne peut rémunérer leur travail au même degré qu'un enga-
gement chez un colon.
Aussi semble-t-il s'établir de ce fait plus de régularité dans la production
des régions forestières autres que celle occupée par les Tsimihety et cette produc-
tion parait ne plus devoir subir les fluctuations auxquelles elle a été soumise
jusqu'ici. Il n'est toutefois pas probable qu'elle puisse dépasser 60.000 kilogram-
mes pour la partie Nord de la grande forêt (1) si les indigènes continuent à
extraire le caoutchouc par coagulation, procédé qui est à condamner dès à pré-
sent et doit être, en ce qui concerne les lianes Landolphia, remplacé par celui du
pilonnage des écorces.
Nous croyons cependant qu'il n'est pas sans intérêt de donner la façon
dont opèrent les indigènes et qui ne diffère pas suivant les régions ou les
tribus. Ils se réunissent par familles, de façon à constituer un groupe de 4 ou 5
travailleurs, rarement moins, et entreprennent alors un déménagement complet
pour quelque endroit de la forêt supposé riche en lianes ; rien n'est laisse au
village, les quelques poulets faisant l'unique fortune de la maison sont transportés
avec autant de soins que les nouveau-nés ; on n'oublie pas non plus d'emporter
une buche enflammée, car l'usage des allumettes est inconnu des Tsimihety.
Arrivée au point voulu, la caravane établit son campement; chaque famille se
construit une hutte très basse à l'aide de branchages et la recouvre de feuilles
de Ravenala ou, à défaut, de diverses variétés de Vakoa. Ces préliminaires durent
en général plusieurs jours, mais tout le temps n'a pas été consacré au travail.
Afin de ménager la provision de manioc, il a fallu chercher des vivres en forêt,
notamment des bourgeons terminaux de palmiers, des cœurs d'une variété de
fougère épiphyte appelée Haoka, des tubercules d'Oviala (saonjo sauvage). Les
Tsimihety ne chassent pas les makis à la façon des Bezanozano, ils se contentent de
leur tendre quelques pièges grossiers, mais le plus souvent sans succès, bien
que les lémuriens abondent sur tous les points et ne soient aucunement farou-
ches. La pêche semble plus en honneur que la chasse, les crabes d'eau douce en
font presque uniquement les frais, ces crustacés, mis en brochette, sont suspen-
dus à l'intérieur de la hutte jusqu'à ce que mort et putréfaction s'ensuive, c'est
alors seulement qu'ils entrent dans diverses préparations culinaires.
Après plusieurs journées passées en quête de vivres ou perdues à dormir et
paresser, les Tsimihety se mettent en devoir de parcourir les parties les plus
denses du boisement pour y rechercher les lianes ; ils n'emportent que leur
petite hache (antsy) quelquefois un bambou, s'il ne doivent pas en trouver sur
leur trajet, car il importe d'avoir des récipients où recueillir et conserver le
latex. Pendant que 2 ou 3 d'entre eux battent la forêt, un dernier débroussaille
quelques mètres carrés de terrain pour y construire l'appareil représenté par la
figure 1, qu'ils appellent farafara, c'est-à-dire lit, et qui est destiné à recevoir
les lianes débitées en tronces ; l'auge A (sasaka en malgache) est faite d'un
canon d'écorce détaché avec précautions, afin d'éviter les déchirures, elle repose
sur un bâti qui permet de lui donner une inclinaison de 10 à 15° vers la partie
appointée. Les tronces adossées au treillage que forment les gaulettes sont
presque verticales, c'est-à-dire dans la position la plus favorable à l'écoule-
ment du latex.
(1) Cette partie de la grande forêt comprise entre le parallèle de Tamatave et Diego-Suarez
compte approximativement 3.200.000 hectares, dont plus de 1.500.000 en broussailles, marécages ou
peuplements clairières. Il faut également retrancher 600.000 à 800.000 hectares dont l'altitude dé-
passe 950 mètres, ce qui réduit à moins d'un million d'hectares l'étendue sur laquelle les lianes à
caoutchouc sont très parcimonieusement distribuées, ne dépassant probablement pas une
moyenne générale de 4 ou 5 sujets par hectare.
la province de Maroantsetra sont, en effet, montées de 6.384 kilogrammes en
1901 à 14.619 kilogrammes en 1902, elles dépasseront probablement ce chiffre en
1903, mais les sources naturelles du produit étant tres limitées, l'exploitation
abusive qui en est faite actuellement réduira presque à néant la production des
années 1904 à 1910.
Les Betsimisaraka et même les Sihanaka et quelques Bezanozano ne craignent
pas aujourd'hui d'aller demander du travail chez le colon, ils ne recourent
plus exclusivement aux produits de la forêt pour gagner les quelques piastres
nécessaires à l'achat de lamba ou au paiement de 1 impôt et trouvent que mieux
vaut toucher un salaire deO fr. 75 à 1 franc par jour que parcourir péniblement de
vastes étendues de forêt pour ne récolter qu'une faible quantité de caoutchouc
leur assurant, au plus et suivant les régions, un gain journalier de 0 fr. 25 à
0 fr. 50. Ils tendent actuellement à ne plus exploiter des végétaux trop jeunes,
dont le rendement ne peut rémunérer leur travail au même degré qu'un enga-
gement chez un colon.
Aussi semble-t-il s'établir de ce fait plus de régularité dans la production
des régions forestières autres que celle occupée par les Tsimihety et cette produc-
tion parait ne plus devoir subir les fluctuations auxquelles elle a été soumise
jusqu'ici. Il n'est toutefois pas probable qu'elle puisse dépasser 60.000 kilogram-
mes pour la partie Nord de la grande forêt (1) si les indigènes continuent à
extraire le caoutchouc par coagulation, procédé qui est à condamner dès à pré-
sent et doit être, en ce qui concerne les lianes Landolphia, remplacé par celui du
pilonnage des écorces.
Nous croyons cependant qu'il n'est pas sans intérêt de donner la façon
dont opèrent les indigènes et qui ne diffère pas suivant les régions ou les
tribus. Ils se réunissent par familles, de façon à constituer un groupe de 4 ou 5
travailleurs, rarement moins, et entreprennent alors un déménagement complet
pour quelque endroit de la forêt supposé riche en lianes ; rien n'est laisse au
village, les quelques poulets faisant l'unique fortune de la maison sont transportés
avec autant de soins que les nouveau-nés ; on n'oublie pas non plus d'emporter
une buche enflammée, car l'usage des allumettes est inconnu des Tsimihety.
Arrivée au point voulu, la caravane établit son campement; chaque famille se
construit une hutte très basse à l'aide de branchages et la recouvre de feuilles
de Ravenala ou, à défaut, de diverses variétés de Vakoa. Ces préliminaires durent
en général plusieurs jours, mais tout le temps n'a pas été consacré au travail.
Afin de ménager la provision de manioc, il a fallu chercher des vivres en forêt,
notamment des bourgeons terminaux de palmiers, des cœurs d'une variété de
fougère épiphyte appelée Haoka, des tubercules d'Oviala (saonjo sauvage). Les
Tsimihety ne chassent pas les makis à la façon des Bezanozano, ils se contentent de
leur tendre quelques pièges grossiers, mais le plus souvent sans succès, bien
que les lémuriens abondent sur tous les points et ne soient aucunement farou-
ches. La pêche semble plus en honneur que la chasse, les crabes d'eau douce en
font presque uniquement les frais, ces crustacés, mis en brochette, sont suspen-
dus à l'intérieur de la hutte jusqu'à ce que mort et putréfaction s'ensuive, c'est
alors seulement qu'ils entrent dans diverses préparations culinaires.
Après plusieurs journées passées en quête de vivres ou perdues à dormir et
paresser, les Tsimihety se mettent en devoir de parcourir les parties les plus
denses du boisement pour y rechercher les lianes ; ils n'emportent que leur
petite hache (antsy) quelquefois un bambou, s'il ne doivent pas en trouver sur
leur trajet, car il importe d'avoir des récipients où recueillir et conserver le
latex. Pendant que 2 ou 3 d'entre eux battent la forêt, un dernier débroussaille
quelques mètres carrés de terrain pour y construire l'appareil représenté par la
figure 1, qu'ils appellent farafara, c'est-à-dire lit, et qui est destiné à recevoir
les lianes débitées en tronces ; l'auge A (sasaka en malgache) est faite d'un
canon d'écorce détaché avec précautions, afin d'éviter les déchirures, elle repose
sur un bâti qui permet de lui donner une inclinaison de 10 à 15° vers la partie
appointée. Les tronces adossées au treillage que forment les gaulettes sont
presque verticales, c'est-à-dire dans la position la plus favorable à l'écoule-
ment du latex.
(1) Cette partie de la grande forêt comprise entre le parallèle de Tamatave et Diego-Suarez
compte approximativement 3.200.000 hectares, dont plus de 1.500.000 en broussailles, marécages ou
peuplements clairières. Il faut également retrancher 600.000 à 800.000 hectares dont l'altitude dé-
passe 950 mètres, ce qui réduit à moins d'un million d'hectares l'étendue sur laquelle les lianes à
caoutchouc sont très parcimonieusement distribuées, ne dépassant probablement pas une
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