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Après avoir gravi le Tanifotsy, toujours dénudé, à 700 ou 800 mètres d'altitude,
on découvre un panorama splendide sur l'Ouest. Au pied, le cirque d'Esira, où
coule la rivière du même nom; au delà, la vallée du Manambolo, plus loin,
vers l'ouest, la bordure nord du vaste volcan en fer à cheval de Ranomainty ;
au nord-ouest, l'œil est arrêté par les sommets qui obligent le Mandrare à se re-
courber et à se diriger vers le sud-ouest ; enfin à l'horizon, fortement
estompée, à plus de 100 kilomètres à vol d'oiseau,la chaîne montagneuse que
longe la route d'Imanambe à Tsivory et dans laquelle le Manarandre prend sa
source.
Le pays change d'aspect. Bien que parfaitement arrosé encore, au moins
dans ses vallées, il ne comporte que des mamelons dénudés à sol rocailleux et
même rocheux qui fait croire à des plantations de cailloux. La brousse s'y fait
plus rare, mais devient plus fine, plus nutritive. Quelques arbustes épineux,
voisins des espèces rencontrées dans la forêt cactée de l'Androy, font leur
apparition. C'est déjà la côte Ouest avec son climat et sa flore spéciale. Une
bonne partie du cirque d'Esira est comme plantée de bouquets d'arbustes,
lianes caoutchoutifères, parmi lesquels le lombiro et le vompitsa dominent.
De Ranomafana à Manantenina, on suit la belle vallée du Manampanihy.
Près d'Andasibe, elle se resserre à l'extrême pour fermer la vallée d'Ambolo, de
laquelle on sort en franchissant un véritable col.
On pénètre alors en pays Romeloko, dont le centre est Andasibe. Cette
région diffère totalement des zones précédentes. Elle est couverte de broussail-
les et d'arbres isolés, mais nombreux, de ravenala qui, de loin, la font croire
couverte d'une forêt ininterrompue. C'est là qu'abondent les citronniers, les
goyaviers, même les ananas sauvages. Le sol y paraît très fertile.
La route traverse le Manampanihy à Ampasimena et, de ce point jusque à
Manantenina, on ne trouve plus qu'un plateau dénudé coupé en tous sens de
vallons nombreux, à sol rocailleux et pauvre, parsemé ça et là d arbres morts
encore debout, lançant au ciel leurs longs troncs dénudés semblables à des
potences, vestiges probables d'une ancienne et vaste forêt.
Ce même plateau se poursuit entre Manantenina et Manambato, le long de
la côte.
Puis le pays change encore d'aspect, devient plus pauvre encore, il est
presque entièrement marécageux, couvert d'une forêt continue de ravenala et-
les seuls endroits un peu secs ne sont composés que de terrain arénacé couvert
de bruyères. -
Dans toute cette zone, seules les rives des quelques rivières à cours lent
qui la traversent (Ivolobe, Sohy), donnent encore une terre arable capable de
produire quelques rizières, quelques plants de manioc destinés à la nourriture
des rares habitants. Ambanihazo, Sainte-Luce, sont les centres de cette région
d'une triste pauvreté.
Elevage en pays Anosy. — En règle générale, l'élevage est peu prospère en
pays Anosy et il ne saurait en être autrement en raison des forêts qui couvrent
une bonne partie de son sol et de la pauvreté et de l'aridité presque générale du
reste.
Elevage du bœuf. — Dans toute la plaine qui sépare la chaîne à l'est du
Manampanihy du bord de la mer, l'élevage peut être considéré comme nul.
Le pays, sauf, paraît-il, au pied de la montagne, dans les vallées des hauts
affluents de nourrit que de rares habitants et proba-
Le pays, l'Ivolobe et de l'Isohy, ne nourrit que de rares habitants et proba-
blement à peine deux milliers de bœufs. Ils ne saurait véritablement en nourrir
un plus grand nombre. Seuls les plaines de Belavenina et le plateau de Manan-
tenina comportent quelques pâturages de peu de valeur. Les coteaux sont bien
entièrement recouverts d'une graminée courte et fine, le sekotovolo, mais cette
brousse n'est guère consommable qu'à l'état jeune. Elle devient d'une rigidité
sans pareille, résistante à la dent, dès qu'elle atteint sa maturité; elle ne saurait
être nourrissante. Aussi, déjà à cette époque, les bœufs préfèrent-ils à cette
herbe les carex encore tendres qui poussent dans les marécages au pied des
nombreux ravenala, et même, m'a-t-on affirmé, les jeunes pousses de ces
ravenala eux-mêmes. -
Les régions au nord de Manantenina, dans les vallées de l'Iavibolo, parmi
la tribu des Imatio, sont absolument de même nature, m'a-t-on dit, et ne
comportent, par suite, également qu'un élevage intime.
La vallée des Romeloko, plus riche en terre arable, plus humifère, ne
comporte cependant qu'un élevage restreint en raison du peu de pâturages de
la région. Le pays étant couvert d'arbustes, on n'y trouve qu'un peu d'herbe sous
